L'UE et les pays émergents : Ukraine et Moldavie Rapporteur: Antonio Parziale
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L'UE et les pays émergents : Ukraine et Moldavie Rapporteur: Antonio Parziale I. Introduction L'Union européenne est une communauté d'États qui s'appuie sur les principes de la liberté, de la démocratie, du respect des droits de l'homme et de l'État de droit. Jusqu'à présent, elle a connu plusieurs phases d'élargissement, lors desquelles elle a permis l'adhésion de nouveaux États membres. Depuis le dernier élargissement en 2007, l'UE compte vingt-sept États membres. Les autres pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne sont la Croatie, l'Islande, l'ARYM, le Monténégro et la Turquie. Malgré la crise de la dette et des années de problèmes non résolus au sein de l'UE dans son ensemble et, de manière plus spécifique, de l'Union monétaire européenne, dénommée également "zone euro", l'Union européenne continue à représenter un attrait pour ses pays voisins. Cet aspect se manifeste dans leur attitude persistante vis-à-vis de leur adhésion à l'UE. Les raisons principales pour lesquelles les pays candidats souhaitent intégrer l'Union européenne sont: le libre accès au marché de l'UE, la libre circulation des personnes et la possibilité d'utiliser la législation européenne établie par les institutions de l'Union européenne. En outre, les États membres gagnent en compétitivité sur le marché mondial tandis que l'UE dans son ensemble peut rivaliser avec les principaux acteurs de l'économie mondiale comme la Chine, l'Inde, le Brésil, l'Indonésie, etc. Dans ce contexte, l'Ukraine et la Moldavie peuvent être considérées comme des États montrant leur volonté d'être associés à l'UE. Cependant, une question fondamentale se pose toujours: ces pays remplissent-ils les critères minimums pour l'adhésion ? En réalité, tout pays respectant les principes de la liberté, de la démocratie et des droits de l'homme et remplissant un certain nombre de critères fixés par le Conseil européen peut se porter candidat à l'adhésion à l'Union européenne. Les critères politiques incluent des institutions stables garantissant la démocratie et l'état de droit, la protection des minorités et le respect des droits de l'homme. Les critères économiques englobent une économie de marché opérationnelle, la capacité de faire face à la concurrence et au pouvoir de marché de l'Union européenne. Les pays candidats doivent être en mesure de remplir les obligations liées à l'adhésion et d'adopter les objectifs économiques, monétaires et politiques de l'UE. Ils doivent également être capables d'adopter et de mettre correctement en œuvre l'ensemble de la législation européenne par l'intermédiaire de leurs structures administratives et judiciaires. II. Ukraine L'Ukraine peut-être considérée comme un pays formant, historiquement, la frontière entre l'Est et l'Ouest de l'Europe. Jusque 1991, l'Ukraine faisait partie de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Au cours de cette période, son économie était la deuxième plus importante de toutes les anciennes républiques de l'URSS. Même après son indépendance, son économie et sa
politique sont restées tournées vers la Russie. Cette attitude est confirmée par le fait que, déjà au cours de l'année de son indépendance, l'Ukraine est devenue l'un des membres fondateurs de la Communauté des États indépendants. Toute une série de formations politiques ukrainiennes s'est donné l'objectif de développer et de renforcer les relations mutuelles avec l'Union européenne et, par conséquent, l'aspiration à l'adhésion à l'UE. Le tournant, pour la politique ukrainienne, fut l'année 2004, au cours de laquelle a eu lieu la célèbre "Révolution orange". Les espoirs d'une adhésion de l'Ukraine à l'UE se sont encore accrus avec la formation d'un nouveau gouvernement pro-européen. De nouvelles formes de relations mutuelles ont commencé avec l'Europe et les États-Unis. En décembre 2004, le président Viktor Ioutchenko a proposé un programme en quatre points pour mener l'Ukraine vers l'adhésion à l'UE. En vertu de ce programme, l'Ukraine devait 1. être reconnue en tant qu'économie de marché ; 2. adhérer à l'Organisation mondiale du commerce; 3. devenir un membre associé de l'UE,; 4. et enfin, acquérir le statut de membre à part entière de l'UE. Malgré sa conception, le programme en quatre points du président Ioutchenko se révéla finalement être un échec. Deux des raisons expliquant cet échec sont la prudence de l'Union européenne et l'instabilité politique de l'Ukraine. L'évolution de la politique étrangère de l'Ukraine a pleinement mis à jour le conflit fondamental existant au sein du pays: un désaccord profond entre la partie pro-européenne de la population, tournée vers l'Ouest, et la partie pro-russe, tournée vers l'Est, ainsi qu'entre leur représentation politique. Les points de vue relatifs à l'éventuelle adhésion de l'Ukraine varient aussi au sein de l'UE et au sein de ses États membres. Si différents sondages indiquent que l'opinion publique des six plus grands États de l'UE considère l'adhésion de l'Ukraine comme étant acceptable, les représentants des institutions européennes et les dirigeants politiques européens se montrent plus sceptiques. De tous les pays de l'UE, la Pologne et l'Espagne soutiennent l'idée d'une pleine adhésion de l'Ukraine. Un sondage d'opinion mené en 2009 en Ukraine a indiqué que 34 % de la population apporteraient son soutien à l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne. En 2010, le pays a connu une nouvelle crise politique. La victoire du dirigeant pro-russe de l'opposition, Viktor Ianoukovitch, lors de l'élection présidentielle ukrainienne aurait pu renforcer l'influence de la Russie dans la région. Cela aurait probablement amené l'Ukraine à commencer à adopter une orientation clairement pro-russe. Malgré le fait que le président Ianoukovitch a fait de l'adhésion à l'Union européenne l'un de ses objectifs stratégiques, son administration n'a pas réussi à mettre en œuvre les modifications nécessaires pour remplir les critères d'adhésion. Le nombre de citoyens qui, en 2011, étaient favorables à l'adhésion à l'Union européenne a augmenté, par rapport à 2009. D'après le sondage, 45 % des sondés seraient favorables à l'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne, tandis que 34,2 % voteraient contre. III. République de Moldavie Tout comme l'Ukraine, la Moldavie a déclaré son indépendance en 1991, à la suite du vote de la Déclaration d'indépendance. Au cours de la même année, la Moldavie est devenue membre de la Communauté des États indépendants. Même à l'époque où le pays faisait partie de l'Union des L'UE et les pays émergents : Ukraine et Moldavie Rapporteur: Antonio Parziale 2
républiques socialistes soviétiques, la production de la Moldavie ne représentait que 1 % de l'économie brute de l'URSS. D'après les indicateurs économiques, la République de Moldavie est toujours l'un des pays les plus pauvres d'Europe. Le pays ne dispose pas de ressources minérales considérables. En ce qui concerne les approvisionnements énergétiques, la Moldavie importe la majorité de son gaz naturel de la Fédération de Russie, bien que dans un avenir proche cette dépendance pourrait se voir réduite grâce à des interconnexions alternatives vers l'Ouest et à l'adhésion à l'ENTSO-G. Ces considérations valent aussi pour l'électricité: si la Moldavie dépend actuellement de deux fournisseurs (la centrale de Kuchurgan située dans la région transnistrienne et l'Ukraine), elle pourrait, à l'avenir, diversifier ses sources après son adhésion au réseau européen des gestionnaires de l'électricité (ENTSO-E). D'autre part, la Moldavie bénéficie d'un climat favorable à l'agriculture, en particulier la culture des légumes, du tabac, des fruits et la production de vin. Le 25 septembre 2009, le premier gouvernement de l'Alliance pour l'intégration européenne a été constitué. Ce nouveau gouvernement a lancé une série cohérente de politiques et de mesures d'ajustement relatives aux politiques du crédit, monétaires, fiscales et budgétaires, afin de mettre un terme au déclin économique, de relancer la croissance économique, de créer un environnement attrayant et prévisible pour les investisseurs, de permettre une évolution favorable de l'économie et du marché du travail et d'accroître le niveau de vie et la qualité de vie des citoyens. L'intégration européenne a été reconfirmée en tant que principale priorité en janvier 2010 lorsque que le deuxième gouvernement de l'Alliance pour l'intégration européenne a pris ses fonctions. Le nouveau gouvernement a approuvé le programme d'actions pour la période 2011-2014, se fondant sur le programme de l'Alliance pour l'intégration européenne. Ce programme mentionne la création des conditions adéquates en vue de l'adhésion politique et de l'intégration économique au sein de l'UE, par la signature de l'Accord d'association, conformément aux dispositions de la dimension bilatérale du Partenariat oriental. La Moldavie a entrepris un ensemble de réformes approfondies visant à établir l'état de droit, l'indépendance de la justice, une économie de marché opérationnelle permettant aux entreprises et aux investisseurs étrangers de se développer. Ces processus sont complexes, longs, voire douloureux, mais absolument nécessaires en vue du développement futur. L'engagement en vue de la démocratie, de l'état de droit, du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales constitue la ligne d'action de la gouvernance. Les citoyens moldaves considèrent l'intégration de leur pays au sein de l'UE comme étant des plus favorables pour le développement et la modernisation du pays. Depuis 2000-2001, le soutien de la population moldave à l'adhésion de la Moldavie à l'UE s'établit fermement autour de 70 %. D'après un sondage d'opinion réalisé en 2010, 61,4 % des citoyens moldaves sont prêts à voter en faveur de l'adhésion de leur pays à l'UE et seulement 17,7 % voteraient contre. IV L'UE et les pays émergents L'Union européenne entretient des relations avec ses pays voisins de deux manières différentes. 1) Les accords de stabilisation et d'association permettent à un pays, avec lequel les L'UE et les pays émergents : Ukraine et Moldavie Rapporteur: Antonio Parziale 3
négociations sont terminées, de devenir un pays candidat à l'adhésion à l'UE. 2) Si un pays ne fait pas partie du groupe de pays candidats ou si ses relations avec l'UE restent assez floues, l'Union européenne conclut avec lui des accords dans le cadre de la politique européenne de voisinage (PEV). En 2002, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Autriche et les pays nordiques ont conseillé à l'Union européenne de nouer des relations plus approfondies avec ses voisins orientaux. Une initiative commune baptisée "Initiative en faveur des nouveaux pays voisins" aurait dû être axée sur le développement de relations entre l'UE et l'Ukraine, la Moldavie et la Biélorussie. En 2004, l'Union européenne a présenté un document intitulé "La politique européenne de voisinage" qui couvrait une région plus large, incluant tant les voisins orientaux que les voisins méridionaux de l'UE. Sur la base de ce document, des relations mutuelles auraient dû être établies avec les pays tiers et déployées progressivement sur le principe de la réciprocité. La politique européenne de voisinage devrait créer un statut particulier en termes de relations entre l'UE et les pays tiers concernés par la PEV. L'Union européenne n'envisage pas de nouveaux élargissements dans un avenir proche; parallèlement, la PEV n'a pas vocation à mener directement à l'adhésion à l'UE. Par conséquent, cela signifie que le statut de la PEV ne garantit pas l'adhésion des pays participants à l'Union européenne. Plus important encore, l'objectif de la PEV est de nouer des relations politiques et économiques approfondies, en étendant la zone de stabilité au voisinage de l'UE et en réduisant les menaces pour la sécurité, comme les migrations clandestines, la criminalité organisée, les menaces pour la stabilité des approvisionnements énergétiques, etc. La PEV se base sur le respect de valeurs communes, sur lesquelles se fonde l'Union européenne. Ces valeurs sont la démocratie, l'état de droit, le respect et la protection des droits de l'homme ainsi que le respect des principes de l'économie de marché et du libre-échange. En cas de mise en œuvre fructueuse du programme, la PEV propose à ses pays partenaires des accords de libre- échange, l'intégration économique, des procédures d'obtention de visa facilitées, des aides financières en vue de mener des réformes, un soutien en matière de droits de l'homme, une coopération dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, etc. Le programme définit les objectifs, les outils, les principes et les méthodes utilisés par l'Union européenne dans le cadre de ses relations avec les pays participants. Les plans d'action bilatéraux relatifs aux différents pays sont importants dans le cadre de la PEV. Chaque plan d'action définit une série de priorités dans les domaines de coopération sélectionnés et est axé sur les besoins spécifiques et sur le potentiel du pays concerné. Ces plans, élaborés pour une durée de cinq (ou trois) ans, visent à fixer plusieurs objectifs en matière de réforme économique et politique ainsi que des mesures en vue de les atteindre. Étant donné que la réalisation des objectifs du programme est exigeante et requiert des modifications structurelles au sein des pays, le choix du rythme et des procédés est laissé à chaque pays. La réalisation du programme fait l'objet d'un suivi régulier et, sur la base de ce suivi, le programme est adapté en permanence à la situation. En mai 2008, avec le soutien de la Suède, la Pologne a présenté une nouvelle initiative relative au Partenariat oriental dans le cadre de la politique de voisinage de l'Union européenne. Il s'agit de propositions supplémentaires en vue de renforcer la coopération dans le cadre de la PEV. Le 20 mars 2009, les dirigeants des États membres de l'UE réunis à Bruxelles ont approuvé le Partenariat oriental. Cette initiative vise à renforcer les liens avec les pays situés dans le voisinage oriental de l'UE. Le Partenariat oriental vise, en outre, à promouvoir le renforcement de la coopération bilatérale entre L'UE et les pays émergents : Ukraine et Moldavie Rapporteur: Antonio Parziale 4
l'UE et ses voisins orientaux ainsi qu'à créer un espace commun reposant sur des valeurs partagées. Ses objectifs communs sont les suivants: une intégration économique et sociale accrue et une coopération multilatérale renforcée, tout en créant un espace commun reposant sur des valeurs communes. Les participants au Partenariat oriental sont l'UE, la Biélorussie, la Moldavie, l'Ukraine, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie. Cette initiative sert en particulier à renforcer les liens économiques entre les États participants, en promouvant l'établissement de zones de libre-échange approfondies et complètes avec les partenaires sélectionnés. Ce partenariat envisage également de nouveaux progrès concernant le dialogue portant sur l'assouplissement des procédures en matière de visa et sur la libéralisation des visas ainsi qu'un programme plus étendu pour la coopération dans ce domaine. Des instruments concrets sont prévus pour le rapprochement des législations et le renforcement des institutions. Ce programme a contribué à ouvrir le marché de l'UE à des produits provenant d'États de l'ex-Union soviétique et à améliorer les contacts interpersonnels entre l'UE et ces pays. La politique énergétique peut se voir attribuer un rôle considérable étant donné que certains États membres du Partenariat oriental sont prospères, disposent de ressources pétrolières et gazières importantes et servent de pays de transit pour ces produits. Le Partenariat oriental inclut deux dimensions: - la dimension bilatérale: coopération des pays participant au Partenariat oriental avec l'Union européenne; - la dimension multilatérale: coopération des pays participant au Partenariat oriental entre eux et avec l'Union européenne. Le 25 mai 2011, la Commission européenne a présenté la nouvelle approche sur la manière de renforcer le partenariat entre l'UE et les pays et les sociétés du voisinage; cette approche s'intitule "Une stratégie nouvelle à l'égard d'un voisinage en mutation". Cette nouvelle approche sera fondée sur la responsabilité mutuelle et sur un engagement commun envers les valeurs universelles que sont les droits de l'homme, la démocratie et l'état de droit. Elle comportera un niveau bien supérieur de différentiation, permettant à chaque pays partenaire de développer ses liens avec l'UE dans les limites de ses propres aspirations, besoins et capacités. Cette nouvelle approche vise à accroître, à certaines conditions, le soutien que l'UE apporte à ses voisins. Elle dépendra, dès lors, des progrès réalisés en matière d'instauration et de consolidation de la démocratie et du respect de l'état de droit. Plus un pays progressera et plus il progressera rapidement sur la voie des réformes internes, plus il recevra de soutien de la part de l'UE. En appliquant cette approche plus différenciée, l'UE maintiendra le dialogue avec les gouvernements, la société civile et les autres parties concernées. Le dialogue politique se poursuivra sur la gouvernance macroéconomique et la viabilité budgétaire. Ce dialogue macroéconomique sera accru avec les partenaires qui atteignent le niveau d'intégration économique avec l'UE le plus élevé et sera fondé sur une révision des politiques macroéconomiques et sur d'importantes réformes structurelles. Ce processus s'accompagnera d'un dialogue renforcé sur les politiques sociales et de l'emploi. Les aspects liés au commerce dépendront en grande partie d'une approche bilatérale entre l'UE et chaque partenaire. Cela permettra aux pays les plus avancés de progresser plus rapidement et est cohérent avec le principe de différenciation. Ce principe est également cohérent avec la vision à long terme d'une communauté économique émergente entre l'UE et ses partenaires de la PEV. L'UE et les pays émergents : Ukraine et Moldavie Rapporteur: Antonio Parziale 5
L'UE continuera à soutenir les réformes pour aider ses partenaires à construire leurs capacités, en fournissant l'expertise du secteur public, y compris par l'intermédiaire du programme global de renforcement des institutions ou d'autres mécanismes comme le jumelage et TAIEX. Lors du sommet du Partenariat oriental, qui a eu lieu à Varsovie en septembre 2011, tous les États membres et pays partenaires se sont mis d'accord sur l'élaboration d'une feuille de route pour le Partenariat oriental. La déclaration commune du sommet a invité à élaborer une feuille de route qui, en coopération avec les partenaires, énumérerait les objectifs, les instruments et les actions et guiderait et contrôlerait leur mise en œuvre jusqu'au prochain sommet qui se tiendra dans la seconde moitié de 2013. Cette feuille de route se voit donc être un outil stratégique qui établira pour tous les partenaires, et de la manière la plus transparente possible, la liste des objectifs du Partenariat oriental, les actions attendues de la part des États partenaires, le soutien apporté par l'UE en vue d'atteindre les objectifs et un objectif global pour 2013. V. Conclusion Les relations entre l'Union européenne, l'Ukraine et la Moldavie sont caractérisées, d'une part, par un intérêt marqué de l'Ukraine et de la Moldavie pour la coopération et l'intégration, mais, d'autre part également par une attitude prudente de l'Union européenne à l'égard de ses voisins orientaux. L'objectif de l'Union européenne est de nouer des relations commerciales et de sécuriser davantage ses frontières extérieures plutôt que de satisfaire les intérêts de ces deux pays en matière d'intégration. En particulier, l'Ukraine est un pays important du point de vue géopolitique, tant en ce qui concerne la sécurité énergétique pour les pays européens qu'en ce qui concerne la formation d'un pont entre l'Est et l'Ouest. L'éventuelle intégration au sein de l'Union européenne des voisins du sud-est reste un sujet très sensible. D'un point de vue historique, l'Ukraine doit être considérée comme étant un pays européen. Cependant, rien que l'idée que l'Ukraine devienne membre de l'UE engendre des tensions avec la Fédération de Russie. En outre, l'instabilité politique du pays ces dernières années retarde pour une durée indéterminée la possibilité de signer des accords spécifiques. La Moldavie est tout aussi, voire davantage, ancrée dans l'espace européen, que ce soit historiquement ou culturellement. Au cours de ces dernières années, malgré la crise constitutionnelle (qui a pris fin en mars 2012 avec l'élection du président du pays), le gouvernement et les autorités locales sont parvenus à atteindre la stabilité interne, en mettant en œuvre un programme de réformes ambitieux axé sur l'UE. L'intégration européenne s'est vue reconfirmée en tant que principale ligne directrice de la politique intérieure et extérieure. Les actions et les efforts réalisés par le gouvernement moldave sont à la base de la mise en œuvre des principales recommandations et permettent de commencer les négociations relatives à la zone de libre-échange approfondie et complète. La République de Moldavie a également réalisé des progrès considérables dans le dialogue sur les visas. Il est important de passer à la deuxième étape du dialogue sur les visas. L'UE devrait commencer à promouvoir la suppression du régime des visas. Le régime des visas et le système bureaucratique connexe de l'UE compliquent les possibilités de développement personnel et réduisent les possibilités des citoyens moldaves et ukrainiens ordinaires. D'autres coûts relatifs au régime des visas, comme la protection des frontières Schengen, la lutte contre la corruption, la prévention des migrations clandestines et la lutte connexe contre la L'UE et les pays émergents : Ukraine et Moldavie Rapporteur: Antonio Parziale 6
criminalité organisée sont souvent supérieurs aux coûts similaires après la suppression du régime des visas. Le régime des visas ne permet pas totalement d'empêcher l'entrée sur le territoire de l'UE de personnes indésirables dans la mesure où ces personnes pourraient pénétrer au sein de l'UE en obtenant la nationalité roumaine, bulgare ou autre. Inversement, le régime des visas crée des opportunités pour les organisations impliquées dans la traite d'êtres humains et la criminalité transfrontalière. Même avant la réunion du Conseil de coopération UE-Moldavie, qui aura lieu le 25 juin 2012, l'UE devrait envoyer un signal encourageant à l'ensemble de la société moldave indiquant que les choses évoluent dans la bonne direction et que les réformes portent leurs fruits. Dans ce contexte, l'UE doit pleinement utiliser les possibilités existantes, y compris l'application du principe "donner plus pour recevoir plus" et l'approche de la différenciation en fonction des résultats atteints. Parallèlement, l'un des principaux défis reste la réintégration du pays. L'Union européenne a déjà commencé le processus d'accord, en apportant un soutien tant politique que concret. L'UE devrait accroître ses investissements, en particulier dans le domaine de l'enseignement afin que les étudiants et les jeunes Moldaves et Ukrainiens disposent de davantage de possibilités pour étudier dans les écoles et universités européennes, contribuer davantage à la réforme de la législation, contribuer financièrement à la construction d'infrastructures, non seulement primaires, mais aussi sociales. Il est nécessaire d'accroître la participation et l'aide, y compris au niveau le plus élevé du dialogue UE- Russie. Même si l'Ukraine dispose d'une situation géographique avantageuse, de potentiel et est un pays important en ce qui concerne le transport de l'énergie, en raison de tensions qui pourraient à l'avenir déclencher l'éventuel début des négociations d'adhésion sur la base de ces faits, nous considérons toujours la Moldavie comme étant le candidat le plus prometteur pour rejoindre l'Union européenne. L'UE devrait reconnaître la perspective européenne de la Moldavie, conformément à l'article 49 du traité UE, y compris en l'incluant dans le texte de l'accord d'association qui, nous l'espérons, sera finalisé au plus tard en 2013. L'UE et les pays émergents : Ukraine et Moldavie Rapporteur: Antonio Parziale 7
Annexe 1 Indicateurs économiques de l'Ukraine et de la République de Moldavie en 2010 Ukraine PIB (parité du pouvoir d'achat): 312,7 milliards $ (2010) PIB (taux de croissance): 4,2 % (2010) Répartition du PIB par secteur: agriculture: 9,3 % Industrie: 34,7 % services: 56,1 % (2010) Taux d'inflation (prix à la consommation): 9,4 % (2010) Produits agricoles: blé, betteraves sucrières, graines de tournesol, légumes; bœuf, lait Industries: charbon, électricité, métaux ferreux et non ferreux, machines et équipements de transport, produits chimiques, industrie alimentaire Exportations: 52,19 milliards $ (2010) métaux ferreux et non ferreux, combustibles Produits de base exportés: et produits pétroliers, produits chimiques, machines et équipements de transport, denrées alimentaires Russie 24,1 %, Turquie 5,9 %, Italie 4,7 % Exportations - partenaires: (2010) Importations: 60,9 milliards $ (estimations de 2010) énergie, machines et équipements, produits Produits de base importés: chimiques Russie 33,9 %, Chine 8,5 %, Allemagne 8,1 %, Pologne 5,4 %, Biélorussie 4,1 % Importations - partenaires: (2010) L'UE et les pays émergents : Ukraine et Moldavie Rapporteur: Antonio Parziale 8
République de Moldavie 2011 PIB (parité du pouvoir d'achat): 60,49 milliards MDL (janvier-septembre 2011) PIB (taux de croissance): 6,4 % Répartition du PIB par secteur: agriculture: 12,3 % (12,0 en 2010) industrie: 13,7 % (13,3 en 2010) services: 60,2 % (59,1 en 2010) Taux d'inflation (prix à la consommation): 7,8 % Produits agricoles: légumes, fruits, raisins, blé, betteraves sucrières, graines de tournesol, tabac; bœuf, lait; vin Industries: sucre, huile végétale, industrie alimentaire, machines agricoles; matériel de fonderie, réfrigérateurs et congélateurs, machines à laver; bonneterie, chaussures, textiles Exportations: 2,2 milliards $ Produits de base exportés: denrées alimentaires, textiles, machines Russie 28,6 %, Italie 9,7 %, Roumanie Exportations - partenaires: 16,9 %, Turquie 3,3 %, Allemagne 5,0 %, Ukraine 6,9 %, Biélorussie 3,4 % Importations: 5,1 milliards $ Produits de base importés: produits minéraux et combustibles, machines et équipements, produits chimiques, textiles Ukraine 12,4 %, Roumanie 11,1 %, Russie Importations - partenaires: 15,9 %, Allemagne 7,6 %, Italie 6,7 %, Kazakhstan 0,6 %, Biélorussie 3,8 % L'UE et les pays émergents : Ukraine et Moldavie Rapporteur: Antonio Parziale 9
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