L'ECONOMIE CIRCULAIRE - MODELISATION MACROECONOMIQUE APPLIQUEE A - Note de ...
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REMERCIEMENTS Boris Bailly (I Care & Consult) Ruben Bibas (OCDE) Baptiste Boitier (SEURECO-ERASME) Antoine Boubault (BRGM) Gaël Callonnec (ADEME) Guillaume Crezé (ADEME) Alain Geldron (ADEME) Alexandre Godzinski (CGDD) Clément Leblanc (I Care & Consult) Gaëlle Le Treut (CIRED) Kambiz Mohkam (CGDD) Marie-Laure Nauleau (ADEME) Jean-Louis Pasquier (CGDD) Aurélien Saussay (OFCE) Antoine Teixeira (CIRED) Fanny Vicard (ADEME) Jacques Villeneuve (BRGM) Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite selon le Code de la propriété intellectuelle (art. L 122-4) et constitue une contrefaçon réprimée par le Code pénal. Seules sont autorisées (art. 122-5) les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé de copiste et non destinées à une utilisation collective, ainsi que les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, pédagogique ou d’information de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées, sous réserve, toutefois, du respect des dispositions des articles L 122-10 à L 122-12 du même Code, relatives à la reproduction par reprographie. Ce document est diffusé par l’ADEME 20, avenue du Grésillé BP 90406 | 49004 Angers Cedex 01 Numéro de contrat : 17MAR000177 Étude réalisée pour le compte de l'ADEME par : I Care & Consult, OFCE Coordination technique - ADEME : Fanny Vicard, Service Economie et Prospective Direction Recherche et Prospective PAGE 2 | Modélisation macroéconomique appliquée à l’économie circulaire – Synthèse de l’étude
1. Présentation de l’étude Les politiques publiques en faveur de l’économie circulaire se développent en France et les objectifs des pouvoirs publics dans ce domaine se précisent, avec par exemple la publication d’une « Feuille de route économie circulaire » au printemps 2018. Dans ce contexte, les besoins d’évaluer l’impact de ces politiques publiques, et notamment leur impact macroéconomique, se fait de plus en plus pressant. C’est pourquoi l’ADEME a souhaité dresser un panorama des outils macroéconomiques multisectoriels hybrides permettant d’analyser les agrégats économiques et les flux physiques de ressources induits par le développement d’une économie circulaire. L’étude s’est déroulée de décembre 2017 à octobre 2018. Elle s’est scindée en deux parties, qui ont chacune donné lieu à un rapport dédié : • Une première partie dédiée à un état de l’art de la modélisation macroéconomique appliquée à l’économie circulaire. Cet état de l’art a permis d’identifier un certain nombre de travaux de recherche, menés par diverses équipes à travers le monde, qui s’appuient sur des outils de modélisation macroéconomique appliquée pour traiter de problématiques liées, plus ou moins directement, aux thématiques de l’économie circulaire. Les résultats de cet état de l’art sont présentés de façon détaillée dans un rapport s’intitulant « Modélisation macroéconomique de l’économie circulaire – Etat de l’art ». • Une seconde partie dédiée à une réflexion sur les pistes possibles de développements des modèles pour mieux prendre en compte les effets macroéconomiques de la transition vers une économie circulaire. Cette réflexion a notamment souligné les possibilités qu’offrent un outil de modélisation macroéconomique multisectoriel pour l’évaluation des politiques d’économie circulaire. Elle a également abouti à une description détaillée de différents scénarios de développements envisageables pour 4 modèles macroéconomiques préexistants. L’ensemble de ce travail est détaillé dans le rapport intitulé « Modélisation macroéconomique de l’économie circulaire – Préconisations de développement ». 2. Etat de l’art Le premier objectif de cette étude était d’établir un panorama des outils de modélisation macroéconomiques traitant, ou capable de rendre compte, des effets de la transition vers une économie circulaire. Compte tenu de la diversité des secteurs de l’économie concernés par les politiques d’économie circulaire, de la multiplicité des instruments mis en place et des interactions entre les impacts attendus, la revue de la littérature s’est concentrée sur les modèles macroéconomiques multisectoriels et hybrides, mettant en relation des flux physiques (e.g. de ressources) et des grandeurs macroéconomiques. Par hybride, a été entendu dans cette étude un modèle macroéconomique (top down) avec un ou des blocs sectoriels microfondés et très détaillés du type technico-économique (bottom-up). Le périmètre de l’état de l’art a été restreint aux modèles macroéconomiques en équilibre général1, développé en France ou dans le monde. 2.1. Richesse de la littérature analysée Un des résultats de cet état de l’art a été que le nombre de modèles traitant des problématiques de l’économie circulaire est faible, bien qu’en forte croissance ces dernières années. Cela traduit un intérêt politique et social croissant pour cette thématique, pour un champ de recherche qui était jusqu’à récemment peu exploré. Ce sont donc vingt-sept modèles qui ont été identifiés comme abordant ces problématiques dans leur structure même ou à travers certaines applications. C’est la problématique des déchets qui a commencé à être traitée dans le champ de la modélisation macroéconomique avec, dans les années 2000, des projets nationaux au Japon et en Corée (AIM/Material, ODIN- WR) ou encore en Suède (EMEC). Cependant c’est aujourd’hui le sujet de la consommation de matières premières pour la production de biens et de services qui domine ce champ de recherche, avec un foisonnement de modèles, aussi bien nationaux que mondiaux, qui intègrent cette dimension dans leurs analyses. Les modèles qui adoptent une approche plus globale de la thématique économie circulaire, associant déchets et consommation de matière ou encore introduisant le recyclage de la matière, sont plus rares. Le modèle français Vulcain en est un exemple. 2.1.1. Analyse comparative des approches de modélisation Dans un premier temps, une analyse transversale des 27 modèles identifiés a été réalisée. Elle a permis de faire émerger 8 axes thématiques, sur la base desquels les modèles ont ensuite pu être analysés et comparés : 1 Ces modèles reconnaissent l’interdépendance de différents marchés (marché de biens et services, marché du travail, marchés financiers). De fait, on était exclu les modèles dits « en équilibre partiel » tels que les modèles d’analyse entrées-sorties étendues aux impacts environnementaux notamment. Modélisation macroéconomique appliquée à l’économie circulaire – Synthèse de l’étude | PAGE 3
• Les familles de modèles : les modèles analysés se distinguent au regard de leur inspiration théorique (walrassienne ou néo-keynésienne principalement dans ce panorama) et de leur structure (Modèle d’équilibre général calculable (MEGC), Modèle Macroéconométrique, Modèle d’équilibre général dynamiques stochastiques (DSGE) essentiellement) ; • La couverture géographique et la représentation des échanges commerciaux : les modèles étudiés se répartissent entre des modèles multirégionaux (modèles Monde ou Europe) et des modèles nationaux, ce qui influe sur la représentation des échanges commerciaux en lien avec la consommation de ressources notamment ; • Le niveau de désagrégation des modèles, à la fois en terme de secteurs d’activités et en termes de représentation de différentes ressources/ matières (généralement rassemblés en 1 à 3 flux très agrégés (« métaux », « minerais non-métalliques », « biomasse ») ou circonscrit à 1 ou 2 matières spécifiques (des métaux le plus souvent)) ; • Les angles d’approche de l’économie circulaire retenus dans la modélisation, qui se résument à la consommation de matière par les secteurs productifs, la production de déchets et le recyclage ; • Les approches retenues pour la modélisation du recyclage, qui varient aussi bien sur la façon de modéliser les flux traités par recyclage que sur la façon de modéliser les arbitrages entre matières premières primaires et secondaires comme facteur de production ; • La quantification des flux de matière, certains modèles faisant intervenir une quantification des flux en unité physique tandis que d’autres les expriment en relatif à partir de l’activité économique des secteurs extractifs ou de première transformation de la matière ; • Le lien entre flux physiques et flux monétaires, différentes méthodes ayant été observées pour établir ce lien entre la structure économique standard d’un modèle macroéconomique et les flux physiques de matières ; • La modélisation du progrès technique et la substitution entre facteurs de production, ces éléments permettant alors de représenter les déterminants de possibles gains d’efficacité matière dans le modèle. Cette analyse multicritères a permis, à chaque étape, de faire émerger des groupes parmi les modèles étudiés et de distinguer différentes approches de modélisation, dont les forces et faiblesses ont systématiquement été d’analysées. Plus globalement, l’analyse a permis de faire émerger, sur l’ensemble des travaux étudiés, deux manières de procéder pour traiter des sujets de l’économie circulaire dans le cadre de la modélisation macroéconomique : • La première consiste en l’intégration progressive de thématiques en lien avec l’économie circulaire dans des modèles macroéconomiques multisectoriels hybrides préexistants et appliqués à l’environnement. Les développements sur ces modèles ont généralement consisté en l’ajout de la consommation de matières premières nécessaires pour produire, mais souvent de manière comptable, sans modélisation de la matière comme facteur de production. Ainsi la quantité de matière consommée est souvent entièrement déterminée par la quantité de biens produits ou consommés, et ne permet pas de modéliser des comportements en faveur d’une baisse de l’intensité matière par exemple. Ainsi, bien que préalablement éprouvés sur des thématiques énergétiques et climatiques, la capacité de ces modèles à évaluer les impacts des politiques publiques en faveur de l’économie circulaire restent à ce jour limitée. • La seconde direction identifiée à partir de cette revue de littérature est celle de la construction de nouveaux modèles macroéconomiques spécifiquement dédiés aux thématiques de l’économie circulaire. Ces modèles sont souvent construits sur mesure pour des données disponibles localement. Ils présentent l’avantage de permettre d’explorer plus en détail des mécanismes spécifiques des politiques d’économie circulaire, comme par exemple l’arbitrage entre les modes de gestion des déchets ou la substitution de matière recyclée à la matière vierge. La contrepartie de cette sophistication de la modélisation de l’économie circulaire réside dans une modélisation assez limitée du bloc macroéconomique. Il s’agit principalement de MEGC d’inspiration walrassienne, dont les hypothèses sous-jacentes reflètent des équilibres économiques de long terme. De ce fait, ils ne permettent pas de simuler des chocs ou des décisions de politiques publiques ayant des impacts économiques à court terme sur une économie, en particulier en ce qui concerne les impacts sur l’emploi et le chômage. 2.1.2. Analyse détaillée d’une sélection de modèle En complément du panorama, 10 modèles ont fait l’objet d’une analyse plus fine, donnant lieu à chaque fois à une fiche d’analyse détaillée. Ces fiches ont porté sur les modèles les plus aboutis et semblant être les plus à même de répondre aux besoins d’évaluation de l’ADEME relatifs à l’économie circulaire. Ces fiches d’analyse détaillée visaient également à : • Couvrir une diversité des approches observées dans le panorama ; PAGE 4 | Modélisation macroéconomique appliquée à l’économie circulaire – Synthèse de l’étude
• Apporter une compréhension approfondie des modèles sur lesquels pourraient s’appuyer les développements futurs de l’ADEME. Les modèles ayant fait l’objet d’une fiche d’analyse détaillée sont listés dans le tableau 1. Tableau 1 : Modèles faisant l'objet d'une fiche d'analyse détaillée Nom du modèle Commentaires / Appréciation Vulcain • MEGC Walrasien, modèle à 2 régions : France et « reste du monde » • Seul modèle à se situer à l’intersection des trois angles d’approches de l’économie circulaire • Quantification physique des flux de matière E3ME • Modèle macro-économétrique Européen d’inspiration Néo-Keynésienne, traitant uniquement de la consommation de matière • Quantification physique des flux de matière • Fait référence auprès de la Commission Européenne EXIOMOD • MEGC d’inspiration Walrasienne, présentant le niveau de désagrégation le plus riche à ce jour • Traite de la consommation de matière et du recyclage • Quantification physique des flux de matière AIM/Material • MEGC Walrasien, modèle national (Japon) • Représentation originale du recyclage, autour d’une matrice « flux de déchets » x « secteur recycleur » • Quantification physique des flux de déchets ENV- • MEGC Walrasien multirégional, croisant consommation de matière et recyclage Linkages • En cours de développement à l’OCDE NEMESIS • Modèle macro-économétrique multirégional, qui ne traite pas à ce jour de l’économie circulaire mais une collaboration avec l’ADEME pour développer le modèle dans ce sens pourrait être envisagée. • Sa modélisation du progrès technique le place dans une position favorable pour faire l’objet de développement en ce sens MEWA • Croise une analyse de la consommation de matière et du recyclage, avec une modélisation sophistiquée du progrès technique • Pas de quantification physique des flux de matières MEMO • Propose une analyse de la consommation de matière (sans quantification physique) intéressante pour la simplicité de la démarche IMACLIM • MEGC multirégional d’inspiration Néo-Keynesienne • Construction de matrice hybride économie-matière pour l’acier et le ciment utilisée pour le modèle IMACLIM-S France ThreeME • MEGC multirégional d’inspiration Néo-Keynesienne • Développé conjointement par l’OFCE et l’ADEME 2.2. Des développements encore significatifs à mener Au vu de l’état de l’art, il est apparu que les modèles existants n’offrent qu’une évaluation partielle des effets macroéconomiques des politiques publiques en faveur de la transition vers une économie circulaire. L’état de l’art a mis en évidence un besoin de développement méthodologique. Les modèles analysés ne représentent que partiellement les leviers par lesquels une transition vers une économie circulaire pourrait s’effectuer. Il a aussi mis en avant un enjeu majeur autour des données. Comme pour tout exercice de modélisation macroéconomique appliquée, la disponibilité et la fiabilité des données de calibration constituent une condition sine qua none de la qualité de l’analyse. Cependant, dans le cas de l’économie circulaire, les données traitant de la consommation de matière, de la production de déchets ou encore du recyclage dans un format compatible avec le modèle macroéconomique (notamment sa segmentation sectorielle), sont rares. De ce fait, les projets les plus Modélisation macroéconomique appliquée à l’économie circulaire – Synthèse de l’étude | PAGE 5
ambitieux de développement de modèles macroéconomiques appliqués à l’économie circulaire sont directement associés à un important travail de développement de bases de données, permettant ainsi d’obtenir le niveau d’agrégation sectoriel optimal entre données physiques et données monétaires. Au-delà des données de calibration, la littérature (économétrique ou autre) permettant le paramétrage des modèles est également limitée. Tandis que, par exemple, les possibilités de substitution entre énergie et capital dans les différents secteurs d’activité font l’objet d’une littérature relativement riche, rares en revanche sont les études permettant de quantifier les élasticités de substitution entre matières premières et capital. De même, une modélisation sophistiquée des gains d’efficacité matière peut par exemple venir se heurter à l’absence d’études sur lesquelles baser ces paramètres du modèle, pourtant cruciaux. 3. Préconisations de développement La seconde partie de l’étude a visé d’une part à mettre en évidence le potentiel et les limites actuelles de la modélisation macroéconomique pour évaluer les politiques d’économie circulaire, et d’autre part, à formuler des recommandations de développement concrètes pour se doter d’un outil d’évaluation des effets macroéconomiques de la transition vers une économie circulaire. 3.1. Le potentiel de la modélisation macroéconomique pour l’économie circulaire Aujourd’hui, la modélisation macroéconomique permet, via un certain nombre de modèles dédiés, d’évaluer les impacts économiques de la transition énergétique (e.g. les modèles ThreeME, IMACLIM et NEMESIS, tous trois développés par des équipes françaises et mobilisés sur le cas de la France). Il n’existe cependant pas de modèle équivalent pour traiter de l’économie circulaire. Cette lacune s’explique notamment par les problèmes spécifiques que pose la représentation de l’économie circulaire dans un modèle macroéconomique. Ceux-ci proviennent globalement du fait que les modèles macroéconomiques, dans leur structure, sont presque tous alignés avec le modèle dominant de l’économie linéaire. Les entreprises produisent des biens avec comme principale contrainte la main d’œuvre et le capital disponible mais pas celle de la disponibilité des ressources naturelles. Puis elles vendent les biens produits aux autres entreprises et aux ménages. Enfin ces biens sont détruits immédiatement par l’acte de consommation et ils ne laissent aucune trace dans le modèle. Afin d’analyser la transition vers une économie circulaire, il semble donc essentiel de représenter dans le modèle la possibilité d’une économie circulaire et ce qui la différencie d’une économie linéaire. Cela suppose notamment d’intégrer la notion de matière comme ressource naturelle, mais aussi les notions de déchets, de recyclage de ces déchets ou encore de durée de vie des produits consommés. Pour développer un modèle macroéconomique adapté à l’analyse de la transition vers une économie circulaire, un enjeu central est donc de palier à l’angle mort de la modélisation macroéconomique « standard » représenté sur la figure 1. Figure 1. Angle de mort de la modélisation macroéconomique vis-à-vis de l'économie circulaire (source : I Care) Cette étude a démontré que les modèles macroéconomiques, à l’issue de développements complémentaires, constituent des outils adaptés à l’évaluation des impacts économiques et environnementaux des politiques publiques en faveur de l’économie circulaire. Ils permettent en effet de simuler l’impact global d’un large panel de PAGE 6 | Modélisation macroéconomique appliquée à l’économie circulaire – Synthèse de l’étude
mesures sur un ensemble d’indicateurs macroéconomiques (comme le PIB, le nombre d’emplois dans les différents secteurs, le revenu des ménages, les recettes fiscales, la valeur ajoutée par secteur, etc.). Cependant, un modèle macroéconomique ne sera pas en mesure, et n’a pas vocation, à modéliser explicitement l’ensemble des mesures encourageant le développement de l’économie circulaire. Au cours de cette étude, une analyse a été menée sur chacun des 7 piliers de l’économie circulaire définis par l’ADEME afin d’identifier le potentiel d’un modèle macroéconomique dans l’évaluation de scénarios de transition vers une économie circulaire ou de mesures de politiques publiques en faveur de celle-ci. Il ressort de cette analyse que parmi le large éventail des mesures de politiques publiques envisageables pour favoriser le développement de l’économie circulaire, rares sont celles qui peuvent être représentées directement et explicitement dans un modèle macroéconomique au vu de l’état des connaissances. Les exceptions concernent principalement les mesures fiscales globales (e.g. taxe carbone, taxe sur les matières premières primaires, taxes sur les installations de traitement des déchets (TGAP)). Toutefois, les impacts macroéconomiques et environnementaux globaux engendrés par des mesures de politiques publiques plus complexes, plus fines ou d’une nature autre que fiscale, peuvent être évalués par le modèle macroéconomique. Cela présuppose de s’appuyer sur des études technico- économiques amont, qui détermineraient l’impact direct des mesures de politiques publiques sur les modes de production, les comportements de consommation, l’allongement de la durée de vie des produits par exemple. Les données ainsi produites peuvent ensuite être prises en entrée par le modèle macroéconomique. L’apport principal du modèle macroéconomique en équilibre général, par rapport à une étude technico-économique ou à un modèle en équilibre partiel, est qu’il permet de prendre en compte l’ensemble des boucles de rétroaction dans l’estimation des impacts macroéconomiques. Par exemple, là où une analyse en équilibre partiel de l’impact économique d’un allongement de la durée de vie des produits pourrait conclure à une perte d’activité et d’emplois dans les secteurs fabriquant ces produits, un modèle macroéconomique tiendra également compte (parmi d’autres effets de rétroaction) du surplus de revenu disponible engendré pour les ménages, et donc d’un surplus de consommation stimulant l’activité dans d’autres secteurs. Il permet également de mesurer l’impact environnemental global de cette mesure, en tenant compte des effets en retours de cette mesure sur l’ensemble de l’économie. 3.2. Scénarios de développements d’un modèle macroéconomique pour modéliser l’économie circulaire Sur la base des limites actuelles des modèles macroéconomiques pour évaluer les effets des politiques d’économie circulaire, trois scénarios de développements ont été proposés dans cette étude. Les développements proposés ont été spécifiquement envisagés pour quatre modèles macroéconomiques existants, développés par des équipes de modélisation françaises (cf. infra). Le premier scénario de développement a proposé un protocole d’intégration de l’économie circulaire dans un modèle macroéconomique multisectoriel abouti, spécialisé sur les questions d’énergie et de climat. Les trois modèles qui ont été envisagés comme base de ces développements sont les modèles ThreeME (ADEME/OFCE), NEMESIS (SEURECO/ERASME) et IMACLIM (CIRED). Ce scénario propose une intégration progressive dans ces modèles des trois grandes thématiques de l’économie circulaire identifiées lors de l’état de l’art : la consommation de matière, la production de déchets et le recyclage. L’intégration de ces thématiques a été déclinée en 6 tâches dont les objectifs et les enchaînements possibles sont détaillés dans la figure 2. Figure 2. Articulation des différentes tâches du scénario 1 (source : I Care) Le deuxième scénario a défini un protocole pour le développement d’un modèle spécifiquement dédié aux problématiques d’économie circulaire, basé sur le modèle Vulcain (CGDD). L’enjeu était de développer, à partir de Modélisation macroéconomique appliquée à l’économie circulaire – Synthèse de l’étude | PAGE 7
la première maquette stylisée réalisée par le CGDD, un modèle multisectoriel détaillé et opérationnel pour l’évaluation de politiques publiques d’économie circulaire. Le travail qui a été envisagé porte principalement sur 4 chantiers de développement détaillés ci-après, qui permettraient d’aboutir à un modèle macroéconomique appliqué, multisectoriel et couvrant un plus large panel de matériaux : • Le passage d’un modèle très agrégé à un modèle multisectoriel, via l’intégration de matrices entrées- sorties développées par le CGDD et l’Insee et qui représentent les flux monétaires de 152 secteurs d’activité et les flux physiques de 51 flux de matières au niveau de 152 produits ; • Le raffinement des structures liant la consommation de matière et la production de déchets, notamment dans le but d’assouplir l’hypothèse de conservation de la masse qui avait été appliquée aux métaux mais qui n’est pas adaptée à l’ensemble des 51 matières que le modèle cherchera à couvrir à terme; • La généralisation de la modélisation du recyclage de la matière, dans le but de l’adapter à une plus grande variété de matières ; • L’adaptation des hypothèses macroéconomiques du modèle dans le but d’en aligner les propriétés de court et moyen terme sur celles de modèles macroéconomiques faisant référence en France (e.g. modèle MESANGE). Le troisième scénario portait sur l’opportunité du couplage d’un modèle macroéconomique avec un modèle technico-économique existant. L’étude de ce scénario a surtout amené à souligner les limites de cette approche du fait qu’il n’existe pas vraiment de modèles technico-économiques adaptés à cet exercice. Cependant, certaines sources de données et travaux ont été identifiés et pourront servir de point de départ à une réflexion plus poussée sur une potentielle hybridation. 4. Conclusion A travers un état de l’art approfondi, cette étude a permis d’identifier et d’analyser les différentes approches proposées actuellement par la communauté scientifique pour modéliser les effets macroéconomiques des politiques d’économie circulaire. Alors que la transition énergétique est une thématique largement explorée par la modélisation macroéconomique, notamment à l’ADEME à l’aide du modèle ThreeME, l’analyse de la transition vers une économie circulaire à travers ce même prisme reste un champ peu investi par la recherche. Toutefois, l’état de l’art montre que les travaux sur la modélisation des effets macroéconomiques de l’économie circulaire se multiplient ces dernières années, notamment autour de l’intégration de la consommation de matière pour la production de biens et de services Si l’étude a souligné le potentiel de la modélisation macroéconomique pour traiter de la transition vers une économie circulaire, d’importants développements sont néanmoins à prévoir pour tendre vers une modélisation plus complète des effets macroéconomiques de ces politiques. A cette fin, a été proposé, sous la forme de différentes options, un programme de développement pour construire un outil adapté au cas de la France. Les développements proposés dans cette étude représentent un travail important et de long terme, à la fois sur le plan du développement du modèle macroéconomique et sur le plan de la constitution des données sur lesquelles ce modèle s’appuiera. PAGE 8 | Modélisation macroéconomique appliquée à l’économie circulaire – Synthèse de l’étude
ILS L’ONT FAIT L’ADEME EN BREF L’ADEME catalyseur : Les acteurs témoignent de leurs expériences et partagent leur savoir-faire. L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) participe à la mise en œuvre des politiques EXPERTISES L’ADEME expert : Elle rend compte publiques dans les domaines de l’environnement, de des résultats de recherches, études et réalisations collectives menées l’énergie et du développement durable. Elle met ses sous un regard. capacités d’expertise et de conseil à disposition des FAITS ET CHIFFRES entreprises, des collectivités locales, des pouvoirs publics et L’ADEME référent : Elle fournit des analyses objectives à partir du grand public, afin de leur permettre de progresser dans d’indicateurs chiffrés régulièrement mis à jour. leur démarche environnementale. L’Agence aide en outre au financement de projets, de la recherche à la mise en œuvre CLÉS POUR AGIR L’ADEME facilitateur : Elle élabore et ce, dans les domaines suivants : la gestion des déchets, des guides pratiques pour aider les acteurs à mettre en œuvre leurs la préservation des sols, l’efficacité énergétique et les projets de façon méthodique et/ou en conformité avec la réglementation énergies renouvelables, les économies de matières premières, la qualité de l’air, la lutte contre le bruit, la HORIZONS transition vers l’économie circulaire et la lutte contre le L’ADEME tournée vers l’avenir : Elle propose une vision prospective et gaspillage alimentaire. réaliste des enjeux de la transition énergétique et écologique, pour un futur désirable à construire ensemble. L’ADEME est un établissement public sous la tutelle conjointe du ministère de la Transition Ecologique et Solidaire et du ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. https://www.ademe.fr/ www.ademe.fr Modélisation macroéconomique appliquée à l’économie circulaire – Synthèse de l’étude | PAGE 9
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