La Lettre du Réseau N 45 - Automne 2019 - Conservatoires d'espaces ...
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La Lettre du Réseau N°45 – Automne 2019 6 millions de visiteurs par an ! Je le dis souvent, nos Conservatoires d’espaces naturels ne sont pas toujours reconnus à la juste valeur de ce qu’ils font. Sans doute est-ce une question de culture et d’habitude ou, et c’est bien louable, nos équipes de salariés et de bénévoles privilégient l’action concrète et partagée, le travail Salines de Villeneuve © CEN Languedoc-Roussillon de fond à une extraversion dont notre société nous abreuve souvent. Et pourtant, il nous faut nous réveiller tous ensemble et prendre notre bâton de pèlerin pour mieux montrer ce travail incroyable que font au quotidien partout en France nos Conservatoires d’espaces naturels. Car ce travail est une réussite depuis plus de 40 ans (profitons au passage pour souhaiter nos 30 ans à notre Fédération nationale !), ils produisent de vrais résultats naturalistes et scientifiques en cette période d’érosion massive de la biodiversité, ils créent du lien social et du développement économique, ils accueillent le public sur plus de mille sites sur les 3 400 qu’ils gèrent et contribuent à former les bataillons de demain qui aimeront et voudront protéger nos paysages et notre nature. Tout cela, nous devons le dire et le clamer haut et fort ! Osons dire par exemple que nous œuvrons sur 3 900 communes de France, soit 1 commune sur 10 ! Osons aussi reconnaître que nous devons renforcer bénévoles et adhérents, mais que les passionnés de ce loisir qu’est la contemplation de la nature, ne paient pas pour pratiquer leur loisir ; que cette possibilité- là, nous l’offrons gratuitement, aux amateurs de nature, aux promeneurs, aux randonneurs et qu’ils constituent aussi nos principaux soutiens. Sommaire Mais combien sont-ils ? Nous n’osions pas donner un chiffre ! L’enquête #visiteursdenaturecen lancée en juin dernier nous a conduit à oser donner un chiffre des visiteurs qui arpentent nos sites chaque année. Un chiffre Une acquisition foncière p. 2 non exhaustif car c’est impossible, mais le chiffre minimum de visiteurs dont on sait qu’ils viennent chaque année sur nos sites. J’imaginais ou majeure dans la Meuse j’espérais dépasser les 2 millions… Mais j’étais bien en dessous ! Moi- Signature de nouvelles conventions p. 3 même, j’ai sous-estimé l’importance de notre rôle car au total, nous avons atteint quasiment les 6 millions de visiteurs ! Un chiffre énorme et utile à avec la SFEPM et la FFS tous, que nous devons relayer largement. DOSSIER : « Les Conservatoires p. 5 à 8 Ces 6 millions de personnes sont nos premiers soutiens et il va falloir le faire savoir à celles et ceux qui décident, du plus modeste au plus haut. d’espaces naturels et les Pour qu’on nous aide à faire beaucoup plus pour la nature dans notre pays. sciences participatives» Christophe LEPINE Une nouvelle ORE signée p. 9 Président de la Fédération des Conservatoires d’espaces naturels en Normandie Président du Conservatoire d’espaces naturels de Picardie Notre livre guide est sorti ! p. 11 1 Automne 2018
ACTUALITÉS w La Fédération souffle sa tren- Signature d’une nouvelle convention de tième bougie ! 30 ans d’action pour la nature dans les terri- partenariat avec le Conservatoire du littoral toires ! naturels, soit près de 15 000 hectares dans 8 régions. w Dans le cadre de l’animation de réseaux d’ac- teurs sur les territoires des plans fleuves Loire Le site du marais de Brouage en Charente Maritime, et Rhône, la Fédération des Conservatoires choisi pour la signature, illustre la collaboration des d’espaces naturels produit des fiches syn- deux partenaires. Depuis 1996, le Conservatoire d’es- thétiques de retours d’expériences sur des paces naturels de Poitou-Charentes assure la gestion actions de préservation/restauration pour les et le suivi de l’ensemble des terrains sur le site. Il orga- valoriser. Ces productions favorisent le lien nise les pratiques agricoles, la gestion hydraulique, le entre les acteurs des réseaux, et peuvent ins- pirer de futurs porteurs de projets. Ces fiches lien avec les acteurs locaux et les suivis naturalistes. illustrées présentent notamment le contexte Une cinquantaine d’exploitants agricoles locaux va- des sites, des éléments techniques des projets lorisent par convention près de 900 ha de terrains Christophe Lépine, président de la Fédération des et des méthodes utilisées, ainsi que les coûts, du Conservatoire du littoral en faisant pâturer leurs les perspectives et les enseignements tirés. Conservatoires d’espaces naturels et Odile Gauthier, animaux préservant ainsi durablement le marais. La Depuis 2018, 10 fiches ont été publiées pour directrice du Conservatoire du littoral ont signé le gestion du site vise à limiter le morcellement foncier mardi 30 avril leur deuxième convention nationale et maintenir le caractère paysager et écologique de de partenariat pour une durée de 10 ans. cet espace, tout en favorisant les activités agricoles La coopération est une évidence pour les deux par- traditionnelles de ces marais. tenaires qui partagent des enjeux similaires dans plusieurs domaines : protection foncière, connais- sance, gestion, évaluation et valorisation du patri- moine naturel, développement d’expertises et de métiers de plus en plus pointus. Convergences et le réseau d’acteurs des espaces naturels Rhô- ne & Saône, et 12 dans le cadre du plan Loire. complémentarité sont les clés essentielles du parte- Ces retours d’expériences sont disponibles nariat : ainsi, 60 sites propriétés du Conservatoire du sur le site internet de la Fédération ou sur le littoral sont gérés par les Conservatoires d’espaces Centre de Ressources Loire nature. w C’est avec grande tristesse que nous avons appris la disparition de Daniel Daske, peu de temps après celle de son épouse Christiane, 18e édition des Chantiers d’automne dessinatrice de renom et auteure du dessin Il est reparti pour un troisième tour notre Sécateur de la Pensée sauvage. Le réseau perd son pre- mier Président d’honneur, également Président « Chantiers d’automne » ! fondateur de la Fé- Vols au-dessus des pelouses, coteaux, marais, dération des Conser- cours d’eau, tourbières… cette année encore, il par- vatoires d’espaces court la France, témoin des Chantiers d’automne naturels. Nous nous organisés par les Conservatoires d’espaces natu- associons à la peine de leur famille et de rels durant trois mois. Sa migration 2019 a débuté leurs proches et dé- par le lancement officiel de l’opération le vendredi cernons en leur hon- 13 septembre sur le site du Coteau de Monco en neur un bouquet de Gironde, géré par le Conservatoire d’espaces natu- pensées sauvages. © FFAL rels d’Aquitaine. Il passera ensuite par la Lozère, où © Maud Briand – CEN Aquitaine le monde des tourbières n’aura plus aucun secret pour lui, avant de remonter revoir sa Normandie. Son cœur s’enflammera lorsqu’il découvrira la « voile La protection foncière de l’étang de Lachaussée en Chantiers d’automne » aux détours d’un chemin. Il ne sera pas seul, il suivra les autres oiseaux rares Meuse aboutit après 35 années de partenariat ! jusqu’au Marais de Collevillette, avant de se rendre au Bois du Roule. Le 28 mars dernier, le Conservatoire d’espaces natu- l’avait reçu en legs en 1978, et conservera l’exploita- Enfin, fourbu par son long voyage mais rempli de rels de Lorraine est devenu titulaire d’un bail emphy- tion par un bail rural environnemental consenti par souvenirs, il présentera le nouveau poster dédié téotique de 99 ans consenti par l’Etablissement public le Conservatoire de Lorraine. Une soixantaine d’em- foncier de Lorraine (EPFL) pour la protection du plus aux landes & fourrés (landes à bruyères, fruticées de plois sont ainsi préservés dans le cadre d’un établis- vaste étang piscicole du département de la Meuse, sement et service d’aide par le travail (ESAT). coteaux secs, fourrés alpins et subalpins, garrigues l’étang de Lachaussée, sur plus de 360 hectares. méditerranéennes) édité à l’occasion de Chantiers Avec les acquisitions réalisées depuis plus de 30 ans sur d’Automne. Viendra le temps de se reposer et Le domaine accueille une grande diversité d’ha- ce secteur, ce sont ainsi 520 hectares qui bénéficient prendre un peu de hauteur sur le Terril de Germi- bitats naturels, tels que des prairies humides, des d’une protection foncière au cœur de la zone Ramsar gnies en Hauts-de-France. Motivé et inspiré pour sa boisements anciens, des étangs, herbiers aqua- de la Petite Woëvre, d’une réserve naturelle régionale dernière étape en Vienne, le Sécateur partira à la re- tiques et roselières, propices à l’accueil d’espèces et sur le territoire du Parc naturel régional de Lorraine. cherche de la Spirée d’Espagne, arbuste protégé au remarquables. Le grand étang de Lachaussée et sa ceinture de roseaux offrent ainsi un lieu de vie idéal niveau régional, avant de retrouver le Val de Loire à de nombreux oiseaux dont le très mystérieux Butor satisfait de sa mission. étoilé, des amphibiens tels que la Rainette verte ou le Triton crêté, et divers mammifères L’Association des Paralysés de France-France Handi- cap avait récemment vendu le domaine à l’EPFL. Elle Etang Lachaussée - ©FFAL 2 Automne 2019
VIE DE RÉSEAU Le président à la rencontre des Conservatoires d’espaces naturels Centre d’élevage du Gypaète © CEN Haute Savoie Christophe Lépine, président de la Fédération des Conservatoires d’espaces naturels, poursuit ses dé- placements en région pour rencontrer les équipes et les partenaires des Conservatoires d’espaces na- turels, présenter la stratégie fédérale du réseau et échanger sur les actions menées par les Conserva- toires. Du 11 au 14 juin, c’est avec les Conservatoires d’espaces naturels de Rhône-Alpes et de Haute-Sa- voie qu’une série de visites a été organisée. Dans l’Ain, une présentation du site du camp mili- taire de la Valbonne, théâtre d’un futur programme LIFE dans les prochaines années, a notamment été proposée. En Haute-Savoie, Christophe Lépine a bénéficié d’une présentation des actions en faveur du Gypaète à l’échelle de l’arc Alpin et visité l’unique Centre d’élevage du Gypaète en France. Enfin une découverte des sites du Rhône, de la Loire et de la Drôme a illustré le panel des activités du Conser- vatoire de Rhône-Alpes : gestion des sites, mesures agro-environnementales, concours des prairies fleu- ries, trame verte et bleue… L’étape finale à Beaure- gard Baret a proposé une quête d’une espèce pa- Un partenariat tion des terrains acquis, échange de données natu- ralistes : c’est de l’ensemble de ces aspects que traite trimoniale : l’ophrys de la Drôme, une très discrète orchidée ! interrégional pour le la convention signée par les trois présidents : Pierre- Guy PERRIER (PNR Marais Poitevin), Benoît BITEAU Une dernière étape à La Roquebrussane (Var) a Marais poitevin ! (CEN Poitou-Charentes) et Loïc BIDAULT (CEN Pays conclu cette semaine de visite avec une interven- tion au Conseil d’administration du Conservatoire de de la Loire) le 11 mars 2019. De façon plus opération- Entre Vendée, Deux-Sèvres et Charente-Maritime, nelle, le travail a déjà commencé, avec l’élaboration Provence-Alpes Côtes d’Azur. A noter également les le Marais poitevin est une vaste zone humide qui d’un plan de gestion commun entre les propriétés jours suivants des rencontres à Lembach (Bas-Rhin) s’étend sur plus de 100 000 hectares ! Le Parc naturel des deux Conservatoires de part et d’autre de la et à Auros (Gironde), avec les Conseils d’Administra- régional du Marais poitevin s’est donné pour objectif Sèvre niortaise, à Maillé et Taugon. Dans le Marais tion des Conservatoires d’espaces naturels d’Alsace de « préserver et restaurer le fonctionnement écolo- poitevin, plus que jamais, l’union fait la force. et d’Aquitaine. gique du Marais ». Partenaire du Parc, le Conserva- Un déplacement tout récent a également eu lieu Fabrice NORMAND toire d’espaces naturels de Poitou-Charentes inter- en Aquitaine, à l’occasion du lancement de l’édition Conservatoire d’espaces naturels Pays de la Loire vient sous convention depuis 1998 sur ce territoire 2019 de l’opération « Chantiers d’Automne » le ven- pour préserver ces espaces naturels majeurs. A ce Marie DUCLOSSON dredi 13 septembre 2019. jour, il a acquis et gère plus de 400 hectares répartis Conservatoire d’espaces naturels sur 14 sites dans le cadre du Programme d’Acquisi- de Poitou-Charentes tion de sites en Marais Poitevin (PAMP). Plus récem- ment, le Conservatoire des Pays de la Loire a acquis 11 hectares à Maillé (Vendée). C’est donc tout naturellement que les trois parte- naires ont cosigné une convention qui réaffirme l’in- térêt de la maîtrise foncière et d’usage des espaces les plus remarquables du territoire et le rôle que jouent en la matière les deux Conservatoires, aux côtés notamment des Départements et du Conser- © CEN Poitou Charentes Camp de la Valbonne © CEN Rhône Alpes vatoire du littoral. Gouvernance, gestion et valorisa- Automne 2019 3
VIE DE RÉSEAU Sites remarquables Fabienne GERARD Tourbières de Lajo Conservatoire d’espaces naturels de la Corse Gestionnaire Titulaire d’une maîtrise en Droit des Affaires et d’un Mas- Commune de Lajo en partenariat avec le Conservatoire ter 2 en Sciences sociales, Fabienne a travaillé pendant d’espaces naturels de Lozère (convention de gestion) 25 ans dans le secteur social et médico-social. Elle a oc- re Localisation et surface en tourbiè cupé le poste de directrice d’établissements spécialisés Lajo (48) – 59 hectares re en addictologie et dans le champ du handicap mental. Depuis longtemps, © CEN Lozè Animation Milieux caractéristiques elle éprouve un vif intérêt pour les thématiques environnementales. Très Tourbières attachée à la Corse, dont la nature est diversifiée et paradisiaque, elle a eu Espèces emblématiques envie de donner un nouvel élan à sa carrière professionnelle et contribuer Bouleau nain, Saule des Lapons, Droséra à feuilles à la préservation de la biodiversité et des richesses naturelles de son île. Elle rondes, Laîche des tourbières, Lézard vivipare a donc intégré le Conservatoire de Corse en avril 2019 comme directrice. Travailler dans le secteur de l’environnement, c’est pour elle « l’idée d’éveiller Ouverture au public les consciences et d’œuvrer pour l’avenir et les générations futures ». Elle veut Sentier aménagé dans le cadre du programme Life Tour- « concevoir et promouvoir des projets répondant aux véritables enjeux environ- bières de France, pour découvrir les tourbières en auto- © CEN Lozère nementaux de l’île de beauté ». nomie grâce à un livret-guide. Organisation ponctuelle d’animations par le Conservatoire ou d’autres structures tels que l’association lozérienne pour l’étude et la pro- Frédéric BLANC Conservatoire d’espaces naturels de Midi-Pyrénées tection de l’environnement. Enjeux Titulaire d’un doctorat en géographie de l’environne- Conservation des tourbières et de leur biodiversité asso- ment, Frédéric intègre le Conservatoire d’espaces na- © CEN Lozère ciée. Pédagogie de l’environnement turels de Midi-Pyrénées en 2009. D’abord chargé de missions puis chef de projets, ses missions sont princi- palement centrées sur le massif pyrénéen. Elles portent Site naturel protégé de sur la coordination technique et scientifique de programmes de conserva- l’Espiguette tion que ce soit par exemple pour le Desman des Pyrénées (Plan National d’Actions, LIFE + Desman) ou les lacs d’altitude (POCTEFA GREEN). Ce qui Gestionnaire l’anime : être au cœur des questionnements qui traitent des relations que Commune du Grau du Roi en partenariat avec le Conser- l’homme entretient avec les espèces et leurs habitats. « Quand on arrive à vatoire du Languedoc-Roussillon (convention de ges- proposer une gestion conservatoire efficace et efficiente sur un territoire donné -Roussillon tion tripartite avec le Conservatoire du littoral) en intégrant les multiples champs disciplinaires qui le compose (social, écono- Localisation et surface mique, paysager, culturel, …) j’ai le sentiment que notre travail prend tout son © CEN Languedoc Le Grau du Roi (30) – 1 200 ha propriétés du Conserva- sens ». toire du littoral et 1 000 ha propriétés de la commune Milieux caractéristiques Maud BRIAND Dunes embryonnaires, dunes mobiles, dunes fixées, Conservatoire d’espaces naturels d’Aquitaine dunes boisées, dunes fluviatiles, pannes dunaires asso- Après des études d’écologie et d’aménagement du ciées à des lagunes méditerranéennes, lagunes tempo- territoire à Rennes, Maud est rentrée au Conservatoire ssillon raires, sansouïres, steppes et prés salés d’Aquitaine en 2001. Elle a successivement travaillé sur uedoc-Rou Espèces emblématiques des études et inventaires, puis en tant que chargée de Orchis odorant, Spiranthe d’été, Saladelle de Girard, Pé- mission sur les sites naturels du Conservatoire. Maud © CEN Lang lobate cultripède, Rollier d’Europe, Gravelot à collier in- pratique très peu le dessin jusqu’en 2015… puis il lui prend soudainement terrompu, Leste à grand stigma l’envie irrépressible de peindre et de dessiner à tout bout de champ ! En Ouverture au public 2017, sa nouvelle Directrice lui permet de rejoindre l’équipe Communica- Projet de valorisation écotouristique du phare avec mu- tion. Ses missions portent désormais sur la conception de posters, de pla- séographie et accès au point de vue exceptionnel porté quette, de panneaux … Maud essaye d’adapter au mieux ses dessins au par la commune et ses partenaires : ouverture au public message à faire passer, et surtout de trouver un angle d’accroche et une CEN Languedoc-Roussillon prévue en 2021 conception graphique originale qui permettent de toucher un maximum Enjeux de gens sur la préservation de nos espaces naturels. « Le travail est pour moi Rémi Jullian © Conservation de cet espace remarquable à travers des passionnant mais néanmoins complexe et difficile, contrairement à ce qu’on actions de restauration écologique, le pâturage et la pourrait s’imaginer. Il me demande beaucoup de technicité, d’étude et de pra- sensibilisation du public. tique sur le terrain… C’est une consécration pleine et entière qui trouve tout son sens au sein des Conservatoires ». Arrivées Claude RAVEL, Alain LAPLACE, Michel LEENHART, Présidente du Président du Président du Conservatoire Conservatoire Conservatoire Nous accueillons d’espaces naturels d’espaces d’espaces naturels d’Isère naturels Pays de de Corse chaleureusement : la Loire 4 Automne 2019
DOSSIER Les Conservatoires d’espaces naturels et les sciences participatives Edito Connaitre et protéger la nature, une Tribune philosophie de vie, 7 ans d’expériences pour le Collectif National des acteurs engagés, un réseau reconnu Sciences Participatives – Biodiversité (CNSPB) « Le magnifique poème scientifique de Lucrèce De rerum natura sur la connaissance de la nature afin de s’affranchir des superstitions nous donne une sagesse et une pertinence de la démarche qui survivront à ce siècle qui va bouleverser nos existences. Pendant des millénaires, l’intelligence collective était limitée par la parole, d’abord locale, puis médiatisée et transportée d’un Créé en 2012, le Collectif œuvre à faire connaître et reconnaître les sciences participatives liées à bout à l’autre de la planète. C’était avant Internet. Si les la biodiversité en France. Il s’agit d’un réseau professionnel d’acteurs rassemblant aujourd’hui 23 technophiles nous vantent les promesses de l’intelligence structures, dont la Fédération des Conservatoires d’espaces naturels, d’autres associations, des col- artificielle, il nous faut miser sur l’intelligence collective, qui lectivités territoriales, des établissements de recherches, des services et établissements publics de seule nous permettra de poursuivre la démarche de Lucrèce l’Etat, qui contribuent bénévolement et activement aux travaux du Collectif. et mieux comprendre pour mieux vivre en protégeant la Chaque année, ce Collectif permet de renseigner l’un des indicateurs de l’Observatoire National de nature. la Biodiversité (ONB) par la mesure du nombre minimal de participants actifs aux programmes de Les Conservatoires d’espaces naturels et leur Fédération sciences participatives sur la biodiversité. Cet indicateur permet de suivre l’évolution de l’implica- forts de leurs salariés, adhérents et bénévoles (près de tion de la société en faveur de la biodiversité et sa connaissance. En lien avec le site internet OPEN 9000 personnes) s’organisent de mieux en mieux afin de (Observatoires Participatifs des Espèces et de la Nature) co-animé par l’Union nationale des CPIE et construire une connaissance théorique et pratique pour la Fondation Nicolas Hulot, le Collectif a permis de recenser 84 programmes actifs en 2018 qui ont remplir leurs missions (connaître, protéger, gérer, valoriser mobilisé au total 89 275 participants actifs, soit un chiffre en augmentation de 16% par rapport à les milieux naturels et animer des projets de territoire). l’année passée. Conseils d’administrations, séminaires, congrès, lieux traditionnels d’échanges et de débats se dotent de séances Un travail conjoint avec le Collectif Vigie Mer, un réseau national d’acteurs professionnels impliqués de productions de connaissance et de doctrine, démarche dans les sciences participatives marines et littorales, a permis de préciser un sous-indicateur « Mer et aujourd’hui évidente lorsqu’elle n’est pas tout simplement Littoral » avec 5 789 participants actifs. exigée. Ces indicateurs sont probablement sous-estimés. Aussi, le Collectif invite chaque structure d’un pro- Le séminaire 2019 du réseau s’inscrit complètement gramme actif de sciences participatives sur la biodiversité à s’inscrire sur OPEN afin d’être recensée dans cette logique. Après une élaboration collective pour la prochaine campagne « Indicateur ONB ». Pour le Collectif, il est important de promouvoir le de la stratégie fédérale de réseau, le séminaire a développement des sciences participatives afin que ces outils puissent devenir des catalyseurs de la pour ambition de construire des connaissances, des protection de la biodiversité. méthodes et des principes sur deux axes de la stratégie : accompagner le développement de l’assise citoyenne et développer la communication auprès du grand public et Marjorie POITEVIN (LPO) et Lilita VONG (Association Planète Mer) la valorisation du réseau de sites gérés. Le fil conducteur Co-animatrices du Collectif national Sciences Participatives – Biodiversité est de passer du « savoir-faire » (acquis) au « faire savoir » (en développement) et au « faire savoir faire avec », de l’intelligence collective au sein du réseau et évidemment bien au-delà. La Fédération a initié un comptage des visiteurs de nos sites. Au mois de juillet 2019, le compteur affiche plus de 6 millions de personnes par an sur les différents sites des Conservatoires. Parmi les visiteurs, il y a des amoureux... de la nature et aussi des curieux... de nature. La curiosité étant la base de la connaissance, les Conservatoires n’ont pas hésité à participer à des actions de sciences citoyennes (participatives) et à en initier un certain nombre. Les Conservatoires sont membres du réseau professionnel pour promouvoir les sciences participatives sur la biodiversité et ont développé un outil pour les naturalistes professionnels ou amateurs, le SICEN. Beaucoup d’initiatives, beaucoup de projets, beaucoup d’énergies déployées qu’il faut maintenant mettre en cohérence pour une meilleure lisibilité, de meilleures connaissances pour une meilleure reconnaissance ! » Arnaud MARTIN Président du Conservatoire d’espaces naturels de Languedoc-Roussillon Automne 2019 5
Les Conservatoires d’espaces naturels et les sciences participatives Lancement de Biodiv’Pays de la Loire Vigie-Nature École : Le Conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire et ses partenaires naturalistes : le Groupe d’étude des invertébrés armoricains, la Coordination régionale de la Ligue pour la protection des oiseaux, l’Union scientifiques en herbe régionale des Centres permanents d’initiatives pour l’environnement, le Conservatoire botanique national Durant l’année scolaire 2018-2019, le Conser- de Brest , Bretagne Vivante et le Groupe naturaliste de Loire Atlantique lancent Biodiv’Pays de la Loire (www. vatoire d’espaces naturels de Champagne-Ar- biodiv-paysdelaloire.fr ), un portail web de visualisation des données naturalistes. Quelles sont les observa- denne, en lien avec l’Éducation nationale, a tions faune et flore faites sur une commune ? Où est présente cette espèce en Pays de la Loire ? Vers quels proposé à quatre établissements scolaires situés organismes se tourner pour avoir de l’information sur la biodiversité d’un territoire ? Autant de questions sur le territoire de la Réserve Naturelle Nationale auxquelles le portail permet de répondre. de la Pointe de Givet (Ardennes) de participer à Vigie-Nature École, un programme de sciences Biodiv’Pays de la Loire témoigne de la richesse de la biodiversité de la région. Il permet d’appréhender l’état participatives qui vise à suivre la biodiversité actuel de la répartition des espèces en Pays de la Loire ainsi qu’à l’échelle du territoire local (département, ordinaire. Les quatre classes participantes ont intercommunalité, commune). Cet outil est à destination des collectivités, du grand public et de tout autre choisi d’étudier les escargots et les limaces de la acteur portant un intérêt à la nature et à sa préservation. Il permet aussi d’identifier les interlocuteurs qui ont réserve naturelle. Le principe de cette opération une bonne connaissance de la biodiversité des territoires. Cette première version est susceptible d’évoluer, initiée par Noé Conservation et le Muséum na- aussi bien en termes de fonctionnalités que de diversité des sources de données en Pays de la Loire. D’ores et tional d’Histoire naturelle est simple : les élèves déjà, près de 3 millions de données sont visualisables. sont invités à chercher les escargots et les li- Le développement de Biodiv’Pays de la Loire a bénéficié des financements du Conseil régional et de la DREAL maces dans la réserve naturelle, à les identifier des Pays de la Loire. Il s’inscrit dans la mise en œuvre du Système d’information sur la nature et les paysages et à transmettre leurs observations aux scienti- (SINP) portée par l’Etat et de la Stratégie régionale pour la biodiversité 2018/2023, validée par le Comité fiques du Muséum via le site web Vigie-Nature régional biodiversité du 6 juin 2018. École. En s’insérant parfaitement dans les pro- Emmanuel LEHEURTEUX grammes scolaires, ce projet permet de mettre Conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire en place une démarche scientifique, de favoriser les sorties de terrain et le contact direct avec la nature. www.biodiv-paysdelaloire.fr Portail Biodiv’Pays de la Loire © CEN Champagne Ardenne Une plateforme de saisie pour smartphones et Les classes ont bénéficié d’un accompagnement de la conservatrice de la réserve naturelle : choix tablettes pour le référencement des mares en et présentation du protocole, mise en place sur le terrain, récolte et saisie des données… Fin Normandie juin, chaque classe a présenté ses travaux et ses réalisations aux élèves des autres écoles dans le Dans le cadre du Programme régional d’actions en cadre d’un marché des connaissances organisé faveur des mares (PRAM) de Normandie, les Conser- dans la réserve naturelle sous forme d’ateliers vatoires d’espaces naturels de Normandie ont créé, tournants (acrostiches, land’art, calligrammes, en 2015, une plateforme de saisie en ligne (http:// quizz, exposition, arts visuels...). www.pramnormandie.com/API ). Cette plateforme À travers ce projet de sciences participatives, permet de saisir des données sur les mares, leur loca- le Conservatoire d’espaces naturels de Cham- lisation, d’y ajouter des éléments de caractérisation pagne-Ardenne souhaite, avec le concours des ainsi que des observations faune et flore. enseignantes, que les enfants s’approprient la En 2018, un formulaire de saisie utilisable sur smart- réserve naturelle, véritable réservoir de bio- phone et tablette a été développé afin de faire ga- diversité au sein de leur territoire, en com- gner du temps aux contributeurs de données : ils prennent les richesses et les enjeux et donc la peuvent désormais saisir les localisations, les carac- préservent au mieux. © Emmanuelle Bernet térisations de mares, et leurs observations faune et flore directement sur le terrain, mais aussi réaliser un ni 97% des données. L’objectif est d’augmenter le croquis et joindre des photos. De retour du terrain, nombre de contributions apportées par les particu- ils doivent simplement importer les données saisies liers. Ainsi, une application mobile grand public sera afin qu’elles soient intégrées à la base de données du développée cette année pour permettre à un plus PRAM. Un réel gain de temps ! large public de participer activement au recense- Depuis la mise en ligne de la plateforme, plus de 23 ment des mares de Normandie. Un programme de © CEN Champagne Ardenne 500 mares ont été référencées. Les données ont été communication à destination du grand public sera transmises par 161 contributeurs, dont 83 structures alors mis en place afin de faire connaître cette nou- Pour en savoir plus : www.vigienature-ecole.fr (collectivités, EPCI, syndicats mixtes, professionnels, velle application. Emmanuèle SAVART associations…) et 78 particuliers. Les structures sont Emmanuelle BERNET Conservatoire d’espaces naturels de les plus grandes contributrices, puisqu’elles ont four- Conservatoire d’espaces naturels Normandie Seine Champagne-Ardenne 6 Automne 2019
DOSSIER SICEN, un outil professionnel Conservatoires d’espaces naturels : mieux ouvert à tous connus, mieux reconnus ! Tel sera cette année à Sète le programme du séminaire des Conservatoires SICEN (Système d’information des Conservatoires d’espaces naturels) est ar- d’espaces naturels. Consacré aux axes 4 et 7 de la stratégie fédérale de ré- rivé au Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne en 2013 pour centraliser seau, le séminaire abordera la thématique des sciences participatives, au la donnée naturaliste. Initialement développée par le Conservatoire du Lan- travers notamment d’un atelier dédié. L’atelier se posera la question des guedoc-Roussillon et le Parc National des Cévennes, cette base de données a opportunités pour les Conservatoires de s’engager dans ce type de pro- largement conquis d’autres structures (PNR, CPIE…) souhaitant favoriser et grammes en vue d’une mobilisation citoyenne et réfléchira à la spécificité promouvoir les logiciels libres. En Auvergne, son utilisation s’étend à la sphère que pourraient avoir ceux développés par le réseau. salariée, aux adhérents et au grand public. Au commencement, un outil en faveur de la vie associative et bénévole… L’appui des adhérents et des bénévoles est historiquement très présent au sein du Conservatoire d’Auvergne. SICEN leur a ainsi été rapidement ouvert pour participer à l’effort de connaissance. Ces données représentent aujourd’hui Le Conservatoire d’espaces naturels d’Ariège coordonne pour l’Occitanie Marathon naturaliste © Karyn Very une enquête environ 10 % de la base. Les motivations sont de remonter de la donnée participative naturaliste pour orienter la gestion d’un site ou encore favoriser l’action du Conservatoire sur un territoire ou une thématique (inventaires d’arbres sur les Pics remarquables ou de variétés fruitières anciennes par exemple). Les données bénévoles sont validées par les responsables naturalistes du Conservatoire Pic Épeichette pyrénéens avant d’être traitées comme les données récoltées dans le cadre des missions © Julien Vergne salariées : partagées avec les partenaires, utilisées dans les documents de gestion, remontées au Muséum National d’Histoire Naturelle… Réalisée dans le cadre du programme transfrontalier HABIOS (Préserver les ha- … s’ouvrant sur les sciences participatives ! bitats de l’avifaune bio-indicatrice des Pyrénées) et débutée en 2017, cette en- Aujourd’hui, le développement d’outils numériques spécifiques se poursuit quête participative a pour objectif l’amélioration de la connaissance à l’échelle au sein du Conservatoire notamment lors de campagnes de sciences partici- du massif de la répartition des 7 espèces de pics présents dans les Pyrénées et patives. SICEN reste la base de données de référence : les évolutions portent particulièrement des 3 espèces de la directive européenne : le Pic noir, le Pic mar sur les interfaces de saisies pour simplifier le recueil d’informations. Restant et le Pic à dos blanc (sous-espèce lilfordi). Les autres pics sont également à ren- sur des solutions libres, le Conservatoire d’Auvergne, à l’instar du réseau, a seigner : Pic vert, Pic de Sharpe, Pic épeiche et Pic épeichette. mis en place Lizmap, outil de cartographie web. Ce dernier a permis de créer Qui peut participer ? des interfaces simples et accessibles lors d’inventaires participatifs de mares (Cantal) ou encore de zones humides (Haute-Loire) pour s’ouvrir à un public Toute personne s’intéressant aux oiseaux et à la détermination des espèces peut bénévole plus large ! participer et saisir ses observations sur SICEN via une interface dédiée (pics. Vincent LEGE ariegenature.fr) ou sur Faune France. Les personnes intéressées se rapprochent Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne des coordinateurs (le Conservatoire d’Ariège pour l’Occitanie et la LPO Aqui- taine pour l’Aquitaine) afin d’avoir les cartes nécessaires aux prospections qui s’effectuent par maille de 10x10 km. Le Conservatoire d’Ariège met également à la disposition des participants des documents d’aide à l’identification : https:// ariegenature.fr/activites/enquete-participative-sur-les-pics-pyreneens/ Des résultats dès 2020 Les données acquises durant cette enquête ainsi que la compilation des données opportunistes seront croisées avec d’autres informations liées à la Chouette de Tengmalm et une cartographie fine des peuplements forestiers. La période de saisie n’étant pas encore terminée, la compilation de toutes les données se fera ultérieurement. Pour le moment, l’interface dédiée a déjà recueilli plus de 600 données ! Julien VERGNE Chavanon 2018 © CEN Auvergne Conservatoire d’espaces naturels d’Ariège Automne 2019 7
DOSSIER Les Conservatoires d’espaces naturels et les sciences participatives « Projet écocitoyenneté » : les citoyens au service de La concertation : la biodiversité un outil pour la nature, ateliers participatifs sur des espèces com- préservation des munes, animations scolaires, formations aux ensei- gnants … pour finir par une restitution sur le site na- espaces naturels turel géré par le Conservatoire. Yann Cuenot, chargé de mission animation nature, résume : « le projet est mené sur le long terme : c’est enrichissant pour le pu- blic comme pour l’équipe salariée. On sort du site pour Animation petites bêtes de la prairie – mieux y revenir par la suite ». école de Cuinchy © CP Ce projet favorise l’ancrage territorial du Conserva- toire et démultiplie la découverte et l’appropriation Alliant découvertes ludiques de la nature qui nous de la population souvent éloignée des sites naturels entoure et mise en action concrète des habitants et de la nature en général. Il participe également à par des ateliers et des suivis naturalistes participatifs une meilleure connaissance et reconnaissance de tout au long de l’année, le Conservatoire d’espaces l’association et permet de créer du lien avec de pos- naturels du Nord et du Pas de Calais mène depuis 5 sibles futurs bénévoles voire adhérents. Atelier ENS Côtes de Clermont © C Roudeix ans des projets écocitoyens permettant aux citoyens de mieux connaître la biodiversité locale, de com- Yann CUENOT En Auvergne, la concertation a été au centre de prendre les menaces pesant sur elle, et d’agir en fa- Conservatoire d’espaces naturels du Nord et du Pas deux projets d’envergure menés dans le Puy-de- veur de sa protection. de Calais Dôme et le Cantal. Deux situations différentes Les objectifs de ces projets ? Ils sont multiples ! pour des objectifs communs : réfléchir avec les Rendre les habitants curieux de la nature qui les en- acteurs de territoire pour faire émerger des solu- toure, leur permettre de découvrir la biodiversité des tions appropriées. jardins et des milieux naturels de la commune, les Un plan de gestion participatif sur un site naturel faire participer à des actions de gestion ou encore péri-urbain d’aménagements en faveur de la faune et la flore. Tous les publics sont concernés : élèves, familles, Aux portes de l’agglomération clermontoise, l’Es- acteurs locaux … Chacun peut y trouver un intérêt. pace naturel sensible du site des Côtes de Cler- Sur le territoire d’une commune et sur une année, mont (267 hectares) est emblématique du terri- © CEN Nord Pas de Calais se succèdent ainsi conférences, sorties et chantiers toire. Dès 2016, la rédaction d’un plan de gestion participatif pour concilier les enjeux et fédérer les acteurs s’est imposée comme une évidence. Développement du système Kollect Une soixantaine de personnes (habitants, acteurs locaux, associatifs, …) s’est ainsi investie lors de Kollect est un système de recueil, gestion et valorisa- Kollect est basé sur l’OpenData (données numé- groupes de travail. Sur deux ans, près de cinq ré- tion des données naturalistes. Il se matérialise sous riques dont l’accès et l’usage sont laissés libres aux unions et quatre ateliers ont permis d’aboutir à la forme d’un site web permettant de saisir, modifier, usagers) et l’interopérabilité avec les autres ou- un plan de gestion partagé. Les 43 actions issues stocker, cartographier et exporter des observations tils similaires tels que SICEN. Il se veut également des échanges et validées par la Ville et le Départe- naturalistes et leurs données associées. Basé sur le conforme aux derniers référentiels (référentiel taxo- ment, visent trois objectifs : préserver les espaces projet libre et Open-Source Obs’Nat, cet outil, initia- nomique TAXREF v12, format standard de données naturels, relancer une agriculture périurbaine de lement développé par Denis Vandromme, est utilisé SINP…), permettant d’alimenter en temps réel les qualité et améliorer les accès et les aménage- par plusieurs structures comme Indre Nature et dif- observatoires régionaux et le SINP. En plus de la ments sur site. férents Conservatoires. saisie web, Kollect est compatible avec une appli- Concerter pour préserver la ressource en eau cation smartphone permettant la saisie de données Depuis octobre 2018, le Conservatoire d’espaces sur le terrain (Open Data Kit). Pensé pour un usage Cap maintenant dans le Cantal, sur le territoire naturels d’Aquitaine développe des fonctionnalités professionnel (bilans par sites, export des données, de la Cère amont, où divers enjeux et pressions supplémentaires, comme la gestion des métadon- cartographie dynamique, fiches espèces...), Kollect mettent en avant l’importance de mener des nées du Système d’Information sur la Nature et les est utilisable par tous dans des projets de sciences actions de préservation des zones inondables Paysages (SINP) ou l’intégration des données fon- participatives. et de la ressource en eau du bassin. En parte- cières, pour répondre à ses propres besoins et satis- nariat avec Geyser, association spécialisée dans faire les attentes plus larges de la communauté pro- 1 - https://github.com/dsi-cen/kollect la concertation, le Conservatoire d’Auvergne a ductrice et gestionnaire de données naturaliste. Le Pour en savoir plus : https://kollect.fr/ lancé une démarche participative de novembre Conservatoire met à disposition ce système libre et 2018 à avril 2019. Agriculteurs, élus locaux, pê- gratuit via la plateforme de téléchargement Github . L’équipe du Système d’Information du Conservatoire cheurs, randonneurs, naturalistes et autres se d’espaces naturels d’Aquitaine sont ainsi réunis en plusieurs groupes de travail pour coconstruire un diagnostic et dégager des pistes d’actions concrètes. Plusieurs propositions ont émergé, comme la mise en place d’une com- mission de bassin intégrant les acteurs de terrain, l’instauration d’une charte de bonnes pratiques pour une gestion collective de la vallée ou encore l’extension d’un site Natura 2000. Lucie LE CORGUILLE & Christophe GREZE Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne 8 Automne 2019
LES CONSERVATOIRES EN ACTION tions de sensibilisation d’un public plus large. Ainsi, on peut notamment y retrouver la présentation des étapes de formation d’une tourbière, des dessins d’espèces de tourbières (faune et flore), des schémas Un sentier du cycle de développement de certaines espèces, une maquette expliquant l’impact du drainage, une pédagogique sur tarière et une carotte de tourbe reconstituée, des l’Eperon de Murat Animation nature en Franche Comté ouvrages de présentation des tourbières, etc. Un © CEN Franche Comté film de présentation est disponible au lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=Ytv7s9CO5f4 Des sacs pédagogiques Dans le projet de programmes en faveur des tour- bières du Massif Central, auquel participent le pour les tourbières Pôle-relais tourbières et plusieurs Conservatoires d’espaces naturels, cet outil pédagogique va aussi Disposer d’un sac contenant divers outils et acces- être mis en avant et des échanges avec les anima- soires pour illustrer les tourbières peut être fort utile teurs sont prévus, comme en Lozère et dans le Puy- à des animateurs nature, surtout si une information de-Dôme. sur ces milieux et un échange sur les possibilités d’utilisation sont prévus. Le programme LIFE tourbières du Jura, coordon- © Isabelle Gravrand, CEN Centre Val de Loire né par le Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté, a permis la constitution (impulsée L’Éperon de Murat, pointe dans le paysage ré- par les Amis de la réserve du Lac de Remoray) d’un sultant de l’érosion du plateau par le Larçon et sac en 5 exemplaires empruntables gratuitement. le Brignon, est un Espace naturel sensible d’In- L’objectif principal de ce sac à dos pédagogique était dre-et-Loire d’environ 40 hectares qui accueille, de mettre à disposition des animateurs du réseau entre autres, des pelouses sèches sur sol calcaire franc-comtois d’éducation à l’environnement un Sac pedagogique – © CEN Franche Comté remarquables. panel d’outils servant à sensibiliser un large public à l’existence, à la connaissance, aux enjeux de pré- Emilie CALVAR Pour en favoriser la découverte, le site a bénéfi- servation et à la restauration des tourbières. Adapté Conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté cié début 2019 d’un aménagement. C’est ainsi pour les élèves du cycle 3 (du CM1 à la 6ème), cet Francis MULLER qu’un sentier pédagogique de 2,5 km, ponctué outil est néanmoins utilisable dans le cadre d’ac- Fédération des Conservatoires d’espaces naturels de six panneaux, a été mis en place, accompa- gné d’une plaquette d’informations. Les stations mettent en valeur les nombreuses orchidées du Dernières actualités foncières, et une nouvelle ORE site, le pâturage qui permet son entretien, les chauves-souris qui trouvent refuge dans ses cavi- signée en Normandie ! tés, mais aussi ses vestiges archéologiques, dont une partie est présentée au musée de la Préhis- De l’acquisition à la convention d’usage en passant toire du Grand Pressigny. Le vallum (muraille dé- par les obligations réelles environnementales, l’ac- fensive en pierres) et la carrière d’extraction de tion foncière du réseau se caractérise par son agilité pierres, tous deux encore bien visibles, attestent à mobiliser les divers outils qui composent la palette d’une installation humaine dès le Néolithique. foncière. Ainsi le Conservatoire de Normandie Ouest a signé, le 9 Mai 2019, une ORE pour une durée de L’aménagement a été officiellement présenté cinquante ans. Il s’agit de la première passée avec le mercredi 15 mai en présence d’une trentaine des particuliers, sur une ferme de 20 ha et destinée de personnalités. Le sentier avait par ailleurs fait à la vente. Suite au décès du propriétaire exploitant, l’objet, un peu plus tôt, d’un « Éduc-tour » auprès ses héritières ont décidé de se défaire de cette pro- de 17 professionnels du tourisme (offices de tou- priété en s’assurant de la préservation de ce lieu risme, prestataires, associations locales) afin que chargé de souvenirs. A cette fin, les propriétaires ceux-ci puissent faire connaître à leur tour les in- se sont notamment engagées à préserver les haies Pelouses calcaires du coteau des Prés St Denis térêts du site auprès de leurs publics. Ce projet a © CEN Normandie Ouest et leurs mares, et de ne pas utiliser de pesticides. été mené par le Conservatoire d’espaces naturels Ce contrat a permis aux propriétaires de contribuer Centre Val de Loire avec le Département, ainsi du 22 juin 2019. Elle repose sur les 7 axes suivants : il indirectement à l’objectif de « zéro artificialisation » qu’avec la mairie de Férrière-Larçon, la Commu- s’agit de la reconnaissance des sols comme porteurs du plan Biodiversité de Juillet 2018. Cette question nauté de communes Loches Sud Touraine et la d’aménités variées et essentielles ; de la nécessité a été abordée dans la mission d’information parle- Région Centre-Val de Loire. Un beau partenariat de redéfinir l’artificialisation pour y introduire une mentaire relative au foncier agricole présentée en en faveur de la biodiversité des gâtines du Sud dimension biologique, de faire du « Zéro artificiali- décembre 2018. Dans ce contexte et afin d’être force Touraine ! sation nette » un fil conducteur d’un nouveau déve- de propositions, une note sur le foncier a été élabo- loppement ; d’intégrer la compensation (agricole, fo- Plus d’informations : https://www.cen-centre- rée par le réseau et validée par le CA de la Fédération restière ou écologique) dans les projets de territoire valdeloire.org/telechargements/5-Pla- ; d’établir une stratégie foncière à visée écologique, quettes-sites/1-Nouveau--Plaquette-Espace-na- une fiscalité incitative sur le foncier pour la biodiver- turel-sensible-de-léperon-de-Murat/ sité et enfin d’améliorer la lisibilité des ORE. Sur cette base, la Fédération a présenté au Ministre de l’Agri- Isabelle GRAVRAND culture sa contribution à un futur projet de loi fon- Conservatoire d’espaces naturels cière, afin que les enjeux de biodiversité y trouvent Centre Val de Loire leur place. Signature de la nouvelle ORE Julie BABIN © CEN Normandie Ouest Fédération des Conservatoires d’espaces naturels Automne 2019 9
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