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Coronavirus : la contagion de secteurs
en secteurs jusqu’aux entreprises
Le dévissage de l’économie réelle
Note du 12 mars 2020
Olivier Passet
Alberto Balboni
Directeur de la publication Laurent Faibis, Président de Xerfi
Site www.xerfi.com
e-mail etudes@xerfi.fr
Adresse 13-15 rue de Calais 75009 Paris
Téléphone 01 53 21 81 51
Fax 01 42 81 42 14À RETENIR
1 La pandémie du coronavirus crée un choc d’ampleur inédite. Nous sommes passés
d’un choc localisé, menaçant quelques chaînes d’approvisionnement, partant de
la Chine, à un choc généralisé (symétrique) qui altère la dynamique de demande
et de production de tous les pays de façon simultanée. Ce type de choc synchrone
a une portée en termes d’effets multiplicateurs beaucoup plus puissante qu’un
choc localisé. L’impact ne se compte plus en quelques dixièmes de points de
croissance, mais bien en points de croissance, comme en 2008.
2 Face à un choc concentré dans le temps, et supposé transitoire à ce stade, les
entreprises ne devraient pas procéder à un ajustement massif de leurs capacités.
En conséquence, ce sont les résultats d’exploitation et les trésoreries qui
devraient absorber l’essentiel de la secousse à court terme. Les risques de
redressements judiciaires et de dépôts de bilan sont particulièrement importants,
parmi les PME de service notamment, en dépit des mesures de soutien public
(ajournement, voire annulation de la dette fiscale et sociale, aides ciblées, etc.).
3 L’arrière-plan d’instabilité financière et la trace longue que pourrait laisser le
dévissage de l’activité sur la qualité des bilans des entreprises, de l’État et des
banques, éloignent la perspective d’une récupération rapide en forme de V. Tout
dépendra de la durée de l’épidémie et des mesures de confinement. Plus
l’épisode se prolonge, altérant les bilans privés, publics et bancaires, et plus la
perspective d’un effacement rapide de la crise s’éloigne.
4 Le choc d’activité sera massif et d’ampleur inédite dans certains secteurs de
services qui ne sont pas usuellement les plus instables. Les secteurs des
transports, du tourisme, de l’hôtellerie & restauration, les industries récréatives,
culturelles et de l’événementiel sont en première ligne. À cela s’ajoutent les
industries exposées au dévissage du commerce mondial. On peut estimer que 10
à 15 % de l’économie pourraient se retrouver en situation sinistrée, avec des
effets d’entraînement puissants sur un tiers de l’économie.
5 La situation du Coronavirus crée une situation d’incertitude radicale. Il serait très
prématuré de prétendre faire une prévision à ce stade. Nous proposons un
scénario médian de croissance (-1,6 % en 2020, +1,3% en 2021) sur lequel les
risques d’erreur sont extrêmes. Néanmoins, il nous paraît prudent d’intégrer a
minima, ce contexte macro-économique dégradé, comme base de projection de la
dynamique des marchés et d’évaluation des risques d’exploitation dans les
trimestres à venir.
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
2En l’espace de quelques jours, la crise du COVID19 a pris une nouvelle dimension et profondément
changé de nature et de portée au plan économique. Elle pouvait apparaître dans les premiers temps
de la propagation du virus comme un choc asymétrique1, dont l’épicentre était en Asie (Chine,
Corée), avec l’Italie comme foyer secondaire. Les premières évaluations parcellaires de l’impact
économique de ce choc se sont jusqu’ici centrées sur deux canaux de transmission principaux :
– les ruptures d’approvisionnement en amont des chaînes de production pour les entreprises
occidentales dépendant fortement et sans possibilité de substitution de la sous-traitance
chinoise ou italienne ;
– les retombées sur le commerce international de la brusque embolie de la croissance en
Chine, qui représente 11% du commerce mondial.
Ces premières évaluations intègrent également l’effet amortisseur des mesures de soutien
monétaire et budgétaire proactives des économies avancées et de l’effet favorable pour la demande
intérieure et les marges des entreprises de la chute des prix du pétrole et des produits de base. C’est
la raison pour laquelle, les premières estimations de l’impact négatif du coronavirus sur l’activité ne
dépassent pas quelques dixièmes de points de croissance, avec un second trimestre négatif et une
forte probabilité de rattrapage en V au second semestre. Tout cela est déjà caduc. Et les entreprises
doivent se préparer maintenant à un choc de premier ordre, qui peut mettre en péril leur
trésorerie et leur survie, pour certaines.
1 AMPLEUR ET NATURE DU CHOC
Le monde développé est confronté à une pandémie2. En dépit du déni de certains dirigeants, les
différents pays seront inexorablement amenés à adopter, dans un horizon très court, des mesures
de plus en plus pénalisantes pour la demande et la mise en œuvre de la production.
Regardons pour le comprendre les courbes de propagation de la maladie. On peut certes douter de
leur exactitude. Elles dépendent de la date de pénétration du virus dans les différentes régions du
monde, de la transparence des autorités, de la disponibilité de tests fiables, des pratiques
différenciées de dépistage selon les systèmes de santé, du délai de détection de la maladie, qui
varient d’un pays à l’autre. Mais les informations compilées de la façon la plus exhaustive possible
par la Johns Hopkins University délivrent déjà quelques informations décisives pour la suite :
– Nous ne sommes qu’au tout début de la pandémie. Cette dernière aura une ampleur bien
plus importante dans le reste du monde développé qu’en Chine. En Europe comme aux
États-Unis, les courbes de cas contaminés n’ont pris leur trajectoire exponentielle
caractéristique d’une épidémie que depuis quelques jours. Compte tenu du décalage avec la
1
Choc de portée très inégale selon les pays, ayant des effets directs et puissants sur certaines économies et indirects et
plus diffus sur les économies périphériques.
2
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré, mercredi 11 mars, que l’épidémie due au coronavirus était
désormais considérée comme une pandémie. « L’OMS n’a cessé de surveiller cette épidémie, et nous sommes très inquiets
des niveaux de diffusion et de dangerosité, ainsi que des niveaux alarmants de l’inaction » de la communauté
internationale.
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
3Chine, il paraît inexorable que le nombre de personnes contaminées dans le reste du monde
excède vers la mi-mars le nombre de malades dénombrés en Chine et le surplombe très
fortement par la suite.
Progression de la pandémie à travers le monde
Unité : nombre de personnes contaminées (cumul)
90 000 14 000
80 000
12 000
70 000
10 000
60 000
50 000 8 000
40 000 6 000
30 000
4 000
20 000
10 000 2 000
0 0
Chine RDM Corée Italie
2 500 25 000
2 000 20 000
1 500 15 000
1 000 10 000
500 5 000
0 0
France Allemagne Espagne Japon Etats-Unis Europe
Source : Johns Hopkins University
– Les chiffres varient beaucoup en niveau d’un pays à l’autre. Ils délivrent à ce stade de faux
messages concernant les pays qui auraient su se protéger de la propagation du virus, d’un
côté, et ceux qui n’auraient pas su agir préventivement, de l’autre. Ces écarts ne traduisent
en fait que des décalages de quelques jours dans la propagation. Le recalage des courbes, à
partir du moment où le seuil des 100 patients est atteint par un pays (graphique ci-dessus),
montre que les pays développés sont peu ou prou logés à la même enseigne. La France,
l’Allemagne, et plus encore l’Espagne, suivent d’assez près la trajectoire italienne avec une
semaine à 10 jours de décalage environ. La propagation journalière du virus se fait dans un
premier temps à un rythme de hausse journalier de l’ordre de 33%, avant que les mesures de
prévention agissent marginalement sur la vitesse de propagation.
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
4– Seuls quelques pays / régions font exception : la Chine, Hong Kong, Singapour, le Japon. Ce
sont tous des pays à forte discipline collective et qui ont pris des mesures draconiennes pour
stopper la diffusion du virus. Le cas du Japon reste néanmoins discuté, du fait de la faible
disponibilité et occurrence des tests de dépistage dans ce pays.
Nombre cumulé de cas, par nombre de jours, à partir du moment où le 100ème cas est dépassé
Unité : nombre de personnes contaminées (cumul), échelle logarithmique
11,0
33 %
10,0
9,0
8,0
7,0
6,0
5,0
4,0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Corée Italie France Allemagne Espagne
Japon Etats-Unis Suisse Hong Kong Singapour
Suède Norvège Tendance
Source : Johns Hopkins University
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
5– Dans la plupart des pays, à l’exception des pays d’Asie cités ci-dessus, qui ont pris des
mesures extrêmement rigoureuses, le nombre de malades progresse avec des taux de
croissance à deux chiffres.
– Et surtout, fait décisif, les États-Unis, première économie mondiale, sont pris inexorablement
dans ce mouvement exponentiel, avec une pente de progression plutôt supérieure à celle
observée en Europe, même si ce pays n’a pas pris encore la mesure de l’ampleur du
phénomène faute de tests fiables, d’un décompte et d’une mobilisation précoce des
autorités de santé. Le choc risque de la sorte d’être considérable aux États-Unis, où la
diffusion du virus est suspectée d’être déjà très sous-estimée.
A ce stade, personne dans la communauté scientifique ne se risque à estimer l’ampleur et la date à
laquelle un pic sera atteint. En revanche, l’analyse fine des données disponibles pour la Chine,
montre que les mesures de confinement et de restriction de la mobilité ont bien un effet tangible sur
la dynamique de propagation du virus, la date d’atteinte du pic de contamination et son ampleur.
Seuls deux pays ont réussi à ce jour à endiguer la progression de la maladie :
– La Chine (Hong Kong y compris), grâce à des mesures drastiques de confinement, de
quarantaine et de limitation de la mobilité, d’arrêt des sites de production.
– La Corée, grâce à une politique de dépistage, d’information, de traçage des déplacements qui
n’a pas d’équivalent ailleurs.
Et même en Italie, où les mesures coercitives de confinement et de restriction de la mobilité et de
regroupement sont les plus fortes, la dynamique commence à s’infléchir légèrement. Les États-Unis
ou l’Espagne, qui ont tardé à réagir et à sensibiliser leurs populations, sont aujourd’hui sur des
pentes de croissance très supérieures à celles des autres pays. Il va falloir compter dans les
prochains jours avec l’emballement des statistiques américaines, lesquelles entraînent un fort risque
sur de nouveaux coups de semonce sur les bourses occidentales.
Croissance journalière du nombre de cas, du 6 au 11 mars 2020
60,0% 55,5%
50,0%
41,6%
40,0%
28,4%
30,0%
21,9% 23,3%
20,0%
8,8%
10,0%
3,3%
0,1%
0,0%
Chine Corée Japon Italie Allemagne France Espagne Etats-Unis
Source : Johns Hopkins University
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
6Cela signifie une chose simple. Tous les pays, à brève échéance vont adopter des mesures de
limitation de la mobilité et des regroupements extrêmement contraignantes. Les pays, devraient
cependant essayer de sanctuariser la production marchande3, contrairement à ce qu’ont fait les
Chinois. Ce qui signifie aussi, que le freinage de l’épidémie n’aura pas la même efficacité en occident
qu’en Asie et que le pic viral devrait y être beaucoup plus élevé et retardé dans le temps.
Cette généralisation très probable des mesures visant à éradiquer la contagion change en profondeur
la nature du choc que subissent les économies développées :
– Nous sommes passés d’un choc asymétrique à un choc symétrique qui altère la dynamique
de demande et de production de tous les pays de façon simultanée. Ce type de choc
synchrone a une portée en termes d’effets multiplicateurs beaucoup plus puissante qu’un
choc localisé.
– Nous ne sommes plus sur un risque de décrochage de l’activité de quelques dixièmes de
points de croissance, mais bien sûr un risque qui pourrait atteindre plusieurs points de
croissance au cours de 6 prochains mois.
– La question des ruptures techniques de certaines chaînes de production demeure, mais elle
est devenue de deuxième ordre. Nous sommes confrontés à un choc d’offre et de demande
brutal, avec des risques d’amplification systémique, qui transite par de multiples canaux.
MÉCANISMES DE TRANSMISSION AUX ENTREPRISES
2 DU CHOC CORONAVIRUS
Côté offre, la soudaineté de la chute d’activité, dans un contexte de conservation de l’emploi et des
capacités, tant que le choc est vécu comme transitoire, fragilise les entreprises à travers plusieurs
canaux :
1- La dégradation brutale des marges et de la trésorerie des entreprises. Ce sont celles de taille
petite et moyenne qui seront les plus directement impactées. La capacité à absorber ce choc
dépendra de la facilité d’accès aux lignes de crédit (trésorerie, affacturage etc.) et donc du
degré de sélectivité des banques à l’égard des entreprises les plus exposées. Les mesures
d’ajournement, voire d’effacement de la dette fiscale et sociale par l’État sont décisives pour
atténuer le choc, mais elles ne sont pas nécessairement suffisantes au regard des
conséquences d’un arrêt total de la production dans certains secteurs spécifiques et déjà
fragilisées par la séquence des attentats, puis des mouvements sociaux.
2- A ce premier effet s’ajoute le coup de frein brutal d’activité de quelques secteurs
massivement impactés par les restrictions réglementaires visant à restreindre la mobilité et
le regroupement des personnes dans un lieu fermé : les transports, le tourisme, l’hôtellerie
restauration, et toutes les industries culturelles, événementielles ou « récréatives ».
3
Avec une grosse incertitude pour le commerce spécialisé, comme le montre la décision italienne du 11 mars, de fermeture
des commerces dans la péninsule, sauf ceux des secteurs de la distribution alimentaire et de la santé
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
73- Ce choc d’offre sera encore aggravé par les phénomènes perlés de pénurie de main-d’œuvre
liée aux mesures de confinement et de quarantaine de la force de travail, qui peuvent
désorganiser le processus de production là où le télétravail n’est pas praticable.
4- La menace de blocage ou de dérèglement de certaines chaînes d’approvisionnement doit
également être considérée, même si elle apparaît de deuxième ordre aujourd’hui. Le choc ne
peut plus être seulement considéré, on l’a dit, comme créant des ruptures
d’approvisionnement localisées ou des baisses de débouchés localisés (Chine, Corée, Italie).
Pour l’heure les mesures d’arrêt des sites de production ne concernent que la Chine. Mais
même si la production reprend très graduellement en Chine, les provinces et villes qui ont
été concernées par la prolongation des congés ou les mesures de confinement, pèsent pour
plus de la moitié du PIB. C’est considérable : textile, informatique, électronique, automobile,
pharmacie, chimie, la liste des secteurs très dépendants de l’empire du Milieu est longue. La
Chine, c’est 60 % de la production mondiale des batteries lithium qui équipent les véhicules
électriques. C’est plus de 80 % des terres rares qui sont incorporées dans les smartphones,
les éoliennes, les appareils d'IRM, les batteries électriques, 80% des principes actifs qui
composent nos médicaments. Si l’on ajoute maintenant l’extension possible de ce type de
mesures à d’autres pays et les mesures de restriction du fret maritime, l’industrie mondiale
est confrontée, dans le pire des scénarios, à un risque de désorganisation réel, qui pourrait
s’accompagner dans un second temps d’un renchérissement de nombreux composants.
5- Enfin, même si la Chine représente un quart à un cinquième de la valeur incorporée dans les
biens d’équipement électronique et électrique des entreprises hexagonales, ces dernières ne
devraient pas rencontrer de problèmes véritablement pénalisants en termes de
renouvellement de leur matériel. Même si les délais de livraison s’allongent, la durée
d’utilisation des matériels anciens, et les circuits de substitution devraient servir de variable
d’ajustement.
Côté demande, la simultanéité des comportements de précaution des agents privés des pays
avancés et émergents, constitue un facteur amplificateur, comme nous l’avons signalé plus haut,
avec des retombées très fortes (effets multiplicateurs puissants) sur le commerce international.
Dans un contexte d’endettement important du secteur des entreprises, ce coup de frein brutal peut
se doubler à terme d’une fragilisation des bilans bancaires et des fonds d’investissement qui
pourraient créer un effet de persistance. Les sources de ralentissement transitent par plusieurs
canaux :
1- La perspective d’une dégradation brutale du compte d’exploitation des entreprises devrait se
doubler de comportements de gel des dépenses d’investissement et d’embauches, par des
mesures de chômage partiel et par l’ajournement de certaines dépenses de fonctionnement.
Ces inflexions, sans doute brutales, diffuseront les problèmes de débouchés à l’ensemble des
secteurs.
2- Il faut ensuite tenir compte de la rapidité des destructions d’emplois dans les secteurs de
services les plus exposés aux mesures de restriction de la mobilité et du regroupement des
personnes (hôtellerie restauration, tourisme, secteurs récréatifs etc.). Ces derniers
concentrent une part importante de l’emploi précaire ou intermittent, dont les délais
d’ajustement sont très courts.
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
83- Dans un premier temps, l’inertie des salaires, dans un contexte de ralentissement des prix
importés, constitue un facteur stabilisant de la demande des ménages. Mais le contexte de
dévissage des bourses et de précarisation de l’emploi va induire inexorablement des
comportements de précaution : ajournement des gros achats (biens durables, notamment
automobiles, biens d’équipement) et des dépenses superflues. L’accélération des achats de
biens de première nécessité, par anticipation, ne viendra que très partiellement
contrebalancer le premier effet.
4- Enfin, le ralentissement du commerce mondial va impacter puissamment les entreprises
exportatrices ou groupes multi-localisés (industrie, grande distribution notamment). La
dégradation des comptes consolidés monde des groupes nationaux et étrangers implantés
en France (50% de l’emploi marchand résident) a un impact diffus sur l’économie
domestique. Contrairement à 2008, ces groupes ne bénéficient pas d’un effet compensateur
du côté des pays émergents.
Un choc « multicanal »
Très brutale dégradation des Le choc va peser principalement à
marges et de la trésorerie, court terme sur le compte
hausse des faillites d’exploitation des entreprises
Effets directs dévastateurs sur le
Fort impact direct sur l’emploi
transport, le tourisme,
précaire, CDD courts (secteurs à
l’hôtellerie & restauration, les
très forte réactivité de l’emploi)
activités récréatives, le luxe.
Restriction de l’offre de travail Effet géographiquement mouvant
Effet choc d’offre liée aux mesures de confinement et très circonscrit encore, mais qui
et de quarantaine va prendre de l’ampleur
Rupture des chaînes Effet prix collatéral sur certains
d’approvisionnement en amont4 composants
+ restriction du fret Hausse des prix du fret ( ?)
Accès restreint à certains biens Effet peu prégnant à court terme
d’équipement et non pertinent à long terme.
4
Entre 60% et 80% des principes actifs des produits pharmaceutiques sont produits en Chine et en Inde. De
même, dans l’automobile, de nombreux composants, des batteries des véhicules électriques aux composants
électroniques, sont fabriqués en Chine, dont les terres rares essentielles à la fabrication des composants
électroniques et des aimants pour les éoliennes
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
9Un choc « multicanal » (suite)
Les secteurs les plus exposés aux
Gel de l’investissement et des contraintes réglementaires, sont
embauches, hausse du chômage des secteurs de services (ce qui est
(partiel ou non) atypique), à ajustement rapide de
l’emploi
Effet diffus sur la confiance des
ménages, ajournement des gros
Effet choc de demande Hausse du taux d’épargne
achats (automobile,
équipement…)
Ralentissement de la demande Effet puissant du multiplicateur du
mondiale (circuit exportations) commerce international
Effet diffus sur l’économie
domestique de la dégradation des
Impact sur la production des
comptes consolidés des groupes
Effet mixte filiales étrangères des groupes
nationaux et étrangers implantés
français
en France (50% de l’emploi
marchand résident).
Un choc réel d’une telle ampleur interroge nécessairement sur la résilience du secteur financier. Le
spectre d’un « Big One », hante les esprits depuis 2008. Une défaillance des institutions financières
créerait des effets de second tour extrêmement aggravants. La chute des bourses, que l’on observe
dès à présent, ne fragilise que les intermédiaires financiers qui portent ce risque directement, en
compte propre. L’industrie du capital investissement est la plus exposée à court terme. Les banques,
pour leur part ne sont que très indirectement exposées. Les fonds de gestion dont elles sont
actionnaires ne gérant ce risque que pour le compte de clients.
Elles sont en revanche plus directement impactées par l’inversion de la courbe des taux, qui consume
leurs marges d’intérêt et par la montée des créances douteuses à leur actif, lié à la forte
augmentation du risque de faillite des entreprises sur lesquelles elles sont exposées. Elles sont
notamment particulièrement exposées sur le secteur de l’énergie, qui pourrait connaître
d’importantes défaillances d’entreprises.
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
10Risque d’amplification systémique
Baisse des prix des matières Fragilisation du secteur de l’énergie, sur lesquels les acteurs
premières financiers sont fortement exposés
Impact sur le crédit, la consommation et l’investissement des
effets richesse négatifs. Facteur de fragilisation de l’industrie
Chute des prix d’actifs
du luxe
Fragilisation du Private equity
Taux d’intérêt : détente et Cette inflexion a un impact différé et faible sur l’activité, et
inversion de la pente des taux. fragilise les marges d’intérêt du secteur bancaire.
Impact de second ordre pour l’instant. Arme de la
Taux de change dépréciation utilisée par la FED au bénéfice du États-Unis et
au détriment de l’Europe en cas de crise.
Le secteur va bénéficier d’un effet volume positif à court
Vulnérabilité du secteur bancaire terme (crédits de trésorerie, affacturage), mais la crise
risque de dégrader ses ratios d’exposition au risque
Face à la gravité de ce choc, aux risques de faillites en chaîne, à la dégradation induite de bilans
bancaires, au temps de restauration des trésoreries et des comptes publics, aux changements
durables de comportement de mobilité, le scénario en V reste encore possible, mais très fragilisé si
les mesures de confinement s’étirent jusqu’à l’été et au-delà. Il pourrait être très puissant mais
l’espérer avant le quatrième trimestre paraît prématuré. Et il est loin d’être certain, compte tenu de
l’arrière-plan financier qui pourrait créer un effet de « longue traîne ».
Un scénario en V n’est pas certain
Effet de rebond possible
Mais risque de crise à double détente, comme en 2008
après l’été
Restauration de la Bourse Risque de surajustement à la Fragilité de la sphère financière
hausse sur les prix des matières à surveiller
Restockage premières et les produits de
base, compte tenu de la Les banques peuvent bénéficier
Rattrapage de la demande destruction des capacités d’un effet d’aubaine à court
différée terme grâce à la hausse des
Effort prolongé de opérations de crédits de
Diminution du taux reconstitution de trésoreries, trésorerie et d’affacturage aux
d’épargne qui freinera au-delà du pic entreprises (si la crise est limitée
d’épidémie les embauches dans le temps)
Contexte prolongé de et l’investissement
faiblesse des taux d’intérêt Mais risque de restriction du
et de l’inflation Efforts de consolidation crédit lié à la reconstitution des
des finances publiques, sur ratios risque/fonds propres
fond de forte dégradation des
comptes de l’État
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
11UNE AMPLEUR D’AJUSTEMENT TRÈS DIFFÉRENCIÉE
3 SELON LES SECTEURS
La crise, à court terme, du fait de son ampleur, par effet de diffusion, va impacter négativement
l’ensemble de la sphère marchande. Cet impact en termes de croissance, sera néanmoins
extrêmement différencié d’un secteur à l’autre. Comparée à d’autres épisodes de récession lourde,
sa configuration reste néanmoins très singulière. C’est sans doute la première fois que les services
aux particuliers ou aux entreprises (tourisme, hôtellerie, restauration transport, secteurs récréatifs
etc.) sont à l’épicentre du décrochage de l’activité. Ces services sont généralement plutôt stabilisants
dans un contexte de récession industrielle lourde. Dans le cadre du Coronavirus, ils jouent au
contraire un effet d’entraînement. Les pertes de ces secteurs ne sont par ailleurs pas ou peu
récupérables, par décalage. Cette spécificité peut créer une variance inédite de l’activité.
Une ampleur d’ajustement très différenciée selon les secteurs
Tourisme, hôtellerie / restauration / événementiel, culture,
divertissement, vie sociale
Secteurs les plus
Transport aérien
directement impactés
Transport maritime
Transport ferroviaire
Secteurs industriels Automobile, Chimie, biens d’équipement, luxe. L’aéronautique pourrait
indirectement impactés être impactée à terme, par la crise du transport aérien, notamment si
(perturbation des chaînes cette dernière entraîne des changements de comportement plus
de valeur), baisse de la durables. Mais à court terme, les carnets de commande représentent
demande mondiale plusieurs années de production et rendent ce secteur a-cyclique.
Services spécialisés aux entreprises
Secteurs suiveurs, dont
Services administratifs et de soutien aux entreprises
l’activité est corrélée à
Utilities
celle de l’industrie
Commerce spécialisé
La construction est généralement pro-cyclique. Mais l’effet refuge sur la
Construction : dynamique
qualité, et le contexte de taux zéro peut induire une dynamique
incertaine
atypique à court terme
Secteurs soumis à des Commerce de détail généraliste alimentaire (repli sur la vente en ligne,
effets contradictoires ou Drive-in, achat de stockage, moindre fréquentation des restaurants etc.)
positifs Chimie, Pharmacie.
Services « administrés » : Santé, hébergement, action sociale,
Secteurs abrités
éducation, administration publique.
Banque, assurance : hausse des crédits de trésorerie et de l’affacturage
à court terme mais :
Secteurs fragilisés à moyen – Détérioration des bilans : hausse des créances douteuses
(faillites)
terme
– Risque d’embolie du marché interbancaire
– Risque de crise de la dette souveraine
– Baisse supplémentaire de la marge d’intérêt…
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
12Si l’on prend la mesure du poids des secteurs qui sont en première ligne du choc, les services mis à
l’arrêt auxquels s’ajoutent les industries les plus exposées (automobile, et biens d’équipement
notamment) au ralentissement de la demande globale, c’est près de 10% de la valeur ajoutée qui est
exposée à des baisses d’activité à deux chiffres. Compte tenu du fort impact du ralentissement de la
demande mondiale, l’ensemble du secteur manufacturier, à l’exception des IAA, de la chimie et de la
pharmacie, c’est près de 15 % de la valeur ajoutée qui est exposée au risque de dévissage.
Poids en % du PIB des secteurs les plus exposés
Services sinistrés 7,0
Transport terrestre 2,2
Transport par eau 0,1
Transport aérien 0,3
Hébergement et restauration 2,8
Activités des agences de voyage, voyagistes, services de réservation, etc. 0,1
Arts, spectacles et activités récréatives 1,4
Industrie manufacturière hors IAA, chimie et pharmacie 6,2
dont Matériel de transport 1,4
dont Équipement 1,5
Source : INSEE
Si l’on prend le poids des secteurs certes amortisseurs mais dont l’activité est indexée sur le
ralentissement général de la demande, lié aux comportements de précaution des ménages et des
entreprises : Services aux entreprises, commerce, construction, utilities… plus de 30% de la valeur
ajoutée devrait être entraînée dans un mouvement amorti de ralentissement.
Poids en % du PIB des secteurs pro-cycliques
Utilities 2,4
Construction 5,6
Commerce 10,4
dont commerce auto 1,6
B2B spécialisé 5,4
B2B de base 5,7
Source : INSEE
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
13Reste, il ne faut pas l’omettre, le socle stabilisateur des secteurs qui s’adressent à des besoins
structurels incompressibles (administration, santé, éducation, agriculture, IAA, agriculture etc…), ou
ceux qui, dans le contexte actuel, bénéficient d’effets particuliers (baisse des cours du pétrole pour la
pétrochimie, ou la pharmacie). C’est près de la moitié de l’économie qui joue ce rôle socle et garantit
une certaine résilience et stabilité à moyen terme.
Poids en % du PIB des secteurs pro-cycliques
Secteurs non cycliques, stabilisant à court terme 39,3
Administration publique et défense - sécurité sociale obligatoire 7,9
Enseignement 5,4
Activités pour la santé humaine 5,9
Hébergement médico-social et social et action sociale sans
3,3
hébergement
Immobilier 12,9
Finance / assurance 3,8
Secteurs privés en dynamique autonome 6,7
Agriculture 1,7
IAA 2,1
Pharmacie 0,6
Chimie 1,0
Télécoms 1,2
Source : INSEE
Les accidents boursiers récents, en réponse à la crise du Coronavirus, à la date du 10 mars,
confirment la forte dispersion d’exposition des secteurs, même si toutes les valeurs sont emportées
dans le mouvement général de baisse.
Discrimination sectorielle des risques par la bourse
S&P 500, baisse depuis le point haut de CAC 40, baisse depuis le point haut de février
février au 10 mars 2020 au 10 mars 2020
S&P 500 Energy -39%
S&P 500 Financials -27% Pétrole, gaz -33%
S&P 500 Industrials -23%
Services financiers -30%
S&P 500 Materials -21%
Matériaux de base -24%
S&P 500 Information Technology -20%
S&P 500 -19% Tech -21%
S&P 500 Consumer Discretionary -19% Biens de consommation -18%
S&P 500 Communication Services -18% Santé -16%
S&P 500 Health Care -12% Services collectivités -16%
S&P 500 Utilities -11%
Télécoms -15%
S&P 500 Consumer Staples -9%
Sources : Boursorama, S&P 500
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
144 PREMIER SCÉNARIO MÉDIAN
La situation du Coronavirus crée une situation d’incertitude radicale. Il serait très prématuré
de prétendre faire une prévision à ce stade de la crise. Nous proposons dès lors un scénario
médian de croissance (-1,6 % en 2020, +1,3% en 2021), sur lequel les risques d’erreur sont
extrêmes. Ce scénario suppose un dévissage cumulé de l’activité de 2,7% aux deuxième et
troisième trimestres. En dépit de l’incertitude qui entoure ce chiffrage, il nous paraît prudent
d’intégrer a minima, ce contexte macro-économique dégradé, comme base de l’évaluation
de la dynamique des marchés, et des risques induits sur l’activité des entreprises dans les
trimestres à venir. Il ne faut considérer ce scénario, ni comme un majorant, ni comme un
minorant. Il sera sujet à de multiples révisons au fil de l’eau, au fur et à mesure que
l’information se précisera.
Les premiers chiffres disponibles dans le cas chinois montrent que les comportements et les
anticipations peuvent sortir de leurs couloirs de variation habituels, sans équivalent au
regard de la chronique passée. Pour en prendre la mesure, il suffit de considérer les chiffres
récents concernant les PMI dans l’industrie, ou les chiffres d’immatriculations sur le marché
chinois.
PMI chinois
65
60
55
50
45
40
35
30
25
20
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
PMI - Manufacturing PMI - Non manufacturing
Source : National Bureau of Statistics of China
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
15Immatriculations de véhicules aux particuliers, glissement annuel
40%
20%
0%
-20%
-40%
-60%
-80%
-100%
2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021
Source : China Association of Automobile Manufacturers
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
16Compte emploi-ressource : premier scénario médian
03 06 09 12 03 06 09 12
France 2018 2018 2019 2020 2021 03 19 06 19 09 19 12 19
20 20 20 20 21 21 21 21
PIB 100% 1,7 1,3 -1,6 1,3 0,3 0,4 0,3 -0,1 0,0 -1,6 -1,1 -0,1 0,8 1,1 1,0 0,8
Consommation 54% 0,9 1,2 -0,6 1,8 0,4 0,2 0,4 0,3 -0,2 -1,0 -0,4 0,2 0,6 1,2 1,0 0,5
Cons. Publique 24% 0,8 1,3 2,0 2,0 0,2 0,4 0,5 0,5 0,4 0,5 0,6 0,6 0,5 0,5 0,3 0,3
Investissement 23% 2,8 3,6 -3,1 1,8 0,5 1,4 1,3 0,2 -0,2 -3,3 -3,1 -0,1 1,1 2,1 2,2 2,0
Construction 12% 2,1 3,2 -1,3 0,1 0,4 1,7 0,9 0,2 -0,2 -1,5 -2,0 -0,2 0,0 0,5 1,5 2,0
Équipement 5% 2,1 3,6 -8,5 5,6 1,4 0,9 1,2 -0,4 -0,2 -8,0 -6,0 0,0 4,0 6,0 4,0 2,0
Stocks * 1% -0,3 -0,4 -0,5 0,6 0,3 -0,2 -0,1 -0,5 0,2 -0,6 0,4 0,4 0,4 0,0 0,0 0,0
Exportations 32% 3,5 1,9 -7,4 2,2 0,3 -0,2 -0,3 0,0 0,1 -6,0 -5,0 -2,0 3,0 4,0 3,0 2,0
Importations 33% 1,2 2,2 -5,6 5,9 1,3 -0,2 0,4 -0,4 0,4 -6,3 -2,6 0,2 3,7 4,1 3,0 1,9
Commerce extérieur * -1% 0,7 -0,1 -0,5 -1,2 -0,3 0,0 -0,3 0,1 -0,1 0,2 -0,7 -0,7 -0,3 -0,1 -0,1 0,0
Balance courante ** -15 -19 -25 -40 -5 -6 -6 -1,9 -5 -5 -7 -8 -10 -10 -10 -10
Bal. courante (%PIB) -0,6 -0,8 -1,1 -1,6
Emploi 1,2 1,0 -0,1 -0,2 0,3 0,3 0,2 0,2 0,0 -0,2 -0,3 -0,3 -0,1 0,1 0,2 0,2
10, 10, 10,
Taux de chômage 9,0 8,5 9,0 10,0 8,6 8,5 8,5 8,2 8,4 8,8 9,2 9,7 9,9
0 0 0
Salaires *** 1,5 1,7 1,6 1,3 0,5 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3
Inflation 1,8 1,1 0,5 1,1 0,1 0,4 0,3 0,2 0,2 -0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 0,5 0,5
Solde sect. public ** -59 -77 -119 -78
Solde sect. public (% PIB) -2,5 -3,2 -5,0 -3,2
Dette publique (% PIB) 98 101 107 108
PIB nominal ** 2 354 2 420 2 389 2 443
Variation d'une période sur l'autre, sauf indication contraire : * contribution à la croissance du PIB ** mds d'euros *** salaire horaire
Sources : INSEE, calculs et projection Xerfi
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
17Annexe 1 : étude de la vulnérabilité des secteurs de l’économie française via les canaux
de la demande et des approvisionnements.
Les données mobilisées pour cette analyse sont celles des Tables Entrées-Sorties de l’OCDE.
La vulnérabilité est considérée vis-à-vis d’un choc négatif de demande et d’offre dans les pays les
plus touchés par la crise sanitaire du Covid-19 : Chine, Corée du Sud, Asie orientale par extension,
et enfin Italie.
La chute de la croissance dans ces pays (-0,3% / -0,7% pour le PIB Italien en 2020 selon SP ou
Moody’s ; croissance officielle chinoise au-dessous de la barre de 5% cette année, selon l’OCDE)
affectera les secteurs de l’économie française via deux canaux :
1) le canal de la demande finale (car ces pays sont importateurs de marchandises produites
en France ou consommateurs de ses services - pensons notamment au tourisme) ;
2) le canal de l’offre (ou des approvisionnements), via la perturbation des chaînes de valeur
mondiales (car les secteurs français utilisent des inputs – biens intermédiaires, biens
d’équipement – qui proviennent de ces pays et donc la paralyse de la production
manufacturière chinoise et italienne affectera la production de biens et services en
France.
Une manière d’évaluer ces deux impacts est de mesurer sectoriellement :
- la part de la valeur ajoutée produite en France consommée dans les pays touchés ;
- la part de la valeur ajoutée produite dans les pays touchés dans la demande finale des
secteurs français.
1) Impact via la demande de la crise : valeur ajoutée française consommée dans les pays
les plus touchés par le covid-19
Une part considérable (78%) de la valeur ajoutée produite en France par l’ensemble des
secteurs est consommée en France. Seul 1,5% de la valeur ajoutée française est consommée en
Chine (1,3% en Italie). Si on considère une zone large des économies touchées (Asie orientale +
Italie), cette zone a un poids d’un peu moins de 4% dans la demande finale de valeur ajoutée
française, tout secteur confondu. Cette part varie selon les macro-secteurs, avec un pic de près de
10% dans l’industrie manufacturière (cf. table 1a ci-après)
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
18Tab.1a : part destinée aux pays/zones les plus touchés par le Covid-19, dans la VA sectorielle
créée en France
VA vers VA vers Asie
VA vers
VA vers Italie Chine + Orientale +
Chine
Corée + Italie Italie
TOTAL 1,5% 1,3% 3,0% 3,7%
D01T03: Agriculture, sylviculture et pêche 2,9% 3,2% 6,3% 7,1%
D05T09: Industries extractives 2,6% 2,6% 5,6% 6,8%
D10T33: Industries manufacturières 4,4% 3,0% 8,1% 9,8%
D35T39: Electricité, gaz, eau et traitement
1,4% 1,9% 3,6% 4,2%
des déchets
D41T43: Construction 0,1% 0,1% 0,3% 0,3%
D45T56: Commerce, transports,
2,3% 1,8% 4,4% 5,5%
hébergement et restauration
D58T63: Information et communication 0,8% 0,9% 1,8% 2,3%
D64T66: Activités financières
1,3% 1,6% 3,1% 3,9%
et d'assurance
D68: Activités immobilières 0,4% 0,4% 0,9% 1,1%
D69T82: Autres activités du secteur
1,6% 1,5% 3,6% 4,5%
des entreprises
D84T98: Administration publique,
enseignement et santé ; services sociaux 0,4% 0,3% 0,7% 0,9%
et personnels
Traitement Xerfi / Source : OCDE
Une segmentation sectorielle plus fine (tableau 1b ci-après) permet de voir que le secteur le plus
affecté par une baisse de la demande issue d’Asie orientale et Italie serait celui du matériel de
transports hors automobile (et notamment l’industrie aérospatiale), pour lequel la part de VA
consommée dans la zone Asie orientale + Italie dépasse 18%. D’autres secteurs de l’industrie
(dans l’ordre : la métallurgie, les machines et équipements, la chimie/pharmacie) seraient très
impactés par un recul de la demande de la zone touchée par le covid-19.
Dans les services, la part de la valeur ajoutée française consommée en Chine, Corée, Italie est
moins importante, mais reste considérable dans certains secteurs, comme les services aux
industries extractives (12%), le commerce de gros et de détail et le transport/logistique (6%).
Dans l’hébergement-restauration la part de la VA consommée par des ressortissants des pays
touchés n’est que de 2,5% de la VA totale produite en France.
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
19Tab.1b : part destinée aux pays/zones les plus touchés par le Covid-19, dans la VA sectorielle
créée en France
VA vers VA vers Asie
VA vers
VA vers Italie Chine + Orientale +
Chine
Corée + Italie Italie
TOTAL 1,5% 1,3% 3,0% 3,7%
D01T03: Agriculture, sylviculture et pêche 2,9% 3,2% 6,3% 7,1%
D05T06: Extraction de matériaux énergétiques 2,0% 1,4% 3,8% 6,0%
D07T08: Extraction de matériaux non énergétiques 2,6% 2,7% 5,7% 6,7%
D09: Services de soutien aux industries extractives 4,3% 4,3% 9,3% 11,9%
D10T12: Produits alimentaires, boissons et tabac 1,9% 1,9% 4,0% 5,2%
D13T15: Textiles, articles d'habillement, cuir
3,3% 6,2% 10,4% 13,3%
et articles connexes
D16: Production de bois, fabrication d'articles
2,8% 2,4% 5,4% 6,1%
en bois et en liège
D17T18: Industrie du papier, du carton
2,1% 2,9% 5,4% 6,2%
et imprimerie
D19: Cokéfaction et raffinage 1,4% 1,6% 3,2% 3,9%
D20T21: Produits chimiques et pharmaceutiques 5,7% 4,5% 11,1% 14,3%
D22: Produits en caoutchouc et matières plastiques 3,4% 3,7% 7,7% 8,9%
D23: Autres produits minéraux non métalliques 1,9% 1,7% 4,0% 4,7%
D24: Métallurgie 6,7% 6,7% 14,6% 16,3%
D25: Fabrication d'ouvrages en métaux 2,9% 2,1% 5,6% 6,5%
D26: Produits informatiques, appareils
7,2% 5,3% 13,6% 15,6%
électroniques et optiques
D27: Équipements électriques 6,0% 4,5% 11,3% 12,9%
D28: Machines et matériel d'équipement, nca 7,8% 4,0% 13,2% 15,2%
D29: Véhicules automobiles, remorques
2,5% 4,6% 7,5% 8,3%
et semi-remorques
D30: Autres matériels de transport 13,1% 0,9% 15,8% 18,3%
D31T33: Autres activités de fabrication; réparation
1,5% 1,6% 3,4% 5,1%
et installation de machines et équipement
D35T39: Electricité, gaz, eau et traitement des déchets 1,4% 1,9% 3,6% 4,2%
D41T43: Construction 0,1% 0,1% 0,3% 0,3%
D45T47: Commerce de gros et de détail; réparation
2,4% 2,2% 5,0% 6,2%
de véhicules
D49T53: Transports et entreposage 2,6% 1,4% 4,4% 5,7%
D55T56: Hébergement et restauration 1,0% 1,1% 2,2% 2,6%
D58T60: Edition, audiovisuel et diffusion 0,8% 0,5% 1,4% 1,7%
D61: Télécommunications 0,9% 1,4% 2,4% 2,9%
D62T63: Activités informatiques et services
0,7% 0,8% 1,7% 2,3%
d'information
D64T66: Activités financières et d'assurance 1,3% 1,6% 3,1% 3,9%
D68: Activités immobilières 0,4% 0,4% 0,9% 1,1%
D69T82: Autres activités du secteur des entreprises 1,6% 1,5% 3,6% 4,5%
D84T88: Administration publique, défense ;
0,4% 0,3% 0,7% 0,9%
enseignement et santé
D90T96: Arts, spectacles, récréation et autres
0,3% 0,3% 0,7% 0,8%
activités de services
D97T98: Activités des ménages privés employant
0,0% 0,0% 0,0% 0,0%
du personnel domestique
Traitement Xerfi / Source : OCDE
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
202) Impact de la crise via les approvisionnements (la supply chain) : part de la valeur
ajoutée produite dans les pays touchés dans la demande finale des secteurs français
La crise du covid-19, en bloquant des pans entiers de l’économie en Chine, en Corée du Sud (par
extension Asie orientale) et en Italie5 affectera aussi le côté-offre de l’économie française, via la
disruption des chaînes d’approvisionnement des secteurs. Cet impact de la crise s’ajoutera à celui
via la demande des pays touchés.
Les tableaux 2a (macro-sectoriel) et 2b (sectoriel) ci-dessous montrent la part de la VA chinoise,
coréenne, italienne dans la demande finale des secteurs français. Plus cette part est élevée, plus
l’activité du secteur risque d’être perturbée par des ruptures de la chaîne logistique, par une
pénurie et/ou des renchérissements des inputs provenant des pays touchés par le covid-19.
Les industries manufacturières sont plus exposées que les services ou la construction à cet impact
côté offre, car la VA importée des zones touchées représente 13,5% de la demande finale de
l’industrie française. Le détail sectoriel (tableau 2b) montre que cette part monte à plus de 30%
dans le textile/habillement, les équipements électroniques et électriques, alors qu’elle est
comprise entre 25% et 30% dans la métallurgie et les équipements mécaniques. Les secteurs de
l’aérospatial et de l’automobile sont en revanche un peu moins exposés à des risques de blocage
des inputs provenant des zones touchées par le covid-19.
Tab.2a : part de la VA créée dans les pays/zones les plus touchés par le Covid-19 dans la
demande des secteurs français
VA importée VA importée
VA importée VA importée de Chine + d' Asie
de Chine d'Italie Corée + Orientale +
Italie Italie
TOTAL 1,8% 1,4% 3,4% 4,1%
D01T03: Agriculture, sylviculture et pêche 0,9% 1,4% 2,4% 2,8%
D05T09: Industries extractives 1,0% 2,5% 3,7% 4,7%
D10T33: Industries manufacturières 6,9% 3,8% 11,5% 13,5%
D35T39: Électricité, gaz, eau et traitement
0,9% 0,8% 1,8% 2,1%
des déchets
D41T43: Construction 1,6% 1,4% 3,2% 3,7%
D45T56: Commerce, transports, hébergement
1,3% 1,9% 3,4% 4,1%
et restauration
D58T63: Information et communication 0,9% 1,0% 1,9% 2,5%
D64T66: Activités financières et d'assurance 0,4% 0,6% 1,0% 1,5%
D68: Activités immobilières 0,2% 0,2% 0,4% 0,6%
D69T82: Autres activités du secteur des entreprises 0,6% 0,7% 1,4% 2,0%
D84T98: Administration publique, enseignement
0,4% 0,4% 0,9% 1,1%
et santé ; services sociaux et personnels
Traitement Xerfi / Source : OCDE
5
Un point sur l’Italie : tout le pays est en zone rouge (interdiction de mouvement entre les villes sauf pour raison de travail) depuis le 9
mars et la fermeture probable de tous les commerces sauf alimentaire et pharmacies en Lombardie. Cette dernière région représente
plus de 20% du PIB transalpin. Lorsqu’on y ajoute les trois autres régions les plus touchées par la crise sanitaire et donc les blocages
d’activité (Vénétie, Emilie-Romagne, Piémont) on a l’ensemble du Nord industriel du pays et on approche 50% du PIB du pays
Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises
21Tab.2b : part de la VA créée dans les pays/zones les plus touchés par le Covid-19
dans la demande des secteurs français
VA VA
VA VA importée importée
importée importée de Chine + d' Asie
de Chine d'Italie Corée + Orientale +
Italie Italie
TOTAL 1,8% 1,4% 3,4% 4,1%
D01T03: Agriculture, sylviculture et pêche 0,9% 1,4% 2,4% 2,8%
D05T06: Extraction de matériaux énergétiques 0,5% 2,2% 2,9% 3,2%
D07T08: Extraction de matériaux non énergétiques 1,4% 1,5% 3,1% 3,6%
D09: Services de soutien aux industries extractives 1,4% 3,3% 4,9% 7,1%
D10T12: Produits alimentaires, boissons et tabac 1,2% 2,1% 3,4% 3,8%
D13T15: Textiles, articles d'habillement, cuir
27,0% 7,7% 35,6% 36,8%
et articles connexes
D16: Production de bois, fabrication d'articles en bois
7,3% 5,6% 13,1% 13,9%
et en liège
D17T18: Industrie du papier, du carton et imprimerie 2,1% 4,0% 6,2% 6,9%
D19: Cokéfaction et raffinage 0,9% 1,0% 2,2% 2,6%
D20T21: Produits chimiques et pharmaceutiques 3,0% 3,0% 6,4% 8,1%
D22: Produits en caoutchouc et matières plastiques 6,2% 5,9% 12,7% 14,4%
D23: Autres produits minéraux non métalliques 5,6% 5,3% 11,2% 12,3%
D24: Métallurgie 17,2% 6,7% 25,0% 27,2%
D25: Fabrication d'ouvrages en métaux 4,8% 5,0% 10,1% 11,2%
D26: Produits informatiques, appareils électroniques
24,1% 2,8% 29,9% 36,2%
et optiques
D27: Équipements électriques 21,4% 5,6% 28,7% 32,2%
D28: Machines et matériel d'équipement, nca 10,2% 9,9% 20,9% 25,0%
D29: Véhicules automobiles, remorques
3,3% 5,2% 9,7% 13,1%
et semi-remorques
D30: Autres matériels de transport 5,5% 2,7% 10,3% 12,8%
D31T33: Autres activités de fabrication; réparation
7,2% 3,3% 10,9% 12,2%
et installation de machines et équipement
D35T39: Electricité, gaz, eau et traitement des déchets 0,9% 0,8% 1,8% 2,1%
D41T43: Construction 1,6% 1,4% 3,2% 3,7%
D45T47: Commerce de gros et de détail; réparation
1,4% 2,0% 3,5% 4,2%
de véhicules
D49T53: Transports et entreposage 1,7% 1,6% 3,6% 4,6%
D55T56: Hébergement et restauration 0,5% 2,0% 2,6% 3,0%
D58T60: Edition, audiovisuel et diffusion 0,9% 0,8% 1,8% 2,3%
D61: Télécommunications 1,2% 1,3% 2,7% 3,3%
D62T63: Activités informatiques et services
0,7% 0,9% 1,7% 2,2%
d'information
D64T66: Activités financières et d'assurance 0,4% 0,6% 1,0% 1,5%
D68: Activités immobilières 0,2% 0,2% 0,4% 0,6%
D69T82: Autres activités du secteur des entreprises 0,6% 0,7% 1,4% 2,0%
D84T88: Administration publique, défense ;
0,4% 0,4% 0,8% 1,0%
enseignement et santé
D90T96: Arts, spectacles, récréation et autres activités
0,7% 0,7% 1,4% 1,7%
de services
Traitement Xerfi / Source : OCDE
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