L'ANALYSE CRITIQUE DE L'ÉSOTÉRISME CONTEMPORAIN DANS LE GENRE ROMANESQUE D'AUJOURD'HUI: RÉFLEXIONS SUR SEPT JOURS

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Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF)
                     No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2

      L’ANALYSE CRITIQUE DE L’ÉSOTÉRISME
  CONTEMPORAIN DANS LE GENRE ROMANESQUE
   D’AUJOURD’HUI: RÉFLEXIONS SUR SEPT JOURS
        POUR UNE ÉTERNITÉ DE MARC LEVY

                    MALUMI Soni Omoloro
                    sonimalumi@yahoo.com
                 Department of Foreign Languages
                        University of Jos

Résumé
La visée de cette étude, c’est de montrer la nouvelle dimension que
le roman de notre société d’aujourd’hui a adopté à travers
l’ésotérisme et les thèmes ésotériques. Il s’agit d’évaluer et
d’analyser les nouvelles tendances vers l’usage des thèmes
ésotériques dans le genre romanesque contemporain, c’est-à-dire, la
fonctionnalisation des notions spirituelles. Marc Levy, dans le
roman qui nous préoccupe, a mis à jour les outils importants pour
améliorer le monde; mais d’autre part, il a ridiculisé les affaires
spirituelles par la caricature de la croyance religieuse dans la
société contemporaine. Notons que la littérature est le miroir de la
société autant que la religion en est une identité. Par ailleurs,
l’œuvre littéraire qui ridiculise la religion tente provoquer une crise
religieuse comme partout dans le monde d’aujourd’hui. Ainsi,
notre étude sert de paramètre pour analyser, évaluer et critiquer
l’ésotérisme et les thèmes ésotériques comme présentés par Levy et
puis trouver des solutions aux problèmes créés par l’Homme au
nom de la religion. Sur ce, des recommandations ont été faites
comme contributions à la connaissance et aux efforts déployés par
des écrivains vis-à-vis du développement de la société.

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MALUMI Soni Omoloro RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.237-252
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Mots-clés
ésotérisme, analyse         critique,        contemporain,    genre
romanesque, éternité.

Introduction
Il serait nécessaire d’expliquer d’emblée les termes qui
portent le drapeau du libellé de notre recherche afin de
comprendre l’orientation de notre analyse. Les trois mots qui
méritent une explication sont: «ésotérisme», «critique» et
«genre romanesque». L’ésotérisme était une terminologie
qui a été inventée à but didactique dans le domaine de la
philosophie afin de prêcher la doctrine de l’occultisme dans
certaines écoles de la Grèce antique. Le terme apparait pour
la première fois en 1890. Au XIXe, le terme parait florissant
chez les occultistes pour définir l’astrologie, la magie, la
théosophie, la divination et d’autres mystères de
l’inconscient. Dans le monde d’aujourd’hui, le mot est vu
d’une approche différente et dans une perspective
psychologique. Le dictionnaire Le Petit Robert nous donne
deux définitions de l’ésotérisme. D’abord, il s’agit d’une
doctrine suivant laquelle des connaissances ne doivent pas
être vulgarisées mais communiquées seulement à un petit
nombre de disciples au sens didactique. Puis, le mot est vu
comme le caractère de ce qui est impénétrable, énigmatique
et de ce qui a un sens caché. Selon toutes probabilités, le mot
«ésotérisme» indique une chose «énigmatique» et
mystérieuse que l’on ne doit pas vulgariser.
Dans l’Ésotérisme contemporain et ses lecteurs de Pierre
Lagrange et Claudie Voisenat, on a cité l’œuvre d’Umberto
Éco, le Pendule de Foucault où l’ésotérisme est décrit comme
une chose dont on reconnait l’existence mais qu’on sait
justifier: «C’est un savoir diffus, décousu, vieux comme le

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monde, qui remonte à Pythagore, aux magiciens, aux
gymnosophistes et même aux barbares de l’extrême nord,
aux druides des Gaules et des îles britanniques. Le monde
était plein de merveilleuses correspondances, de
ressemblances subtiles, il fallait les pénétrer » [341].
Dans l’ensemble, l’ésotérisme indique une chose cachée et les
thèmes ésotériques comprennent le rôle des anges et des
démons, l’enfer, l’éternité, le paradis, la sortie du corps, des
mythes, de la magie, des fées et tout ce qui est mystérieux.
De sa part, le mot critique provient du verbe «critiquer» qui
veut dire, l’action de critiquer, de juger et de donner une
impression sur quelqu’un ou sur quelque chose. Mais selon
Le Petit Robert, le mot est défini comme l’art de «juger les
ouvrages de l’esprit, les œuvres littéraires, artistiques ou
bien le jugement porté sur un ouvrage de l’esprit, sur un
œuvre d’art». D’une manière générale, la critique littéraire
c’est tout simplement l’art d’évaluer, d’examiner, de passer
un jugement sur une œuvre de l’esprit ou d’art selon
certaines règles de critique.
Depuis le XVIIIe siècle, le roman est devenu un genre connu;
mais il a fait l’objet de plusieurs débats comme la question
de la morale, du réalisme, de la contestation. Le genre
romanesque est caractérisé par sa diversité définie par sa
capacité à aborder tous les sujets; il comprend les romans
d’amour, d’aventures, d’analyse, les romans policiers, les
romans historiques, autobiographiques ou réalistes. Donc,
nous pouvons définir un genre romanesque comme un
ensemble, un système de moyens qui s’est octroyé de donner
la plus grande somme de plaisir esthétique y compris
l’espèce de plaisir que le public désirait lui-même, sans avoir
nettement conscience de son décor. Autrement dit, un genre
romanesque est une formule esthétique recherchée, et qui

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exprime, pendant un temps, le plaisir que l’on demande à
l’art.
Dès lors, le thème de l’ésotérisme dans la fiction prend sa
source dans la littérature traditionnelle orale où les hommes
âgés racontaient des histoires fantastiques des fées et des
animaux aux enfants pour les divertir et leur enseigner des
leçons de morale; cela avait donc un but didactique.
Cependant, avec la parution de la littérature écrite, on
n’introduit plus ce phénomène dans les écritures parce qu’il
y avait une volonté institutionnelle de codification comme
les mouvements littéraires tels le classicisme, le romantisme,
etc. Mais tout de même, comme la littérature écrite évolue, le
genre littéraire se renouvelle à travers la psychanalyse de
Sigmund Freud, la science, l’introduction du thème de
l’évolution de Charles Darwin. Alors, l’imagination devient
un outil de référence à l’inconscient et à ce qui est mystérieux
dans le genre romanesque de la littérature.
   Notre cadre théorique est conçu sur la théorie
anthropologique. Cette théorie culturelle cherche à
comprendre l’unité de l’Homme à travers la diversité des
cultures. Levy voulait utiliser l’amour comme un outil pour
unifier le monde et pour le rendre plus supportable et idéal
malgré la diversité dans la culture et dans la religion.
L’approche anthropologique est l’inévitable tournant actuel
des sciences humaines qui réfléchissent sur les
caractéristiques de l’Homme, puis déconstruisent et
critiquent leurs objets, leurs pratiques, ensuite redéfinissent
le sujet et enfin représentent leurs fondements.
À ce point, nous avons utilisé cette théorie représentative de
l’ensemble des sciences humaines et sociales au cœur de ce
qui fait leur vocation afin de comprendre l’être humain dans

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son unicité et sa diversité, sa genèse individuelle et sociale,
ses particularités et ses potentiels d’évolution.

Marc Levy: sa psychologie et sa philosophie
Avant de faire le point sur la psychologie et la philosophie
de notre romancier, nous allons jeter un coup d’œil dur sa
biographie et dresser un aperçu sur le roman de notre étude:
Sept jours pour une éternité.
Marc Levy est Français, il est né le 16 octobre 1961 en France.
Il s’engage à la Croix Rouge française à l’âge de dixhuit ans,
et il y passe six ans. Parallèlement, il étudie la gestion et
l’informatique à l’Université de Paris. En 1983, il crée une
société spécialisée dans les images de synthèse et il fonde sa
base en France et aux États-Unis.
Malheureusement, il perd le contrôle majeur du groupe;
puis, il démissionne. Après cet échec, il rentre à Paris pour
fonder avec deux amis une société de travaux finitions. Le
roman intitulé Sept jours pour une éternité est divisé en sept
chapitres selon les jours de la semaine. Donc, le premier jour
correspond au premier chapitre et ainsi de suite. C’est une
parodie entre le Bien et le Mal. Il s’agit d’une bataille entre
Dieu et Lucifer le Diable pour déterminer le vrai
Décisionnaire ou Ordonnateur, c'est-àdire pour déterminer
celui qui gouvernera le monde en tant que Maitre et qui
possèdera le pouvoir absolu de l’Univers. Pour montrer leur
supériorité, Ils envoient chacun leurs émissaires comme des
êtres humains sur terre. Zofia, un ange est l’émissaire de
Dieu et Lucas, un démon est l’émissaire du diable. Dieu et
Lucifer choisissent la ville de Sans Francisco aux États-Unis
comme lieu où les émissaires vont se rencontrer. La bataille
va durer sept jours pour déterminer le vainqueur. Mais Dieu

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et le diable n’ont pas prévu que leurs émissaires pourraient
tomber amoureux. Suite à plusieurs événements, Lucas
commet toutes sortes d’atrocités dans la ville de Sans
Francisco, par contre Zofia fait du bien dans sa vie. Enfin les
deux émissaires se rencontrent dans un restaurant et ils
tombent amoureux.
Dieu et Lucifer font la paix et s’apprêtent à devenir
grandspères. De ce fait, le message principal dans ce roman,
c’est le pourvoir absolu de l’amour sur l’humanité.
Nous constatons que chaque écrivain a non seulement sa
psychologie, c’est-à-dire, comment il pense, mais aussi, sa
philosophie, c'est-à-dire, comment il aperçoît les choses. De
plus, chaque écrivain est inspiré par un autre écrivain. Donc,
ce que nous cherchons dans cette étude, c’est de trouver la
source d’inspiration de notre romancier, sa psychologie et sa
philosophie. Le mieux serait d’avoir un entretien avec lui
mais puis qu’il ne nous est possible, nous allons jeter un coup
d’œil sur des entretiens qu’il a eus pour découvrir sa vraie
personnalité.
D’abord, en lisant la biographie de Levy, on peut se
demander, s’il est un bon père de famille. Certainement, c’est
un père très présent. Rappelons-nous qu’il dédie ses livres à
son premier fils, juste pour montrer son amour paternel à sa
famille. D’après cet écrivain français, le monde où nous
habitons n’est pas normal parce que c’est un monde
informatisé et numérique, donc, on peut déduire que son
observation l’a poussé à se plonger dans le cinéma afin de
faire passer le message déjà écrit dans ses livres. Alors, Levy
sait qu’aujourd’hui, peu de gens lisent pour le plaisir mais
presque tout le monde aime regarder la télévision pour
suivre un film ou une bande dessinée.

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De plus, Levy pense à une société multiculturelle et
multilingue. Cela explique la traduction de ses œuvres en
plusieurs langues, raison pour laquelle il voulait que son fils
soit d’une double culture et bilingue. Il préfère une société
qui accepte la diversité culturelle et dans laquelle les gens
vivent harmonieusement ensemble et coexistent sans
discrimination. Donc, pour lui, Sept jours pour une éternité
n’est pas un livre sur le paradis et l’enfer. «J’écris des livres
sur des rencontres amoureuses.» [41], disait-il.
Si nous acceptons que l’amour est très important pour une
coexistence pacifique dans la société, nous relevons
l’absurdité dans l’emploi des figures ésotériques
antithétiques [Dieu et le diable, les anges et les démons] pour
illustrer l’idée de la coexistence amoureuse. Nous allons
approfondir nos réflexions sur ces faits en traitant
l’évolution de l’ésotérisme. Pour répondre à la question s’il
est attiré par l’ésotérisme, il dit : « Pas plus qu’un auteur de
roman policier n’est attiré par les crimes. L’ésotérisme c’est
de penser que quelque chose d’absurde est une chose vraie.
Entrer affirmer, «Je crois aux extraterrestres» et dire «Je n’y
crois pas». Moi, je me dis «pourquoi pas ?». C’est vrai qu’il y
a «des sujets sur lesquels je m’interroge» [15].
De cette affirmation, on voit que pour Levy, l’existence de
Dieu et du diable est absurde mais vrai. Pourtant, il
s’interroge sur leur existence. En s’exprimant à propos de la
source de son imagination, il dit: « La vie, la vie a bien plus
d’imagination que tous les auteurs du monde réunis,
écouter, regarder _ c’est ma façon de travailler» [15]. L’usage
des thèmes ésotériques dans le roman Sept jours pour une
éternité n’est point accidentel. L’auteur les utilise pour
illustrer son point du vue psychologique et philosophique.
Selon lui, il voit une société où les gens ne lisent plus pour le

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plaisir et ne réfléchissent pas sur ce qu’ils regardent comme
émission. Notre romancier est attiré par les thèmes
ésotériques parce qu’il croit à l’existence des extraterrestres
dont leur état lui paraît absurde.
L’analyse philosophique de l’œuvre
Comme nous l’avons déjà précisé dans le résumé de l’œuvre,
sept chapitres s’identifient en fonction de chaque évènement
quotidien dans la semaine. Le huitième chapitre porte sur la
conclusion. Le roman est une parodie entre le bien et le mal.
C’est un roman de réflexion dans lequel l’auteur utilise le
style du parallélisme. En littérature, un auteur peut adopter
le style du parallélisme à quatre sphères: parallélisme par
identité, par égalité, par différence ou par opposition. À cet
égard, Levy adopte le style du parallélisme par opposition
entre le Bien et le Mal, entre le diable et l’ange et finalement
entre Dieu et Lucifer. D’ailleurs, l’auteur projette ses
personnages du point de vue omniscient, celui qui sait tout
et qui voit tout. Il ne participe pas à la narration car il se situe
à l’extérieur de l’acte narratif. Ainsi, il mène la narration à la
troisième personne. Pour justifier cela, il faut noter que, Levy
utilise constamment « il », l’homme et « elle » dans sa
narration. Il fournit au lecteur de nombreuses informations
sur chaque personnage en ce qui concerne leurs habitudes,
leurs pensées, leurs passées, comme s’il les connaissait. Il
remarque que, Dieu envoie ses anges au monde en raison de
mauvaises conduites des êtres humains. Les anges savent à
l’avance que les hommes sont très rigides et que personne ne
peut les changer facilement. Mais de toute façon, ils
devraient poursuivre leur mission qui pourrait améliorer le
monde. Cette évidence est avancée dans le roman: «La vie
d’un homme devrait pourtant peser plus lourd … mais les

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hommes ne changeraient pas si non si rapidement, sinon elle
[Zofia] n’aurait pas besoin d’être là » [17].
En effet, l’auteur intervient avec son opinion sur des êtres
surnaturels sur la terre. Par exemple, la première
préoccupation de Zofia, un ange et le protagoniste du roman
et de faire gagner son camp dans la bataille entre Dieu et
Lucifer. Pour ce faire, elle doit rechercher les âmes en peine
pour les sauver dans une période de sept jours. D’autre part,
Lucas le démon et l’antagoniste doit provoquer des désastres
pour chambouler le monde. Il signe ce pacte avec le diable,
son maitre pour faire triompher son camp. Son rôle est de
rivaliser avec l’ange. Mais les deux pouvoirs surnaturels
n’avaient pas prévu que leurs émissaires allaient se
rencontrer et tomber amoureux. Alors, le fond du message
de Levy, c’est d’être à la recherche des faits qui peuvent
changer positivement la vision du monde. Ces faits sont
l’amour, le soin et le sourire selon les principes qu’il avance.
Levy exprime sa propre opinion par le truchement de Jules
Minsky. Son opinion s’énonce clairement: la bienveillance
fait partie des faits qui peuvent changer la vision du monde;
selon lui, le sourire comme un acte de bienveillance pourrait
donner du plaisir et de l’espoir à quelqu’un. Cela se
comprend dans l’énoncé de Jules : «Tu as inventé une chose
merveilleuse, tout à l’heure, sans même t’en rendre compte-
--En passant devant mon arche, tu m’as souri---Tu as inventé
une sorte de vaccin contre l’instant de mal-être. Si tout le
monde faisait cela, rien qu’une seule fois par jour donner
juste un sourire, imagines-tu l’incroyable contagion de
bonheur qui filerait sur la terre.» (103).
Alors, le sourire devient une invention comme un vaccin
contre la malveillance par le porteur. Aussi, nous nous
apercevons que l’amour triomphe de tous les obstacles.

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Donc, Levy prêche l’amour. Il faut s’aimer les uns les autres
afin de changer positivement notre vision du monde.
L’analyse critique de l’ésotérisme contemporain dans
l’œuvre
L’ésotérisme demeure une cosmologie ou un ensemble
global de connaissances sur le monde, la nature humaine et
l’univers. Elle est donc une autre façon de penser le monde:
les rapports entre immanence et transcendance, les relations
avec la nature, l’histoire de l’humanité ou bien un autre
mode de perception de ce qui inscrit l’Homme dans l’infini
et dans l’espace du temps.
L’idée de raconter une histoire d’amour avec le «Bien» et le
«Mal» est assez géniale et également l’idée d’un défi entre
ces deux camps ambivalents est encore plus originelle. Le
livre part pourtant sur une bonne idée, l’affrontement sur
terre du bien et du mal, à travers un garçon et une fille
envoyés par les deux êtres suprêmes qui se disputent le
monde. Nous avons beaucoup apprécié le motif de notre
romancier qui voulait utiliser l’amour pour instaurer la paix
dans un monde en désarroi. Levy veut nous faire partager
un monde plein de sentiment d’amour. Cela posé, la vie n’est
pas si horrible que l’on le supposerait. L’amour existe pour
nous aider à surmonter les problèmes. L’auteur nous fait
comprendre que tout le monde a besoin de l’amour. Nous
apprécions Levy d’avoir créé un conte théologique fondé sur
l’amour, la volonté et le respect. Le mal et le bien peuvent
habiter ensemble malgré tout. Levy voulait un monde idéal
dont le fondement est l’amour du prochain, un monde
dépourvu de sentiment religieux et de vice social qui
peuvent rendre la vie insupportable. Nous avons aussi
apprécié sincèrement son désir de créer une société

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multiculturelle et multilingue afin d’éradiquer la
discrimination à tout prix dans la société.
Malgré que nous ayons reconnu l’amour, le sourire, la
bienveillance et le soin comme des outils importants pour
améliorer le monde, dans le même temps, nous trouvons
irrévérencieux l’action de vulgariser les affaires spirituelles.
Comment les thèmes ésotériques sont-ils abordés dans le
roman ?
La société contemporaine a certes besoin d’une littérature
qui fait passer un message moral et didactique. Selon Bruno:
«C’est vrai, notre programmation mentale est structurée par
le livre» (67). Tout d’abord, comme déjà mentionné,
caricaturer Dieu ou les anges constitue un manque de
révérence. Selon Onyemelukwe : «La caricature est une
description ou une peinture comique ou satirique qui
s’effectue par l’accentuation de certains traits ridicules,
déplaisant de la cible du caricaturiste.»(34).
Retenons que dans le roman de notre communication, Levy
présente Dieu et l’ange Michel comme des êtres humains
ayant des attributs humains. Par exemple, en parlant de
Dieu, il écrit: «Tous ses (Dieu) gestes trahissaient
l’impatience qu’il contrôlait » (37). Dans un autre extrait du
roman, il écrit que Dieu a «l’air soucieux » (36). Il présente
Dieu comme l’homme politique ou bien un gérant et qu’il a
une assemblée qui s’appelle Le Conseil. C’est drôle et
ridicule que Dieu, «le Dieu» que l’auteur présente dans son
roman a une réceptionniste et un bureau. En revanche,
Lucifer aussi a ses propres membres de cabinet, selon Levy,
c’est Le Conseil qui aide Dieu à prendre les décisions sur
l’univers.
C’est un blasphème ridicule de dire qu’il y a quelqu’un ou
bien un groupe de personnes qui aident Dieu à prendre des

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décisions ou à gérer l’univers. Alors, nous constatons que la
présentation des idées ésotériques par Levy constitue un
affront aux croyances des deux principales religions
notamment le Christianisme et l’Islam. Selon La Bible dans
«Genèse», Chapitre deux verset seize, c’est Dieu qui donna
le commandement à Adam dans le jardin et c’est Lui aussi
qui autorisa les dix commandements à Moïse dans «Exode
vingt», Il n’a consulté qui que ce soit pour savoir si les lois
sont en ordre ou non. Cette affirmation se confirme
davantage par cette parole de Dieu à Moïse: «Je suis celui qui
s’appelle ‘Je suis’ a envoyé vers vous». À travers cette
ordonnance, Le Tout-Puissant n’a pas donné ou discuté avec
personne avant de faire passer son message, c’est à dire, Dieu
n’a pas donné les ordres en collaboration avec une assemblée
ou un groupe de personnes, ou quelqu'un et il n’y a pas de
question de troisième personne comme l’indique notre
romancier. Cette idée formulée par Levy est donc un pêché
contre l’humanité.
D’autre part, le dogme de la religion Islam prêche l’unicité
de Dieu avec le «Tawhid», c’est-à-dire que Dieu est unique.
On l’appelle «Al-Wahid» (celui qui est unique) ou «AlAwal»
(Le premier et le dernier). C’est synonyme à «Alpha et
Omega» du Christianisme (Le commencement et la fin).
Selon Le Coran, Dieu ou Allah est celui qui subsiste par
luimême et qu’il ne compte sur aucune de sa création pour
subsister. C’est toujours vrai que toute création dépend de
lui. Donc, faire la caricature de Dieu constitue une hérésie.
On l’appelle’’Al-Moukhâlafatou li al-hawadith’’, celui qui
n’a pas de pareil. Selon Le Coran: «There is nothing like unto
Him, and He is the hearing, the seeing» (9). Alors, les
musulmans disent dans leurs prière ou lorsqu’ils sont
surpris par un événement merveilleux: «Allahou Akbar», ce

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qui signifie «Dieu est le plus grand». Même la religion
traditionnelle voit Dieu comme le créateur de tous créateurs,
lui, qui détermine le destin de chaque individu sur terre.
Donc, l’action de notre romancier de qualifier Dieu comme
un politicien qui doit se réunir avec son Conseil des
ministres est totalement condamné, c’est une insulte pour
notre romancier d’avoir osé faire cela. Ensuite, Levy écrit que
Dieu habite dans son bureau qu’il nomme «La centrale de
l’intelligence des Anges», situé au Transamerica Building à
Sans Francisco, en Amérique. De plus, il               présente
l’administration du bureau de Dieu dans une hiérarchie qui
comprend Dieu, les anges et le Conseil. Donc, Dieu a ses
ministres qui travaillent avec Lui selon Levy. Dans un autre
extrait dans le roman, Dieu est vu comme quelqu'un qui
habite avec les êtres humains sur terre. Nous avons eu vent
de cette affirmation à travers cette parole: «Il (Dieu) regarda
le ciel» (181). Alors, la question que nous voulons poser, c’est
de savoir s’il y a un autre ciel à part celui que Dieu appelle
son trône ? Nous avons eu l’assurance en tant que chrétiens
que notre Dieu demeure tranquillement dans son trône
majestueux au ciel dans Esaïe chapitre 66 verset un «Ainsi
parle L’Éternel: le ciel est mon trône et la terre mon
marchepied. Quelle maison pourriez- vous me bâtir, et quel
lieu serait celui de mon repos ?». C’est donc ridicule pour
Levy d’affirmer que Dieu, Le Tout-Puissant, habite sur terre
avec les êtres humains. C’est scandaleux, c’est une aberration
de la part de notre romancier d’avoir osé décrire Dieu en ces
termes dérisoires, il mérite d’être interrogé.
Dieu n’est pas limité dans un espace spécifique. Le Seigneur
est partout. Et telle est une preuve de son Omniprésence.
Celui qui voit tout et qui sait tout bien avant que Levy ne
dise qu’il croyait que l’existence de Dieu est absurde.

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De plus, le fait que Dieu et Lucifer signent un pacte est une
idée qui touche au blasphème et à l’hérésie. Cette insolence
atteint son apogée lorsque le démon et l’ange tombent
amoureux et Dieu, Le Tout-Puissant, Le Créateur de
l’Univers et Lucifer, le diable, pensent devenir grands-pères
à l’écoute du narrateur: «Nous allons être grand-père» (307).
Quel scandale, quelle insulte et quelle abomination ! La
présentation de Levy ne tient pas debout.
Décrire Dieu d’une telle manière dans un roman destiné au
public est un sacrilège. D’ailleurs dans le christianisme, on
disait que la bataille d’Armageddon, selon «l’Apocalypse»,
serait le combat final entre le Bien et le Mal comme nous
montre La Bible dans «l’Apocalypse», Chapitre vingt, Verset
un: «Puis je vis descendre chaine du ciel, un ange qui tenait
la clef de l’abime et une grande chaine à la main. Il saisit le
dragon, le serpent ancien qui est le diable et le Satan, et il le
lia pour mille ans. Il (ange) le jeta dans l’abime---afin qu’il
(Satan) ne séduise plus les nations ». La description de cet
événement montre qu’il n’y a pas de réconciliation entre
Dieu et Lucifer.
Dans Le Coran aussi, Allah avertit les musulmans de ne pas
suivre les traces de Shaytan, c’est-à-dire, Allah conseille à ses
fidèles de s’éloigner de Lucifer. Allah montre qu’il existe le
paradis (Jannah) pour ceux qui le (Allah) suivent où qu’ils
soient et qu’il y a l’enfer comme punition pour Shaytan et ses
fidèles. Ainsi, dans Le Coran aussi, il n’y a point d’intégration
entre Allah et Shaytan.
D’une part, l’usage des thèmes ésotériques pour décrire le
combat final qui aurait eu lieu entre Dieu et Lucifer dans Sept
jours pour une éternité de Levy est un blasphème, c’est juste
pour ridiculiser Dieu. Cela n’a aucun fondement vis-àvis de
La Bible et du Coran. Les idées avancées par notre romancier

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Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF)
                     No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2

pour construire son imagination sont très orthodoxes et
désagréables car le roman peut provoquer à son tour une
crise religieuse.
D’autre part, nous constatons que l’amour est plutôt
réciproque et non pas égocentrique. Mais l’amour que
prêche Levy semble avoir un intérêt personnel, donc notre
romancier est égoïste. Pis encore, l’amitié entre Lucifer et
Dieu est condamnable, c’est une amitié qui n’est pas
justifiable. C’est un péché capital de penser que Dieu signe
un pacte avec le diable. Surement, le désaccord entre Dieu et
le diable reste éternel selon La Bible dans la seconde
«Corinthiens», Chapitre six, Verset (14-16): «Ne formez pas
avec les incroyants un attelage disparate. Car quelle
association y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? Ou quelle
communion entre la lumière et les ténèbres ? Et quel accord
entre Christ et Satan --- Quel rapproche entre le temple de
Dieu et les idoles ? (1468)
Presque tout lecteur aime la fin heureuse d’un récit mais
dans ce roman, nous la trouvons vraiment bizarre, terrible et
insupportable. Nous avons condamné entièrement la partie
où Dieu avait posé sa main sur l’épaule de Lucifer et lui
sourit. C’est une indignation et un affront contre Le Tout-
Puissant. Nous trouvons maladroit cette partie de l’œuvre.
Nous approuvons que l’amour est un instrument pour
promouvoir ou faire avancer l’humanité, mais cet amour
prêché par notre romancier entre Dieu et Satan n’a point de
place dans les deux principales religions du monde.
Conclusion
Il faudrait prévenir l’écriture des œuvres littéraires aux
thèmes ésotériques afin d’éviter la crise dans sa totalité.
Nous recommandons aux dirigeants d’instaurer des
sanctions contre les auteurs qui écrivent pour indigner

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MALUMI Soni Omoloro RANEUF- No 19, octobre 2021 Pp.237-252
                     http://dx.doi.org/10.17613/nsdf-ss33

certaines religions. La liberté d’expression dans le genre
romanesque de fiction ne devrait bouleverser ni la foi
religieuse ni les valeurs morales, nous suggérons ainsi la
mise en œuvre d’une politique littéraire pour soutenir le
patrimoine culturel et moral. Pour rendre le monde
confortable, il faudrait que chaque individu ait du respect
pour les normes socioculturelles et religieuses du monde car
les belles plumes font les beaux oiseaux. C’est à nous de
construire une belle société pleine d’amour où les valeurs
morales sont respectées. N’est-il pas temps de mettre fin aux
crises religieuses depuis le XIVe siècle, voire des crises
causées par la publication anti-islamique au Danemark en
2006 avec plus de 2000 personnes tuées dans les États de
Borno, d’Anambra et de Bauchi du Nigeria, sans oublier le
Verset satanique de Salman Rushdie ayant provoqué des
émeutes en Iran, au Pakistan, en Égypte, en Afrique du Sud
et en Amérique ?

Œuvres citées
Eco, Umberto. Le Pendule de Foucault. Paris : Grasset,
     1990.Print.
Lagarde et Michard. La Littérature française de XVIIIe siècle.
     Paris : Bordas, 1969.Print.
La Sainte Bible. La Bible en France. Paris, 1997. Print.
Le coran. Le Coran Traduit en anglais par Al-Muntada
     Alislami. Riyadh: Abul Qasim publishing House,
     1997. Print.
Lagrange, Pierre et Claudie Voisenat. «L’ésotérisme
     contemporaine et ses lecteurs», Renaissance d’un
     ésotérisme occident 1945-1960, Edition de la
     Bibliothèque

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Revue de l’Association nigériane des enseignants universitaires de français (RANEUF)
                     No 19, octobre 2021 ISSN : 978-059-704-2

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       Web. 23 mai 2020.
Lennox, Morrison, ‘’falling & starting anew’’ Wall Street
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Levy, Marc. Sept jours pour une éternité. Paris : Robert Laffont,
       2003.Print.
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Onyemelukwe, Ifeoma. The French Language and literary
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Paul, Robert. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue
       francaise.Paris: Nouvelles Editions Millénismes,
       2012.Print.

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