La discrète et coûteuse quasi-nationalisation d'Orpea

La page est créée Raphaël Guillon
 
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La discrète et coûteuse quasi-nationalisation d'Orpea
La   discrète   et   coûteuse
quasi-nationalisation d’Orpea

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par h16

La nouvelle ne surprendra que les plus naïfs : la Caisse des
Dépôts et Consignations va devenir l’actionnaire majoritaire
du groupe Orpea, qui s’occupe de maisons de retraite et
connaît d’importantes difficultés financières depuis plus d’un
an. Sapristi ! Une quasi-nationalisation discrète, et personne
ne semble ni s’en émouvoir, ni s’en féliciter…

Pourtant, les montants qu’on évoque ne sont pas anodins : une
dette de 9,5 milliards d’euros, un effacement de 3,5 milliards
et une injection de capitaux à hauteur de 1,55 milliards,
voilà qui commence à faire des montants dodus qui pourraient
faire jaser.

Malgré cela, l’opération semble n’intéresser personne et le
sort final du leader mondial des EHPAD (72 000 salariés, 255
000 patients et résidents dans ses établissements) ne
déclenche guère que quelques articles dans une presse tournée
vers d’autres préoccupations, depuis les mésaventures des
La discrète et coûteuse quasi-nationalisation d'Orpea
cyclopathes français jusqu’aux prix des péages inévitablement
en hausse (la guerre contre les automobilistes continuant de
faire rage).

Orpea, c’est ce groupe qui avait fait parler de lui il y a
tout juste un an, à la sortie du livre “Les Fossoyeurs » de
Victor Castanet, consacré à la gestion de ce groupe et aux
traitements légèrement sous-optimaux des résidents : les
révélations qu’on pouvait y lire avaient mis en avant de gros
problèmes institutionnels qui avaient entraînés des procédures
judiciaires de l’État. Le groupe est maintenant en pleine
restructuration et s’approche dangereusement d’une faillite
retentissante, alors que la hausse des coûts alimentaires et
énergétiques pousse un manque de liquidités au premier
trimestre 2023.

L’annonce de l’intervention massive de la CDC permet ici de
sauver les meubles, au moins dans l’immédiat. La nouvelle
équipe dirigeante se félicite au passage de l’arrivée de la
“puissance publique” dans ce groupe, ce qui “réduira les
exigences de rentabilité du groupe ». Réduire la rentabilité
du groupe, voilà qui laisse augurer du meilleur pour la dette
restante.

Autrement dit, tout se passe comme d’habitude au pays du miel
en retraite et du lait pensionné : en lieu et place d’une
solide faillite avec à la clé quelques incarcérations de
dirigeants incompétents qui auraient rappelé à tous les
concernés leur responsabilité dans cette déroute,
l’exfiltration des responsables s’est faite dans la plus
grande discrétion et l’État intervient pour corriger tout cela
dans la dentelle et le silence ouaté des folliculaires
officiels… Et avec le pognon du contribuable, ne l’oublions
pas.
Chose intéressante : les Français vont donc payer pour
rétablir la bonne santé financière de ces établissements dans
lesquels la plupart d’entre eux ne pourront même pas aller une
fois leur heure venue, l’actuelle retraite étant destinée au
même type de déroute que ces établissements. Sauf que l’État
n’y pourra plus rien faire à ce moment.

De façon plus symptomatique, ces établissements profitent
directement des retraites versées à leur pensionnaires, qui ne
suffisent semble-t-il pas à couvrir leurs frais (d’où
l’hippopodette accumulée). Or, coquin de sort, c’est le même
État, sauveur du groupe, qui est aussi responsable de la
gestion de ces retraites, de plus en plus compliquées à verser
sans faire pleurer les cotisants. Intéressante perspective qui
n’est pas prête de s’améliorer quand on voit le monde dans la
rue pour conserver le système tel quel, aussi pourri soit-il.

Autrement dit, les mêmes causes produisant résolument les
mêmes effets, il est raisonnable d’imaginer que la situation
d’Orpea va suivre celle des retraites par répartition en
France, pour des raisons globalement similaire de gestion à la
Va Comme Je Te Pousse Mémé Dans Les Orties, C’est Là Qu’elle
Coûte Le Moins Cher.

L’état général de ces établissements, les frémissements
sociaux actuels et les gesticulations grotesques du
gouvernement se rejoignent admirablement à ce sujet pour nous
garantir une fin misérable à base d’Inspecteur Derrick en
boucle, de nouilles froides au dîner à 18h30 et d’extinction
des feux obligatoire à 20:45 après l’homélie de Claire Chazal.

Eh oui : les Français, abrutis par des années de socialisme et
de syndicalisme marxiste, d’éducation au rabais qui ne permet
plus au citoyen lambda de faire une règle de trois (et encore
moins de comprendre le principe pourtant fondamental des
intérêts composés), ne saisissent pas toute l’arnaque que
constitue l’actuel schéma de Ponzi des retraites par
répartition et s’accrochent donc à ce système en refusant
d’envisager la capitalisation, pourtant seul moyen réellement
fiable d’assurer de vieux jours confortables, quelque soit le
profil socio-professionnel.

Tentant obstinément de faire rentrer de gros parallélépipèdes
collectivistes dans de petits trous circulaires de l’âpre
réalité, ils ne comprennent donc pas comment triturer taille
et durée des cotisations, âge de départ et montant des
pensions versées pour parvenir à distribuer à tous des
retraites vaguement décentes dans un avenir proche.
Et ce, alors même que la base de ceux qui payent s’amenuise
d’années en années.

Manque de bol, les gains de productivité – sur lesquels les
néo-communistes et autres turbo-socialistes d’opérette harpent
à longueur de débat – ont été largement engloutis dans les
fromages de la République, toujours plus nombreux et dans
l’arrosage massif d’argent public dans l’aide sociale, mais
pas dans les retraites.

À la question “où sont parties les cotisations ?”, peu de
Français comprennent que la réponse est à chercher dans la
multiplication des strates administratives, des personnels
bureaucratiques, des errements de l’État dans tous ses
milliers de plans grotesques (vous reprendrez bien une
éolienne ou deux, non ?) et autres subventions directes,
indirectes et cachées, dans le sauvetage de tous les canards
boiteux dans lesquels copains et coquins se sont vautrés,
ainsi que dans le maintien d’une paix sociale de plus en plus
exorbitante.

Paix   sociale   tellement   exorbitante   que   le   différentiel
(colossal) avec ces gains de productivité alimente une dette
de 3000 milliards d’euros maintenant. Le moindre incident de
parcours, et – pouf ! – cette paix va voler en éclats petits
et pointus…

Or, vu la conjoncture, la démographie, les cadors au pouvoir
et dans les “oppositions” en carton, le problème n’ira qu’en
augmentant.

Avec des Français qui passent déjà 25 années à la retraite,
l’avalanche de mauvaises nouvelles (augmentation des
cotisations ET rallongement du temps de cotisation ET baisse
des retraites) n’a pas fini.

À côté, rappelons que grâce à la puissance des intérêts
composés, une capitalisation de 300€ par mois pendant 42 ans à
5% (ce qui est peu quand on se rappelle des volumes dont il
est question ici sur les marchés financiers mondiaux), cela
permet d’aboutir à 500 000€ en fin de carrière qui peuvent
ensuite en rapporter 25 000 par an (soit 2000€/mois) sans
toucher au capital.

Et comme le prouvent de nombreuses études (et ce livre, par
exemple, où les auteurs montrent comment et pourquoi un
travailleur moyen peut, par la capitalisation, disposer
pendant sa retraite d’une pension supérieure à son dernier
salaire), non, les aléas de la bourse n’y changent rien : même
en cas de grosses crises, même en cas de guerres, la
capitalisation reste un bien meilleur système que la
répartition, vol pur et simple sur le dos des générations
futures.

Mais voilà : il n’y aura pas de remise en question, ni des
principes de la retraite, ni de ceux qui permettent à des
établissements, en toute intégration avec le système actuel,
de profiter sans vergogne de ces pensions, ni même du fait que
l’État puisse devenir ainsi actionnaire d’un groupe en quasi-
faillite.
Depuis ceux qui sortent dans la rue jusqu’à ceux qui
gesticulent dans les couloirs républicains, tout le monde
réclame que tout ceci perdure.

Ceci perdurera donc.

source : Hashtable
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