L'insertion - Validation des compétences et insertion, avançons ! - DU 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 N 114 - Febisp
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Validation des compétences et insertion, avançons ! L’insertion DU 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114
Sommaire 3 Édito 4 Brèves - Inauguration de l’Epicerie de FOR.E.T - Vernissage de l’exposition A Corps Perdu chez Amazone - Parcours de l’alimentation durable avec Refresh 4 - Inauguration de l’Espace Malibran - Inauguration des nouveaux locaux de l’Agence Immobilière Sociale de Molenbeek (M.A.I.S.) - L’accord non marchand bruxellois avance… 6 Actualités e travail social au menu de la 21e journée d’étude de la -L FeBISP - La formation, ça bouge à Bruxelles ! - De dag van de Trajectbegeleider / la journée de l’Accompagnant : L’insertion devient bilingue le temps d’une 8 journée 10 DOSSIER : Validation des compétences et insertion, avançons ! 22 Rencontre… Rencontre croisée entre Jacques Defourny et Luc Piloy 10 25 Allô la Terre… Les rennes du Père Noël 25 26 Reportage - Caba et Episol CFITECH 30 Le coin de l'employeur Les nouvelles mesures socio-économiques du Gouvernement Fédéral 2 | L’INSERTION 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114
Édito Chers lecteurs, L’année 2017 touche à sa fin ! C’est maintenant que commencent l’heure du bilan de l’année et les perspectives pour 2018. Cette heure du bilan m’a fait pensé au dernier livre d’Emmanuel Todd « Où en sommes-nous ? » qui veut retracer une brève histoire de l’humanité depuis l’émergence de l’homo sapiens à nos jours. Rien que ça ! Pour comprendre la situation actuelle, l’auteur remet l’histoire au goût du jour. Cette vision d’historien de la longue durée bat en brèche la vision de l’homo economicus uniforme partout dans le monde. Emmanuel Todd fait le constat que l’homme est plus complexe et qu’il n’est pas qu’un être rationnel cherchant à maximaliser son profit. Tout n’avance pas simultanément. L’être humain n’est pas fait d’un seul bloc et il obéit à des temporalités différentes. Nous pouvons ne pas être d’accord avec le chercheur, il n’en reste pas moins que c’est intéressant de lire à quel point nous sommes multiples. Emmanuel Todd divise les sociétés humaines et leur mouvement en couches successives : 1. A la surface, il y a le conscient, c’est là que surfent l’économie et la politique ; 2. Plus en profondeur, il y a un subconscient de la société : l’éducation. Les parents savent que le destin de leur enfant dépend en grande partie de leur performance scolaire. Tout le monde peut imaginer aisément qu’une société efficace sur le plan éducatif réussira économiquement. L’éducation précède l’économie et la politique ; 3. Plus en profondeur encore, il y a le véritable inconscient des sociétés : la famille et la religion et leurs interactions complexes. La troisième couche est la plus profonde, elle détermine en grande partie les deux autres et évolue beaucoup plus lentement. En effet, l’auteur montre que la globalisation économique, le libre-échange et la financiarisation du monde ont pris à peine plus qu’un demi-siècle. Elle démarre lentement en 1945 aux USA, elle arrive en Angleterre en 1979-80 et débarque sur l’ensemble du vieux continent en 1989-90. La globalisation économique a pris six décennies. Par contre, l’éducation suit une évolution plus lente. Le mouvement vers l’alphabétisation universelle commence en Allemagne au XVIe siècle avec la réforme protestante qui exige un accès direct des croyants aux Ecritures saintes. Les pays convertis au protestantisme ont fait le pas les premiers et le reste du monde a suivi. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’alphabétisation de masse de l’Europe peut être considérée comme réalisée et vers 2030, les jeunes générations de toute la planète sauront lire et écrire. Il aura fallu cinq siècles pour parvenir à ce résultat. C’est-à-dire 10 fois plus que pour la globalisation économique.1 Enfin, le mouvement des structures familiales est encore plus lent. L’observation d’une différenciation dans les structures familiales d’homo sapiens débute à Sumer (actuel Irak). Nous comptons ainsi 5 000 ans d’évolution. C’est-à-dire 10 fois plus que l’évolution éducative et 100 fois plus que la globalisation économique. Il s’agit d’un résumé très rapide de plusieurs centaines de pages, fruit d’une quarantaine d’années de recherche… Evidemment le livre est beaucoup plus nuancé. Cependant, cette vision par couche successive, dont certaines sont plus ou moins conscientes, a attiré mon attention sur le fait que le bilan d’une année ne se résume pas à remplir une liste avec « fait » ou « non fait ». Sur cette note de nuance, je vous souhaite d’excellentes fêtes et une merveilleuse année 2018 ! Tatiana Vial Grösser, Directrice adjointe de la FeBISP 1 Il s’agit évidemment d’une vision très globale et l’alphabétisation reste un enjeu capital pour Bruxelles. D’autant qu’au plus les personnes sachant lire et écrire sont nombreuses, aux plus les personnes n’ayant pas encore acquis ces compétences auront des difficultés à s’intégrer convenablement. 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114 L’INSERTION | 3
Brèves Inauguration de l’Epicerie de FOR.E.T FOR.E.T a inauguré le 14 septem bre 2017 son Epicerie, juste à côté de son restaurant, en présence de nom- breux gourmets et de toute l’équipe. Le projet se veut une épicerie durable, table d’hôtes et traiteur, avec des plats préparés principalement à partir de produits issus de l’agriculture et de l’élevage raisonnés belges. Plus d’informations L’Epicerie sera ouverte du mardi au http://foret-asbl.be/spip. vendredi de 12h à 19h et le samedi de php?rubrique20&lang=fr 11h à 14h30. Vernissage de l’exposition a-t-il dans notre société ? Les artistes L'agenda des activités d'Amazone A Corps Perdu posent un regard sur sa représen- sur www.amazone.be chez Amazone tation et jouent avec le corps jusque dans ces déformations. Du 25 septembre au 12 décembre Tout au long de l’exposi- se tenait l’exposition A Corps Perdu, tion « A Corps Perdu », regroupant des oeuvres de Ophélie le jardin d’Amazone a Longuepée, Marie Mons, Elodie Claus, accueilli la sculpture Laurence Dufay et Lissa Gasparotto. « Clitoriz soufflé » de Cette exposition se déroulait dans l’artiste belge Laurence le cadre de la quatrième édition Dufaÿ. d’Art’mazone. Ophélie Longuepée, Marie Mons, Elodie Claus, Laurence Dufay et Lissa Gasparotto proposent une balade autour du corps et de sa représentation. Qu’est-ce que le corps pour nous ? Que représente-t-il et quelle importance Parcours de l’alimentation Si vous souhaitez découvrir l’alimen durable avec Refresh tation durable à Bruxelles, visitez le site http://www.goodfood.brussels/ Le vendredi 28 septembre, c’était la journée du Parcours de l’alimentation durable. A cette occasion, nous avons enfilé nos bottes et avons été rendre visite à Refresh, qui organisait un ate- lier découverte et glanage au verger d’Italie en compagnie d’un maraîcher expérimenté. Plus de 400 bulbes ont été plantés par de courageux jardi- niers bénévoles lors de cette matinée ensoleillée ! Un pique-nique était ensuite organisé ainsi qu’un atelier cuisine dans la can- tine de Refresh. 4 | L’INSERTION 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114
Brèves Inauguration de l’Espace Malibran L’Espace Malibran, ancienne polycli- nique de la rue Malibran à Ixelles, a été entièrement rénové et inauguré le 6 octobre. L’espace, géré par la Mutualité Chrétienne, offre ainsi de nombreux services autour de la santé, et du social. Un restaurant social, Arpaije, un centre PMS, un centre médical et un magasin de soins sont notamment installés au sein de cette maison de quartier bien connue des Ixellois. Inauguration des nouveaux locaux de l’Agence Immobilière Sociale de Molenbeek (M.A.I.S.) Le 13 septembre, la M.A.I.S. a inau- guré ses nouveaux locaux situés sur le Boulevard Léopold II à Molenbeek en présence de la Ministre du Logement, Céline Fremault, de la Bourgmestre de Molenbeek, Françoise Schepmans, ainsi que de l’échevin du Logement de Molenbeek et président de la MAIS, Karim Majoros et Léonidas Papadiz, conseiller communal de Molenbeek (voir photo). La « Molenbeekoise », créée le 30 octobre 2003, a pour but d’as- difficultés socio-économiques d’y gestion, passant de 136 biens gérés en sister les propriétaires dans la avoir accès. 2012 à 350 logements en 2017. Cette gestion de leurs logements et per- En 5 ans, l’agence a doublé le nombre croissance a nécessité l’agrandisse- mettre aux personnes ayant des de logements qui lui ont été confiés en ment des locaux. L’accord non marchand secteurs relevant de la Cocof – dont serré qui devrait aboutir pour le début bruxellois avance… 2 millions issus du retour du Taxshift) du printemps 2018. et 4 millions pour les secteurs relevant A suivre dans notre prochain numéro Les gouvernements bruxellois se sont de la Cocom. de l’Insertion. accordés sur les montants dégagés A l’heure d’écrire cette brève, les gou- pour l’Accord non marchand bruxel- vernements et les partenaires sociaux lois 2018-2020 : 6 millions pour les ont établi un calendrier de négociation 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114 L’INSERTION | 5
Actualités Le travail social au menu de la 21e journée d’étude de la FeBISP > Michèle Hubin et Juliette Villez La 21e journée d’étude de la FeBISP a eu lieu au mois d’octobre dernier. Le travail social y était mis en avant, pour en présenter les évolutions ou pour faire sa révolution. La thématique sera reprise de manière plus complète dans la section “dossier” du numéro 115 de l’Insertion. En voici un avant-goût ! Une perspective historique du travail social basée sur La catégorisation des demandeurs d’emploi comme un 5 socles. mouvement de balancier. Pour entamer cette journée d’étude consacrée aux (r)évo- Le besoin de catégoriser les hommes est intrinsèquement lutions du travail social, Guy Zélis1 nous en a présenté les lié au contexte économique, politique et social. Posant ce socles de la construction et les étapes de sa reconnais- cadre, Mejed Hamzaoui2 nous a proposé de revenir de sance. Son intervention débute par une date, 1920. C’est manière chronologique sur l’évolution et la construction des à cette date, par un Arrêté royal, que les écoles de service catégories. Jusqu’au 19e siècle, la dimension morale menait social ont été reconnues officiellement par l’Etat comme le le jeu pour classer les individus. Puis, avant la seconde travail des auxiliaires sociales. guerre mondiale, il s’agissait de réparer les dysfonctionne- Selon Guy Zélis, 5 socles sont au coeur de cette construction ments socio-économiques et de socialiser les risques. Par et reconnaissance. Le premier est le creuset philanthropique exemple, la différence entre la catégorie des “pauvres” et où la charité passe d’une activité philantropique à une acti- celle des “chômeurs” s’est opérée après la seconde guerre vité professionnelle et où le paternalisme se transforme en mondiale. L’homogénéisation des profils était la norme corporatisme avec une intervention de plus en plus forte de jusque dans les années 1980 avec une société dite “respon- l’Etat dans la vie économique et sociale. C’est l’intervention sable” alors qu’aujourd’hui, les publics sont de plus en plus d’un Etat social qui constitue le deuxième socle. Cet inter- hétérogènes et la responsabilité est passée dans le chef de ventionnisme étatique se marque par l’adoption de nom- l’individu. Entre ayants droit à l’assurance sociale et l’assis- breuses législations sociales de la fin du 19e siècle jusqu’à tance sociale, il s’agit bien d’un mouvement de balancier la décennie 1940 telles que les Comissions paritaires, les décrit par Mejed Hamzaoui. La porosité catégorielle prime 8h de travail, la sécurité sociale, etc. Le troisième socle est dans un contexte socio-économique détérioré. L’axe non- celui des sciences sociales et de leur expansion engen- travail/travail s’estompe. Tel est le constat de 30 ans d’étude drant, par les diverses études et méthodes développées, sur les chômeurs de longue durée. On constate l’augmen- une rationalisation des modes d’assistance. L’évolution tation de logiques individualistes où tout doit être prouvé du rôle des femmes dans la société, suite notamment à la et mérité dans un esprit utilitariste et d’obligation sociale première guerre mondiale, constitue le quatrième socle. et dans le même temps, les politiques sociales à finalité Enfin, Guy Zélis a abordé au cinquième rang l’apparition du réparatrice s’estompent inexorablement. En résultent des mouvement d’éducation ouvrière qui a obligé les hommes tensions entre les catégories construites sur des critères ouvriers à s’instruire dans des écoles sociales où notam- objectifs (âge, diplôme, revenu, etc.). Alors, pour faire face ment la condition ouvrière était questionnée. aux besoins d’identifier de nouvelles catégories fragilisées, Pour Guy Zélis, deux axes potentiellement contradictoires on se base sur des critères subjectifs issus de la vie privée forment ce travail social : le maternalisme et la profession- des individus. De plus, c’est désormais à l’individu qu’in- nalisation. Il a introduit cette journée en nous laissant sur combe la “charge de la preuve”, celle qui définit son appar- ces deux questionnements : la professionnalisation du tra- tenance à une “catégorie”. A défaut, il sera exclu de tous vail social est-elle une prolongation des rôles liés au mater- mécanismes d’insertion. nalisme ? La reconnaissance du diplôme est-elle une légiti- mation du rôle maternalisant ? 2 Mejed Hamzaoui est professeur à l’Université Libre de Bruxelles, au 1 Guy Zélis, Professeur émérite de l’Université Catholique de Louvain. Département des Sciences sociales et Sciences du travail. 6 | L’INSERTION 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114
Actualités Inutiles, exclus, insérés ou activés, de tout temps, les rofessionnelle et le principe qui l’a propulsé sur le devant de la p chômeurs ont fait l’objet d’une stigmatisation et d’une scène, à savoir la lutte contre les inégalités”. catégorisation. Les travailleurs sociaux y auraient contribué pour une large part, victimes d’une faible Jean-François Gaspar4 s’est attaché à dresser le portrait des reconnaissance de leur métier. Telles sont les hypothèses travailleurs sociaux. Comment définir le travailleur social ? posées par Florence Loriaux et Jean-François Gaspar. Par différenciation avec d’autres professionnels comme les Lors de son intervention, Florence Loriaux3 nous a invités à éducateurs ou les enseignants. N’oublions pas, nous rap- un retour sur l’histoire permettant d’apporter un éclairage à pelle-t-il, que les catégories sont des outils pour les profes- la notion de chômeur. sionnels ! Dans une société qui conçoit le travail comme un devoir Même si le travail est une valeur de référence essentielle, moral engageant la responsabilité individuelle de chacun, les métiers du social pâtissent d’une faible reconnaissance. l’absence ou le manque de travail rend suspect. Dès lors, On parle de “reconnaissance compassionnelle”, générant le travail est perçu comme un véritable devoir. L’étymologie un capital symbolique, par opposition à la reconnaissance du terme “chômage” est “caumare” qui signifie “se repo- “économique” où la valeur ajoutée n’est pas à démontrer. ser par forte chaleur”. Elle fait la part belle à l’imaginaire Selon Jean-François Gaspar, les travailleurs sociaux, on collectif de la vision d’un chômeur profiteur. En cas de crise leur reproche de coûter cher à la société mais pour rappor- économique, le discours devient plus culpabilisant encore, ter quoi ? Ce n’est pas non plus du côté de la reconnaissance la seule issue de la crise étant l’ardeur des chômeurs de se médiatique qu’il faut chercher; elle est quasiment nulle au remettre au travail. Dès le 14e siècle jusqu’au 19e siècle, on point de reléguer le travail social au rang de service après- procédait à l’enfermement des individus présentant une “in- vente du capitalisme. Les travailleurs sociaux eux-mêmes utilité” c’est-à-dire n’ayant pas de travail. Avec le développe- participeraient à cette stigmatisation à outrance allant ment des syndicats au 19e siècle, le sans-travail n’est plus jusqu’à semer le discrédit sur leur propre profession. Ainsi, nécessairement tenu responsable de sa situation, la société on découvre souvent leur métier par le témoignage en ter- et l’organisation du travail créant cette pénurie. Voilà que rain d’expérimentation et non par l’analyse. La plupart du naît une responsabilité collective. Bourses de travail, sub- temps, les travailleurs sociaux se présentent comme des sides aux caisses de chômage et fonds de chômages sont activateurs de fainéantise qui n’ont pour autre but que de alors instaurés. Mutation timide de l’individuel au collectif favoriser l’assistanat. mais pour autant pas dénuée du volet moralisateur. Après la Il y a bien eu cependant des sources de professionnalisa- trêve de la 1re guerre mondiale où le chômeur est vu comme tion des métiers du social comme l’hygiénisme, le catholi- un héros, revient l’idée vitale d’amener les gens vers le tra- cisme social, les mouvements sociaux, la protection sociale vail mais en les formant au préalable. Ce « chômage capaci- et en particulier, la protection de l’enfance et la montée des tariat » selon l’expression d’Ernest Solvay, permet d’occuper féminismes. les chômeurs en leur donnant l’opportunité soit de perfec- L’influence de la nouvelle gestion publique vient bouleverser tionner leurs capacités professionnelles, soit de se former à les équilibres, forçant le travail social à s’inscrire dans un un autre métier, soit d’apprendre à lire et à écrire. nouveau cadre. Politiques de protection sociale, pratiques Florence Loriaux nous indique qu’après la crise des années d’intervention, cadres de formation et identité profession- trente où la stigmatisation, entretenue pour une large part nelle des travailleurs sociaux viennent organiser des résis- par le patronat, bat son plein et avec l’apparition de la sécu- tances et modifier les pratiques. Mais encore faut-il qu’ils rité sociale (1944) et les trente glorieuses qui suivirent, le y parviennent ! Jean-François Gaspar reste lucide et nous chômeur est quelque peu oublié. Ce n’est que pour mieux le démontre par l’exemple de l’alphabétisation. “Auparavant, revenir à l’avant-scène vu l’augmentation fulgurante du l’alpha visait à ce que la personne se sente mieux intégrée dans taux de chômage dans la décennie 1975-85. Entretemps, son milieu de vie. Maintenant, l’alpha, c’est apprendre à lire l’ISP est portée par l’associatif avec pour motivation de (ré) et à écrire pour trouver un emploi”. Et les étudiants en tra- intégrer les exclus en leur ouvrant l’accès à des formations vail social dans tout ça ? Ils suivent les logiques publiques; dont l’objectif est de favoriser le développement personnel celles qui contrôlent bien plus qu’elles ne rassurent. et l’insertion sociale de la personne. Le décret ISP est voté dans la foulée, supporté par les OISP et Mloc qui en écrivent Découvrez quelques photos de cette journée sur l’histoire. Florence Loriaux termine son intervention sur www.febisp.be/fr/événements/ une note optimiste : “Le plus grand défi auquel doit faire journées-d-étude-de-la-febisp face le secteur est probablement de réaffirmer son identité 3 Florence Loriaux est historienne au Centre d’Animation et de Recherche en 4 Jean-François Gaspar est professeur à l’HELHa, responsable du CERIAS et Histoire Ouvrière et Populaire (Carhop) membre associé du CESSP 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114 L’INSERTION | 7
Actualités La formation, ça bouge à Bruxelles ! > Margaux Hallot En prémisse à la Journée européenne participer à l’évènement. D’ailleurs, sonnel de Bruxelles Formation et de des langues partout en Europe célé- nos attachés Juliette Villez et François ses partenaires. L’équipe « Hawaï » brée le 26 septembre, Bruxelles Geradin se sont prêtés au jeu lors de était emmenée par Olivia P’tito, direc- Formation a organisé la « Journée du cette journée haute en couleurs. trice générale de Bruxelles Formation Stagiaire » le 22 septembre. Cet évé- et Grégor Chapelle, directeur général nement festif et ludique a pour objec- Le thème de cette journée était la d’Actiris. tif de promouvoir l’apprentissage des diversité bruxelloise (Cfr le pro- langues et de valoriser la diversité jet MIXITY.brussels 2017 *). Plus de Un flashmob était également organisé linguistique dans notre capitale. Cette 2000 stagiaires se sont affrontés près de la place Sainte Catherine. La année, Bruxelles Formation a invité lors d’épreuves faisant appel, dans formation, ça bouge ! les stagiaires et le personnel de ses la bonne humeur, à leurs capacités partenaires (Organismes de l’Inser- physiques, intellectuelles et d’adapta- * Campagne qui prône la diversité comme tion Socioprofessionnelle, Promotion tion. Ils étaient répartis en 64 équipes atout pour Bruxelles, deuxième ville la plus cosmopolite du monde (d’après le rapport sociale, Organismes pour personnes portant chacune le nom d’un pays et 2015 de l’Organisation internationale pour les handicapées, la FeBISP et Actiris) à encadrées par des membres du per- migrations (OIM)) © Bruxelles Formation 8 | L’INSERTION 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114
Actualités De dag van de Trajectbegeleider / la journée de l’Accompagnant : L’insertion devient bilingue le temps d’une journée > Margaux Hallot Le 23 novembre s’est déroulée la journée de l’Accompagnant / De dag van de trajectbegeleider. Cette journée, avait pour but de faire découvrir des structures APS (Accueil Public Spécifique). Cette initiative est née de la collaboration entre Tracé Brussels, service d’aide à la recherche d’emploi et de formations pour adultes en néerlandais dont nous vous parlions dans le numéro 112, et la FeBISP. Cette journée unique avait été créée –– B railleliga –– Après dans le but d’approfondir la connais- Accompagnements pour deman- Accompagnement dans la recher sance réciproque des conseillers deurs d’emploi aveugles ou che d’emploi d’anciens détenus emploi et des structures APS bruxel- malvoyants –– Bataclan loises. C’était également l’occasion –– Diversicom Accompagnement de chercheurs pour les francophones et néerlando- Accompagnement de chercheurs d’emploi ayant un handicap phones de l’insertion socioprofession- d’emploi handicapés –– CAD De Werklijn nelle de se rapprocher et surtout de –– Groep Intro Accompagnement de chercheurs partager concrètement le quotidien de Accompagnement dans la recherche d’emploi avec un handicap ou ces acteurs de terrain. d’emploi d’anciens détenus malades –– Lire et écrire Une structure APS, c’est quoi ? Accompagnement de chercheurs Tout au long de cette journée bien rem- C’est une structure qui accompagne des d’emploi grâce à l’alphabétisation plie, les membres des structures avaient chercheurs d’emploi ayant des besoins –– Casablanco organisé tantôt des ateliers, tantôt des spécifiques de par leur situation : Accompagnement dans la recher visites interactives de leurs locaux. personnes porteuses d’un handicap, che d’emploi d’anciens détenus ayant des problèmes de santé, sans- –– Hobo –CAW Brussel La réception de clôture se donnait au abris, analphabètes ou (ex)-détenus. Accompagnement dans la recher Bel Mundo, le restaurant de l’Atelier Ces personnes ont donc besoin d’un che d’emploi de sans-abris Groot Eiland, dans le quartier en plein parcours d’insertion personnalisé et –– JES essor du canal. Un concert de rap était d’un accompagnement plus intensif. Accompagnement pour les Bruxellois donné par 3 jeunes talents de Dispositif peu qualifiés entre 18 et 35 ans Relais, une asbl qui accompagne des Les structures à visiter lors de cette –– Maks Werk (en collaboration avec jeunes ayant eu des problèmes avec la journée étaient les suivantes : Brusselleer) justice ou qui simplement demandent –– Atelier Groot Eiland Accompagnement de chercheurs de l’aide. Accompagnement pour deman- d’emploi grâce à l’alphabétisation deurs d’emploi en situation précaire Lire et Ecrire. Visite des entrepôts de Casablanco. Une partie de l’équipe dynamique de APRES. 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114 L’INSERTION | 9
Le dossier de L’insertion Validation des compétences et insertion, avançons ! > François Geradin, Michèle Hubin, Juliette Villez, Margaux Hallot et Tatiana Vial Depuis maintenant près de 15 ans, le dispositif de validation des compé- tences permet aux personnes, d’où qu’elles viennent et quels que soient leur parcours antérieur, de pouvoir faire reconnaître officiellement leurs compétences professionnelles. Par sa finalité même et par le public concerné, ce dispositif ne peut qu’intéresser les secteurs de l’insertion socioprofessionnelle (ISP) et de l’économie sociale d’insertion (ESI). En effet, tant les stagiaires en formation ISP que les travailleurs public-cible en ESI possèdent et développent des compétences qu’il est important de pouvoir valoriser au mieux. Le dispositif de validation des compétences permet justement cela. D’où le choix de consacrer à ce dernier ce présent dossier. Dans ce dossier de L’insertion, nous avons tout d’abord souhaité expliquer, le plus précisément possible, le dispositif de validation des compétences et ses principales étapes. Cette connaissance du dispositif permet en effet de pouvoir rapidement identifier ses enjeux les plus prégnants, pour les secteurs de l’insertion mais surtout pour leurs publics-cibles. Nous avons également mentionné, dans un encart, les principaux résultats de l’enquête menée en interne par la FeBISP en 2015 sur la connaissance et l’utilisation du dispositif de validation des compétences par les structures ISP et ESI. Ensuite, nous avons interrogé plusieurs personnes directement concer- nées par le dispositif de validation des compétences. Ainsi, en premier lieu et sur un plan institutionnel, le directeur du Consortium de validation des compétences, Alain Kock, a pu non seulement rappeler le contexte sociopolitique de création du dispositif mais aussi - et surtout - indiquer les enjeux actuels lui paraissant essentiels ainsi que ses propres attentes par rapport aux secteurs de l’ISP et de l’ESI. La parole a également été confiée à Pascale Kempinaire, coordinatrice de la régionale bruxelloise de validation des compétences, dont fait désormais partie la FeBISP, chargée d’opérationnaliser la validation des compétences sur tout le territoire des 19 communes. Ce dossier ne pouvait évidemment se poursuivre qu’en donnant la parole aux structures ISP et ESI qui, au quotidien, accompagnent respectivement les stagiaires et les travailleurs public-cible vers la validation des compé- tences. Une rencontre croisée fut donc organisée entre Vincent Hennebert, coordinateur pédagogique de l’OISP Centre Anderlechtois de Formation (CAF) et Severino Pierno, coordinateur de la Cellule Technique de la © Bruxelles Formation Mission Locale de Molenbeek, structure active en ESI. Lors de cette ren- contre, ils ont pu également faire remonter les ressentis de leurs stagiaires et travailleurs public-cible par rapport à la validation des compétences. 10 | L’INSERTION 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114
Le dossier de L’insertion Le dispositif de validation des compétences > François Geradin En quoi consiste précisément le dispositif de validation des compétences ? Qui concerne-t-il ? Quels effets concrets y sont associés ? Voici quelques éléments de réponse pour mieux connaître ce dispositif qui constitue un enjeu important pour les secteurs de l’insertion socioprofessionnelle et de l’économie sociale d’insertion. En très très bref... – des partenaires sociaux et des services publics de l’em- ploi. Leur mission est d’orienter et d’évaluer le dispositif. Origine et principe ? – des opérateurs publics d’enseignement et de forma- Issu de l’Accord de coopération du 24 juillet 2003 « relatif à tion suivants : Bruxelles Formation, Le Forem, l’Ensei- la validation des compétences dans le champ de la forma- gnement de Promotion sociale, l’Institut de Formation tion professionnelle continue » conclu entre la Région wal- en Alternance des Petites et Moyennes Entreprises lonne, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Commission (IFAPME) et le Service de Formation des Petites et communautaire française au sein de la Région bruxelloise, Moyennes Entreprises (SFPME). Ces opérateurs, quant le dispositif de validation des compétences permet aux per- à eux, pilotent le dispositif au niveau plus opérationnel. sonnes, comme son nom l’indique, de valider officiellement certaines de leurs compétences1. Au niveau interne, le CVDC est composé d’un comité direc- teur (organisation et gestion quotidienne), d’une cellule exé- Public ? cutive (secrétariat et opérationnalisation) et des commis- Le dispositif s’adresse à toute personne de plus de 18 ans, sions de référentiels dans lesquels des représentants des quelle que soit sa situation professionnelle, souhaitant faire partenaires sociaux sectoriels produisent les référentiels de valider ses compétences acquises de manière informelle ou validation. non formelle2. Pour obtenir quoi et comment ? Le chemin vers la validation Pour obtenir un Titre de compétence (TC), le candidat doit réussir une épreuve de validation des compétences Le schéma ci-contre illustre clairement, du point de vue du dans l’un des centres de validation agrées en Fédération candidat à la validation, les quatre étapes principales du Wallonie-Bruxelles. parcours de validation des compétences : Un Consortium ? D’un point de vue institutionnel, le Consortium de validation des compétences, chargé de la mise en œuvre de la valida- tion des compétences, est composé : 1 L’article 1er, 1°, de l’accord de coopération du 24 juillet 2003 définit ce qu’il faut entendre par compétence professionnelle : « l’aptitude, mesurable, à mettre en œuvre les savoirs nécessaires à l’accomplissement d’une tâche dans une situation de travail : savoir, savoir-faire, savoir-faire comportemental strictement nécessaire à l’accomplissement de la tâche. » 2 Si l’apprentissage non-formel, contrairement au formel, ne débouche pas sur une certification à l’issue d’une formation organisée et planifiée, l’apprentissage informel est un « apprentissage découlant des activités de la vie quotidienne liées au travail, à la famille ou aux loisirs » qui « n’est ni organisé ni structuré (en termes d’objectifs, de temps ou de ressources) » (Glossaire des concepts pédagogiques Approche par compétences, Bruxelles Formation, août 2016, p. 9). 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114 L’INSERTION | 11
Le dossier de L’insertion organisant des formations qualifiantes ne sont pas habili- tés à délivrer d’authentiques certificats, comme Bruxelles Formation peut le faire par exemple3. L’accessibilité du dispositif de validation des compétences constitue donc un enjeu central pour le public cible de l’ISP et de l’ESI, public ayant souvent connu des difficultés sco- laires et pouvant rapidement vivre des situations de stress dans un contexte d’évaluation normative. Le dispositif de validation des compétences doit donc pouvoir garder son niveau d’exigence tout en restant accessible à tous les publics ayant des compétences. Les Titres de compétence entraînent pour leurs porteurs des « effets d’usage » : des effets de notoriété (pouvoir mon- trer à un potentiel employeur que ces compétences sont Source : CVDC (« EI » signifie « Enquête interne » et les éléments reconnues officiellement) et de possibles effets de droit. Ces positifs mentionnés par les candidats à la validation lors de cette même enquête interne menée par le CVDC / « Q » signifie « Qualité » et derniers signifient concrètement pour les personnes obte- mentionne les principes fondamentaux de la démarche qualité mise en nant des TC de pouvoir avoir : place au niveau du CVDC). • accès à certains emplois (et aux barèmes liés) des Quelques remarques complémentaires : pouvoirs locaux ayant des accords avec la validation des compétences. – Sur tout le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles, • accès à certaines certifications sectorielles (dans il existe près d’une cinquantaine de centres de validation les secteurs de la construction, de la logistique, de agréés. l’électricité, …). – L’épreuve de validation des compétences consiste en • accès aux allocations d’insertion pour les moins de une mise en situation professionnelle, avec un jury com- 21 ans. posé de trois personnes (évaluateur, observateur et res- • etc. ponsable du centre). – Les examinateurs de l’épreuve utilisent une grille d’éva- luation. La grille est structurée de la manière suivante : Soutien politico-institutionnel et focus sur la critères, indicateurs, niveaux de réussite, évaluation et Région bruxelloise commentaires. – Le Titre de compétence reconnaît la maîtrise de cer- D’un point de vue politico-institutionnel, il est à noter que le taines compétences liées à un métier. Les métiers sont dispositif de validation des compétences bénéficie d’un sou- divisés en une ou plusieurs Unités de compétence (UC). tien très fort du Gouvernement de la Région de Bruxelles- Ces unités sont des parties de métier jugées cohé- Capitale, et du ministre de l’Emploi et de la Formation en rentes et pertinentes par rapport au marché de l’emploi. particulier. Dans son Plan Formation 2020, lancé par la A chaque UC réussie, un TC est délivré. Un candidat Région bruxelloise et par la COCOF et intitulé « Qualifier les peut donc cumuler plusieurs TC. Exemple : le métier Bruxellois pour l’Emploi », une mesure concernant spécifi- Technicien PC/Réseau est divisé en 3 UC. quement le dispositif de validation des compétences prévoit d’ailleurs à l’horizon 2020 de « délivrer 2000 Titres de com- pétence par an ». Enjeu pour les secteurs de l’insertion... mais surtout pour les publics ! Les stagiaires ISP et les travailleurs en insertion de l’ESI 3 Par ailleurs, il existe un dispositif appelé la « Reconnaissance des Acquis sont généralement très intéressés de pouvoir disposer d’un de Formation (RAF) » permettant qu’un Titre de compétence soit délivré automatiquement à la personne ayant réussi une épreuve certificative chez un Titre de compétence. En effet, pour un public ne disposant opérateur de formation faisant partie du Consortium (Bruxelles Formation, Le Forem, l’Enseignement de Promotion sociale, l’IFAPME et le SFPME). Ce généralement pas de diplôme, pouvoir disposer d’un docu- dispositif permet ainsi aux stagiaires en formation d’obtenir non seulement, ment officiel (reconnu par la RW, la FWB et la COCOF) attes- à l’issue de leur formation, un certificat mais également directement un Titre de compétence. Cette possibilité de RAF devrait prochainement être élargie tant de ses compétences favorise l’insertion professionnelle aux OISP, une fois qu’ils pourront délivrer des certificats en bonne et due des personnes. D’autant que, à l’heure actuelle, les OISP forme. 12 | L’INSERTION 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114
Le dossier de L’insertion Conscients que le dispositif de validation des compétences permet aux personnes peu ou pas qualifiées de pouvoir faire reconnaître officiellement leurs compétences, les secteurs Extraits des résultats du questionnaire de l’insertion socioprofessionnelle et de l’économie sociale FeBISP (été 2015) sur la connaissance et d’insertion suivent de près, depuis maintenant plusieurs l’utilisation du dispositif de VDC par les années, les dossiers concernant directement ou indirecte- structures ISP et ESI. ment la validation des compétences. Depuis octobre 2017, 51 structures y ont répondu. la FeBISP est d’ailleurs membre de la Coordination bruxel- loise de la validation des compétences. Cette Coordination spécifique, désirée et soutenue par les pouvoirs publics régionaux, rassemble autour de la table les acteurs de la validation, de la formation professionnelle et de l’emploi à Bruxelles et poursuit l’objectif de pouvoir coordonner le mieux, tant sur les plans stratégique qu’opérationnel, le dispositif de validation des compétences sur le territoire bruxellois. La FeBISP et ses membres, tant ISP qu’ESI, pourront donc, sur ce dossier très important de la validation des compé- tences, continuer à en être des observateurs attentifs mais également, et surtout, des acteurs de premier plan. Quelques chiffres... • Jusqu’à présent, 25 000 titres de compétences ont été délivrés. • 39 métiers sont disponibles à la validation (Technicien PC et Réseau, Installateur électricien résidentiel, employé administratif, aide ménager, etc.). • 47 centres de validation des compétences sont agréés en Belgique francophone. • Taux de réussite moyen des épreuves : 75,1 % • 61,5% des candidats à la validation sont demandeurs d’emploi. • 72 % des candidats ont un niveau de qualification inférieur ou égal au CESS. • TOP 5 des métiers : Aide ménager, employé administratif, technicien PC et Réseau, Installateur électricien résidentiel et Aide comptable. 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114 L’INSERTION | 13
Le dossier de L’insertion Extraits des résultats du questionnaire FeBISP (été 2015) sur la connaissance et l’utilisation du dispositif de VDC par les structures ISP et ESI. 51 structures y ont répondu. Quelles pistes d’amélioration du dispositif • Informer les opérateurs de formation et leurs sta- pourriez-vous proposer ? giaires sur les possibilités réelles d’emploi favori- sées par les titres de compétence. Au niveau de la visibilité du dispositif de VDC : • Favoriser les contacts entre opérateurs de forma- • Organiser plus de moments d’information sur la tion et centres de validation. VDC pour les professionnels (directions, équipes • Développer la communication directe vers les sta- pédagogiques, accompagnateurs, etc.) ; giaires en formation. • Effectuer une campagne de publicité à destination • Maintenir la qualité et l’accessibilité de l’informa- du grand public. tion transmise aux candidats. • Continuer à sensibiliser les employeurs à la VDC. • Bien vérifier que les niveaux des tests pratiqués n’excluent pas de facto le public ISP... sans pour Au niveau des épreuves de validation : autant « brader » les niveaux de compétences • Organiser des modules de préparation aux attendus par les employeurs. épreuves. • Pouvoir effectuer des simulations d’épreuves pen- Avez-vous une remarque d’ordre général à dant les formations. formuler ? • Etre plus en phase avec l’évolution des métiers et disposer d’un matériel toujours à jour. • Le dispositif de VDC correspond bien aux besoins et • Réaliser les épreuves de VDC sur le lieu même aux spécificités (bonne expérience de terrain mais des formations qualifiantes et au sein même des pas de diplôme) d’une part importante du public entreprises. ISP/ESI. • Programmer plus d’épreuves et sur une plus • Le travail d’accompagnement vers la VDC est longue période de temps. important. Pour que ce travail préalable puisse • Réduction des délais entre l’information, les entre- se développer et se renforcer, des moyens finan- tiens et l’épreuve. ciers et humains supplémentaires devraient être • Communiquer les informations utiles directement dégagés. aux stagiaires en formation. Depuis la présentation par la FeBISP des résultats de cette Au niveau des titres de compétence et de leur enquête au Consortium de Validation des Compétences, reconnaissance : ce dernier tente de répondre au mieux aux divers points • Pouvoir valoriser nos attestations, et demain nos de vigilance soulevés. A titre d’exemple, le CVDC a pu ainsi certificats, afin d’obtenir directement et automati- entrer en contact avec les acteurs de l’ESI pour mieux faire quement les titres de compétence associés. connaître la VDC. De même, des projets-pilotes spéci- fiques, centrés sur une meilleure accessibilité du disposi- Autre(s) : tif (au niveau de la connaissance du français notamment), • Créer des ponts et des synergies entre le dispositif ont été menés par le CVDC depuis lors. de VDC et les acteurs de l’ESI. Selon vous, quels points de vigilance formuler pour que le dispositif de validation des compétences puisse mieux répondre aux attentes du public ISP/ESI ? • Pouvoir donner au public une information claire et simple sur les démarches et procédures à effectuer. 14 | L’INSERTION 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114
Le dossier de L’insertion Validation des compétences : “Au service des chercheurs d’emploi, des travailleurs et des entreprises” > Propos d’Alain Kock recueillis par Michèle Hubin Au départ d’un parcours d’enseignant, Alain Kock, directeur au Consortium de Validation des Compétences (CDVC), nous livre, avec enthousiasme et persuasion, les étapes de la genèse du dispositif - bien présent en terre bruxelloise - et son envie de le voir évoluer. Un itinéraire marqué par le «qualifiant» de certification et a recommandé l’élargissement de la Commission Communautaire des Professions et Qualifications Enseignant de formation, Alain Kock a travaillé pendant (CCPQ) à l’ensemble des opérateurs de formation continue. Ce 12 ans à la réforme de l’enseignement professionnel. qui fut traduit par les autorités politiques par la mise en œuvre « Pendant une petite douzaine d’années, j’ai accompagné des du Service Francophone des Métiers et des Qualifications équipes d’enseignants et des directions à améliorer l’organisa- (SFMQ). » tion de l’enseignement professionnel et à promouvoir la réus- site de ses élèves ». Lors de ces travaux, un premier constat a interpellé, et sur- C’était un atout pour affronter la suite de sa carrière pro- tout lorsqu’on compare à des situations d’autres pays. Ainsi, fessionnelle ; une expérience plus qu’utile pour aborder en France, tous les champs institutionnels certifiaient : les des questions telles que le décloisonnement de la forma- ministères (Emploi, Santé, Défense (…), les chambres des tion générale et technique, le travail par degré d’enseigne- métiers, en plus de l’Education nationale. Les certifications ment, l’utilisation du projet individuel et collectif. Après six proliféraient. Alors qu’en Belgique, la situation était tout années passées ensuite au Conseil de l’Éducation et de la autre. Ainsi, il était étonnant de constater que Bruxelles Formation (CEF), il fut nommé à la direction de la Cellule Formation ou le Forem ne certifiait pas mais délivrait des exécutive du CDVC. attestations de participation ou d’inscription. « Il fallait s’or- ganiser pour donner accès à ce droit réel pour le citoyen qu’est la reconnaissance des compétences sur base d’un parcours de Le CDVC : une construction « à la belge » formation ou d’un trajet de vie formatif ». et une longue gestation pour se poser les La création d’un dispositif de validation des compétences bonnes questions... se voulait complémentaire au système d’enseignement. Quelques années ont été mises à profit pour expérimenter La genèse de la validation des compétences remonte à la cette perspective et ensuite l’opérationnaliser sur une base régionalisation de la formation professionnelle. partagée. « C’est sans doute remonter fort loin, mais c’est significatif L’Accord de coopération de 2003, réunissant sur ce projet pour ce qui concerne son approche partenariale, l’origine de 5 opérateurs publics de formation continue1, crée un dispo- la validation des compétences se trouve dans la Chambre de sitif commun de validation des compétences. Le CDVC est la Formation du CEF qui a produit une double réflexion sur la créé pour sa part mi-2004 et sa production démarre début question de la certification des compétences. La première a 2005. porté essentiellement sur l’accès à la certification pour l’usa- ger en recommandant la mise en œuvre d’une démarche de validation des compétences. La seconde a été davantage 1 Les 5 opérateurs sont Bruxelles Formation, l’Enseignement de promotion centrée sur le volet institutionnel de la production de normes sociale, l’IFAPME, Le Forem et le SFPME. 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114 L’INSERTION | 15
Le dossier de L’insertion Des résultats engrangés petit à petit La première commande émanant des partenaires de l’ensei- gnement et des partenaires sociaux est arrivée fin 2004 pour 4 métiers, la première validation des compétences en 2005 avec la remise de 55 titres de compétences. Actuellement, on s’approche des 35 000 Titres de compétence délivrés, à un rythme annuel variant entre 4.000 et 5.000 certifications. L’accord prévoyait dès le départ le droit à une reprise d’études ou de formation pour le porteur du titre de compétence. La validation des compétences participait au discours ambiant sur les passerelles possibles d’un parcours d’éducation et de formation tout au long de la vie. Les conditions structurelles et opérationnelles nécessaires aux trajets professionnels des personnes ont effectivement été mises en œuvre, notamment par l’Enseignement de promotion sociale. Il reste maintenant à rendre ces moyens structurels pour l’ensemble de ces opéra- teurs pour s’assurer que la pratique de ces passerelles est deve- nue une réalité. D’autres accès ont été obtenus par la suite : Alain Kock, directeur au Consortium de Validation des Compétences. accès à la profession, accès aux allocations d’insertion pour les moins de 21 ans, l’accès à l’embauche et à des barèmes en Belgique francophone ? « La question mériterait d’être exa- pour les Pouvoirs locaux wallons et bruxellois, l’accès au Jury minée et plus particulièrement pour des certifications situées aux central de l’Enseignement secondaire ordinaire pour l’obten- premiers niveaux du Cadre francophone des certifications. Sans tion du CESS, des reconnaissances sectorielles. « D’année en constituer des finalités, elles pourraient constituer une étape de année, on a engrangé des valeurs de droit, mais le plus essentiel départ pour le développement de politiques de promotion des tra- des effets du Titre de compétence concerne le renforcement de vailleurs et de professionnalisation des secteurs. » l’identité professionnelle des personnes et de leur estime de soi ». Comment aller de l’avant ? « Des faux débats doivent être dépas- sés pour continuer à dégager les axes de l’éducation et de la for- mation tout au long de la vie. » Aucun système éducatif ne s’est Validation des compétences, un dispositif effondré faute d’apprenants dans les pays où la validation est réellement accessible ? organisée. « Organiser la validation des compétences ne revient pas pour les formateurs et enseignants à scier la branche sur La gratuité de l’accès à la validation est assurée par l’Accord laquelle ils sont assis. Au contraire, reconnaître les compétences de coopération et assumée à la fois par les gouvernements acquises favorise une reprise pertinente d’étude et de formation. francophones et les opérateurs du CVDC. Dans ces mêmes pays, aucune spirale inflationniste des Quant à la question de savoir si le dispositif peut être effec- salaires ni aucun turn over des travailleurs déstabilisant les tivement déployé partout, notre interlocuteur reconnaît que entreprises n’ont été observés dans les secteurs privés ou la question est pertinente mais néanmoins embarrassante ! publics ». Il semble qu’en Belgique, le Conseil Régional de « La couverture géographique du territoire de la Belgique la Formation (RW) constate que l’intégration de la validation francophone doit répondre à un équilibre économique entre des compétences dans le dialogue social n’a pas produit besoins en qualification et possibilités opérationnelles de d’effets financiers non escomptés. développement de l’offre. «Il serait temps de ranger certains épouvantails au placard et La couverture des métiers est, quant à elle, dépendante de la de se centrer sur les ressources à mettre à la disposition de demande des partenaires sociaux sectoriels. L’initiative du déve- parcours tout au long de la vie. » loppement de la validation des compétences revient en effet aux demandes exprimées par les représentants des employeurs et des travailleurs. En treize années, du chemin a été parcouru et le Cap sur l’offre de validation nombre de secteurs en demande ne cesse de croître à quelques exceptions près. Le dialogue avec les partenaires sociaux organisé À la question de pointer les enjeux actuels de la VDC, le par la Commission consultative et d’agrément est particulière- directeur du Consortium y va franco : « il faut travailler l’offre ment constructif. » L’obligation faite en France aux certificateurs de validation pour qu’elle réponde aux besoins en suffisance par une loi de modernisation sociale de rendre accessibles en organisant des possibilités de valider dans les Centres de leurs certifications par voie de Validation des Acquis de l’Expé- validation, mais aussi dans des sites partenaires et certaines rience (VAE) est-elle préférable à la voie consensuelle choisie entreprises soucieuses de l’évolution de leurs qualifications ». 16 | L’INSERTION 25 SEPTEMBRE AU 25 DÉCEMBRE 2017 • N°114
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