La tortue des bois dans la MRC d'Acton - Roxton Falls, décembre 2014

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La tortue des bois dans la MRC d'Acton - Roxton Falls, décembre 2014
La tortue des bois dans la MRC d’Acton

          Roxton Falls, décembre 2014
La tortue des bois dans la MRC d'Acton - Roxton Falls, décembre 2014
Équipe de réalisation et partenaires
Ce cahier est une adaptation du document original rédigé par le Groupement
Agro-Forestier Lobinière-Mégantic inc. dans le cadre d’un projet de conservation
volontaire de l’habitat de la tortue des bois de la rivière aux Pins, dans la
municipalité d’Irlande.

Les bailleurs de fonds officiels de cette version du cahier réalisée par la
Corporation de développement de la rivière Noire (CDRN) sont la Fondation de
la faune du Québec (FFQ), le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec (MAPAQ) et l’Organisme de bassin versant de la rivière
Yamaska (OBV Yamaska).

Version actuelle (CDRN et OBV Yamaska)
Adaptation / rédaction : Andréane Lussier, biologiste
Révision :               Gaston Côté, technicien de la faune
                         Laurise Dubé, présidente (CDRN)
                         Colette St-Hilaire, secrétaire (CDRN)

Version précédente : adaptation et révision (Corridor appalachien)
Clément Robidoux, coordonnateur

Version originale : recherche et rédaction (Groupement Agro-Forestier
Lobinière-Mégantic inc)
Mathieu Wéra-Bussière, technicien de la faune
Virginie Hamel, technicienne de la faune

La CDRN
La Corporation de développement de la rivière Noire (CDRN) est née du comité
de citoyens de la rivière Noire qui s’est formé en 1998. L’objectif était alors de
revaloriser tout l’espace entourant les chutes au village de Roxton Falls et en
redonner l’accès aux résidents. Depuis, la CDRN a étendu sa mission et est
devenue un organisme de sous-bassin œuvrant dans MRC d’Acton.

L’OBV Yamaska
L'Organisme de bassin versant de la Yamaska (OBV Yamaska) est une table de
concertation regroupant les différents intervenants du milieu afin de faire une
gestion durable et intégrée de l'eau du bassin versant. L'OBV Yamaska est
constitué en personne morale en vertu de la partie III de la Loi sur les
compagnies comme organisme sans but lucratif (OSBL).

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La tortue des bois dans la MRC d'Acton - Roxton Falls, décembre 2014
Table des matières
Équipe de réalisation et partenaires………………………………………………                          ii

La CDRN……………………………………………………………………………..                                          ii
L’OBV Yamaska…………………………………………………………………..…                                       ii

Introduction……………………………………………………………………….….                                      4
Résumé du projet et ses objectifs…………………………………………….……                           4
1. L’importance de préserver l’habitat de la tortue des bois…………………….           5
       1.1 Statut de l’espèce………………………………………………….…….                            5
       1.2. Son habitat…………………………………………………….…………                                6
       1.3. Sa distribution……………...……………………………..……………..                         7
2. Biologie et mœurs de la tortue des bois………………………………………..                     8
       2.1. Origines………………………………………………………………….                                  8
       2.2. Caractéristiques de l’espèce………………………………………….                       8
       2.3. Reproduction et longévité de la tortue des bois……………............   10
       2.4. Déplacement, comportement et alimentation………………………                 11
3. Les menaces…………………………………………………………………….. .                                   12
4. Les mesures de protection …..…………………………………………………                            13
Conclusion…………………………………………………………………………..                                       14

Glossaire ……………………………………………………………………………                                        15

Notez vos observations!..............................…………………………………..…          16

Références bibliographiques…………………………………………………….                               17

Liste des cartes et tableaux

Tableau 1. Statuts des espèces fauniques (Ca, Qc)…………………………..                  5

Carte 1. Occurrences des tortues des bois observées …………………………                 7

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La tortue des bois dans la MRC d'Acton - Roxton Falls, décembre 2014
Introduction
Merci de prendre quelques minutes pour vous renseigner davantage sur l’importance de préserver
l’habitat de la tortue des bois.

Vous êtes propriétaire d’un territoire qui pourrait abriter une partie de l’habitat de la tortue des bois de
la MRC d’Acton. La protection de la tortue des bois requiert une bonne compréhension de son
habitat, de sa biologie, ainsi que des menaces auxquelles elle doit faire face. Vous pourrez utiliser ce
document pour en découvrir davantage sur la tortue des bois et son habitat.

Ce cahier a pour objectif d’expliquer pourquoi et comment protéger cette espèce, chacun chez soi. Il
vous appartient et vous êtes complètement libre d’y ajouter vos commentaires et vos connaissances
supplémentaires du territoire.

Résumé du projet
La tortue des bois est une espèce désignée vulnérable au Québec (2005) et menacée au Canada
(COSEPAC, 2007). Un rapport de situation provinciale (Galois et Bonin, 1999) et fédérale
(COSEPAC, 2007), ainsi qu’un plan de rétablissement provincial (Équipe de rétablissement des
tortues du Québec, 2005) ont été produits et sont à la base du projet de protection de tortue des bois
en milieu agricole initié par l’organisme de conservation Corridor appalachien. Le projet de protection
de la tortue des bois auquel nous vous invitons à participer en découle directement.

La phase I du projet mené par l’organisme Corridor appalachien consistait à élaborer une stratégie
d’action pour la protection de la tortue des bois en milieu agricole incluant la documentation des
pratiques agricoles favorables à la tortue des bois et le développement d’un réseau d’intervenants du
milieu agricole. La deuxième phase de la stratégie d’action consistait à mettre en application les
mesures d’atténuation (ex :.rehausse de la fauche du foin à au moins10 cm) et à créer un partenariat
avec les producteurs exploitant des terres dans l’habitat de la tortue des bois.

À la suite de la récente confirmation de la présence de la tortue des bois dans la MRC d’Acton lors
d’un inventaire mené par l’OBV Yamaska, la CDRN et l’OBV Yamaska reprennent le flambeau et
contribuent à la protection de cette espèce notamment en informant la population de sa présence par
des conférences, des rencontres ainsi qu’en assurant un suivi chez les propriétaires concernés.

               «Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada
               (COSEPAC) est un comité composé de spécialistes, qui évalue
                et désigne les espèces sauvages qui risquent de disparaître du
               Canada.» (Gouv. Canada, 2014). Le statut attribué aux espèces
               a des impacts juridiques; le gouvernement possède l’obligation
                         de les protéger en vertu des lois applicables.

                        Pour consulter la loi sur les espèces en péril et la
                     liste d’espèces en péril au Canada, rendez-vous au :
                              http://www.cosewic.gc.ca/

                                                                                                          4
La tortue des bois dans la MRC d'Acton - Roxton Falls, décembre 2014
1. L’importance de préserver l’habitat de la tortue des bois
Parmi tous les organismes vivant en milieu naturel, chacun et sans exception y trouve sa place et son
utilité. La biodiversité est un réseau complexe d’êtres vivants qui assurent le fonctionnement des
écosystèmes. Tous les biens et services écologiques qu’ils produisent et dont nous profitons
(filtration de l’eau par le sol, rétention de l’eau de pluie, protection contre l’érosion, etc.) dépendent
du maintien de la biodiversité.

Lorsqu’une nouvelle espèce est menacée d’extinction, il s’agit d’un indicateur de la destruction de
son habitat, le milieu naturel. Certes, nous pouvons exploiter les ressources que nous offre notre
environnement, mais nous devons savoir jusqu’où chaque milieu peut le supporter sans disparaître
complètement. Même si nous tendons à l’oublier, nous dépendons entièrement de la nature. Or, nous
devons porter attention aux limites qu’expriment ces milieux naturels dont nous avons tant besoin.
Les espèces en péril sont les baromètres des milieux naturels et nous devons les utiliser comme tels
afin d’adapter nos pratiques pour habiter un endroit sans en détruire les composantes de façon
irréversible.

1.1 Statut de l’espèce
Au niveau fédéral, le comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a attribué à
la tortue des bois en 2007 le statut d’espèce menacée. Au Québec, en mars 2005, elle a été
désignée espèce vulnérable par le ministère de la Faune. Le gouvernement du Canada est soumis
à la Loi sur les espèces en péril et le Québec est assujetti à la Loi sur la conservation et la mise en
valeur de la faune. Les deux paliers gouvernementaux sont donc dans l’obligation d’agir pour la
protection de la tortue des bois. Les rencontres avec des propriétaires tels que vous s’inscrivent dans
la liste des actions à entreprendre visant la protection de cette espèce.

                   Tableau 1. Statuts des espèces fauniques au Canada
                              et au Québec

                                          Provincial              Fédéral
                                          • Menacée               • Disparue
                     Classification des

                                          • Vulnérable            • Disparue du pays
                                          • Susceptible d’être    • En voie de
                         espèces

                                            désignée menacée        disparition
                                            ou vulnérable         • Menacée
                                                                  • Préoccupante

                                                    • Données insuffisantes
                                                         • Non en péril

                                                                                                        5
La tortue des bois dans la MRC d'Acton - Roxton Falls, décembre 2014
1.2. Son habitat
La tortue des bois semble avoir une préférence pour les rivières sinueuses constituées de plusieurs
méandres à fond rocheux et sablonneux et d’une eau de bonne qualité.

Cette tortue se trouve souvent en milieu humide :
les ruisseaux, les étangs à castor, les marais, les
tourbières, les marécages, les prairies humides et
les lacs. Ces milieux sont les plus productifs de
nos milieux naturels et ils favorisent la présence
de formes de vie nombreuses et diversifiées. De
plus, les milieux humides contribuent au bien-être
de l’être humain par leur rôle de filtration de l’eau,
ce qui nous procure une eau douce de qualité. Ils
favorisent également le maintien de réservoirs
d’eau potable, préviennent les inondations et
régularisent le débit des cours d’eau.

                                                          Figure a. Iris versicolore dans un marais

                                                         En milieu terrestre ce sont les aulnaies qui
                                                         constituent le principal groupement végétal utilisé
                                                         par la tortue des bois, mais les sapinières, les
                                                         bétulaies, les saulaies, les milieux agricoles, les
                                                         érablières, les gravières et les clairières sont
                                                         aussi fréquentés. Les peuplements favoris
                                                         possèdent un recouvrement arborescent faible et
                                                         un recouvrement arbustif modéré.

                                                      La bande riveraine est le principal habitat fré-
                                                      quenté par la tortue des bois, elle enveloppe une
                                                      importante variété de végétaux et d’animaux. Elle
Figure b. Aulnaie, bord de la rivière Le Renne (mai)  constitue une zone de transition entre les milieux
                                                      terrestres et aquatiques et assure la qualité de
l’eau en agissant comme ceinture de protection en filtrant le phosphore. La bande riveraine fournit
abri et nourriture à la tortue et diminue le réchauf-
fement rapide de l’eau en créant de l’ombrage.
L’aulne rugueux, le myrique baumier et les saules
sont les principales espèces d’arbustes que l’on y
retrouve. Leurs racines jouent un rôle de premier
plan dans la protection des sols contre l’érosion.

Ce type de milieu est très riche en termes de
biodiversité. Si vous êtes propriétaire d’un tel
milieu, vous êtes privilégié. Il vous offre la chance
de faire l’observation et l’écoute d’une multitude
d’espèces d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens
et de reptiles qui fréquentent cette aire à un
moment ou à un autre de leur période de vie.          Figure c. Aulnaie, bord de la rivière Le Renne (juin)

                                                                                                              6
La tortue des bois dans la MRC d'Acton - Roxton Falls, décembre 2014
Figure d. Inventaire de tortues des bois dans la MRC d’Acton, rivière Le Renne (mai 2013)

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                                                                Dans la MRC d’Acton, nous avons confirmé
                                                                la présence de la tortue serpentine (figure j) et
                                                                de la tortue des bois (figures f et g, entre
                                                                autres). Il existe peut-être d’autres espèces
          Saint-Théodore                                        dans notre MRC, mais très peu d’inventaires
                                       Rivière Le Renne         ont été réalisés à ce jour.

                                                                L’expansion       des    centres    urbains    et
 Acton Vale                                                     l’intensification de l’agriculture provoquent la
                                                                perturbation des milieux naturels et affectent
                 Route 116
                                                                la qualité de vie de cette petite bête
                             Sainte-Christine                   exceptionnelle. Dans tout le Québec, la
                Rang 1                                          répartition de la tortue des bois est irrégulière
                                                                et est associée aux rivières sinueuses dont
                                                                le fond est sablonneux et pierreux. Des
                                                                inventaires ponctuels récents ont permis de
                                                                constater la présence de populations de tortue
          Rivière Noire
                                                                des bois dans une quinzaine de rivières en
                                                                Outaouais, Mauricie, Montérégie, Estrie,
                                       Tortues des bois         Lanaudière et Chaudière-Appalaches. Il existe
                                       0        2.5   5.0km
                                                                également plusieurs autres mentions isolées
                                                                dans ces régions et quelques observations au
                                                                Saguenay-Lac Saint-Jean et au Bas-Saint-
Carte 1. Occurrences de tortues des bois dans la MRC d’Acton,   .Laurent.
rivière Le Renne, mai 2013 (source : OBV Yamaska)

                                                                                                               7
La tortue des bois dans la MRC d'Acton - Roxton Falls, décembre 2014
Pas toujours facile à voir!!

Figure e. Une tortue des bois se réchauffe au soleil, cachée
sous quelques branches.

2. Biologie et mœurs de la tortue des bois
2.1. Origines
Les premières tortues sont apparues à l’ère du Trias (il y a environ 300 millions d’années), certaines
espèces ont donc précédé l’apparition de plusieurs dinosaures (TCF, 2002). La tortue des bois, quant
à elle, se fait discrète à l’abri des regards depuis environ 175 millions d’années. Les tortues font
partie d’un groupe de reptiles qui porte le nom de Testudines, qui compte plus de 300 espèces sur
Terre et plus de la moitié d’entre elles sont malheureusement menacées. Il y a 48 espèces qui
vivent en Amérique du Nord dont neuf au Québec. Sur les neufs espèces habitant au Québec (dont
deux espèces marines), sept ont un degré de vulnérabilité préoccupant (MFFP, 2013).

2.2. Caractéristiques de l’espèce
Son apparence la distingue bien des sept autres tortues d’eau douce présentes au Québec. Sa tête
et le dessus de ses pattes sont noirs tandis que le cou et le reste de ses pattes sont d’une couleur
orangée allant même jusqu’à rouge vif pour certains mâles au printemps. Sa carapace qui mesure en
moyenne 20 cm de long est de couleur brunâtre et porte des anneaux de croissance qui sont
produits annuellement. Ce phénomène donne aux écailles une apparence pyramidale.
                                                                                                    8
La tortue des bois dans la MRC d'Acton - Roxton Falls, décembre 2014
Le plastron (la partie ventrale de la tortue) est concave chez le mâle et plat ou convexe chez la
femelle. Les écailles du plastron sont jaunes et ornées de noires sur les coins externes. Cette tortue
démontre des caractères qui la relient à son mode de vie semi terrestre; ses pattes ne sont pas
palmées et sont munies de fortes griffes. Sa taille maximale est de 24 cm et on la reconnaît assez
rapidement par la couleur orange vif sur la face intérieure de ses pattes et sous son cou.

  Figures f et g. Une tortue des bois mâle adulte observée lors de l’inventaire sur la rivière Le Renne (on note que
  c’est un mâle car son plastron est concave, figure de droite)

  Figure h. Une tortue des bois se cache sous sa carapace Figure i. Une jeune tortue des bois

                                                                                                                       9
La tortue des bois dans la MRC d'Acton - Roxton Falls, décembre 2014
Attention ! Ceci est une tortue serpentine ! Ne pas confondre !
    Ceci n’est PAS une                                        La tortue serpentine est l’autre espèce
                                                              de tortue qui a été observée dans la
     tortue des bois !                                        MRC d’Acton. La photo ici sert à vous
                                                              permettre de différencier les deux, afin
                                                              de ne pas vous tromper.

                                                              La tortue serpentine est de couleur
                                                              brune ou grise avec un peu de beige.
                                                              Elle possède des pattes massives et une
                                                              longue queue surmontée de petites
                                                              crêtes, ce qui lui donne un air
                                                              préhistorique. Elle possède la réputation
                                                              de mordre si on essaie de la toucher.
                                                              Sinon, comme les autres tortues, elle est
                                                              plutôt craintive et cherche à se cacher.
                                                              Elle est plus grosse que la tortue des
                                                              bois et peut mesurer jusqu’à 32 cm.

 Figure j. Une tortue serpentine dans la rivière Le Renne

2.3. Reproduction et longévité de la tortue des bois
L’accouplement survient plus souvent au printemps et à l’automne, mais se prolonge tout au long de
cette période (au Québec : entre avril et novembre). L’accouplement se fait pratiquement toujours
dans l’eau et dure en moyenne entre une et douze heures.

En général, la période de ponte au Québec se situe vers la mi-juin. La femelle pond généralement
en début ou en fin de journée. Elle ne pond qu’une seule fois (3 à 20 œufs) par année et ne pond pas
obligatoirement à chaque année. Ces individus démontrent une fidélité aux sites de ponte. Le site
choisi par les tortues est habituellement situé à proximité d’un cours d’eau et est exposé au soleil. Le
substrat est souvent composé de sable, de gravier humide bien drainé et dépourvu de végétation
excessive. Le site de ponte ne doit surtout pas être sujet aux inondations!

La femelle prend environ deux heures pour trouver le bon
emplacement, creuser son nid et y déposer onze œufs (en
moyenne). Elle les recouvre du substrat en place, généralement du
sable et lègue le reste du travail au soleil. La durée de l’incubation
est influencée par différents facteurs environnementaux dont la
température et l’humidité. La période d’incubation peut donc
varier de 60 à 114 jours! Les jeunes tortues des bois qui
émergeront de la terre ne seront pas plus grosses qu’une pièce de
deux dollars et se dirigeront vers le cours d’eau le plus près pour y
passer la première année de leur vie. Elles deviendront matures
sexuellement entre 14 et 18 ans. Seulement 1% des jeunes
atteindront cet âge et vivront en moyenne jusqu’à 30 ans. En             Figure k. Accouplement de tortue
captivité, un individu a déjà vécu jusqu’à l’âge de 58 ans.              des bois

                                                                                                            10
2.4. Déplacement, comportement et alimentation
Le cycle vital de la tortue des bois se divise en deux parties, soit la période active et la période
d’hibernation. Les individus passent l’hiver en état de torpeur au fond de l’eau. Selon la latitude à
laquelle elle se trouve, cette période peut représenter jusqu’à la moitié de l’année (d’octobre à avril).

La tortue des bois passe l’hiver sous l’eau à une profondeur variant de 0,3 m à 1,8 m. L’espèce
peut parfois hiberner en groupe (des observations de groupe allant de 5 à 70 individus ont été
recensés). Dès la fonte des neiges, elle émerge de son sommeil et retourne s’exposer au soleil sur
les berges de la rivière. La recherche de nourriture est à l’origine de la majorité de ses déplacements
au cours de l’été. La migration vers les sites de ponte via les cours d’eau peut prendre de 2 à 14
jours.

L’été, un individu peut s’éloigner jusqu’à 200 m de la
rivière et, en fonction de la densité de la population, il
peut parcourir les voies d’eau sur une distance de 3
km. Cette espèce est considérée comme étant la plus
terrestre de nos tortues, bien qu’elle ait besoin du milieu
aquatique pour s’accoupler, hiberner et s’alimenter.

La tortue des bois est une espèce diurne et elle est
poïkilotherme, c’est-à-dire que sa température corpo-
relle varie en fonction du milieu; elle est incapable de Figure l. Tortues des bois sous l’eau
réguler sa température seule, comme le font les mammifères, par exemple. Cette caractéristique a
donc une influence sur son comportement puisqu'elle l'oblige à s'adapter aux diverses conditions
extérieures pour régulariser sa température corporelle en s’exposant au soleil pour se réchauffer ou
en se réfugiant dans l’eau pour se refroidir. Les peuplements d’arbres et d’arbustes qui laissent
pénétrer la lumière du soleil au sol permettent une meilleure thermorégulation et sont donc favorables
à l’espèce (Desroches et Rodrigue, 2004).

La tortue des bois est omnivore
opportuniste et se nourrit entre
autres de poissons morts, de
têtards, de larve d’insectes, de
champignons, de pousses de
jeunes     plantes    et   d’algues.
Occasionnellement, elle mange des
nouveaux-nés de souris, des œufs
et des oisillons d’espèces d’oiseaux
qui nichent au sol.

Plusieurs tortues des bois ayant été
observées lors de l’inventaire de
2013 sur la rivière Le Renne
présentaient des mutilations aux
pattes et à la queue, résultats
d’accidents ou d’attaques de
prédateurs.                          Figure m. Tortue des bois avec une patte mutilée

                                                                                                      11
3. Les menaces
Les principaux prédateurs de cette espèce sont le raton laveur (Procyon lotor), la moufette rayée
(Mephitis mephitis), la corneille d’Amérique (Corvus brachyrhynchos), le goéland (Larus sp.), la tortue
serpentine (Chelydra serpentina) et les gros poissons. Cette prédation est un phénomène naturel,
mais peut être une menace lorsqu’elle est excessive.

Les principales menaces pesant sur ce petit animal sont :

       la mortalité causée par la circulation routière (écrasement par les véhicules)
       les blessures occasionnées par la machinerie lourde en milieu forestier et agricole (ex : se
       faire faucher)
       la perturbation et destruction de son habitat par les activités humaines
       la collecte illégale de ce reptile; elles sont particulièrement vulnérables sur leur site de
       ponte.

                                                               Plusieurs      études     et    observations
                                                               démontrent qu’une des causes principales
                                                               de mortalité chez la tortue des bois, en
                                                               milieu agricole, est la mutilation par les
                                                               faucheuses utilisées pour la coupe du
                                                               foin et dans l’entretien des prairies. Les
                                                               faucheuses à disques ajustées pour faire la
                                                               coupe du foin à 5 cm (2 pouces) de hauteur
                                                               heurtent les tortues des bois qui
                                                               s’aventurent parfois jusqu’à 300 m de la
                                                               rive des rivières ou des cours d’eau.

                                                               La fauche du foin et des prairies à
                                                               10 cm (4 pouces) et plus de
                                                               hauteur    augmente    de    façon
                                                               importante les chances de survie
                                                               des tortues des bois!

   Figure n. Tortue des bois en milieu agricole, MRC d’Acton

                                                                                                        12
4. Les mesures de protection
Afin de protéger adéquatement les tortues des bois, il est essentiel d’ajuster les pratiques
agricoles ou de contrôle de la végétation, là où l’espèce est présente. Étant donné les
nombreux déplacements estivaux réalisés par cette espèce, une zone de protection doit être
établie.

Zone de protection
À partir de l’emplacement d’une aire d’utilisation ou de présence de tortue des bois, ou de
l’emplacement de plusieurs aires d’utilisation de cette espèce, le périmètre est établi en milieu
terrestre à 200 m de part et d’autre du cours d’eau utilisé par la tortue et sur une distance
riveraine de 3 km de part et d’autre de la localisation de tortue, soit 3 km en amont et 3 km en
aval de celle-ci.

Mesure de protection en milieu agricole
      En milieu agricole, la mesure de protection la plus efficace pour protéger la tortue des
      bois à l’intérieur de cette zone est d’effectuer la fauche du foin et des prairies à une
      hauteur minimale de 10 cm (4 pouces). À cette hauteur, les lames des faucheuses
      ne heurtent habituellement pas les tortues des bois. Notez qu’en milieu forestier, des
      mesures de protection distinctes s’appliquent (Gouv. du Qc, 2002).

Voici d’autres conseils qui vous permettent d’aider la tortue des bois à survivre sur les rives
de la rivière Le Renne :

      1. Conserver une bande riveraine à l’état naturel. La végétation de la bande riveraine est un
      habitat qui revêt une importance cruciale pour la survie de la tortue des bois. De plus, la bande
      riveraine aide à protéger la qualité de l’eau par son rôle de filtration du phosphore.

      2. Ne pas les toucher! Ce sont des animaux craintifs et très vulnérables, évitez tout contact
      avec ces tortues. Notez que les professionnels qui ont manipulé ces animaux sur la rivière Le
      Renne lors de l’inventaire ont préalablement obtenu un permis pour ce faire et ils ont été
      formés dans ce but.

      3. Préserver les aulnaies, un habitat que les tortues des bois affectionnent particulièrement!

      4. Ne pas accumuler des déchets organiques près de la bande riveraine permet de ne pas
      attirer les prédateurs de la tortue des bois.

                                                                                                       13
Conclusion
Vous savez maintenant que vous être propriétaire d’un milieu important pour la faune et la
biodiversité de notre région. Votre participation est donc très précieuse pour le succès du projet, car
elle contribuera au rétablissement de la tortue des bois. La conservation des espèces permet de
protéger adéquatement nos écosystèmes. À long terme, ce sont aussi vos enfants et vos petits-
enfants qui profiteront d’écosystèmes fonctionnels et de tous les biens et services qu’ils nous
procurent. La protection des écosystèmes est primordiale, n’oublions pas qu’ils sont à l’origine de la
vie, incluant la nôtre!

                                                                                  Merci!!!

            Figure o. Une (très) jeune tortue des bois, rivière Le Renne (2013)

            Ce projet a été réalisé en vertu du volet 4 du programme Prime-Vert
            2013-2018 et il a bénéficié d'une aide financière du ministère de
            l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation

                                                                                                    14
GLOSSAIRE

Amont : côté d’où vient le courant dans un cours d’eau.
Aulnaie : lieu peuplé d’aulnes.
Aval : côté vers lequel descend un cours d’eau.
Bande riveraine : zone en milieu terrestre qui borde un cours d’eau.
Bétulaie : lieu peuplé de bouleaux.
Biodiversité : variété des espèces vivantes.
Diurne : signifie’’ pendant le jour’’.
Friche : terre abandonnée après avoir été cultivée, sans prévision de remise en valeur,
recouverte d'une végétation spontanée à dominante herbacée.
Inéquien : peuplement constitué d'essences d'arbres de différents âges.
Halieutique : art de la pêche, science de la pêche.
Hiberner : passer l’hiver en sommeil, en inactivité.
Méandre : sinuosité d’un cours d’eau.
Poïkilotherme (ectotherme): se dit des animaux dont la température varie avec celle du
milieu.
Prairie : formation végétale herbeuse, dépourvue d'arbres, pour la production agricole ou
non.
Statut menacée (au Canada) : Espèce sauvage susceptible de devenir « en voie de
disparition » si rien n’est fait pour contrer les facteurs menaçant de la faire disparaître.

Statut préoccupante : toute espèce qui est préoccupante en raison de caractéristiques qui la
rendent particulièrement sensible aux activités humaines ou à certains phénomènes naturels.

Statut vulnérable (au Québec) : espèce en voie de disparition si les facteurs limitants
auxquels elle est exposée ne sont pas inversés.
Thermorégulation : fonction assurant la constance de la température du corps.
Torpeur : état d’inertie, de léthargie. Ralentissement du métabolisme d’un organisme vivant.
Saulaie : lieu peuplé de saules.

                                                                                               15
Notez vos observations!
Et faites-nous en part : biologiste.cdrn@riviere-noire.org
Date         Observation / description    À quel endroit?    Photo (Oui/Non)

                                                                          16
Références bibliographiques

BIDER, R. et S. MATTE, 1994. Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec. Société d’histoire
naturelle de la vallée du Saint-Laurent et ministère de l’Environnement et de la Faune du Québec,
Direction de la faune et des habitats. 106 p.

COSEPAC. 2007. Évaluation et rapport de situation sur la Tortue des bois (Glyptemys insculpta) au
Canada–Mise à jour. Comité situation des espèces en péril au Canada. Ottawa. vii + 47 p.

DESROCHES J-F. et RODRIGUE D. 2004. Amphibiens et reptiles du Québec et des Maritimes.
Édition Michel Quintin, 288 p.

ÉQUIPE DE RÉTABLISSEMENT DES TORTUES DU QUÉBEC. 2005. Plan de rétablissement de
cinq espèces de tortues au Québec pour les années 2005 à 2010 : la tortue des bois (Glyptemys
insculpta), la tortue géographique (Graptemys geographica), la tortue mouchetée (Emydoidea
blandingii), la tortue musquée (Sternotherus odoratus) et la tortue ponctuée (Clemmys guttata).
Ministère des Ressources Naturelles et de la Faune. 57 p.

GALOIS, P., et J. BONIN, 1999. Rapport sur la situation de la tortue des bois (Clemmys insculpta) au
Québec, Faune et Parcs Québec. Direction de la faune et des habitats, Québec, 45 p.

GOUV. QC, 2002. Protection des espèces menacées ou vulnérables en forêt publique, La tortue des
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de la faune. Ministère des ressources naturelles du Québec, Direction de l’environnement forestier.
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MINISTÈRE DE LA FORÊT, DE LA FAUNE ET DES PARCS DU QUÉBEC (MFFP). 2014. Liste des
espèces fauniques menacées ou vulnérables au Québec. [En ligne].
http://www3.mrnf.gouv.qc.ca/faune/especes/menacees/_che.asp?noEsp=71 (Page consultée le 10
décembre 2014).

TURTLE CONSERVATION FUND. 2002. A Global Action Plan for Conservation of Tortoises and
Freshwater Turtles. Strategy and Funding Prospectus 2002–2007. Washington, DC: Conservation
International and Chelonian Research Foundation, 30 pp.

                                                                                                    17
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