La tortue des bois dans la MRC d'Acton - Roxton Falls, décembre 2014
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Équipe de réalisation et partenaires Ce cahier est une adaptation du document original rédigé par le Groupement Agro-Forestier Lobinière-Mégantic inc. dans le cadre d’un projet de conservation volontaire de l’habitat de la tortue des bois de la rivière aux Pins, dans la municipalité d’Irlande. Les bailleurs de fonds officiels de cette version du cahier réalisée par la Corporation de développement de la rivière Noire (CDRN) sont la Fondation de la faune du Québec (FFQ), le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) et l’Organisme de bassin versant de la rivière Yamaska (OBV Yamaska). Version actuelle (CDRN et OBV Yamaska) Adaptation / rédaction : Andréane Lussier, biologiste Révision : Gaston Côté, technicien de la faune Laurise Dubé, présidente (CDRN) Colette St-Hilaire, secrétaire (CDRN) Version précédente : adaptation et révision (Corridor appalachien) Clément Robidoux, coordonnateur Version originale : recherche et rédaction (Groupement Agro-Forestier Lobinière-Mégantic inc) Mathieu Wéra-Bussière, technicien de la faune Virginie Hamel, technicienne de la faune La CDRN La Corporation de développement de la rivière Noire (CDRN) est née du comité de citoyens de la rivière Noire qui s’est formé en 1998. L’objectif était alors de revaloriser tout l’espace entourant les chutes au village de Roxton Falls et en redonner l’accès aux résidents. Depuis, la CDRN a étendu sa mission et est devenue un organisme de sous-bassin œuvrant dans MRC d’Acton. L’OBV Yamaska L'Organisme de bassin versant de la Yamaska (OBV Yamaska) est une table de concertation regroupant les différents intervenants du milieu afin de faire une gestion durable et intégrée de l'eau du bassin versant. L'OBV Yamaska est constitué en personne morale en vertu de la partie III de la Loi sur les compagnies comme organisme sans but lucratif (OSBL). ii
Table des matières Équipe de réalisation et partenaires……………………………………………… ii La CDRN…………………………………………………………………………….. ii L’OBV Yamaska…………………………………………………………………..… ii Introduction……………………………………………………………………….…. 4 Résumé du projet et ses objectifs…………………………………………….…… 4 1. L’importance de préserver l’habitat de la tortue des bois……………………. 5 1.1 Statut de l’espèce………………………………………………….……. 5 1.2. Son habitat…………………………………………………….………… 6 1.3. Sa distribution……………...……………………………..…………….. 7 2. Biologie et mœurs de la tortue des bois……………………………………….. 8 2.1. Origines…………………………………………………………………. 8 2.2. Caractéristiques de l’espèce…………………………………………. 8 2.3. Reproduction et longévité de la tortue des bois……………............ 10 2.4. Déplacement, comportement et alimentation……………………… 11 3. Les menaces…………………………………………………………………….. . 12 4. Les mesures de protection …..………………………………………………… 13 Conclusion………………………………………………………………………….. 14 Glossaire …………………………………………………………………………… 15 Notez vos observations!..............................…………………………………..… 16 Références bibliographiques……………………………………………………. 17 Liste des cartes et tableaux Tableau 1. Statuts des espèces fauniques (Ca, Qc)………………………….. 5 Carte 1. Occurrences des tortues des bois observées ………………………… 7 iii
Introduction Merci de prendre quelques minutes pour vous renseigner davantage sur l’importance de préserver l’habitat de la tortue des bois. Vous êtes propriétaire d’un territoire qui pourrait abriter une partie de l’habitat de la tortue des bois de la MRC d’Acton. La protection de la tortue des bois requiert une bonne compréhension de son habitat, de sa biologie, ainsi que des menaces auxquelles elle doit faire face. Vous pourrez utiliser ce document pour en découvrir davantage sur la tortue des bois et son habitat. Ce cahier a pour objectif d’expliquer pourquoi et comment protéger cette espèce, chacun chez soi. Il vous appartient et vous êtes complètement libre d’y ajouter vos commentaires et vos connaissances supplémentaires du territoire. Résumé du projet La tortue des bois est une espèce désignée vulnérable au Québec (2005) et menacée au Canada (COSEPAC, 2007). Un rapport de situation provinciale (Galois et Bonin, 1999) et fédérale (COSEPAC, 2007), ainsi qu’un plan de rétablissement provincial (Équipe de rétablissement des tortues du Québec, 2005) ont été produits et sont à la base du projet de protection de tortue des bois en milieu agricole initié par l’organisme de conservation Corridor appalachien. Le projet de protection de la tortue des bois auquel nous vous invitons à participer en découle directement. La phase I du projet mené par l’organisme Corridor appalachien consistait à élaborer une stratégie d’action pour la protection de la tortue des bois en milieu agricole incluant la documentation des pratiques agricoles favorables à la tortue des bois et le développement d’un réseau d’intervenants du milieu agricole. La deuxième phase de la stratégie d’action consistait à mettre en application les mesures d’atténuation (ex :.rehausse de la fauche du foin à au moins10 cm) et à créer un partenariat avec les producteurs exploitant des terres dans l’habitat de la tortue des bois. À la suite de la récente confirmation de la présence de la tortue des bois dans la MRC d’Acton lors d’un inventaire mené par l’OBV Yamaska, la CDRN et l’OBV Yamaska reprennent le flambeau et contribuent à la protection de cette espèce notamment en informant la population de sa présence par des conférences, des rencontres ainsi qu’en assurant un suivi chez les propriétaires concernés. «Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) est un comité composé de spécialistes, qui évalue et désigne les espèces sauvages qui risquent de disparaître du Canada.» (Gouv. Canada, 2014). Le statut attribué aux espèces a des impacts juridiques; le gouvernement possède l’obligation de les protéger en vertu des lois applicables. Pour consulter la loi sur les espèces en péril et la liste d’espèces en péril au Canada, rendez-vous au : http://www.cosewic.gc.ca/ 4
1. L’importance de préserver l’habitat de la tortue des bois Parmi tous les organismes vivant en milieu naturel, chacun et sans exception y trouve sa place et son utilité. La biodiversité est un réseau complexe d’êtres vivants qui assurent le fonctionnement des écosystèmes. Tous les biens et services écologiques qu’ils produisent et dont nous profitons (filtration de l’eau par le sol, rétention de l’eau de pluie, protection contre l’érosion, etc.) dépendent du maintien de la biodiversité. Lorsqu’une nouvelle espèce est menacée d’extinction, il s’agit d’un indicateur de la destruction de son habitat, le milieu naturel. Certes, nous pouvons exploiter les ressources que nous offre notre environnement, mais nous devons savoir jusqu’où chaque milieu peut le supporter sans disparaître complètement. Même si nous tendons à l’oublier, nous dépendons entièrement de la nature. Or, nous devons porter attention aux limites qu’expriment ces milieux naturels dont nous avons tant besoin. Les espèces en péril sont les baromètres des milieux naturels et nous devons les utiliser comme tels afin d’adapter nos pratiques pour habiter un endroit sans en détruire les composantes de façon irréversible. 1.1 Statut de l’espèce Au niveau fédéral, le comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a attribué à la tortue des bois en 2007 le statut d’espèce menacée. Au Québec, en mars 2005, elle a été désignée espèce vulnérable par le ministère de la Faune. Le gouvernement du Canada est soumis à la Loi sur les espèces en péril et le Québec est assujetti à la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune. Les deux paliers gouvernementaux sont donc dans l’obligation d’agir pour la protection de la tortue des bois. Les rencontres avec des propriétaires tels que vous s’inscrivent dans la liste des actions à entreprendre visant la protection de cette espèce. Tableau 1. Statuts des espèces fauniques au Canada et au Québec Provincial Fédéral • Menacée • Disparue Classification des • Vulnérable • Disparue du pays • Susceptible d’être • En voie de espèces désignée menacée disparition ou vulnérable • Menacée • Préoccupante • Données insuffisantes • Non en péril 5
1.2. Son habitat La tortue des bois semble avoir une préférence pour les rivières sinueuses constituées de plusieurs méandres à fond rocheux et sablonneux et d’une eau de bonne qualité. Cette tortue se trouve souvent en milieu humide : les ruisseaux, les étangs à castor, les marais, les tourbières, les marécages, les prairies humides et les lacs. Ces milieux sont les plus productifs de nos milieux naturels et ils favorisent la présence de formes de vie nombreuses et diversifiées. De plus, les milieux humides contribuent au bien-être de l’être humain par leur rôle de filtration de l’eau, ce qui nous procure une eau douce de qualité. Ils favorisent également le maintien de réservoirs d’eau potable, préviennent les inondations et régularisent le débit des cours d’eau. Figure a. Iris versicolore dans un marais En milieu terrestre ce sont les aulnaies qui constituent le principal groupement végétal utilisé par la tortue des bois, mais les sapinières, les bétulaies, les saulaies, les milieux agricoles, les érablières, les gravières et les clairières sont aussi fréquentés. Les peuplements favoris possèdent un recouvrement arborescent faible et un recouvrement arbustif modéré. La bande riveraine est le principal habitat fré- quenté par la tortue des bois, elle enveloppe une importante variété de végétaux et d’animaux. Elle Figure b. Aulnaie, bord de la rivière Le Renne (mai) constitue une zone de transition entre les milieux terrestres et aquatiques et assure la qualité de l’eau en agissant comme ceinture de protection en filtrant le phosphore. La bande riveraine fournit abri et nourriture à la tortue et diminue le réchauf- fement rapide de l’eau en créant de l’ombrage. L’aulne rugueux, le myrique baumier et les saules sont les principales espèces d’arbustes que l’on y retrouve. Leurs racines jouent un rôle de premier plan dans la protection des sols contre l’érosion. Ce type de milieu est très riche en termes de biodiversité. Si vous êtes propriétaire d’un tel milieu, vous êtes privilégié. Il vous offre la chance de faire l’observation et l’écoute d’une multitude d’espèces d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens et de reptiles qui fréquentent cette aire à un moment ou à un autre de leur période de vie. Figure c. Aulnaie, bord de la rivière Le Renne (juin) 6
Figure d. Inventaire de tortues des bois dans la MRC d’Acton, rivière Le Renne (mai 2013) 1.3. Sa distribution Dans la MRC d’Acton, nous avons confirmé la présence de la tortue serpentine (figure j) et de la tortue des bois (figures f et g, entre autres). Il existe peut-être d’autres espèces Saint-Théodore dans notre MRC, mais très peu d’inventaires Rivière Le Renne ont été réalisés à ce jour. L’expansion des centres urbains et Acton Vale l’intensification de l’agriculture provoquent la perturbation des milieux naturels et affectent Route 116 la qualité de vie de cette petite bête Sainte-Christine exceptionnelle. Dans tout le Québec, la Rang 1 répartition de la tortue des bois est irrégulière et est associée aux rivières sinueuses dont le fond est sablonneux et pierreux. Des inventaires ponctuels récents ont permis de constater la présence de populations de tortue Rivière Noire des bois dans une quinzaine de rivières en Outaouais, Mauricie, Montérégie, Estrie, Tortues des bois Lanaudière et Chaudière-Appalaches. Il existe 0 2.5 5.0km également plusieurs autres mentions isolées dans ces régions et quelques observations au Saguenay-Lac Saint-Jean et au Bas-Saint- Carte 1. Occurrences de tortues des bois dans la MRC d’Acton, .Laurent. rivière Le Renne, mai 2013 (source : OBV Yamaska) 7
Pas toujours facile à voir!! Figure e. Une tortue des bois se réchauffe au soleil, cachée sous quelques branches. 2. Biologie et mœurs de la tortue des bois 2.1. Origines Les premières tortues sont apparues à l’ère du Trias (il y a environ 300 millions d’années), certaines espèces ont donc précédé l’apparition de plusieurs dinosaures (TCF, 2002). La tortue des bois, quant à elle, se fait discrète à l’abri des regards depuis environ 175 millions d’années. Les tortues font partie d’un groupe de reptiles qui porte le nom de Testudines, qui compte plus de 300 espèces sur Terre et plus de la moitié d’entre elles sont malheureusement menacées. Il y a 48 espèces qui vivent en Amérique du Nord dont neuf au Québec. Sur les neufs espèces habitant au Québec (dont deux espèces marines), sept ont un degré de vulnérabilité préoccupant (MFFP, 2013). 2.2. Caractéristiques de l’espèce Son apparence la distingue bien des sept autres tortues d’eau douce présentes au Québec. Sa tête et le dessus de ses pattes sont noirs tandis que le cou et le reste de ses pattes sont d’une couleur orangée allant même jusqu’à rouge vif pour certains mâles au printemps. Sa carapace qui mesure en moyenne 20 cm de long est de couleur brunâtre et porte des anneaux de croissance qui sont produits annuellement. Ce phénomène donne aux écailles une apparence pyramidale. 8
Le plastron (la partie ventrale de la tortue) est concave chez le mâle et plat ou convexe chez la femelle. Les écailles du plastron sont jaunes et ornées de noires sur les coins externes. Cette tortue démontre des caractères qui la relient à son mode de vie semi terrestre; ses pattes ne sont pas palmées et sont munies de fortes griffes. Sa taille maximale est de 24 cm et on la reconnaît assez rapidement par la couleur orange vif sur la face intérieure de ses pattes et sous son cou. Figures f et g. Une tortue des bois mâle adulte observée lors de l’inventaire sur la rivière Le Renne (on note que c’est un mâle car son plastron est concave, figure de droite) Figure h. Une tortue des bois se cache sous sa carapace Figure i. Une jeune tortue des bois 9
Attention ! Ceci est une tortue serpentine ! Ne pas confondre ! Ceci n’est PAS une La tortue serpentine est l’autre espèce de tortue qui a été observée dans la tortue des bois ! MRC d’Acton. La photo ici sert à vous permettre de différencier les deux, afin de ne pas vous tromper. La tortue serpentine est de couleur brune ou grise avec un peu de beige. Elle possède des pattes massives et une longue queue surmontée de petites crêtes, ce qui lui donne un air préhistorique. Elle possède la réputation de mordre si on essaie de la toucher. Sinon, comme les autres tortues, elle est plutôt craintive et cherche à se cacher. Elle est plus grosse que la tortue des bois et peut mesurer jusqu’à 32 cm. Figure j. Une tortue serpentine dans la rivière Le Renne 2.3. Reproduction et longévité de la tortue des bois L’accouplement survient plus souvent au printemps et à l’automne, mais se prolonge tout au long de cette période (au Québec : entre avril et novembre). L’accouplement se fait pratiquement toujours dans l’eau et dure en moyenne entre une et douze heures. En général, la période de ponte au Québec se situe vers la mi-juin. La femelle pond généralement en début ou en fin de journée. Elle ne pond qu’une seule fois (3 à 20 œufs) par année et ne pond pas obligatoirement à chaque année. Ces individus démontrent une fidélité aux sites de ponte. Le site choisi par les tortues est habituellement situé à proximité d’un cours d’eau et est exposé au soleil. Le substrat est souvent composé de sable, de gravier humide bien drainé et dépourvu de végétation excessive. Le site de ponte ne doit surtout pas être sujet aux inondations! La femelle prend environ deux heures pour trouver le bon emplacement, creuser son nid et y déposer onze œufs (en moyenne). Elle les recouvre du substrat en place, généralement du sable et lègue le reste du travail au soleil. La durée de l’incubation est influencée par différents facteurs environnementaux dont la température et l’humidité. La période d’incubation peut donc varier de 60 à 114 jours! Les jeunes tortues des bois qui émergeront de la terre ne seront pas plus grosses qu’une pièce de deux dollars et se dirigeront vers le cours d’eau le plus près pour y passer la première année de leur vie. Elles deviendront matures sexuellement entre 14 et 18 ans. Seulement 1% des jeunes atteindront cet âge et vivront en moyenne jusqu’à 30 ans. En Figure k. Accouplement de tortue captivité, un individu a déjà vécu jusqu’à l’âge de 58 ans. des bois 10
2.4. Déplacement, comportement et alimentation Le cycle vital de la tortue des bois se divise en deux parties, soit la période active et la période d’hibernation. Les individus passent l’hiver en état de torpeur au fond de l’eau. Selon la latitude à laquelle elle se trouve, cette période peut représenter jusqu’à la moitié de l’année (d’octobre à avril). La tortue des bois passe l’hiver sous l’eau à une profondeur variant de 0,3 m à 1,8 m. L’espèce peut parfois hiberner en groupe (des observations de groupe allant de 5 à 70 individus ont été recensés). Dès la fonte des neiges, elle émerge de son sommeil et retourne s’exposer au soleil sur les berges de la rivière. La recherche de nourriture est à l’origine de la majorité de ses déplacements au cours de l’été. La migration vers les sites de ponte via les cours d’eau peut prendre de 2 à 14 jours. L’été, un individu peut s’éloigner jusqu’à 200 m de la rivière et, en fonction de la densité de la population, il peut parcourir les voies d’eau sur une distance de 3 km. Cette espèce est considérée comme étant la plus terrestre de nos tortues, bien qu’elle ait besoin du milieu aquatique pour s’accoupler, hiberner et s’alimenter. La tortue des bois est une espèce diurne et elle est poïkilotherme, c’est-à-dire que sa température corpo- relle varie en fonction du milieu; elle est incapable de Figure l. Tortues des bois sous l’eau réguler sa température seule, comme le font les mammifères, par exemple. Cette caractéristique a donc une influence sur son comportement puisqu'elle l'oblige à s'adapter aux diverses conditions extérieures pour régulariser sa température corporelle en s’exposant au soleil pour se réchauffer ou en se réfugiant dans l’eau pour se refroidir. Les peuplements d’arbres et d’arbustes qui laissent pénétrer la lumière du soleil au sol permettent une meilleure thermorégulation et sont donc favorables à l’espèce (Desroches et Rodrigue, 2004). La tortue des bois est omnivore opportuniste et se nourrit entre autres de poissons morts, de têtards, de larve d’insectes, de champignons, de pousses de jeunes plantes et d’algues. Occasionnellement, elle mange des nouveaux-nés de souris, des œufs et des oisillons d’espèces d’oiseaux qui nichent au sol. Plusieurs tortues des bois ayant été observées lors de l’inventaire de 2013 sur la rivière Le Renne présentaient des mutilations aux pattes et à la queue, résultats d’accidents ou d’attaques de prédateurs. Figure m. Tortue des bois avec une patte mutilée 11
3. Les menaces Les principaux prédateurs de cette espèce sont le raton laveur (Procyon lotor), la moufette rayée (Mephitis mephitis), la corneille d’Amérique (Corvus brachyrhynchos), le goéland (Larus sp.), la tortue serpentine (Chelydra serpentina) et les gros poissons. Cette prédation est un phénomène naturel, mais peut être une menace lorsqu’elle est excessive. Les principales menaces pesant sur ce petit animal sont : la mortalité causée par la circulation routière (écrasement par les véhicules) les blessures occasionnées par la machinerie lourde en milieu forestier et agricole (ex : se faire faucher) la perturbation et destruction de son habitat par les activités humaines la collecte illégale de ce reptile; elles sont particulièrement vulnérables sur leur site de ponte. Plusieurs études et observations démontrent qu’une des causes principales de mortalité chez la tortue des bois, en milieu agricole, est la mutilation par les faucheuses utilisées pour la coupe du foin et dans l’entretien des prairies. Les faucheuses à disques ajustées pour faire la coupe du foin à 5 cm (2 pouces) de hauteur heurtent les tortues des bois qui s’aventurent parfois jusqu’à 300 m de la rive des rivières ou des cours d’eau. La fauche du foin et des prairies à 10 cm (4 pouces) et plus de hauteur augmente de façon importante les chances de survie des tortues des bois! Figure n. Tortue des bois en milieu agricole, MRC d’Acton 12
4. Les mesures de protection Afin de protéger adéquatement les tortues des bois, il est essentiel d’ajuster les pratiques agricoles ou de contrôle de la végétation, là où l’espèce est présente. Étant donné les nombreux déplacements estivaux réalisés par cette espèce, une zone de protection doit être établie. Zone de protection À partir de l’emplacement d’une aire d’utilisation ou de présence de tortue des bois, ou de l’emplacement de plusieurs aires d’utilisation de cette espèce, le périmètre est établi en milieu terrestre à 200 m de part et d’autre du cours d’eau utilisé par la tortue et sur une distance riveraine de 3 km de part et d’autre de la localisation de tortue, soit 3 km en amont et 3 km en aval de celle-ci. Mesure de protection en milieu agricole En milieu agricole, la mesure de protection la plus efficace pour protéger la tortue des bois à l’intérieur de cette zone est d’effectuer la fauche du foin et des prairies à une hauteur minimale de 10 cm (4 pouces). À cette hauteur, les lames des faucheuses ne heurtent habituellement pas les tortues des bois. Notez qu’en milieu forestier, des mesures de protection distinctes s’appliquent (Gouv. du Qc, 2002). Voici d’autres conseils qui vous permettent d’aider la tortue des bois à survivre sur les rives de la rivière Le Renne : 1. Conserver une bande riveraine à l’état naturel. La végétation de la bande riveraine est un habitat qui revêt une importance cruciale pour la survie de la tortue des bois. De plus, la bande riveraine aide à protéger la qualité de l’eau par son rôle de filtration du phosphore. 2. Ne pas les toucher! Ce sont des animaux craintifs et très vulnérables, évitez tout contact avec ces tortues. Notez que les professionnels qui ont manipulé ces animaux sur la rivière Le Renne lors de l’inventaire ont préalablement obtenu un permis pour ce faire et ils ont été formés dans ce but. 3. Préserver les aulnaies, un habitat que les tortues des bois affectionnent particulièrement! 4. Ne pas accumuler des déchets organiques près de la bande riveraine permet de ne pas attirer les prédateurs de la tortue des bois. 13
Conclusion Vous savez maintenant que vous être propriétaire d’un milieu important pour la faune et la biodiversité de notre région. Votre participation est donc très précieuse pour le succès du projet, car elle contribuera au rétablissement de la tortue des bois. La conservation des espèces permet de protéger adéquatement nos écosystèmes. À long terme, ce sont aussi vos enfants et vos petits- enfants qui profiteront d’écosystèmes fonctionnels et de tous les biens et services qu’ils nous procurent. La protection des écosystèmes est primordiale, n’oublions pas qu’ils sont à l’origine de la vie, incluant la nôtre! Merci!!! Figure o. Une (très) jeune tortue des bois, rivière Le Renne (2013) Ce projet a été réalisé en vertu du volet 4 du programme Prime-Vert 2013-2018 et il a bénéficié d'une aide financière du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation 14
GLOSSAIRE Amont : côté d’où vient le courant dans un cours d’eau. Aulnaie : lieu peuplé d’aulnes. Aval : côté vers lequel descend un cours d’eau. Bande riveraine : zone en milieu terrestre qui borde un cours d’eau. Bétulaie : lieu peuplé de bouleaux. Biodiversité : variété des espèces vivantes. Diurne : signifie’’ pendant le jour’’. Friche : terre abandonnée après avoir été cultivée, sans prévision de remise en valeur, recouverte d'une végétation spontanée à dominante herbacée. Inéquien : peuplement constitué d'essences d'arbres de différents âges. Halieutique : art de la pêche, science de la pêche. Hiberner : passer l’hiver en sommeil, en inactivité. Méandre : sinuosité d’un cours d’eau. Poïkilotherme (ectotherme): se dit des animaux dont la température varie avec celle du milieu. Prairie : formation végétale herbeuse, dépourvue d'arbres, pour la production agricole ou non. Statut menacée (au Canada) : Espèce sauvage susceptible de devenir « en voie de disparition » si rien n’est fait pour contrer les facteurs menaçant de la faire disparaître. Statut préoccupante : toute espèce qui est préoccupante en raison de caractéristiques qui la rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels. Statut vulnérable (au Québec) : espèce en voie de disparition si les facteurs limitants auxquels elle est exposée ne sont pas inversés. Thermorégulation : fonction assurant la constance de la température du corps. Torpeur : état d’inertie, de léthargie. Ralentissement du métabolisme d’un organisme vivant. Saulaie : lieu peuplé de saules. 15
Notez vos observations! Et faites-nous en part : biologiste.cdrn@riviere-noire.org Date Observation / description À quel endroit? Photo (Oui/Non) 16
Références bibliographiques BIDER, R. et S. MATTE, 1994. Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec. Société d’histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent et ministère de l’Environnement et de la Faune du Québec, Direction de la faune et des habitats. 106 p. COSEPAC. 2007. Évaluation et rapport de situation sur la Tortue des bois (Glyptemys insculpta) au Canada–Mise à jour. Comité situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vii + 47 p. DESROCHES J-F. et RODRIGUE D. 2004. Amphibiens et reptiles du Québec et des Maritimes. Édition Michel Quintin, 288 p. ÉQUIPE DE RÉTABLISSEMENT DES TORTUES DU QUÉBEC. 2005. Plan de rétablissement de cinq espèces de tortues au Québec pour les années 2005 à 2010 : la tortue des bois (Glyptemys insculpta), la tortue géographique (Graptemys geographica), la tortue mouchetée (Emydoidea blandingii), la tortue musquée (Sternotherus odoratus) et la tortue ponctuée (Clemmys guttata). Ministère des Ressources Naturelles et de la Faune. 57 p. GALOIS, P., et J. BONIN, 1999. Rapport sur la situation de la tortue des bois (Clemmys insculpta) au Québec, Faune et Parcs Québec. Direction de la faune et des habitats, Québec, 45 p. GOUV. QC, 2002. Protection des espèces menacées ou vulnérables en forêt publique, La tortue des bois (Clemmys insculpta), Société de la faune et des parcs du Québec, Direction du développement de la faune. Ministère des ressources naturelles du Québec, Direction de l’environnement forestier. 13p. MINISTÈRE DE LA FORÊT, DE LA FAUNE ET DES PARCS DU QUÉBEC (MFFP). 2014. Liste des espèces fauniques menacées ou vulnérables au Québec. [En ligne]. http://www3.mrnf.gouv.qc.ca/faune/especes/menacees/_che.asp?noEsp=71 (Page consultée le 10 décembre 2014). TURTLE CONSERVATION FUND. 2002. A Global Action Plan for Conservation of Tortoises and Freshwater Turtles. Strategy and Funding Prospectus 2002–2007. Washington, DC: Conservation International and Chelonian Research Foundation, 30 pp. 17
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