La grippe, non. Le vaccin, oui ! - Information à l'intention des professionnels de la santé.
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La grippe, non. Le vaccin, oui ! Information à l’intention des professionnels de la santé. www.sevaccinercontrelagrippe.ch www.ofsp.admin.ch
Sommaire 1 Préface : La grippe, une maladie imprévisible 4 2 Le virus de la grippe 6 2.1 Types de virus 6 2.2 Potentiel de contagion et transmission 7 3 La grippe 8 3.1 Tableau clinique : comparaison avec un refroidissement banal 8 3.2 Epidémiologie et conséquences économiques 9 3.3 Importance de la grippe pour les groupes à risque 10 3.4 Importance de la grippe pour les personnes en contact avec les groupes à risque 11 4 La vaccination contre la grippe 12 4.1 Recommandations de l’OFSP 12 4.2 Efficacité de la vaccination 14 4.3 Effets indésirables du vaccin 15 4.4 Contre-indications à la vaccination 16 4.5 Existe-t-il des alternatives à la vaccination contre la grippe ? 17 4.6 Types de vaccins et préparations autorisées en Suisse 18 5 Résumé : Six bonnes raisons de se faire vacciner contre la grippe 20 6 Références 23 3
1 Préface La grippe, une maladie imprévisible Chaque hiver, la grippe, due aux virus In- à 5000 environ sont hospitalisés à la suite scientifiques, est de mettre à disposition Pour de plus amples informations, vous fluenza, revient nous rendre visite. Mais d’une atteinte grippale, et jusqu’à 1500 en les informations utiles pour vous aider à pouvez consulter le site de l’OFSP à la connaissons-nous aussi bien que nous meurent. conseiller vos patients et vous permettre l’adresse www.sevaccinercontrelagrippe.ch le croyons ? de vous faire vacciner en connaissance de ou www.grippe.admin.ch, nous appeler au Pour que les personnes appartenant cause. +41 (0)31 323 87 06 ou contacter la ligne Chaque saison de grippe peut en effet aux groupes à risque soient protégées, Info-vaccin au 0844 448 448 (conseils gra- toujours nous surprendre par son ampleur, il faut non seulement qu’elles se fas- Protégez-vous donc en vous faisant tuits, frais de communication interurbaine le moment où elle débute, sa sévérité et sent vacciner, mais également toutes vacciner et passez un hiver sans grippe en Suisse). ses conséquences. Cette variabilité dépend les personnes se trouvant régulière- avec vos proches, vos collègues et vos d’une multiplicité de facteurs : la virulence ment en contact étroit avec elles, c’est- patients. Nous vous remercions par et le nombre de souches Influenza en à-dire principalement les membres de la avance de votre engagement pour la circulation, l’immunité naturelle et la cou- famille et le personnel de santé. En effet, prévention de la grippe. verture vaccinale de la population, la con- ces dernières sont susceptibles de leur cordance des antigènes qui composent le transmettre la grippe lorsqu’elles sont in- vaccin avec les virus circulants. Plus les fectées mais qu’elles l’ignorent : en cas de virus se sont modifiés par mutation depuis symptômes modérés peu évocateurs de l’année précédente et moins on peut grippe ou de symptômes pas encore mani- compter sur une immunité conférée par festes (on admet qu’un adulte infecté est une vaccination antérieure, ou par la ma- contagieux déjà un jour avant l’apparition ladie elle-même. des premiers symptômes). De plus, il faut tenir compte que les personnes à risque Toujours est-il que la « vraie » grippe – dont ont généralement une réponse immuni- il est question ici – peut parfois entraîner taire diminuée à la vaccination. La seule de graves complications, notamment chez façon d’éviter de contaminer autrui est les personnes qui appartiennent à un donc de ne pas être infecté soi-même. groupe à risque accru de complications : Et le moyen le plus efficace pour éviter la les personnes âgées de 65 ans et plus, les maladie reste la vaccination. adultes et les enfants qui souffrent de maladies chroniques cardiaques, des voies En tant que professionnel de la santé, respiratoires ou du système immunitaire ou vous jouez aussi un rôle-clé très impor- d’une pathologie ayant des répercussions tant dans la promotion de cette vacci- sur la fonction cardiaque, pulmonaire ou nation : une étude menée chaque année rénale, les femmes enceintes, les préma- en Suisse auprès des personnes de plus de turés et les nourrissons (détails : chapitres 50 ans montre que si elles se font vacciner 3.3 et 4.1). Chaque année, en Suisse, 100 contre la grippe, c’est en premier lieu sur 000 à 250 000 patients consultent un mé- les conseils d’un spécialiste. Le but de cet- decin pour des symptômes grippaux, 1000 te brochure, qui s’appuie sur des bases 4 5
2 Le virus de la grippe 2.1 Types de virus 2.2 Potentiel de contagion et transmission Les virus influenza appartiennent à la famil- responsable de la grippe pandémique Le potentiel de contagion dépend de la miers symptômes et le reste trois à cinq le des orthomyxoviridae. Ils se répartissent A (H1N1) 2009 est une combinaison virulence de la souche virale en circulation, jours après. Les enfants sont potentielle- en trois types : A, B et C. entre deux souches porcines, une de l’immunité dans la population et de la ment contagieux plus tôt et peuvent le aviaire et une humaine et il a, comme couverture vaccinale (3 ; 4). Plus le virus rester dix jours ou plus après l’apparition ● Les virus de type A sont les plus dan- anticipé par les experts, pratiquement mute d’une année à l’autre et moins on des symptômes (5). gereux pour l’être humain. Ils mutent supplanté les souches saisonnières A peut compter sur une immunité conférée très rapidement et, de ce fait, peuvent (H1N1) «classiques». par une vaccination antérieure ou par la Afin de protéger en particulier les person- échapper à la vigilance du système im- maladie elle-même. nes à risque accru de complications, il est munitaire. Ils se trouvent aussi chez les ● Les virus de type B se trouvent presque recommandé de rentrer chez soi dès que animaux, principalement les oiseaux uniquement chez l’être humain, mais Le virus se transmet principalement par l’on commence à se sentir mal et de res- aquatiques sauvages, et peuvent, dans ils sont plus rares que le type A (1). Ils contact direct (p.ex. toux ou poignée de ter plusieurs jours à la maison lorsque la de rares cas, se transmettre de l’animal mutent deux à trois fois plus lentement main) ou par contact indirect (poignée grippe est confirmée. à l’être humain (1). Les nouveaux virus que lui (2), leur variabilité génétique est de porte), avant même l’apparition des grippaux de type A, résultant notamment donc moindre (1). premiers symptômes. Même les person- Le risque de transmission durant la période de la combinaison d’un virus animal et nes infectées avec des symptômes dis- pré- ou asymptomatique est également d’un virus humain ou de la mutation d’un ● Les virus de type C, les moins répandus crets, voire absents, peuvent transmettre l’une des principales raisons pour lesquelles virus animal, sont susceptibles de pro- chez l’être humain, sont également pour le virus. les personnes qui sont souvent en contact voquer des pandémies (épidémies mon- celui-ci les moins dangereux parmi tous avec des personnes à risque devraient se diales). Par exemple, le virus qui a été les types de virus influenza (1). On admet qu’un adulte infecté est conta- faire vacciner (3). gieux un jour avant l’apparition des pre- La nomenclature des virus de la grippe suit les règles suivantes : Type d’influenza California 7 2009 6 7
3 La grippe 3.1 Tableau clinique : comparaison avec un refroidissement banal 3.2 Epidémiologie et conséquences économiques La grippe se caractérise par l’apparition Seules des analyses réalisées en labora- Chaque année, 5 à 10 % des adultes et 20 Figure : consultations liées à la grippe brutale de symptômes généraux et respira- toire permettent d’établir le diagnostic dif- à 30 % des enfants attrapent la grippe. Les dans l’ensemble de la Suisse, de 2004/05 toires (fièvre, myalgies, céphalées, sensa- férentiel entre la grippe et un refroidisse- enfants d’âge scolaire, qui ont plus facile- à 2011/2012 (données disponibles au tion de malaise et toux sèche) (5). A ces ment provoqué par d’autres agents patho- ment des contacts étroits avec les autres moment de la rédaction de la présente symptômes s’ajoutent fréquemment chez gènes ; le diagnostic à partir des signes personnes mais qui ne connaissent pas brochure) : l’enfant des nausées et des vomissements cliniques n’étant pas toujours facile. Pen- encore bien les règles d’hygiène, consti- (6 ; 7). En l’absence de complications, les dant la saison grippale, la probabilité d’une tuent le groupe le plus touché par la mala- Nombre de cas symptômes disparaissent généralement infection due au virus influenza est toute- die et aussi celui qui la transmet le plus. de suspicion de grippe au bout de trois à sept jours, mais la toux fois plus élevée. Ils ont été moins exposés au virus et n’ont et l’asthénie peuvent persister deux se- donc développé qu’une faible immunité maines ou plus. Le tableau suivant donne quelques repères partielle. En revanche, les enfants d’âge 300 000 susceptibles d’aider au diagnostic (8) : scolaire présentent rarement des compli- cations graves ; celles-ci touchent davan- 250 000 tage la population âgée, les malades chro- 200 000 niques, les nourrissons et les femmes enceintes. Au niveau mondial, on compte 150 000 Manifestations cliniques Grippe Refroidissement causé environ 250 000 à 500 000 décès par an 100 000 par d’autres virus dus à la grippe (9). 2004/05 2005/06 2006/07 2007/08 2008/09 2009/10 2012/13 2011/12 Apparition des symptômes Brutale* 2010/11 Graduelle 50 000 En Suisse, on recense entre 100 000 et Fièvre Fréquente: 37,7 à 40,0 °C* Rare et seulement supéri- 0 250 000 consultations par an liées à une eure d’environ 0,5 °C à la suspicion de grippe (10). Environ 10% de Saison Source: Sentinella normale ces patients ont 60 ans ou davantage. Chez Myalgies Importantes, fréquentes* Rares 5 % des personnes déclarées, une pneu- Selon les extrapolations des modélisations Arthralgies Importantes, fréquentes Rares monie est diagnostiquée ; chez les person- scientifiques, les coûts annuels s’élèvent à Inappétence Fréquente Rare nes âgées, ce pourcentage approche les 100 millions de francs environ pour le sys- Céphalées Importantes, fréquentes Discrètes, rares 16 % (11). Les complications dues à la tème suisse de santé. Si l’on tient compte Toux (sèche) grippe entraînent environ 1000 à 5000 du total des coûts pour la société, tels que Importante, fréquente* Discrète à modérée hospitalisations par an. Là encore, le ceux entraînés par l’absentéisme, la perte Sensation de malaise Importante Discrète pourcentage de personnes âgées est net- économique est d’environ 300 millions de Asthénie, sensation de Plus fréquente que pour un Très discrète, brève tement plus élevé. Pour beaucoup, cela si- francs (12). faiblesse banal refroidissement, du- gnifie la perte définitive de leur autonomie. rant deux à trois semaines Chaque année, jusqu’à 1500 patients peu- Douleurs thoraciques Importantes, fréquentes Discrètes à modérées vent décéder de la maladie ; 92 % d’entre Nez bouché Peu fréquent Fréquent eux sont des personnes âgées (11). Éternuements Peu fréquents Fréquents Maux de gorge Peu fréquents Fréquents *Si plusieurs ou tous ces symptômes se manifestent, il est fort probable qu’il s’agit d’une grippe. 8 9
3.4 Importance de la grippe pour les personnes 3.3 Importance de la grippe pour les groupes à risque en contact avec les groupes à risque Même si les complications grippales sont chite, la pneumonie et le faux croup, Toute personne infectée, qu’elle ait ou non Cela peut être à l’origine d’épidémies possibles chez tous les patients, le risque d’origine virale ou par surinfection bacté- des symptômes, peut transmettre le virus nosocomiales de grippe. On entend par est nettement plus élevé chez certains rienne secondaire. D’autres complications grippal à d’autres personnes, mais la proba- infection nosocomiale (infection hospita- groupes de la population, notamment (13) : peuvent survenir et mettre la vie en dan- bilité d’une contamination augmente avec lière) toute infection apparaissant au cours ger : une pleurésie, une myosite, une myo- la fréquence des contacts. Les personnes ou à la suite d’une hospitalisation et ab- ● les personnes de 65 ans et plus ; cardite ou une péricardite entraînant une à risque doivent être particulièrement pro- sente à l’admission à l’hôpital ou dans un cardiomyopathie dilatée, un infarctus du tégées de la transmission du virus. Les per- établissement de santé. Durant une telle ● les adultes et les enfants atteints de ma- myocarde ou un choc toxique. La ménin- sonnes qui sont souvent en contact avec épidémie, le taux d’infection peut attein- ladies chroniques cardiaques, des voies gite, l’encéphalite, la myélite et la polyra- celles-ci devraient donc veiller à se faire dre 50 % chez les patients du service respiratoires ou du système immunitaire diculite de Guillain-Barré (SGB) figurent au vacciner : famille et soignants, en particu- touché et 59 % chez le personnel qui soig- ou d’une pathologie affectant les fonc- nombre d’autres complications sévères. lier médecins, personnel infirmier (en insti- ne les patients atteints de grippe. Sa ges- tions cardiaque, pulmonaire ou rénale Les complications gastro-intestinales rares, tution ou à domicile), pharmaciens, aides tion peut se révéler très coûteuse en ter- (voir détails chapitre 4.1) ; comme l’appendicite et la cholécystite, se ménagères, etc. mes de surcharge de travail, de consé- manifestent avec un certain retard et sont quences financières et parfois aussi de ● les femmes enceintes et jusqu’à 4 se- plutôt imputables à une réaction du Mais il n’y a pas que la protection des grou- vies humaines (17 ; 18). Des mesures de maines après l’accouchement ; système lymphatique (14). pes à risque qui compte, il y a aussi l’inté- prévention permettent de réduire à moins rêt personnel. Le personnel de santé, en de 2 % le taux d’infection du personnel ● les prématurés ; particulier, est doublement exposé au virus hospitalier : vaccination contre la grippe, grippal par les contacts familiers au quoti- déclaration obligatoire des maladies respi- ● les nourrissons ; dien, d’une part, et par la fréquentation ratoires fébriles, détection systématique des patients infectés dans le cadre profes- de la grippe et recommandation de ren- ● les patients des établissements de soins sionnel, d’autre part. Une étude portant voyer à la maison les collaborateurs mala- et de ceux pour malades chroniques. sur la prévalence de la grippe chez le per- des (19 ; 20). sonnel hospitalier a montré que la propor- Le taux d’hospitalisation et de complica- tion de cas cliniques ou subcliniques, sérolo- tions est deux à cinq fois plus élevé chez giquement confirmés, pouvait aller jusqu’à ces personnes que chez celles qui ne 23 % (15). Mais, comme toutes personnes sont pas à risque accru de complications. exerçant une activité à responsabilités, les professionnels de santé ont souvent ten- Les complications les plus fréquentes dance à continuer de travailler malgré la sont la sinusite, l’otite moyenne, la bron- maladie pour ne pas surcharger leurs collè- gues. Selon une étude, 77 % du personnel de santé continue à travailler malgré un syndrome grippal (16). 10 11
4 La vaccination contre la grippe 4.1 Recommandations de l’OFSP Le rôle principal de la vaccination contre La vaccination contre la grippe saisonnière ● les enfants nés prématurément (nés La vaccination contre la grippe est recom- la grippe est de protéger les groupes à est recommandée aux : avant la 33ème semaine ou bien d’un mandée en particulier à tout personnel soi- risque contre les complications lourdes en poids inférieur à 1500 g à la nais- gnant, médical ou paramédical, personnel cas d’infection. Cette protection est assu- A) personnes avec un risque accru de sance) dès l’âge de 6 mois pendant des crèches, des garderies, des établisse- rée quand les personnes concernées sont complications graves en cas de grippe les deux premiers hivers suivant la ments de soins, de retraite ou pour per- vaccinées, ainsi que celles qui sont sus- (pour ces personnes, la vaccination est naissance** ; sonnes âgées, y compris les étudiants et ceptibles de leur transmettre le virus par prise en charge par l’assurance obliga- les stagiaires. des contacts réguliers. En 2006, l’OMS a toire des soins sous réserve du mon- ● les résidents des maisons de soins fixé comme objectif une couverture vacci- tant de la franchise). Ce sont : et des établissements pour patients nale de 75 % pour tous les groupes à ris- atteints de maladies chroniques. que (21). La vaccination des personnes en ● les personnes de 65 ans et plus ; La vaccination contre la grippe saison- contact avec des virus influenza animaux B) personnes qui, au sein de leur famille nière peut également être envisagée pour est également souhaitable, car elle contri- ● les personnes (dès l’âge de 6 mois) ou dans le cadre de leurs activités toutes les personnes qui désirent limiter bue à éviter qu’une personne soit infectée avec l’une des maladies chroniques privées ou professionnelles***, sont leur risque d’infection grippale pour des simultanément par des virus influenza suivantes : maladies cardiaques ; en contact régulier avec : raisons privées et/ou professionnelles. En humains et animaux, et qu’elle devienne maladies pulmonaires (p.ex., asthme) ; particulier, chez les personnes en contact porteuse d’un nouveau type de virus issu troubles métaboliques affectant les B. ● des personnes de la catégorie A ; professionnel avec des porcs, la vaccinati- de la combinaison de segments de gènes fonctions cardiaque, pulmonaire ou on antigrippale peut réduire les risques de de virus humains et animaux. rénale (p. ex., diabète ou obésité mor- B. ● des nourrissons de moins de 6 mois transmission entre l’animal et l’homme. bide, IMC ≥ 40) ; troubles neurolo- (ceux-ci présentent des risques giques (p. ex., maladie de Parkinson, accrus de complications et ne peu- troubles cérébrovasculaires) ou de vent être vaccinés en raison de l’appareil locomoteur affectant les leur très jeune âge). fonctions cardiaque, pulmonaire ou rénale, hépatopathies, insuffisance rénale, asplénie ou trouble fonctionnel de la rate (y compris hémoglobinopa- thie), immunodéficience (p. ex., infec- tion VIH, cancer, thérapie immuno- suppressive)*/** ; ● les femmes enceintes ou ayant ac- couché au cours des 4 semaines précédentes ; * Suivant la nature et la gravité de l’immunodéficience, l’administration de deux doses (à intervalle de 4 semaines) peut être envisagée. ** Pour les enfants de 6 mois à 8 ans qui n’ont pas encore été vaccinés contre la grippe jusque-là, il est recommandé d’administrer deux doses à quatre semaines d’intervalle. Les enfants de moins de trois ans reçoivent une demi dose. *** Si la vaccination est indiquée en raison de l’activité professionnelle, les frais de la vaccination sont en règle générale pris en charge par l’employeur. 12 13
4.2 Efficacité de la vaccination 4.3 Effets indésirables du vaccin La vaccination permet à tout âge de réduire L’efficacité réduite de la vaccination chez Les vaccins inactivés, tels que ceux utilisés ● le syndrome de Guillain-Barré (SGB) a notablement le risque d’attraper la grippe, les seniors et les autres personnes à en Suisse, contiennent des particules vi- aussi été observé en relation temporelle mais pas de l’éliminer complètement. Son risque rend d’autant plus importante la rales inactivées et ne peuvent pas déclen- avec la vaccination contre la grippe. Cet efficacité dépend de l’âge et des capacités prévention de la transmission du virus. cher de grippe. effet indésirable reste exceptionnel : la immunitaires de la personne vaccinée, ainsi Les preuves scientifiques sont suffisantes fréquence du SGB après une vaccination que de la compatibilité des antigènes vac- pour que l’on puisse recommander la vac- Des effets indésirables peuvent toutefois contre la grippe est estimée à un cas sur cinaux avec les virus circulants. cination du personnel de santé (34–36) et apparaître (ils sont indiqués dans la notice 1 million de personnes vaccinées. des contacts proches, notamment dans du fabricant) : La maladie peut être évitée chez 70 à 90 % la famille (37–42). Le risque de complications graves dues à des adultes sains vaccinés (3). Par rapport ● réactions locales : douleurs, rougeurs une grippe, p.ex. le SGB, est beaucoup plus aux jeunes adultes en bonne santé, les Ainsi, une étude réalisée dans des établis- et prurit au point d’injection chez envi- élevé que la probabilité d’effets indésirables personnes âgées et personnes à risque sements médico-sociaux (EMS) a montré ron un quart des personnes vaccinées, graves liés à la vaccination (44 ; 45). ont généralement une réponse immuni- que l’on peut nettement diminuer le risque mais qui disparaissent généralement taire diminuée à la vaccination ; seuls 30 à de mortalité chez les personnes âgées après deux jours ; En Suisse, depuis janvier 2002, tout effet 50 % des seniors atteignent une protection (jusqu’à 40 %) en vaccinant le personnel indésirable grave ou jusque-là inconnu, ainsi suffisante qui leur permet de ne pas attra- de santé (35). En effet, dès que celui-ci et ● réactions systémiques : fièvre, douleurs que tout défaut de qualité présumé doivent per la maladie. Mais même chez les plus les pensionnaires avaient été vaccinés, la musculaires ou sensation de malaise, être déclarés à Swissmedic (Institut suisse âgés, la vaccination atténue la gravité de la protection contre les syndromes grippaux également pendant deux jours. Ces ef- des produits thérapeutiques) (46). Si une maladie, diminue la mortalité (23–28) et s’était élevée à 86 % (36). fets indésirables sont observés chez relation causale est confirmée ou suspec- permet d’éviter les complications (29–33). moins de 5 % des personnes vaccinées ; tée, des mesures ciblées sont prises, par De même, au Japon, la vaccination entre exemple des restrictions d’utilisation du 1962 et 1987 de tous les enfants scolari- ● t rès rarement : urticaire, œdème, asthme produit ou son retrait du marché. De plus, sés a abaissé le taux de mortalité chez allergique et choc anaphylactique ont les déclarations émanant des autres pays les personnes âgées (43). pu être observés surtout chez les per- sont également prises en compte, ce qui sonnes qui ont une hypersensibilité assure une qualité excellente aux données aux protéines de l’œuf ; relatives à la sécurité des vaccins. 14 15
4.4 Contre-indications à la vaccination 4.5 Existe-t-il des alternatives à la vaccination contre la grippe ? Les personnes fébriles ne devraient être La bonne tolérance des vaccins contre la Les mesures préventives générales comme Les antiviraux peuvent être employés vaccinées qu’après la disparition des grippe inactivés et trivalents pendant la une alimentation équilibrée, de l’exercice comme prophylaxie de la grippe dans symptômes, car leur réponse immunitaire grossesse s’appuie sur une vaste expé- physique régulier et un sommeil suffisant certains cas, par exemple, en présence pourrait être diminuée. La vaccination rience et sur des bases scientifiques (47 ; contribuent à tout âge au maintien de la d’une contre-indication à la vaccination. est contre-indiquée en cas de réactions 48). La vaccination est considérée sans santé et renforcent les défenses contre les Mais, contrairement au vaccin, ils ne d’hypersensibilité à l’un des composants risque aussi pendant le 1er trimestre de infections et les autres maladies. Mais, à confèrent aucune protection à long terme du vaccin ou aux protéines de l’œuf (voir grossesse. La grossesse et l’allaitement elles seules, elles ne suffisent pas à pro- (puisqu’ils ne stimulent pas la réponse les indications du fabricant). (13) ne constituent pas de contre-indica- téger de la grippe. De plus, elles n’empê- immunitaire spécifique). Ils risquent par tions. Les vaccins contre la grippe inac- chent pas la transmission du virus à d’autres ailleurs de provoquer l’apparition de virus tivés et trivalents sont bien tolérés et ne personnes, notamment celles à risque. La résistants aux antiviraux et ne sont pas sont pas tératogènes. seule façon de se protéger de la grippe est dépourvus d’effets indésirables (50). donc de se faire vacciner à temps. Les médicaments homéopathiques ne remplacent pas non plus le vaccin. L’asso- ciation allemande des médecins homéopa- thes (DZVhÄ ; 49) estime qu’il n’existe pas de «vaccin homéopathique» et qu’aucun médicament homéopathique n’est à même de procurer une immunisation démontrable. Elle déconseille donc de remplacer la vac- cination nécessaire par un médicament ho- méopathique. La Société suisse des méde- cins homéopathes (SSMH) soutient égale- ment cette position. 16 17
4.6 Types de vaccins et préparations autorisées en Suisse Dans l’hémisphère Nord, les épidémies de Tous les vaccins distribués en Suisse sont Le vaccin est administré par voie intra- la première vaccination contre la grippe à grippe surviennent généralement entre dé- inactivés, conditionnés en monodose, pro- musculaire ou en sous-cutané profond. quatre semaines d’intervalle (« priming »). cembre et mars. Chaque année, en février, duits sur des œufs de poule et ne con- Chez les enfants plus jeunes que 9 ans, Les enfants de moins de trois ans reçoi- l’OMS communique sa recommandation tiennent pas de thiomersal (Etat 2011/12) : n’ayant pas encore reçu de vaccination vent chaque fois une demi-dose. Chaque relative à la composition du vaccin qui devra contre la grippe saisonnière (et/ou pandé- vaccin est autorisé pour un groupe d’âge être utilisé l’hiver suivant dans l’hémisphère ● Fluarix®, Mutagrip® : vaccins dits «frac- mique) il est recommandé d’administrer bien précis, qu’il s’agit de respecter (voir en question (51). Cette recommandation re- tionnés», constitués de particules vira- deux doses de vaccin pour les informations du fabricant). pose sur l’étude des caractéristiques des les fragmentées (split), incluant les an- virus circulants au niveau international, sur tigènes de surface hémagglutinine et les données épidémiologiques et sur les neuraminidase. études sérologiques de la saison précé- dente. Environ six mois sont nécessaires ● Influvac®, Agrippal® : vaccins formés de aux fabricants pour développer les vaccins sous-unités, qui ne contiennent que les qui seront utilisés pendant la saison sui- antigènes de surface hémagglutinine et vante, recevoir les autorisations nécessaires neuraminidase. et produire les préparations en quantité suffisante. ● Inflexal V® : vaccin de type virosomal, Représentation dans lequel les antigènes de surface de la structure des La vaccination contre la grippe est à (hémagglutinine et neuraminidase) sont virus Influenza renouveler chaque année, de préférence intégrés à une membrane lipidique. Hémagglutinine entre mi-octobre et mi-novembre. Elle peut aussi se faire plus tard, même après ● Fluad® : vaccin avec adjuvant de type le début de la saison (52). Il faut compter émulsion huile en eau, autorisé en 10 à 14 jours après la vaccination pour Suisse depuis 2008 pour les personnes qu’une protection optimale soit atteinte. de 65 ans et plus. Neuraminidase Canal ionique M2 Ribonucléoprotéine Source: Public Library CDC, 2010 (RNP) 18 19
5 Résumé Six bonnes raisons de se faire vacciner contre la grippe 1. Se protéger de la grippe Poussée soudaine de fièvre, dou- leurs musculaires et articulaires, cépha- 3. Protéger les patients de complications Les grippes nosocomiales et leurs compli- et de renforcer ses défenses contre les infections et les autres maladies. Elles ne suffisent toutefois pas, à elles seules, pour 6. Eviter les dépenses de santé inutiles En Suisse, la grippe saisonnière et les lées, malaise, toux sèche ... tels sont les cations peuvent parfois être très lourdes se protéger de la grippe et ne permettent complications qui lui sont associées en- symptômes classiques d’une « vraie » de conséquences pour les patients. Parmi pas d’empêcher la transmission du virus. traînent chaque hiver des coûts directs grippe (= influenza). Sans complication, les patients figurent des personnes à La vaccination est, de loin, la mesure la (de santé) estimés à 100 millions de francs. la plupart des symptômes disparaissent risque accru de complications dont cer- plus simple et la plus efficace. Ne pas se Dans les institutions et les pays ayant une au bout de trois à sept jours (la toux et un taines ne peuvent pas être vaccinées rendre au travail en cas de maladie fait couverture vaccinale élevée, le nombre état de faiblesse / de fatigue généralisée (p. ex., nourrissons de moins de six mois) également partie des mesures contribuant de cas de grippe et les coûts que ceux-ci peuvent durer plus longtemps). Parfois, la ou que la vaccination ne protège que à la réduction de la transmission . engendrent sont nettement réduits. maladie peut être sévère et entraîner des partiellement. En vous faisant vacciner, complications : surinfections bactériennes, vous réduisez le risque de leur transmettre rhinite, pharyngite, otite, pneumonie, la grippe. Il est également recommandé pleurésie, myocardite, encéphalite ou aux membres de la famille et aux proches syndrome de Guillain-Barré. Par votre tra- de patients présentant un risque accru de vail vous êtes davantage exposés aux virus complications de se faire vacciner contre de la grippe en hiver du fait des contacts la grippe. avec des patients infectés. En vous faisant vacciner en automne, vous réduirez le risque de contracter la grippe en hiver. 4. Maintenir une équipe efficace même durant la saison grippale Comme toutes les personnes exerçant 2. Prévenir la transmission du virus de la grippe à d’autres Vos proches et vos amis, en particulier une activité à responsabilités, les profes- sionnels de la santé ont tendance à conti- nuer de travailler malgré la maladie pour les personnes présentant un risque élevé ne pas faire défaut à leur équipe, au risque de complications (p. ex., nouveau-nés, de transmettre le virus à leurs collègues femmes enceintes, personnes âgées et et à leurs patients, et d’augmenter ainsi malades chroniques), peuvent également la charge de travail pour tous. Il est souhai- trouver un avantage à ce que vous soyez table d’au moins prévenir les maladies vaccinés. Les mesures d’hygiène con- évitables par la vaccination. tribuent à éviter de s’infecter et de trans- mettre les maladies. Elles ne remplacent toutefois pas la vaccination contre la grippe, car on peut déjà être contagieux 5. La vaccination est le moyen de prévention le plus efficace contre la grippe un à deux jours avant l’apparition des Des mesures préventives générales symptômes. comme une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et un nombre suffisant d’heures de sommeil permettent, à tout âge, de se maintenir en bonne santé 20 21
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