La Recherche Hospitalo Universitaire en Oncologie - HORS SÉRIE JANVIER 2018 - Université de Lorraine
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P4 Glossaire P21 Le profiler P22-23 de tumeurs Oncologie chirurgicale, P5 Éditorial c’est déjà demain ! Le lecteur P6 ICL/CHRU P24 de contrastes # Apprendre à s’apprivoiser P7 P25 L’IRM mammaire abrégée Médecine nucléaire : performer le performant La recherche P8-9 en partage Cancers du poumon : P28 Oncogériatrie : oui, cela vaut vraiment la peine ! le boost de l’autodéfense P26-27 P10 L’enfant Tumeurs ORL : Urologues, oncologues : Rayonnement n’est pas un adulte l’axe franco-italien P11 jamais toi sans moi et radioactivité en plus petit ! passe par Nancy P29 P12-13 P31 P14 La force des thérapies associées contre les cancers digestifs P30 Paramédical, Lutter Séquelles radio-induites : une nouvelle catégorie contre le « mauvais sang » un traumatisme des cellules saines ? de recherche ! Tumeurs rares : P16 Anatomopathologistes, qui cherche les trouve ! leur histoire s’écrit Infirmière P33 P15 aussi à Nancy P32 en recherche clinique, l’essentielle proximité Qualité de vie et cancer : une plateforme nationale P17 « all inclusive » pour la recherche P18-19 À la recherche P35 de l’ADN tumoral Nancy : nouvelle terre Parcours Sein, Les partenaires circulant… de cultures cellulaires P34 institutionnels le PPS label ICL de la recherche clinique lorraine en cancérologie P20 Cellule tumorale : la diagonale du fou
PHRC, PROGRAMME HOSPITALIER Glossaire DE RECHERCHE CLINIQUE Ce programme fait l’objet d’un appel d’offre annuel du Ministère de la santé pour financer des études spécifiques de recherche clinique en France. Elles ont pour objectif d’évaluer la sécurité, la tolérance, la faisabilité et/ou l’effica- cité des technologies de santé. La partie cancer du PHRC est gérée par l’INCa. R2CL, RÉSEAU DE RECHERCHE EN CANCÉROLOGIE DE LORRAINE Créé par l’UL, l’ICL, le CHRU de Nancy et constitué de médecins et de scientifiques lorrains, son objectif est de dynamiser la recherche lorraine sur le cancer et de coor- donner l’ensemble des équipes de recherche clinique et RCP, RÉUNIONS DE CONCERTATION PLU- expérimentale travaillant dans ce domaine. RIDISCIPLINAIRE Ces réunions sont régulièrement organisées, dans le cadre Thierry Conroy Bernard Dupont Directeur général de l’Institut de Cancérologie de Lorraine Directeur général du CHRU de Nancy de catégories de maladies spécifiques, pour recueillir les avis de professionnels de santé exerçant dans des spéciali- CANCER (OU TUMEUR MALIGNE) tés différentes. S’y discutent la situation de chaque patient, Nous le savons tous,les progrès face aux cancers ne seront possibles que par une meilleure compréhension des mécanismes contrôlant le développement C’est une maladie caractérisée par une prolifération cellu- des traitements possibles en fonction des études scienti- et la progression des cancers et l’élaboration de traitements personnalisés plus efficaces. Ces progrès passent aussi par un décloisonnement et par laire, non seulement anormalement importante, mais aussi fiques en cours, l’analyse des bénéfices et des risques en- des efforts de coordination des équipes et organismes impliqués dans la recherche, notamment des professionnels hospitaliers. C’est le choix décisif que le CHRU de Nancy et l’Institut de Cancérologie de Lorraine (ICL) ont effectué ensemble en 2011 avec la création du Pôle Régional de anarchique, s’accompagnant d’infiltration, de destruction et courus, ainsi que l’intérêt et l’opportunité de proposer aux Cancérologie, puis en 2014 avec la convention constitutive du Centre hospitalo-universitaire rassemblant CHRU, ICL et Université de Lorraine. de réorganisation des tissus environnant pour alimenter sa patients de participer à des études cliniques. croissance. Tous les organes et tissus peuvent être concer- Le projet de nos deux établissements dépasse à présent le partage des décisions en RCP, l’échange d’expertise et la mise à disposition réciproque de nés. L’évolution spontanée se fait par étapes, débutant par plateaux techniques. Avec le regroupement prochain des soins oncologiques ambulatoires et des activités de biopathologie, c’est l’esprit même de la une lésion précancéreuse (la DYSPLASIE), parfois pos- prise en charge oncologique en Lorraine qui a été repensée afin d’en optimiser le caractère pluridisciplinaire et pluriprofessionnel. sible à dépister, donnant naissance à une cellule devenue cancéreuse du fait de multiples altérations génétiques (le Dans cette dynamique, faire bénéficier les patients lorrains des innovations thérapeutiques les plus performantes, offrir l’opportunité pour nos CLONE TUMORAL). Ce dernier se multiplie et fait grossir praticiens et nos équipes de développer une recherche clinique et translationnelle d’excellence et augmenter notre visibilité dans un environnement le cancer qui envahit les tissus voisins. Par ailleurs, des cel- national et international hautement compétitif, sont autant de priorités. Les mettre en œuvre nécessitera de mobiliser davantage et de fédérer PLATEFORME DE GÉNÉTIQUE nos efforts pour accélérer l’émergence de projets de recherche d’excellence et d’un continuum recherche-soins dans tous les parcours patient. lules tumorales peuvent s’échapper de la tumeur d’origine, MOLÉCULAIRE DES CANCERS C’est l’objectif du Réseau de Recherche en Cancérologie de Lorraine (R2CL) constitué en 2014 et fédérant tous les acteurs impliqués, hospitaliers, via les ganglions et/ou la circulation sanguine, pour coloni- universitaires et des unités de recherche INSERM et CNRS. ser d’autres tissus ou organes et former des métastases Créées en 2005 par l’INCa, aujourd’hui 28 plateformes en (tumeurs secondaires). France permettent d’offrir à tous les patients l’ensemble Un objectif prioritaire est d’augmenter les inclusions en recherche clinique dans nos deux établissements. Une concertation doit être engagée par des techniques indispensables à la caractérisation précise filière pour permettre d’évaluer les difficultés et les besoins, et mettre en place l’organisation nécessaire. L’optimisation du screening en réunion de du métabolisme et des mutations génétiques des cellules concertation pluridisciplinaire est une des options. cancéreuses (techniques de biologie et/ou de génétique moléculaires). C’est en grande partie à partir de cette ca- Conformément aux plans cancers 2 et 3, l’objectif à atteindre pourrait être d’augmenter de 50 % dans les deux ans le taux d’inclusion dans les TUMEUR ractérisation que des traitements personnalisés avec des essais thérapeutiques pour les patients atteints de tumeurs solides. Participer à un essai renforce la qualité de la prise en charge, fait avancer les thérapies ciblées peuvent être proposés. connaissances et permet de nouer des liens avec d’autres équipes nationales ou internationales. C’est aussi une source de financements via les Du latin tumere (enfler), une tumeur désigne, en médecine, inclusions elles-mêmes et/ou la promotion d’une étude (points SIGREPS), ou sa publication (points SIGAPS).Au-delà, les enjeux sont majeurs pour la une augmentation de volume d’un tissu, sans précision de visibilité de nos établissements, pour remporter les appels d’offre à venir et pour les carrières individuelles de nos praticiens. cause. Lorsque cette croissance se fait sans être utile à une fonction ni à une structure de l’organisme, on peut Ensemble, nous devons nous donner les moyens de faire émerger l’excellence, présenter plus de projets aux programmes hospitaliers de recherche parler de NEOPLASIE (ou néoplasme) qui se produit suite clinique (PHRC) nationaux et inter-régionaux. Ce numéro hors-série de ReMed dédié à la recherche en cancérologie témoigne des efforts entrepris. à un dérèglement aboutissant à une absence d’inhibition Nous souhaitons ensemble travailler en cohérence et en complémentarité entre tous les acteurs, favoriser les initiatives, valoriser les succès pour de la croissance cellulaire. Les tumeurs et les néoplasies permettre une réussite collective. peuvent être de nature maligne et correspondre alors à THÉRAPIES CIBLÉES un cancer. Elles peuvent aussi être de nature bénigne sans Ces nouveaux traitements médicamenteux sont ciblés sur envahir et infiltrer les tissus environnant et sans provoquer de métastase à distance. Cependant, même bénignes, les des points de fragilité spécifiques de certains cancers ou sur un dysfonctionnement du système immunitaire des Re.Med. La Recherche Hospitalo Universitaire en Oncologie tumeurs sont très souvent nocives car leur croissance ex- patients. Le développement de cette médecine ciblée et http://recherche.chru-nancy.fr | www.icl-lorraine.fr cessive peut comprimer les tissus environnant et conduire personnalisée est lié à la mise en évidence d’altérations Directeurs de la publication : Bernard Dupont, Directeur général, CHRU de Nancy | Thierry Conroy, Directeur général, ICL à des dysfonctionnements d’organes, voire entraîner leur moléculaires et/ou génétiques qui peuvent être particu- Responsables éditoriaux : Véronique Gillon, pharmacien, business manager, partenariats et réseaux, ICL destruction. lières à chaque tumeur cancéreuse et qui sont très souvent Pierre-Yves Marie, vice-président recherche, CHRU de Nancy | Jean-Louis Merlin, Directeur de la Recherche, ICL Didier Peiffert, Directeur des Affaires Médicales et des Relations Extérieures, ICL | El Mehdi Siaghy, Directeur de la Recherche et de l’Innovation, CHRU de Nancy différentes entre individus pourtant atteints d’un même Rédaction : Laurence Verger, Communication recherche, CHRU de Nancy type de cancer. Ces caractérisations très précises reposent Mise en page : Communication du CHRU de Nancy - Janvier 2018 Crédit photos : Inserm / Laurence Verger / Fabrice Gillet (ICL) en partie sur les examens réalisés dans les plateformes de Contact : l.verger@chru-nancy.fr génétique moléculaire des cancers. 4 Impression : Hélio Service - ICL 5
ICL/CHRU La recherche #Apprendre à s’apprivoiser en partage L A vec opiniâtreté et rigueur, le CHRU et l’ICL eur proximité géographique sur le plateau de Brabois de Nancy, est telle que, pour le public, l’Institut portent un projet à long terme, celui de « La de Cancérologie de Lorraine (ICL) et le CHRU de Nancy souvent ne font qu’un. Une évidence profes- coopération en recherche en cancérologie sionnelle puisque leur mission partagée est le soin. L’un et l’autre engagés dans la prise en charge pluri- entre les deux établissements ». Faisant fi des obstacles disciplinaire. D’un point de vue juridique pourtant, ils sont distincts : l’ICL est un établissement de santé rencontrés, ils construisent ensemble, étape après privé d’intérêt collectif et le CHRU un établissement public de santé. Côté soins, le travail en commun étape, au bénéfice du patient. Tout récemment, ils ont est effectif depuis longtemps : Réunions de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) et utilisation répartie des équi- répondu en partenariat avec l’Université de Lorraine, pements. Côté recherche, un partenariat s’installe également et depuis 3 ans, une Journée de la recherche en l’Inserm et le CNRS, à l’appel à projets SIRIC (SIte Cancérologie rassemble tous les professionnels des deux établissements et des grands instituts de recherche, sous de Recherche Intégrée sur le Cancer) dont l’objectif l’égide du Réseau de Recherche en Cancérologie de Lorraine (R2CL). Petit à petit, les « barrières dans les têtes » est de faire reconnaitre par l’Institut National du disparaissent et une véritable coopération s’installe. Le point avec Jean-Louis Merlin, Directeur de la Recherche Cancer (INCA) leur volonté de partager questions et de l’ICL et El Mehdi Siaghy, Directeur de la Recherche et de l’Innovation (DRI) du CHRU. objectifs de recherche dans une logique dynamique d’amélioration de la prise en charge des cancers. Retour sur 10 ans de rapprochement avec Véronique structurent. C’est le stade à franchir pour donner l’impulsion Gillon, pharmacien responsable du projet SIRIC et des d’un vrai partenariat. Nos structures respectives doivent trou- partenariats et réseaux à l’ICL, et Phi Linh Nguyen-Thi, ver les mécanismes administratifs adaptés pour le faciliter tout Véronique Gillon Phi Lin Ngyen Thi médecin délégué à la Fédération de Cancérologie (FC) v.gillon@nancy.unicancer.fr pl.nguyen-thi@chru-nancy.fr en permettant à chaque établissement de garder son identité. au CHRU. J-L. Merlin : Il ne faut pas nier nos cultures d’établissements et nos façons de travailler parfois différentes. Comme il est écrit V. Gillon : « À l’ICL la recherche est une des études permettant aux patients de PL. Nguyen-Thi : Nous pouvons dès dans le Petit Prince « Il faut apprendre à s’apprivoiser ». mission essentielle et intégrée qui s’appuie bénéficier des innovations. lors parler d’objectifs communs à at- EM. Siaghy : Par exemple : la recherche clinique de l’ICL est sur un comité scientifique interne, les uni- PL. Nguyen-Thi : Chaque année plus de teindre et de conception et dévelop- certifiée ISO 9001 depuis 2015, alors que la certification de la tés de promotion et de data-biostatistique vingt protocoles sont portés ensemble pement de projets selon le principe du recherche du CHRU est en cours. Pourquoi ne pas envisager et le Centre de Recherche Clinique, grâce aux rencontres des médecins des continuum recherche-soin. de travailler ensemble sur ces certifications ? Du côté des per- PL. Nguyen-Thi :Au CHRU, la recherche deux structures lors d’une vingtaine de sonnels de recherche, est-ce qu’un partage d’activité des Atta- en cancérologie est présente dans tous RCP. Puis NanCYRIC s’est construit… chés de Recherche Clinique ne serait pas envisageable en cas les services par spécialité d’’organe. Mul- V. Gillon : C’est un projet ambitieux qui de surcharge ? Ce sont des sujets sur lesquels nous pourrions tidisciplinaire, elle repose également sur a été présenté en novembre 2017 devant travailler en symbiose. Nouvelle étape en 2014... Jean-Louis Merlin jl.merlin@nancy.unicancer.fr El Mehdi Siaghy des structures dédiées : Délégation à PL. Nguyen-Thi : Le modèle d’organi- un jury international, une première pour m.siaghy@chru-nancy.fr J-L. Merlin : Il y a aussi la logique médico-économique. Les la Recherche Clinique et à l’Innovation sation du Pôle donnant satisfaction, il Nancy portée par l’ICL, le CHRU, l’Uni- EM. Siaghy : « Nous sommes dans un cheminement de investissements sont de plus en plus élevés pour rester au (DRCI), Direction de la Recherche et devient cette année-là un Groupement versité de Lorraine, l’Inserm et le CNRS, partenariat et nul doute que la recherche ne doit pas être niveau et il faut aujourd’hui penser rentabilisation et non de l’Innovation (DRI) et Pôle des Struc- de Coopération Sanitaire de Moyens qui auxquels s’ajoutent le CHR de Metz- considérée comme une activité à part. plus dotation. Nous avons cependant des règlementations tures de Soutien à la Recherche (S2R). permet l’élargissement de la coopéra- Thionville, l’INRIA et des équipes de J-L. Merlin : La recherche est au cœur des métiers des différentes, privées pour l’ICL, publiques pour le CHRU qui La fédération de Cancérologie relie tous tion. Une plateforme commune d’image- recherche strasbourgeoises. C’est un vrai deux établissements. Travailler en partenariat équitable, c’est doivent être prises en considération. Les solutions existent et les acteurs. rie est ouverte permettant de mutuali- projet « d’ingénierie biomédicale intégrée développer du « gagnant/gagnant » et améliorer la visibilité de il faut savoir saisir les opportunités quand elles se présentent ser les moyens, dont une IRM en partie pour l’optimisation des parcours de soin nos excellences respectives. comme l’ouverture prochaine d’un secteur commun de méde- Quelles sont les étapes de la dédiée à la recherche. des patients en oncologie ». Il implique cine oncologique ambulatoire entre les deux établissements. recherche en cancérologie tous les acteurs au sein de 3 programmes V. Gillon : 2014 est vraiment l’année où Quelle est votre complémentarité ? CHRU/ICL ? se structurent toutes les assises concep- de recherche : interaction, rayonnements Ce partenariat en recherche clinique PL. Nguyen-Thi : Premiers pas, avant et tissus, diagnostic moléculaire appro- J-L. Merlin. : Il y a une histoire commune portée par chaque tuelles et juridiques de notre coopé- professionnel de l’ICL et du CHRU et les liens existent. Les est déjà encouragé par les directions des deux 2010. Nous avions déjà travaillé en- ration. Pour renforcer les liens avec les fondi et nouveaux biomarqueurs, préven- Un test pour prédire le risque de cancer du colon, Inserm/Seva, Catherine établissements ont été construits avec une logique de com- établissements ? semble pour développer des études en laboratoires universitaires, le Réseau de tion et traitement des cancers digestifs. plémentarité clinique pour minimiser les doublons et nous J-L. Merlin : Clairement. Nous avons toujours intérêt à parler phase précoce. Recherche en Cancérologie de Lorraine PL. Nguyen-Thi : Bien que le projet ne avons des expertises qui se conjuguent. Par exemple, des pro- de concert autour d’un projet de recherche structuré. L’ICL V. Gillon : Puis, en 2011 c’est la création (R2CL) est créé. Il permet de transférer figure pas parmi les huit meilleurs pour jets de recherche sur l’ADN tumoral circulant portés par la de statut privé est un acteur incontournable de recherche du Pôle Régional de Cancérologie. Nous les découvertes de la recherche fonda- l’obtention du label, Nancy fait partie biopathologie de l’ICL sont travaillés à la fois avec l’oncologie publique dans le domaine de la cancérologie. nous sommes mis d’accord sur des mentale au « lit du patient ». Ce réseau désormais des 16 sites nationaux qui médicale de l’ICL et la pneumologie et l’anatomopathologie du EM. Siaghy : Je te rejoins. Là où nous valorisons l’excellence objectifs communs en particulier en Re- comprend 12 services médicaux, 8 affichent une recherche multidiscipli- CHRU. C’est naturel et les barrières tombent d’elles-mêmes. de nos projets de recherche en cancérologie c’est quand nous cherche clinique. Pourquoi ? Parce que équipes de recherche et 20 plateformes naire intégrée et entièrement dédiée au nous coordonnons. les deux sites sont complémentaires en technologiques, un bureau et un comité patient. C’est une étape irréversible vers J-L. Merlin : Il faut clairement afficher notre partenariat et termes de compétences. Par exemple, scientifique. Il rassemble tous les acteurs, une structuration solide de l’ensemble La collaboration, certes, mais la structuration ? que ce message soit porté par les acteurs de terrain avec le la radiothérapie est à l’ICL et la méde- en particulier les jeunes chercheurs lors de la recherche en cancérologie portée EM. Siaghy : La base de la collaboration, la stratégie, les ques- soutien des directions des deux établissements. » cine nucléaire au CHRU : se rapprocher d’une Journée d’échange annuelle depuis 4 par le Pôle Régional de Cancérologie. » tions opérationnelles en matière de politique de recherche se 6 7 c’était la garantie d’ouvrir sur Nancy ans. Un prix est attribué au meilleur projet.
Cancers du poumon : le boost de l’autodéfense L a population de la Lorraine, région qui conserve un des taux de tabagisme les plus élevés en France (source INSERM), est particulièrement concernée par la lutte contre les cancers du poumon. Ils sont la principale cause de mortalité par cancer chez les patients tabagiques, chiffres souvent rappelés par les régulières campagnes antitabac. Les thérapies standards restent la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie. Cependant, dans cette spécialité oncologique, comme dans d’autres, les nouvelles thé- rapies basées sur le profil génétique des cellules tumorales ou le statut des cellules du système immunitaire amé- liorent la survie en termes de qualité et de durée. Les analyses qui conditionnent la prescription de ces nouveaux traitements sont réalisées, dans le cadre d’une organisation régionale lorraine, par la Plateforme de Génétique Christelle Clément Duchêne Jean-Michel Vignaud c.clementduchene@nancy.unicancer.fr jm.vignaud@chru-nancy.fr moléculaire des Cancers, labellisée INCA. Elle réunit depuis une dizaine d’années l’ICL et le CHRU dans la traque ininterrompue aux anomalies génétiques pour les rendre « targetables » c’est-à-dire accessibles à un traitement. la tumeur diminue. 1/3 des jusque quand l’immunothé- révolution thérapeutique. de génétique), va se fédérer Christelle Clément-Duchêne, pneumo-cancérologue à l’ICL et Jean-Michel Vignaud du laboratoire d’Anatomie patients répondent favorable- rapie est efficace et ce qu’il en une structure unique qui et de Cytologie pathologique du CHRU détaillent les espoirs portés par les approches innovantes sur ces cancers ment à ce type de traitement, adviendra si nous l’arrêtons. gérera les tumeurs de tous Comment collaborent répartis en deux grands types : ceux à petites cellules et ceux à non petites cellules. 1/3 voient leur tumeur stabili- Dans le cancer du poumon, les patients. ICL et CHRU sée et il existe cependant 1/3 nous n’avons pas de facteur sur ces recherches ? C. Clément Duchêne : Et des patients pour qui le traite- qui puisse prédire quand ar- J-M. Vignaud : La mutation l’interaction anatomopatho- C. Clément Duchêne : la nécessité d’une organisa- 5% voire 2 à 3% des tumeurs. nothérapie. ment ne fonctionne pas. rêter ou pas le traitement sur attendue sur ce point préci- logistes, cliniciens et biolo- « Le cancer non à petites cel- tion régionale pour le circuit J-M. Vignaud : De plus, au C. Clément Duchêne : Nous J-M. Vignaud : L’immunothé- tel ou tel patient. Des essais sément, concerne l’ouverture gistes sera meilleure, c’est lules est subdivisé en deux de l’analyse des tumeurs via bout d’un certain temps de l’utilisons depuis deux ans en rapie met en évidence éga- cliniques vont commencer du bâtiment de biologie- une nécessité. groupes : le cancer épider- la Plateforme de Génétique traitement ciblé, les cellules pratique quotidienne. L’im- lement le fait que tous les pour savoir justement si un biopathologie sur le site de J-M. Vignaud : Elle se traduit moïde et l’adénocarcinome. moléculaire des Cancers. tumorales lui « échappent » munothérapie s’intéresse à patients n’ont pas un système traitement intensif sur une Brabois, dans lequel les uni- déjà d’ailleurs dans la seule Aujourd’hui, la vraie révolu- Les équipements aujourd’hui, souvent, à cause de nouvelles tout l’environnement immu- d’autodéfense de même effi- durée limitée, un « boost » tés d’anatomopathologie des RCP de biologie moléculaire tion thérapeutique concerne considérablement amélio- anomalies moléculaires, dif- nitaire du patient pour le cacité. D’où l’idée de regarder, immunologique, suivi par une deux établissements seront actuellement mise en place l’adénocarcinome, car nous rés avec les systèmes de sé- férentes de celles observées stimuler et lutter contre la grâce à l’anatomopatholo- pour la pathologie thora- connaissons tout un panel quençage à haut débit, sont initialement. Mais nous dis- tumeur. gie, en amont du traitement, « Il me semble que la capacité d’autodéfense cique et qui réunit tous les de mutations sur lesquelles capables d’analyser beaucoup posons de molécules de 2e et J-M. Vignaud : Cette stimu- le niveau de production de de chaque personne mois l’ensemble des clini- nous travaillons en interac- de gènes d’une tumeur dans 3e génération qui permettent lation passe par les Lympho- ligands de la cellule tumo- ciens du public et du privé tion avec la Plateforme. Pour un délai de 6 à 10 jours. Si le rale. S’ils sont abondants entre en ligne de compte, de la Lorraine pour discuter d’envisager que certaines cytes T. En fait, ces cellules l’épidermoïde, qui était un patient a une mutation tumo- formes de cancers puissent l’immunothérapie fonc- même si l’immunothérapie des cas complexes. qui nous protègent habituel- peu l’orphelin des grandes rale répertoriée susceptible devenir à terme des maladies lement sont inhibées par les tionne le plus souvent. est une révolution thérapeutique. » C. Clément Duchêne : Le avancées cliniques et thé- de répondre à une thérapie chroniques. En même temps, cellules tumorales. Ce que les C. Clément Duchêne : noyau dur de cette RCP de rapeutiques, des solutions dite ciblée, elle lui sera pro- il faut bien comprendre que études ont mis en évidence, Certains de mes patients biologie moléculaire c’est le émergent depuis deux ans posée. Dans le cas contraire, nous ne connaissons pas sont traités depuis 18 mois, injection mensuelle, donne réunies au sein d’un même CHRU, la clinique de Gentilly c’est le rôle des protéines avec l’immunothérapie. Ce il est orienté vers les théra- toutes les molécules néces- ce qui est remarquable pour les mêmes résultats que le laboratoire. La partie géné- et le CHR Metz-Thionville. PD1 à la surface des lympho- sont les deux bras armés des peutiques classiques. saires pour faire face à toutes un cancer du poumon ! Qui traitement en continue. Là tique moléculaire, actuel- L’ICL rejoint progressive- cytes T, essentielles dans les prises en charge actuelles : les les mutations rencontrées. plus est, ce sont des traite- encore, me semble-t-il, la lement partagée entre ICL ment cette RCP. Reste qu’il mécanismes de défense. Et du thérapies ciblées et l’immu- Le patient a Par exemple, le gène KRAS ments plutôt bien tolérés capacité d’autodéfense de (Service de Biopathologie) faut l’organiser, la financer et côté des cellules tumorales, nothérapie. chaque personne entre en mettre également les person- une mutation de… ? est muté dans environ 1/3 des protéines PDL1 appelées Phagocytose de corps apoptotiques de cellules tumorales, Inserm/Mami-Chouaib, Fathia par rapport aux chimiothé- et CHRU (Service d’anato- J-M. Vignaud : Ces nouvelles des cas de cancer pulmo- rapies classiques. Mais, nous ligne de compte, même si mopathologie et Laboratoire nels nécessaires pour qu’elle J-M. Vignaud : Oui, car ces « ligand » qui vont les neu- stratégies thérapeutiques, qui naire, mais nous n’avons pas ne savons pas pour l’instant l’immunothérapie est une soit efficace. » anomalies génétiques ne traliser. Il faut donc suppri- s’additionnent désormais à la concernent que 10 à 12% des de molécule efficace contre mer cette interaction pour chimiothérapie et à la radio- tumeurs pour certaines, donc cette mutation malgré des que le lymphocyte T garde thérapie, s’appuient sur les une minorité de patients. recherches très actives. toutes ses propriétés de anomalies particulières du C. Clément Duchêne : En tueur de cellules tumorales. gène des cellules tumorales. gros, l’adénocarcinome repré- Donc, qu’en est-il Aujourd’hui, nous savons Tous les patients accueillis en sente 45 à 50% des cancers pour les autres pa- fabriquer ces anticorps qui Lorraine bénéficient d’une pulmonaires et, dans cette tients ? sont injectés au patient pour étude de leur tumeur pour catégorie, seulement 10% J-M. Vignaud : Chimiothé- stimuler les lymphocytes T et savoir s’ils ont des anomalies seront concernés par une rapie, radiothérapie sont les leur redonner de la vigueur. répertoriées permettant la mutation génétique. D’autres traitements standards et, dé- C. Clément Duchêne : Au prescription de ces nouvelles anomalies ne concernent que sormais, depuis peu, l’immu- bout de 4 ou 5 injections classes de traitement. D’où 8 9
Tumeurs ORL : Urologues, oncologues : l’axe franco-italien jamais toi sans moi passe par Nancy S i la gravité des cancers est un fait, l’évolution des thérapies ces dernières décennies et le développement de L la pluridisciplinarité ont permis une a première, chirurgien cervico facial, a amélioration très significative de la prise quitté l’Italie pour échapper au machisme en charge des patients. Que ce soit en professionnel ambiant. Elle exerce depuis chirurgie, en radiothérapie ou en oncologie médicale, une dizaine d’années à l’ICL où elle dirige les traitements standards ou innovants progressent. le service ORL. La seconde, chirurgien-den- En témoignent, urologues et oncologues qui, en tiste spécialisée en chirurgie orale, est responsable du relation étroite, s’interrogent en permanence sur la service dentaire au CHRU sur le site de Brabois. Elles façon d’optimiser les chances de rémission complète travaillent ensemble à la prise en charge des patients des patients, comme l’expliquent Pascal Eschwège, atteints de tumeurs ORL, ce qui impose souvent une ex- chirurgien urologue au CHRU et Lionel Geoffrois, traction dentaire avant traitement. Elles s’investissent oncologue médical à l’ICL. Pascal Eschwège Lionel Geoffrois toutes deux dans la recherche sur les cancers des Voies p.eschwege@chru-nancy.fr l.geoffrois@nancy.unicancer.fr Aéro Digestives Supérieures (VADS) qui englobent la bouche, le pharynx et le larynx. L’une, Romina Mastro- P. Eschwège : « Ce qui est important c’est que le cas du malade la chaleur ou par le froid. De même, la radiothérapie avec le nicola, travaille sur les cellules Tumorales Circulantes est discuté de façon globale dans la RCP ainsi que la possibilité Cyberknife® est aussi un mode alternatif de prise en charge de (CTC) et l’autre, Julie Guillet, sur les cancers induits par pour lui d’intégrer des protocoles de recherche. Les patients ce type de tumeurs. le papillomavirus humain. Explications. bénéficient aujourd’hui des innovations passées expérimentées L. Geoffrois : En onco-urologie l’utilisation des thérapies ci- Julie Guillet j.guillet@chru-nancy.fr Romina Mastronicola r.mastronicola@nancy.unicancer.fr par des patients volontaires pour des essais cliniques à leur blées est particulièrement développée dans le traitement des époque. Pour moi, c’est une ligne directrice humaniste. S’impli- tumeurs rénales. Certaines comme les anti-angiogéniques et les J. Guillet : « Je travaille sur les carcinomes épidermoïdes de la cavité buccale et de l’oropharynx induits par le papillomavirus R. Mastronicola : Les Cellules Tumorales Circulantes se détachent de la tumeur et circulent dans le sang souvent au quer dans la continuité des soins, au-delà de soi, est aussi une contribution à la multidisciplinarité. inhibiteurs de m-TOR sont utilisées en routine. Pas moins de 7 molécules ont actuellement une indication thérapeutique pour 11 humain (HPV), virus connu pour être responsable des cancers moment de la chirurgie. Elles peuvent donner naissance à une L. Geoffrois : La recherche fondamentale a permis de mieux ces tumeurs en situation de maladie métastatique. La question du col utérin. Il y a une dizaine d’années, il a été montré que métastase ou être détruites par le système immunitaire. La comprendre les mécanismes de développement et de régula- de l’utilisation des anti-angiogéniques en traitement adjuvant certaines tumeurs des amygdales chez des hommes jeunes, ne métastase est la naissance du même cancer dans une autre tion tumorale. Parallèlement, depuis 20 à 30 ans, la recherche post-opératoire des tumeurs rénales fait l’objet actuellement fumant ni ne buvant, relevait de cette infection virale. Cela s’ex- partie du corps, à la différence d’une récidive qui est le redé- clinique s’est structurée et développée.Aujourd’hui, nous consi- de débats scientifiques « passionnés ». pliquerait, entres autres, parce qu’il s’agit de la même muqueuse marrage du cancer au même endroit. dérons que l’oncologie médicale est en pleine mutation. Nous P. Eschwège : En cancérologie prostatique, la chirurgie reste dans les deux zones :VADS et col de l’utérus. Je mène actuelle- Ma recherche s’est focalisée sur l’avant, pendant et l’après prenons en charge les tumeurs rénales, les tumeurs urothéliales d’actualité surtout en combinaison avec la radiothérapie qui a ment une étude baptisée PAPILLOR sur 165 femmes porteuses geste chirurgical sur le carcinome épidermoïde des VADS. Elle (vessie et haut appareil), les tumeurs de prostate, ces 3 types très fortement progressé quantitativement et qualitativement. d’une lésion cancéreuse ou pré-cancéreuse du col de l’utérus. entre dans le cadre des études phénotypiques du patient pour étant concernés par les innovations, et les tumeurs testiculaires. Les traitements mini-invasifs (cryothérapie, thérapie focale,…) Elles sont recrutées à l’ICL et à la Maternité du CHRU. Nous trouver des marqueurs prédictifs de métastase. Nous avons sont toujours en évaluation. Beaucoup d’avancées ont été réa- cherchons à savoir si ces patientes infectées par HPV au niveau mis en évidence des CTC avant même l’acte chirurgical, dé- Sur quoi portent les innovations en urologie ? lisées sur les traitements métastatiques de la prostate. Une foi- génital, le sont également au niveau oral. Si oui, est-ce par le montrant ainsi qu’elles dépendent de la biologie moléculaire P. Eschwège : Pour le cancer de vessie, les innovations chirur- son de molécules surgissent dont nous ne savons pas encore même type de virus (le virus connaît plus de 120 déclinaisons de la tumeur. Notre but est de pouvoir mettre au point, dans gicales sont surtout portées par les thérapies mini invasives ou très bien dans quel ordre les donner. possibles) et, est-ce que leur système immunitaire va les proté- l’avenir, des traitements ciblés par chimiothérapie, administrés par les protocoles de récupération rapide. La mortalité liée à ce ger ou pas ? Nous connaissons actuellement assez mal l’histoire en même temps que la chirurgie, afin de détruire les CTC L. Geoffrois : L’hormonothérapie est utilisée depuis très long- cancer, en maladie locale invasive, traité par chirurgie, est la même naturelle de l’infection par HPV au niveau des VADS... avant même qu’elles ne circulent. Nous n’en sommes qu’au temps dans le cancer de prostate qui est hormonodépendant qu’il y a 30 ans ! Les progrès viendront donc du dépistage, de la début et les protocoles ne sont pas standardisés. Nous avons (sensible à la testostérone). Le problème est lié à l’apparition prise en charge précoce ou de la révolution médicale en cours. Mener une étude sur des femmes alors que également trouvé, pour le première fois, des marqueurs du possible de contingents tumoraux dits « hormonorésistants ». L. Geoffrois : Au cœur de l’innovation, les thérapies ciblées qui Des molécules, dites de seconde génération, actives dans ces ce sont les hommes qui transmettent le virus ? carcinome épidermoïde des VADS. Cela devrait nous per- inhibent certaines voies de signalisation et de prolifération des J. Guillet : Parce que je pose comme hypothèse que les femmes mettre, à terme, d’en améliorer la prise en charge, à condition situations, sont utilisées de plus en plus précocement dans la cellules tumorales ou de l’environnement tumoral. Cela concerne prise en charge de la pathologie prostatique et en combinaison contaminées retransmettent les HPV aux hommes, notamment de monter un essai clinique autour d’une chimiothérapie spé- particulièrement les tumeurs rénales (antiangiogéniques) et les par les pratiques sexuelles. C’est pourquoi les participantes cifique créée par les oncologues de l’ICL. avec d’autres thérapies. tumeurs de prostate (hormonothérapies de nouvelle génération). à PAPILLOR répondent à un questionnaire anonymisé sur le Puis, l’immunothérapie afin de restaurer une veille immunitaire, Et l’immunothérapie ? sujet, en espérant qu’elles le remplissent de façon honnête et Comment sont pris en charge ces cancers VADS défectueuse dans certaines situations tumorales (tumeurs rénales P. Eschwège : Le cancer évolue dans notre organisme capable de décomplexée. Des résultats probants devraient se dégager de habituellement ? et tumeurs urothéliales) se défendre contre les cellules cancéreuses. Nous en avons tous cette étude inédite en France d’ici 36 mois. En tout cas, cela R. Mastronicola : Cela varie en fonction de la localisation de P. Eschwège : La chirurgie a beaucoup progressé du côté de et notre système immunitaire nous en protège astucieusement. pose aussi la question du taux de vaccination contre le HPV la tumeur : chirurgie seule, radiothérapie seule, radio-chimio l’épargne du rein (néphrectomie partielle coelio-robot assistée). L. Geoffrois : En onco-urologie l’immunothérapie est utilisée en en France, bien plus faible que dans d’autres pays européens thérapie seule ou les 3 combinés. Ce sont des traitements Faire en sorte de n’enlever que la partie malade donne de bons routine dans le traitement des tumeurs rénales métastatiques où les garçons aussi sont vaccinés, contrairement à chez nous ! très lourds qui touchent le visage. C’est pourquoi nous avons 4279, Inserm/U190 résultats. La chirurgie n’est pas le seul recours, il y a aussi dans et pourra l’être, sous peu, dans le traitement des tumeurs uro- mis en place un parcours patient spécifique et accompagnant ce contexte, les traitements ablatifs (adiofréquence, cryothéra- Romina Mastronicola, ce qui vous intéresse, à l’ICL. » théliales métastatiques. De nombreux protocoles de recherche vous, ce sont les CTC des cancers VADS ? pie) effectués avec des aiguilles qui détruisent la tumeur par s’intéressent à sa place en onco-urologie. » 10
La force des thérapies associées contre les cancers digestifs D es techniques chirurgicales qui évoluent, coordination de protocoles nationaux ou internationaux. une mortalité opératoire qui régresse, Dans la RCP digestif, ICL et CHRU se sont investis dans des traitements combinés plus fréquents l’optimisation des stratégies thérapeutiques. Les cancers qui entrainent de nouvelles stratégies digestifs, maladies très complexes et multifactorielles, thérapeutiques et des parcours de soin concernent tout le tube digestif, le pancréas, le foie et les plus performants : ces dernières années, la prise en voies biliaires. Le point avec Thierry Conroy, oncologue charge des cancers digestifs a avancé dans le monde. spécialisé dans les tumeurs digestives à l’ICL dont il Des progrès liés aux nombreuses études cliniques assure aussi la direction et Ahmet Ayav, chirurgien d’envergure portées par des programmes de recherche dans le service de chirurgie digestive, hépatobiliaire et internationaux auxquels Nancy contribue à un haut cancérologique du CHRU, et président de la Fédération niveau en incluant de nombreux patients ou en portant la de cancérologie du CHRU. Thierry Conroy Ahmet Ayav a.ayav@chru-nancy.fr T. Conroy : « Les RCP ont débuté localement au Centre, puis avec le CHU en hématologie dès les années 80 et en cancérologie La génétique tumorale est-elle une piste de recherche ? digestive en 1993, bien avant qu’elles ne deviennent une obligation du Plan Cancer en 2005. Je pense que nous avons été parmi T. Conroy : Il y a en gros 2 types de cancers : ceux qui ont une seule mutation fondatrice (dite driver) sur lesquels la thérapie les premiers, si ce n’est les premiers en France, à mettre en place, entre ICL et CHRU, des RCP que l’on appelait à l’époque les ciblée va avoir des résultats exceptionnels et durables. Le seul exemple dans les cancers digestifs est celui des tumeurs stromales CCP (Comités de Concertation Pluridisciplinaires). métastatiques. A l’inverse, la plupart des cellules des cancers digestifs possèdent des milliers de mutations. Plus une tumeur gros- A. Ayav : À Nancy, toutes les RCP dans toutes les spécialités oncologiques sont communes, c’est une originalité de la région. Elles sit, plus le risque métastatique augmente, plus elle acquiert de mutations. Ainsi, aux 10 à 15 mutations « drivers » d’une tumeur respectent un format d’organisation et des étapes cadrées qui s’appliquent à la totalité des patients atteints d’un cancer digestif. du pancréas ou du côlon, il vient s’ajouter quantité de mutations embarquées ou « passengers ». En ce cas, la thérapie ciblée peut Nous y discutons du traitement et des possibilités d’inclusion dans des protocoles thérapeutiques, une obligation depuis le Plan être efficace mais peu de temps car des résistances apparaissent comme, par exemple, pour des cancers du foie. Dans certaines Cancer 3. Cela nous a permis de nous structurer. Par exemple, un des points forts de la RCP digestif, c’est la relecture la veille formes de cancers du côlon, l’immunothérapie donne des résultats prometteurs. La question se pose de savoir s’il y a intérêt à de la réunion de l’ensemble des dossiers d’imagerie réalisée au CHRU, ce qui a considérablement amélioré la qualité des soins. l’associer à une chimiothérapie ou une thérapie ciblée. Dans quels programmes de recherche ICL et CHRU sont-ils impliqués ? Qu’en est-il de la chimio-radiothérapie ? T. Conroy : Nous participons, entre autres, au partenariat baptisé PRODIGE, porté par UNICANCER et la Fédération Franco- T. Conroy : La chimio-radiothérapie s’est imposée pour certaines tumeurs, soit adossée à d’autres traitements, soit de manière phone de Cancérologie Digestive (FFCD) depuis 2006, en coopération avec le GERCOR (Groupe Coopérateur Multidisciplinaire exclusive. Ainsi 70% des patients atteints d’une tumeur anale seront mis en rémission complète et définitive. Dans les 20 der- en Oncologie). Soit en tant que coordinateurs, soit en tant que centres d’inclusion majeurs, nous avons fait changer ensemble nières années, il a été montré que la chimio-radiothérapie exclusive des cancers de l’œsophage pouvait guérir environ 30% des trois ou quatre standards mondiaux en cancérologie digestive. Grâce aux RCP communes, nous avons été le 1er centre français patients. Avec le protocole de recherche, FOLFOX (PRODIGE5), nous voulions améliorer le standard international. Comme en inclusion de patients dans un protocole de la FFCD, qui a prouvé que la radiochimiothérapie était le nouveau standard des nous l’avons seulement égalé, en survie comme en qualité de vie, nous avons pu proposer une nouvelle option de prise en charge grosses tumeurs du rectum, puis au 3e rang national pour établir le standard international de chimiothérapie périopératoire faisable en hôpital de jour plutôt qu’en hospitalisation complète. Donc, pour le patient et pour la société, c’est un réel progrès. du cancer de l’estomac. Nous venons également de terminer PRODIGE 23, qui a vu l’inclusion de près de 500 patients, pour essayer de démontrer qu’une chimiothérapie intensive, avant la radio-chimiothérapie préopératoire et la chirurgie, réduit le La chirurgie des cancers digestifs reste invalidante ? risque de métastases. Résultats attendus d’ici 2 à 3 ans. ICL et CHRU font partie du groupe GRECCAR (Groupe de REcherche A. Ayav : En fait cela dépend des cancers. Certains imposent des chirurgies lourdes, par exemple, pour le rectum ou l’anus qui Chirurgical sur le CAncer du Rectum), avec pour résultats impliquent une ablation complète et donc la pose d’un anus artificiel définitif. Mais aujourd’hui, entre professionnels une partie notamment une publication « Ensemble, nous avons fait changer récente dans la revue médicale des discussions sur la stratégie thérapeutique la plus adaptée consiste à s’interroger sur les traitements combinés pour prendre internationale The Lancet. trois ou quatre standards mondiaux en charge les patients sans perte de chance tout en respectant la continuité digestive. Cette chirurgie conservatrice doit tou- A. Ayav : Il est clair qu’il n’y a en cancérologie digestive. » pas de révolution spectaculaire jours être discutée et proposée pas nos équipes chirurgicales expérimentées sans compromettre le pronostic. depuis quelques années. Pas de thérapie « miracle », mais plutôt l’association de plusieurs modalités de traitement, comme, par exemple, la chimiothérapie, la radiothérapie, la radiologie Qu’en est-il pour le cancer du pancréas ? interventionnelle et la chirurgie, ou, voire même, dans certains cas très sélectionnés, la suppression totale de toute chirurgie. T. Conroy : C’est un sujet de recherche en pointe à Nancy. Le protocole FOLFIRINOX, que nous avons mis en place et Autant de pistes pour essayer de faire mieux dans la prise en charge de tous les cancers digestifs. Notre objectif, c’est la survie validé, s’est imposé comme le traitement de référence mondial, toujours d’actualité, dans le cancer métastatique du pancréas. des patients sans récidive. Dans certaines pathologies, nos efforts permettent aussi aux patients de gagner en confort de vie ou, Aujourd’hui, il est appliqué comme traitement pré opératoire dans une étude baptisée PANACHE, coordonnée par le CHU plus exactement, de préserver leur qualité de vie, et c’est essentiel. de Rouen, et dans une étude que nous coordonnons, PANDAS, études dans lesquelles CHRU/ ICL incluent des patients. Il est possible que certaines formes du cancer du pancréas soient liées à une mutation déjà connue en matière de prédisposition au Cancer du pancréas, Inserm/Iovanna, Juan cancer du sein et de l’ovaire (BRCA). Il existe maintenant des médicaments, les inhibiteurs de PARP, qui détruisent spécifique- ment les cellules mutées. Ces médicaments, prescrit en traitement d’entretien depuis 2016, ont fait la preuve d’une amélioration de la survie lors d’une chirurgie de l’ovaire suivie d’une chimiothérapie. C’est aussi un espoir pour certaines formes familiales 12 de cancers du pancréas. » 13
Lutter contre le Tumeurs rares : « mauvais sang » leur histoire s’écrit aussi à Nancy L L ’oncohématologie concerne des tumeurs es tumeurs rares constituent un domaine liquides, les leucémies, ainsi que des cancers particulièrement multidisciplinaire en oncologie des ganglions, les lymphomes. La recherche avec la RCP en point stratégique où se croisent fondamentale s’intéresse à une meilleure les expertises. Nancy a été pionnière dans cette caractérisation des cancers de certains globules organisation autour des sarcomes des tissus mous et blancs comme la Leucémie Lymphoïde Chronique des os participant très activement à la structuration (LLC), le myélome et la Maladie de Waldenström. des 3 réseaux nationaux de référence : NetSarc (tissus Au CHRU, le service d’hématologie compte une mous), ResOs (os) et RRePS (anatomopathologie). Ils quinzaine de médecins impliqués dans la recherche sont relayés par des centres coordonnateurs (Paris, clinique sur les innovations médicamenteuses contre Bordeaux et Lyon) puis par des centres experts dont ces « cancers du sang » (expression populaire, non Nancy. La RCP lorraine, adossée au réseau Oncolor, scientifique). Pierre Feugier, chef du service et est également interrégionale incluant Besançon, Aurore Perrot, qui supervise les essais cliniques dans Dijon, Strasbourg. Elle est coordonnée par Maria Rios, le myélome multiple (maladie de la moelle osseuse), oncologue à l’ICL et François Sirveaux, orthopédiste évoquent les nouvelles stratégies thérapeutiques en traumatologue au Centre chirurgical Emile Gallé du Pierre Feugier Aurore Perrot oncohématologie. CHRU. Membres du Groupe Sarcome Français, ils p.feugier@chru-nancy.fr au.perrot@chru-nancy.fr encouragent l’accès des patients aux essais cliniques P. Feugier : « Nancy est un centre impor- plus particulièrement aux mécanismes cel- en diminuant les doses de chimiothérapie lors des RCP consacrés aux cancers rares. François Sirveaux Maria Rios f.sirveaux@chru-nancy.fr m.rios@nancy.unicancer.fr tant d’inclusion de patients dans les études lulaires oncogéniques. Aujourd’hui, nous classique. Nous voulons que les thérapies 15 cliniques en oncohématologie. D’abord, guérissons les trois quarts des patients immunologiques puissent permettre de M. Rios : « La RCP est le maillon essentiel pour être un centre réaliser un guide sur mesure qui, fixé comme un patron en parce que nous les proposons à un maxi- atteints de la maladie de Hodgkin, un lym- diminuer le nombre de séances de chimio- expert. Nous devons remplir toute une série de missions dont couture, permet une intervention et une reconstruction très mum de patients. Ensuite, parce que nous phome qui touche essentiellement les thérapie avec, au moins, le même résultat, celle de contribuer aux programmes de recherche. Nous ren- précises. C’est une technique innovante qui n’est pas encore avons une consultation avancée dans 7 villes ganglions du cou, des aisselles et de l’aine. voire un meilleur. dons des comptes sur notre activité pour garder le label INCa. pratiquée en routine parce qu’elle doit être évaluée médicale- de la région permettant d’avoir un recrute- Mais, effectivement, en fonction des patho- F. Sirveaux : Comme centre de référence des tumeurs des tis- ment et économiquement. Il y a aussi les questions autour des ment conséquent. logies nous partons de plus ou moins loin. Pour l’avenir sur quoi êtes-vous sus mous et des os, nous collectons les données des patients traitements post chirurgie. Nous avons participé à une étude A. Perrot : La recherche clinique a permis Nous visons aussi la désescalade thérapeu- le plus optimiste ? que nous traitons, les enregistrons dans les bases nationales dia- pour savoir s’il fallait, ou pas, faire de la radiothérapie pour les d’augmenter la survie dans de nombreuses tique pour rendre les thérapies les moins P. Feugier : Il y a tout ce qui concerne l’amé- gnostique, médicale et chirurgicale qui nous permettent d’être cas les plus favorables où la chirurgie était complète. L’inclusion maladies du sang. Par exemple, le myélome toxiques possibles. lioration de la qualité de vie des patients en associés aux recherches en cours. est terminée et nous sommes en phase de suivi pour observer est devenu, dans certains cas, une maladie réduisant les séjours à l’hôpital par l’ambu- M. Rios : Notre volonté commune c’est que les malades soient les taux de récidive à 4 ou 5 ans. Enfin, nous avons un protocole, chronique. Un de nos patients en est à son À quelles études contribue latoire et par le traitement à domicile. intégrés dans ces réseaux d’experts le plus précocement pos- mené par l’équipe de l’imagerie Guilloz du CHRU, sur l’intérêt 14e traitement différent ! Typiquement, il a Nancy actuellement ? A. Perrot : Depuis plus d’un an, autour sible, pour que la discussion des cas soit la plus anticipée pos- du scanner dans la surveillance des prothèses avec suppression eu accès à des médicaments en essais cli- A. Perrot : FIRST, une étude internationale de Nancy, l’administration d’un traitement sible, même avant la confirmation diagnostique. Ce qui permet des artefacts métalliques. niques dont certains n’ont pas été com- sur le myélome multiple a étudié le trai- majeur contre le myélome par un infirmier de les orienter au mieux vers les traitements standards ou la mercialisés, mais lui en a bénéficié pendant tement de première ligne des patients les à domicile évite aux patients deux dépla- recherche clinique. La recherche est constante ? quelques temps. plus âgés ne pouvant avoir une autogreffe. cements hebdomadaires à l’hôpital. Nous F. Sirveaux : Le constat clinique d’une tumeur rare est suivi La chimiothérapie orale, traitement de ré- voulons le développer en Lorraine en Quelles-sont les recherches sur le versant médical ? de l’analyse biologique qui affine le diagnostic. À partir de là La combinaison des thérapeu- férence, a été comparée avec un nouveau travaillant avec les différentes structures M. Rios : La particularité de ces sarcomes, c’est leur propen- des groupes de tumeurs rares ont été constitués, en s’appuyant tiques est-elle à l’ordre du jour traitement associé à une meilleure survie d’hospitalisation à domicile de la région. sion à donner, une fois sur deux, des évolutions métastatiques. sur des marqueurs, qui permettent de développer des thérapies de la recherche ? globale. L’Autorisation de Mise sur le Mar- Depuis plus de 20 ans, les chimiothérapies classiques restent ciblées et d’anticiper encore plus le diagnostic. C’est ce qui dé- A. Perrot : Les nouvelles thérapies ciblées ché en 1re ligne de ce nouveau traitement a Pas possible d’envisager du dé- encore le traitement de référence auquel sont comparées de clenche la recherche de nouveaux marqueurs pour référencer agissent sur les tumeurs par des biais dif- été accordée et nous pouvons désormais le pistage ? nouvelles thérapies. L’espoir, c’est le développement des théra- un nouveau groupe pour lequel de nouvelles thérapies ciblées férents. Un des axes de recherche est de prescrire car les procédures de négociation A. Perrot : Cela n’a pas lieu d’être au jour pies ciblées qui agissent, par exemple, sur une enzyme ou une vont être mises au point qui seront étudiées pour voir leur inci- Cytologie hématologique, Inserm/Cramer Bordé, Elisabeth voir comment les médicaments s’associent pour le remboursement en France sont d’aujourd’hui pour des maladies se pré- anomalie génétique spécifique. Il y a déjà des progrès en dia- dence, etc. C’est la recherche perpétuelle. entre eux, lesquels sont synergiques, les- enfin closes. sentant plutôt avec une évolution chro- gnostic et thérapeutique. Par exemple, pour les tumeurs grais- M. Rios : Une étude observationnelle est en place pour com- Inserm_59454, Leucémie lymphoïde chronique quels provoquent des effets indésirables, P. Feugier : RELEVANCE, une étude où nique. La question qui se poserait c’est : seuses, la biologie moléculaire permet de différencier une lésion piler tous les cas de cancers des os et des tissus mous afin etc. Les myélomes et les lymphomes sont Nancy est le plus gros centre français en que ferait-on des résultats ? Une chimio- bénigne, d’une lésion maligne. d’étudier nos pratiques et l’évolution de ces maladies. Nous les des maladies générales pour lesquelles la inclusions vise à savoir si la chimiothérapie thérapie préventive à quelqu’un qui se sent connaissons mieux et leur approche thérapeutique a déjà chan- chirurgie n’est pas possible et où la radio- peut être remplacée par des traitements bien, sans être sûr d’éviter une rechute ? Et sur le versant chirurgical ? gé. Cela nous permettra de définir et d’actualiser des règles de thérapie est peu utilisée car il faut générale- immunologiques en 1re ligne. Je suis égale- Ce n’est pas envisageable à l’heure actuelle. F. Sirveaux : Elles concernent les techniques.Actuellement, dans bonnes pratiques pour l’avenir. Nous sommes en train d’écrire ment traiter le corps entier. ment un des coordonnateurs d’une étude Mais les choses changeront peut-être à le cadre d’un PHRC national baptisé MARGIC, nous imprimons l’histoire de ces pathologies. » P. Feugier : Les thérapies ciblées s’attaquent nationale sur la LLC visant à améliorer les l’avenir grâce à la recherche. » en 3D, à partir de l’imagerie, la tumeur et l’os du patient pour résultats grâce aux thérapies ciblées et 14
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