La Disparition raconté aux enfants - Brill
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
annexe 1 La Disparition raconté aux enfants Au point de vue de la fiction La Disparition est un livre très fragmentaire qui multiplie les personnages et les anecdotes secondaires et emboîtées sans qu’il y ait nécessairement de fil narratif logique qui mène des uns aux autres. Il nous a semblé donc utile d’offrir au lecteur deux documents complémentaires qui l’aident à s’orienter dans les matériaux narratifs du texte. Le premier est un banal résumé qui ne suit pas l’ordre dans lequel sont présentés les événements dans le texte, mais en reconstruit plutôt la chronologie, dans les limites où elle peut l’être, et synthétise l’histoire de chacun des principaux personnages, et finale- ment l’enquête sur la disparition de Voyl. Le deuxième est une table des matières détaillée qui devrait permettre au lecteur de repérer facilement la place qu’oc- cupent dans le texte les principaux éléments du récit. 1 Le clan maudit A.W. Savorgnan et A. Conson descendent d’une riche et puissante famille, originaire d’Ankara, composée à l’origine d’au moins 26 personnes. Étant donné la nombreuse progéniture de chacun, qui comptait parfois jusqu’à cinq ou six enfants, le patrimoine familial risquait l’émiettement. Pour préserver sa fortune et son pouvoir, la famille a donc décidé que ses biens se transmettraient d’une génération à l’autre selon le prin- cipe de primogéniture et de masculinité, qui consiste à privilégier le fils aîné. D’où, chez les frères et sœurs réduits à la misère, des sentiments de jalousie et d’envie qui ne tardent pas à mener à l’assassinat en vue de récupérer la part d’héritage qui aurait dû leur revenir de droit. Épisode particulièrement sanglant dans l’histoire de cette famille, un certain Maximin tuera ainsi tous ses frères – Nicias, Optat, Parfait, Quasimodo, Ro- muald et Sabin – suivant un méticuleux réglage alphabétique. Pour mettre fin à cette lutte fratricide menaçant le clan d’extinction, il est alors convenu de limiter la descendance de chacun à un seul et unique fils. En cas d’accouchements multiples, les derniers-nés seront purement et simplement éliminés. C’est à ce sort qu’étaient voués deux des triplés nés à Acapulco en l’absence de leur père (le « Barbu d’Ankara »). Or à l’insu de celui-ci, la mère des enfants en décida au- trement en les confiant à une nourrice (la « nonnain ») chargée de s’enfuir avec eux pour les soustraire à la mort. Ayant découvert, vingt ans plus tard, le délit, le clan fait © koninklijke brill nv, leiden, 2019 | doi:10.1163/9789004368767_012 Hermes Salceda - 9789004368767 Downloaded from Brill.com05/05/2020 10:15:16AM via free access
184 annexe 1 assassiner celui qui, aux yeux du père, était son unique enfant. Fou de douleur, celui-ci rend coupable de cette mort les deux survivants et, jurant de se venger sur eux et sur leur descendance, part à leur recherche. Entretemps, la nourrice, consciente du danger qui guette ses deux protégés, et donc toujours en fuite, va de pays de pays jusqu’à Oslo où elle meurt sans avoir toutefois dé- voilé aux deux garçons leurs origines. Les deux frères, alors âgés de dix ans, sont sépa- rés : l’un (Amaury Conson) est placé dans une institution en Macédonie d’où il s’enfuit trois ans plus tard et, peu après, devient amnésique à la suite d’un accident ; l’autre (Arthur Wilburg Savorgnan) est, quant à lui, envoyé en Angleterre où il est adopté par un tambour-major qui finit par l’inscrire à Oxford. 2 Arthur Wilburg Savorgnan Au terme de son doctorat Arthur Wilburg Savorgnan, détaché à Sofia, entreprend de retrouver son frère car, contrairement à lui, il n’a pas perdu la mémoire. Après six an- nées de vaines recherches, il finit par découvrir que son jumeau a été recueilli et adop- té par un paysan de Mitrovitsa où il a été scolarisé, mais la piste s’arrête là. Poursuivant son enquête, notamment à Zurich auprès d’un ancien professeur de son frère, A.W. Savorgnan parvient à reconstituer partiellement l’histoire de la vengeance du Barbu, et décide de se rendre à Ankara pour connaître l’origine de la malédiction qui pèse sur lui. À son arrivée, Arthur connaît toute une série de mésaventures. Rapidement identi- fié comme un des membres du fameux clan, grâce à la marque de naissance qu’il porte à l’avant-bras (« un rond pas tout à fait clos finissant par un trait plutôt droit »), il est d’abord arrêté par la police. Une fois relâché, il prend contact avec un avocat qui est assassiné devant ses yeux, et reçoit lui-même des menaces. Toutefois, avant de quitter la Turquie et par le plus grand hasard, il entend une chanson inspirée de l’histoire de sa famille et comprend enfin l’origine et la nature de la malédiction qui pèse sur lui et son frère. Il retourne à Zurich pour faire part du résultat de son enquête à l’ancien professeur, mais découvre le pauvre homme assassiné. S’il ne renonce pas tout à fait à fait à l’espoir de retrouver son frère, il finira, en l’absence de nouveaux indices, par abandonner les recherches. Peu après, A.W. Savorgnan épouse Yolanda qui meurt après avoir donné naissance à des sextuplés, comme cela s’est déjà produit dans la famille. Il comprend vite que sa nombreuse progéniture risque de permettre au père vengeur de le retrouver. Il dé- cide alors, pour préserver ses enfants autant que lui-même de tout danger, de confier quatre d’entre eux à d’involontaires parents adoptifs – Anton Voyl à Lord Horatio Voyl Hermes Salceda - 9789004368767 Downloaded from Brill.com05/05/2020 10:15:16AM via free access
La Disparition raconté aux enfants 185 à Dublin ; Douglas Haig à August B. Clifford ; Hassan Ibn Abbou à une mère qui restera anonyme ; Olga Mavrokhordatos à une star déchue nommée Anastasia –, ne gardant auprès de lui qu’Ulrich (plus tard appelé Ottavio Ottaviani) et Yorick. 3 Amaury Conson Hormis qu’il a été séparé de son frère et recueilli après l’accident qui lui a fait perdre la mémoire, et qu’ignorant tout de ses origines il a pris le nom de son ancien professeur, M. Conson, on dispose de peu d’informations sur Amaury. Il est toutefois dit au début du roman (p. 59), que comme son frère, A.W. Savorgnan, il a eu six enfants – Aignan, Adam, Ivan, Odilon, Urbain et Yvon –, tous décédés dans des conditions plus ou moins originales. La saga familiale Origines du clan → → → X M-AXIMIN N-ICIAS O-PTAT P-ARFAIT Q-UASIMODO R-OMUALD S-ABIN Le Barbu d’Ankara (mère) X, La nonnain Amaury Conson Enfant Arthur Wilburg Savorgnan assassiné AI-GNAN A-NTON VOYL A-DAM DOUGLAS HAIG CLIFFORD I-VAN I-BN ABBOU, HASSAN O-DILON O-LGA MAVROKHORDATOS U-RBAIN U-LRICH / OTTAVIO OTTAVIANI Y-VON Y-ORICK 4 Récapitulation La généalogie des personnages principaux peut se résumer ainsi : C’est surtout l’histoire des quatre enfants d’Arthur Wilburg Savorgnan – Voyl, Haig, Olga et Ulrich (alias Ottaviani) – dont les destinées finissent par se recouper qui oc- cupe l’essentiel du roman. Celle des deux autres, Hassan Ibn Abbou et Yorick est accessoire. Hermes Salceda - 9789004368767 Downloaded from Brill.com05/05/2020 10:15:16AM via free access
186 annexe 1 5 Anton Voyl Anton a été elevé à Dublin dans la famille d’un magnat du tabac, Lord Horatio Voyl, mort brutalement d’une chute de cheval. On n’en sait guère plus sur son existence avant sa disparition au début du roman, sinon que son histoire est mêlée à celle d’Au- gustus B. Clifford, de Douglas Haig Clifford et d’Olga Mavrokhordatos. 6 Augustus B. Clifford, père adoptif de Douglas Haig A.B. Clifford, est un officier anglais qui a fait la Grande Guerre et vit à Azincourt. À dix-huit ans, en proie à une profonde dépression, il a fait un tour du monde à la voile dont on pensait qu’elle le guérirait, mais le remède n’a pas été tout à fait effi- cace et vers dix-neuf ans il s’est laissé séduire par une sorte de gourou nommé Othon Lippmann. Depuis il pratique quotidiennement des rites fort compliqués à base d’ablutions. Un soir d’avril 1928, un inconnu du nom de Tryphiodorus (en fait, A.W. Savorgnan déguisé, qui cherche à placer un de ses sextuplés) se présente à Azincourt pour annon- cer à A.B. Clifford qu’il a un fils dont la mère est morte en couches en l’ayant aupara- vant désigné comme le père de l’enfant. Malgré sa surprise, il va chercher le bébé à la maternité d’Arras, et ayant découvert que l’enfant porte un mystérieux bijou (le Zahir) au nombril, le baptise Douglas Haig et décide de l’élever comme son fils – le Zahir or- nera désormais le doigt du père. 7 Douglas Haig Clifford Douglas Haig (Haig tout court pour ses proches) grandit à Azincourt entouré de son père et de sa nourrice (la Squaw) et se découvre une aptitude naturelle pour le chant. Les jours semblent s’écouler paisiblement pour lui : il étudie la musique, joue, nourrit son poisson rouge… jusqu’au jour où il découvre sur le tapis de la table de billard de la maison une suite de mystérieux signes qu’Augustus B. Clifford interprète comme une menace de mort pour son fils adoptif. Il lui conseille alors vivement de partir en lui tenant un discours fort confus sur la nature du danger qui le guette. Se méprenant sur les intentions de son père, Haig – qui, entretemps, lui a volé le Zahir et sait qu’il n’est pas son fils naturel – se croit mis à la porte et quitte Azincourt plein de rancune. Quelque temps plus tard Augustus reçoit une lettre, puis la visite d’un inconnu, Anton Voyl, qui lui donne des nouvelles de son fils adoptif : Haig s’est installé à Paris où il a mené une vie de délinquant, avant de se remettre au chant et de se faire un nom Hermes Salceda - 9789004368767 Downloaded from Brill.com05/05/2020 10:15:16AM via free access
La Disparition raconté aux enfants 187 à l’opéra ; il a alors rencontré la soprano Olga Mavrokhordatos, qui lui a fait connaître l’amour et qu’il a décidé d’épouser. Augustus, craignant pour la vie de son fils, se pré- cipite avec Anton Voyl à Urbino où Haig doit chanter dans Dom Giovanni. Ils arrivent malheureusement trop tard et voient mourir Haig sous leurs yeux au cours de la repré- sentation. Augustus vole sa dépouille pour la ramener à Azincourt, où il va vivre dans le plus grand isolement jusqu’à la visite, six ans plus tard, d’Olga sa bru. 8 Olga Mavrokhordatos Au fil des générations, les Mavrokhordatos ont occupé des fonctions de plus en plus importantes au service du Sultan de Turquie, et acquis tant d’influence que le souve- rain en a pris ombrage. Bannis de leur terre natale, ils finissent par trouver refuge en Albanie où le grand père d’Olga, Augustin, appelle le peuple à l’insurrection contre l’empire ottoman. Une fois l’indépendance obtenue, craignant que l’Albanie n’excite la convoitise d’autres puissants voisins, Augustin se laisse secrètement convaincre de pla- cer le pays sous protectorat britannique, mais il est trahi et le plan échoue. Augustin est alors condamné à mort et sa famille décimée par les Albanais à l’exception de son fils, Albin, qui parvient à s’enfuir dans le maquis. Il y constituera une bande de hors-la-loi et, par esprit de vengeance, se livrera à des opérations de sabotage et attentats divers contre les intérêts anglo-saxons. Pour financer ces activités, il se lancera même dans le trafic d’opium et s’attachera les services d’un certain Othon Lippmann – celui-là même dont Augustus B. Clifford fera son gourou. Un jour, tandis que sa bande attaque une équipe de cinéma venue réaliser un film in situ avec la grande actrice américaine Anastasia, Albin tombe sous le charme de la star. En la quittant, trois jours plus tard, il lui demande, au cas où elle serait enceinte, de faire porter à l’enfant le nom des Mavrokhordatos. La star accouche effectivement à Davos d’une fille qu’elle nomme Olga Mavrokhordatos et meurt aussitôt après. Trois ans plus tard, Albin appprend la naissance de sa fille et tente de se rendre à Davos en compagnie de Lippmann. Il meurt toutefois en cours de route et Lippmann ne par- viendra pas à voir Olga. On n’en saura pas plus sur ce que devient Lippmann après son voyage à Davos, ni sur Olga avant sa rencontre avec Douglas Haig. Toujours est-il qu’il se présente un jour à Azincourt pour accuser A.B. Clifford de trahison et lui raconte à cette occasion – funeste pour lui puisqu’il mourra accidentellement au cours de leur dispute – l’histoire d’Albin Mavrokhordatos. C’est la raison pour laquelle, Augustus, craignant que la fille n’ait hérité du désir de vengeance de son père contre les Anglais, a voulu rejoindre Douglas Haig à Urbino pour empêcher le mariage. C’est la mort de celui-ci sur scène qui, en fait, mettra fin à l’idylle. Hermes Salceda - 9789004368767 Downloaded from Brill.com05/05/2020 10:15:16AM via free access
188 annexe 1 Olga passe les six années suivantes avec Anton Voyl, jusqu’au jour où, craignant d’être à son tour victime de la malédiction qui s’acharne sur sa famille, il lui demande de rejoindre Augustus à Azincourt, et lui révèle que Douglas Haig et lui étaient en réa- lité nés d’un même père, un certain Tryphiodorus. 9 Ulrich (Ottavio Ottaviani) Le personnage n’apparaît dans le récit central, centré sur Voyl, Haig et Olga, qu’à partir du moment où Ulrich, alias Ottavio Ottaviani, aide Amaury Conson dans son enquête sur la disparition de Voyl. Ulrich est un des deux enfants que Savorgnan a gardés auprès de lui. A l’âge de trois ans, Ulrich et son frère Yorick ont été kidnappés puis vendus. D’abord tombé sous la coupe d’un bandit corse, qui lui a donné son nom – Ottavio Ottaviani –, il a fait ensuite carrière dans la police. 10 Yorick Son histoire ne recoupe pas celle des autres personnages à partir du moment où il est kidnappé avec son frère Ulrich pour en être ensuite séparé. 11 Hassan Ibn Abbou Est le premier des sextuplés de Savorgnan donné en adoption. Il est subsitué à un mort- né dont la mère décède aussi. L’information dont on dispose sur lui est assez limitée, il n’a dans l’histoire qu’un rôle secondaire. Chronologiquement il est mystérieusement poignardé après la mort de Haig et la disparition de Voyl. 12 L’enquête sur la disparition de Voyl Le roman s’ouvre sur les angoisses d’Anton Voyl, après de départ d’Olga pour Azincourt. Obsédé par un mystère insondable, Anton erre physiquement, mentalement. Toutes ses tentatives pour comprendre la nature du mystère qui le hante échouent. Il disparaît à la Toussaint non sans avoir auparavant envoyé à quelques-uns de ses amis (en fait, certains membres de sa famille) plusieurs écrits qu’ils s’efforceront de déchiffrer dans l’espoir de comprendre le motif de sa disparition. Amaury Conson sol- licite dans ce but le concours de deux policiers, Ottavio Ottaviani et Aloysius Swann. Hermes Salceda - 9789004368767 Downloaded from Brill.com05/05/2020 10:15:16AM via free access
La Disparition raconté aux enfants 189 Au zoo où semblait les envoyer un des messages de Voyl, Conson et Ottaviani ren- contrent Olga et l’avocat Hassan Ibn Abbou qui ont eux aussi reçu divers courriers de Voyl. Rendez-vous est pris chez l’avocat, censé leur communiquer un dossier envoyé par Voyl. À leur arrivée chez lui, Conson et Ottaviani découvrent toutefois Ibn Abbou agonisant, poignardé par un mystérieux assassin. Lors des funérailles de l’avocat, Conson rencontre un inconnu dont on apprendra plus tard qu’il s’agit d’Arthur Wilburg Savorgnan (donc de son frère), et décide de se rendre en sa compagnie chez Augustus B. Clifford à Azincourt où se trouve déjà Olga. Ottaviani et Aloysius Swann les y rejoindront plus tard. Les chapitres suivants sont consacrés à l’examen des écrits posthumes de Voyl et à la reconstitution progressive de la biographie de chacun des membres de sa famille. Tous meurent au moment de découvrir le secret qui leur permettrait d’échapper à leur fu- neste destin, dans l’ordre suivant : Augustus B. Clifford, Olga Mavrokhordatos, Amaury Conson, Ottavio Ottaviani et enfin Arthur Wilburg Savorgnan. Douglas Haig a, rappe- lons-le, déjà trouvé la mort, vingt ans auparavant. Hermes Salceda - 9789004368767 Downloaded from Brill.com05/05/2020 10:15:16AM via free access
Vous pouvez aussi lire