La Tribune juridique du radiologue

 
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La Tribune juridique du radiologue
TJ radio n°33 13 09:TJ radio 08 01        18/06/13   13:58    Page 1

              La Tribune juridique
              du radiologue
              Septembre 2013
              Lettre d’information juridique éditée par L’Entreprise Médicale

           Sommaire                                               En bref

             Site Internet d’un cabinet de
             radiologie : attention à la publicité
                                                             Audrey Bronkhorst, Avocat au Barreau de Lyon
             Les différents contrôles auxquels les
             médecins radiologues peuvent faire
             face dans le cadre de leur activité             L’interdiction de la publicité pour les médecins est prévue par l’article R. 4127-
             professionnelle                                 19 du Code de la santé publique (CSP). Les articles R.4127-13 et R.4127-20
                                                             du CSP autorisent l’information au public, mais rappellent que, quel que soit le
             Comment se déroule une procédure                moyen de diffusion, le médecin doit se garder de toute attitude publicitaire
             disciplinaire ordinale à votre                  personnelle comme en faveur des organismes où il exerce. Ainsi, la publicité
             encontre ?                                      directe, comme indirecte est interdite.

             Qu’est-ce que l’Observatoire de                 Le radiologue a ainsi la charge de s’assurer que la présentation de son nom ou
             sécurité des médecins ?                         de son cabinet par une clinique ne constitue pas une publicité indirecte.
                                                             Notamment, la nécessité de rentabiliser le matériel ne doit pas justifier les
                                                             pratiques de réclames.

             À propos de la responsabilité d’une             Le contenu d’un site Internet doit être informatif et doit se garder de toute
             clinique en raison d’une infection              promotion (du médecin, de son activité, des moyens et matériels utilisés, etc.).
             nosocomiale contractée au cours                 Il s’agit du critère principal.
             d’un arthroscanner pratiqué par un              Des informations médicales d’ordre général peuvent néanmoins figurer sur ledit
             radiologue d’une SCM située sur le              site. Elles devront alors être mises à jour et validées.
             même site que l’établissement de
             santé                                           Les praticiens pourront utilement se référer au livre blanc de la déontologie sur
                                                             le web qui détaille les recommandations relatives au contenu des sites ainsi
                                                             qu’à la charte publiée par le CNOM.
           1 Compétence et urgence                           Si le Conseil de l’Ordre ne délivre pas d’agrément pour les sites Internet des
           2 Informations données aux patients               praticiens, ceux-ci peuvent néanmoins solliciter la certification de leur site
             par le manipulateur en radiologie :             auprès de la Fondation HON sur le site de laquelle ils pourront aussi vérifier au
             attention à votre responsabilité !              moyen d’un formulaire en ligne si leur site respecte les standards élémentaires.
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                         En bref

              Marie-Christine Henry-Gaboriau, Avocat au Barreau de Paris

              Dans le cadre de leur activité professionnelle, les             b) Le contrôle médical
              médecins radiologues peuvent être amenés à faire face
                                                                              Le contrôle médical porte sur tous les éléments d’ordre
              à différents contrôles. Sans que cette liste soit
                                                                              médical qui commandent l’attribution et le service de
              exhaustive, il peut s’agir :
                                                                              l’ensemble des prestations de l’assurance maladie,
              1. Des contrôles fiscaux à la suite d’une vérification de       maternité et invalidité.
                 l’administration fiscale
                                                                              Parallèlement au contrôle technique, cette mesure de
              L’administration fiscale dispose du pouvoir de contrôler        surveillance vise donc à constater les manquements à
              la comptabilité et les déclarations fiscales.                   l’exercice régulier des opérations de tarification. L’outil
              Le droit de contrôle de l’administration s’exerce               principal des manquements sera l’analyse des données
              normalement sur une période de trois ans.                       de télétransmission de codification des actes.

              Le contrôle fiscal peut être effectué sur pièces, c’est-à-      4. Des contrôles de radioprotection
              dire à partir des documents déposés par le                      L’autorité de sûreté nucléaire (ASN), créée par la loi du
              contribuable, ainsi que des renseignements fournis par
                                                                              13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité
              les tiers ou sur place, et nécessite alors la rencontre du
                                                                              en matière nucléaire, assure le contrôle du respect de la
              contribuable avec l’administration fiscale.
                                                                              réglementation en matière de sûreté nucléaire et de
              2. Des contrôles d’URSSAF                                       radioprotection.
              Les radiologues cotisent à l’URSSAF en leur qualité de          On distingue deux types d’inspection : les inspections
              travailleurs indépendants. Ils peuvent bien évidemment          courantes qui sont des inspections périodiques
              faire l’objet d’un redressement si leurs déclarations étaient   programmées par l’ASN et les inspections réalisées
              erronées ou si des problèmes de concordance sont                après un incident ou un événement significatif pour
              apparus. Mais les contrôles auxquels les radiologues ont        mener des investigations rapides et approfondies.
              le plus souvent à faire face vis-à-vis de l’URSSAF sont ceux
              qui concernent leur qualité d’employeurs.                       Les inspections sont organisées sous le mode annoncé
                                                                              ou inopiné.
              Une particularité concernant les contrôles d’URSSAF
              pour les médecins radiologues : l’URSSAF cherche                Ces inspecteurs de la radioprotection ont vocation à
              souvent à réintégrer dans l’assiette des cotisations            contrôler au même titre que les inspecteurs et
              sociales dues les sommes versées aux médecins                   contrôleurs du travail l’application des dispositions du
              remplaçants au motif que ces sommes doivent être                Code du travail concernant la radioprotection.
              qualifiées en salaires parce que le cabinet ne justifie
                                                                              5. Des contrôles de l’Inspection du travail
              pas de ce que le médecin remplaçant est cotisant aux
              caisses TNS.                                                    Les radiologues, en leur qualité d’employeurs, peuvent
                                                                              faire l’objet d’un contrôle par l’inspection du travail.
              Afin d’éviter de subir un tel contrôle, il est recommandé
              de demander à chaque remplaçant de justifier de ce              Les attributions de l’inspecteur du travail sont générales
              qu’il cotise régulièrement aux caisses TNS.                     puisqu’elles concernent aussi bien le domaine des
              3. Des contrôles de Sécurité Sociale                            relations individuelles et collectives de travail, que la
                                                                              sécurité et l’organisation du travail.
              Il existe deux sortes de contrôles :
                                                                              Il convient de souligner que pour les radiologues, en
              a) Le contrôle technique des caisses de sécurité sociale        application des dispositions de l’article L.231-7-1 du
              Il a été institué pour permettre aux organismes de              Code du travail, l’inspection spécialisée de la
              sécurité sociale de veiller à l’activité des praticiens dans    radioprotection est compétente dès lors que les
              un double objectif financier et de santé.                       rayonnements ionisants sont mis en œuvre (renvoie à la
                                                                              compétence d’un inspecteur de radioprotection).
              Ce contentieux à vocation disciplinaire relève de la
              compétence de l’ordre administratif et plus précisément         En conclusion, l’inspection de la radioprotection et
              de la section des assurances sociales de la Chambre             l’inspection du travail disposent de moyens de
              disciplinaire.                                                  coercition complémentaires.

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                         En bref

              Danièle Ganem-Chabenet, Avocat au Barreau de Paris

              La plainte : Dès sa réception, le Président du Conseil       pièces au greffe qui les transmet à l’autre partie. Lors
              départemental l’enregistre, en accuse réception au           de l’audience, après lecture du rapport du conseiller-
              plaignant, vous en informe et convoque les parties dans      rapporteur, chaque partie fait part de ses observations.
              un délai d’un mois pour une réunion de conciliation. Le      La juridiction peut décider le rejet de la plainte, le
              Conseil départemental peut également lui-même porter         prononcé d’une mesure d’instruction complémentaire
              plainte. Des particularités existent pour les radiologues    (expertise,…) ou prononce une sanction (avertissement,
              hospitaliers (la plainte ne peut émaner que de certaines     blâme, interdiction temporaire d’exercice avec ou sans
              autorités, dont le Conseil départemental et le Conseil       sursis, radiation).
              national de l’Ordre des médecins).
                                                                           Les voies de recours : un appel peut être formé dans les
              La réunion de conciliation : Cette réunion peut donner
                                                                           30 jours suivant la notification de la décision auprès de
              lieu à un procès-verbal soit de conciliation, soit de
                                                                           la Chambre disciplinaire nationale (l’appel est
              carence (absence d’une des parties), soit de non
              conciliation (absence d’accord). Dans ces deux               suspensif et la procédure est identique à celle visée ci-
              derniers cas, le Conseil départemental transmet alors la     dessus), suivi d’un pourvoi devant le Conseil d’Etat
              plainte à la Chambre disciplinaire de première               dans les 2 mois à compter de la notification de la
              instance, dans les 3 mois à compter de son                   décision (le pourvoi n’est pas suspensif).
              enregistrement, en s’y associant ou non.                     A noter qu’à toutes ces étapes, vous avez tout intérêt à
              La procédure devant la Chambre disciplinaire de              vous présenter et à vous faire assister par un avocat ou
              première instance : Un rapporteur est chargé d’instruire     un confrère. Devant le Conseil d’Etat, le ministère d’un
              le dossier. Chaque partie adresse ses mémoires et            avocat est obligatoire.

              Philippe Jalley, Avocat au Barreau de Meaux

              L’Observatoire de sécurité des médecins a été créé en        crainte de représailles éventuelles, voire se constituer
              2003 par le Conseil national de l’Ordre des Médecins         également partie civile.
              (CNOM). Il s’agit d’un outil destiné au suivi et à la
                                                                           En effet, les Conseils départementaux sont habilités à
              prévention des violences faites aux médecins.
                                                                           porter plainte aux lieu et place du médecin pour éviter
              La mission de cet Observatoire est en effet de recueillir    des représailles éventuelles.
              les déclarations effectuées par les médecins en cas de       Si les médecins généralistes sont les plus touchés (56%
              violence, afin d’appréhender plus concrètement le            des agressions), la proportion d’incidents touchant les
              niveau d’insécurité « sur le terrain » et de favoriser les   spécialistes augmente régulièrement (35% en 2008,
              coopérations avec les autorités.                             40% en 2011 et 44% en 2012).
              En 2011, le CNOM a signé un protocole national de            Les ophtalmologistes, psychiatres, dermatologues,
              sécurité avec les Ministères de l’Intérieur, de la Justice   médecins du travail et gynécologues obstétriciens
              et de la Santé, lequel a été mis en place dans 68            semblent être les spécialités les plus touchées par ce
              départements.                                                phénomène, étant précisé que tous les actes de
              Par une fiche de signalement, le médecin victime             violence ne sont pas déclarés par les praticiens…
              transmet l’information au Conseil départemental de           Les facteurs analysés par IPSOS établissent que les
              l’Ordre des Médecins (CDOM), qui est alors saisi du          reproches de délais trop longs de prise de rendez-vous
              problème (agression physique et verbale ou attaque           ou d’attente lors de la consultation ainsi que le refus de
              aux biens). Le CDOM peut s’associer au dépôt de              prescription expliqueraient « le passage à l’acte » des
              plainte du médecin et se substituer à lui en cas de          patients.

                                                                                                                                        3
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                          Jurisprudence

              A propos de la responsabilité d’une clinique en raison d’une
              infection nosocomiale contractée au cours d’un arthroscanner
              pratiqué par un radiologue d’une SCM située sur le même site
              que l’établissement de santé
              Commentaire de la décision de la 1ère Chambre civile de la Cour de Cassation du 12 juillet 2012

              Marie-Christine Henry-Gaboriau, Avocat au Barreau de Paris

                     Les faits et la procédure
            Par un arrêt du 12 juillet 2012, la 1ère Chambre civile de      Le patient a décidé d’agir en responsabilité contre la
            la Cour de cassation a considéré qu’une Clinique était          Clinique et le médecin ayant réalisé l’acte, mais également
            responsable, de plein droit en application de l’article L.      contre la société civile de moyens (SCM) dont ce dernier est
            1142-1 du Code de la santé publique (CSP), de l’infection       associé.
            nosocomiale contractée par un patient lors d’un examen
            réalisé par un praticien libéral exerçant sur le site de la     La Cour d’appel de DOUAI, dans son arrêt du 6 janvier
            Clinique et associé dans une société civile de moyens.          2011, a débouté le patient de l’ensemble de ses
            Un rappel général du cadre juridique de la responsabilité       demandes, écartant la responsabilité de la Clinique et
            médicale, notamment en raison des infections                    celle de la SCM.
            nosocomiales, s’impose avant d’évoquer les apports de
                                                                            Pour la Clinique, la Cour d’appel a relevé qu’il existait
            cette décision.
                                                                            entre le médecin radiologue et la Clinique un contrat, en
            Le principe général de la responsabilité civile médicale,       date du 6 mai 1969, par lequel le médecin s’engageait,
            précisé dans le premier alinéa de l’article L.1142-1. I du      à assurer, de façon permanente et exclusive, tous les
            CSP, est que les professionnels de santé et les
                                                                            besoins en radiologie de la Clinique. Le praticien
            « établissements, services ou organismes dans lesquels
            sont réalisés des actes individuels de prévention, de           bénéficiait également d’une mise à disposition de divers
            diagnostic ou de soins » ne sont responsables qu’en cas         locaux moyennant le versement d’une indemnité. Le
            de faute prouvée par la victime.                                praticien conservait à sa charge le recouvrement de ses
                                                                            honoraires, l’achat de matériels et du mobilier, le
            Les établissements précités supportent un régime de
                                                                            recrutement et la rémunération du personnel nécessaire.
            responsabilité spécifique au titre des infections
            nosocomiales contractées en leur sein. En effet, le             Un avenant a été conclu en 1989 pour élargir le bénéfice
            deuxième alinéa de l’article L. 1142-1. I prévoit que : « Les   de cette convention aux associés du radiologue concerné.
            établissements, services et organismes susmentionnés sont
                                                                            Cet avenant précisait que le « nettoyage des locaux pour
            responsables des dommages résultant d’infections
                                                                            cette partie était à la charge des radiologues ».
            nosocomiales, sauf s’ils rapportent la preuve d’une cause
            étrangère ».                                                    En 1997, un nouveau contrat de sous-location a été
            Ainsi, les entités visées par ce texte ne peuvent se            conclu entre la Clinique et la SCM constituée par les
            dégager de leur responsabilité, en matière d’infections         radiologues précités.
            nosocomiales, qu’en apportant la preuve que ladite
                                                                            Au regard de ces éléments, la Cour d’appel de DOUAI a
            infection à une cause étrangère.
                                                                            retenu un faisceau d’indices suivant lequel l’arthroscanner
            Ce régime de responsabilité de plein droit n’est pas            en cause a été réalisé, sur demande d’un praticien
            applicable aux professionnels de santé libéraux dont la
                                                                            extérieur à l’établissement, par un radiologue libéral, sur
            responsabilité n’est engagée, en raison d’une infection
                                                                            des matériels appartenant à la SCM, grâce à un
            nosocomiale, que dès lors que la victime apporte la
            preuve d’une faute à l’origine de l’infection.                  personnel distinct de celui de la Clinique, dans les locaux
                                                                            pris à bail par la SCM qui en assurait le nettoyage, ce qui
            La Cour de cassation a fait application de ces règles
                                                                            « comprenait nécessairement l’asepsie entendue comme
            dans sa décision du 12 juillet 2012. En l’espèce, un
                                                                            méthode préventive utilisée pour éviter toute infection ». En
            footballeur professionnel, présentant une douleur à la
            cheville, avait été adressé, par un confrère extérieur à        conséquence, elle a estimé que l’acte litigieux n’ayant pas
            l’établissement, à un radiologue libéral exerçant sur le        été pratiqué « au sein ou pour le compte » de la Clinique,
            site de la Clinique, pour la réalisation d’un arthroscanner     la responsabilité cette dernière n’était pas encourue pour
            lors duquel il a contracté une infection nosocomiale.           l’infection nosocomiale contractée.

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La Tribune juridique du radiologue
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                          Jurisprudence

              S’agissant de la SCM, la Cour d’appel a rappelé que les           l’inverse d’autres formes d’exercice en commun telles
              radiologues y exercent à titre libéral la médecine.               que les sociétés civiles professionnelles ou les sociétés
              En retenant que la SCM a pour objet social la mise en             d’exercice libéral », la Cour d’appel a refusé de lui
              commun des moyens matériels et humains nécessaires à              appliquer le régime de la responsabilité de plein droit
              l’activité de ses associés et qu’elle « ne saurait exercer        prévu pour les infections nosocomiales.
              une activité de prévention, de diagnostic ou de soins, à

                       Commentaires
              La Cour de cassation a censuré la décision d’appel en              Or, une telle extension méconnaîtrait le fait que les
              retenant la responsabilité de la Clinique aux motifs que,          structures d’exercice évoquées ont pour objet l’exercice
              suivants les termes des conventions précitées, la SCM              de la médecine libérale et sont inscrites à cet effet au
              « assurait tous les besoins [de la Clinique] en matière de         tableau de l’Ordre. De plus, cela viendrait créer une
              radiologie courante et bénéficiait de l’exclusivité de             différence de traitement injustifiée entre des praticiens
              l’installation et de l’usage de tout appareil radiologique,        travaillant au sein d’une structure d’exercice et ceux
              de sorte que la SCM pouvait être considérée comme un               exerçant à titre individuel ou en tant qu’associé en
              service de l’établissement de santé ».                             dehors d’une structure d’exercice.

              L’enseignement de cette décision est double.                       Concernant la Clinique, la Cour de cassation adopte une
                                                                                 position particulièrement favorable au patient. En effet,
              Tout d’abord, elle confirme qu’une SCM ne fait pas partie          elle estime, notamment au regard des conventions
              des personnes visées par l’article L. 1142-1 du CSP                existantes et de l’exclusivité donnée aux praticiens en
              supportant une responsabilité de plein droit au titre des          cause, que ces derniers et leur SCM doivent être
              infections nosocomiales et n’est donc pas assimilable à            considérés comme le « service de radiologie de la
              un « établissement, services ou organismes dans lesquels           Clinique ». Ainsi, le patient, pris en charge dans un
              sont réalisés des actes individuels de prévention, de              établissement de santé, n’a pas à souffrir des différents
              diagnostic ou de soins ». Ainsi, les associés d’une SCM            contrats mis en place par la Clinique pour les besoins de
              continuent à bénéficier du régime de droit commun qui              son activité et continue de bénéficier du régime de
              exige la démonstration d’une faute pour engager leur               responsabilité de plein droit au titre des infections
              responsabilité.                                                    nosocomiales.
              En revanche, en indiquant que « à l’inverse d’autres               Cette position peut trouver sa justification dans le libellé
              formes d’exercice en commun telles que les sociétés                même du deuxième alinéa de l’article L.1142-1. I qui
              civiles professionnelles ou les sociétés d’exercice                met en place un régime de responsabilité de plein droit
              libéral », cette décision pourrait laisser craindre une            pour les entités « dans lesquelles sont réalisés des actes
              éventuelle extension du régime de la responsabilité de             individuels de prévention, de diagnostic ou de soins ».
              plein droit, en matière d’infections nosocomiales, à ces           Le texte n’exige donc pas que l’acte ait été réalisé au
              structures d’exercice qui seraient alors assimilées aux            nom et pour le compte de l’établissement, mais qu’il ait
              « établissements, services ou organismes » visés par le            été réalisé en son sein. Cette logique aurait tout aussi
              deuxième alinéa de l’article L. 1142-1. I du CSP.                  bien pu être appliquée à la SCM précitée…

                       Conclusion
              Cette décision laisse perplexe. En effet, la Clinique, en          d’une SCM, la responsabilité du médecin n’aurait pu être
              l’espèce, n’a fait que fournir des locaux à une SCM de             retenue qu’avec la démonstration d’une faute par la
              médecins libéraux qui ont la charge de son équipement et           victime. Il est difficile de trouver une justification à cette
              de son entretien. La Clinique n’avait donc aucune maîtrise         différence de traitement.
              des conditions, notamment, d’asepsie, dans lesquelles se
              déroule l’activité des praticiens libéraux. Pourtant, elle         Attendons les prochaines décisions de la Cour de
              supporte la responsabilité des infections nosocomiales liées       cassation quant à l’évolution qui sera donnée au champ
              à cette activité. De plus, si l’arthroscanner avait été réalisé    d’application de la responsabilité de plein droit en
              dans un cabinet de radiologie « de ville » structuré autour        matière d’infections nosocomiales.

                                                                                                                                                  5
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                         Cas pratiques

         1
              Audrey Bronkhorst, Avocat au Barreau de Lyon

                                                                           Ainsi, si le médecin consulté pratique l’échographie, sa
                                                                           responsabilité pourra être engagée uniquement s’il en
                                                                           résulte un dommage pour la patiente et sous réserve de
                                                                           la démonstration d’une faute de sa part.
                                                                           Ici, pour démontrer la faute, il faudra justifier qu’en
                                                                           acceptant de réaliser un acte qui dépassait ses
                                                                           compétences, ce praticien a commis une faute en
                                                                           agissant de façon non conforme aux données acquises
                                                                           de la science et en faisant courir un risque injustifié à sa
                A    Oui
                                                                           patiente. Le fait que ce médecin ne dispose pas d’un
                                                                           diplôme spécifique (DU, DES existants en la matière)
                                                                           viendra indiscutablement conforter l’analyse, même
                B    Non
                                                                           face à une situation d’urgence.
                                                                           Les médecins ont par ailleurs en toute circonstance
              Pour engager la responsabilité d’un praticien, il faut
                                                                           l’obligation d’assurer la continuité des soins.
              démontrer sa faute (outre le préjudice et le lien de
              causalité certain entre ces deux éléments), c’est-à-dire     Dans le cas présent, si le médecin considère qu’il ne
              démontrer qu’il n’a pas mis en œuvre les moyens              peut réaliser lui-même l’échographie, il devra orienter
              normalement attendus pour l’exécution de son obligation.     sa patiente vers un confrère (ou établissement)
                                                                           susceptible de réaliser l’acte (cf. lettre type « Demande
              La question est donc ici de savoir si la réalisation de
                                                                           de prise en charge d’une patiente en urgence »). Il ne
              l’échographie par le médecin consulté devant une
                                                                           pourra qu’être conseillé d’inscrire toute la démarche au
              situation d’urgence constituerait une faute pouvant lui
                                                                           dossier de la patiente (ou à tout le moins d’en conserver
              être imputée.
                                                                           une trace écrite) et de mettre en œuvre tous les moyens
              Aucune disposition du Code de la santé publique (CSP)        pour s’assurer de sa prise en charge effective (appel au
              ne vient fixer une liste d’actes que tel ou tel praticien    confrère, fixation du rendez-vous avec la patiente, lettre
              serait compétent pour réaliser, et donc « en droit »         au confrère remise à la patiente et dont le médecin
              d’effectuer. Ainsi, aucune disposition ne vient interdire    consulté conserve une copie, doublé par un envoi par
              par principe à un médecin de réaliser un acte médical        mail ou fax de la lettre au confrère avec son accord).
              en dehors de son domaine de spécialité.
                                                                           En cas d’extrême urgence, il peut également être
              Le principe est que les médecins sont tenus de donner à      envisagé de faire appel à un transport médicalisé, voir
              leurs patients « des soins conformes aux données             aux services d’urgences (SAMU – pompiers).
              acquises de la science ». L’article L.1110-5 du CSP
              précise en outre que « toute personne a, compte tenu
              de son état et de l’urgence des interventions que celui-
              ci requiert, le droit de recevoir les soins les plus
              appropriés et de bénéficier des thérapeutiques dont
              l’efficacité est reconnue et qui garantissent la meilleure
              sécurité sanitaire au regard des connaissances
              médicales avérées » et que « les actes de prévention,
              d’investigation ou de soins, ne doivent pas en l’état des
              connaissances médicales, lui faire courir des risques
              disproportionnés par rapport au bénéfice escompté ».
              L’article R.4127-70 du CSP précise quant à lui : « Tout
              médecin est, en principe, habilité à pratiquer tous les
              actes de diagnostic, de prévention et de traitement.
              Mais il ne doit pas, sauf circonstances exceptionnelles,
              entreprendre ou poursuivre des soins, ni formuler des        Lettre type : Demande de prise en charge d’une patiente en
              prescriptions dans des domaines qui dépassent ses            urgence
              connaissances, son expérience et les moyens dont il          Vous pouvez télécharger ce document sur le site Internet
              dispose ».                                                   www.guerbet.fr au sein de la rubrique "environnement profes-
                                                                           sionnel"

     6                                                                                                                   Réponse : A
TJ radio n°33 13 09:TJ radio 08 01               18/06/13        13:58      Page 7

                            Cas pratiques

        2

              Danièle Ganem-Chabenet, Avocat au Barreau de Paris

                                                                                              être poursuivi pénalement pour exercice illégal de la
                                                                                              médecine et vous-même pour complicité d’exercice illégal
                                                                                              de la médecine (articles L.4161-1 et suivants du CSP).
                                                                                              Sur le plan ordinal, vous pourriez également être
                                                                                              sanctionné disciplinairement, notamment pour ne pas
                                                                                              avoir délivré personnellement des soins attentifs et
                                                                                              consciencieux, pour défaut d’information et pour
                                                                                              complicité d’exercice illégal de la médecine (articles
                                                                                              R.4127-30, R.4127-32 et R.4127-35 du CSP).
                                                                                              Il est donc important de rappeler, par tous moyens (et
                A      Oui                                                                    notamment par écrit, pour des raisons de preuve
                                                                                              évidente) à vos manipulateurs en électroradiologie
                                                                                              qu’ils ne doivent pas dépasser leur champ de
                B      Non                                                                    compétence et ainsi, ne pas se livrer à une
                                                                                              interprétation des clichés dont ils ont connaissance et
                                                                                              encore moins en faire état auprès des patients.
              Si en vertu de l’article L.1111-2 du Code de la santé
              publique (CSP), le manipulateur en électroradiologie                            Dans le cas où vous constateriez qu’un manipulateur ne
              doit, comme tout professionnel de santé, délivrer une                           tiendrait pas compte de ces obligations et outrepasserait
              information au patient, celle-ci ne peut porter que sur des                     ses compétences, il vous appartient de prendre toute
              éléments relevant de son champ de compétence (par                               mesure disciplinaire à son encontre (blâme, voire
              exemple, information sur les conditions techniques de                           licenciement).
              l’examen, positionnement, …).
              En aucun cas, le manipulateur ne peut vous substituer
              dans l’interprétation des clichés et délivrer des
              informations s’y rapportant au patient. De tels actes
              relèvent de votre seule compétence (cf. outil pratique
              « Répartition des compétences entre le radiologue et le
              manipulateur en radiologie »).
              Dans l’hypothèse où cette interprétation et, en
              conséquence, cette information délivrée par le
              manipulateur au patient seraient erronées, en cas de
              préjudice en résultant, votre responsabilité civile
              pourrait être engagée, dans la mesure où vous êtes
              responsable des fautes commises par votre personnel
              (article 1384 du Code civil).                                                   Tableau comparatif : Répartition des compétences entre le
                                                                                              radiologue et le manipulateur en radiologie
              Par ailleurs, il n’est pas inutile de souligner que s’il                        Vous pouvez télécharger ce document sur le site Internet
              apparaît que cette pratique est courante dans votre                             www.guerbet.fr au sein de la rubrique "environnement profes-
              cabinet, le manipulateur en électroradiologie pourrait                          sionnel"

               Rédaction achevée au mois de mai 2013. Textes sujets à d’éventuelles           Avocat au Barreau de Paris ; Marie-Christine Henry-Gaboriau,
               modifications, notamment d’ordre légal, réglementaire ou jurisprudentiel.      Avocat au Barreau de Paris ; Philippe Jalley, Avocat au Barreau de
               LA TRIBUNE JURIDIQUE DU RADIOLOGUE est une lettre d’information profes-        Meaux.
               sionnelle destinée aux radiologues hospitaliers et libéraux. Les infor-        MÉDECIN-CONSEIL : Docteur Frédéric Plagnol, Radiologue - SOCIÉTÉ ÉDITRICE :
               mations qui y sont contenues ont un caractère général et ne sauraient          L’Entreprise Médicale, SARL au capital de 104 940 €, RCS Nanterre,
               répondre aux questions relevant de situations particulières ni enga-           SIRET 377 562 277 000 48, Siège social : 3 bis, rue du Dr Foucault -
               ger la responsabilité de Guerbet. Ces dernières seront examinées au
                                                                                              92 000 Nanterre - CONCEPTION ET RÉALISATION : L’Entreprise Médicale -
               mieux dans le cadre de la consultation d’un expert habilité, membre
               d’une profession juridique réglementée. Les textes publiés dans la             DÉPÔT LÉGAL : à parution - ISSN : 1281-0266.
               Tribune juridique du radiologue sont l’expression de l’opinion                 Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque
               personnelle de leurs auteurs.                                                  procédé que ce soit, des pages publiées dans la présente publication,
               DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Jean-Luc Balança - DIRECTEUR DE LA RÉDACTION :   faite sans autorisation de l’éditeur, est illicite et constitue une contrefa-
               Dr François Prieur - ONT PARTICIPÉ À LA RÉDACTION DE CE NUMÉRO : Audrey        çon. Seules sont autorisées les reproductions à l’usage privé du copiste
               Bronkhorst, Avocat au Barreau de Lyon ; Danièle Ganem-Chabenet,                et non destinées à une utilisation collective (loi du 1er juillet 1992).

                                                                                                                                                    Réponse : A               7
TJ radio n°33 13 09:TJ radio 08 01   18/06/13   13:58   Page 8

              Améliorer la prise en charge
              de vos patients avec des produits
              de contraste innovants

                                                                 www.guerbet.fr

                                                                              PF 1335 - Juin 2013 - Réalisation L'Entreprise Médicale
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