LA PROMOTION ET LA MISE EN ŒUVRE DE PROGRAMMES D'ACTIVITÉ PHYSIQUE ET DE LUTTE CONTRE LA SÉDENTARITÉ EN MILIEU PROFESSIONNEL
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LA PROMOTION ET LA MISE EN ŒUVRE DE PROGRAMMES D’ACTIVITÉ PHYSIQUE ET DE LUTTE CONTRE LA SÉDENTARITÉ EN MILIEU PROFESSIONNEL BÉNÉFICES, TYPOLOGIE DES PRATIQUES ET MODALITÉS D’ÉVALUATION JUIN 2017 Vanessa Galissi Sous la direction de Corinne Praznoczy
CONTEXTE Dans le cadre de ses missions de « suivi des actions engagées pour promouvoir l’activité physique et sportive et lutter contre la sédentarité », l’Onaps a noué un partenariat avec un consortium composé de : - la Fabrique des Territoires Innovants (recherche et accompagnement des pratiques collaboratives), - Siel Bleu au travail (activité physique adaptée, prévention santé et qualité de vie au travail), - Soli’Vers (accompagnement d’innovations sociales, ingénierie de l’inclusion). Le projet Etireo de ce consortium vise à développer en milieu professionnel un programme d’activité physique adaptée (échauffement avant prise de postes avec port de charge et pauses actives pour les postes sédentaires), combiné aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (applications mobile et bureautique, borne avec capteur Microsoft Kinect1). L’Onaps apporte un appui méthodologique pour l’évaluation de cinq expérimentations de terrain, réalisées avec des entreprises de taille et de secteur différents. Une autre des missions de l’Onaps étant d’« approfondir la réflexion » sur ses champs d’investigation, l’accompagnement de ce projet en activité physique adaptée (APA) connectée a été l’occasion de se pencher de manière plus large sur les programmes d’activité physique et de lutte contre la sédentarité en milieu professionnel. Parce que les actifs consacrent une part importante de leur temps disponible au travail, les réflexions ne doivent pas s’arrêter aux portes de l’entreprise. Ainsi, devant la réelle prise de conscience de l’importance de ces sujets - tant par les acteurs institutionnels, scientifiques, associatifs que par les dirigeants et les salariés eux-mêmes -, il devient nécessaire de mieux comprendre les enjeux et ressorts de ce type de programmes. En complément d’autres publications de l’Onaps sur le sujet2,3, cette note a pour vocation de faire le point sur les pratiques liées à l’activité physique et à la lutte contre la sédentarité en milieu professionnel, mais également sur les bénéfices attendus pour chacune des parties et la manière d’évaluer au mieux ces bénéfices et impacts. Corinne Praznoczy, Directrice de l’Onaps Vanessa Galissi, Chargée de mission à l’Onaps 1 Le capteur Microsoft Kinect est un capteur permettant de réaliser de la capture d'image 3D, de la reconnaissance faciale et de la reconnaissance vocale : interaction par détection de mouvements. 2 Debout l’Info ! n°3 - Activité physique et sédentarité en milieu professionnel, Février 2017, Onaps 3 Pascal C., Praznoczy C., RSE : un moyen d’améliorer la santé des salariés ?, Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité – Septembre 2016 3
REMERCIEMENTS Nous remercions vivement toutes les personnes qui ont contribué aux réflexions menées par l’Onaps dans le cadre de cette note d’analyse. Et tout particulièrement : Le consortium œuvrant pour le programme d’APA connectée dont l’Onaps est partenaire : L’équipe de la Fabrique des territoires innovants, notamment François Bottolier-Depois, Anne Jacquelin, Simon Legros et Eva Milcent. L’équipe de Siel Bleu au travail, notamment Martin Denoeud et Laurence Ricard. L’équipe de Soli’Vers, notamment Maxime Joly. Les experts auditionnés : Jacques Bigot, Responsable du Pôle Ressources National Sport Santé Bien-être Gregory Czaplicki, Responsable Pôle santé des adhérents, MGEN (Mutuelle générale de l’Education nationale) Olivier Dailly, Directeur de l’association ADAL (A la Découverte de l’Age Libre) Dr Philippe Dejardin, Directeur adjoint chargé des projets santé Action sociale Assurance, Malakoff Médéric Frédéric Delannoy, Directeur technique national, Fédération française du sport d’entreprise (FFSE) Dr Frédéric Dutheil, Praticien hospitalo-universitaire CHU de Clermont-Ferrand Médecine du travail ; Directeur de l’équipe « Stress psychologique et psychosocial » à l’UMR CNRS 6024, LAPSCO, Université Clermont- Auvergne Laurent Eecke, Directeur Service Interentreprises de santé au travail Périgueux Sarlat Nontron Benoit Fagnou, Chargé de projet prévention et santé, Kiplin Thierry Fauchard, Chargé de mission Stratégie Sport Santé à la Mutuelle des Sportifs ; Président Digital sport santé ; Formateur de formateurs Cnam Anne-Marie Fontvieille, Corporate Wellness Program Senior Director, Sanofi Pauline Genin, Doctorante Cifre R&D ASM, UNH UCA Philippe Goetz, Conseiller d'animation sportive Direction Départementale de la Cohésion Sociale de Meurthe et Moselle ; Adjoint délégué aux sports et à la jeunesse Mairie de Ludres (54) Saliha Mariet, Consultante RSE - Mesure de la performance économique du développement durable, Goodwill management Bernard Massiera, Maître de Conférences HDR, Faculté des Sciences du Sport - Université Côte d’Azur, Nice Dr Guy Mouyen, Médecin du travail Mathieu Vergnault, Enseignant en Activité Physique Adaptée - Hôpital Simone Veil - Groupement Hospitalier Eaubonne-Montmorency ; Enseignant et coordonnateur en Activité physique adaptée - Société V@Si ; Maître de conférence associé en service temporaire, UFR SMBH, Université de Paris 13 Pr Anne Vuillemin, Université Côte d’Azur, LAMHESS, Faculté des Sciences du Sport, Nice, membre du comité scientifique de l’Onaps 4
Le Comité de relecture : Gil Boudet, Enseignant Chercheur, Ergonome, Médecine du travail, Université Clermont-Auvergne ; membre de l’équipe « Stress psychologique et psychosocial » à l’UMR CNRS 6024, LAPSCO Dr Philippe Dejardin, Directeur adjoint chargé des projets santé Action sociale Assurance, Malakoff Médéric Pr Martine Duclos, CHU de Clermont-Ferrand, Service de Médecine du Sport et d’Explorations Fonctionnelles, INRA UMR 1019, UNH, CRNH Auvergne, Présidente du comité scientifique de l’Onaps Dr Frédéric Dutheil, Praticien hospitalo-universitaire CHU de Clermont-Ferrand Médecine du travail ; Directeur de l’équipe « Stress psychologique et psychosocial » à l’UMR CNRS 6024, LAPSCO, Université Clermont- Auvergne Dr Marguerite Dupechot, Médecin-conseiller, Direction régionale et départementale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) Auvergne-Rhône-Alpes Géraldine Fort, Déléguée générale de l’ORSE (Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises) Pauline Genin, Doctorante Cifre R&D ASM, UNH UCA Anne Jacquelin, Sociologue, Responsable de la recherche, Fabrique des territoires innovants Benjamin Larras, Chargé d’études, Onaps Dr Guy Mouyen, Médecin du travail Citation recommandée : Galissi V, Praznoczy C, dir. La promotion et la mise en œuvre de programmes d’activité physique et de lutte contre la sédentarité en milieu professionnel. Clermont-Ferrand : Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité, juin 2017, 50 pages 5
TABLE DES MATIÈRES Contexte .......................................................................................................................................3 Remerciements .............................................................................................................................4 Table des matières ........................................................................................................................6 figures, encadrés et Tableaux ........................................................................................................7 Liste des figures ........................................................................................................................................... 7 Liste des encadrés ........................................................................................................................................ 7 Liste des tableaux ........................................................................................................................................ 7 Promotion de l’activité physique et lutte contre la sédentarité en milieu professionnel : concepts et enjeux...........................................................................................................................................8 Activité physique, inactivité physique, sédentarité ...................................................................................... 8 Santé, promotion de la santé au travail, bien-être au travail, responsabilité sociétale des entreprises (RSE)9 Échauffement, activité physique et lutte contre la sedentarité en milieu professionnel ............................ 11 Les acteurs impliqués dans les programmes: structuration et rôles ........................................................... 13 Bénéfices des programmes d’activité physique et de lutte contre la sédentarité en milieu professionnel .............................................................................................................................. 15 Catégorisation et résumé des bénéfices en trois niveaux ........................................................................... 15 Détails des bénéfices : salariés, entreprises et société ............................................................................... 16 Les bénéfices pour les salariés ...................................................................................................................... 16 Les bénéfices pour les entreprises ................................................................................................................ 18 Les bénéfices pour la société dans son ensemble ......................................................................................... 20 Utilisation des preuves scientifiques et enjeux pour l’avenir : communication et accompagnement ......... 20 Typologie des pratiques et facteurs de réussite ............................................................................ 21 Modèle de typologie des pratiques ............................................................................................................ 21 Enjeux et catégorisation générale des pratiques (activité physique, échauffements, sédentarité) ............. 21 Typologie détaillée des pratiques ................................................................................................................. 22 Programmes visant la mise en place d’une offre d’activité physique ......................................................... 23 Enjeux et spécificités ..................................................................................................................................... 23 Tour d’horizon des pratiques actuelles en matière d’offre d’AP sur le lieu de travail .................................. 24 Programmes visant la mise en œuvre d’un environnement favorable à la pratique ................................... 27 Enjeux et spécificités ..................................................................................................................................... 27 Tour d’horizon des pratiques actuelles en matière d’environnement favorable ......................................... 28 Programmes visant la sensibilisation des salariés sur les enjeux liés à la pratique d’activité physique et la lutte contre la sédentarité ......................................................................................................................... 32 Enjeux et spécificités ..................................................................................................................................... 32 Tour d’horizon des pratiques actuelles en matière de sensibilisation .......................................................... 32 Offre interne à l’entreprise : éléments législatifs ....................................................................................... 34 6
Facteurs de réussite des programmes ........................................................................................................ 34 Modalités d’évaluation de ce type de programmes en milieu professionnel .................................. 36 Enjeux de l’évaluation des programmes .................................................................................................... 36 Questions évaluatives et outils pour l’évaluation des programmes ........................................................... 37 Questions évaluatives ................................................................................................................................... 37 Outils de collecte des données...................................................................................................................... 37 Conditions de réussite et communication sur les résultats d’évaluation .................................................... 41 Conclusion .................................................................................................................................. 43 Bibliographie consultée ............................................................................................................... 44 Annexe 1 ..................................................................................................................................... 47 Sigles et abréviations................................................................................................................... 48 FIGURES, ENCADRÉS ET TABLEAUX LISTE DES FIGURES Figure 1 : Définitions de l’activité physique, de l’inactivité et de la sédentarité .................................................... 8 Figure 2 : Perceptions des dirigeants et des salariés sur le rôle de l’entreprise ................................................... 10 Figure 3 : Acteurs impliqués dans les programmes .............................................................................................. 13 Figure 4 : Synthèse des bénéfices des programmes d’actions en milieu professionnel ....................................... 15 Figure 5 : Catégorisation des pratiques ................................................................................................................ 21 Figure 6 : Schéma d’évaluation ............................................................................................................................. 36 LISTE DES ENCADRÉS Encadré 1 : Définitions ............................................................................................................................................ 9 Encadré 2 : Activité physique, sédentarité et médecine du travail ...................................................................... 10 Encadré 3 : Quelques facteurs de risque liés au travail ........................................................................................ 11 Encadré 4 : Les chutes de hauteur et de plain-pied .............................................................................................. 12 Encadré 5 : Principaux bénéfices .......................................................................................................................... 16 Encadré 6 : Principaux bénéfices .......................................................................................................................... 18 Encadré 7 : Outils d’évaluation ............................................................................................................................. 37 Encadré 8 : MET ou Equivalent métabolique ........................................................................................................ 38 Encadré 9: Évaluation de la préparation physique à l’effort au travail – l’exemple de la MSA ............................ 40 Encadré 10: Évaluation de challenges connectés ................................................................................................. 42 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1: Typologie des pratiques ...................................................................................................................... 22 7
PROMOTION DE L’ACTIVITÉ PHYSIQUE ET LUTTE CONTRE LA SÉDENTARITÉ EN MILIEU PROFESSIONNEL : CONCEPTS ET ENJEUX ACTIVITÉ PHYSIQUE, INACTIVITÉ PHYSIQUE, SÉDENTARITÉ L’activité physique (AP) est un champ dont les modalités de pratique sont très diversifiées sur le terrain, et dont la réflexion scientifique est abondante. La terminologie « activité physique » est étroitement liée à d’autres concepts, avec une différenciation qu’il convient de clarifier pour s’assurer d’adapter réellement le programme d’actions aux objectifs à atteindre (Figure 1). Figure 1 : Définitions de l’activité physique, de l’inactivité et de la sédentarité L’activité physique inclut tous les mouvements de la vie quotidienne, y compris ceux effectués lors des activités domestiques, de loisirs, de travail ou encore lors des déplacements. Les modalités de pratique sont très larges, dont le sport qui constitue un « sous-ensemble de l’activité physique, spécialisé et organisé », une « activité revêtant la forme d’exercices et/ou de compétitions, facilitées par les organisations sportives » (Conférence ministérielle européenne de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la lutte contre l’obésité 2006). Les recommandations de l’OMS en matière d’AP pour les adultes sont de cumuler au moins 150 minutes d’AP d’intensité modérée par semaine, ou d’effectuer 25 minutes d’AP d’intensité élevée au moins 3 jours par semaine. C’est en-deçà de ces seuils que se définit l’inactivité physique, qui concerne un tiers des Français de 15 à 75 ans, soit 29% des hommes et 37% des femmes (Baromètre santé nutrition 2008). Toutes les recherches montrent que l’inactivité physique a un impact prépondérant sur la mortalité et la morbidité. Une AP régulière entraine en effet une réduction de la mortalité précoce de 29% à 41%, et protège plus spécifiquement des pathologies cardiovasculaires, du diabète de type 2, de certains cancers (sein et côlon notamment), de pathologies neurodégénératives, de l’obésité, de la dépression… (Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) 2016). Depuis 2010 émerge la notion de sédentarité, correspondant au temps passé en position assise ou allongée pendant les périodes d’éveil (notamment devant les écrans) : au travail, lors des déplacements motorisés, au domicile, durant les loisirs. D’après une récente étude (Saidj et al. 2015), réalisée sur une cohorte de plus de 35 000 adultes âgés en moyenne de 45 ans et ayant une activité professionnelle, le temps moyen passé en position assise est estimé à 12 heures lors d’une journée de travail et à 9 heures lors d’une journée de congé. 8
C’est notamment l’évolution de nos modes de vie, de déplacement et d’activité professionnelle depuis les dernières décennies qui ont sensiblement fait progresser les niveaux de sédentarité. Les études cliniques sur les effets de la sédentarité en matière de santé sont encore peu nombreuses, notamment du fait d’une construction méthodologique complexe (nécessité d’un calcul précis du temps passé assis et de distinguer l’aspect statique ou dynamique, en position assise comme en station debout). Il a cependant été démontré qu’être assis plus de 3 heures par jour est responsable de 3,8% des décès de toutes causes dans 58 pays (Biswas et al. 2015), et a des impacts sur un certain nombre de pathologies, et ce quel que soit le niveau d’AP (Debout l’info ! n°1, Onaps, Juin 2016). Selon l’Agence Européenne pour la Santé et la Sécurité au Travail, le manque d’AP est considéré comme étant un « risque physique émergent en matière de santé et sécurité au travail ». Elle précise que « les causes constatées sont l’utilisation des appareils de visualisation et des systèmes automatisés qui entraînent une position assise prolongée au travail, ainsi que l’augmentation du temps passé assis dans les déplacements professionnels » (Agence Européenne pour la Santé et la Sécurité au Travail 2005). SANTÉ, PROMOTION DE LA SANTÉ AU TRAVAIL, BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL, RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE DES ENTREPRISES (RSE) Encadré 1 : Définitions Le lien entre santé et travail a historiquement été approché par les employeurs sous l’angle « santé et sécurité au travail » et « prévention des Santé La santé est un état de complet risques professionnels », du fait notamment de leurs obligations légales 4. bien-être physique, mental et social, La notion de santé au travail comme source de bien-être - selon la et ne consiste pas seulement en une définition de l’OMS (Encadré 1) - était jusqu’à récemment assez éloignée absence de maladie ou d'infirmité1. des préoccupations des dirigeants et des instances représentatives des Promotion de la santé au travail salariés et sort pour l’heure du cadre strictement légal. Efforts combinés des employeurs, Depuis quelques années, on assiste à un changement de paradigme, où se des travailleurs et de la société pour combinent les logiques de protection, de prévention, et plus largement de améliorer la santé et le bien-être des personnes au travail. La promotion promotion de la santé au travail. Le modèle qui tend à se développer se de la santé au travail passe par une trouve ainsi au croisement de la « santé au travail » (dans son sens initial) combinaison de l’amélioration de et de la santé publique, en s’orientant vers des enjeux de bien-être au l’organisation et de l’environnement travail. Ces modèles répondent par ailleurs aux conséquences pour les de travail, la promotion de la participation active et de salariés des transformations du travail ces dernières décennies (outils, l’encouragement au développement modes de management, modes d’organisation…), qui ont un impact sur la personnel2. santé physique et psychique des populations (développement du burn-out ou du bore-out5, prise de conscience des effets négatifs du stress au Responsabilité sociétale des travail...). entreprises Responsabilité d’une organisation Ces mutations se sont ainsi opérées d’une part en raison de la prise de vis-à-vis des impacts de ses conscience des employeurs de l’effet positif de la bonne santé générale de décisions et activités sur la société leurs salariés sur les performances des entités ; et d’autre part des et sur l’environnement, se traduisant par un comportement attentes fortes des salariés sur ces sujets (Figure 2). Le monde éthique et transparent qui contribue professionnel se doit de répondre à ces nouvelles exigences, au-delà de la au développement durable, y seule prévention et des seuls risques professionnels. Pour autant, le taux compris à la santé et au bien-être de la société […]3. de pratiquants régulier d’une activité sportive en entreprise est largement perfectible : entre 10% et 15% des effectifs de salariés en règle générale, 1 OMS, 1946 / 2 Réseau européen de pouvant aller jusqu’à 25% si l’entreprise propose une salle de remise en promotion de la santé au travail, 2001 / 3 Norme ISO 26000, 2010 forme (Pierre J. 2015), témoignant de freins importants qu’il reste à lever. 4 Article L4121-1 - modifié par loi n°2010-1330 du 9 novembre 2010 - art. 61 : « L'employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. » 5 Syndrome d'épuisement professionnel par l'ennui 9
Figure 2 : Perceptions des dirigeants et des salariés sur le rôle de l’entreprise en matière de santé et de bien-être Source : Baromètre Malakoff Médéric, Santé et bien-être des salariés, performance des entreprises, 2015 Par ailleurs, cet essor n’est pas sans lien avec le récent développement de la RSE, dont l’objectif de santé et de bien-être agit en complémentarité des enjeux environnementaux. Il s’agit de définir, au sein des milieux professionnels (quels qu’ils soient), des environnements favorables à la santé dans tous ses déterminants, en adaptant les actions au cas par cas. Ces nouvelles approches se sont concrétisées politiquement par la publication du 3ème plan santé au travail (PST3 2016-2020), dont la démarche est annoncée clairement comme un « renouvellement profond d’approche de la santé au travail » et un « renversement de perspective ». La nécessaire transversalité entre santé au travail et santé publique est notamment clairement évoquée (axe 2, objectif opérationnel 6), concernant par exemple les maladies cardiovasculaires sur lesquelles l’AP a un effet préventif démontré. Le PST3 est ainsi un cadre institutionnel de grande envergure, un outil majeur pour l’amplification dans les années à venir de la mise en œuvre de programmes d’actions de promotion de la santé au travail. Par ailleurs, l’article R.4624-1 du code du travail permet au médecin du travail d’animer des « campagnes d’information et de sensibilisation aux questions de santé publique en rapport avec l’activité professionnelle » (Encadré 2). Encadré 2 : Activité physique, sédentarité et médecine du travail 6 Avoir une activité physique régulière au travail fait partie de l’hygiène individuelle et contribue à préserver la santé et le rôle médecin du travail, selon l’article de loi L4622-3 du code du travail, consiste à éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail, notamment en « surveillant leurs conditions d’hygiène au travail ». Les conseils des médecins en matière d’activités physiques s’assimilent dorénavant à des « prescriptions thérapeutiques non médicamenteuses validées » (Haute Autorité de Santé 2011). L’Anses, dans son rapport de février 2016, précise plusieurs recommandations en matière d’activités physiques pour le monde du travail, tout en rappelant quelques précautions afin d’en limiter les effets indésirables. Par ailleurs, dans l’entreprise, il revient au Service de Santé au Travail (SST) de relayer des recommandations de « santé publique en rapport avec l’activité professionnelle », comme il est rappelé au point n°8 de l’article R4624-1 du code du travail sur les missions de ces SST. Ce sera donc essentiellement dans ce cadre-là de programmes d’actions en milieu professionnel que le médecin du travail fera des recommandations en matière d’activité physique chez les travailleurs sédentaires. Il devra alors distinguer des situations selon le type de salarié : travailleur sédentaire devant se remettre à bouger au travail, travailleur sédentaire de plus de 45 ans exposé à la fonte musculaire et à l’ostéoporose (par exemple), sportif professionnel ou encore travailleur montant sur des pylônes de grande hauteur, manutentionnaire, salariée enceinte, travailleur atteint de handicap ou de maladie chronique, etc. Il en découle une responsabilité importante au niveau du médecin du travail et de son SST dans ce domaine, non seulement vis-à-vis des activités physiques professionnelles à risques, mais aussi vis-à-vis du manque d’activité physique au travail. Ce manque d’activité physique a été reconnu en 2005 par l’Agence européenne pour la santé et la sécurité au travail comme étant un facteur de risque professionnel émergent (fiche FACTS n°60). Désormais, il reste à convaincre dans les entreprises ceux qui sont responsables de la santé des salariés que le fait d’être trop longtemps assis statique au travail n’entraine pas seulement des maux de dos, mais aussi de nombreux dommages graves sur la santé comme en attestent les récentes preuves scientifiques. 6 Contribution de Guy Mouyen, médecin du travail 10
ÉCHAUFFEMENT, ACTIVITÉ PHYSIQUE ET LUTTE CONTRE LA SEDENTARITÉ EN MILIEU PROFESSIONNEL Encadré 3 : Quelques facteurs de risque liés au travail Au-delà des comportements En 2010, 23% des salariés français passent plus de 20h par semaine individuels, les conditions de travail devant un écran (contre 12% en 1994), proportion doublée s’agissant sont depuis longtemps reconnues des cadres (46% en 2010 contre 18% en 1994) 1 . Ces données comme un déterminant de santé. En caractérisent ainsi les postes du « tertiaire ». lien avec l’activité physique et sportive Près de la moitié de l’activité physique totale est réalisée au travail (APS) et la sédentarité, les données (46%), 28% lors des déplacements et 25% lors des loisirs2. Si l’AP est montrent qu’il y a urgence à agir au généralement source de santé, des études montrent que pratiquer une sein du monde professionnel dans tous AP intense pendant la période de travail multiplie par 1,45 le risque de les secteurs d’activité, en réponse aux mortalité cardiovasculaire2, caractérisant les métiers plus différents facteurs de risque (Encadré 3 « physiques ». et Encadré 4). Les troubles musculo-squelettiques constituent 80% des maladies professionnelles pour le régime général (avec ou sans arrêt de travail) Ainsi, afin de prévenir les problèmes de et 95% pour les salariés agricoles. Les parties du corps les plus santé liés au cas par cas à la fréquemment atteintes sont le dos, les membres supérieurs (épaule, sédentarité, à l’inactivité physique, aux coude, poignet), et plus rarement les membres inférieurs (genoux)3. Les activités physiques intenses ou encore TMS concernent les emplois de « bureau »/tertiaires comme les aux troubles musculo-squelettiques métiers très physiques. (TMS), les responsables d’entreprises Chez les personnes actives, la fréquence des douleurs persistantes est ont un rôle majeur à jouer, dans une plus élevée pour le dos que pour les autres localisations (29% chez les optique de prévention comme de bien- femmes et 24% chez les hommes). Cette prévalence varie selon être plus généralement. l’exposition aux facteurs biomécaniques, l’âge et le type de contrat de travail4. Sources : 1 Enquête Sumer / 2 Baromètre santé nutrition 2008 / 3 CNAMTS 2009 / 4 Cohorte Constances 2016 Il convient de distinguer trois problématiques : - l’inactivité physique, qui amène les employeurs à proposer plutôt des programmes liés à l’activité sportive (modérée à intense), ou toute action dont le but est de faire bouger les salariés (comme privilégier les escaliers…) ; - la sédentarité, qui va générer des aménagements de type bureaux assis/debout, la proposition de petits breaks ou toute autre action limitant le temps passé assis, comme par exemple l’utilisation de casques audio sans fil plutôt que des casques avec fil, pour faciliter la marche pendant les conversations téléphoniques ; - l’activité physique professionnelle intense, les TMS et les troubles associés (fatigue, douleurs, chutes), amenant des programmes de type échauffement avant prise de poste, ou encore étirements durant la journée de travail, afin de prévenir et/ou compenser des déséquilibres liés à l’activité professionnelle. In fine, si les employeurs reconnaissent l’importance de leur action sur ces thématiques, la question de leur légitimité d’action et des risques associés à une posture hygiéniste7 se pose (Hatzfeld 2012). En effet, si la prévention des risques professionnels est assez facilement acceptée par les salariés comme étant une prérogative et une obligation des employeurs (s’agissant de sécurité des personnels et des biens), la question se pose de manière différente lorsqu’il s’agit de mettre en place des actions proposant de l’activité physique. Une note du Centre d’analyse stratégique (n°298, octobre 2012) pointe le fait que « le sport est 7 L'hygiénisme est un ensemble de théories politiques et sociales développées au XIXe siècle dont le principe est de concevoir l'architecture et l'urbanisme pour les collectivités, les pratiques médicales et diététiques pour les individus en appliquant les règles de préservation de l'hygiène et de prévention de la santé publique. La démarche de ses représentants est de guider la décision politique dans la gestion des masses par les apports des sciences, telles que l'épidémiologie ou la démographie, dans une optique d'optimisation des coûts sociaux et d'épanouissement de l'individu. L’hygiénisme est à l’origine du développement de la pratique sportive en France avec la construction de stades dédiés et la naissance de compétitions (Jeux olympiques, P. de Coubertin), l’activité physique étant devenue un moyen de se maintenir en bonne santé (source : Wikipédia). 11
encore souvent perçu comme relevant de la vie privée des salariés », et que cela constitue donc un frein majeur pour l’implication des dirigeants comme des syndicats de salariés. Il s’agit donc bien là de représentations. Toutefois, si celles-ci sont encore probablement fortement ancrées dans certains milieux professionnels, le développement exponentiel des programmes liés à l’activité physique et à la sédentarité prouve que les représentations évoluent positivement. Dans le rapport préparatoire du Plan national de prévention par l'activité physique et sportive (PNAPS 2008), sont énumérés les intérêts suivants pour la démarche sport-santé en entreprise, indiquant les raisons pour lesquelles les employeurs sont légitimes à s’impliquer : - le temps est l’un des facteurs limitants de la pratique d’activités physiques ou sportives, c’est donc une opportunité de développer la pratique dans le temps et sur le lieu d’une journée de travail, en incluant les déplacements (domicile-travail ou déplacements professionnels) ; - les actifs représentent sur leur lieu de travail un public captif à qui il est possible de proposer une offre continue, personnalisée et de proximité ; - les salariés sont demandeurs, en particulier les jeunes générations, d’un mieux-être au travail ; - l’APS véhicule des valeurs de dynamisme, de performance et de cohésion d’équipe ; - les entreprises prennent de plus en plus conscience de leur rôle en matière de santé. Encadré 4 : Les chutes de hauteur et de plain-pied Les chutes de hauteur et de plain-pied, qui sont considérées comme des risques classiques prioritaires dans les divers Plan Santé au Travail, sont des situations préoccupantes majeures pour les entreprises. Selon le PST3 « les chutes de plain-pied représentent 13% des accidents sur les lieux de travail. Dues à une perte d’équilibre entraînant glissades, trébuchements et faux-pas sur une surface plane, elles sont provoquées par une combinaison de facteurs d’ordre matériel, environnemental, organisationnel et individuel. » Or, sur le plan individuel, la sédentarité et l’inactivité physique, notamment dans un contexte de « vieillissement de la population » (considéré par ailleurs comme étant un « risque émergent » par le PST3), sont des facteurs de troubles de l’équilibre, de fonte musculaire (sarcopénie secondaire) et d’ostéoporose, et par conséquent de chutes plus fréquentes et plus graves. L’Académie de médecine, dans un rapport de 2014, alerte sur la nécessité de faire la prévention de la sarcopénie dès l’âge de 45 ans, donc chez l’adulte actif. Et elle « insiste fortement sur la nécessité de faire des exercices physiques comme moyen de prévention des chutes au cours du vieillissement ». 12
LES ACTEURS IMPLIQUÉS DANS LES PROGRAMMES : STRUCTURATION ET RÔLES Amplifier sur tout le territoire la mise en œuvre de programmes de promotion de l’activité physique et de lutte contre la sédentarité requiert l’implication et surtout le travail en collaboration d’une pluralité d’acteurs : qu’ils soient du monde de l’entreprise ou bien externes, en charge de l’aspect opérationnel comme d’une réflexion approfondie, publics ou privés, ou encore qu’ils aient un rôle de préconisation comme de relais d’information (Figure 3). Figure 31 : Acteurs impliqués dans les programmes 1 RH : Ressources humaines / 2 HSE : Hygiène sécurité environnement / 3 QVT : Qualité de vie au travail / 4 CHSCT : Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail / 5 CE : Comité d’entreprise / 6 DP : délégué du personnel / 7 ARS : Agence régionale de santé / 8 Anact : Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail / 9 INRS : Institut national de recherche et de sécurité / 10 Cisme : Centre interservices de santé et de médecine du travail en entreprise sécurité / 11 Label entreprises actives du Programme national nutrition santé (PNNS) (Ministère des Affaires sociales et de la Santé, 2013) Depuis une dizaine d’années, force est de constater que le nombre d’acteurs impliqués n’a fait que s’accroître, notamment par le développement d’un « marché » de l’APS en entreprise très diversifié, avec des acteurs privés, intervenant en complément des fédérations et associations sportives. L’APS en milieu professionnel s’étant notamment rapprochée de la notion de « bien-être », beaucoup de dirigeants et services RH (ressources humaines) se sont emparés de ce sujet. Toutefois, sous couvert d’enjeux de santé, ce sont parfois des dimensions d’image interne et externe, et de marketing évènementiel, qui peuvent primer pour certains programmes d’action. Afin de garantir que les pratiques aient une finalité véritablement liée à la santé des salariés, et permettent notamment de toucher les plus vulnérables, les acteurs publics, de la recherche, les complémentaires santé ou les réseaux d’influence ont un rôle majeur à jouer. Sans oublier les services de santé au travail qui apportent une caution scientifique sur les bienfaits sanitaires de l’activité physique. Enfin, les médias ont incontestablement un rôle important dans le développement de ce secteur. La multiplication d’articles ou de reportages, valorisant les bonnes pratiques et les résultats de la recherche, contribue également à faire évoluer les représentations sur le sujet et donc les pratiques, côté dirigeants comme côté salariés. 13
Que ce soient les acteurs internes comme externes, opérationnels ou de réflexion, chacun a par conséquent un rôle à jouer pour mettre en œuvre des actions de qualité. Ce n’est que par la coordination de l’ensemble de ce réseau d’acteurs que les programmes atteindront véritablement leurs finalités, à savoir : améliorer la santé de tous les salariés, notamment les plus vulnérables et éloignés de la pratique. Mettre en œuvre des programmes structurés les plus adaptés aux besoins, inciter les salariés à y souscrire, trouver le modèle économique stable pour pérenniser les actions, valoriser les bonnes pratiques, poursuivre les recherches-actions permettant de prouver les bénéfices et convaincre le plus grand nombre de dirigeants : tels sont les enjeux des acteurs impliqués, chacun à leur niveau. Le rôle et le niveau d’implication de chaque acteur est décrit dans le rapport « Retrouver sa liberté de mouvement » (Pnaps 2008). Crédit illustration : Gérard Missonnier 14
BÉNÉFICES DES PROGRAMMES D’ACTIVITÉ PHYSIQUE ET DE LUTTE CONTRE LA SÉDENTARITÉ EN MILIEU PROFESSIONNEL CATÉGORISATION ET RÉSUMÉ DES BÉNÉFICES EN TROIS NIVEAUX Depuis des décennies, de nombreux chercheurs se sont intéressés à la production de preuves scientifiques quant aux bénéfices des programmes d’actions en milieu de travail, tout comme les dirigeants d’entreprises. Qu’il s’agisse d’APS et de sédentarité ou de tout autre sujet santé, trois niveaux de bénéfices sont en général étudiés : - les bénéfices pour les salariés eux-mêmes, en matière de santé et de bien-être : ceux-ci étant les cibles directes des programmes, des effets positifs sont espérés pour ce public ; - les bénéfices pour les employeurs développant des programmes d’actions : ayant investi financièrement et en ressources humaines, ils attendent des effets pour leur entité, qualitatifs ou quantitatifs, sur la performance et le retour sur investissement (ROI) ; - les bénéfices pour la société dans son ensemble, afin notamment de démontrer que l’amélioration de l’état de santé des populations génère des coûts moindres en matière de dépenses de santé. S’agissant plus spécifiquement des recherches menées sur l’APS et la sédentarité dans le milieu professionnel, on constate rapidement plusieurs niveaux de disparités : 1. D’une part, elles émanent la plupart du temps de pays anglo-saxons ou du nord de l’Europe, assez rarement de France, en particulier lorsqu’il s’agit de déterminer les bénéfices d’ordre financier. La situation semble toutefois évoluer côté français, avec l’ouverture récente de laboratoires s’y consacrant (par exemple au sein du laboratoire LAMHESS de la Faculté des sciences du Sport, Université Côte d’Azur), et des étudiants-chercheurs visiblement de plus en plus intéressés par ces sujets. Un colloque a notamment été consacré à cette thématique en novembre 2016 à l’université de Strasbourg : « Le sport au travail : état de la recherche ». 2. Un certain nombre de rapports ou de revues de la littérature rapportent des résultats de recherches, où l’on peut distinguer celles étudiant la promotion de la santé sur le lieu de travail de manière générale, celles étudiant plus spécifiquement les actions liées à l’AP et à la réduction de la sédentarité, ou encore celles traitant conjointement de l’AP et de l’alimentation, problématiques étroitement liées et montrant souvent des niveaux de preuves très forts. 3. Enfin, si beaucoup d’études sont conduites sur les pratiques liées à l’AP au travail d’un point de vue général (ou plus spécifiquement à la pratique sportive), rares sont les recherches portant sur les programmes (par ailleurs peu répandus) de réduction de la sédentarité au travail ou sur les pratiques d’échauffements et étirements. Sur la base des publications recensées dans le cadre de cette note d’analyse, les bénéfices ont été synthétisés (Figure 4). Figure 4 : Synthèse des bénéfices des programmes d’actions en milieu professionnel 15
DÉTAILS DES BÉNÉFICES : SALARIÉS, ENTREPRISES ET SOCIÉTÉ Les bénéfices pour les salariés Encadré 5 : Principaux bénéfices pour les salariés Au-delà des effets positifs généraux sur la morbidité et la Augmentation de la pratique d’AP mortalité déjà évoqués en première partie, les bénéfices spécifiques liés à ces programmes en milieu Diminution de la sédentarité professionnel sont détaillés ci-dessous, notamment les Amélioration de la condition physique impacts en lien avec l’activité professionnelle ou les Réduction des douleurs et des TMS effets indirects de l’amélioration de la santé (Encadré 5). Bien-être au travail Réduction des arrêts maladie et accidents du travail Baisse des dépenses individuelles de santé Niveau d’activité physique, condition physique et sédentarité D’après l’Eurobaromètre de la Commission européenne (2014), 16% des Français pratiquent de l’activité physique ou du sport sur leur lieu de travail, résultat en progression ces dernières années (13% selon l’Eurobaromètre 2009). Si la France se situe au-dessus de la moyenne européenne (13%), on peut considérer qu’il reste encore une importante marge de progression (certains pays d’Europe de l’Est dépassant largement les 20%). Les employeurs ont ainsi un rôle majeur à jouer, notamment pour toucher davantage de catégories de salariés, des plus sédentaires aux plus actifs. D’après le tableau récapitulatif publié dans un rapport de l’OMS (Rapport mixte OMS/Forum économique mondial 2008, Annexe 1), toutes les recherches démontrent que la mise en place de programmes liés à l’activité physique en entreprise entraîne une augmentation du niveau d’AP en général, mais également une amélioration de la condition physique (endurance, force, souplesse,…). Des évaluations menées dans le milieu professionnel ces dernières années nous donnent quelques indications chiffrées relatives à différents types de pratiques : - Une recherche récente menée dans le secteur tertiaire en France (Genin et al. 2017), comparant un groupe test et un groupe contrôle (conseils seuls), a permis de démontrer des bénéfices importants pour les salariés suite à la mise en place d’une salle de sport au sein des locaux : réduction de la masse graisseuse, amélioration de la condition physique (endurance et force musculaire) et du niveau d’activité physique (notamment pour les plus sédentaires au début du programme). - Un autre moyen de faire pratiquer une activité physique en entreprise est d’inciter les salariés à utiliser les escaliers plutôt que les ascenseurs. Une étude basée là encore sur un groupe test et un groupe contrôle (Bellicha et al. 2016), a consisté en la mise en place de deux phases : signalétique incitative puis amélioration de l’esthétique des escaliers. À l’issue des deux phases, le nombre de pas comptabilisé dans les escaliers a augmenté de 19% dans le groupe test, témoignant de l’efficacité des interventions. Cette recherche a confirmé des résultats déjà démontrés dans une revue de la littérature menée un an plus tôt (Bellicha et al. 2015). - Enfin, s’agissant de lutte contre la sédentarité, les recherches se multiplient concernant l’efficacité des actions (Shrestha et al. 2015). Une étude récente démontre par exemple qu’une intervention multi- factorielle (organisation, environnement et comportements) permet de diminuer le temps passé assis de 99 minutes par jour au 3ème mois et de 45 minutes au 12ème (Healy et al.2016). Réduction des douleurs musculaires et/ou articulaires ou des TMS Pour réduire les troubles musculo-squelettiques, risques majeurs en lien avec les conditions de travail, les types de pratiques qui se développent de plus en plus sont notamment les échauffements avant prise de poste et/ou les étirements, en particulier pour les métiers de manutention ou du bâtiment et travaux publics (BTP). 16
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