Le marché vaudois du tourisme - Les cahiers de l'économie vaudoise Automne 2006 - BCV
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05 Le marché vaudois du tourisme 06 En résumé 08 Historique 12 Marché suisse du tourisme 26 Les remontées mécaniques 29 Opportunités à développer 32 Marché du tourisme dans le canton de Vaud 59 Modes de financement 65 Perspectives pour le tourisme suisse et vaudois 67 Recommandations 70 Sources et liste des abréviations 73 Liens utiles 74 Liste des hôtels vaudois
Une analyse sectorielle de l’hôtellerie, de la restauration et des remontées mécaniques vaudoises Le marché vaudois du tourisme Le tourisme, un élément indispensable du bien-être vaudois Dans le cadre de sa mission de contribution au développement de l’économie vaudoise, la BCV a toujours été un partenaire actif de l’industrie cantonale du tourisme. Près de 4% de son portefeuille crédits est consacré à la branche de l’hôtellerie et de la restauration. Elle est également très active dans le secteur des remontées mécaniques. L’importance que la Banque donne à cette industrie dans sa politique d’affaires nous semble proportionnée à celle qu’elle a dans l’économie cantonale. Mais l’exercice de sa mission ne doit pas se limiter pour la BCV à un seul constat chiffré. Dès lors, la Banque s’attache à connaître et à comprendre les différentes facettes de ces secteurs économiques, et tout particulièrement le marché vaudois du tourisme sur lequel elle est active. L’industrie cantonale du tourisme, avec ses trois composantes principales que sont l’hôtellerie, la restauration et les remontées mécaniques, en est une d’autant plus symbolique que c’est certainement en terre vaudoise que le tourisme est né en Suisse. Cette étude a donc pour ambition de mieux faire connaître aux Vaudoises et aux Vaudois une branche d’activité qui représente une part de leur bien-être, de la situer dans un contexte suisse, voire international, et de poser des questions sur la manière dont ses acteurs répondent aux questions qui se posent sur son avenir. Les recommandations qui concluent la présente étude permettront d’alimenter le débat déjà riche sur le rôle du tourisme en terre vaudoise. Lausanne, automne 2006
1. En résumé 1.1 Au niveau suisse • L’hôtellerie et la restauration se caractérisent aussi par une forte sensibilité aux variations de cours du franc • Le tourisme suisse est historiquement fondé sur suisse, en raison de la forte proportion de clientèle l’exploitation littéraire et sportive du paysage étrangère, et par un manque de flexibilité face aux alpin. L’essor de ce secteur économique et de changements rapides des habitudes de consommation ses composantes principales, soit l’hôtellerie et la des touristes. restauration, a profité aussi des modes du thermalisme et de l’alpinisme ainsi que du développement, à la fin du • L’hôtellerie et la restauration ont depuis les années 70 19e siècle, des voies de communication. des marges bénéficiaires très faibles. Conjugué aux effets de la faiblesse du financement propre, cet état de fait • Dès 1945, l’essor de la structure hôtelière suisse a entraîne une dépendance extrême au financement été constant jusqu’au milieu des années 70. Depuis, externe, notamment bancaire, et dès lors handicape le nombre d’hôtels décline peu à peu. Cette baisse fortement les possibilités de développement de ces coïncide avec l’érosion régulière de la part de marché branches économiques. de la Suisse dans le tourisme international. A noter que le nombre de chambres diminue à un rythme • Très morcelé dans sa structure, le secteur du tourisme plus faible que celui des hôtels. On assiste donc à une fait preuve d’une forte résistance à l’innovation. De ce consolidation de la structure hôtelière en Suisse, la taille fait, il passe souvent à côté d’occasions de satisfaire des établissements ayant tendance à augmenter. les besoins des touristes, lesquels sont en évolution permanente, notamment en ce qui concerne la • Selon les sources, le tourisme compte entre 3 et 6,5% spécialisation des prestations. du PIB suisse. L’hôtellerie représente le tiers de cette valeur et la restauration environ 15%. Depuis plus d’une • Le secteur des remontées mécaniques, qui dizaine d’années, la part du tourisme au PIB stagne. permettent aux skieurs d’accéder aux pistes, est en Sachant que le PIB a progressé en moyenne de 2% par pleine restructuration. Pour faire face à d’énormes an pendant ce temps, ceci est le signe du déclin relatif besoins d’investissements pour le renouvellement du marché suisse du tourisme. de leurs infrastructures, notamment de transport et d’enneigement artificiel, les remontées mécaniques • Après avoir régulièrement diminué entre 1992 et doivent atteindre une taille critique suffisante. Pour 2002, les nuitées sont à nouveau en augmentation, cela, elles devront réallouer leur capital, se regrouper reflétant notamment les efforts des professionnels de la ou s’allier avec les acteurs étrangers qui arrivent sur le branche pour la promotion de la Suisse sur les marchés marché suisse. touristiques internationaux, notamment asiatiques et des pays d’Europe de l’Est. • L’hôtellerie et la restauration sont caractérisées, en Suisse, par une extrême fragmentation de l’offre, qui se traduit par un nombre très important de petits établissements structurés en raisons individuelles. La taille réduite des établissements crée diverses problématiques, notamment celle de la taille critique nécessaire pour pouvoir supporter des coûts de personnel et de marchandises élevés.
1.2 Au niveau vaudois • L’infrastructure touristique est, quantitativement et qualitativement, concentrée le long de l’Arc lémanique • Le tourisme est la troisième branche économique et dans les Alpes vaudoises, où les établissements y sont vaudoise, derrière celles du commerce et de l’industrie/ mieux équipés et plus rentables. artisanat. Il représente 7% du PIB cantonal et près de 9% des emplois; à lui seul et au niveau national, le • Hormis de notables exceptions dans les villes et tourisme vaudois génère sans doute un chiffre d’affaires les stations alpines, les hôtels vaudois ont une équivalent à plus de 10% de celui que cette branche faible capacité; ceci se traduit, notamment dans les représente en Suisse; à lui seul, ce poids justifierait que campagnes, par un taux d’occupation des hôtels les pouvoirs publics accordent plus d’importance à largement inférieur à la moyenne cantonale, amplifiant cette branche dans leur stratégie de promotion du ainsi les problèmes récurrents de rentabilité dans développement économique. l’hôtellerie. • Une loi cadre, qui fixera les priorités stratégiques des • Dans la restauration, l’offre est pléthorique; autorités cantonales en matière de promotion du extrêmement morcelés, peu rentables et soumis à une développement de l’industrie touristique vaudoise, est forte pression concurrentielle, les établissements de en cours d’élaboration. Le projet de la Loi sur l’appui au cette branche peinent à résister aux changements des développement économique, qui englobe la question habitudes de consommation de leurs clients. du tourisme, a été mis en consultation au début octobre 2006. Sa discussion et son application sont • Dans les Alpes vaudoises, où l’économie touristique attendues avec impatience par les milieux professionnels, dépend fortement de la saison hivernale, les dix sociétés qui espèrent qu’elle dopera le tourisme cantonal. de remontées mécaniques locales, en concurrence avec les stations suisses (Berne et Valais) et françaises, • En baisse constante jusqu’à la fin des années 90, le se partagent un bassin de population limité; une seule nombre de nuitées hôtelières a tendance à se redresser; d’entre elles a atteint une taille critique lui permettant mais le manque d’une volonté affichée de promouvoir d’investir dans les équipements nécessaires pour assurer la culture et la mentalité touristique freine les efforts des sa pérennité. professionnels, qui cherchent à dynamiser le tourisme cantonal. • Concentrée le long de l’Arc lémanique et dans les stations alpines, l’offre touristique vaudoise est morcelée en autant d’images qu’il existe de régions touristiques, chacune d’elles reflétant les particularismes locaux. • Il n’y a pas de promotion d’une identité touristique vaudoise commune; les efforts se focalisent d’une part sur les stations des Alpes et d’autre part sur l’offre culturelle et en tourisme d’affaires, qui est concentrée dans l’Arc lémanique, au détriment de l’offre du reste du canton.
Dans le canton de Vaud, comme en Suisse, la structure très morcelée de la branche du tourisme s’explique par le passé historique de cette industrie. 2. Historique 2.1 Le tourisme suisse relève du mythe Puis, dès le début des années 50, cette composante du tourisme connaîtra un regain d’intérêt qui conduisit De l’avis de divers auteurs,1 ce mythe aurait été créé par le diverses stations thermales à moderniser leurs poète bernois Albrecht von Haller. Vers 1730, il décrivit en 490 installations, à l’instar d’Yverdon-les-Bains ou de Lavey vers restés célèbres Les Alpes, ces montagnes qui allaient faire dans le canton de Vaud. le succès touristique du pays. • L’alpinisme Ce texte inspira Jean-Jacques Rousseau. A la fin du 18e siècle, ce L’âge d’or de l’alpinisme atteint son apogée durant la dernier situa ainsi sa Nouvelle Héloïse dans les Alpes vaudoises. seconde moitié du 19e siècle avec l’intérêt de voyageurs Il fit l’apologie de la région de Clarens et le succès de ce roman anglais pour les sommets alpins, guidés par des attira l’Europe littéraire sur les rives du lac Léman. montagnards faisant office de porteurs. Parmi les visiteurs, un certain Lord Byron, poète anglais qui Il faudra peu de temps pour que les principaux rédigea vers 1830 The prisoner of Chillon. Lu dans le monde sommets soient vaincus : 15 ans à peine entre entier, ce texte suscita l’intérêt de ses admirateurs pour la l’ascension des Diablerets en 1850 et celle du Cervin en région de Montreux. 1865. Mais l’attrait pour ce sport et pour les paysages alpins attire de nombreux autres visiteurs, la plupart C’est ainsi que le tourisme serait né en Suisse ! Cependant, au- britanniques, pour lesquels de nouvelles formes delà du mythe, trois éléments fondamentaux expliquent son d’accueil doivent être créées. Ainsi, dès 1860, les hôtels développement : de montagne se multiplient. • Le thermalisme Cette période est marquée par un intense Les premiers voyageurs en Suisse furent des « curistes ». développement pour des stations comme Grindelwald La Suisse est en effet constellée de sources thermales, (BE), Zermatt (VS), St-Moritz ou Pontresina (GR), ainsi déjà très prisées à l’époque pour soigner de nombreux que pour la région de Montreux. Ce sont dans ces troubles de la santé. Ainsi, les établissements de bains stations que des hôteliers entreprenants – les familles d’Yverdon-les-Bains datent au moins de 1660 ; les puits Seiler à Zermatt, Badrutt à St-Moritz ou Emery et de sa source thermale sulfureuse ont été creusés en 1680. Chessex à Montreux – jettent les bases du tourisme hivernal et édifient des palaces hôteliers de montagne Selon L’Histoire économique de la Suisse,2 les ou sur les bords des lacs alpins. établissements de cure thermale sont à l’origine de l’hôtellerie suisse moderne. Au milieu du 19e siècle, on Comme pour le thermalisme, la vogue pour l’alpinisme en comptait 350 en Suisse et les villes d’eaux étaient et ses effets très positifs sur le développement du les seules à offrir une capacité de logements suffisante. tourisme ont été brisés net par les deux guerres Il s’agissait le plus souvent d’auberges, établissements mondiales. Au retour des voyageurs, dans les années servant à nourrir et héberger gens et chevaux. Les hôtels, 50, les comportements en matière de vacances avaient dont le premier est historiquement situé à Thoune (BE) profondément évolué. vers 1308, verront leurs possibilités d’hébergement se multiplier beaucoup plus tard, essentiellement entre • Les voies de communication alpines 1814 et 1914. Durant cette dernière année, 22 millions En 1829, selon le catalogue de l’agence de voyages de nuitées seront enregistrées en Suisse.3 vaudoise Emery, il fallait 16 jours de calèche pour aller de Londres à Lausanne et il en coûtait 95 livres sterling • Malheureusement, le développement du thermalisme par personne. A peine un siècle plus tard, en 1903, en Suisse sera stoppé net par le 1er conflit mondial. le même voyage nécessitait 36 heures, en train et en bateau, et coûtait environ 200 francs suisses de l’époque.
Brève histoire du tourisme vaudois Lorsqu’Albrecht von Haller parcourait les routes vaudoises, d’Yverdon-les-Bains à Lausanne puis à Genève, le Pays de Vaud était peuplé de 110 000 à 115 000 habitants. Ses villes étaient modestes : Lausanne comptait, en 1764, 7000 habitants et Morges ou Yverdon-les-Bains à peine 2000. « La grande majorité des Vaudois habitait dans des bourgs ou des villages ».7 L’écrivain et voyageur français Jean-Baptiste Tavernier avait déjà comparé ce pays « aux restes du paradis terrestre » ! 8 Un constat dû sans doute à la relative douceur du climat. En fait, un paradis dont l’économie était alors essentiellement rurale : les céréales, l’élevage et la vigne occupaient trois Vaudois sur quatre, tandis que les mines de fer du Jura ou les Salines de Bex fournissaient encore quelques emplois. Dès le 18e siècle et surtout pendant le 19e, c’est en partie grâce aux envolées littéraires de Jean-Jacques Rousseau, de Lord Byron ou encore du genevois Rodolphe Toepffer que les premiers touristes, suisses et étrangers, découvrirent le Pays de Vaud et l’hospitalité de ses habitants. Ainsi, en 1830, de jeunes admirateurs de Lord Byron, logeant chez une famille Mury-Monney à Clarens, furent enchantés de l’accueil, et « de retour à Londres, ils donnent l’adresse de ces gens charmants à d’autres amis… ».9 Comme ailleurs en Suisse, le tourisme, dans le canton de Vaud, prit son envol grâce à la vogue de l’alpinisme, à la mode naissante des sports d’hiver, à l’afflux de touristes étrangers, surtout anglais, et au développement du chemin de fer. Presque toutes les lignes, sur le plateau et en montagne, furent construites entre 1850 et 1900. La Compagnie générale de navigation sur le lac Léman, complétant cette offre, fut créée en 1873. Avec la naissance des trains à crémaillère et l’esprit entrepreneur de deux fils d’aubergistes, Ami Chessex et Alexandre Emery, c’est aussi l’essor hôtelier de la Riviera lémanique. Le premier construit le Grand Hôtel de Territet en 1887, et le second le Montreux-Palace (450 lits) en 1906. Tous les autres grands hôtels de la région seront construits à cette « Belle Epoque », de même que les grandes infrastructures de transport ou encore le Casino (1881), notamment pour accueillir une clientèle britannique exigeante. L’exemple de Montreux Selon les indications du site internet de Montreux Vevey Tourisme, deux hôtels ont ouvert leurs portes en 1835 à Montreux. Vers 1840, il y en avait quatre qui, avec les pensions de famille, offraient 250 lits. Vingt ans plus tard, un chemin de fer reliait le « Nice de la Suisse » aux villages voisins de Clarens, Glion, Territet ou Les Avants et, en 1860, on comptait 18 hôtels avec 810 lits. A la veille de la Première Guerre mondiale, Montreux comptait 85 hôtels avec 7525 lits, soit trois fois plus qu’aujourd’hui… Dès la moitié du 19e siècle, les chemins de fer pénètrent 1863, offrit à 130 participants de visiter la Suisse en deux dans les coins les plus reculés du territoire helvétique. semaines, pour 680 francs suisses par personne. « Partout où ils vont, les hôtels poussent comme des champignons », observe Joseph Cernesson4 en relevant L’effet combiné de ces trois facteurs va permettre au tourisme, que l’on pouvait estimer, en 1880, le nombre de donc à hôtellerie et à la restauration suisses, de prendre touristes, en Suisse, à un million. leur envol. Selon Louis Farges,5 « le grand mérite des Suisses fut de comprendre que, pour accroître l’importance de En escaladant les montagnes avec les trains à crémaillère ce mouvement et assurer sa durée, il fallait renoncer à faire avant de les traverser, le chemin de fer a permis à une du voyage et du séjour un luxe coûteux, mais au contraire plus large catégorie de gens, moins sportifs mais tout aussi les rendre accessibles au plus grand nombre possible de fortunés, de découvrir les Alpes. Ainsi, le premier voyage personnes ». de masse fut organisé par un certain Thomas Cook qui, en
Graphique 1 : Evolution du nombre d’établissements hôteliers en Suisse Graphique 1 – Evolution du nombre d’établissements hôteliers en Suisse 10’000 8’000 6’000 4’000 2’000 Source : OFS 0 1934 1963 1970 1977 1984 1991 1998 Source : OFS Graphique 2 : Evolution du nombre de chambres d’hôtels en Suisse Graphique 2 – Evolution du nombre de chambres d’hôtels en Suisse 160'000 155'000 150'000 145'000 140'000 135'000 130'000 Source : OFS 125'000 120'000 1961 1967 1973 1979 1985 1991 1997 2003 De la seconde moitié du 19e siècle à 1914, la Suisse devient A relever également les efforts au niveau de la promotion, la Mecque du tourisme. A la veille du premier conflit armé notamment les chemins de fer qui stimulent le tourisme en mondial, le nombre de touristes est estimé entre trois et cinq offrant des abonnements généraux et en combinant leurs millions par an, pour 22 millions de nuitées dans les quelque prestations avec celles des bateaux à vapeur et même des 7000 hôtels, qui leur proposent près de 200 000 lits. L’école voitures. hôtelière de Lausanne fonctionne depuis 1893 et la main- d’œuvre spécialisée essaime dans toute l’Europe, voire au-delà Au total, les capitaux placés à l’époque dans l’hôtellerie des mers.6 suisse devaient se monter à 600 millions de francs. Cet investissement, qui permettait d’occuper au moins 28 000 A cette époque, la prospérité de l’hôtellerie suisse tient à personnes, devait rapporter quelque 30 millions de bénéfice quelques facteurs essentiels : net à l’économie suisse. Si on y ajoute les profits induits sur les – les établissements sont excellemment situés; transports ainsi que sur les emplois créés, Louis Farges estime – ils sont propres; que « l’exploitation méthodique des voyageurs étrangers » – ils sont économiques : au début du 20e siècle, on peut rapportait alors à la Suisse au moins cent millions de francs et il résider dans des hôtels très convenables pour 4 à 6 situait le rendement des capitaux investis à au moins 5%. francs par jour; 10 – ils sont bien organisés.
2.2 Développement historique de la structures familiales ou par des entrepreneurs privés, explique structure hôtelière en Suisse la forme juridique actuelle des établissements hôteliers. Selon le Dictionnaire historique de la Suisse,10 le secteur hôtelier Les données disponibles11 actuellement montrent que plus suisse connut un essor marqué après 1850. En 1887, un millier de six établissements hôteliers et de restauration sur dix sont d’établissements offraient 58 000 lits alors qu’en 1905, il y en des raisons individuelles, c’est-à-dire des entreprises en nom avait six fois plus (6041), proposant plus de 160 000 lits. personnel. Les sociétés anonymes représentent 14% du total, les sociétés à responsabilité limitée 13%, les sociétés en nom L’hôtellerie suisse fait face à sa première vraie crise entre 1914 collectif 7%, le restant (3%) des coopératives et autres formes. et 1918 : la défection de la clientèle étrangère plonge une hôtellerie de luxe avide de capitaux dans les chiffres rouges. Les Cette situation est confirmée par le fait que 82%12 des professionnels et les autorités vont tenter d’améliorer la situation établissements publics sont tenus en Suisse par leurs propriétaires avec diverses mesures, notamment par une politique contractuelle ou par des locataires travaillant pour leur propre compte. des prix et la fondation de la Société fiduciaire hôtelière. Entre les deux guerres, l’hôtellerie suisse progresse beaucoup Constat plus lentement : en 1939, 7202 hôtels offrent environ 185 000 lits, Le tourisme suisse s’est bâti sur l’exploitation littéraire et qui seront surtout occupés par la clientèle suisse et, pendant la sportive du paysage alpin. Le mythe veut que ce dernier Seconde Guerre mondiale, par des soldats étrangers internés. véhicule a consolidé les bases d’une industrie, qui a pris son Cette deuxième crise frappera durement le secteur : en 1950, envol sur les rives vaudoises du lac Léman dans la seconde on ne comptera plus que 6705 hôtels dans le pays et autant moitié du 19e siècle. Dans le canton de Vaud comme en de lits qu’au début du siècle (cf. graphiques 1 et 2, page 10). Suisse, l’essor de cette branche économique a été brisé par les deux guerres mondiales. Il a repris dans les années 50, L’industrie hôtelière helvétique aborde affaiblie la deuxième mais la structure très morcelée de l’industrie touristique moitié du 20e siècle. Handicapée par la force du franc suisse reste imprégnée du poids de ce passé. et les coûts élevés de construction, elle ne parvient pas à 1. « La Suisse au tournant du siècle – Souvenirs du bon vieux temps », moderniser ses anciennes structures. A titre d’exemple, le Editions Sélection du Reader’s Digest Dictionnaire historique de la Suisse indique qu’en 1970 2. « Histoire économique de la Suisse », Jean-François Bergier, Payot, 34% seulement des chambres d’hôtels en Suisse disposaient Lausanne, 1984 d’une salle de bains ou d’une douche privée. 3. « La Suisse au tournant du siècle – Souvenirs du bon vieux temps », Editions Sélection du Reader’s Digest 4. Auteur cité dans « Le voyage en Suisse », Claude Reichler et Roland Entre 1945 et 1975, le nombre des hôtels et des lits augmente Ruffieux, Robert Laffont, 1998 à nouveau fortement, respectivement +22% et +86,5%, grâce à 5. Consul de France à Bâle, Ouvrage sur l’industrie suisse du tourisme au début du 20e siècle la construction d’unités de plus gros volumes. Cette tendance 6. C’est le Valaisan César Ritz qui, par exemple, fonde en 1898 le premier s’inverse après la crise des années 1970, comme le montrent les hôtel éponyme à New York deux graphiques en page 10. Ainsi, pendant la période de 1970 7. « Histoire du Pays de Vaud », par Lucienne Hubler, Editions LEP, 1991 à 2000, l’évolution est clairement orientée à la baisse, tant en 8. « Le voyage en Suisse », par Claude Reichler et Roland Ruffieux, Robert Laffont, 1998 nombre d’établissements hôteliers que de chambres d’hôtels. 9. www.montreux-vevey.com 10. www.dhs.ch 11. GastroSuisse, « Reflets économiques de la branche 2006 », p.12 12. GastroSuisse « Reflets économique de la branche 2006 » 2.3 Evolution de la forme juridique des établissements hôteliers Le poids du passé, notamment le fait que les hôtels et établissements de restauration en Suisse dérivent directement des auberges puis des premiers hôtels créés dans le cadre de 11
Le tourisme joue un rôle stratégique dans l’économie suisse, même si sa part directe au PIB stagne depuis plusieurs années. 3. Marché suisse du tourisme Le tourisme, plus particulièrement l’hôtellerie et la restauration Graphique Graphique 3 – Evolution 3 : Evolution des arrivées des arrivées de et de touristes touristes et des des recettes du recettes du tou qui en sont les deux composantes essentielles, est un secteur tourisme international important de l’économie suisse. Malgré les avantages 900 réels pour cette branche, en termes d’environnement 800 et d’infrastructure dans notre pays, et alors que le taux 700 de croissance du tourisme s’est développé de manière 600 exponentielle ces dernières années au niveau mondial, la Suisse 500 ne parvient pas à suivre cette progression. En fait, depuis de 400 nombreuses années, la croissance du secteur du tourisme 300 Arrivées de touristes internationaux (millions) suisse est faible, voire nulle. 200 Recettes du tourisme international (milliards $EU) Source : OMT 100 0 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 3.1 Données globales Source: Organisation mondiale du tourisme (OMT)© 3.1.1 Contexte international Graphique Graphique 4 –perspectives 4 : Les Les perspectives de croissance de croissance du mondial du tourisme tourisme mondial Depuis 1970, les flux touristiques internationaux ont été multipliés par quatre. Au niveau mondial, le secteur du Chiffres réels Projections tourisme croît annuellement de 2,5 à 5%. En 2004, selon les 1600 1,6 mrd derniers chiffres disponibles auprès de l’Organisation mondiale 1400 Asie du Sud du tourisme (OMT), son taux de croissance a même été de 1200 Moyen-Orient Afrique 1 mrd 11%, représentant un total de 763 millions de touristes. 1000 Asie de l’Est/ Pacifique millioms 800 Amérique 694 mios Europe Les destinations de la zone Asie Pacifique et du continent 600 américain ont profité en premier lieu de cette évolution. Ainsi, 400 le tourisme a progressé en 2004 de 28% en zone Asie Pacifique, Source : OMT 200 de 18% au Moyen-Orient, de 11% dans les Amériques, de 8% 0 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010 2020 en Afrique, mais seulement de 5% en Europe. Ce dernier continent est celui qui enregistre, ces dernières années, les plus faibles taux de croissance et les projections de Graphique Graphique 5 – 5La : Lapart partde de la Suisse Suissedans dansle tourisme européen le tourisme baisse baisse européen l’OMT confirment cette tendance. Globalement, l’Europe voit diminuer ses parts de marché au tourisme international : de 140 60% en 1995 et actuellement de 55%, cette part devrait passer 130 Italie à environ 46% d’ici à 2020 selon les projections de l’OMT. 120 Espagne Indice: 1990=100 110 France 100 3.1.2 Evolution récente du tourisme en Suisse 90 80 Même si elle est parfois qualifiée de pays fondateur du Autriche Suisse 70 tourisme, la Suisse occupe aujourd’hui une place qui peut Source : OMT 60 susciter des commentaires. Ainsi, 0 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 20 20 20 • notre pays était il y a quelques années dans le club des 12 Source: OMT cinq principales destinations touristiques dans le monde
avec le Canada, l’Italie et la France; en 2001, il était déjà 3.1.3 Importance du tourisme pour l’économie suisse descendu au rang de 11e destination devant la Grèce et le Portugal ; Les professionnels de l’industrie touristique suisse s’interrogent sur la lente érosion de leur secteur d’affaires qu’ils lisent dans • selon les statistiques de l’OMT, en 200513 la Suisse est les chiffres officiels. Leur inquiétude est d’autant plus justifiée à la 18e place des destinations touristiques en Europe que le tourisme est l’une des principales branches de avec 7,2 millions d’arrivées de touristes internationaux, l’économie suisse. derrière la Croatie ; Selon les auteurs du Compte satellite du tourisme de la Suisse15 (TSA Suisse), le tourisme « exerce un impact important sur • alors que les recettes du tourisme international en l’emploi et la valeur ajoutée (…), il demeure un pilier essentiel Europe ont progressé de 15% entre 2003 et 2004, de l’économie de nombreuses régions. » la Suisse a suivi avec un rythme plus léger (+13%) ; • En 1998 et selon TSA Suisse16, le tourisme contribuait à pourtant, sa part au gâteau touristique international en raison de 3,4% au produit intérieur brut suisse (PIB). Pour Europe est restée identique (3,2%) : de ce fait, sa part de une valeur ajoutée brute directe de CHF 12,9 milliards, marché s’est érodée14 ; ce secteur occupait la 6e place dans le classement des branches économiques, entre celle des communications • en 2005, les statistiques de l’Office fédéral de la (3,1%) et celle de l’industrie chimique et des assurances statistique (OFS) indiquent 7,2 millions d’arrivées de (2,9%). (cf. graphique 6, page 14). touristes internationaux en Suisse; ceci correspond certes à une hausse de 11% environ par rapport à • Toujours selon TSA Suisse, les deux secteurs réunis de 2003, mais cela positionne la Suisse, en termes de l’hôtellerie (y compris les logements de vacances) et fréquentation, au même niveau que celui qui avait été de la restauration, avec respectivement une part de atteint par la Croatie en 2003 (7,4 millions d’arrivées 31% et 14% à cette valeur totale, étaient les principales de touristes internationaux et 13e place européenne ; composantes du tourisme, devant le secteur des transports (20%). • en valeur nominale, la part de marché de la Suisse dans le tourisme international au niveau européen est • En termes d’emplois, selon TSA Suisse, le tourisme en constant déclin depuis le début des années 90 (cf. représentait en 1998 5,2% de l’ensemble des emplois graphique 5, page 12). en équivalents plein temps (EPT) en Suisse, soit 165 000 personnes. Le tiers de ces emplois (34%) concerne Constat l’hébergement et 19% la restauration, quasiment à Dans l’absolu, la part de marché de la Suisse, au niveau égalité avec les transports (18%). tourisme international, est en constant déclin depuis le début des années 90. En réalité, il faut relativiser ce constat • L’organisation faîtière de la branche, Suisse Tourisme, car les méthodes de saisie des données varient d’un pays à signale17 qu’en 2001 la part du tourisme au PIB l’autre. Par exemple, en Suisse, seules sont comptabilisées les était de 5,4% pour des recettes totales de CHF 22,4 arrivées des hôtes dans les hôtels et établissements de cure. milliards et que la branche employait, directement En France, par contre, c’est à la frontière que ce décompte et indirectement, 300 000 EPT, autrement dit 9,5% est fait et en Autriche, on prend en considération tous les de l’ensemble de l’emploi du pays. Dans une autre moyens d’hébergement. Ces différentes méthodes posent de ses brochures18, la même organisation faîtière des problèmes de fiabilité dans la comparaison des données indique, sans citer d’année de référence, que quelque au niveau international. Dès lors, si en Suisse on mettait 31 milliards de francs sont dépensés chaque année l’accent sur l’évolution des mouvements touristiques à pour des prestations de services touristiques et que l’intérieur du pays, on constaterait une reprise effective du 8% de la population active travaille directement ou tourisme depuis 1996. indirectement dans ce secteur. 13
• Il n’existe encore aucune indication globale précise du Graphique 6 : Valeur ajoutée brute directement générée par le Graphique 6tourisme – Valeur(CHF ajoutée bruteprix millions, directement 1998) générée par poids financier du tourisme dans l’économie suisse le tourisme (CHF millious, prix 1998) pour l’année 2005. Toutefois, des estimations publiées 5% par le département de recherche économique d’un 8% 630 Hébergement établissement bancaire19 indiquent que la valeur ajoutée 1010 31% Restauration Transport de voyageurs du tourisme suisse pour 2005 s’élèverait à quelque 10% 1350 4000 Agence de voyage, CHF 13,8 milliards, soit 3% du PIB, et que la branche 2% 240 office de tourisme représenterait 6,6% des emplois suisses. 1% 110 Activités culturelles 1140 9% Activités sportives 1830 et récréatives • Les premières estimations de l’OFS20 indiquent par 2590 Branches connexes ailleurs que les touristes étrangers ont dépensé en 20% 14% au tourisme (sans commerce de détail) 2005 CHF 13,7 milliards (+4,7% par rapport à 2004) ; Source : TSA Suisse Valeur ajoutée brute directement générée Commerce de détail par le tourissme en Suisse: 12900 millions ce montant concerne à 45% l’hébergement (hôtellerie de fr. (=3,4% du PIB) Branches non specifiques au tourisme et para-hôtellerie), et la restauration (25%), le solde représentant des dépenses accessoires. Source: TSA Suisse Ces données parcellaires incitent à penser que l’importance économique du tourisme stagne réellement en Suisse Tableau1 Tableau 1 –: Evolution Evolution dudu nombre nombre d’hôtels, d’hôtels, de chambres de chambres et de litsetende lits Suisse à environ 3% du PIB (un taux qui correspond à la part en Suisse du tourisme dans les dépenses de la Confédération, des cantons et des communes pour l’économie publique 2000 2001 2002 2003 2004 2005 en 200321) et 5 à 6% de l’emploi alors que cette branche Hôtels 5 880 5 831 5 755 5 691 - 5 769 représente un poids réel dans de nombreuses économies Chambre 144 264 144 025 143 218 143 148 - 142 722 Source : OFS régionales (cf., pour le canton de Vaud, au paragraphe 6.1, Lits 264 495 264 759 263 449 263 024 - 274 035 page 32). Source : OFS Le fait que l’étude TSA Suisse n’ait jamais été actualisée est regrettable. En effet, l’étude du consultant Rütter & Partner réalisée sur le tourisme vaudois (cf. paragraphe 6.1, page 32) Graphique 7 : Evolution récente de la taille des hôtels (1970 à 2003) note qu’à un apport direct au PIB suisse de 4% du tourisme, Graphique 7 – Evolution récente de la taille des hôtels (1970 à 2003) il faut ajouter des retombées indirectes à concurrence 275 000 de 2,5%. Selon ce consultant, la contribution totale du 260 000 tourisme au PIB suisse serait donc de 6,5%. 255 000 En tout état de cause, selon la Société Suisse de Crédit 9 000 Hôtelier (SCH), la Suisse ne peut pas profiter comme elle 7 000 le devrait de l’essor du tourisme mondial pour trois raisons Source : SCH/OFS au moins22 : 5 000 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Nombre d’établissements recensés Nombre de lits recensés • retard prononcé dans les investissements qui, d’une Source: Office fédéral de la statistique part, empêche la progression économique d’un nombre non négligeable d’entreprises hôtelières et, d’autre part, favorise le déclin financier de certains ; 14
• capacités financières limitées des petites exploitations, Pour certains professionnels de la branche23, la définition de majoritaires en Suisse (cf. paragraphe 3.1.5, page 15); l’OFS d’un « hôtel » ou d’un « établissement de cure » est • défaut de professionnalisme dans la manière de sujette à caution. En effet, dans ses relevés officiels statistiques prospecter les marchés. sur l’hébergement touristique, l’OFS n’inclut pas les auberges de jeunesse ou certains types de nouveaux établissements Constat hôteliers. Par contre, l’OFS recense les chambres et les lits Le tourisme est une branche stratégique de l’économie d’hôtes. suisse. Sa part directe au PIB stagne cependant depuis plusieurs années aux alentours de 3%. Dans la mesure où un différent persiste quant à la définition de l’offre hôtelière, il est difficile de conclure avec certitude que 3.1.4 La problématique de la statistique le marché hôtelier suisse a offert 78 hôtels de plus à la clientèle entre 2003 et 2005. Il y a un « trou » dans la statistique du tourisme en Suisse. Comme le montre, par exemple, le tableau 1 en page 14, La statistique à disposition met cependant en évidence il manque les données pour l’année 2004. Cette année-là en la forte fragmentation du marché suisse de l’hôtellerie en effet, pour des raisons d’économies budgétaires, l’OFS n’a pas petites entités économiques. Ce constat confirme celui de fait de relevés. Cette mesure avait certes été annoncée aux GastroSuisse sur la prédominance des établissements sous professionnels en temps voulu, mais ces derniers n’ont pas forme de raison individuelle (cf. paragraphe 2.3, page 11). pu organiser, au niveau des cantons, des collectes de données D’ailleurs, sur la base des données pour l’année 2005, la SCH statistiques qui puissent avoir une valeur scientifique. constatait que 39,6% des hôtels possédaient moins de 20 lits.24 A l’opposé, les 574 établissements ayant plus de 101 lits ne Suite aux protestations des milieux touristiques et sur la base représentaient que 9,7% du nombre d’hôtels. d’une Ordonnance fédérale imposant à la Confédération d’exécuter des relevés statistiques, ces derniers ont repris en Cette fragmentation est à l’origine de la vive concurrence 2005. Mais la question de la fiabilité des données statistiques entre les établissements de petite et moyenne tailles. Les est posée. En son absence, il est impossible aux professionnels conséquences, au niveau des prix, de cette concurrence de baser leur stratégie sur des données réelles. En effet, d’une péjorent la condition financière et donc la survie des part les statistiques sont lacunaires, et d’autre part elles sont établissements hôteliers de moindre taille. disponibles avec trop de retard ou encore récoltées sur des bases dissemblables. Cette situation entraîne un processus de concentration du marché hôtelier. Ceci se traduit notamment par Au niveau suisse, les professionnels et les observateurs sont l’augmentation de 23%, entre 1980 et 2003, du nombre ainsi privés d’un instrument de décision efficace pour pouvoir d’hôtels ayant entre 101 et 200 lits, et de 32%25 celui des hôtels investir dans le domaine du marketing prospectif. Cette de plus de 200 lits. Dans le même temps, le nombre des petits situation risque de durer : en effet, dans le cadre des accords hôtels (moins de 20 lits) a chuté de 44%, soit de 3859 à 2154 bilatéraux avec l’Union européenne, l’OFS devra livrer une unités. (cf. graphique 7, page 14). statistique sur le tourisme eurocompatible dès 2008. Un virage dont les spécialistes de l’OFS ne savent pas vraiment encore La SCH constate par ailleurs : «Il faut saluer cette évolution car comment ils vont l’aborder. le taux d’occupation des grandes exploitations est nettement supérieur et leur rentabilité donc plus forte.» En effet, les 3.1.5 Importance du secteur de l’hôtellerie établissements hôteliers de plus de 100 lits et au prix/nuitée supérieur à CHF 200 disposent de capacités supérieures en termes Selon les statistiques de l’OFS, il y avait, à fin 2005, 5769 hôtels de gestion, de marketing et de prospection principalement. et établissements de cure en Suisse représentant un total de En termes de chiffres d’affaires, GastroSuisse26 estime qu’en 142 722 chambres et 272 436 lits. 2005 l’hôtellerie à elle seule a représenté six des 15
CHF 22 milliards réalisés par la branche de l’hôtellerie/ Graphique Graphique 8 8 – Taux : Taux d’occupation d’occupation selon selon la tailleladetaille de l’exploitation l’exploitation restauration. Il n’existe cependant aucune donnée statistique en % précise pour étayer cette estimation. Cette dernière paraît cependant plausible si elle est comparée au volume d’affaires 40 de l’hôtellerie calculé par l’étude TSA Suisse et qui était de CHF 7,4 milliards en 1998, pour une valeur ajoutée de 20 CHF 4 milliards. 0 jusqu’à 10 chambres 11 à 20 chambres 21 à 50 chambres 51 à 100 chambres 101 et plus chambres A noter encore l’importance des effets indirects de l’hôtellerie sur d’autres secteurs économiques, tels que ceux de la Source : OFS construction, de l’agriculture, des établissements bancaires et 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 autres prestataires de services comme le commerce de détail. Source: Office fédéral de la statistique Dans l’étude TSA Suisse, ces effets induits sont valorisés à CHF 2,4 milliards pour l’année 1998, qui est sa référence, soit 19% de la valeur ajoutée directement générée par le tourisme. Graphique 9 – Evolution des chiffres d’affaires dans l’hôtellerie et la restau Graphique 9 : Evolution des chiffres d’affaires dans l’hôtellerie et la restauration Taux d’occupation 8 8 Le taux d’occupation (TO) est le facteur le plus important 6 Hébergement 6 pour analyser le rendement des établissements hôteliers. En Hôtellerie et 4 restauration 4 2005, le TO moyen des chambres a été de 39,8% pour la Suisse, Restauration 2 2 d’un peu plus de 40% pour Vaud et la région lémanique ; les 0 0 grandes villes (Genève et Zurich) ont eu un TO de plus de 54%27. -2 -2 -4 -4 En termes de taux d’occupation, les centres urbains sont relativement puissants. Ils sont en effet principalement orientés -6 -6 Source : KOF vers le tourisme d’affaires. Ils sont donc peu, voire pas touchés -8 -8 par le caractère saisonnier du tourisme de loisirs, dont les -10 -10 02 IV 2 IV 3 01 2 3 III 3 0 00 1 2 IV 1 0 IV 0 1 3 05 5 IV 5 IV 4 III 4 5 4 4 /0 /0 I/0 I/0 0 /0 /0 /0 /0 I/0 /0 I/0 /0 I/0 /0 /0 0 /0 I/0 /0 effets se retrouvent dans un TO relativement plus faible sur II/ II/ II/ I I/ I I/ II/ III III III III l’année. Dès lors, le TO dans les hôtels des centres urbains est Source: Centre de recherche conjoncturelles de l’EPF Zürich (CRC) relativement stable alors qu’il varie beaucoup dans les régions de vacances. Tableau 2 : Répartition des nuitées par origine de la clientèle Par ailleurs, les établissements de taille importante enregistrent (millions de nuitées) Tableau 2 – Répartition des nuitées par origine de la clientèle (millions de nuitées) un TO supérieur (moindre saisonnalité, meilleures capacités de 2001 2002 2003 2004 2005 gestion, intense prospection des marché) et donc, sans doute, Total des nuitées 33,6 33,2 31,2 - 32,9 une meilleure rentabilité due principalement aux économies Suisse 14 14,2 14,2 - 14,6 d’échelle et au coût de production d’une nuitée, ce dernier Source : OFS/SCH Europe 14,3 12,2 12,9 - 12,8 étant le critère final déterminant (cf. graphique 8 ci-contre). Reste du monde 5 4,6 4,1 - 5,5 Source : OFS/SCH Quant au seuil critique, les spécialistes de la branche estiment qu’il se situe en général à une capacité de 50 lits par hôtel. Cependant, ce critère peut être nettement supérieur dans les établissements qui ont fait des investissements importants; il peut être inférieur dans le cas d’exploitations familiales bien gérées. 16
Evolution récente de l’hôtellerie suisse et 2003, la situation s’est stabilisée en 2004. Aujourd’hui, la part Entre 1992 et 2002, l’hôtellerie suisse a perdu quelque 3,8 de la clientèle suisse représente 42 à 45% du total des nuitées millions de nuitées, soit 10,8% du total, pour arriver à 33 hôtelières (cf. tableau 2, page 16). millions de nuitées (2002). Elle a continué sur cette pente en 2003 et semble avoir stoppé la descente en 2004, même Alors que la demande intérieure demeure relativement si l’OFS ne peut confirmer cela, aucune donnée n’ayant été stable29, les Européens représentent aujourd’hui un peu moins relevée cette année-là. Avec 32,9 millions de nuitées en 2005, de 40% du nombre total de nuitées. De plus, une hausse l’année écoulée a été qualifiée d’excellente par la profession, sensible des nuitées d’hôtes extra-européens est observée marquant en effet une reprise de l’ordre de 3%. depuis quelques années. Les tests conjoncturels du Centre de Recherches En termes de nationalités, après les Helvètes, les Allemands Conjoncturelles de l’Université de Zurich (KOF) indiquent restent les hôtes les plus nombreux dans notre pays avec aussi que le creux de la vague des secteurs de l’hébergement environ 5,6 millions de nuitées en 2005. Suivent très loin les et de la restauration aurait été dépassé en 2005 (cf. graphique Anglais, les Américains, les Français et les Italiens, avec entre un 9, page 16). et deux millions de nuitées par pays d’origine. En effet en 2005, la situation dans l’hôtellerie et la restauration Certains observateurs estiment que la part importante s’est constamment améliorée en termes de chiffres d’affaires. du tourisme indigène reflète le déficit d’attractivité de la Orientés à la hausse dès la fin de l’année 2004, les taux de destination « Suisse » sur le plan international. Ils comparent croissance sont redevenus positifs dans le courant de l’année. la situation de la Suisse à celle de certains de nos voisins Les premières indications de l’OFS pour 2006 confirment cette (l’Autriche par exemple). Pourtant, chez ces voisins, la part tendance : à fin juin 2006, l’OFS indiquait une hausse globale du tourisme indigène est souvent tout aussi importante. En des nuitées hôtelières de 6,3% par rapport à la même période France, par exemple, elle représente plus de 60% des nuitées. de 2005. Et en Autriche, près d’une nuitée sur deux est réalisée par la clientèle allemande. Constat L’hôtellerie suisse est un secteur historiquement très La perte d’attractivité de la Suisse peut aussi être analysée fragmenté en petites entités qui reflètent la structure par rapport à la réalité d’une redistribution totale du trafic familiale de cette branche. Cette dernière est engagée touristique en Europe, induit notamment par le succès des depuis plusieurs années dans un processus de concentration, compagnies aériennes « low cost », qui permettent aux qui se traduit par une diminution du nombre d’hôtels alors touristes internationaux de choisir leurs destinations au dernier que le nombre de lits stagne. Corrélé à cette situation, moment, en fonction de la météorologie par exemple, et de le taux d’occupation des hôtels suisses est en moyenne rester moins longtemps dans un endroit. faible, sauf dans les centres urbains où il profite du tourisme d’affaires. En Suisse, le séjour moyen des touristes suisses et étrangers a donc diminué. Il est passé d’environ trois jours en 1991 à 2,3 jours à mi-2006. Mais le nombre de nuitées s’est stabilisé. 3.1.6 Clientèle hôtelière Pour les spécialistes, cela signifie qu’il y a autant, sinon plus de De 1975 à 2000, la proportion entre les clients suisses et clients qu’auparavant, mais qu’ils restent moins longtemps à étrangers était relativement constante. Cette proportion a chacun de leurs séjours. C’est un signe du succès des actions nettement fléchi ensuite. Le phénomène est plus marqué de promotions à l’étranger, car cela indique que les touristes depuis les années nonante, durant lesquelles le nombre de ont été séduits par la Suisse et qu’ils reviennent. nuitées d’hôtes étrangers, principalement constitué par les hôtes allemands, japonais et américains, s’est réduit de 20%28. En 2005, la nouvelle statistique de l’OFS a permis de Après la forte chute de la demande de l’étranger entre 2000 constater une augmentation de la clientèle anglaise, française 17
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