Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu'aux entreprises - Xerfi
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Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises Le dévissage de l’économie réelle Note du 12 mars 2020 Olivier Passet Alberto Balboni Directeur de la publication Laurent Faibis, Président de Xerfi Site www.xerfi.com e-mail etudes@xerfi.fr Adresse 13-15 rue de Calais 75009 Paris Téléphone 01 53 21 81 51 Fax 01 42 81 42 14
À RETENIR 1 La pandémie du coronavirus crée un choc d’ampleur inédite. Nous sommes passés d’un choc localisé, menaçant quelques chaînes d’approvisionnement, partant de la Chine, à un choc généralisé (symétrique) qui altère la dynamique de demande et de production de tous les pays de façon simultanée. Ce type de choc synchrone a une portée en termes d’effets multiplicateurs beaucoup plus puissante qu’un choc localisé. L’impact ne se compte plus en quelques dixièmes de points de croissance, mais bien en points de croissance, comme en 2008. 2 Face à un choc concentré dans le temps, et supposé transitoire à ce stade, les entreprises ne devraient pas procéder à un ajustement massif de leurs capacités. En conséquence, ce sont les résultats d’exploitation et les trésoreries qui devraient absorber l’essentiel de la secousse à court terme. Les risques de redressements judiciaires et de dépôts de bilan sont particulièrement importants, parmi les PME de service notamment, en dépit des mesures de soutien public (ajournement, voire annulation de la dette fiscale et sociale, aides ciblées, etc.). 3 L’arrière-plan d’instabilité financière et la trace longue que pourrait laisser le dévissage de l’activité sur la qualité des bilans des entreprises, de l’État et des banques, éloignent la perspective d’une récupération rapide en forme de V. Tout dépendra de la durée de l’épidémie et des mesures de confinement. Plus l’épisode se prolonge, altérant les bilans privés, publics et bancaires, et plus la perspective d’un effacement rapide de la crise s’éloigne. 4 Le choc d’activité sera massif et d’ampleur inédite dans certains secteurs de services qui ne sont pas usuellement les plus instables. Les secteurs des transports, du tourisme, de l’hôtellerie & restauration, les industries récréatives, culturelles et de l’événementiel sont en première ligne. À cela s’ajoutent les industries exposées au dévissage du commerce mondial. On peut estimer que 10 à 15 % de l’économie pourraient se retrouver en situation sinistrée, avec des effets d’entraînement puissants sur un tiers de l’économie. 5 La situation du Coronavirus crée une situation d’incertitude radicale. Il serait très prématuré de prétendre faire une prévision à ce stade. Nous proposons un scénario médian de croissance (-1,6 % en 2020, +1,3% en 2021) sur lequel les risques d’erreur sont extrêmes. Néanmoins, il nous paraît prudent d’intégrer a minima, ce contexte macro-économique dégradé, comme base de projection de la dynamique des marchés et d’évaluation des risques d’exploitation dans les trimestres à venir. Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 2
En l’espace de quelques jours, la crise du COVID19 a pris une nouvelle dimension et profondément changé de nature et de portée au plan économique. Elle pouvait apparaître dans les premiers temps de la propagation du virus comme un choc asymétrique1, dont l’épicentre était en Asie (Chine, Corée), avec l’Italie comme foyer secondaire. Les premières évaluations parcellaires de l’impact économique de ce choc se sont jusqu’ici centrées sur deux canaux de transmission principaux : – les ruptures d’approvisionnement en amont des chaînes de production pour les entreprises occidentales dépendant fortement et sans possibilité de substitution de la sous-traitance chinoise ou italienne ; – les retombées sur le commerce international de la brusque embolie de la croissance en Chine, qui représente 11% du commerce mondial. Ces premières évaluations intègrent également l’effet amortisseur des mesures de soutien monétaire et budgétaire proactives des économies avancées et de l’effet favorable pour la demande intérieure et les marges des entreprises de la chute des prix du pétrole et des produits de base. C’est la raison pour laquelle, les premières estimations de l’impact négatif du coronavirus sur l’activité ne dépassent pas quelques dixièmes de points de croissance, avec un second trimestre négatif et une forte probabilité de rattrapage en V au second semestre. Tout cela est déjà caduc. Et les entreprises doivent se préparer maintenant à un choc de premier ordre, qui peut mettre en péril leur trésorerie et leur survie, pour certaines. 1 AMPLEUR ET NATURE DU CHOC Le monde développé est confronté à une pandémie2. En dépit du déni de certains dirigeants, les différents pays seront inexorablement amenés à adopter, dans un horizon très court, des mesures de plus en plus pénalisantes pour la demande et la mise en œuvre de la production. Regardons pour le comprendre les courbes de propagation de la maladie. On peut certes douter de leur exactitude. Elles dépendent de la date de pénétration du virus dans les différentes régions du monde, de la transparence des autorités, de la disponibilité de tests fiables, des pratiques différenciées de dépistage selon les systèmes de santé, du délai de détection de la maladie, qui varient d’un pays à l’autre. Mais les informations compilées de la façon la plus exhaustive possible par la Johns Hopkins University délivrent déjà quelques informations décisives pour la suite : – Nous ne sommes qu’au tout début de la pandémie. Cette dernière aura une ampleur bien plus importante dans le reste du monde développé qu’en Chine. En Europe comme aux États-Unis, les courbes de cas contaminés n’ont pris leur trajectoire exponentielle caractéristique d’une épidémie que depuis quelques jours. Compte tenu du décalage avec la 1 Choc de portée très inégale selon les pays, ayant des effets directs et puissants sur certaines économies et indirects et plus diffus sur les économies périphériques. 2 L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré, mercredi 11 mars, que l’épidémie due au coronavirus était désormais considérée comme une pandémie. « L’OMS n’a cessé de surveiller cette épidémie, et nous sommes très inquiets des niveaux de diffusion et de dangerosité, ainsi que des niveaux alarmants de l’inaction » de la communauté internationale. Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 3
Chine, il paraît inexorable que le nombre de personnes contaminées dans le reste du monde excède vers la mi-mars le nombre de malades dénombrés en Chine et le surplombe très fortement par la suite. Progression de la pandémie à travers le monde Unité : nombre de personnes contaminées (cumul) 90 000 14 000 80 000 12 000 70 000 10 000 60 000 50 000 8 000 40 000 6 000 30 000 4 000 20 000 10 000 2 000 0 0 Chine RDM Corée Italie 2 500 25 000 2 000 20 000 1 500 15 000 1 000 10 000 500 5 000 0 0 France Allemagne Espagne Japon Etats-Unis Europe Source : Johns Hopkins University – Les chiffres varient beaucoup en niveau d’un pays à l’autre. Ils délivrent à ce stade de faux messages concernant les pays qui auraient su se protéger de la propagation du virus, d’un côté, et ceux qui n’auraient pas su agir préventivement, de l’autre. Ces écarts ne traduisent en fait que des décalages de quelques jours dans la propagation. Le recalage des courbes, à partir du moment où le seuil des 100 patients est atteint par un pays (graphique ci-dessus), montre que les pays développés sont peu ou prou logés à la même enseigne. La France, l’Allemagne, et plus encore l’Espagne, suivent d’assez près la trajectoire italienne avec une semaine à 10 jours de décalage environ. La propagation journalière du virus se fait dans un premier temps à un rythme de hausse journalier de l’ordre de 33%, avant que les mesures de prévention agissent marginalement sur la vitesse de propagation. Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 4
– Seuls quelques pays / régions font exception : la Chine, Hong Kong, Singapour, le Japon. Ce sont tous des pays à forte discipline collective et qui ont pris des mesures draconiennes pour stopper la diffusion du virus. Le cas du Japon reste néanmoins discuté, du fait de la faible disponibilité et occurrence des tests de dépistage dans ce pays. Nombre cumulé de cas, par nombre de jours, à partir du moment où le 100ème cas est dépassé Unité : nombre de personnes contaminées (cumul), échelle logarithmique 11,0 33 % 10,0 9,0 8,0 7,0 6,0 5,0 4,0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 Corée Italie France Allemagne Espagne Japon Etats-Unis Suisse Hong Kong Singapour Suède Norvège Tendance Source : Johns Hopkins University Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 5
– Dans la plupart des pays, à l’exception des pays d’Asie cités ci-dessus, qui ont pris des mesures extrêmement rigoureuses, le nombre de malades progresse avec des taux de croissance à deux chiffres. – Et surtout, fait décisif, les États-Unis, première économie mondiale, sont pris inexorablement dans ce mouvement exponentiel, avec une pente de progression plutôt supérieure à celle observée en Europe, même si ce pays n’a pas pris encore la mesure de l’ampleur du phénomène faute de tests fiables, d’un décompte et d’une mobilisation précoce des autorités de santé. Le choc risque de la sorte d’être considérable aux États-Unis, où la diffusion du virus est suspectée d’être déjà très sous-estimée. A ce stade, personne dans la communauté scientifique ne se risque à estimer l’ampleur et la date à laquelle un pic sera atteint. En revanche, l’analyse fine des données disponibles pour la Chine, montre que les mesures de confinement et de restriction de la mobilité ont bien un effet tangible sur la dynamique de propagation du virus, la date d’atteinte du pic de contamination et son ampleur. Seuls deux pays ont réussi à ce jour à endiguer la progression de la maladie : – La Chine (Hong Kong y compris), grâce à des mesures drastiques de confinement, de quarantaine et de limitation de la mobilité, d’arrêt des sites de production. – La Corée, grâce à une politique de dépistage, d’information, de traçage des déplacements qui n’a pas d’équivalent ailleurs. Et même en Italie, où les mesures coercitives de confinement et de restriction de la mobilité et de regroupement sont les plus fortes, la dynamique commence à s’infléchir légèrement. Les États-Unis ou l’Espagne, qui ont tardé à réagir et à sensibiliser leurs populations, sont aujourd’hui sur des pentes de croissance très supérieures à celles des autres pays. Il va falloir compter dans les prochains jours avec l’emballement des statistiques américaines, lesquelles entraînent un fort risque sur de nouveaux coups de semonce sur les bourses occidentales. Croissance journalière du nombre de cas, du 6 au 11 mars 2020 60,0% 55,5% 50,0% 41,6% 40,0% 28,4% 30,0% 21,9% 23,3% 20,0% 8,8% 10,0% 3,3% 0,1% 0,0% Chine Corée Japon Italie Allemagne France Espagne Etats-Unis Source : Johns Hopkins University Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 6
Cela signifie une chose simple. Tous les pays, à brève échéance vont adopter des mesures de limitation de la mobilité et des regroupements extrêmement contraignantes. Les pays, devraient cependant essayer de sanctuariser la production marchande3, contrairement à ce qu’ont fait les Chinois. Ce qui signifie aussi, que le freinage de l’épidémie n’aura pas la même efficacité en occident qu’en Asie et que le pic viral devrait y être beaucoup plus élevé et retardé dans le temps. Cette généralisation très probable des mesures visant à éradiquer la contagion change en profondeur la nature du choc que subissent les économies développées : – Nous sommes passés d’un choc asymétrique à un choc symétrique qui altère la dynamique de demande et de production de tous les pays de façon simultanée. Ce type de choc synchrone a une portée en termes d’effets multiplicateurs beaucoup plus puissante qu’un choc localisé. – Nous ne sommes plus sur un risque de décrochage de l’activité de quelques dixièmes de points de croissance, mais bien sûr un risque qui pourrait atteindre plusieurs points de croissance au cours de 6 prochains mois. – La question des ruptures techniques de certaines chaînes de production demeure, mais elle est devenue de deuxième ordre. Nous sommes confrontés à un choc d’offre et de demande brutal, avec des risques d’amplification systémique, qui transite par de multiples canaux. MÉCANISMES DE TRANSMISSION AUX ENTREPRISES 2 DU CHOC CORONAVIRUS Côté offre, la soudaineté de la chute d’activité, dans un contexte de conservation de l’emploi et des capacités, tant que le choc est vécu comme transitoire, fragilise les entreprises à travers plusieurs canaux : 1- La dégradation brutale des marges et de la trésorerie des entreprises. Ce sont celles de taille petite et moyenne qui seront les plus directement impactées. La capacité à absorber ce choc dépendra de la facilité d’accès aux lignes de crédit (trésorerie, affacturage etc.) et donc du degré de sélectivité des banques à l’égard des entreprises les plus exposées. Les mesures d’ajournement, voire d’effacement de la dette fiscale et sociale par l’État sont décisives pour atténuer le choc, mais elles ne sont pas nécessairement suffisantes au regard des conséquences d’un arrêt total de la production dans certains secteurs spécifiques et déjà fragilisées par la séquence des attentats, puis des mouvements sociaux. 2- A ce premier effet s’ajoute le coup de frein brutal d’activité de quelques secteurs massivement impactés par les restrictions réglementaires visant à restreindre la mobilité et le regroupement des personnes dans un lieu fermé : les transports, le tourisme, l’hôtellerie restauration, et toutes les industries culturelles, événementielles ou « récréatives ». 3 Avec une grosse incertitude pour le commerce spécialisé, comme le montre la décision italienne du 11 mars, de fermeture des commerces dans la péninsule, sauf ceux des secteurs de la distribution alimentaire et de la santé Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 7
3- Ce choc d’offre sera encore aggravé par les phénomènes perlés de pénurie de main-d’œuvre liée aux mesures de confinement et de quarantaine de la force de travail, qui peuvent désorganiser le processus de production là où le télétravail n’est pas praticable. 4- La menace de blocage ou de dérèglement de certaines chaînes d’approvisionnement doit également être considérée, même si elle apparaît de deuxième ordre aujourd’hui. Le choc ne peut plus être seulement considéré, on l’a dit, comme créant des ruptures d’approvisionnement localisées ou des baisses de débouchés localisés (Chine, Corée, Italie). Pour l’heure les mesures d’arrêt des sites de production ne concernent que la Chine. Mais même si la production reprend très graduellement en Chine, les provinces et villes qui ont été concernées par la prolongation des congés ou les mesures de confinement, pèsent pour plus de la moitié du PIB. C’est considérable : textile, informatique, électronique, automobile, pharmacie, chimie, la liste des secteurs très dépendants de l’empire du Milieu est longue. La Chine, c’est 60 % de la production mondiale des batteries lithium qui équipent les véhicules électriques. C’est plus de 80 % des terres rares qui sont incorporées dans les smartphones, les éoliennes, les appareils d'IRM, les batteries électriques, 80% des principes actifs qui composent nos médicaments. Si l’on ajoute maintenant l’extension possible de ce type de mesures à d’autres pays et les mesures de restriction du fret maritime, l’industrie mondiale est confrontée, dans le pire des scénarios, à un risque de désorganisation réel, qui pourrait s’accompagner dans un second temps d’un renchérissement de nombreux composants. 5- Enfin, même si la Chine représente un quart à un cinquième de la valeur incorporée dans les biens d’équipement électronique et électrique des entreprises hexagonales, ces dernières ne devraient pas rencontrer de problèmes véritablement pénalisants en termes de renouvellement de leur matériel. Même si les délais de livraison s’allongent, la durée d’utilisation des matériels anciens, et les circuits de substitution devraient servir de variable d’ajustement. Côté demande, la simultanéité des comportements de précaution des agents privés des pays avancés et émergents, constitue un facteur amplificateur, comme nous l’avons signalé plus haut, avec des retombées très fortes (effets multiplicateurs puissants) sur le commerce international. Dans un contexte d’endettement important du secteur des entreprises, ce coup de frein brutal peut se doubler à terme d’une fragilisation des bilans bancaires et des fonds d’investissement qui pourraient créer un effet de persistance. Les sources de ralentissement transitent par plusieurs canaux : 1- La perspective d’une dégradation brutale du compte d’exploitation des entreprises devrait se doubler de comportements de gel des dépenses d’investissement et d’embauches, par des mesures de chômage partiel et par l’ajournement de certaines dépenses de fonctionnement. Ces inflexions, sans doute brutales, diffuseront les problèmes de débouchés à l’ensemble des secteurs. 2- Il faut ensuite tenir compte de la rapidité des destructions d’emplois dans les secteurs de services les plus exposés aux mesures de restriction de la mobilité et du regroupement des personnes (hôtellerie restauration, tourisme, secteurs récréatifs etc.). Ces derniers concentrent une part importante de l’emploi précaire ou intermittent, dont les délais d’ajustement sont très courts. Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 8
3- Dans un premier temps, l’inertie des salaires, dans un contexte de ralentissement des prix importés, constitue un facteur stabilisant de la demande des ménages. Mais le contexte de dévissage des bourses et de précarisation de l’emploi va induire inexorablement des comportements de précaution : ajournement des gros achats (biens durables, notamment automobiles, biens d’équipement) et des dépenses superflues. L’accélération des achats de biens de première nécessité, par anticipation, ne viendra que très partiellement contrebalancer le premier effet. 4- Enfin, le ralentissement du commerce mondial va impacter puissamment les entreprises exportatrices ou groupes multi-localisés (industrie, grande distribution notamment). La dégradation des comptes consolidés monde des groupes nationaux et étrangers implantés en France (50% de l’emploi marchand résident) a un impact diffus sur l’économie domestique. Contrairement à 2008, ces groupes ne bénéficient pas d’un effet compensateur du côté des pays émergents. Un choc « multicanal » Très brutale dégradation des Le choc va peser principalement à marges et de la trésorerie, court terme sur le compte hausse des faillites d’exploitation des entreprises Effets directs dévastateurs sur le Fort impact direct sur l’emploi transport, le tourisme, précaire, CDD courts (secteurs à l’hôtellerie & restauration, les très forte réactivité de l’emploi) activités récréatives, le luxe. Restriction de l’offre de travail Effet géographiquement mouvant Effet choc d’offre liée aux mesures de confinement et très circonscrit encore, mais qui et de quarantaine va prendre de l’ampleur Rupture des chaînes Effet prix collatéral sur certains d’approvisionnement en amont4 composants + restriction du fret Hausse des prix du fret ( ?) Accès restreint à certains biens Effet peu prégnant à court terme d’équipement et non pertinent à long terme. 4 Entre 60% et 80% des principes actifs des produits pharmaceutiques sont produits en Chine et en Inde. De même, dans l’automobile, de nombreux composants, des batteries des véhicules électriques aux composants électroniques, sont fabriqués en Chine, dont les terres rares essentielles à la fabrication des composants électroniques et des aimants pour les éoliennes Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 9
Un choc « multicanal » (suite) Les secteurs les plus exposés aux Gel de l’investissement et des contraintes réglementaires, sont embauches, hausse du chômage des secteurs de services (ce qui est (partiel ou non) atypique), à ajustement rapide de l’emploi Effet diffus sur la confiance des ménages, ajournement des gros Effet choc de demande Hausse du taux d’épargne achats (automobile, équipement…) Ralentissement de la demande Effet puissant du multiplicateur du mondiale (circuit exportations) commerce international Effet diffus sur l’économie domestique de la dégradation des Impact sur la production des comptes consolidés des groupes Effet mixte filiales étrangères des groupes nationaux et étrangers implantés français en France (50% de l’emploi marchand résident). Un choc réel d’une telle ampleur interroge nécessairement sur la résilience du secteur financier. Le spectre d’un « Big One », hante les esprits depuis 2008. Une défaillance des institutions financières créerait des effets de second tour extrêmement aggravants. La chute des bourses, que l’on observe dès à présent, ne fragilise que les intermédiaires financiers qui portent ce risque directement, en compte propre. L’industrie du capital investissement est la plus exposée à court terme. Les banques, pour leur part ne sont que très indirectement exposées. Les fonds de gestion dont elles sont actionnaires ne gérant ce risque que pour le compte de clients. Elles sont en revanche plus directement impactées par l’inversion de la courbe des taux, qui consume leurs marges d’intérêt et par la montée des créances douteuses à leur actif, lié à la forte augmentation du risque de faillite des entreprises sur lesquelles elles sont exposées. Elles sont notamment particulièrement exposées sur le secteur de l’énergie, qui pourrait connaître d’importantes défaillances d’entreprises. Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 10
Risque d’amplification systémique Baisse des prix des matières Fragilisation du secteur de l’énergie, sur lesquels les acteurs premières financiers sont fortement exposés Impact sur le crédit, la consommation et l’investissement des effets richesse négatifs. Facteur de fragilisation de l’industrie Chute des prix d’actifs du luxe Fragilisation du Private equity Taux d’intérêt : détente et Cette inflexion a un impact différé et faible sur l’activité, et inversion de la pente des taux. fragilise les marges d’intérêt du secteur bancaire. Impact de second ordre pour l’instant. Arme de la Taux de change dépréciation utilisée par la FED au bénéfice du États-Unis et au détriment de l’Europe en cas de crise. Le secteur va bénéficier d’un effet volume positif à court Vulnérabilité du secteur bancaire terme (crédits de trésorerie, affacturage), mais la crise risque de dégrader ses ratios d’exposition au risque Face à la gravité de ce choc, aux risques de faillites en chaîne, à la dégradation induite de bilans bancaires, au temps de restauration des trésoreries et des comptes publics, aux changements durables de comportement de mobilité, le scénario en V reste encore possible, mais très fragilisé si les mesures de confinement s’étirent jusqu’à l’été et au-delà. Il pourrait être très puissant mais l’espérer avant le quatrième trimestre paraît prématuré. Et il est loin d’être certain, compte tenu de l’arrière-plan financier qui pourrait créer un effet de « longue traîne ». Un scénario en V n’est pas certain Effet de rebond possible Mais risque de crise à double détente, comme en 2008 après l’été Restauration de la Bourse Risque de surajustement à la Fragilité de la sphère financière hausse sur les prix des matières à surveiller Restockage premières et les produits de base, compte tenu de la Les banques peuvent bénéficier Rattrapage de la demande destruction des capacités d’un effet d’aubaine à court différée terme grâce à la hausse des Effort prolongé de opérations de crédits de Diminution du taux reconstitution de trésoreries, trésorerie et d’affacturage aux d’épargne qui freinera au-delà du pic entreprises (si la crise est limitée d’épidémie les embauches dans le temps) Contexte prolongé de et l’investissement faiblesse des taux d’intérêt Mais risque de restriction du et de l’inflation Efforts de consolidation crédit lié à la reconstitution des des finances publiques, sur ratios risque/fonds propres fond de forte dégradation des comptes de l’État Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 11
UNE AMPLEUR D’AJUSTEMENT TRÈS DIFFÉRENCIÉE 3 SELON LES SECTEURS La crise, à court terme, du fait de son ampleur, par effet de diffusion, va impacter négativement l’ensemble de la sphère marchande. Cet impact en termes de croissance, sera néanmoins extrêmement différencié d’un secteur à l’autre. Comparée à d’autres épisodes de récession lourde, sa configuration reste néanmoins très singulière. C’est sans doute la première fois que les services aux particuliers ou aux entreprises (tourisme, hôtellerie, restauration transport, secteurs récréatifs etc.) sont à l’épicentre du décrochage de l’activité. Ces services sont généralement plutôt stabilisants dans un contexte de récession industrielle lourde. Dans le cadre du Coronavirus, ils jouent au contraire un effet d’entraînement. Les pertes de ces secteurs ne sont par ailleurs pas ou peu récupérables, par décalage. Cette spécificité peut créer une variance inédite de l’activité. Une ampleur d’ajustement très différenciée selon les secteurs Tourisme, hôtellerie / restauration / événementiel, culture, divertissement, vie sociale Secteurs les plus Transport aérien directement impactés Transport maritime Transport ferroviaire Secteurs industriels Automobile, Chimie, biens d’équipement, luxe. L’aéronautique pourrait indirectement impactés être impactée à terme, par la crise du transport aérien, notamment si (perturbation des chaînes cette dernière entraîne des changements de comportement plus de valeur), baisse de la durables. Mais à court terme, les carnets de commande représentent demande mondiale plusieurs années de production et rendent ce secteur a-cyclique. Services spécialisés aux entreprises Secteurs suiveurs, dont Services administratifs et de soutien aux entreprises l’activité est corrélée à Utilities celle de l’industrie Commerce spécialisé La construction est généralement pro-cyclique. Mais l’effet refuge sur la Construction : dynamique qualité, et le contexte de taux zéro peut induire une dynamique incertaine atypique à court terme Secteurs soumis à des Commerce de détail généraliste alimentaire (repli sur la vente en ligne, effets contradictoires ou Drive-in, achat de stockage, moindre fréquentation des restaurants etc.) positifs Chimie, Pharmacie. Services « administrés » : Santé, hébergement, action sociale, Secteurs abrités éducation, administration publique. Banque, assurance : hausse des crédits de trésorerie et de l’affacturage à court terme mais : Secteurs fragilisés à moyen – Détérioration des bilans : hausse des créances douteuses (faillites) terme – Risque d’embolie du marché interbancaire – Risque de crise de la dette souveraine – Baisse supplémentaire de la marge d’intérêt… Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 12
Si l’on prend la mesure du poids des secteurs qui sont en première ligne du choc, les services mis à l’arrêt auxquels s’ajoutent les industries les plus exposées (automobile, et biens d’équipement notamment) au ralentissement de la demande globale, c’est près de 10% de la valeur ajoutée qui est exposée à des baisses d’activité à deux chiffres. Compte tenu du fort impact du ralentissement de la demande mondiale, l’ensemble du secteur manufacturier, à l’exception des IAA, de la chimie et de la pharmacie, c’est près de 15 % de la valeur ajoutée qui est exposée au risque de dévissage. Poids en % du PIB des secteurs les plus exposés Services sinistrés 7,0 Transport terrestre 2,2 Transport par eau 0,1 Transport aérien 0,3 Hébergement et restauration 2,8 Activités des agences de voyage, voyagistes, services de réservation, etc. 0,1 Arts, spectacles et activités récréatives 1,4 Industrie manufacturière hors IAA, chimie et pharmacie 6,2 dont Matériel de transport 1,4 dont Équipement 1,5 Source : INSEE Si l’on prend le poids des secteurs certes amortisseurs mais dont l’activité est indexée sur le ralentissement général de la demande, lié aux comportements de précaution des ménages et des entreprises : Services aux entreprises, commerce, construction, utilities… plus de 30% de la valeur ajoutée devrait être entraînée dans un mouvement amorti de ralentissement. Poids en % du PIB des secteurs pro-cycliques Utilities 2,4 Construction 5,6 Commerce 10,4 dont commerce auto 1,6 B2B spécialisé 5,4 B2B de base 5,7 Source : INSEE Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 13
Reste, il ne faut pas l’omettre, le socle stabilisateur des secteurs qui s’adressent à des besoins structurels incompressibles (administration, santé, éducation, agriculture, IAA, agriculture etc…), ou ceux qui, dans le contexte actuel, bénéficient d’effets particuliers (baisse des cours du pétrole pour la pétrochimie, ou la pharmacie). C’est près de la moitié de l’économie qui joue ce rôle socle et garantit une certaine résilience et stabilité à moyen terme. Poids en % du PIB des secteurs pro-cycliques Secteurs non cycliques, stabilisant à court terme 39,3 Administration publique et défense - sécurité sociale obligatoire 7,9 Enseignement 5,4 Activités pour la santé humaine 5,9 Hébergement médico-social et social et action sociale sans 3,3 hébergement Immobilier 12,9 Finance / assurance 3,8 Secteurs privés en dynamique autonome 6,7 Agriculture 1,7 IAA 2,1 Pharmacie 0,6 Chimie 1,0 Télécoms 1,2 Source : INSEE Les accidents boursiers récents, en réponse à la crise du Coronavirus, à la date du 10 mars, confirment la forte dispersion d’exposition des secteurs, même si toutes les valeurs sont emportées dans le mouvement général de baisse. Discrimination sectorielle des risques par la bourse S&P 500, baisse depuis le point haut de CAC 40, baisse depuis le point haut de février février au 10 mars 2020 au 10 mars 2020 S&P 500 Energy -39% S&P 500 Financials -27% Pétrole, gaz -33% S&P 500 Industrials -23% Services financiers -30% S&P 500 Materials -21% Matériaux de base -24% S&P 500 Information Technology -20% S&P 500 -19% Tech -21% S&P 500 Consumer Discretionary -19% Biens de consommation -18% S&P 500 Communication Services -18% Santé -16% S&P 500 Health Care -12% Services collectivités -16% S&P 500 Utilities -11% Télécoms -15% S&P 500 Consumer Staples -9% Sources : Boursorama, S&P 500 Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 14
4 PREMIER SCÉNARIO MÉDIAN La situation du Coronavirus crée une situation d’incertitude radicale. Il serait très prématuré de prétendre faire une prévision à ce stade de la crise. Nous proposons dès lors un scénario médian de croissance (-1,6 % en 2020, +1,3% en 2021), sur lequel les risques d’erreur sont extrêmes. Ce scénario suppose un dévissage cumulé de l’activité de 2,7% aux deuxième et troisième trimestres. En dépit de l’incertitude qui entoure ce chiffrage, il nous paraît prudent d’intégrer a minima, ce contexte macro-économique dégradé, comme base de l’évaluation de la dynamique des marchés, et des risques induits sur l’activité des entreprises dans les trimestres à venir. Il ne faut considérer ce scénario, ni comme un majorant, ni comme un minorant. Il sera sujet à de multiples révisons au fil de l’eau, au fur et à mesure que l’information se précisera. Les premiers chiffres disponibles dans le cas chinois montrent que les comportements et les anticipations peuvent sortir de leurs couloirs de variation habituels, sans équivalent au regard de la chronique passée. Pour en prendre la mesure, il suffit de considérer les chiffres récents concernant les PMI dans l’industrie, ou les chiffres d’immatriculations sur le marché chinois. PMI chinois 65 60 55 50 45 40 35 30 25 20 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 PMI - Manufacturing PMI - Non manufacturing Source : National Bureau of Statistics of China Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 15
Immatriculations de véhicules aux particuliers, glissement annuel 40% 20% 0% -20% -40% -60% -80% -100% 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 Source : China Association of Automobile Manufacturers Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 16
Compte emploi-ressource : premier scénario médian 03 06 09 12 03 06 09 12 France 2018 2018 2019 2020 2021 03 19 06 19 09 19 12 19 20 20 20 20 21 21 21 21 PIB 100% 1,7 1,3 -1,6 1,3 0,3 0,4 0,3 -0,1 0,0 -1,6 -1,1 -0,1 0,8 1,1 1,0 0,8 Consommation 54% 0,9 1,2 -0,6 1,8 0,4 0,2 0,4 0,3 -0,2 -1,0 -0,4 0,2 0,6 1,2 1,0 0,5 Cons. Publique 24% 0,8 1,3 2,0 2,0 0,2 0,4 0,5 0,5 0,4 0,5 0,6 0,6 0,5 0,5 0,3 0,3 Investissement 23% 2,8 3,6 -3,1 1,8 0,5 1,4 1,3 0,2 -0,2 -3,3 -3,1 -0,1 1,1 2,1 2,2 2,0 Construction 12% 2,1 3,2 -1,3 0,1 0,4 1,7 0,9 0,2 -0,2 -1,5 -2,0 -0,2 0,0 0,5 1,5 2,0 Équipement 5% 2,1 3,6 -8,5 5,6 1,4 0,9 1,2 -0,4 -0,2 -8,0 -6,0 0,0 4,0 6,0 4,0 2,0 Stocks * 1% -0,3 -0,4 -0,5 0,6 0,3 -0,2 -0,1 -0,5 0,2 -0,6 0,4 0,4 0,4 0,0 0,0 0,0 Exportations 32% 3,5 1,9 -7,4 2,2 0,3 -0,2 -0,3 0,0 0,1 -6,0 -5,0 -2,0 3,0 4,0 3,0 2,0 Importations 33% 1,2 2,2 -5,6 5,9 1,3 -0,2 0,4 -0,4 0,4 -6,3 -2,6 0,2 3,7 4,1 3,0 1,9 Commerce extérieur * -1% 0,7 -0,1 -0,5 -1,2 -0,3 0,0 -0,3 0,1 -0,1 0,2 -0,7 -0,7 -0,3 -0,1 -0,1 0,0 Balance courante ** -15 -19 -25 -40 -5 -6 -6 -1,9 -5 -5 -7 -8 -10 -10 -10 -10 Bal. courante (%PIB) -0,6 -0,8 -1,1 -1,6 Emploi 1,2 1,0 -0,1 -0,2 0,3 0,3 0,2 0,2 0,0 -0,2 -0,3 -0,3 -0,1 0,1 0,2 0,2 10, 10, 10, Taux de chômage 9,0 8,5 9,0 10,0 8,6 8,5 8,5 8,2 8,4 8,8 9,2 9,7 9,9 0 0 0 Salaires *** 1,5 1,7 1,6 1,3 0,5 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 0,4 0,3 0,3 0,3 0,3 0,3 Inflation 1,8 1,1 0,5 1,1 0,1 0,4 0,3 0,2 0,2 -0,6 0,4 0,4 0,2 0,2 0,5 0,5 Solde sect. public ** -59 -77 -119 -78 Solde sect. public (% PIB) -2,5 -3,2 -5,0 -3,2 Dette publique (% PIB) 98 101 107 108 PIB nominal ** 2 354 2 420 2 389 2 443 Variation d'une période sur l'autre, sauf indication contraire : * contribution à la croissance du PIB ** mds d'euros *** salaire horaire Sources : INSEE, calculs et projection Xerfi Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 17
Annexe 1 : étude de la vulnérabilité des secteurs de l’économie française via les canaux de la demande et des approvisionnements. Les données mobilisées pour cette analyse sont celles des Tables Entrées-Sorties de l’OCDE. La vulnérabilité est considérée vis-à-vis d’un choc négatif de demande et d’offre dans les pays les plus touchés par la crise sanitaire du Covid-19 : Chine, Corée du Sud, Asie orientale par extension, et enfin Italie. La chute de la croissance dans ces pays (-0,3% / -0,7% pour le PIB Italien en 2020 selon SP ou Moody’s ; croissance officielle chinoise au-dessous de la barre de 5% cette année, selon l’OCDE) affectera les secteurs de l’économie française via deux canaux : 1) le canal de la demande finale (car ces pays sont importateurs de marchandises produites en France ou consommateurs de ses services - pensons notamment au tourisme) ; 2) le canal de l’offre (ou des approvisionnements), via la perturbation des chaînes de valeur mondiales (car les secteurs français utilisent des inputs – biens intermédiaires, biens d’équipement – qui proviennent de ces pays et donc la paralyse de la production manufacturière chinoise et italienne affectera la production de biens et services en France. Une manière d’évaluer ces deux impacts est de mesurer sectoriellement : - la part de la valeur ajoutée produite en France consommée dans les pays touchés ; - la part de la valeur ajoutée produite dans les pays touchés dans la demande finale des secteurs français. 1) Impact via la demande de la crise : valeur ajoutée française consommée dans les pays les plus touchés par le covid-19 Une part considérable (78%) de la valeur ajoutée produite en France par l’ensemble des secteurs est consommée en France. Seul 1,5% de la valeur ajoutée française est consommée en Chine (1,3% en Italie). Si on considère une zone large des économies touchées (Asie orientale + Italie), cette zone a un poids d’un peu moins de 4% dans la demande finale de valeur ajoutée française, tout secteur confondu. Cette part varie selon les macro-secteurs, avec un pic de près de 10% dans l’industrie manufacturière (cf. table 1a ci-après) Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 18
Tab.1a : part destinée aux pays/zones les plus touchés par le Covid-19, dans la VA sectorielle créée en France VA vers VA vers Asie VA vers VA vers Italie Chine + Orientale + Chine Corée + Italie Italie TOTAL 1,5% 1,3% 3,0% 3,7% D01T03: Agriculture, sylviculture et pêche 2,9% 3,2% 6,3% 7,1% D05T09: Industries extractives 2,6% 2,6% 5,6% 6,8% D10T33: Industries manufacturières 4,4% 3,0% 8,1% 9,8% D35T39: Electricité, gaz, eau et traitement 1,4% 1,9% 3,6% 4,2% des déchets D41T43: Construction 0,1% 0,1% 0,3% 0,3% D45T56: Commerce, transports, 2,3% 1,8% 4,4% 5,5% hébergement et restauration D58T63: Information et communication 0,8% 0,9% 1,8% 2,3% D64T66: Activités financières 1,3% 1,6% 3,1% 3,9% et d'assurance D68: Activités immobilières 0,4% 0,4% 0,9% 1,1% D69T82: Autres activités du secteur 1,6% 1,5% 3,6% 4,5% des entreprises D84T98: Administration publique, enseignement et santé ; services sociaux 0,4% 0,3% 0,7% 0,9% et personnels Traitement Xerfi / Source : OCDE Une segmentation sectorielle plus fine (tableau 1b ci-après) permet de voir que le secteur le plus affecté par une baisse de la demande issue d’Asie orientale et Italie serait celui du matériel de transports hors automobile (et notamment l’industrie aérospatiale), pour lequel la part de VA consommée dans la zone Asie orientale + Italie dépasse 18%. D’autres secteurs de l’industrie (dans l’ordre : la métallurgie, les machines et équipements, la chimie/pharmacie) seraient très impactés par un recul de la demande de la zone touchée par le covid-19. Dans les services, la part de la valeur ajoutée française consommée en Chine, Corée, Italie est moins importante, mais reste considérable dans certains secteurs, comme les services aux industries extractives (12%), le commerce de gros et de détail et le transport/logistique (6%). Dans l’hébergement-restauration la part de la VA consommée par des ressortissants des pays touchés n’est que de 2,5% de la VA totale produite en France. Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 19
Tab.1b : part destinée aux pays/zones les plus touchés par le Covid-19, dans la VA sectorielle créée en France VA vers VA vers Asie VA vers VA vers Italie Chine + Orientale + Chine Corée + Italie Italie TOTAL 1,5% 1,3% 3,0% 3,7% D01T03: Agriculture, sylviculture et pêche 2,9% 3,2% 6,3% 7,1% D05T06: Extraction de matériaux énergétiques 2,0% 1,4% 3,8% 6,0% D07T08: Extraction de matériaux non énergétiques 2,6% 2,7% 5,7% 6,7% D09: Services de soutien aux industries extractives 4,3% 4,3% 9,3% 11,9% D10T12: Produits alimentaires, boissons et tabac 1,9% 1,9% 4,0% 5,2% D13T15: Textiles, articles d'habillement, cuir 3,3% 6,2% 10,4% 13,3% et articles connexes D16: Production de bois, fabrication d'articles 2,8% 2,4% 5,4% 6,1% en bois et en liège D17T18: Industrie du papier, du carton 2,1% 2,9% 5,4% 6,2% et imprimerie D19: Cokéfaction et raffinage 1,4% 1,6% 3,2% 3,9% D20T21: Produits chimiques et pharmaceutiques 5,7% 4,5% 11,1% 14,3% D22: Produits en caoutchouc et matières plastiques 3,4% 3,7% 7,7% 8,9% D23: Autres produits minéraux non métalliques 1,9% 1,7% 4,0% 4,7% D24: Métallurgie 6,7% 6,7% 14,6% 16,3% D25: Fabrication d'ouvrages en métaux 2,9% 2,1% 5,6% 6,5% D26: Produits informatiques, appareils 7,2% 5,3% 13,6% 15,6% électroniques et optiques D27: Équipements électriques 6,0% 4,5% 11,3% 12,9% D28: Machines et matériel d'équipement, nca 7,8% 4,0% 13,2% 15,2% D29: Véhicules automobiles, remorques 2,5% 4,6% 7,5% 8,3% et semi-remorques D30: Autres matériels de transport 13,1% 0,9% 15,8% 18,3% D31T33: Autres activités de fabrication; réparation 1,5% 1,6% 3,4% 5,1% et installation de machines et équipement D35T39: Electricité, gaz, eau et traitement des déchets 1,4% 1,9% 3,6% 4,2% D41T43: Construction 0,1% 0,1% 0,3% 0,3% D45T47: Commerce de gros et de détail; réparation 2,4% 2,2% 5,0% 6,2% de véhicules D49T53: Transports et entreposage 2,6% 1,4% 4,4% 5,7% D55T56: Hébergement et restauration 1,0% 1,1% 2,2% 2,6% D58T60: Edition, audiovisuel et diffusion 0,8% 0,5% 1,4% 1,7% D61: Télécommunications 0,9% 1,4% 2,4% 2,9% D62T63: Activités informatiques et services 0,7% 0,8% 1,7% 2,3% d'information D64T66: Activités financières et d'assurance 1,3% 1,6% 3,1% 3,9% D68: Activités immobilières 0,4% 0,4% 0,9% 1,1% D69T82: Autres activités du secteur des entreprises 1,6% 1,5% 3,6% 4,5% D84T88: Administration publique, défense ; 0,4% 0,3% 0,7% 0,9% enseignement et santé D90T96: Arts, spectacles, récréation et autres 0,3% 0,3% 0,7% 0,8% activités de services D97T98: Activités des ménages privés employant 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% du personnel domestique Traitement Xerfi / Source : OCDE Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 20
2) Impact de la crise via les approvisionnements (la supply chain) : part de la valeur ajoutée produite dans les pays touchés dans la demande finale des secteurs français La crise du covid-19, en bloquant des pans entiers de l’économie en Chine, en Corée du Sud (par extension Asie orientale) et en Italie5 affectera aussi le côté-offre de l’économie française, via la disruption des chaînes d’approvisionnement des secteurs. Cet impact de la crise s’ajoutera à celui via la demande des pays touchés. Les tableaux 2a (macro-sectoriel) et 2b (sectoriel) ci-dessous montrent la part de la VA chinoise, coréenne, italienne dans la demande finale des secteurs français. Plus cette part est élevée, plus l’activité du secteur risque d’être perturbée par des ruptures de la chaîne logistique, par une pénurie et/ou des renchérissements des inputs provenant des pays touchés par le covid-19. Les industries manufacturières sont plus exposées que les services ou la construction à cet impact côté offre, car la VA importée des zones touchées représente 13,5% de la demande finale de l’industrie française. Le détail sectoriel (tableau 2b) montre que cette part monte à plus de 30% dans le textile/habillement, les équipements électroniques et électriques, alors qu’elle est comprise entre 25% et 30% dans la métallurgie et les équipements mécaniques. Les secteurs de l’aérospatial et de l’automobile sont en revanche un peu moins exposés à des risques de blocage des inputs provenant des zones touchées par le covid-19. Tab.2a : part de la VA créée dans les pays/zones les plus touchés par le Covid-19 dans la demande des secteurs français VA importée VA importée VA importée VA importée de Chine + d' Asie de Chine d'Italie Corée + Orientale + Italie Italie TOTAL 1,8% 1,4% 3,4% 4,1% D01T03: Agriculture, sylviculture et pêche 0,9% 1,4% 2,4% 2,8% D05T09: Industries extractives 1,0% 2,5% 3,7% 4,7% D10T33: Industries manufacturières 6,9% 3,8% 11,5% 13,5% D35T39: Électricité, gaz, eau et traitement 0,9% 0,8% 1,8% 2,1% des déchets D41T43: Construction 1,6% 1,4% 3,2% 3,7% D45T56: Commerce, transports, hébergement 1,3% 1,9% 3,4% 4,1% et restauration D58T63: Information et communication 0,9% 1,0% 1,9% 2,5% D64T66: Activités financières et d'assurance 0,4% 0,6% 1,0% 1,5% D68: Activités immobilières 0,2% 0,2% 0,4% 0,6% D69T82: Autres activités du secteur des entreprises 0,6% 0,7% 1,4% 2,0% D84T98: Administration publique, enseignement 0,4% 0,4% 0,9% 1,1% et santé ; services sociaux et personnels Traitement Xerfi / Source : OCDE 5 Un point sur l’Italie : tout le pays est en zone rouge (interdiction de mouvement entre les villes sauf pour raison de travail) depuis le 9 mars et la fermeture probable de tous les commerces sauf alimentaire et pharmacies en Lombardie. Cette dernière région représente plus de 20% du PIB transalpin. Lorsqu’on y ajoute les trois autres régions les plus touchées par la crise sanitaire et donc les blocages d’activité (Vénétie, Emilie-Romagne, Piémont) on a l’ensemble du Nord industriel du pays et on approche 50% du PIB du pays Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 21
Tab.2b : part de la VA créée dans les pays/zones les plus touchés par le Covid-19 dans la demande des secteurs français VA VA VA VA importée importée importée importée de Chine + d' Asie de Chine d'Italie Corée + Orientale + Italie Italie TOTAL 1,8% 1,4% 3,4% 4,1% D01T03: Agriculture, sylviculture et pêche 0,9% 1,4% 2,4% 2,8% D05T06: Extraction de matériaux énergétiques 0,5% 2,2% 2,9% 3,2% D07T08: Extraction de matériaux non énergétiques 1,4% 1,5% 3,1% 3,6% D09: Services de soutien aux industries extractives 1,4% 3,3% 4,9% 7,1% D10T12: Produits alimentaires, boissons et tabac 1,2% 2,1% 3,4% 3,8% D13T15: Textiles, articles d'habillement, cuir 27,0% 7,7% 35,6% 36,8% et articles connexes D16: Production de bois, fabrication d'articles en bois 7,3% 5,6% 13,1% 13,9% et en liège D17T18: Industrie du papier, du carton et imprimerie 2,1% 4,0% 6,2% 6,9% D19: Cokéfaction et raffinage 0,9% 1,0% 2,2% 2,6% D20T21: Produits chimiques et pharmaceutiques 3,0% 3,0% 6,4% 8,1% D22: Produits en caoutchouc et matières plastiques 6,2% 5,9% 12,7% 14,4% D23: Autres produits minéraux non métalliques 5,6% 5,3% 11,2% 12,3% D24: Métallurgie 17,2% 6,7% 25,0% 27,2% D25: Fabrication d'ouvrages en métaux 4,8% 5,0% 10,1% 11,2% D26: Produits informatiques, appareils électroniques 24,1% 2,8% 29,9% 36,2% et optiques D27: Équipements électriques 21,4% 5,6% 28,7% 32,2% D28: Machines et matériel d'équipement, nca 10,2% 9,9% 20,9% 25,0% D29: Véhicules automobiles, remorques 3,3% 5,2% 9,7% 13,1% et semi-remorques D30: Autres matériels de transport 5,5% 2,7% 10,3% 12,8% D31T33: Autres activités de fabrication; réparation 7,2% 3,3% 10,9% 12,2% et installation de machines et équipement D35T39: Electricité, gaz, eau et traitement des déchets 0,9% 0,8% 1,8% 2,1% D41T43: Construction 1,6% 1,4% 3,2% 3,7% D45T47: Commerce de gros et de détail; réparation 1,4% 2,0% 3,5% 4,2% de véhicules D49T53: Transports et entreposage 1,7% 1,6% 3,6% 4,6% D55T56: Hébergement et restauration 0,5% 2,0% 2,6% 3,0% D58T60: Edition, audiovisuel et diffusion 0,9% 0,8% 1,8% 2,3% D61: Télécommunications 1,2% 1,3% 2,7% 3,3% D62T63: Activités informatiques et services 0,7% 0,9% 1,7% 2,2% d'information D64T66: Activités financières et d'assurance 0,4% 0,6% 1,0% 1,5% D68: Activités immobilières 0,2% 0,2% 0,4% 0,6% D69T82: Autres activités du secteur des entreprises 0,6% 0,7% 1,4% 2,0% D84T88: Administration publique, défense ; 0,4% 0,4% 0,8% 1,0% enseignement et santé D90T96: Arts, spectacles, récréation et autres activités 0,7% 0,7% 1,4% 1,7% de services Traitement Xerfi / Source : OCDE Coronavirus : la contagion de secteurs en secteurs jusqu’aux entreprises 22
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