L'enseignement supérieur français acteur mondial 2019 - NEOMA Business School
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2019 L’enseignement supérieur français acteur mondial 2 Se forger un profil Sommaire international Accords internationaux, séjours d’échanges académiques, ARTICLES doubles diplômes, professeurs et étudiants venus 6 - 11 Expériences à l’étranger : du monde entier, campus à l’étranger, l’enseignement ils racontent : Ils sont six. Six étudiants ou alumni, français supérieur français a largement investi le champ et étrangers, à avoir profité des opportunités qu’offraient leurs écoles à l’international. international. 18 - 21 L’international commence en France, Ce mouvement d’internationalisation, les écoles de management en ont les leaders. sur son campus Dès son arrivée sur un campus un environnement NEOMA BS organise ainsi des échanges académiques avec 300 universités parte- multiculturel permet de se forger un profil international. naires de haut niveau dans le monde. En 2019, elle lance plusieurs programmes pour 25 - 29 Un corps professoral de plus favoriser le départ à l’étranger de ses étudiants entrepreneurs comme investis dans en plus international L’arrivée de nombreux professeurs étrangers change la les associations. Egalement signataire de 300 accords d’échanges de haut niveau, pédagogie et l’apprentissage des étudiants. Audencia Business School s’est implantée en Chine, à Shenzhen, Beijing et Chengdu 30 - 33 Des directions internationales pour y recevoir essentiellement des étudiants venus des pays d’Asie. En 2019 elle a pour accompagner les étudiants signé de nouveaux accords pour développer son réseau d’universités partenaires Les directions internationales sont là pour accompagner les étudiants dans leurs projets. aussi bien en Amérique latine qu’en Afrique. Dans une moindre mesure, les écoles 34 - 37 Universités partenaires : d’ingénieurs comme les universités développent les mêmes objectifs d’ouverture sur l’immersion avant tout de monde. Quand l’Ecole polytechnique crée un bachelor en 2017 c’est d’abord pour Se créer un réseau d’universités partenaires de valeur est indispensable. Les accréditations internationales y recevoir des étudiants internationaux. Quand l’université Paris-Dauphine s’implante nécessaires. à Tunis ou Londres c’est pour affirmer son statut d’université internationale. Tout un 38 - 42 Des marques pour conquérir le monde mouvement d’échanges internationaux qui repose autant sur la confiance entre les Dans un univers concurrentiel il faut capitaliser sur des marques fortes et visibles internationalement. établissements que leur capacité à obtenir des accréditations internationales que scrutent les étudiants internationaux avant de choisir tel ou tel campus. 43 - 47 Campus à l’étranger : quand la France exporte ses formations Mais une expérience internationale démarre bien avant de descendre de l’avion. C’est Casablanca, Shanghai, New York, l’enseignement supérieur français ouvre des campus dans le monde sur leur campus français que les étudiants commencent à rencontrer des étudiants entier. venus du monde entier. Alors que la France connait une augmentation régulière du 50 - 53 Double diplôme : le must de l’expérience nombre de ses étudiants qui s’expatrient (+ 70 % entre 2006 et 2016), elle reçoit en internationale effet quasiment trois fois plus d’étudiants internationaux qu’elle n’en envoie chaque Faire un séjour d’études à l’étranger c’est bien. En revenir avec le diplôme de l’université partenaire c’est année à l’étranger : 245 000 pour 90 500. De plus en plus mêlés aux étudiants fran- excellent ! Les témoignages de quatre étudiants qui ont obtenu un double diplôme. çais au sein des associations ou des cursus, ces étudiants internationaux amènent avec eux une interculturalité et une vision du monde qui transforme les a. Au bout 58 - 60 Réussir ses stages : l’autre dimension de l’internationalisation du chemin, après leurs périodes académiques, après leurs stages, tous auront la Quoi de mieux pour s’immerger dans la culture d’un capacité à intégrer un monde professionnel plus que jamais ouvert sur le monde. pays que d’y effectuer un stage dans une entreprise ou une collectivité ? C’est tout cet univers que nous vous proposons de découvrir dans ce Livre Blanc. Dossier 12 - 17 Mobilité : quelle place pour la France ? Qui sont les étudiants internationaux en France ? Pourquoi viennent-ils ? Qui sont les étudiants français qui s’expatrient ? entretiens 2 - 5 Entretiens Christophe Germain, directeur général d’Audencia bs Delphine Manceau, directrice générale de NEOMA BS 22 - 24 Béatrice Khaiat (Campus France) Olivier Rollot, rédacteur en chef 48 - 49 Bernard Ramanantsoa ORollot Une publication du groupe HEADway Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris, CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris. Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont. Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com). Création graphique et mise en pages : élise Godmuse / olo. éditions
3 L’enseignement supérieur français acteur mondial 2019 2019 L’enseignement supérieur français acteur mondial 4 Christophe Germain Delphine Manceau directeur général d’Audencia bs Directrice générale de NEOMA BS « Nous envoyons nos étudiants suivre « Notre rôle est de préparer à des métiers des semestres académiques en petits groupes » qui seront forcément internationaux » La stratégie internationale au cœur de ce qui est aujourd’hui NEOMA fonde depuis toujours d’Audencia passe avant tout par la métropole dont le développement son développement international des partenariats avec d’autres business est le plus dynamique dans le monde. sur l’immersion des étudiants dans schools qui vont permettre des C. G : SABS est l’illustration de notre stratégie inter- des business schools partenaires. échanges d’étudiants en petits groupes. Sa directrice générale, Delphine nationale : recruter des étudiants localement en nous L’école a également ouvert un campus Manceau, revient sur des un Chine pour y recevoir essentiellement associant avec des institutions sur place et proposer développements internationaux des étudiants venus d’Asie. Aujourd’hui aux étudiants français qui effectuent leurs semestres qui vont également passer par le développement passe aussi par à l’international de s’immerger dans les éco-systèmes l’implantation d’un programme et d’un l’Afrique nous explique son directeur locaux. Nous ne souhaitons pas développer de cam- centre de recherche avec une université général, Christophe Germain. chinoise à la rentrée 2019. pus à l’étranger en « solo » pour y faire séjourner nos Olivier Rollot : Les écoles de management étudiants, considérant que la valeur ajoutée offerte à Olivier Rollot : Comment formez-vous françaises sont de plus en plus ces derniers en terme d’interculturalité et d’immersion vos étudiants pour qu’ils acquièrent internationales. Implantée en Chine depuis dans l’environnement économique et social local est une vision internationale et multiculturelle ? plusieurs années, Audencia a également de supérieure, dès lors que nos implantations se font en Delphine Manceau : Notre rôle est de préparer très nombreux accords de coopération dans le monde. Récemment vous étiez en Afrique partenariat. à des métiers qui seront forcément internationaux même si tous nos diplômés ne vont pas débuter leur © NEOMA BS pour en signer de nouveaux. O. R : Votre modèle c’est l’échange d’étudiants avec des universités partenaires qui envoient carrière professionnelle à l’étranger. La dimension in- Christophe Germain : Notre stratégie de dévelop- également leurs étudiants à Audencia ? ternationale d’une école recouvre beaucoup d’aspects. pement international passe par l’Afrique. Après une C. G : Nous avons environ 300 partenaires universitaires L’expérience internationale démarre dès l’école face à tentative en Côte d’Ivoire, qui n’a pas été couronnée dans le monde, ce qui nous permet d’envoyer tous des professeurs internationaux qui ont des références O. R : Ensuite vient le temps des stages de succès, nous avons trouvé au Ghana et au Kenya différentes. A NEOMA nous comptons près de 70% de et des séjours académiques… des partenaires de qualité, proches de nos valeurs, nos étudiants suivre des semestres académiques en petits groupes. Chaque partenaire propose quelques professeurs internationaux. Et ils viennent du monde D. M : Quand un étudiant part à l’international, son pour développer des projets s’accordant avec nos places et ce sont nos étudiants qui choisissent. Dans entier : les deux pays dont le plus grand nombre de séjour sera d’autant plus positif qu’il vivra une véritable axes d’expertise. Au Kenya c’est à une université pri- certains cas, aux Etats-Unis notamment, ces places professeurs est issu sont la Chine et la Corée du immersion culturelle, qu’il sera dans une université de vée, créée initialement par une Université américaine, ont un coût pour l’Ecole. Mais d’une façon générale, Sud. Et un professeur coréen qui donne des cours de renom et y suivra les cours de professeurs locaux, au qui est aujourd’hui indépendante, la United States nous préférons privilégier des accords équilibrés. Les marketing c’est forcément différent et enrichissant. milieu d’étudiants du pays où il réside et en compagnie International University Africa, que nous nous sommes étudiants américains se déplacent peu pendant l’année Cette expérience internationale se développe ensuite d’étudiants talentueux du monde entier. Quels que associés. Cette université dispose d’un campus au universitaire mais apprécient les summer schools que au contact des étudiants internationaux que les élèves, soient nos programmes, nous n’envoyons jamais plus meilleur niveau international en plein centre de Nairobi. nous pouvons leur proposer. notamment quand ils sont issus de classes prépara- de cinq étudiants dans la même université. L’immersion Nous travaillons dans le cadre d’un process qui corres- toires, n’ont encore que peu côtoyés dans leur parcours culturelle et académique est essentielle : il faut vivre pond tout à fait à nos standards. Des programmes de scolaire. Nous allons continuer à recruter davantage une véritable expérience locale. De plus, nous ne formation (initiale et continue) communs, des projets d’étudiants internationaux pour que nos étudiants souhaitons pas exporter nos campus vers d’autres de recherche et des échanges d’étudiants seront vivent une expérience internationale renforcée en pays. Nous tenons au contraire à nous intégrer au organisés dans ce cadre qui ne nécessite pas d’in- France. Pour cela nous avons ouvert des bureaux de modèle local en travaillant avec des universités de vestissements lourds. recrutement en Inde, en Chine, et prochainement en renom dans chaque pays. O. R : Votre principale implantation à Amérique latine. Résultat : déjà une forte hausse des En retour, nous accueillons de ces universités un flux l’étranger se trouve en Chine, à Shenzhen, candidatures – 55% ! – cette année tous programmes similaire d’étudiants internationaux sur nos campus, © NEOMA BS où vous avez créé en 2016 une école en commun avec l’université, la SABS confondus. Nous constatons d’ailleurs un fort intérêt renforçant ainsi la dimension internationale de nos (Shenzhen Audencia Business School), pour venir suivre des études en France dès le bac. cursus.
5 l’enseiGneMent suPérieur Français acteur MOnDial 2019 2019 l’enseiGneMent suPérieur Français acteur MOnDial 6 ChriStophe gerMain DeLphine ManCeau © David-Morganti © NEOMA BS nous développons également des partenariats stra- O. R : Vous préparez spécifiquement O. R : En octobre vous ouvrez un campus consacrés aux spécificités culturelles et au management tégiques avec quelques institutions pour créer des vos étudiants à vivre cette dimension joint en Chine avec l’université de Nankai. dans les meilleures universités asiatiques : tsinghua programmes de formation ou de recherche communs. interculturelle ? Quels sont vos objectifs ? en chine, iiM de calcutta en inde ou sungkyunkwan Pour ce qui est de sabs à shenzhen, nous recrutons C. G : Dès leur première année de PGe les étudiants D. M : au sein de l’université de nankai, nous délivrons university business school en corée du sud. Puis six des étudiants chinois et proposons à quelques étu- suivent des parcours thématiques – asie, amérique un diplôme joint avec cette université qui fête ses mois de stage dans la région. le tout pouvant déboucher diants du programme Grande école (PGe) qui veulent latine, etc. – pour suivre des enseignements à la culture, 100 ans cette année et fait partie des plus renommées sur un double diplôme en passant un an de plus sur suivre par exemple une spécialité en finance, l’un des l’histoire, la géographie et bien sûr la langue. ils doivent en chine. notre diplôme est reconnu par l’etat chinois, place. si vous voulez vraiment travailler en asie, il faut axes très forts de la région, d’y effectuer leur période effectuer ensuite à la fin de leur première année un stage ce qui nous permet de recruter d’excellents étudiants d’abord en comprendre la culture dans ses dimensions à l’international. de six semaines à l’international pour se « frotter » à chinois via le Gao Kao. nous voulons recruter ensemble académiques, professionnelles et linguistiques ! des environnements culturels différents et vivre une des étudiants chinois et asiatiques qui vont suivre un O. R : Quel pourcentage d’étudiants O. R : Cette immersion internationale étrangers recevez-vous ? première expérience hors de France. enfin le semestre bba consacré au e-commerce en 4 ans avec des c’est plus que jamais votre modèle. Comment sont-ils recrutés ? académique à l’international obligatoire est positionné cours de professeurs chinois et français. au pays des D. M : nous voulons aller au bout de ce modèle immer- C. G : 35% des étudiants d’audencia sont étrangers tous en troisième année. batX, cela fait sens. nous avons également créé un sif en nous appuyant sur des partenaires prestigieux programmes confondus. certains sont « en échange » O. R : Votre stratégie internationale centre de recherche joint dans lequel nos professeurs que notre triple accréditation – equis pour la durée mais beaucoup viennent également en fee paying, s’articule également autour de thématiques collaborent étroitement. maximale de cinq ans, aacsb également, aMba – nous c’est à dire en payant leur scolarité. les équipes de la spécialisée. Notamment dans l’agri-business. O. R : NEOMA a une longue histoire permet de toucher. Direction des relations internationales sont en charge C. G : nous entendons effectivement faire rayonner avec la Chine ? O. R : Un modèle que vous proposez de ces recrutements, en collaboration parfois avec des audencia à l’international à partir de nos axes d’ex- D. M : Oui, notamment avec la création d’instituts même avant l’entrée à NEOMA. agents à l’étranger qui présentent nos programmes aux pertise et du levier que constitue notre éco-système. confucius sur chacun de nos campus. nous avons Cet été vous emmenez des élèves étudiants. nous sommes également présents sur les c’est dans cette perspective que nous avons lancé fin d’ailleurs été les premiers en France à ouvrir un institut de classes prépas découvrir la Chine. événements qu’organise campus France. 2018 l’institut international pour l’agribusiness (colla- confucius for business et nous avons été désigné D. M : Dans le cadre du programme « leaders@the borative institute for Global agribusiness) avec des « institut modèle » par les autorités chinoises l’an next generation », nous emmenons dix professeurs et O. R : Le niveau en langues des étudiants d’Audencia est-il toujours à la hauteur ? partenaires sud-américains en equateur et au brésil dernier. nous allons prochainement agrandir notre vingt élèves de première année de classes prépara- On entend régulièrement que les étudiants et des partenaires africains au Ghana et au Kenya. centre parisien. toires économiques et commerciales en chine en juillet français ne sont pas au niveau… nous souhaitons également y associer dans les mois prochain. sélectionnés notamment sur leur niveau en C. G : nos étudiants ont un très bon niveau en langues à venir un partenaire asiatique. chinois – ils pourront obtenir le HsK niveau 2 - parmi O. R : Vous avez créé récemment plusieurs avec une moyenne globale de 899 au tOeic. entre leur O. R : Pourquoi spécifiquement l’agri-business ? nouveaux parcours internationaux. 100 candidats, ils y suivront pendant deux semaines premier semestre et le troisième, la moyenne grimpe Qu’apportent-ils à vos étudiants ? des cours de langues et de civilisation chinoise, de C. G : De grands groupes du secteur sont implantés dans d’ailleurs de 881 à 914 et ils doivent de toute façon D. M : nous enrichirons à la prochaine rentrée nos management interculturel, de géopolitique, d’écono- l’Ouest de la France et les enjeux pour eux sont énormes avoir au moins 850 pour être diplômés. nos étudiants parcours internationaux. nos meilleurs étudiants vont mie… ils effectueront aussi des visites d’entreprises, en termes de développement durable, de croissance du PGe – à 100% issus de classes préparatoires en ainsi avoir accès à l’incubateur et aux cours de l’univer- d’incubateurs sans oublier la découverte de la Grande verte, du management des talents, mais également première année - peuvent suivre des cours 100% en sité de berkeley, mais aussi à ceux de la copenhagen Muraille de chine. du point de vue de la rénovation de la perception d’un anglais dès leur première année. ils sont rejoints par business school, de l’université Jiao tong à shanghai secteur qui n’est pas jugé attractif aujourd’hui par les les étudiants étrangers en deuxième année. O. R : Et avec vos alumni que faites-vous jeunes. aborder ce secteur par la rse (responsabilité et de la Fundação Getúlio vargas (FGv) de sao Paulo à l’international ? O. R : Les étudiants d’Audencia sont tous des sociale des entreprises) – un autre domaine d’expertise au brésil. Des établissements de premier plan donc. D. M : notre département talent & careers déploie voyageurs dans l’âme ? d’audencia – et la croissance verte peut contribuer nous allons également lancer le parcours « Global une stratégie internationale pour développer des liens C. G : le semestre d’études à l’international est obli- à faire évoluer cette perception. une conférence experiences » permettant de suivre deux accords étroits avec nos alumni partout dans le monde. rap- gatoire durant la scolarité, mais en revanche les étu- internationale annuelle, des projets de recherche en d’échange sur deux continents différents au sein des pelons tout d’abord qu’ils sont plus de 15 000 diplômés diants ne sont pas toujours enclins à prolonger leur commun, ainsi que des dispositifs de formation initiale meilleures business schools des meilleures univer- de neOMa à résider et travailler hors de France. en séjour pour obtenir les doubles diplômes qui leur sont et continue sont au programme de cet institut. sités : saint-Gall en suisse, sMu à singapour, laval russie, nous venons par exemple d’organiser une table proposés, préférant revenir à audencia pour y suivre au Québec… six mois par continent pour vivre une ronde avec les alumni pour y proposer plus de stages. leur spécialisation. les places en doubles diplômes expérience académique globale unique. en inde, nous les avons réunis en partenariat avec la à l’international que nous off rons ne sont ainsi pas nous ouvrons également le parcours « Future in asia » chambre de commerce franco-indienne. nous allons toujours toutes pourvues. pour ceux qui veulent construire leur avenir en asie. multiplier ce type d’initiatives dans plusieurs pays un parcours en deux temps. D’abord six mois de cours (irlande, etats-unis…).
7 l’enseiGneMent suPérieur Français acteur MOnDial 2019 2019 l’enseiGneMent suPérieur Français acteur MOnDial 8 Expériences à l’étranger : ils racontent Ils sont six. Six étudiants ou alumni, français et étrangers, à avoir profité des nombreuses opportunités qu’offraient leurs écoles à l’international. Ils racontent ici leurs expériences et la construction de leur parcours au gré de séjours à l’étranger « Je n’étais ou en France. De quoi alimenter la réflexion sur leur choix de carrière. jamais seule » VICTOR ATUyER LIDEWIJ BLANKERS S l’inconnu. On perd ses bases et les chocs s’occupe notamment du digital et de la i prononcer son prénom vous pose culturels sont nombreux, d’autant plus gestion de produits pour un grand évé- problème, Lidewij vous met tout de que je ne résidais pas sur le campus, mais nement. Il témoigne : « Je m’attendais à suite à l’aise. « Appelez-moi Lily », en colocation avec des Chinois. Je vivais un milieu professionnel plus figé. Certes, propose-t-elle dans un Français presque comme eux ». Un séjour qui lui permet j’étais dans une entreprise française, parfait. Et pour cause, la jeune Néerlan- de perfectionner son Chinois, mais pas mais j’ai été surpris par l’absence de daise de 22 ans a déjà passé pas mal de seulement. « Les cours portaient sur le poids hiérarchique et par des process temps dans l’Hexagone. Lors du bache- business et aussi sur la culture chinoise. plus allégés que chez nous – alors que lor qu’elle effectue aux Pays-Bas, elle doit C’était intéressant, par exemple, d’étu- la lourdeur administrative est énorme. suivre un semestre d’échange à l’étranger dier le comportement du consomma- La porte de manager était toujours ou- au cours de sa troisième année d’études. teur chinois et les différences avec les verte, les horaires de bureau étaient sym- Elle opte pour l’IGR-IAE de Rennes : Français qui sont beaucoup plus indi- pas, je travaillais moins à Shanghai qu’à « La France m’a toujours attirée ; j’y ai vidualistes. En Chine, c’est le collectif Paris et la pause déjeuner était tout aus- passé de nombreuses vacances petite. Et qui prime ; les valeurs familiales par si longue. La convivialité y était aus- très tôt j’ai voulu quitter les Pays-Bas «F aire un stage en tant que vendeur exemple sont importantes et très sollici- si bien plus entretenue : petit-déjeu- pour découvrir d’autres cultures. Dans dans la boutique de montres de luxe tées dans les publicités », résume Victor ner d’équipe, pot de départ, etc. Et puis, mon pays, l’enseignement est très axé sur Tag Heuer sur les Champs-Elysées, qui se remémore encore : « De mon sé- j’étais le seul Français, l’immersion était la théorie. Pour les examens, on doit ap- c’était déjà une expérience à l’interna- jour, je retiens également l’apport cultu- totale. J’ai beaucoup aimé cette expé- prendre des articles académiques, des tional », expose Victor Atuyer, étudiant rel et personnel. Cela m’a appris l’humi- rience et beaucoup appris : ils sont plus modèles... Mais on ne nous demande pas au sein du programme Grande école de lité, à prendre conscience qu’il n’y a pas en avance que nous sur l’usage du digi- d’utiliser ces modèles dans un cadre pro- NEOMA à partir de 2015. Une école qu’il de culture dominante et que le point de tal, par exemple ». fessionnel. A Rennes, j’ai trouvé ce que je nale et pratique des études », précise Lily, de fin d’études à Nantes ou Paris et de a choisie, après avoir effectué sa classe vue de l’Occidental n’est pas forcément Quand Victor rentre de Chine, il obtient cherchais : une approche plus pratique qui ajoute : « Dans ma classe, il y a 35 travailler dans le conseil en manage- préparatoire ECE au lycée Notre-Dame- le meilleur, d’autant qu’à la fac il y avait son master 1 puis choisit de se spéciali- du business international. On travaille nationalités différentes. Et tout le monde ment du changement, un secteur qu’elle des Minimes de Lyon, avant tout pour beaucoup de nationalités différentes en ser en marketing de luxe en master 2. La par exemple sur des études de cas avec est dans la même situation : on est tous a découvert dans le cadre de ses études son réseau d’alumni, « mais aussi pour lien avec la Nouvelle route de la soie. ». suite pourrait prendre la forme d’un VIE des entreprises ». Outre l’aspect acadé- partis de chez nous et on doit être auto- à Audencia. « C’est intéressant car très la dimension fortement internationale, (volontariat international en entreprise), mique, la jeune Néerlandaise prend plai- nome. Alors on se comprend. Si je n’étais diversifié, on travaille aussi bien sur les notamment les nombreux partenariats Demain un VIE aux Etats-Unis ? Au aux Etats-Unis, par exemple, pour évo- sir à s’immerger dans un contexte fran- entourée que de Français, l’intégration processus que sur l’humain », atteste Lily noués avec des universités partenaires », milieu de son semestre d’échange, Victor luer dans un contexte différent. « Avoir çais, démarche facilitée par un groupe serait plus difficile ». qui s’interroge sur sa capacité à exercer ce précise-t-il. De fait le jeune homme, qui prend tellement goût à la Chine qu’il dé- des expériences à l’international, c’est ce d’étudiants en charge de l’accueil des métier en France : « La langue pourrait s’est intéressé très tôt au secteur du luxe, cide de tout mettre en œuvre pour y res- qui permet de se démarquer aujourd’hui. étrangers. « Je n’étais jamais seule. On Travailler dans le conseil en manage- être une barrière car il y a beaucoup de choisit la France pour ses premières ex- ter. Recommandé par la maison Chaumet, Maîtriser plusieurs langues, ça fait la dif- nous proposait de nombreuses activités. ment du changement. Dans son cur- rapports à rédiger. Les entreprises sont périences professionnelles. Après Tag il intègre en août 2018 la filiale chinoise, férence sur un CV. Et puis grâce aux re- Et cela m’a aussi aidé à améliorer mon sus, Lily avait l’opportunité de faire un peu enclines à recruter des étrangers… Heuer, c’est au sein de la maison Chau- implantée à Shanghai, en tant que sta- lations qu’on tisse, on se dote d’un réseau français. » échange dans un autre pays. Elle a préféré Mais tout s’apprend et je connais mes met qu’il effectue son deuxième stage en giaire au sein du service marketing. Il mondial qui renforce son employabilité ». rester en France où elle a posé ses valises capacités d’adaptation ». tant qu’assistant retail Europe, une fonc- Un programme entièrement en anglais. et où elle vit déjà une expérience à l’inter- tion là encore internationale. Lily retourne dans son pays pour y termi- national. « J’apprends sur moi-même et ner son bachelor. Une fois diplômée, elle sur le monde. Comme tous les Néerlan- En Chine, c’est le collectif qui prime. Le grand saut, Victor finit par le fran- « Avoir des expériences se tourne vers Audencia et son Master of science in International management, un dais, je suis très directe. En France, c’est déjà différent. C’est intéressant de com- chir quand, en février 2018, il part suivre un semestre d’études à l’Université de à l’international, c’est programme dispensé entièrement en an- glais. « J’ai tellement aimé mon séjour prendre les autres cultures et de s’adap- ter. On se met plus facilement à la place commerce international et d’économie à Pékin : « J’étais déjà allé en Chine, je ce qui permet de se à Rennes que j’ai souhaité revenir en France, à Nantes, pour la vie étudiante – des autres et cette flexibilité nous sera utile plus tard, quel que soit l’entreprise parlais un peu le chinois, mais dans ce les deux villes se ressemblent de ce point ou le pays que nous choisirons. » Son cadre-là c’était vraiment un saut dans démarquer aujourd’hui » de vue – et pour la dimension internatio- souhait à elle, c’est d’effectuer son stage
9 L’enseignement supérieur français acteur mondial 2019 2019 L’enseignement supérieur français acteur mondial 10 Marie Cayuela « Je me suis recentré sur l’essentiel » Q uand Marie Cayuela est encore sa localisation. Outre l’attache affective, si la Suède car c’est le premier pays du lycéenne, elle est tiraillée entre Marie y trouve son compte sur un plan design. C’est dans leur culture et c’est au deux orientations : une école de professionnel : « Il y a des bureaux de cœur de beaucoup de leurs projets car le commerce – elle pense en l’occurrence à production et de conception dans dif- design donne du sens. Cet échange a été ESCP Europe – ou une voie académique férents pays, dont la Chine, où on est très productif sur le plan académique faisant davantage appel à la créativité. proche des usines de fabrication. On peut d’autant que l’université est très bien C’est cette deuxième option qu’elle privi- suivre un produit jusqu’à la phase finale équipée en machines et en matériel ». légie en terminale. Après son bac, Marie et c’est aussi cela que j’aime dans le de- Un apport intellectuel et technique mais intègre donc l’école de design Strate. sign : rencontrer les fournisseurs, visi- aussi humain. « A la faculté, les designers, « J’ai craqué pour cette école, pour sa ter les usines. J’ai aussi pu me perfec- architectes, ingénieurs… étaient mélan- Alexandre Planchez dimension internationale – j’ai été expa- tionner en chinois et en anglais ». Elle gés. Nous formions une grande famille. triée en Chine quand j’étais petite durant ajoute : « Ce que je recherche dans les Côtoyer des ingénieurs m’a ouvert les quatre ans, les voyages font partie de ma voyages, c’est le contact avec les autres yeux sur les apports réciproques de nos «J vie -, ses nombreux partenariats, sa péda- cultures, les locaux. C’est important pour disciplines. Cette dimension pluridiscipli- ’ai choisi l’école d’ingénieurs EPF gogie professionnalisante. Je voulais être un enrichissement personnel et profes- naire m’a beaucoup plu ainsi que le mé- parce qu’elle se situait près de chez opérationnelle dès le début de ma car- sionnel. Je suis tout autant passionnée lange des nationalités et la multicultura- moi – je finance mes études, la proxi- rière », confie Marie, 22 ans aujourd’hui. de travailler avec des profils différents lité », se souvient Marie en évoquant, non mité m’arrangeait – et sa dimension inter- du mien (ingénieurs, commerciaux, etc.) sans nostalgie, la dynamique communau- nationale », explique Alexandre P lanchez, Cap sur la Chine. En fin de deuxième que de côtoyer des personnes originaires té d’étudiants, les virées à la montagne, 21 ans. A EPF, en effet, les étudiants année, Marie effectue un stage ouvrier d’autres pays ». les soirées et ses nombreux voyages dans doivent passer un semestre à l’étranger de deux mois chez Decathlon en Chine, les autres pays scandinaves. durant leur cursus, en séjour d’études ou à Shanghai, un pays qu’elle connaît bien Cap sur la Suède. Après cette expé- en stage si le relevé de notes ou le niveau et où elle a de nombreux amis. Le choix rience chinoise, Marie décide de rester Le design plus le commerce. Au- d’anglais n’est pas suffisant. Pas un pro- de l’entreprise n’est pas non plus un ha- en France quelques temps et d’y effec- jourd’hui en cinquième année, la jeune blème pour Alexandre qui se retrouve à sard : « Je me sens proche de Décathlon tuer son stage de troisième année, à Lille, femme a opté pour une majeure « pro- devoir choisir entre 150 universités par- et de ses valeurs sportives, de son enga- chez Boulanger. Mais l’attirance pour duit ». Dans ce contexte, elle a décidé tenaires. « J’avais deux critères : étudier gement favorisant le sport pour tous. Et l’étranger la rattrape et l’année suivante d’effectuer un stage diplômant qui se tra- l’informatique et aller dans un pays scan- puis, c’est une entreprise dynamique ». elle s’envole pour Lund en Suède dans le duira par une formation de trois mois à dinave. Je suis fasciné par leur culture, L’intérêt du stage réside également dans cadre d’un échange Erasmus. « J’ai choi- ESCP Europe en entrepreneuriat. « Ain- leur histoire et leur nature. J’ai opté pour si, j’aurai fait aboutir mes deux projets la Finlande – à Vaasa exactement - où de de lycéenne, le design et le commerce. Et surcroit le système éducatif a très bonne cela fait sens car je souhaite devenir une réputation ». “intrapreneuse” c’est-à-dire intégrer une Vivre en autonomie. Alexandre n’est ja- « Il faut partir, entreprise mais rester autonome et gar- der la main sur mes créations jusqu’à mais allé en Scandinavie auparavant ; il leur finalisation. Grâce à ESCP Europe, se souvient encore de ses premiers éton- c’est une je me doterai d’outils me permettant de gérer l’ensemble du processus alors que nements : un sauna dans chaque habita- tion, la nuit sans discontinuer et les ef- Cela a été dur de revenir chez mes pa- tré sur l’essentiel : la famille, les vrai(e)s obligation » de nombreux designers se contentent de créer puis de léguer à d’autres leur créa- fets sur le métabolisme, les magasins ouverts 24h/24… « Tous les élèves étran- rents après cette expérience ». ami(e) s. Ca m’a permis de faire du tri dans ma vie », confie-t-il. tion », explique Marie, qui prend plaisir gers étaient logés dans le CROUS local. Savoir s’adapter. Un séjour qui a eu un Alexandre sera diplômé en septembre à exposer son parcours. C’était simple de se faire des amis. Mais effet profond sur le jeune homme : « J’ai 2020 après avoir fait un stage de fin Du reste, aux jeunes qui vont faire leur c’était aussi le plus dépaysant pour moi : découvert que je pouvais me débrouil- d’études. Il regarde du côté de l’Espagne, entrée dans des écoles, elle veut dispen- vivre en autonomie alors qu’avant, j’étais ler, ça m’a donné confiance. Et aussi, en car il parle la langue du pays, et imagine ser un message : « Il faut partir, c’est une chez mes parents », relate Alexandre. Finlande, les gens sont calmes et posés. débuter sa carrière là-bas. Il sait désor- obligation. Sinon, vous le regretterez. En Sur le plan académique, en revanche, Je prends plus mon temps aujourd’hui, mais qu’il pourra s’adapter sans problème tant que Français, notre ouverture au pas de surprise ou de choc culturel : les je ne me précipite plus. Je me suis recen- à la vie dans un pays étranger. monde est limitée. Séjourner à l’étran- cours enseignés sont proches de ceux ger, c’est une opportunité offerte par les que l’étudiant aurait suivis en France. Ce écoles et il faut la saisir. Tout le monde qui change, c’est l’accès à un laboratoire n’a pas cette chance ». doté de puissants ordinateurs, robots, ser- veurs... Et son corollaire : « l’enseigne- ment y est plus pratique qu’en France. On apprend sur de vraies machines. Du coup, j’ai poussé plus loin certaines no- tions techniques ». Il reprend : « Sur le plan personnel, ça m’a appris à vivre dans une micro-communauté, à gérer un budget, à m’adapter à la vie locale…
11 l’enseiGneMent suPérieur Français acteur MOnDial 2019 2019 l’enseiGneMent suPérieur Français acteur MOnDial 12 PRASAD DA ROD POURCyRUS P Q rasad a grandi en Inde à Pondichéry, uand Rod commence à relater son et j’ai eu l’occasion d’apprendre un peu mation digitale par exemple », explique qui fut longtemps un comptoir fran- parcours, il évoque d’abord ses pa- de Chinois. » Rod qui garde dans un coin de sa tête un çais en Inde. De cette origine il a rents, nés tous deux en Iran et arri- Avant de rentrer en France, Rod décide projet professionnel plus personnel qui a gardé une appétence pour la France, qui vés en France vers l’âge de 20 ans. C’est de voyager en Asie à la découverte du trait à ses origines. Il souhaiterait travail- va le conduire sur le campus de NEOMA. là que Rod voit le jour il y a 24 ans. Une Vietnam, Cambodge et Laos. De ce sé- ler en tant que consultant pour accompa- Mais avant cela, le jeune homme s’est double identité vécue comme une ri- jour il garde de très bons souvenirs, sans gner les entreprises françaises désireuses cherché. Après un bachelor en physique dans sa ville natale, il postule à des em- « Je veux être chesse : « Je parle le persan, je côtoie beaucoup d’Iraniens. Je connais bien édulcorer les épreuves : « Le choc cultu- rel, c’est la lourdeur administrative qui de s’installer en Iran. « C’est un marché à fort potentiel peu investi par les Euro- plois dans ce domaine, sans grande la culture iranienne. Je me sens iranien, de plus coûte cher. L’école ne nous avait péens, mais mon projet est fragile car il conviction. « La physique, c’est intéres- un “global citizen” » même si mon côté français prime ». De pas bien préparés à toutes ces démarches. dépend beaucoup de la conjoncture géo- sant sur le plan intellectuel, moins d’un surcroit il est allé plusieurs fois en Iran. On a décidé de faire un guide pour les fu- politique », admet-il. point de vue professionnel », confie le Mais c’est en France qu’il poursuit des tures promotions afin de leur expliquer ce Bref, Rod n’est pas à cours d’idées, il en- jeune homme. Il envoie néanmoins des études supérieures. Il s’inscrit d’abord à quoi ils vont devoir s’attendre ». visage même d’ouvrir un restaurant « fast CV en France et à Singapour, mais rien en licence de management et sciences and good » en France à base de cuisine ne se concrétise. Au bout de six mois de de gestion à l’institut d’administration Un travail en lien avec l’Iran. De retour iranienne. Aujourd’hui, rien n’est écrit recherches infructueuses, une amie lui des entreprises (IAE) de de Lille, ce qui sur le campus de Nantes, Rod a décidé de mais l’envie de vivre quelques années à propose un emploi au Gabon qu’il ac- lui donne l’opportunité de faire un stage se spécialiser en entrepreneuriat. Il de- l’étranger le titille. « C’est un projet plus cepte. Durant deux ans et demi, Prasad à Téhéran dans une entreprise d’im- vra réaliser un stage de fin d’études mais simple à réaliser aujourd’hui que dans va être acheteur puis responsable de la port-export. Une fois diplômé, il passe il ne sait pas encore ni vers quelle entre- dix ans, une fois installé, avec des en- logistique au sein d’une société minière. les concours pour intégrer une école de prise ni quel pays se tourner. « Cette ma- fants… », dit-il. Et il ajoute : « Aux étu- Un travail qui l’amène à gérer différents management et fait son entrée à Audencia jeure me permet d’acquérir des compé- diants qui intègrent les écoles, j’ai envie projets, dont la construction d’une usine via une admission sur titres. tences nécessaires à la création d’une de leur faire passer le message suivant : de production de manganèse, à avoir des entreprise, ce qui ne m’empêche pas de quitte à aller à l’étranger, jouez le jeu, interlocuteurs en Europe, en Asie… L’envol pour la Chine. En janvier 2018 démarrer ma carrière dans un grand ouvrez-vous, adoptez la culture du pays commence une année de césure : il groupe en management de la transfor- et sortez de votre cocon ! ». Un master en “supply chain manage- passe un an en stage à Amiens au sein Anne Dhoquois ment”. De cette première expérience pro- de Gueudet Automobile, une entreprise fessionnelle, Prasad garde de nombreux familiale spécialisée dans la distribution souvenirs : « J’ai beaucoup appris, no- de voitures et leur entretien. « C’est un tamment au niveau du management. Je secteur qui m’intéresse. Et c’était l’oc- gérais des équipes de Gabonais et cette casion de faire un stage à un poste à interculturalité était nouvelle pour moi. Mais comme je me débrouille en fran- responsabilités. J’étais le bras droit du directeur exécutif, ce qui m’a permis d’ex- « Quitte à aller à l’étranger, çais, je me suis bien intégré. La difficul- té, c’est que je manageais des gens plus périmenter la fonction de chef de pro- jet », raconte Rod. Une fois le stage fini, jouez le jeu ! » vieux. J’ai appris au fur et à mesure à le jeune homme ne passe pas par la case comprendre les visions de chacun, leurs Nantes et s’envole directement pour la besoins ». Prasad aurait pu continuer à Chine. Il passe un semestre d’échange à évoluer dans l’entreprise mais l’envie Shenzhen Audencia business school, une de suivre un master en “supply chain joint venture créée par l’école française management” le titille : « Une occasion et l’université de Shenzhen où se côtoient pour moi de grandir et de me perfec- surtout des étudiants des deux pays. Rod tionner sur les aspects légaux de mon Des jobs à l’étranger, outre les stages Aux étudiants qui intégreront les écoles, le raconte : « J’ai fait ce choix pour diffé- métier. Au Gabon, j’étais avant tout sur ou des échanges. En termes d’orientation jeune homme de 25 ans conseille « d’avoir rentes raisons. D’abord, je voulais aller l’opérationnel ». professionnelle, le master produit son ef- des jobs à l’étranger, outre les stages ou en Chine, un pays qui m’attire en raison Après quelques recherches sur les écoles fet : Prasad est conforté dans son envie des échanges, car cela permet de mieux de sa culture, son histoire, ses traditions, françaises, un choix lié à ses origines et de poursuivre dans ce secteur d’activité. s’orienter, d’utiliser à plein les réseaux mais aussi sa spiritualité et sa philoso- à sa connaissance de la langue, il opte Il postule à un stage au sein de DSV, une sociaux, de s’informer. Etre «global» im- phie. Et je voulais vivre cette expérience pour NEOMA où certains de ses collè- entreprise internationale de transport et plique d’être curieux du monde et de le en étant au plus près du quotidien des gues ont déjà posé leur valise. « Et aussi de solutions logistiques, à Hong Kong questionner, d’échanger avec des étran- Chinois, pour faciliter les rencontres parce que le master était totalement en d’abord – le vice-président est un alum- gers et de sortir de sa zone de confort ». et comprendre leur façon de penser le anglais, ça a joué dans ma décision, ain- ni de NEOMA - puis à Singapour où il Et il conclut : « Je voyage beaucoup, en monde, l’avenir… » L’autre raison, c’est si que la réputation de l’école », se sou- est embauché en « business development Europe, en Asie… J’ai envie de découvrir que cela le rassurait d’être sur un cam- vient Prasad qui arrive sur le campus de executive » en février 2019. « Ce qui a plu le monde, je veux être un “global citizen” pus Audencia. « J’ai pu rencontrer de NEOMA en septembre 2017. Il va y res- à DSV c’est que grâce à NEOMA j’avais et mon métier le permet car je peux tra- nombreux étudiants, plus qu’en France ter toute une année. Une expérience qui à la fois des connaissances techniques et vailler partout. Pourquoi pas un jour en où j’étais resté peu de temps. Enfin, les fut notamment riche sur le plan acadé- commerciales. De fait, j’ai été très bien Amérique du sud ou au Canada afin d’ex- études y sont variées (finances compor- mique : « J’ai beaucoup appris car les formé, j’utilise beaucoup d’outils que l’on périmenter leur mode de fonctionnement. tementales, management de l’investisse- professeurs étaient très qualifiés ». m’a enseignés à l’école. » C’est ça un “global citizen” ». ment, économie et histoire chinoise…)
13 l’enseiGneMent suPérieur Français acteur MOnDial 2019 2019 l’enseiGneMent suPérieur Français acteur MOnDial 14 Mobilité internationale : DOSSIER quelle place pour la france ? Des stages à l’emploi © NEOMA BS L’expérience internationale n’est pas qu’académique. Il y a bien longtemps qu’une période de stages est obligatoire dans le cursus de toutes les Grandes L’enseignement supérieur français poursuit deux objectifs : écoles de management. Si ce n’est pas d’un côté qu’un étudiant français sur deux ait eu une expérience encore le cas dans les école d’ingénieurs, cela n’en devient pas moins la norme. internationale pendant son cursus, de l’autre que la France double Quant aux universités tout dépend du cur- les étudiants étrangers qu’elle accueille. Où en est-on ? sus et de son imprégnation plus ou moins internationale. Avec des durées variables. Sur les quelques 27 800 étudiants des Grande écoles partis en stage à l’étran- S ixième pays d’origine des étudiants Les destinations des étudiants français en mobilité diplômante ger dans l’année 2013-14, plus de 26 000 en mobilité, la France connait une ont effectué un stage d’au moins 1 mois. augmentation régulière du nombre Mais ce sont surtout les stages de 6 à 12 d’étudiants qui s’expatrient (+70% entre rang paYS effeCtifS éVoLution rang mois qui augmentent considérablement 2006 et 2016). En tout la France reçoit De DeStination en 2016 2011-2016 2011 2016 pour tous les types d’écoles. quasiment trois fois plus d’étudiants in- 1 Belgique 16 856 +212% 5 1 Mais quel pourcentage de ces étudiants, ternationaux qu’elle n’en envoie chaque notamment des Grandes écoles, choi- 2 Canada année à l’étranger : 245 000 pour 90 500. sit ensuite de s’expatrier ? Aux alen- 15 603 +87% 2 2 Selon une enquête menée en 2016 par 3 Royaume-Uni 12 076 -8% 1 3 tours de 13% (12,9% pour être précis) Campus France, l’organisme public char- 4 Suisse 9 652 +43% 4 4 en 2018. Un pourcentage largement en magne restent les deux principales des- gé de promouvoir l’enseignement supé- 5 Allemagne 6 955 +16%* - 5 baisse puisqu’il atteignait 14,6% en 2017. tinations des diplômés partant travailler à rieur français à l’international, ce sont 6 États-Unis 6 473 -19% 3 6 Dans un contexte de reprise de l’emploi en l’étranger, ces deux pays en accueillant le en tout un peu moins de 42% des étu- France, les diplômés des écoles de mana- quart. Le Royaume-Uni arrive largement 7 Espagne diants français interrogés qui ont déjà ef- 5 434 +158% 6 7 gement restent largement ceux qui s’expa- en première position chez les managers. fectué (32,8%), ou vont le faire pour va- 8 Roumanie 2 169 +211% 9 8 trient le plus : 18,6% pour 9,9% du côté Hors Union européenne, la Chine est la lider leur diplôme, un séjour à l’étranger 9 Australie 1 566 +18% 7 9 des diplômés ingénieurs. première destination devant la Suisse et pendant leur cursus. Avec une grande di- 10 Pays-bas 1 430 +128% 11 10 L’Union européenne demeure la première les Etats-Unis : les ingénieurs choisissent versité : dans les grandes écoles, la barre destination internationale des nouveaux plus les États-Unis et la Suisse ; les ma- 11 Italie des 80% est franchie quand on cumule les diplômés. Le Royaume-Uni et l’Alle- nagers préférant la Chine. 1 364 +25% 8 11 étudiants qui ont déjà vécu l’expérience et 12 Luxembourg 984 +11%* 70 12 ceux qui affirment devoir s’y soumettre 13 Japon 695 +1% 10 13 Étudiants des Grandes écoles en stage à l’étranger pour valider leur diplôme. A l’inverse, 14 Hongrie 588 +205% 20 14 la mobilité chute à 28,8 % dans les uni- 15 Irlande 581 +15% 12 15 versités. En tout plus d’un tiers des étu- diants en mobilité d’études sont issus des 16 Danemark 573 +118% 19 16 Grandes écoles alors qu’elles ne totalisent 17 Pologne 497 +71% 18 17 que 11% des étudiants. 18 Autriche 478 +17% 14 18 Tous établissements confondus les étu- 19 Portugal 463 +27% 15 19 diants français sont les deuxièmes à s’ex- 20 Suède patrier le plus en Europe (derrière les 440 0% 13 20 Allemands et devant les Ukrainiens). 21 Arabie saoudite 424 +224% 28 21 Tout en restant frileux dans leur choix : 22 Argentine 416 ND - 22 la Belgique, le Canada et la Suisse re- 23 Maroc 368 +110% 63 23 présentent près de la moitié de ce flux et 24 Nouvelle-Zélande 333 +8% 16 24 Les périodes de stages se l’Europe 61% (15 % des étudiants choi- développent avec comme sissent l’Amérique du Nord, 12 % tentent 25 Brésil 301 +2% 17 25 première destination l’Asie ou l’Océanie et seuls 37 % des totaL généraL 90 543 +50% les pays européens séjours sont effectués dans un pays de (Tableau : Conférence des Grandes écoles) langue anglaise). Source : Campus France « Chiffres clés 2019 »
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