LA FILIÈRE SPORT PREND SES MARQUES - BPCE
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• Avant-propos Le partenariat entre Paris 2024 et le Groupe BPCE toute action efficace étant de mieux comprendre consacre son engagement déjà ancien en faveur ce que représente la filière sport en France, nous du sport. Qu’il s’agisse du compagnonnage avons choisi, pour cette première étude, de entre les Banques Populaires et le monde de la dresser un état des lieux aussi précis et exhaustif voile, de la plus petite association aux skippers que possible des acteurs de l’offre de sport en les plus titrés, du soutien des Caisses d’Epargne France, en particulier en ce qui concerne l’offre au handball et au basket-ball, dans les plus marchande dont la transformation a été radicale éclatants succès comme dans les difficultés, en une décennie. Cette étude, nécessairement ou de l’association de Natixis à l’une des plus perfectible, doit être perçue comme une première belles équipes de rugby en France, les marques étape ; elle a vocation à être approfondie et du groupe ont toujours été présentes et fidèles complétée dans les années à venir mais aussi, pour aider au rayonnement du sport en France. dès maintenant, à être partagée entre toutes les En devenant partenaire du Comité National parties prenantes intéressées. Olympique et Sportif Français en 2010 puis en étant le premier Partenaire Premium à s’engager Ainsi, indépendamment du travail documentaire, dans l’aventure de l’organisation des Jeux statistique puis d’analyse, nous avons souhaité Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, le avancer dans une logique de coopération avec le Groupe BPCE ne confirme pas seulement son monde du sport et les acteurs de son économie. attachement au monde du sport, il montre aussi Nous avons donc proposé à un panel d’experts qu’il a la volonté d’être partie prenante d’un de différents horizons de participer au comité écosystème particulièrement dynamique. d’orientation de l’étude. Ils ont bien voulu, à l’occasion d’échanges fournis, nous éclairer, nous À ce titre, au-delà de ses partenariats, le alerter si nécessaire, et nous soutenir de diverses Groupe BPCE se fixe comme ambition d’agir manières. Nous souhaitons vivement les en également dans son champ de compétences, en remercier ici, en espérant que cette coopération accompagnant la mise en œuvre de ce grand se poursuivra à l’avenir. Les économistes de projet et en contribuant à faire connaître, à BPCE L’Observatoire prennent bien sûr l’entière valoriser et à développer la filière sport. Cette responsabilité des données et analyses figurant ambition trouve une expression dans cette dans cette étude qui n’engage les membres du publication de BPCE L’Observatoire dont la comité d’orientation ni à titre personnel, ni au titre vocation est de contribuer à mieux cerner les de leur affiliation professionnelle. enjeux économiques du sport. Le préalable à Liste des membres du comité d’orientation Ministère des Sports UNION Sport & Cycle SPORSORA • Laurent Letailleur • Virgile Caillet • Magalie Tezenas du Montcel • Jean-Philippe Frey Injep-Medes Medef • Bruno Dietsch Fédération française • Dominique Carlac’h de handball Comité d’Organisation • Béatrice Barbusse des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 Institut régional de • Marie Barsacq développement du sport • David Dureisseix • Claire Peuvergne • Ludivine Roosebeke • Laure Thevenot • Anne-Solène Roudel 3
Chapitre 1 LA FILIÈRE SPORT EN FRANCE : PÉRIMÈTRE, TENDANCES ET ACTEURS Le premier chapitre dresse un panorama général de l’offre privée de sport à l’échelle du pays, permettant d’évaluer l’enjeu en emploi et en production des seules entreprises et associations dont l’activité est très majoritairement orientée vers le sport. • Page 6 Chapitre 2 STRATÉGIES DE CROISSANCE ET RECOMPOSITIONS SECTORIELLES DES ENTREPRISES Une analyse spécifique sur les entreprises privées est menée dans ce deuxième chapitre, et met en évidence la profonde reconfiguration du secteur depuis une décennie mais aussi sa dynamique de croissance et les logiques de développement, parfois très spécifiques, propres à chaque sous-secteur. • Page 22 Chapitre 3 LES ENJEUX TERRITORIAUX Dans le troisième chapitre, une approche géographique des modes d’implantation des entreprises et des associations est développée, éclairée par une typologie des territoires au regard de la pratique sportive et de la production de biens et services associés au sport. • Page 40 Chapitre 4 PARIS 2024, UNE OPPORTUNITÉ POUR L’ÉCONOMIE DU SPORT Ce dernier chapitre évoque les enjeux que représentent les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024 pour la filière sport, à travers le regard des dirigeants d’entreprises et d’associations qui la composent. • Page 52
• Introduction P ar la place qui est désormais la sienne dans la quasi-totalité des sociétés humaines, par la nature des enjeux qui lui sont associés (éthiques, sanitaires, financiers, diplomatiques, technologiques, voire anthropologiques…), par la multiplicité mais aussi la diversité et la puissance des institutions qui en assurent l’organisation du niveau local à l’échelle mondiale, le sport est une forme de fait social de la filière sport : les associations et les entreprises privées en mettant plus spécifiquement l’accent, cette année, sur ces dernières. Fidèles à la tradition pluridisciplinaire de BPCE L’Observatoire, nous global. La démarche développée ici n’a pas la avons tenté de rendre compte de ces acteurs en prétention de couvrir l’ensemble des dimensions croisant données statistiques, analyse économique qui relèvent du sport mais simplement d’apporter et approche comportementale mais aussi en une contribution à la compréhension du champ complétant cette perspective nécessairement économique qui lui est associé. nationale par la mise en évidence de disparités et de spécificités territoriales. L’économie du sport a cependant déjà fait l’objet de nombreux travaux approfondis, qu’il Faute de pouvoir disposer d’un système statistique s’agisse d’ouvrages universitaires, de rapports cohérent et exhaustif dédié au sport, ce qui d’administrations publiques ou d’études constitue une véritable barrière à l’entrée pour d’organismes professionnels ou d’instituts la compréhension de cette filière, la première spécialisés. Cette matière est vaste, de qualité et a démarche a consisté à établir un dispositif bien sûr servi de base aux recherches faites dans statistique aussi précis que possible, individualisé, le cadre de BPCE L’Observatoire. Néanmoins, si les pour ce qui concerne les entreprises. Cet outil a sujets du financement du sport (les subventions été enrichi par des données et des informations publiques, les aides privées, les droits de provenant de différentes sources spécialisées, diffusion ou les dépenses des ménages), ou de publiques ou privées. Il a été complété par une son fonctionnement institutionnel (notamment le enquête menée auprès de 500 entreprises privées mouvement associatif et le sport professionnel), et 300 associations du secteur pour évaluer leur sont souvent traités, celui des acteurs de la filière perception de l’environnement. est plus rarement abordé. Forts de l’expérience des travaux antérieurs sur les modèles de croissance En prenant appui sur ces matériaux, nous nous des PME ou la cession-transmission des TPE-PME, sommes attachés à présenter un panorama nous avons choisi de concentrer nos recherches sur complet et détaillé de l’offre de sport en France. les agents économiques dont l’activité est le cœur Nous vous en souhaitons une très bonne lecture. 5
1 LA FILIÈRE SPORT EN FRANCE : PÉRIMÈTRE, TENDANCES ET ACTEURS 1. UNE DÉFINITION DU SPORT Même s’il n’existe aucune définition nature avec la marche nordique, en zone commune et admise par tous du terme urbaine avec l’escalade en bloc ou le par- « sport », il est impossible d’éluder cette kour). De fait, la recherche de performance épineuse question. Le dictionnaire, défi- ne se pose plus comme moteur majeur nissant le sport comme « l’ensemble des des pratiquants aujourd’hui ; des objectifs exercices physiques se présentant sous de santé, de bien-être et même de créa- forme de jeux individuels ou collectifs, vi- tion de lien social s’y étant substitués me- sant à améliorer sa condition physique, nant mécaniquement à un élargissement donnant généralement lieu à compé- de la définition. tition, pratiqués en observant certaines Une seconde définition, quant à elle, abou- règles précises 1 », apparaît trop restrictif. tit à associer au sport toutes formes d’ac- À l’inverse, il est sans doute excessif tivités du corps, qu’elles ressortent de la d’adhérer à la vision de plus en plus exten- mobilité, du loisir, voire de l’obligation, in- sive apparue ces dernières années et qui dépendamment de sa finalité qui peut être englobe l’ensemble des activités physiques complètement étrangère au maintien ou (jardinage ou bricolage par exemple), la à l’amélioration des capacités physiques. mobilité active (déplacements du quotidien, à pieds ou à vélo), ou encore les pratiques Dès lors, dans le cadre de cette étude, une douces (méditation). définition intermédiaire, proposée dans la Charte européenne du sport 2, a été rete- Une première définition limite l’exercice nue : « Le sport renvoie à toutes formes sportif aux athlètes confirmés et aux dé- d’activités physiques qui, à travers une tenteurs d’une licence auprès d’une fédé- participation organisée ou non, ont pour ration, enfermant cette pratique dans une objectif l’expression ou l’amélioration de logique de performance et de compétition. la condition physique et psychique, le dé- Or, au cours du temps, et ces dernières veloppement des relations sociales ou années en particulier, cette pratique n’a cessé de revêtir des formes de plus en plus variées. On a assisté à l’explosion de la pratique individuelle du sport en de- 1. Larousse. hors de toute structure institutionnelle (les 2. Adoptée en 1992, la Charte européenne fédérations et les associations), à l’émer- du sport « fournit des conseils aux États gence de nouveaux sports (comme le pa- membres du Conseil de l’Europe pour améliorer les législations existantes et del ou le breaking), au croisement de nou- développer un cadre d’ensemble pour le veaux secteurs (sport et technologie ayant sport ». Pour plus d’informations : donné naissance aux e-sports), à l’appro- https://www.coe.int/fr/web/sport/european- priation de nouveaux espaces (en pleine sports-charter. 7
Chapitre 1 l’obtention de résultats en compétition 2. UNE de tous niveaux. » Elle est plus satisfai- TRANSFORMATION DES sante à deux égards : elle est peu restric- PRATIQUES SPORTIVES tive en matière d’activités, ce qui corres- pond bien à la diversification actuelle des 61 pratiques mais, dans le même temps, La consommation sportive a connu une % elle met l’accent sur leur finalité comme profonde mutation ces dernières an- critère distinctif. Cette définition a une nées sous l’effet de multiples facteurs : autre vertu : elle présente explicitement massification, individualisation des usages, « le développement de relations sociales modification du profil des pratiquants, dif- et l’amélioration de la condition physique fusion des technologies de l’information et psychique » et évoque implicitement et de la communication, place croissante certaines externalités positives du sport des Français déclarent avoir accordée aux questions de santé… La (santé, inclusion sociale…) ainsi que sa une activité physique, demande s’en est trouvée transformée et dimension de bien public. + 7 points vs 2012. a eu des répercussions sur l’offre de sport, impactant notamment les entreprises et associations de la filière. Sport : toutes activités physiques pour exprimer ou améliorer sa condition physique 2.1 Massification, et psychique, développer des relations diversification, sociales ou faire de la compétition. individualisation La première source de changement dans la demande d’activités physiques et sportives Cette représentation du sport comme valeur, possédant des logiques straté- est plus une accélération qu’une véritable contributeur au bien-être collectif explique giques et géographiques qui lui sont transformation. On observe une progression qu’il soit avant tout considéré, économi- propres, pouvant générer des revenus continue de la pratique sportive en France quement, comme un secteur avant tout conséquents et récurrents, ne cessant depuis plusieurs années : en 2017 d’après le subventionné par la puissance publique, de s’étendre à de nouveaux secteurs Baromètre Sport et Santé, 61 % des Fran- les collectivités locales et l’État pour l’es- d’activité. çais déclaraient avoir une activité physique sentiel. Dès lors, nombre d’études por- régulière, soit 7 points de plus qu’en 20123. tant sur l’économie du sport abordent la Cette émergence du sport comme fi- Cette généralisation du sport dans la so- question essentiellement sous l’angle du lière économique à part entière a mo- ciété challenge les structures d’accueil tra- financement externe : soutiens publics, tivé le choix de privilégier l’étude des ditionnelles car elle s’explique en partie par aides privées, redevances et droits, dé- agents privés au cœur de cette acti- l’émergence de pratiques nouvelles et par penses des ménages. Néanmoins, en vité : les entreprises et associations dont une modification du profil des pratiquants. dépit des enjeux de société évidents la place dans la société et dans l’éco- qui lui sont rattachés, le sport est aussi nomie tient à une demande qui s’est Si la France comptait 10,3 millions de li- une activité économique productrice de élargie et profondément transformée. cenciés de 15 ans et plus en 2018, se- lon les données publiées par le mi- nistère des Sports, l’écart avec les quelque 32,5 millions de pratiquants évoqués dans le Baromètre Sport et Santé est important. D’après l’enquête 3. Le Baromètre de la Fédération française d’éducation physique et de gymnastique volontaire INJEP/Credoc 4, 69 % des sportifs opte- (FFEPGV), réalisé chaque année, présente l’intérêt d’offrir un suivi dans le temps de la pratique raient pour une pratique autonome, dont sportive sur des bases homogènes, assurant ainsi une comparabilité d’une année à l’autre. 8 % pratiquant à l’aide d’un outil numérique Réalisé en partenariat avec Ipsos, il s’effectue auprès d’un échantillon de 2 200 individus (application communautaire, tutoriels en représentatifs de la population française de 15 ans et plus. 4. P. Croutte, J. Müller, Baromètre national des pratiques sportives 2018, réalisé par le Crédoc ligne). En revanche, ils seraient seulement sous la direction de S. Hoibian pour l’INJEP et le ministère des Sports, INJEP Notes & 24 % à pratiquer en club ou en association. rapports/Rapport d’étude, 2019. La proportion de clients d’une structure privée 8
LA FILIÈRE SPORT EN FRANCE : PÉRIMÈTRE, TENDANCE ET ACTEURS Sport et santé : un enjeu économique Les campagnes publiques menées autour du sport la santé, la pratique d’une activité physique régulière comme vecteur de bonne santé depuis 15 ans et réduit de manière significative les risques d’AVC, bénéficiant d’importantes ressources ont probablement de diabète, d’hypertension, d’un certain nombre encouragé la diffusion de cette représentation et de cancers, mais également de dépression. contribué à la hausse de la pratique sportive. Outre l’impact direct sur le bien-être des citoyens, les Depuis 2001, les opérations de sensibilisation se sont enjeux pour la Sécurité sociale et pour les entreprises multipliées – spots publicitaires TV et radio, bandeaux sont significatifs, les programmes d’activité physique obligatoires sous les publicités alimentaires (les fameux en entreprise pouvant réduire jusqu’à 32 % les arrêts « pour votre santé, pratiquez une activité physique maladie 9. En 2004, une étude néerlandaise chiffrait régulière » et « pour votre santé, bougez plus »), à 205 euros par employé et par an les économies campagnes d’affichage – afin de pousser la population permises par les investissements dans des programmes à assimiler les termes sport et santé. de promotion de l’activité physique sur le lieu de travail 10, ces économies étant à la fois directes Cette politique vise à répondre à un réel enjeu de (réduction de l’absentéisme), et indirectes (amélioration santé publique. D’après l’Organisation mondiale de de la concentration et de la productivité). enfin serait beaucoup plus réduite, à peine La part des femmes dans le total des quant une activité physique est passée 8 % ; il s’agit cependant d’une estimation pratiquants de sport augmente de ma- de 40 % à 45 %. Sur la même période, basse. Ces chiffres concernent unique- nière lente mais continue. Ce phéno- elle est restée stable chez les hommes, ment l’activité sportive principale exer- mène transparaît peu dans les données à 50 %8. Dans leur pratique sportive, les cée. Chez les sportifs multipratiquants, concernant les licenciés de fédérations. femmes sont en effet globalement moins la part des structures privées augmente. En 2017, 38 % des titulaires d’une licence sensibles aux logiques de performance et Par ailleurs, dans l’enquête Nomadeis/TNS sportive sont des femmes, soit… seu- de compétition que les hommes. En 2018, Sofres 5, un quart des répondants disent lement 1 % de plus qu’en 2011. En re- 41 % des sportifs de moins de 40 ans dé- avoir recours à des centres de sport privés. vanche, dans les sondages d’opinion me- clarent participer à des compétitions spor- surant davantage l’ensemble des pratiques tives, contre seulement 21 % pour les L’idée d’un sport pratiqué pour soi est as- sportives, l’écart hommes-femmes tend à sportives4 : nombre de stéréotypes per- sez conforme avec une société qui valo- se réduire de manière plus importante7. durent, notamment sur la capacité des rise l’épanouissement personnel et l’au- D’après l’Insee, entre 2009 et 2015, la femmes à pratiquer certaines disciplines. tonomie. Cependant, si l’activité physique part de femmes de 16 ans et plus prati- En 2014, 46 % de la population consi- est souvent une aspiration, elle peut aussi être perçue comme une obligation résul- tant d’une pression sociale s’exerçant sur l’individu. Ainsi, en 2018, 63 % des Fran- çais estiment qu’il est « très mal vu » de 5. Enquête Nomadeis/TNS Sofres réalisée sur un panel représentatif de 2 000 Français dans le ne pas adopter un mode de vie sain6. cadre de l’étude Enjeux et perspectives des industries du sport en France et à l’international , 2016, DGE. 6. L’Observatoire France, Sociovision, 2018. 2.2 Une évolution du profil 7. Baromètre FFEPGV 2018 : 59 % des femmes pratiquent une activité physique régulière, des pratiquants contre 63 % des hommes. Cette massification de la pratique est 8. Enquêtes statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV), Insee, 2009 et 2015. le résultat d’une hausse d’intérêt des 9. Southern Australian Workplace Physical Activity Resource Kit, OMS. Français pour le sport en général, et 10. K. I. Proper, M. C. de Bruyne, V. H. Hildebrandt, A. J. Van der Beek, W. J. Meerding, W. Van de l’intensification de la pratique des Mechelen Costs, benefits and effectiveness of worksite physical activity counseling from the femmes et des seniors en particulier. employer’s perspective, Scandinavian journal of work, environment and health, 2004. 9
Chapitre 1 dèrent que « certains sports conviennent de parvenir à dépasser les autres dans le mieux aux filles qu’aux garçons » 11. cadre de compétitions. Or, la compétition, Souplesse et grâce seront plus volon- organisée et réglementée par les fédéra- tiers associées aux femmes, quand force tions sportives, relayée par les clubs et et rapidité ont une connotation mascu- associations, séduit moins. Au cours des line. Ce phénomène – bien qu’en recul – dernières années, l’individualisation de la a un impact direct sur la pratique. À titre La recomposition du profil des sportifs et pratique s’est accompagnée de l’affirma- d’exemple, en 2017, 87 % des licenciés de l’émergence de nouvelles pratiques plus tion de nouvelles motivations à l’exercice gymnastique étaient des femmes, et 93 % individualisées ont certainement contribué sportif. « La performance, la compétition », des licenciés de football, des hommes. à transformer la hiérarchie des motivations arrive en septième position des raisons L’implication croissante des femmes devrait à l’exercice d’une activité physique. À cet invoquées par les pratiquants d’activité donc modifier la demande dans un sens égard, toutes les études, depuis quelques physique ou sportive, loin derrière « la qui ne correspond pas aux références tra- années, mettent en évidence la primauté santé, la détente, et l’amusement 4 ». ditionnelles des fédérations et des clubs de la santé, devant la détente, le plaisir Interrogés plus spécifiquement en 2015 de sport : développement de certaines dis- ou la convivialité. Cette première place dans l’enquête Nomadeis/TNS Sofres sur les ciplines (fitness / gymnastique, natation, est suivie par une préoccupation assez motifs qui ont présidé au choix du sport randonnée…) et montée des aspirations proche (le souci de son apparence) mais qu’ils ont privilégié, ils citent en priorité liées à la détente, la santé ou la convivialité, qui concerne davantage les jeunes généra- la flexibilité des horaires, la possibilité au détriment de la recherche d’excellence. tions tandis que la santé prend le pas parmi d’évoluer en plein air/dans la nature et la les motivations au-delà de 50 ans. Dans pratique en groupe. La possibilité de faire + 13 un contexte de perception croissante par des compétitions apparaît en neuvième % les Français de l’allongement de la vie et position tandis que l’absence de compé- de l’enjeu pour chacun de prolonger la pé- tition, c’est-à-dire la certitude de ne pas riode de pleine mobilité, la vision du corps entrer dans une logique de recherche comme un capital physique à préserver, de la performance est le cinquième cri- voire à développer s’affirme progressive- tère de choix. ment dans les esprits. Le sport n’apparaît C’est l’augmentation du pas tant comme un investissement en Les structures associatives ne sont guère nombre de sportifs de plus vue d’allonger la durée de vie, mais plu- organisées aujourd’hui pour répondre à de 65 ans entre 2009 et 2015. tôt comme un moyen de prolonger la du- cette nouvelle demande. De plus en plus, rée de vie en bonne santé et de repous- ce qui est perçu comme une rigidité de la Par ailleurs, on observe une augmentation ser autant que possible le moment où la pratique du sport en club rebute, avec le du nombre de sportifs de plus de 65 ans, dépendance se manifeste. risque de voir le fossé s’élargir entre les qui tire la croissance des pratiquants en aspirations des pratiquants, surtout les France. Entre 2009 et 2015, la part d’indi- plus récents, et les objectifs des fédéra- vidus de la tranche 65-74 ans déclarant pra- 2.3 Une offre qui doit tions. L’idée d’emplois du temps contraints tiquer une activité physique a augmenté s’adapter à de nouvelles (une pratique hebdomadaire à heure fixe de 13 %. La progression concomitante du aspirations couplée à des compétitions le week-end, taux de pratique et de la population concer- Historiquement, le sport est un secteur et uniquement de septembre à mai) et née – la génération des babyboomers – très institutionnalisé, pratiqué au sein d’un coût fixe (que l’on soit présent ou modifie d’autant plus significativement la d’associations qui se font le relais des fé- non à l’entraînement, que l’on souhaite structure par âge des sportifs en France. dérations sportives, chargées d’encadrer ou non participer à la compétition) est ju- À l’instar des femmes, les seniors ont la pratique. L’une des principales motiva- gée de plus en plus inadéquate, même leurs sports privilégiés. La randonnée pé- tions implicites à la pratique sportive est si, le plus souvent, le coût de la pratique destre (59 % des licenciés ont plus de 65 ans), la gymnastique volontaire (36 %), le golf (32 %), ou encore la pétanque (30 %) constituent, entre autres, leurs disciplines de prédilection et devraient sans doute bénéficier de cette dynamique démogra- 11. C. Burricand, S. Grobon, Quels stéréotypes sur le rôle des femmes et des hommes en phique au cours des prochaines années. 2014 ?, Drees, Études et résultats, 2015. 10
LE POIDS DU SPORT DANS L’ÉCONOMIE 24% du total des associations en France 360 000 40 000 sont employeuses ASSOCIATIONS SPORTIVES 115 000 emplois 77,7Md€ de chiffre d’affaires 2% 112 000 du secteur marchand 24% ENTREPRISES DU SPORT sont employeuses 333 000 emplois 448 000 EMPLOIS 11
Chapitre 1 associative est abordable. Les associa- tions doivent donc parvenir à satisfaire les attentes de leurs adhérents tradition- totale au paiement d’un service marchand nels tout en tenant compte d’une recom- en passant par la contribution à une orga- position progressive mais structurelle du coach (suivi de long terme ou à la séance), nisation à but non lucratif. profil des pratiquants. Tributaires de l’ac- développement de cours de sport en plein cès à des infrastructures publiques qu’il air, complexes multisports réunissant plu- Comme on l’a vu plus haut, la « pratique faut partager avec les pratiquants libres, sieurs pratiques, etc. libre et autonome » constitue de loin le les groupements scolaires et les autres groupe le plus important. Toutefois, si elle clubs, elles peinent d’autant plus à gagner Cela ne signifie pas pour autant que concerne avant tout des pratiques totale- en flexibilité. Leur capacité à s’adapter est l’intérêt pour la performance a disparu ment individuelles (marche, vélo, course cependant déterminante puisque les as- mais il s’exprime différemment, dans à pied…), elle peut s’ouvrir à des logiques sociations sont essentielles au maintien une recherche de dépassement de soi plus collectives via l’appartenance à des du sport comme vecteur de valeurs hu- plutôt que des autres, et de partage communautés virtuelles, l’usage privé d’in- maines et créateur de lien social. à travers des grands moments d’élan frastructures collectives (notamment les collectif. Ainsi, à côté des compétitions piscines), voire la constitution de petites Les acteurs privés, quant à eux, ont tra- vaillé à mieux cerner les attentes des prati- quants et s’attellent à présent à leur propo- La flexibilité : une aspiration aujourd’hui ser des solutions adaptées conçues autour d’un maître mot : la flexibilité. mieux déclinée par les structures privées. En termes de temps, le développement des chaînes de salles de sport (Neoness, Les Cercles de la Forme, CMG Sports fédérales qui continuent d’animer la associations, le plus souvent non affiliées. Club, etc.) aux horaires élargis constitue pratique sportive à tous les échelons ter- Le deuxième groupe en taille, celui des par exemple une réponse aux attentes ritoriaux, la montée de la participation à « clubs associatifs », est représenta- de flexibilité. Elles peuvent offrir un ac- des événements en principe ouverts à tif du secteur non lucratif et s’inscrit cès à toutes les salles de la ville avec la tous (festifs, caritatifs ou axés sur la per- dans un cadre souvent fédéral assu- possibilité d’alterner entre la salle proche formance) est significative. rant l’organisation de pratiques collec- de chez soi et celle proche de son lieu de De la même façon, l’audience et le po- tives (handball, natation, basket-ball…) travail et sont complétées, pour les ama- tentiel de mobilisation collective du sport et nécessitant l’accès à des installa- teurs de sports collectifs, par l’apparition professionnel et des grands événements tions. Ces structures s’appuient sur d’infrastructures privées réservables à tout sportifs internationaux (GESI) nourris de un bénévolat important et bénéficient horaire, seul ou en équipe (Hoops Factory victoires emblématiques (football, hand- fréquemment de subventions publiques, pour les terrains de basket, WeFoot pour ball, judo…) ont fait naître une dimen- fédérales, voire privées pour assurer leur les terrains de football, etc.). sion « spectacle » dans le sport comme fonctionnement. Ce groupe constitue le En termes de coût, les propositions de ta- l’atteste la valorisation de leurs droits de pilier historique de la pratique sportive. rification à l’année, au mois, ou même à la retransmission. À la fois outil indispensable de sélection séance constituent aussi une réponse à des de l’élite (par l’organisation des compéti- attentes diversifiées avec des offres allant tions fédérales) et d’accessibilité univer- de basique à premium (mise à disposition 2.4 Une synthèse : la selle à des disciplines et des équipements de matériel, accès aux équipements douche représentation des pratiques diversifiés, il suppose pour l’essentiel une et restauration, à des applis permettant le Dès lors, la relation au sport des Français pratique régulière et une forme d’impli- suivi de ses performances, tarification en met en évidence quatre principaux types cation davantage orientées vers la per- heures creuses/heures pleines, etc.). de consommation, qui sont cependant formance, voire la compétition. loin d’être étanches les uns aux autres. Enfin, en termes de pratique, face aux Cette typologie indicative est organisée Le troisième groupe, le « sport à la de- attentes de flexibilité, les modalités sont autour de deux axes : horizontalement le mande », regroupe beaucoup moins de également plus nombreuses : salles d’en- caractère plus ou moins formel et struc- pratiquants que les deux précédents mais traînement individuel, offres de cours col- turé de l’activité et verticalement sa di- connaît une forte expansion. Il s’oriente es- lectifs, développement de services de mension économique, allant de la gratuité sentiellement vers une offre marchande, 12
LA FILIÈRE SPORT EN FRANCE : PÉRIMÈTRE, TENDANCE ET ACTEURS La pratique libre et autonome est la plus plébiscitée Lucratif SPORT SPECTACLE Sport professionnel SPORT À LA DEMANDE Événements sportifs Grands En salle privée nationaux (musculation, escalade, (marathons, événements sportifs futsal, squash…) internationaux trails…) Tourisme Pratique sportif Événements festifs individuelle ou solidaires avec coach Compétitions Sport sur (Octobre rose…) nationales ordonnance fédérales Sport en COMPÉTITIONS FÉDÉRALES entreprise Non lucratif Pratique individuelle Pratique En compétition en installation publique régulière fédérale locale (natation, tennis…) en club affilié ou régionale à une fédération (tennis, foot…) En club CLUBS ASSOCIATIFS Pratique non affilié hors cadre (marche, vélo, course à pied…) Communautés PRATIQUE LIBRE, AUTONOME Gratuit virtuelles Flexible/informel Structuré en réponse aux attentes de flexibilité et 3. LES ACTEURS sportif et l’autre aux infrastructures. Le de personnalisation évoquées plus haut. premier relève essentiellement du secteur Les motivations des clients sont le plus Après avoir clarifié les différents modes de marchand 2. . Il a vocation à servir tous souvent éloignées de la compétition consommation, nous pouvons préciser le les types de pratiquants : il associe la fa- mais des points de contact existent avec rôle des fournisseurs d’offre de sport ainsi brication d’articles de sport (vêtements, l’univers associatif via le sport en entre- que leur impact économique. Nous com- accessoires, matériel spécialisé…) et leur prise (parfois en salle, parfois en club) mençons par représenter schématique- distribution (vente au détail, location et en- ou les grands événements, mais aussi ment le fonctionnement de la filière sport tretien), le plus souvent au travers d’en- avec le sport en autonomie via la mise à avant d’analyser spécifiquement les asso- seignes spécialisées. Le deuxième bloc disposition d’équipements en vue d’une ciations et les entreprises. concerne davantage les tenants d’une pra- pratique libre. tique encadrée nécessitant des infrastruc- tures spécifiques 1. et comprend la pro- Enfin, le dernier groupe, « sport spec- 3.1 Cartographie duction d’installations sportives et leur tacle », est d’une nature différente avec de la filière sport gestion. Leur construction, le plus souvent une consommation et, plus rarement, une En amont de la pratique sportive, on financée par la commande publique, est participation axées sur les services de trouve deux blocs d’activités destinés à en général assurée par des entreprises loisirs et les médias dans une logique, fournir les moyens matériels de pratiquer du BTP pour lesquelles il s’agit d’une ac- là aussi, principalement marchande. (voir ci-après) : l’un est lié à l’équipement tivité minoritaire. En revanche, la gestion 13
Chapitre 1 de ces équipements est généralement pu- blique. Même si les acteurs privés se dé- à la dimension spectaculaire du sport, veloppent, en 2018, 84 % des installations qu’il s’agisse des grands événements sportives étaient publiques et 75 % de la son enseignement (hors cadre scolaire) sportifs internationaux (GESI) ou du sport gestion était assurée par le secteur pu- en constitue une première expression 3. . professionnel 4. . La « consommation » blic selon les données du ministère de la Elle se compose majoritairement de struc- de sport est alors plus indirecte dans la Cohésion des territoires et des Relations tures non lucratives – associations isolées mesure où le spectateur y prend rarement avec les collectivités territoriales. Enfin, ou regroupées au sein de fédérations – une part active. Néanmoins, à travers les même si l’utilisateur final de l’infrastruc- qui animent le développement d’une disci- nouvelles technologies qui permettent ture est un sportif, le gestionnaire qui en pline ou d’un mouvement pluridisciplinaire plus fréquemment de le faire participer à a la charge a le plus souvent pour inter- et organisent les compétitions. Toutefois, l’événement, dans le cadre de certaines locuteur ou client une personne morale à travers l’enseignement et le coaching, manifestations de masse ouvertes aux qui met à disposition du grand public une par le biais de la mise à disposition de pratiquants entraînés ou bien par le déve- offre de pratique sportive. structures (salles de sport, clubs privés…) loppement de communautés de suppor- ou via des activités connexes (tourisme, ters, l’implication personnelle peut éga- Au centre de la filière, sont placés en deux loisirs), l’offre marchande est également lement se révéler très forte. autres ensembles les acteurs chargés d’as- très présente. surer l’accès au sport aux individus, dès Ces acteurs du sport spectacle sont très lors que cette relation est intermédiée. Une deuxième catégorie d’acteurs donne intégrés à l’aval de la filière, essentiel- L’organisation de la pratique sportive et de accès au sport : elle renvoie davantage lement constitué d’entités marchandes Les principaux secteurs d’activité de la filière sport 1. INFRASTRUCTURES 5. SERVICES BtoC • Construction • Médias spécialisés • Gestion, location • SporTech (plateformes) • Entretien Pouvoirs publics Plateformes Médecine • Santé, bien-être, (collectivités locales, État) numériques sportive nutrition 3. PRATIQUE ET ENSEIGNEMENT • Associations sportives, fédérations et compétitions nationales 4. SPECTACLE Médias BTP et gestion spécialisés • Clubs privés, salles de sport • GESI d’installations • Enseignement, coaching • Autres grands • Compétitions, évènements événements • Tourisme sportif, loisirs • Sport professionnel Industrie Commerce Salles Professeurs Associations, Gestion Clubs Agences Conseil du sport, de détail de sport de sport, fédérations d’événements profes- de commu- et bureaux grande et petits coach sionnels nication d’études distribution fabricants 2. ÉQUIPEMENTS ET ARTICLES DE SPORT 6. SERVICES BtoB • Fabrication • Communication, événementiel • Commerce de gros et de détail (vente/location) • Conseil, études, marketing • Entretien, réparation • Bureau d’études, ingénierie PME, ETI et Entrepreneurs individuels, Clubs grandes entreprises TPE microentreprises, professions libérales professionnels 14
LA FILIÈRE SPORT EN FRANCE : PÉRIMÈTRE, TENDANCE ET ACTEURS 3.2 Trois catégories d’associations spécialisées dans les services mais Malgré le nécessaire enregistrement des composé de deux catégories aux clien- associations et leur affiliation fréquente à tèles distinctes. une fédération, il est paradoxalement dif- 18,4 Une partie du marché a plutôt pour voca- ficile d’évaluer l’étendue du mouvement tion de répondre aux besoins des autres associatif sportif. Cette mesure est sur- acteurs du sport 6. . Dans une logique tout rendue complexe par l’hétérogénéité BtoB 12, elles fournissent des services des structures associatives dont les diffé- spécialisés aux autres entités de la fi- rentes sources peinent à rendre compte, lière, aussi bien marchandes que non lu- faute d’exhaustivité et de critères d’iden- cratives : organisateurs d’événements, tification communs. Si les quatre sources agences de communication, médias pro- d’information exploitées ici ne convergent millions de licenciés sportifs fessionnels, bureaux d’études techniques, pas vers une référence unique, elles per- en France. cabinets conseil… Il s’agit le plus souvent mettent néanmoins d’identifier de façon d’entités petites (dans le conseil ou les cohérente trois univers différents repré- études) à moyennes (dans la communi- sentatifs du mouvement associatif sportif. cation ou l’événementiel), la taille du mar- tégrées forment un deuxième cercle. Il re- ché global ne permettant pas encore de Au sens large, on compte environ groupe les entités répertoriées par la base faire émerger de très grands acteurs qui 360 000 associations sportives, toutes ca- Sirene 14 et celle du ministère des Sports. resteraient spécialisés sur le sport. tégories confondues. Parmi elles, près de Leur dénominateur commun est d’avoir une 100 000 renvoient aux associations multis- activité récente effective et une existence L’autre partie du marché est orientée ports (scolaires, professionnelles, confes- institutionnelle au-delà de la seule organi- vers le consommateur final (BtoC) 12 5. . sionnelles…) ou à une catégorie très géné- sation de l’activité de leurs membres : affi- Il s’agit notamment des médias spé- rique (sport et autres activités de plein air), liées à une fédération, subventionnées par cialisés qui jouent un rôle essentiel de plus de 50 000 relèvent de la chasse et de la des acteurs publics ou ayant une activité relais du sport spectacle mais aussi pêche, tandis que les sports aériens et mé- économique, elles ont de facto des rela- de mobilisation et de partage en prolongeant caniques et l’ensemble des sports collectifs tions avec les collectivités locales, une fé- le lien entre l’amateur et ses disci- ont un effectif presque équivalent, proche dération ou un réseau, des administrations, plines / équipes favorites, en diffusant de 40 000. Par ailleurs, les données compi- voire des salariés. Ce deuxième cercle est les informations ou événements mar- lées dans Le Paysage associatif français 13 avant tout composé des 172 000 associa- quants. D’autres entreprises facilitent montrent que 36 % des associations spor- tions affiliées à une fédération. Celles-ci la pratique sportive via des produits ou tives comptent moins de 50 adhérents et constituent le cœur de la pratique spor- services ad hoc : médecine et soins 62 % moins de 100. Ce nombre élevé d’en- tive en France : elles comptent 18,4 mil- spécialisés, produits pharmaceutiques tités va donc de pair avec une taille unitaire lions d’adhérents, licenciés ou détenteurs ou alimentaires dédiés, outils techno- très réduite, une part importante d’entre d’un ATP 15 dont plus de 10 millions sont logiques assistant les pratiquants elles n’ayant pas véritablement de relation enregistrés auprès d’une fédération unis- dans le suivi de leurs performances avec les pouvoirs publics ou une fédération. port olympique, plus de 6 millions auprès et de leur forme physique ou pe- d’une fédération multisport et seulement mettant de devenir « spectateur » Au sein de cet ensemble hétérogène, en- 2,2 millions auprès d’une fédération unis- au cours d’un grand événement. viron 200 000 associations actives et in- port non olympique. L’affiliation est inégale selon les sports : dans les sports méca- niques, l’équitation, le nautisme, voire la gymnastique, la grande majorité des asso- 12. Marché dit BtoB (Business to Business) où le client est une personne morale, à l’opposé ciations ne seraient pas affiliées mais ce du marché dit BtoC (Business to Consumer) où le client est le consommateur final. pourcentage resterait significatif (proche de 13. V. Tchernonog, L. Prouteau, Le Paysage associatif français – Mesures et évolutions, Dalloz 40 %) pour les sports de neige et de com- Juris Associations, 2019. bat, le football ou l’athlétisme. Néanmoins, 14. La base Sirene est le fournisseur des données d’identité des entreprises et des établissements français de l’Insee. certaines associations présentes dans le 15. Toute autre forme d’adhésion que la licence, le plus souvent dans le cadre d’une pratique répertoire Sirene ne sont pas enregistrées ponctuelle ou de courte durée, est considérée comme un « autre titre de participation » (ATP). dans la base du ministère des Sports, soit 15
Chapitre 1 Les trois univers du mouvement associatif sportif du fait de leur activité, sans lien avec une fédération relevant de ce ministère (chasse 36 % 360 000 associations sportives des associations et pêche, notamment), soit du fait d’une sportives comptent Budget : 13,1 Md€ activité à dominante économique requé- moins de 50 adhérents rant des déclarations de TVA, voire d’impôts (62 % moins de 100) ou de charges sociales. Nous estimons16 200 000 associations à environ 30 000 le nombre de ces asso- actives et intégrées ciations insérées non répertoriées par le 115000 ministère des Sports. salariés Les associations sportives affiliées 40 000 associations comptent en moyenne une centaine de licenciés chacune. Parmi les fédéra- 364000 employeuses Budget : 8,5 Md€ bénévoles tions multisports, le mode d’organisa- tion (en sections comme l’ASPTT ou di- rectement sous la forme d’associations pour le handisport) explique l’essentiel des disparités. Parmi les fédérations canoë-kayak, le char à voile, le surf, le leur nombre d’adhérents et le volume ho- unisports, deux critères semblent dé- parachutisme… raire de travail bénévole y sont trois fois terminer la taille moyenne : la popularité plus élevés que dans une association sans du sport et le besoin d’infrastructures. Enfin, environ 40 000 associations em- salarié et leur budget moyen est treize Ainsi, les sports de traîneau, la spéléo- ployeuses forment un troisième cercle fois plus important (194 000 euros contre logie ou le motonautisme atteignent beaucoup plus réduit, mais qui joue un 14 400 euros), soit au total, 65 % d’un à peine 20 adhérents par entité alors rôle économique et social majeur 17. budget global de 13 milliards d’euros. que le football et le rugby dépassent les Ces associations représenteraient entre 150 licenciés, contre plus de 200 pour la 82 000 et 115 000 salariés selon que l’on Indépendamment de leur taille ou de gymnastique, la natation, la voile ou le se base sur les estimations V. Tcherno- leur dimension institutionnelle, comme golf. Enfin, certains sports se distinguent nog et L. Prouteau ou que l’on effectue un le montrent les analyses de V. Tchernonog surtout par leur nombre d’ATP dans décompte à partir de la base Sirene 18. et L. Prouteau, les associations sportives le cadre d’une pratique plus occa- Au-delà du fait d’être employeuses, ces présentent certaines spécificités qui les sionnelle, notamment touristique : le associations ont un profil caractéristique : distinguent des autres secteurs. En particulier, leur activité est essentielle- ment tournée vers leurs membres, perçus 16. Cette estimation est obtenue à partir du croisement de la base du ministère des Sports et quasi exclusivement comme des adhé- de la base Sirene (Insee), qui recensent chacune environ 170 000 associations sportives mais rents alors que les secteurs de l’humani- sur un périmètre différent – associations affiliées d’une part, et associations employeuses, taire, de l’éducation, de la culture ou de la subventionnées ou soumises à l’impôt d’autre part. La présence d’un écart moyen entre défense des droits sont davantage dédiés ces deux bases de 17 % par département nous conduit à estimer à 30 000 le nombre à des publics externes, plutôt considérés d’associations intégrées mais non recensées par le ministère des Sports. Nous parvenons comme des bénéficiaires ou des usagers. alors à une estimation totale de 200 000 associations sportives actives et intégrées. 17. Selon le décompte de la base Sirene, environ 34 000 associations sportives seraient employeuses mais l’estimation de V. Tchernonog et L. Prouteau est très supérieure (environ La structure du financement des orga- 44 000). Il est probable que l’écart tienne à des différences méthodologiques, notamment la nismes sportifs reflète bien cette particu- prise en compte de l’emploi occasionnel et exceptionnel qui, selon ces auteurs, représenterait larité avec une contribution des usagers et 75 000 emplois mais seulement 7 % des heures travaillées, contre 82 000 emplois récurrents des adhérents à hauteur de 70 % contre assurant 93 % du volume horaire. 22 % d’aides publiques (subventions et 18. La base Sirene permet de répartir les associations selon la tranche d’effectifs salariés à laquelle elles appartiennent. En appliquant les milieux de tranche aux 34 000 entités commandes en soutien à l’activité) contre employeuses identifiées par l’Insee, faute de disposer d’une moyenne ou d’une médiane par respectivement 51 % et 45 % pour l’en- tranche, une estimation de 115 000 emplois peut être établie pour les associations sportives. semble des associations. À cet égard, 16
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