La Tribune juridique du radiologue
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TJ radio n°33 13 09:TJ radio 08 01 18/06/13 13:58 Page 1 La Tribune juridique du radiologue Septembre 2013 Lettre d’information juridique éditée par L’Entreprise Médicale Sommaire En bref Site Internet d’un cabinet de radiologie : attention à la publicité Audrey Bronkhorst, Avocat au Barreau de Lyon Les différents contrôles auxquels les médecins radiologues peuvent faire face dans le cadre de leur activité L’interdiction de la publicité pour les médecins est prévue par l’article R. 4127- professionnelle 19 du Code de la santé publique (CSP). Les articles R.4127-13 et R.4127-20 du CSP autorisent l’information au public, mais rappellent que, quel que soit le Comment se déroule une procédure moyen de diffusion, le médecin doit se garder de toute attitude publicitaire disciplinaire ordinale à votre personnelle comme en faveur des organismes où il exerce. Ainsi, la publicité encontre ? directe, comme indirecte est interdite. Qu’est-ce que l’Observatoire de Le radiologue a ainsi la charge de s’assurer que la présentation de son nom ou sécurité des médecins ? de son cabinet par une clinique ne constitue pas une publicité indirecte. Notamment, la nécessité de rentabiliser le matériel ne doit pas justifier les pratiques de réclames. À propos de la responsabilité d’une Le contenu d’un site Internet doit être informatif et doit se garder de toute clinique en raison d’une infection promotion (du médecin, de son activité, des moyens et matériels utilisés, etc.). nosocomiale contractée au cours Il s’agit du critère principal. d’un arthroscanner pratiqué par un Des informations médicales d’ordre général peuvent néanmoins figurer sur ledit radiologue d’une SCM située sur le site. Elles devront alors être mises à jour et validées. même site que l’établissement de santé Les praticiens pourront utilement se référer au livre blanc de la déontologie sur le web qui détaille les recommandations relatives au contenu des sites ainsi qu’à la charte publiée par le CNOM. 1 Compétence et urgence Si le Conseil de l’Ordre ne délivre pas d’agrément pour les sites Internet des 2 Informations données aux patients praticiens, ceux-ci peuvent néanmoins solliciter la certification de leur site par le manipulateur en radiologie : auprès de la Fondation HON sur le site de laquelle ils pourront aussi vérifier au attention à votre responsabilité ! moyen d’un formulaire en ligne si leur site respecte les standards élémentaires.
TJ radio n°33 13 09:TJ radio 08 01 18/06/13 13:58 Page 2 En bref Marie-Christine Henry-Gaboriau, Avocat au Barreau de Paris Dans le cadre de leur activité professionnelle, les b) Le contrôle médical médecins radiologues peuvent être amenés à faire face Le contrôle médical porte sur tous les éléments d’ordre à différents contrôles. Sans que cette liste soit médical qui commandent l’attribution et le service de exhaustive, il peut s’agir : l’ensemble des prestations de l’assurance maladie, 1. Des contrôles fiscaux à la suite d’une vérification de maternité et invalidité. l’administration fiscale Parallèlement au contrôle technique, cette mesure de L’administration fiscale dispose du pouvoir de contrôler surveillance vise donc à constater les manquements à la comptabilité et les déclarations fiscales. l’exercice régulier des opérations de tarification. L’outil Le droit de contrôle de l’administration s’exerce principal des manquements sera l’analyse des données normalement sur une période de trois ans. de télétransmission de codification des actes. Le contrôle fiscal peut être effectué sur pièces, c’est-à- 4. Des contrôles de radioprotection dire à partir des documents déposés par le L’autorité de sûreté nucléaire (ASN), créée par la loi du contribuable, ainsi que des renseignements fournis par 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité les tiers ou sur place, et nécessite alors la rencontre du en matière nucléaire, assure le contrôle du respect de la contribuable avec l’administration fiscale. réglementation en matière de sûreté nucléaire et de 2. Des contrôles d’URSSAF radioprotection. Les radiologues cotisent à l’URSSAF en leur qualité de On distingue deux types d’inspection : les inspections travailleurs indépendants. Ils peuvent bien évidemment courantes qui sont des inspections périodiques faire l’objet d’un redressement si leurs déclarations étaient programmées par l’ASN et les inspections réalisées erronées ou si des problèmes de concordance sont après un incident ou un événement significatif pour apparus. Mais les contrôles auxquels les radiologues ont mener des investigations rapides et approfondies. le plus souvent à faire face vis-à-vis de l’URSSAF sont ceux qui concernent leur qualité d’employeurs. Les inspections sont organisées sous le mode annoncé ou inopiné. Une particularité concernant les contrôles d’URSSAF pour les médecins radiologues : l’URSSAF cherche Ces inspecteurs de la radioprotection ont vocation à souvent à réintégrer dans l’assiette des cotisations contrôler au même titre que les inspecteurs et sociales dues les sommes versées aux médecins contrôleurs du travail l’application des dispositions du remplaçants au motif que ces sommes doivent être Code du travail concernant la radioprotection. qualifiées en salaires parce que le cabinet ne justifie 5. Des contrôles de l’Inspection du travail pas de ce que le médecin remplaçant est cotisant aux caisses TNS. Les radiologues, en leur qualité d’employeurs, peuvent faire l’objet d’un contrôle par l’inspection du travail. Afin d’éviter de subir un tel contrôle, il est recommandé de demander à chaque remplaçant de justifier de ce Les attributions de l’inspecteur du travail sont générales qu’il cotise régulièrement aux caisses TNS. puisqu’elles concernent aussi bien le domaine des 3. Des contrôles de Sécurité Sociale relations individuelles et collectives de travail, que la sécurité et l’organisation du travail. Il existe deux sortes de contrôles : Il convient de souligner que pour les radiologues, en a) Le contrôle technique des caisses de sécurité sociale application des dispositions de l’article L.231-7-1 du Il a été institué pour permettre aux organismes de Code du travail, l’inspection spécialisée de la sécurité sociale de veiller à l’activité des praticiens dans radioprotection est compétente dès lors que les un double objectif financier et de santé. rayonnements ionisants sont mis en œuvre (renvoie à la compétence d’un inspecteur de radioprotection). Ce contentieux à vocation disciplinaire relève de la compétence de l’ordre administratif et plus précisément En conclusion, l’inspection de la radioprotection et de la section des assurances sociales de la Chambre l’inspection du travail disposent de moyens de disciplinaire. coercition complémentaires. 2
TJ radio n°33 13 09:TJ radio 08 01 18/06/13 13:58 Page 3 En bref Danièle Ganem-Chabenet, Avocat au Barreau de Paris La plainte : Dès sa réception, le Président du Conseil pièces au greffe qui les transmet à l’autre partie. Lors départemental l’enregistre, en accuse réception au de l’audience, après lecture du rapport du conseiller- plaignant, vous en informe et convoque les parties dans rapporteur, chaque partie fait part de ses observations. un délai d’un mois pour une réunion de conciliation. Le La juridiction peut décider le rejet de la plainte, le Conseil départemental peut également lui-même porter prononcé d’une mesure d’instruction complémentaire plainte. Des particularités existent pour les radiologues (expertise,…) ou prononce une sanction (avertissement, hospitaliers (la plainte ne peut émaner que de certaines blâme, interdiction temporaire d’exercice avec ou sans autorités, dont le Conseil départemental et le Conseil sursis, radiation). national de l’Ordre des médecins). Les voies de recours : un appel peut être formé dans les La réunion de conciliation : Cette réunion peut donner 30 jours suivant la notification de la décision auprès de lieu à un procès-verbal soit de conciliation, soit de la Chambre disciplinaire nationale (l’appel est carence (absence d’une des parties), soit de non conciliation (absence d’accord). Dans ces deux suspensif et la procédure est identique à celle visée ci- derniers cas, le Conseil départemental transmet alors la dessus), suivi d’un pourvoi devant le Conseil d’Etat plainte à la Chambre disciplinaire de première dans les 2 mois à compter de la notification de la instance, dans les 3 mois à compter de son décision (le pourvoi n’est pas suspensif). enregistrement, en s’y associant ou non. A noter qu’à toutes ces étapes, vous avez tout intérêt à La procédure devant la Chambre disciplinaire de vous présenter et à vous faire assister par un avocat ou première instance : Un rapporteur est chargé d’instruire un confrère. Devant le Conseil d’Etat, le ministère d’un le dossier. Chaque partie adresse ses mémoires et avocat est obligatoire. Philippe Jalley, Avocat au Barreau de Meaux L’Observatoire de sécurité des médecins a été créé en crainte de représailles éventuelles, voire se constituer 2003 par le Conseil national de l’Ordre des Médecins également partie civile. (CNOM). Il s’agit d’un outil destiné au suivi et à la En effet, les Conseils départementaux sont habilités à prévention des violences faites aux médecins. porter plainte aux lieu et place du médecin pour éviter La mission de cet Observatoire est en effet de recueillir des représailles éventuelles. les déclarations effectuées par les médecins en cas de Si les médecins généralistes sont les plus touchés (56% violence, afin d’appréhender plus concrètement le des agressions), la proportion d’incidents touchant les niveau d’insécurité « sur le terrain » et de favoriser les spécialistes augmente régulièrement (35% en 2008, coopérations avec les autorités. 40% en 2011 et 44% en 2012). En 2011, le CNOM a signé un protocole national de Les ophtalmologistes, psychiatres, dermatologues, sécurité avec les Ministères de l’Intérieur, de la Justice médecins du travail et gynécologues obstétriciens et de la Santé, lequel a été mis en place dans 68 semblent être les spécialités les plus touchées par ce départements. phénomène, étant précisé que tous les actes de Par une fiche de signalement, le médecin victime violence ne sont pas déclarés par les praticiens… transmet l’information au Conseil départemental de Les facteurs analysés par IPSOS établissent que les l’Ordre des Médecins (CDOM), qui est alors saisi du reproches de délais trop longs de prise de rendez-vous problème (agression physique et verbale ou attaque ou d’attente lors de la consultation ainsi que le refus de aux biens). Le CDOM peut s’associer au dépôt de prescription expliqueraient « le passage à l’acte » des plainte du médecin et se substituer à lui en cas de patients. 3
TJ radio n°33 13 09:TJ radio 08 01 18/06/13 13:58 Page 4 Jurisprudence A propos de la responsabilité d’une clinique en raison d’une infection nosocomiale contractée au cours d’un arthroscanner pratiqué par un radiologue d’une SCM située sur le même site que l’établissement de santé Commentaire de la décision de la 1ère Chambre civile de la Cour de Cassation du 12 juillet 2012 Marie-Christine Henry-Gaboriau, Avocat au Barreau de Paris Les faits et la procédure Par un arrêt du 12 juillet 2012, la 1ère Chambre civile de Le patient a décidé d’agir en responsabilité contre la la Cour de cassation a considéré qu’une Clinique était Clinique et le médecin ayant réalisé l’acte, mais également responsable, de plein droit en application de l’article L. contre la société civile de moyens (SCM) dont ce dernier est 1142-1 du Code de la santé publique (CSP), de l’infection associé. nosocomiale contractée par un patient lors d’un examen réalisé par un praticien libéral exerçant sur le site de la La Cour d’appel de DOUAI, dans son arrêt du 6 janvier Clinique et associé dans une société civile de moyens. 2011, a débouté le patient de l’ensemble de ses Un rappel général du cadre juridique de la responsabilité demandes, écartant la responsabilité de la Clinique et médicale, notamment en raison des infections celle de la SCM. nosocomiales, s’impose avant d’évoquer les apports de Pour la Clinique, la Cour d’appel a relevé qu’il existait cette décision. entre le médecin radiologue et la Clinique un contrat, en Le principe général de la responsabilité civile médicale, date du 6 mai 1969, par lequel le médecin s’engageait, précisé dans le premier alinéa de l’article L.1142-1. I du à assurer, de façon permanente et exclusive, tous les CSP, est que les professionnels de santé et les besoins en radiologie de la Clinique. Le praticien « établissements, services ou organismes dans lesquels sont réalisés des actes individuels de prévention, de bénéficiait également d’une mise à disposition de divers diagnostic ou de soins » ne sont responsables qu’en cas locaux moyennant le versement d’une indemnité. Le de faute prouvée par la victime. praticien conservait à sa charge le recouvrement de ses honoraires, l’achat de matériels et du mobilier, le Les établissements précités supportent un régime de recrutement et la rémunération du personnel nécessaire. responsabilité spécifique au titre des infections nosocomiales contractées en leur sein. En effet, le Un avenant a été conclu en 1989 pour élargir le bénéfice deuxième alinéa de l’article L. 1142-1. I prévoit que : « Les de cette convention aux associés du radiologue concerné. établissements, services et organismes susmentionnés sont Cet avenant précisait que le « nettoyage des locaux pour responsables des dommages résultant d’infections cette partie était à la charge des radiologues ». nosocomiales, sauf s’ils rapportent la preuve d’une cause étrangère ». En 1997, un nouveau contrat de sous-location a été Ainsi, les entités visées par ce texte ne peuvent se conclu entre la Clinique et la SCM constituée par les dégager de leur responsabilité, en matière d’infections radiologues précités. nosocomiales, qu’en apportant la preuve que ladite Au regard de ces éléments, la Cour d’appel de DOUAI a infection à une cause étrangère. retenu un faisceau d’indices suivant lequel l’arthroscanner Ce régime de responsabilité de plein droit n’est pas en cause a été réalisé, sur demande d’un praticien applicable aux professionnels de santé libéraux dont la extérieur à l’établissement, par un radiologue libéral, sur responsabilité n’est engagée, en raison d’une infection des matériels appartenant à la SCM, grâce à un nosocomiale, que dès lors que la victime apporte la preuve d’une faute à l’origine de l’infection. personnel distinct de celui de la Clinique, dans les locaux pris à bail par la SCM qui en assurait le nettoyage, ce qui La Cour de cassation a fait application de ces règles « comprenait nécessairement l’asepsie entendue comme dans sa décision du 12 juillet 2012. En l’espèce, un méthode préventive utilisée pour éviter toute infection ». En footballeur professionnel, présentant une douleur à la cheville, avait été adressé, par un confrère extérieur à conséquence, elle a estimé que l’acte litigieux n’ayant pas l’établissement, à un radiologue libéral exerçant sur le été pratiqué « au sein ou pour le compte » de la Clinique, site de la Clinique, pour la réalisation d’un arthroscanner la responsabilité cette dernière n’était pas encourue pour lors duquel il a contracté une infection nosocomiale. l’infection nosocomiale contractée. 4
TJ radio n°33 13 09:TJ radio 08 01 18/06/13 13:58 Page 5 Jurisprudence S’agissant de la SCM, la Cour d’appel a rappelé que les l’inverse d’autres formes d’exercice en commun telles radiologues y exercent à titre libéral la médecine. que les sociétés civiles professionnelles ou les sociétés En retenant que la SCM a pour objet social la mise en d’exercice libéral », la Cour d’appel a refusé de lui commun des moyens matériels et humains nécessaires à appliquer le régime de la responsabilité de plein droit l’activité de ses associés et qu’elle « ne saurait exercer prévu pour les infections nosocomiales. une activité de prévention, de diagnostic ou de soins, à Commentaires La Cour de cassation a censuré la décision d’appel en Or, une telle extension méconnaîtrait le fait que les retenant la responsabilité de la Clinique aux motifs que, structures d’exercice évoquées ont pour objet l’exercice suivants les termes des conventions précitées, la SCM de la médecine libérale et sont inscrites à cet effet au « assurait tous les besoins [de la Clinique] en matière de tableau de l’Ordre. De plus, cela viendrait créer une radiologie courante et bénéficiait de l’exclusivité de différence de traitement injustifiée entre des praticiens l’installation et de l’usage de tout appareil radiologique, travaillant au sein d’une structure d’exercice et ceux de sorte que la SCM pouvait être considérée comme un exerçant à titre individuel ou en tant qu’associé en service de l’établissement de santé ». dehors d’une structure d’exercice. L’enseignement de cette décision est double. Concernant la Clinique, la Cour de cassation adopte une position particulièrement favorable au patient. En effet, Tout d’abord, elle confirme qu’une SCM ne fait pas partie elle estime, notamment au regard des conventions des personnes visées par l’article L. 1142-1 du CSP existantes et de l’exclusivité donnée aux praticiens en supportant une responsabilité de plein droit au titre des cause, que ces derniers et leur SCM doivent être infections nosocomiales et n’est donc pas assimilable à considérés comme le « service de radiologie de la un « établissement, services ou organismes dans lesquels Clinique ». Ainsi, le patient, pris en charge dans un sont réalisés des actes individuels de prévention, de établissement de santé, n’a pas à souffrir des différents diagnostic ou de soins ». Ainsi, les associés d’une SCM contrats mis en place par la Clinique pour les besoins de continuent à bénéficier du régime de droit commun qui son activité et continue de bénéficier du régime de exige la démonstration d’une faute pour engager leur responsabilité de plein droit au titre des infections responsabilité. nosocomiales. En revanche, en indiquant que « à l’inverse d’autres Cette position peut trouver sa justification dans le libellé formes d’exercice en commun telles que les sociétés même du deuxième alinéa de l’article L.1142-1. I qui civiles professionnelles ou les sociétés d’exercice met en place un régime de responsabilité de plein droit libéral », cette décision pourrait laisser craindre une pour les entités « dans lesquelles sont réalisés des actes éventuelle extension du régime de la responsabilité de individuels de prévention, de diagnostic ou de soins ». plein droit, en matière d’infections nosocomiales, à ces Le texte n’exige donc pas que l’acte ait été réalisé au structures d’exercice qui seraient alors assimilées aux nom et pour le compte de l’établissement, mais qu’il ait « établissements, services ou organismes » visés par le été réalisé en son sein. Cette logique aurait tout aussi deuxième alinéa de l’article L. 1142-1. I du CSP. bien pu être appliquée à la SCM précitée… Conclusion Cette décision laisse perplexe. En effet, la Clinique, en d’une SCM, la responsabilité du médecin n’aurait pu être l’espèce, n’a fait que fournir des locaux à une SCM de retenue qu’avec la démonstration d’une faute par la médecins libéraux qui ont la charge de son équipement et victime. Il est difficile de trouver une justification à cette de son entretien. La Clinique n’avait donc aucune maîtrise différence de traitement. des conditions, notamment, d’asepsie, dans lesquelles se déroule l’activité des praticiens libéraux. Pourtant, elle Attendons les prochaines décisions de la Cour de supporte la responsabilité des infections nosocomiales liées cassation quant à l’évolution qui sera donnée au champ à cette activité. De plus, si l’arthroscanner avait été réalisé d’application de la responsabilité de plein droit en dans un cabinet de radiologie « de ville » structuré autour matière d’infections nosocomiales. 5
TJ radio n°33 13 09:TJ radio 08 01 18/06/13 13:58 Page 6 Cas pratiques 1 Audrey Bronkhorst, Avocat au Barreau de Lyon Ainsi, si le médecin consulté pratique l’échographie, sa responsabilité pourra être engagée uniquement s’il en résulte un dommage pour la patiente et sous réserve de la démonstration d’une faute de sa part. Ici, pour démontrer la faute, il faudra justifier qu’en acceptant de réaliser un acte qui dépassait ses compétences, ce praticien a commis une faute en agissant de façon non conforme aux données acquises de la science et en faisant courir un risque injustifié à sa A Oui patiente. Le fait que ce médecin ne dispose pas d’un diplôme spécifique (DU, DES existants en la matière) viendra indiscutablement conforter l’analyse, même B Non face à une situation d’urgence. Les médecins ont par ailleurs en toute circonstance Pour engager la responsabilité d’un praticien, il faut l’obligation d’assurer la continuité des soins. démontrer sa faute (outre le préjudice et le lien de causalité certain entre ces deux éléments), c’est-à-dire Dans le cas présent, si le médecin considère qu’il ne démontrer qu’il n’a pas mis en œuvre les moyens peut réaliser lui-même l’échographie, il devra orienter normalement attendus pour l’exécution de son obligation. sa patiente vers un confrère (ou établissement) susceptible de réaliser l’acte (cf. lettre type « Demande La question est donc ici de savoir si la réalisation de de prise en charge d’une patiente en urgence »). Il ne l’échographie par le médecin consulté devant une pourra qu’être conseillé d’inscrire toute la démarche au situation d’urgence constituerait une faute pouvant lui dossier de la patiente (ou à tout le moins d’en conserver être imputée. une trace écrite) et de mettre en œuvre tous les moyens Aucune disposition du Code de la santé publique (CSP) pour s’assurer de sa prise en charge effective (appel au ne vient fixer une liste d’actes que tel ou tel praticien confrère, fixation du rendez-vous avec la patiente, lettre serait compétent pour réaliser, et donc « en droit » au confrère remise à la patiente et dont le médecin d’effectuer. Ainsi, aucune disposition ne vient interdire consulté conserve une copie, doublé par un envoi par par principe à un médecin de réaliser un acte médical mail ou fax de la lettre au confrère avec son accord). en dehors de son domaine de spécialité. En cas d’extrême urgence, il peut également être Le principe est que les médecins sont tenus de donner à envisagé de faire appel à un transport médicalisé, voir leurs patients « des soins conformes aux données aux services d’urgences (SAMU – pompiers). acquises de la science ». L’article L.1110-5 du CSP précise en outre que « toute personne a, compte tenu de son état et de l’urgence des interventions que celui- ci requiert, le droit de recevoir les soins les plus appropriés et de bénéficier des thérapeutiques dont l’efficacité est reconnue et qui garantissent la meilleure sécurité sanitaire au regard des connaissances médicales avérées » et que « les actes de prévention, d’investigation ou de soins, ne doivent pas en l’état des connaissances médicales, lui faire courir des risques disproportionnés par rapport au bénéfice escompté ». L’article R.4127-70 du CSP précise quant à lui : « Tout médecin est, en principe, habilité à pratiquer tous les actes de diagnostic, de prévention et de traitement. Mais il ne doit pas, sauf circonstances exceptionnelles, entreprendre ou poursuivre des soins, ni formuler des Lettre type : Demande de prise en charge d’une patiente en prescriptions dans des domaines qui dépassent ses urgence connaissances, son expérience et les moyens dont il Vous pouvez télécharger ce document sur le site Internet dispose ». www.guerbet.fr au sein de la rubrique "environnement profes- sionnel" 6 Réponse : A
TJ radio n°33 13 09:TJ radio 08 01 18/06/13 13:58 Page 7 Cas pratiques 2 Danièle Ganem-Chabenet, Avocat au Barreau de Paris être poursuivi pénalement pour exercice illégal de la médecine et vous-même pour complicité d’exercice illégal de la médecine (articles L.4161-1 et suivants du CSP). Sur le plan ordinal, vous pourriez également être sanctionné disciplinairement, notamment pour ne pas avoir délivré personnellement des soins attentifs et consciencieux, pour défaut d’information et pour complicité d’exercice illégal de la médecine (articles R.4127-30, R.4127-32 et R.4127-35 du CSP). Il est donc important de rappeler, par tous moyens (et A Oui notamment par écrit, pour des raisons de preuve évidente) à vos manipulateurs en électroradiologie qu’ils ne doivent pas dépasser leur champ de B Non compétence et ainsi, ne pas se livrer à une interprétation des clichés dont ils ont connaissance et encore moins en faire état auprès des patients. Si en vertu de l’article L.1111-2 du Code de la santé publique (CSP), le manipulateur en électroradiologie Dans le cas où vous constateriez qu’un manipulateur ne doit, comme tout professionnel de santé, délivrer une tiendrait pas compte de ces obligations et outrepasserait information au patient, celle-ci ne peut porter que sur des ses compétences, il vous appartient de prendre toute éléments relevant de son champ de compétence (par mesure disciplinaire à son encontre (blâme, voire exemple, information sur les conditions techniques de licenciement). l’examen, positionnement, …). En aucun cas, le manipulateur ne peut vous substituer dans l’interprétation des clichés et délivrer des informations s’y rapportant au patient. De tels actes relèvent de votre seule compétence (cf. outil pratique « Répartition des compétences entre le radiologue et le manipulateur en radiologie »). Dans l’hypothèse où cette interprétation et, en conséquence, cette information délivrée par le manipulateur au patient seraient erronées, en cas de préjudice en résultant, votre responsabilité civile pourrait être engagée, dans la mesure où vous êtes responsable des fautes commises par votre personnel (article 1384 du Code civil). Tableau comparatif : Répartition des compétences entre le radiologue et le manipulateur en radiologie Par ailleurs, il n’est pas inutile de souligner que s’il Vous pouvez télécharger ce document sur le site Internet apparaît que cette pratique est courante dans votre www.guerbet.fr au sein de la rubrique "environnement profes- cabinet, le manipulateur en électroradiologie pourrait sionnel" Rédaction achevée au mois de mai 2013. Textes sujets à d’éventuelles Avocat au Barreau de Paris ; Marie-Christine Henry-Gaboriau, modifications, notamment d’ordre légal, réglementaire ou jurisprudentiel. Avocat au Barreau de Paris ; Philippe Jalley, Avocat au Barreau de LA TRIBUNE JURIDIQUE DU RADIOLOGUE est une lettre d’information profes- Meaux. sionnelle destinée aux radiologues hospitaliers et libéraux. Les infor- MÉDECIN-CONSEIL : Docteur Frédéric Plagnol, Radiologue - SOCIÉTÉ ÉDITRICE : mations qui y sont contenues ont un caractère général et ne sauraient L’Entreprise Médicale, SARL au capital de 104 940 €, RCS Nanterre, répondre aux questions relevant de situations particulières ni enga- SIRET 377 562 277 000 48, Siège social : 3 bis, rue du Dr Foucault - ger la responsabilité de Guerbet. Ces dernières seront examinées au 92 000 Nanterre - CONCEPTION ET RÉALISATION : L’Entreprise Médicale - mieux dans le cadre de la consultation d’un expert habilité, membre d’une profession juridique réglementée. Les textes publiés dans la DÉPÔT LÉGAL : à parution - ISSN : 1281-0266. Tribune juridique du radiologue sont l’expression de l’opinion Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque personnelle de leurs auteurs. procédé que ce soit, des pages publiées dans la présente publication, DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Jean-Luc Balança - DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : faite sans autorisation de l’éditeur, est illicite et constitue une contrefa- Dr François Prieur - ONT PARTICIPÉ À LA RÉDACTION DE CE NUMÉRO : Audrey çon. Seules sont autorisées les reproductions à l’usage privé du copiste Bronkhorst, Avocat au Barreau de Lyon ; Danièle Ganem-Chabenet, et non destinées à une utilisation collective (loi du 1er juillet 1992). Réponse : A 7
TJ radio n°33 13 09:TJ radio 08 01 18/06/13 13:58 Page 8 Améliorer la prise en charge de vos patients avec des produits de contraste innovants www.guerbet.fr PF 1335 - Juin 2013 - Réalisation L'Entreprise Médicale
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