L'Union africaine approuve des directives pour les semences et la biotechnologie sur le continent qui se révèlent draconiennes, antidémocratiques ...
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
L’Union africaine approuve des directives pour les semences et la biotechnologie sur le continent qui se révèlent draconiennes, antidémocratiques et contrôlées par le secteur privé Alerte Février 2022
Le Centre Africain pour la Biodiversité (African Centre for Biodiversity, ACB), continue à s’engager à démanteler les inégalités dans les systèmes alimentaires et agricoles sur le continent africain ; il poursuit également son engagement en faveur du droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée, produite au moyen de méthodes saines et durables sur le plan écologique, et de leur droit à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. © The African Centre for Biodiversity www.acbio.org.za PO Box 29170, Melville 2109, Johannesburg, Afrique du Sud Tel: +27 (0)11 486 1156 Cette publication est sous licence Creative Commons Attribution – Pas d’utilisation commerciale – Pas de modification 4.0 International. Cette publication peut être partagée sous réserve qu’au- cune modification n’y soit apportée et exclusivement à des fins non commerciales, sous réserve que le Centre Africain pour la Biodiversité en soit cité comme la source. Toute utilisation commerciale de matériaux ou données tirés de cette publication doit faire l’objet d’un accord écrit préalable. Recherches et rédaction par Sabrina Masinjila, ACB chargée de recherche et de plaidoyer Crédits photos : Sarine Arslanian / Shutterstock.com Marianoblanco / Shutterstock.com Mise en page et conception : Xealos Design Remerciements L’ACB remercie chaleureusement les donateurs qui ont apporté leur soutien financier à ce projet. Les opinions exprimées dans cette publication ne sont pas nécessairement celles de nos donateurs. L’ U N I O N A F R I C A I N E A P P R O U V E D E S D I R E C T I V E S P O U R L E S S E M E N C E S E T L A B I OT E C H N O L O G I E S U R L E C O N T I N E N T 2 Q U I S E R É V È L E N T D R A C O N I E N N E S, A N T I D É M O C R AT I Q U E S E T C O N T R Ô L É E S PA R L E S E C T E U R P R I V É
L’Union africaine (UA) a approuvé les directives continentales pour l’harmonisation des cadres semenciers et réglementaires et les directives continentales pour l’utilisation de la biotechnologie dans l’alimentation et l’agriculture en Afrique, en dépit de la résistance farouche de la société civile africaine. ALERTE FÉVRIER 2022 3
Le 16 février 2022, nous avons découvert que ces deux séries de directives avaient été approuvées par les « organes politiques de l’UA ». C’est ce qu’indique une communication par courriel envoyée par le département de l’agriculture, du développement rural, de l’économie bleue et de l’environnement durable (DARBE), de la Commission de l’Union africaine (CUA). Et, malgré les demandes écrites d’accès à ces documents, ils n’ont toujours pas été mis dans le domaine public. N ous sommes totalement consternés et indignés par la manière dont les décisions sont prises par l’UA, et en particulier par travers le continent, et elles ont été soumises à la CUA le 27 avril 2021,2 avec une lettre de suivi remise en juillet,3 dans laquelle nous la CUA. Non seulement ces décisions sont avons provisoirement accueilli favorablement prises de manière totalement opaques et la création d’un groupe de travail pour intégrer antidémocratiques, mais elles illustrent les systèmes semenciers paysans (SSP) dans également combien le secteur privé a la main l’harmonisation continentale. Cependant, nous mise sur les institutions concernées. avons également fortement mis en garde contre l’orientation commerciale des SSP et avons Cela remet également en question la légitimité lancé un appel pour la reconnaissance et la et la crédibilité du Conseil économique, social sauvegarde de ces systèmes en tant qu’éléments et culturel (ECOSOCC), un organe censé intégraux de tout cadre réglementaire veiller à ce que les voix des organisations de continental. la société civile africaine (OSC) soient prises en compte dans les principes, les politiques et En plus de ces initiatives, une lettre a été les programmes de l’UA, en particulier ceux adressée à la CUA, et plus particulièrement touchant à l’alimentation, aux semences et au groupe de travail technique du à l’agriculture et qui sont fondamentaux aux Programme africain pour les semences et des moyens de subsistance de millions de petits biotechnologies (PASB/ASBP) sur les systèmes producteurs alimentaires africains. semenciers paysans, concernant le groupe de concertation sur l’agriculture biologique Les organisations africaines d’agriculteurs et écologique et les systèmes semenciers paysans de la société civile ont dénoncé le processus (EOA-FMS de son acronyme anglais),4 dans d’élaboration de ces directives comme étant laquelle nous avons continué à exprimer fondamentalement et fatalement défectueux, notre rejet de ce processus de capture non non démocratique et comme manquant de démocratique et commercial. transparence. Ces critiques remontent au 23 août 2021,1 lorsque nous avons exigé que ce Nous avons également exprimé clairement processus soit suspendu jusqu’à ce que les nos positions lors de deux réunions en ligne parties prenantes concernées soient réellement organisées par la CUA, le 9 avril et le 23 consultées et que leurs préoccupations soient prises en compte. 2 https://www.acbio.org.za/sites/default/files/documents/202105/ submission-regional-and-continental-integration-under-african- Les critiques de ces documents ont été continental-seed-harmonisation-acsh.pdf méticuleusement préparées, à l’initiative de 3 https://www.acbio.org.za/sites/default/files/documents/202108/ l’ACB et soutenues par les OSC africaines à response-draft-report-development-continental-guidelines- harmonisation-seed-regulatory-frameworks.pdf 1 https://www.acbio.org.za/african-social-movements-demand- 4 https://www.acbio.org.za/sites/default/files/documents/202109/ au-suspends-undemocratic-and-pro-industry-seed-and-gmo- letter-asbp-technical-working-group-farmer-managed-seed- guidelines systems-regarding-eoa-fms-cluster-group.pdf L’ U N I O N A F R I C A I N E A P P R O U V E D E S D I R E C T I V E S P O U R L E S S E M E N C E S E T L A B I OT E C H N O L O G I E S U R L E C O N T I N E N T 4 Q U I S E R É V È L E N T D R A C O N I E N N E S, A N T I D É M O C R AT I Q U E S E T C O N T R Ô L É E S PA R L E S E C T E U R P R I V É
août 2021, auxquelles les OSC africaines Qui plus est, le projet de document sur les ont participé en nombre et ont fait part de lignes directrices en matière de biotechnologie préoccupations substantielles. a persévéré dans sa promotion de la biotechnologie moderne par le biais de Les points saillants de nos préoccupations, tels récits biaisés et pervertis, qui vont jusqu’à que décrits dans notre dernier appel à rejeter la validation des directives,5 en particulier les problématiser le principe de précaution, vu directives sur l’harmonisation des semences, comme un obstacle à une diffusion plus large sont les suivants : des produits génétiquement modifiés (GM) sur le continent. • Le manque de temps octroyé à des consultations dignes de ce nom, particulièrement à la lumière du Les technologies et interventions basées sur fait que les directives sont liées à la Zone de libre- les OGM se sont avérées être des interventions échange continentale africaine (ZLECAF/AfCFTA) et de développement typiques qui ont renforcé à d’autres efforts visant à harmoniser les lois axées l’agriculture industrielle, l’endettement, les sur les entreprises sur le continent pour faciliter le inégalités et l’exclusion sociale pour la majorité commerce et les investissements à risque, des petits exploitants agricoles, en particulier les • Le fait de placer les SSP et les droits des agriculteurs femmes, les personnes mêmes qui sont censées au cœur d’un agenda dominé par le secteur en bénéficier. semencier commercial, les mettant ainsi en péril, Dans ce contexte, nous sommes profondément • L’appui à une chaîne de valeur formelle du secteur préoccupés par le fait que l’UA joue un rôle actif semencier qui cherche à monopoliser les semences dans la coordination et la promotion active de pour le bénéfice du secteur privé, en excluant la prise de contrôle par le secteur privé de nos les semences paysannes, en mettant clairement systèmes semenciers, alimentaires et agricoles l’accent sur l’expansion du secteur semencier privé et en privilégiant le développement et la production sur le continent. de semences privées par rapport au secteur public, Nous attendons de voir ce qu’il ressortira des au profit de l’industrie semencière et de l’agriculture industrielle, nouvelles lignes directrices et nous continuerons à exiger que l’UA rende des comptes aux • La promotion de l’adoption à l’échelle continentale populations et aux écosystèmes africains, plutôt de l’Union internationale pour la protection des qu’aux entreprises qui ne sont préoccupées que obtentions végétales (UPOV) 1991, autoritaire, par leurs propres intérêts. draconienne et inadaptée, comme point de référence et comme moyen pour harmoniser la protection des obtentions végétales (PoV), • La capture des luttes paysannes par certains groupes d’intérêt, donnant une interprétation faussée des SSP et détournant les luttes des petits producteurs, en incorporant le discours des droits des agriculteurs au cœur du paradigme de l’agriculture extractive, industrielle et commerciale, • Le fait que ce processus extrêmement problématique et illégitime ait été exécuté avec une précipitation indécente, ce qui renvoie à la question plus large de la démocratie sur le continent et à une trahison des droits démocratiques du peuple africain. 5 https://www.acbio.org.za/sites/default/files/documents/202109/ block-validation-meeting-guidelines-harmonisation-seed- regulatory-frameworks-africa.pdf ALERTE FÉVRIER 2022 5
Vous pouvez aussi lire