L'ESSENTIEL 1ER ET 2 OCTOBRE 2020 - RÉPONDRE AUX NOUVELLES MENACES - Normandie pour la paix
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L’ESSENTIEL 1ER ET 2 OCTOBRE 2020 PRÉVENIR LA GUERRE : RÉPONDRE AUX NOUVELLES MENACES
EXPLORER LES
FRACTURES
INTERNATIONALES
ETHIOPIE,
SOUFFLE D’ESPOIR POUR
L’AFRIQUE ?
(DÉS)ÉQUILIBRES
ÉCONOMIQUES
MONDIAUX
MOYEN-ORIENT :
SE RECONSTRUIRE DANS UN
CONTEXTE INCERTAIN
RESTAURER
LA CONFIANCE ?
LES DYNAMIQUES ASIATIQUES
À L’ÉPREUVE DE LA CRISE
FORUM MONDIAL NORMANDIE POUR LA PAIX - L’ESSENTIEL
D É BATS
ÉTHIOPIE,
SOUFFLE D’ESPOIR
POUR L’AFRIQUE
Explorer les fractures internationales | vendredi 2 OCTOBRE | 14h30 · 16h00 | Auditorium
Laëtitia Bader en visioconférence, Abdeta Beyene, Henok Teferra Shawl, René Lefort et Olivier Caslin
Une position stratégique
Si certains débats font consensus, engendrant un formidable espoir. En-
cela n’a pas été le cas pour celui-ci suite par sa position stratégique dans
qui a donné lieu à des analyses et des la Corne de l’Afrique, péninsule à l’est
prises de positions contradictoires. du continent et dont l’Éthiopie est à
Une question liminaire s’impose : pour- la fois le cœur et la principale puis-
quoi dédier une discussion à l’Ethiopie sance politique et économique. Enfin,
alors que l’Afrique compte 63 États ? ce grand pays de 109 millions d’habi-
D’abord pour son actualité. Abiy Ah- tants constitue le berceau de l’huma-
med, son Premier ministre, a reçu en nité depuis la découverte de Lucie en
2019 le 100e Prix Nobel de la Paix, 1974. Henok Teferra Shawl précise que
l’Ethiopie est une vieille nation. L’am-
MODÉRATEUR :
bassadeur d’Éthiopie en France in-
Olivier Caslin, Journaliste de Jeune Afrique
dique ensuite que son pays, s’il souffre
comme les autres de la Covid-19, de-
INTERVENANTS :
vrait bénéficier en 2020 d’un taux de
René Lefort, chercheur indépendant, spécialiste
de la Corne de l’Afrique croissance économique estimé à 7,2 %.
Laëtitia Bader, directrice Corne de l’Afrique à Il dit ensuite que, grâce aux réformes
Human Rights Watch entreprises depuis deux ans, son pays
Abdeta Beyene, directeur exécutif du Centre for a géré les difficultés macro-écono-
Dialogue, Research and Cooperation
miques qui persistaient et a avancé
Henok Teferra Shawl, ambassadeur d’Ethiopie
en France sur le grand projet du Barrage de la
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ÉTHIOPIE,
SOUFFLE D’ESPOIR POUR L’AFRIQUE
Renaissance 1. « Nous sommes un très
vieil Etat qui est passé d’un système
féodal sous la forme d’un empire à une
monarchie absolue. Nous avons es-
sayé le communisme puis un régime
autoritaire pour finalement s’engager
vers la démocratie dont nous faisons
l’apprentissage » a aussi commenté le
représentant de l’Éthiopie en France,
rappelant que ce régime suppose des
institutions judiciaires, une socié-
té civile, des médias indépendants et
des responsables qui agissent dans le
cadre de la loi.
Henok Teferra Shawl
« L’Éthiopie assurera pour la
toritarisme mais que l’autorité de l’Etat
première fois de son histoire soit respectée dans un cadre démo-
sa sécurité alimentaire. Pour cratique. Pour cela, il faut séparer l’Etat
un Ethiopien comme moi, du parti. C’est absolument faux d’affir-
mer que nous cherchons à perpétuer
c’est une grande fierté » l’Etat-parti alors que nous essayons de
Henok Teferra Shawl
faire tout le contraire ». Il pense enfin
« qu’il ne faut pas mélanger le passé
avec le présent, reconnaissant beau-
Des critiques acérées coup de passifs mais aussi des actifs
René Lefort porte une analyse diffé- sur l’ancienne gestion du pays ». Ab-
rente sur la situation actuelle de l’Éthio- deta Beyene relativise ces critiques en
pie. « Monsieur l’ambassadeur nous dit soulignant que l’Éthiopie est en pleine
que son pays pose des jalons pour la transition, que le pays évolue et qu’il
démocratie. Ce n’est pas l’évolution se réforme. Après avoir rappelé his-
que j’observe depuis 18 mois en lisant toriquement son contexte politique,
la presse internationale qui critique le le directeur exécutif du Centre for
régime et s’inquiète d’une dérive au- Dialogue, Research and Cooperation
toritaire ». Le chercheur indépendant mentionne que les changements pro-
évoque « une justice chaotique », une fonds font « toujours des gagnants et
assemblée « composée à 100 % de des perdants, les gagnants cherchant
députés qui appartenaient à d’anciens à consolider leur pouvoir ». Il reconnaît
partis quasi uniques qui ne délibèrent cependant des contradictions. « Les
pas » ainsi qu’une « atomisation du pou- institutions fédérales ont résolu des
voir et de l’autorité qui rend la situation problèmes mais elles en ont aussi ren-
extrêmement difficile à surmonter ». forcé d’autres ». Il souligne également
Ce à quoi Henok Teferra Shawl répond des problématiques transfrontalières
« que l’Éthiopie ne recherche pas l’au- entre les Etats régionaux qui peuvent
remettre en cause le processus enta-
1
Plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, sa construc-
tion est programmée pour 2022. Ce projet suscite des ten-
mé. « Le régime précédent a tenté de
sions avec les pays situés en aval, le Soudan et l’Egypte, qui créer des institutions basées sur la
craignent une diminution des débits d’eau et des apports de
limon compréhension de nos contradictions.
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ÉTHIOPIE,
SOUFFLE D’ESPOIR POUR L’AFRIQUE
Le leadership actuel tente, à l’inverse, sécuritaire très grave ». Elle revient no-
d’impliquer l’Éthiopie en harmonisant la tamment sur l’assassinat du chanteur
société ». Enfin, il souligne le rôle géo- Hachalu Hundessa 2.
politique de l’Éthiopie. « Nous sommes
des pacificateurs dans le conflit entre « Le gouvernement a failli
le Soudan et le Soudan du Sud, mais
aussi en Somalie. Nous ne pouvons pas
dans sa promesse de mener
nous permettre d’échouer car tous nos des enquêtes crédibles et
voisins sont de petits pays, comme de tenir ses engagements
Djibouti par exemple, qui comptent sur en matière de commission
notre présence pour consolider la paix
dans cette région ». de paix, avec des violences
intercommunautaires
Le verre à moitié vide ou à récurrentes en Éthiopie ».
moitié plein Laëtitia Bader
Laëtitia Bader partage l’idée que
l’Éthiopie a suscité de l’espoir chez Interrogé sur ce dernier point, l’am-
beaucoup d’Érythréens en 2018, mais bassadeur a expliqué que ces vio-
que les faits s’avèrent différents de- lences sont le fait d’acteurs politiques
puis. Elle fait état « d’une réalité ex- qui cherchent à semer le chaos dans
trêmement complexe » avec, dans un le pays. Selon lui, la population éthio-
premier temps, des réformes positives pienne vit en paix dans l’harmonie. Sur
et des engagements importants, dont la commission de paix et de réconcilia-
notamment la libération de milliers tion, il explique qu’elle est composée de
de prisonniers politiques. Mais depuis personnalités « les plus indépendantes
2019, elle reproche au gouvernement qui soient ». Enfin, concernant l’assas-
de forcer des milliers de déplacés à sinat du chanteur Hachalu Hundes-
rentrer chez eux et dans des régions en sa, il précise que c’est l’acte « de gens
conflits. Elle évoque « une détérioration organisés, venus d’autres endroits, qui
des droits de l’Homme et une politique veulent créer une guerre civile entre
des groupes ethniques ». René Lefort
craint en conclusion que la discussion
tourne « au dialogue de sourd car nous
n’avons pas la même vision, même
des faits », estimant que de « parler
de dérive autoritaire n’est pas contra-
dictoire avec l’idée d’un Etat affaibli.
C’est justement le contraire puisqu’un
Etat affaibli cherche à se renforcer par
une dérive autoritaire ». Une chose est
sûre : la situation actuelle de l’Éthiopie
fait débat !
2
Chanteur éthiopien engagé tué le 29 juin 2020 et dont l’as-
sassinat a généré des manifestations qui ont fait 239 morts
sur fond de tensions ethniques
Laëtitia Bader
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(DÉS)ÉQUILIBRES ÉCONOMIQUES
MONDIAUX
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Virginie Robert Sylvie Bermann Bertrand Badré
À la recherche d’un vaccin pour
résoudre la crise économique
Si tous les débats du Forum mon- façon très forte, beaucoup d’aides ont
dial Normandie pour la Paix traitent été levées pour essayer de résorber les
de questions d’actualité, certains conséquences économiques de cette
couvrent des sujets plus « chauds » pandémie. Est-ce qu’il faut réduire
que d’autres. Celui-ci en fait partie les déséquilibres nés de cette crise ou
puisqu’il concerne l’impact de la crise faut-il tenter de créer quelque chose
sanitaire sur l’ordre mondial. « Les fron- de nouveau ? » questionne Virginie Ro-
tières ont été fermées, les chaînes de bert, modératrice. Pour Bertrand Badré,
production de logistique sont rééva- la Covid-19 accélère certaines prises
luées, les Etats ont dû intervenir de de conscience dans le fonctionnement
de nos économies face aux enjeux cli-
MODÉRATRICE : matiques ou sociaux. « Il faut utiliser
Virginie Robert, Chef du service cette pandémie pour effectuer le tra-
international, Les Echos
vail qui n’a pas été fait lors des crises
INTERVENANTS : financières précédentes et réorienter
Jason Furman, Professor of Practice,
Harvard Kennedy School, Ancien président
nos économies pour être vraiment au
du Council of economic Advisers sous service du développement durable ».
l’administration Obama Jason Furman oriente ses propos sur
Sylvie Bermann, Ambassadeur de France
- Présidente du Conseil d’administration la pénurie de la demande et la néces-
de l’Institut des Hautes Etudes de Défense sité d’opérer une relance à condition
Nationale
de produire et consommer autrement,
Bertrand Badré, Directeur Général de Blue
like an Orange Sustainable Capital précisant que « 11 à 12 millions de
Yaroslav Lissovolik, Directeur général & chef personnes ont perdu leur emploi aux
de la direction analytique, Sberbank
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Etats-Unis à cause de la pandémie. régionales créent de nouvelles op-
Il est indispensable de les former aux portunités de coopération et plus de
métiers de demain, mais on ne sait pas possibilité de diplomatie économique.
forcément comment bien s’y prendre ». Par rapport à ce qui a été dit, Sylvie
Yaroslav Lissovolik a apporté son point Bermann estime que si beaucoup de
de vue de Directeur général et chef de choses peuvent se faire au niveau ré-
la direction analytique de la banque gional, il n’est pas sûr que la situation
russe Sberbank. « Le G20 montre que pourrait être résolue de cette manière.
la lutte contre la crise n’est toujours
pas suffisamment coordonnée entre « Si les Etats ne sont pas
les différents pays et institutions
mondiales ». Il pense que l’Union euro- prêts à coopérer, cela ne
péenne pourrait prendre le leadership passera pas. On retrouve
de ces efforts communs, suggérant l’antagonisme des grandes
d’associer le Fonds monétaire interna-
tional, la Banque mondiale 1 ou l’Orga-
puissances et il est très
nisation mondiale du commerce, qui difficile de passer outre ».
manquent actuellement dans la gou- Sylvie Bermann
vernance mondiale. Il prône un cadre L’ambassadeur de France et Présidente
international pour se préparer à toute du Conseil d’administration de l’Institut
éventuelle nouvelle crise dans une lo- des Hautes Etudes de Défense Natio-
gique d’anticipation, la question étant nale mentionne le fait qu’aux Etats-
de savoir comment mettre en place ce Unis, comme dans d’autres pays, faute
« filet de sécurité ». de moyens de l’Etat, des institutions
La solution des banques sont fondées grâce aux contributions
volontaires. Elle donne l’exemple de
de développement l’Organisation mondiale de la Santé
régionales 2 qui, avant, faisait l’objet de 80 % de
La coopération peut aussi être régio- contributions obligatoires et 20 % de
nale, comme l’ont expliqué les inter- contributions volontaires, alors que
venants, citant l’exemple de la banque c’est l’inverse aujourd’hui. Or, ces dona-
interaméricaine de développement, la teurs qui apportent un important sou-
plus importante banque de développe- tien financier, à l’image de la Fondation
ment régionale d’Amérique latine. L’oc- Bill et Melinda Gates, flèchent aussi
casion de préciser que les ressources leurs contributions dans des domaines
des banques régionales de développe- qui les intéressent et ne sont pas né-
ment sont comparables - sinon supé- cessairement la priorité du moment.
rieures - à celles de la Banque mon- Bertrand Badré estime de son côté que
diale, et que les institutions régionales la difficulté tient dans la mobilisation
peuvent peser davantage que les or- des gouvernements sur des sujets qui
ganisations internationales. Yaroslav ne correspondent pas à leur préoccu-
Lissovolik estime que les interactions pation géopolitique ou à court terme.
entre les institutions de coopérations Il évoque les relations parfois compli-
quées entre les banques régionales
1
La Banque mondiale est une institution financière interna- et la Banque mondiale. Ces dernières
tionale qui accorde des prêts à effet de levier à des pays en
développement pour des projets d’investissement. doivent selon lui travailler ensemble,
2
Institutions qui ont des fonctions similaires à la Banque
mondiale, mais avec une zone d’action régionale.
car elles font partie du même système.
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« J’ai entendu les toujours nécessairement des inégali-
tés, des mouvements sociaux et une
Banques régionales de tendance au repli sur soi. Pour autant, il
développement dire que est excessif de dire que c’est la fin de la
la Banque mondiale se mondialisation heureuse car on ne re-
prenait pour Blanche Neige localisera pas complètement » tempère
Sylvie Bermann. A défaut de « vac-
et qu’elles étaient les sept cination » du système économique, le
petits nains » débat s’est logiquement terminé sur la
Bertrand Badré question du vaccin de la Covid-19. Si
les intervenants ne doutent pas de sa
Recentrer le débat découverte « grâce à une mobilisation
sur la dimension humaine de la recherche à l’échelle planétaire
unique dans l’histoire de l’humanité »,
Les déséquilibres économiques sans
ils s’interrogent sur la mise à disposi-
précédents provoqués par la pandé-
tion à l’ensemble des populations qui
mie ont touché les pays émergents,
en ont besoin. Une question qui sera
notamment en raison de l’arrêt des flux
bientôt d’actualité.
d’argent des émigrés vers leur pays
d’origine. Jason Furman pense qu’il
s’agit là d’un des aspects les plus im- REPÈRES
portants de la crise actuelle puisqu’elle
touche les plus démunis. « L’émigration
a été très affectée par les restrictions
qui ont été prises dans les différents
pays dont le développement dépen-
23 milliards de dollars ont
été engagés par la Banque
dait de manière très importante de ce mondiale en 2019
système de transfert d’argent. Selon
les estimations de la Banque mondiale,
le manque à gagner s’élève à 100 mil-
liards de dollars ». Faut-il se préparer
40 % des déficits
et des excédents des
à vivre dans un monde plus pauvre ?
A cette question, le professeur de la
transactions courantes à
Harvard Kennedy School rappelle que l’échelle mondiale étaient
la crise touche tous les pays dans le excessifs en 2019 selon le
monde et qu’elle s’amplifie faute de ré- Fonds monétaire international
ponse coordonnée. L’Afrique, relative-
ment peu impactée sur le plan sanitaire
par rapport à d’autres continents, subit
en revanche les conséquences écono-
55 % de la production
et de la demande mondiale
miques de ce désordre mondial : crise émanent de 6 pays qui ont
des revenus des émigrés, crise com- été parmi les plus rapidement
merciale et phénomènes de relocalisa- et durement touchés par la
tion des activités économiques. Quant crise sanitaire : Chine, Corée,
à savoir si la crise accentue les replis
Italie, Japon, Etats-Unis et
identitaires, les débatteurs sont pru-
dents : « quand vous avez une situa-
Allemagne
tion de crise économique, vous avez
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MOYEN-ORIENT :
SE RECONSTRUIRE DANS UN
CONTEXTE INCERTAIN
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Grégory Rayko, Salman Shaikh et Farouk Atig
Donner les clés de la
reconstruction aux autochtones
Invitée à expliquer le rôle du pro- vers différentes actions, dont celle du
gramme des Nations unies pour le dé- retour ou de la réintégration de familles
veloppement (PNUD), Zena Ali-Ahmad qui ont dû prendre la fuite. « En 2016,
rappelle en préambule que « le Moyen- date à laquelle cette aide a été lancée,
Orient a toujours été une région de le pays comptait 6,7 millions de dépla-
grande agitation et en conflit ». Sa cés intérieurs, forcés de fuir en raison
Représentante Résidente en Irak ex- de la guerre contre Daesh. Aujourd’hui,
plique que ce programme participe au plus de 4,7 millions de ces Irakiens ont
renforcement d’une paix fragile à tra- retrouvé leur maison grâce au PNUD
et aux soutiens de donateurs ». Vingt-
sept partenaires participent en effet
MODÉRATEUR : au côté du gouvernement à la réha-
Grégory Rayko, Chef de rubrique International bilitation des infrastructures du pays,
à The Conversation France
de l’eau à l’électricité en passant par
INTERVENANTS :
la construction d’abris décents. « Nous
Zena Ali-Ahmad, Représentante Résidente en
Irak du Programme des Nations-Unies pour le travaillons aussi à l’autonomie alimen-
Développement taire par des aides à l’agriculture lo-
Farouk Atig, Grand reporter, spécialiste des cale. Cette réappropriation est com-
réseaux djihadistes
Salman Shaikh, Fondateur et Directeur Général
plexe car les personnes emprisonnées
- The Shaikh Group par Daesh ne se sentent plus enraci-
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MOYEN-ORIENT :
SE RECONSTRUIRE DANS UN CONTEXTE INCERTAIN
nées à la terre qu’ils travaillaient pré- propres populations ou encore le droit
cédemment. Nous effectuons à ce titre des citoyens à s’exprimer sur leur façon
un gros effort pour intégrer ces com- de reconstruire leur pays.
munautés dans le tissu social ».
La viabilité de l’Irak et de
L’intégration des la Syrie en question
populations au processus Farouk Atig estime également que « la
de reconstruction solution ne peut pas venir d’entités ex-
traterritoriales ou d’entités étrangères,
Salman Shaikh confirme la nécessité et qu’il est temps de confier aux Ira-
d’engager les représentants des po- kiens et aux Syriens les clés de la re-
pulations pour bâtir la paix au Moyen- construction de leur pays respectif ».
Orient. Il prend appui sur l’expérience Quant à la viabilité de ces deux États
de son organisation qui intervient de- l’un à côté de l’autre, « [son] cœur a en-
puis dix ans sur la plupart des conflits vie de dire oui mais la raison [lui] fait
de cette région du monde : Palestine, dire non ». Se penchant sur le sort sy-
Israël, Liban et Irak. Selon lui, en Syrie, rien, le grand reporter explique que le
l’ONU a fait l’erreur fin 2011 et en 2012 pays est morcelé et qu’il existe trois
de se concentrer de façon trop étroite Syrie à part entière. La première au Sud
sur le dialogue entre le régime de avec la capitale Damas et une gou-
Bachar el-Assad et l’opposition, alors vernance shiite alaouite ; la deuxième
que cette dernière n’était pas vraiment au nord-ouest, sous influence turque,
organisée malgré les efforts de la com- avec près de 3 millions de personnes,
munauté internationale. qui résiste au régime de Bachar el-As-
sad ; la troisième, à majorité kurde et
« Les Syriens nous disent arabe, qui s’est battue pour libérer le
qu’il faut un processus qui pays de l’influence djihadiste.
implique plus de personnes
« Il faut rappeler les
et qui donne à chacun la
exactions de Bachar el-
possibilité de s’exprimer sur
Assad, cet homme dont
les réformes nécessaires
le ministre français des
dans leur société ».
Salman Shaikh Affaires étrangères disait
en 2012 qu’il ne mériterait
Rappelant son opposition à Bachar
pas d’être sur terre »
Farouk Atig
el-Assad « qui ne mérite pas de gou-
verner ce pays », Salman Shaikh estime, Zena Ali-Ahmad estime pour sa part
dans une Syrie scindée en différentes que le Liban, la Syrie, la Jordanie et l’Irak
zones contrôlées par des administra- sont viables, mais que la dégradation
tions différentes, que « la seule façon du contrat social entre les citoyens et
de surmonter les difficultés consiste les gouvernements constitue un frein
à soutenir le droit international et les supplémentaire. Elle prône également
normes internationales ». Il tient à la reconnaisse des victimes « car la
rappeler à ce titre l’interdiction abso- réconciliation n’est pas possible sans
lue d’un gouvernement d’attaquer ses justice ». Salman Shaikh croit aussi à
FORUM MONDIAL NORMANDIE POUR LA PAIX - L’ESSENTIELMOYEN-ORIENT :
SE RECONSTRUIRE DANS UN CONTEXTE INCERTAIN
quelle manière spectaculaire la ville de
Mossoul a été prise en quatorze heures
par l’Etat islamique. Or, cette ville était
contrôlée par des miliciens shiites en-
voyés par Bagdad qui exerçaient le
racket, le viol et les vols sur les po-
pulations majoritairement sunnites.
L’exaspération des populations locales
a facilité l’arrivée de Daesh ». Grégory
Rayko recentre le débat sur la recons-
truction et le rôle des puissances ex-
térieures. Tous les intervenants sont
d’accord pour reconnaître un désenga-
gement des Etats-Unis, de la Chine et
de la Russie. Ils préfèrent à ces luttes
d’influence le soutien de la commu-
nauté internationale, qui doit selon eux
aider les populations à prendre leur
Zena Ali-Ahmad destin en main en leur donnant les clés
de la reconstruction.
une solution possible car « ce sont des
peuples fiers et des civilisations très
importantes ». Farouk Atig, à l’écoute REPÈRES
de ces remarques, nuance ses propos
initiaux sur la viabilité des Etats ira-
kiens et syriens et précise sa pensée : 380 000 personnes
« j’ai plus confiance en l’Irak car, malgré ont été tuées en Syrie depuis
les traces de la guerre, il n’y a pas eu la le début du conflit en 2011,
même hécatombe qu’en Syrie, en tout dont plus de 115 000 civils,
cas ces dix dernières années. Je pense parmi lesquels on comptait
simplement que les choses vont être
22 000 enfants.
particulièrement compliquées et que
la solution est interne. Il revient aux
populations oppressées et opprimées
de juger ceux qui se sont rendus com-
400 milliards de dollars :
le coût des destructions en
plices de crimes atroces. Si l’on ne fait Syrie estimé par l’ONU
pas ce travail préalable, il n’y a pas de
viabilité possible ».
Un cancer nommé Daesh
4 000 milliards de
dollars. Ce serait le coût
Les échanges se sont ensuite focalisés global pour les États-Unis
sur Daesh, comparé « à un cancer qui
de la guerre contre l’Irak,
a rongé cette région du monde et dont
intégrant les frais médicaux
les métastases ont proliféré ». Farouk
Atig indique que ces « organisations » et les pensions versées aux
ont prospéré en raison de l’absence anciens combattants
d’un Etat central. « Il suffit de voir de
FORUM MONDIAL NORMANDIE POUR LA PAIX - L’ESSENTIELD É BATS
RESTAURER
LA CONFIANCE ?
Explorer les fractures internationales | Jeudi 1er OCTOBRE | 17h30 · 19h00 | Salle Azur
Marc van der Woude, Françoise Mélonio et Pascal Perrineau
Une cassure profonde
et durable
En ouverture de ce débat, Françoise française est considérée comme l’une
Mélonio a cité le Premier ministre Jean des plus défiantes au monde, der-
Castex, qui se donnait comme première rière l’Afghanistan par exemple. Or,
ambition « de restaurer la confiance qui la confiance est un ressort décisif du
soude des sociétés autour des valeurs fonctionnement démocratique, par-
humaines : la confiance du peuple en tant du principe que si le pouvoir vient
ses élites, la confiance entre l’Etat et d’en haut, la confiance vient d’en bas ».
les corps intermédiaires, la confiance Ce sentiment constitue selon le poli-
en l’avenir ». Preuve d’une certaine ma- tologue l’élément fondamental du ma-
nière que le bât blesse, comme l’ex- laise démocratique que nous traver-
plique Pascal Perrineau : « La société sons. « A travers les études que nous
menons, nous observons que cette dé-
fiance est tous azimuts : vis-à-vis du
MODÉRATRICE : monde politique, des entreprises, des
Françoise Mélonio, Professeure émérite de institutions religieuses, de la justice… ».
littérature française, Sorbonne Université
Dans ce panorama, ce que Pascal Per-
INTERVENANTS :
rineau appelle « l’Etat protecteur », à
Arthur Goldhammer, écrivain, traducteur,
essayiste, Senior Affiliate au Center for savoir l’armée, la police et les hôpitaux
European Studies de l’Université de Harvard publics, fait figure d’exception. Le pa-
Pascal Perrineau, Politologue et professeur des
Universités à Sciences Po, ancien directeur du
radoxe, c’est que les personnes inter-
Centre de recherches politiques de Sciences Po rogées en France dans les enquêtes
(CEVIPOF) relatent une forte confiance en elles-
Marc van der Woude, Président du Tribunal de
l’Union européenne mêmes, mais aussi en leurs proches,
FORUM MONDIAL NORMANDIE POUR LA PAIX - L’ESSENTIELRESTAURER LA CONFIANCE ?
leurs voisins ou leur quartier. Cette par exemple, une idée qui gagne du
« confiance de proximité » s’est expri- terrain chez les jeunes. Le Professeur
mée de façon magistrale pendant la des Universités à Sciences Po parle
crise de la Covid-19, avec des solida- de plusieurs visages de la démocratie
rités interpersonnelles remarquables. aujourd’hui avec « une démocratie re-
L’intervenant pointe en revanche du présentative », qui fonctionne, mais de
doigt une donnée très inquiétante : la moins en moins bien, et « une démo-
défiance vis-à-vis des décideurs. cratie participative », qui se réinvente.
Cette dernière forme de démocratie
consiste à associer les citoyens à la
« La confiance entre les prise de décision en les consultant et en
citoyens et le pouvoir les faisant délibérer en dehors des pé-
s’apparente à un trou noir riodes électorales, à l’instar du « grand
débat national » ou de « la conférence
qui ne cesse de se creuser
citoyenne sur le climat ».
année après année ».
Pascal Perrineau
Arthur Goldhammer analyse la si-
tuation aux États-Unis, son pays, en
proie à « une crise inquiétante et viru-
Les effets délétères lente ». Il détaille six facteurs clés : la
de la situation panne de l’ascenseur social, la trans-
formation du système médiatique, une
Les seuls décideurs qui trouvent grâce utilisation manichéenne des réseaux
aux yeux de l’opinion publique sont sociaux, les institutions d’oppositions
ceux qui ont quitté la scène politique. ou de contre-pouvoir, les tensions ra-
Cette défiance généralisée présente ciales et les relents xénophobes. On
des effets délétères car elle affaiblit retiendra notamment que « les Euro-
le régime démocratique et renforce péens ont toujours sous-estimé leur
de fait l’idée qu’il pourrait y avoir autre chance de promotion sociale alors que
chose, comme un régime autoritaire les Américains l’ont toujours suresti-
Le désenchantement des réseaux
sociaux et le rôle des médias
Les intervenants du débat ont ex- de savoir s’il n’y avait pas « de dé-
pliqué que l’utilisation des réseaux sinformation » de la part des médias
sociaux par des démagogues qui français, les intervenants ont répon-
s’adressent à des millions de per- du « qu’il n’y avait pas, en France, de
sonnes sans possibilité de contra- chaîne comme Fox News ». En re-
diction et qui fustigent à longueur vanche, l’intérêt pour l’information
de temps « les élites » exacerbe la dans l’Hexagone, mesuré par le Ba-
défiance. Les panélistes portent romètre La Croix, a atteint en 2020
aussi un regard assez critique sur son plus bas niveau historique, une
ce média au regard des « espoirs donnée peu réjouissante…
fous » qu’il avait suscité lors de son
avènement. A la question du public
FORUM MONDIAL NORMANDIE POUR LA PAIX - L’ESSENTIELRESTAURER LA CONFIANCE ?
mé ». L’écrivain-traducteur se veut par REPÈRES
ailleurs très critique avec l’université
américaine qui, en mettant en place
« un système de sélection soi-disant
objectif, a créé quelque chose qui res- 64% de la population
semble fort à une caste de diplômés ». estime que la démocratie ne
fonctionne pas correctement
De la responsabilisation dans notre pays
collective
Marc van der Woude met en lumière
deux facteurs qui contribuent à la dé-
39% seulement
des Français disent
fiance, en France comme Outre-Atlan-
avoir confiance dans le
tique. Le premier résulte du modèle so-
cial-démocrate qui ne fonctionne plus
gouvernement pour faire face
et attise l’individualisme au détriment efficacement au Coronavirus
du collectif.
30% des personnes
« Le respect du droit expriment de la méfiance,
individuel est parfaitement premier critère pour qualifier
bien pris en compte sur le leur état d’esprit, devant la
lassitude (28%), la morosité
plan juridique. Mais où est
(22%) puis la sérénité (21%)
la responsabilité collective
et comment se traduit-
elle dans les décisions
8% seulement des
salariés français sont
juridictionnelles ? » syndiqués
Marc van der Woude
Le second tient dans la perception de
l’Europe par le citoyen, qui estime que
l’UE est responsable de la perte du
contrôle des États, notamment en rai-
son du discours différent des hommes
et femmes politiques selon qu’ils se
trouvent à Bruxelles ou dans leur pays.
« Quand on parle des élections euro-
péennes, sont-elles européennes ? Non
ce sont des élections où on désigne
des délégués au Parlement européen
mais le processus n’est pas un proces-
sus collectif. Là aussi, on n’assume pas
vis-à-vis de l’Europe ». Il le regrette, es-
timant que l’UE pourrait être justement
la cause qui rassemble et non celle qui
divise.
FORUM MONDIAL NORMANDIE POUR LA PAIX - L’ESSENTIELD É BATS
LES DYNAMIQUES ASIATIQUES
À L’ÉPREUVE DE LA CRISE
Explorer les fractures internationales | vendredi 2 OCTOBRE | 14h30 · 16h00 | Salle Azur
Virginie Robert, Judy Tseng et Antoine Bondaz
Un climat de tension
Chine, Taïwan, Corée, Vietnam, le régime de Pékin n’accepte pas de
Japon… Les pays d’Asie subissent faire des concessions » explique-t-il. La
comme tous les pays du globe la crise Covid-19 aurait pu rapprocher les deux
sanitaire. Comment s’en sortent-ils ? camps mais elle les a plutôt divisés.
La pandémie modifie-t-elle leurs re- Judy Tseng livre dans la foulée son ap-
lations avec les autres puissances du proche du point de vue taïwanais. Pour
monde ? Jean-Pierre Cabestan aborde elle, La pandémie a joué un rôle, dans la
d’emblée les relations entre la Chine mesure où elle a révélé des divisions au
et l’Union européenne sur la question sein de la société taïwanaise avec des
de l’accès au marché chinois. « Nous tensions entre Taïwan et la Chine qui
sommes dans une impasse et je vois ont généré beaucoup de souffrances.
mal comment la Chine et l’Europe vont Elle insiste par ailleurs sur l’urgence
pouvoir trouver un terrain d’entente si d’un monde multi-alliance conforté
par une solidarité régionale émergente
MODÉRATRICE :
pour combattre la crise et renforcer la
Virginie Robert, Chef du service démocratie, y compris dans les pays
international, Les Echos sous influence chinoise.
INTERVENANTS :
Jean-Pierre Cabestan, Professeur en Enterrer la hache de
Science Politique à la Hong Kong Baptist
University et Directeur de Recherche au guerre entre
CNRS
Dingli Shen, Professeur au Center for
les États-Unis et la Chine
American Studies, Fudan University Contrairement à l’idée « d’un monde
Judy Tseng, Correspondante de la Central d’après », Antoine Bondaz affirme que
News Agency de Taïwan en France
Antoine Bondaz, Chercheur à la Fondation
les tendances préexistantes se sont
pour la recherche stratégique renforcées. Il évoque tout d’abord l’as-
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À L’ÉPREUVE DE LA CRISE
l’arme atomique. La question indopa-
cifique est aussi à l’ordre du jour avec
un gouvernement iranien mécontent
de la présence américaine dans cette
région.
« Alors qu’il faudrait
coopérer, j’ai l’impression
qu’un consensus se forme
entre Démocrates et
Républicains américains
Jean-Pierre Cabestan pour détériorer encore plus
les relations avec la Chine ».
sertivité 1 de la Chine, avec des auto- Dingli Shen
rités désireuses d’imposer leurs élé-
ments de langage de façon policée.
Il note ensuite la mise en place d’une La sécurité préemptive
diplomatie sanitaire chinoise qui a été
Jean-Pierre Cabestan milite pour une
la première à apporter de l’aide à l’Italie
sécurité préemptive afin de juguler
durement touchée par le Coronavirus,
une pandémie comme celle que nous
avant même l’UE. Il pointe enfin la dé-
connaissons. S’il note une différence
térioration de l’image de la Chine com-
importante entre les pays qui ont des
mencée aux États-Unis dès 2016 et en
frontières (comme Taïwan, le Japon,
Europe à partir de 2018. Pour l’interve-
la Corée et même la région de Hong
nant, cette crise a été un révélateur des
Kong) et l’espace Schengen de l’UE, il
faiblesses et des erreurs de la France
indique qu’un territoire comme Taïwan
et de l’Europe. « Il faut être moins dé-
a mis en place dès fin décembre 2019
pendant d’un pays, en diversifiant nos
des mesures de protection très ef-
partenaires et en nous assurant que
ficaces. Il pense par ailleurs que les
nos intérêts soient préservés en cas
États-Unis ont joué un jeu naïf avec
de récidive ». Dingli Shen renforce pour
la Chine en lui laissant prendre le lea-
sa part l’idée que la pandémie a été
dership technologique mondial. Selon
un facteur aggravant de la détériora-
lui, les États Unis partent du principe
tion des relations entre la Chine et les
que « tant que la Chine sera dirigée
États-Unis à tous les niveaux, sur le
par un parti unique qui empêche le
plan commercial donc, mais aussi uni-
pays de se mondialiser, il sera difficile
versitaire avec beaucoup d’étudiants
d’avoir des relations normalisées avec
chinois expulsés du territoire américain.
cette puissance ». Judy Tseng détaille
Elle explique que Washington soutient
de son côté toutes les mesures prises
Taïwan par l’envoi d’officiers, de soldats
par Taïwan pour limiter la propaga-
et d’armes, une démarche nouvelle que
tion du virus. Dans un pays traumatisé
personne n’attendait. Les tensions sont
par la catastrophe du SARS en 2003,
vives en Asie, avec de surcroît la Co-
le gouvernement avait créé un centre
rée du Nord qui refuse d’abandonner
de commandement qui s’est réactivé.
1
Capacité d’un individu à exprimer ses idées et à défendre Celui-ci prend toutes les décisions et
ses droits sans susciter l’hostilité de son interlocuteur dont il
respecte les valeurs. communique rapidement et efficace-
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À L’ÉPREUVE DE LA CRISE
ment au sein d’une société qui possède REPÈRES
la culture du masque. Enfin, l’usage de
la technologie pour prévenir les cas
contacts a joué, tout comme le respect
des règles drastiques mises en place.
Le civisme et la confiance mutuelle 1 décès sur deux de la
Covid-19 est à déplorer
entre le gouvernement et le peuple
taïwanais participent à cette bonne en Europe et en Amérique
gestion collective de la crise. du Nord contre 1 décès
sur 5 pour l’Asie, alors que
« Taïwan se veut sa population est 4 fois
irréprochable dans la supérieure
gestion de la Covid-19 afin
de montrer au monde entier
l’injustice de son exclusion
6 morts seulement du
Covid-19 au 15 avril 2020
l’OMS suite au diktat de la à Taïwan pour une île de
Chine ». 24 millions d’habitants
Judy Tseng
Antoine Bondaz revient enfin sur les 4,9 % de croissance
mesures prises par les différents pays au 3e trimestre 2020 après
d’Asie face à la crise dont l’exigence - 3,2% au semestre précédent :
difficile à imaginer en France - présente la Chine confirme sa reprise
des vertus économiques. « La Corée du économique en souffrance au
Sud va devenir la dixième puissance plus fort de la crise sanitaire
économique mondiale, dépassant en
un an le Canada et la Russie ». Le choc
en Asie s’avère en effet moins doulou-
reux économiquement qu’ailleurs car
la limitation du virus n’a pas engendré
de plan de relance d’envergure, ouvrant
ainsi de nouvelles perspectives de dy-
namiques pour les pays d’Asie.
ÉTATS-UNIS – CHINE :
quelle conduite à tenir pour l’UE ?
Interrogé sur le sujet, Jean-Pierre Cabes- L’attitude du Japon lui semble intéres-
tan explique que l’Europe pense pouvoir sante à ce titre puisque ce pays déploie
jouer un rôle de médiateur en maintenant une stratégie assez fine qui consiste à ne
une position équidistante de la Chine et pas couper les ponts avec la Chine dont il
des États-Unis. A titre personnel, il estime est tributaire sur le plan économique tout
que l’UE se rapproche quand même plus en maintenant des relations stratégiques
des valeurs et approches économiques avec les États-Unis, mais aussi l’Inde et le
des Américains, partageant avec eux des Vietnam.
intérêts stratégiques en extrême Orient.
FORUM MONDIAL NORMANDIE POUR LA PAIX - L’ESSENTIELLa Région Normandie vous donne rendez-vous en 2021 pour la prochaine édition !
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