La zone de libre-échange continentale changera-t-elle la donne en Afrique ? - IMF

La page est créée Annie Boucher
 
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3. La zone de libre-échange continentale
                        changera-t-elle la donne en Afrique ?
En 2018, les pays membres de l’Union africaine                              entre les pays et au sein de chaque pays. Les dirigeants
ont donné un sérieux coup de pouce à l’intégration                          redoutent souvent à juste titre que la poursuite de l’in-
commerciale et économique régionale en créant la                            tégration commerciale de leur économie avec celles
Zone de libre-échange continentale pour l’Afrique                           d’autres pays bénéficie à certaines branches d’activité et
(ZLECAf). Ils sont convenus de supprimer les droits                         en pénalise d’autres, qu’elle ait des effets négatifs sur les
de douane sur la plupart des marchandises, de libé-                         bénéfices et les perspectives d’emploi dans certains sec-
raliser le commerce des principaux services, de s’atta-                     teurs et sur certains niveaux de qualification, et qu’elle
quer aux obstacles non tarifaires freinant les échanges                     réduise les recettes budgétaires.
commerciaux intrarégionaux, puis de créer un marché
unique continental où la main-d’œuvre et les capitaux                       Le présent chapitre examine les avantages et les diffi-
circuleront librement. Même si certains aspects sont en                     cultés que la mise en œuvre de la ZLECAf pourrait
cours de négociation, l’accord sur la ZLECAf a été ra-                      représenter pour les pays africains. Il se concentre sur
tifié par 22 pays et devrait entrer en vigueur en 2019.                     trois questions :
Quand elle sera opérationnelle, la ZLECAf constituera
un marché de 1,2 milliard d’individus représentant                          •    Comment le commerce intrarégional en Afrique
2.500 milliards de dollars de PIB cumulé. Cette nou-                             a-t-il évolué et en quoi diffère-t-il du commerce
velle entité pourrait changer la donne sur le continent1.                        international de l’Afrique ? Que semble mon-
                                                                                 trer l’expérience des communautés économiques
L’intégration commerciale peut contribuer à faire dé-                            sous-régionales africaines concernant le potentiel
coller le développement et a été à l’origine de réus-                            d’intégration plus poussée du continent ?
sites spectaculaires sur d’autres continents (voir FMI,
2018a). Elle permet aux pays de se spécialiser dans la                      •    Quel pourrait être l’effet de la ZLECAf sur le
production des biens et des services pour lesquels ils                           commerce intrarégional et quelles politiques fau-
détiennent un avantage comparatif et d’exploiter les                             drait-il pour favoriser le renforcement de l’inté-
économies d’échelle, ce qui dope la productivité et la                           gration commerciale régionale ?
croissance. L’intégration commerciale peut également
favoriser les transformations structurelles en assurant                     •    De quelle manière la ZLECAf influera-t-elle sur
la diffusion de connaissances et de technologies et en                           le bien-être, la répartition des revenus et les re-
facilitant la conception de nouveaux produits (voir                              cettes budgétaires des pays africains ?
FMI, 2016). La création d’une grande zone de libre-
échange en Afrique amplifiera le potentiel de trans-                        L’analyse montre que :
formation économique de la région. Cela aura pour
double effet de stimuler le commerce intrarégional                          •    Le commerce intrarégional en Afrique s’est dé-
et d’attirer plus d’investissement direct étranger et de                         veloppé rapidement, avec un petit nombre de
faciliter la création de chaînes d’approvisionnement                             pôles commerciaux régionaux dominant des flux
régionales, qui ont été des moteurs importants de la                             d’échanges relativement diversifiés. Les importa-
transformation économique dans d’autres régions.                                 tions intrarégionales rapportées au total des im-
                                                                                 portations ont presque triplé au cours des deux
Toutefois, le commerce international soutient la crois-                          dernières décennies et atteint 12–14 %, soit en-
sance, mais il induit aussi des coûts, et ses retombées                          viron 100 milliards de dollars : la création de plu-
ne se répartissent pas forcément de manière uniforme                             sieurs communautés économiques sous-régionales
Ce chapitre a été préparé par une équipe dirigée par Geremia Palomba, coordonnée par Reda Cherif et Yunhui Zhao, et composée par
Russell Green, Salifou Issoufou, Thomas McGregor, Adrian Peralta-Alva, Amadou Sy, Bruno Versailles et Jason Weiss. L’Équipe a en
outre bénéficié du concours d’Hilary Devine et de Miguel Pereira Mendes en matière de recherche.
1
 En avril 2019, les 22 ratifications nécessaires à l’entrée en vigueur de la ZLECAf avaient été finalisées. La ZLECAf prévoit un accord
sur les réductions tarifaires spécifiques, les procédures de libéralisation du commerce des services et les règles d’origine courant 2019. Les
négociations se poursuivent. En outre, un deuxième cycle de négociations pourrait démarrer en 2020, au sujet des droits de propriété
intellectuelle et de la politique de la concurrence (voir l’annexe en ligne 3.1).

                                                                                                                                                 41
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES RÉGIONALES : AFRIQUE SUBSAHARIENNE

         a stimulé le commerce dans la région. En 2017,                recettes budgétaires consécutives à la baisse des
         les trois quarts des échanges intrarégionaux ont eu           droits de douane seront probablement faibles, en
         lieu dans le cadre des principales communautés                moyenne, mais pourraient être importantes dans
         sous-régionales. Le processus a fait émerger de               un petit nombre de pays qui continuent d’appli-
         grands pôles régionaux comme l’Afrique du Sud,                quer des droits à l’exportation élevés. Qui plus
         la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Sénégal (voir FMI,           est, l’approfondissement de l’intégration écono-
         2015). Contrairement aux exportations vers le                 mique peut avoir des effets néfastes sur la réparti-
         reste du monde, les flux commerciaux intrarégio-              tion des revenus, notamment quand l’économie
         naux sont assez diversifiés, concernent des biens à           est plus diversifiée et la main-d’œuvre qualifiée re-
         plus forte valeur ajoutée et comprennent une part             lativement nombreuse. Ces effets sont néanmoins
         non négligeable de produits manufacturés (auto-               d’une faible ampleur, car la taille importante du
         mobiles et vêtements par exemple).                            secteur informel dans l’économie, tout en accen-
                                                                       tuant les inégalités globales, isole certains segments
     •   Malgré cette expansion, il est encore possible                de la population des effets à court terme des flux
         d’approfondir notablement l’intégration com-                  commerciaux. De surcroît, ils tendent à s’estomper
         merciale régionale. Nonobstant leurs niveaux de               avec le temps. Enfin, les petits pays, les économies
         revenus et leur poids économique plus faibles et              plus diversifiées et les pôles commerciaux régio-
         le fait que les distances y sont généralement plus            naux établis, déjà exposés à la concurrence interna-
         importantes que dans d’autres régions, ces pays               tionale, sont susceptibles d’être plus avantagés par
         présentent certaines particularités qui semblent              l’approfondissement de l’intégration régionale que
         limiter leur potentiel commercial par rapport aux             les pays où l’agriculture et les ressources naturelles
         pays d’autres régions. Quelques-unes sont d’ordre             jouent un rôle prépondérant.
         structurel et nécessiteraient un engagement à
         long terme en faveur du changement. D’autres              Ce chapitre montre pour l’essentiel que la ZLECAf
         sont liées aux politiques conduites (droits de            pourrait considérablement stimuler les échanges com-
         douane, réglementations commerciales, exigences           merciaux intrarégionaux en Afrique, à condition d’ac-
         réglementaires, par exemple) et leur suppres-             tionner à la fois les leviers tarifaires et non tarifaires.
         sion permettrait de stimuler l’intégration régio-         Il faudrait une baisse globale des droits de douane
         nale. Les possibilités de développer le commerce          pour obtenir des effets notables sur les flux commer-
         intrarégional sont particulièrement importantes           ciaux dans la région. À terme, l’élimination des droits
         pour certains produits de base liés à l’agriculture       sur 90 % des flux existants — qui constitue l’objectif
         (produits alimentaires, par exemple) et aux in-           le plus ambitieux visé par la ZLECAf — entraînerait
         dustries manufacturières, ainsi que dans certaines        une augmentation d’environ 16 % du commerce ré-
         communautés économiques sous-régionales afri-             gional (16 milliards de dollars). Ces réductions de-
         caines où le volume des échanges est nettement            vraient être complétées par des politiques ciblant les
         moindre que dans d’autres communautés.                    obstacles non tarifaires. Dans ce domaine, des progrès
                                                                   même modestes sont susceptibles de produire des ef-
     •   Actuellement, l’intégration commerciale intrarégio-       fets appréciables. Améliorer la logistique du com-
         nale est limitée par les droits de douane, mais plus      merce — les services douaniers par exemple — et re-
         encore par des goulets d’étranglement non tari-           médier à la médiocrité de l’infrastructure pourraient
         faires. En effet, l’expérience des communautés éco-       être jusqu’à quatre fois plus efficace qu’une baisse
         nomiques sous-régionales montre qu’il ne suffit pas       des droits de douane pour stimuler les échanges. En
         de réduire les droits de douane pour accélérer l’in-      outre, la réduction des obstacles non tarifaires ac-
         tégration régionale. Il faut s’attaquer à d’autres obs-   centuerait l’effet stimulant des baisses de droits de
         tacles majeurs comme la logistique du commerce            douane sur le commerce, surtout dans les pays en-
         et, dans une moindre mesure, l’infrastructure, en         clavés et à faible revenu. Il serait donc souhaitable
         particulier dans les pays enclavés et à faible revenu.    que l’effort d’approfondissement de l’intégration
                                                                   commerciale en Afrique consiste au premier chef à
     •   La suppression des obstacles au commerce en vue           lever une partie des obstacles non tarifaires, en par-
         de favoriser les échanges intrarégionaux peut avoir       ticulier la médiocrité de la logistique commerciale et
         des effets différents selon les pays. Les pertes de       des infrastructures.

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3. LA ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE CHANGERA-T-ELLE LA DONNE EN AFRIQUE ?

Afin que l’intégration commerciale régionale bénéficie                                        Le total des importations (exportations) de services
effectivement à tous, des politiques devraient être mises                                     a plus que triplé, passant de 27 (20) milliards de
en place pour réduire les coûts d’ajustement qu’elle                                          dollars en 1990 à environ 90 (89) milliards de dol-
peut générer. Les pays dont l’économie est moins di-                                          lars en 2017 (graphique 3.1).
versifiée ou essentiellement agricole devraient associer
leur politique commerciale à des réformes structurelles                  •                    Le commerce intrarégional s’est beaucoup dé-
pour améliorer la productivité agricole ou renforcer                                          veloppé en parallèle. Il représentait environ
leurs avantages comparatifs. Certains pays devront                                            12 % du total des importations africaines en
prendre des mesures pour recouvrer les recettes fiscales                                      2017, contre approximativement 5 % en 1990.
et atténuer les pertes de recettes attendues en raison des                                    Mais ces statistiques sous-estiment les flux in-
réductions tarifaires (FMI, 2018b). Il faut aussi atté-                                       trarégionaux effectifs, car elles ne reflètent pas
nuer les effets négatifs temporaires de la libéralisation                                     le commerce transfrontalier informel, pourtant
des échanges sur la répartition des revenus, en particu-                                      très développé2. Néanmoins, seuls les échanges
lier dans les pays où l’économie est plus diversifiée, en                                     commerciaux avec la Chine, en croissance ra-
lançant des programmes sociaux ciblés (soutien des re-                                        pide depuis une dizaine d’années, et ceux avec
venus, par exemple) et des programmes de formation                                            l’Union européenne dépassaient, en propor-
pour faciliter la mobilité de la main-d’œuvre d’une en-                                       tion, le commerce avec les pays africains en 2017
treprise et d’un secteur à l’autre et pour promouvoir                                         (graphique 3.2).
l’emploi (FMI, 2017a).                                                   Graphique 3.1. Afrique : ouverture commerciale, 1990–2017
                                                                         (Total des importations et des exportations de biens et de services)
PRINCIPALES TENDANCES DE                                                                      120
                                                                                                                Écart interquartile
L’INTÉGRATION COMMERCIALE                                                                     100               Médiane
RÉGIONALE EN AFRIQUE
                                                                         Pourcentage du PIB

                                                                                               80
Ouverture plus large et potentiel
d’approfondissement de l’intégration                                                           60
commerciale régionale                                                                          40

Au cours des deux dernières décennies, les flux                                                20
d’échanges intrarégionaux se sont développés à un                                                   1990        95       2000         05        2010        15
rythme élevé, parallèlement à l’intégration rapide de                    Source : banque mondiale, base de données des indicateurs
                                                                         du développement dans le monde.
l’Afrique dans le système commercial international
(annexe en ligne 3.2).                                                  Graphique 3.2. Parts des échanges intra-africains
                                                                        et des échanges avec les partenaires commerciaux, 1990–2017
                                                                                              40                                                             70
•    Le commerce africain a connu un essor rapide du-                                                                    Chine
                                                                                              35                         Commerce intrarégional africain     60
     rant les dernières décennies. Entre 1990 et 2017,                                                                   UE (échelle de droite)
                                                                                              30
     l’ouverture commerciale de la région (importa-                                                                                                          50
                                                                          Pourcentage

                                                                                                                                                                 Pourcentage
                                                                                              25
     tions et exportations de biens et de services) est                                                                                                      40
                                                                                              20
     passée d’environ 53 % à 67 % du PIB, après avoir                                                                                                        30
                                                                                              15
     culminé aux alentours de 2011, dans un contexte                                                                                                         20
                                                                                              10
     de flambée des prix des produits de base. Cet essor                                       5                                                             10
     reflétait à la fois une augmentation des volumes et                                       0                                                             0
     une évolution favorable des prix, qui ont un peu                                              1990    95         2000        5        10          15
     remodelé le paysage des partenariats commerciaux                    Sources : Nations Unies, base de données COMTRADE ; calculs
     de l’Afrique : de nouveaux partenariats ont été éta-                des services du FMI.
                                                                         Note : la part du commerce est définie comme la moyenne de deux
     blis avec des pays émergents comme la Chine et le                   ratios : 1) part du total des exportations africaines et 2) part du total
     commerce des services s’est également développé.                    des importations africaines. UE = Union européenne.

2
 D’après les données d’enquête, le commerce informel transfrontalier est important en Afrique. Plus tôt dans la décennie, les exportations
informelles de l’Ouganda vers d’autres pays d’Afrique orientale représentaient pas moins d’un tiers du commerce formel régional. Dans la
Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), le commerce informel de certains produits alimentaires atteignait 30 % à
40 % du commerce officiel au début des années 2000 (BAfD, 2012).

                                                                                                                                                                               43
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES RÉGIONALES : AFRIQUE SUBSAHARIENNE

     Graphique 3.3. Commerce intrarégional
     dans un échantillon de régions, 2007–17                                        Toutefois, l’intégration commerciale poussée qui ca-
     (Part moyenne du total des importations provenant de la région)                ractérise la région masque une forte hétérogénéité
                      30
                                    Minéraux
                                                                                    d’un pays et d’une sous-région à l’autre. L’expansion
                      25            Produits alimentaires                           du commerce régional a fait émerger des pôles com-
                                    Produits manufacturés                           merciaux, notamment (compte tenu de leur part
                      20
                                                                                    dans le total des importations régionales) l’Afrique du
        Pourcentage

                      15                                                            Sud, la Côte d’Ivoire, le Kenya et le Sénégal. Environ
                      10                                                            35 % des importations intrarégionales proviennent
                          5
                                                                                    de la seule Afrique du Sud (et environ 40 % des im-
                                                                                    portations manufacturières intrarégionales). Les pe-
                          0
                              Afrique    PAFTA        ALADI    ASEAN        ALENA
                                                                                    tites économies du continent, surtout au sein de la
     Sources : Nations Unies, base de données COMTRADE ; calculs des                SACU, sont aussi très bien intégrées (graphique 3.4).
     services du FMI.                                                               A contrario, certains des plus grands pays africains
     Sources
     Note     : base= de
           : ALADI       données COMTRADE
                      Association              des Nations
                                  latino-américaine         Unies; et calculs des
                                                    d’intégration                   sont encore très mal insérés dans le commerce ré-
     ALENA = Accord de libre-échange nord-américain ;
     ASEAN = Association des nations de l’Asie du Sud-Est ;                         gional. L’Algérie, l’Égypte et le Nigéria, qui, en-
     PAFTA = Zone panarabe de libre-échange.                                        semble, représentent environ la moitié du PIB ré-
                                                                                    gional, contribuent relativement peu au commerce
     •                En moyenne, l’importance des échanges intraré-                régional (à peu près 11 %).
                      gionaux en Afrique est assez comparable à ce que
                      l’on observe dans d’autres régions émergentes et              En Afrique, le commerce intrarégional
                      en développement, mais très inférieure au com-                diffère du commerce avec le reste
                      merce intrarégional dans les régions plus avancées.           du monde et offre la possibilité
                      En pourcentage du total des importations prove-               d’exporter des produits plus sophistiqués
                      nant de la région, le commerce intrarégional afri-
                      cain est comparable voire plus important que le               L’une des principales caractéristiques des exportations
                      commerce régional au sein de la Zone panarabe de              intrarégionales en Afrique est qu’elles sont plus diver-
                      libre-échange ou de l’Association latino-américaine           sifiées et à plus haute teneur en technologie que les
                      d’intégration, par exemple. Il est en revanche bien           exportations africaines destinées au reste du monde,
                      moins développé qu’au sein de l’Association de                lesquelles concernent toujours essentiellement les mi-
                      l’Asie du Sud-Est et de l’Accord de libre-échange             néraux (pétrole brut et cuivre, par exemple), qui repré-
                      nord-américain3 (graphique 3.3).                              sentaient en moyenne environ 75 % du total des ex-
                                                                                    portations entre 2007 et 2017, contre 16 % pour les
     Graphique 3.4. Intégration commerciale, 2015
                100                                                                                                                             15
                                    Part du PIB cumulée
                                    Part cumulée des échanges commerciaux
                    80              Ratio commerce/PIB
                                                                                                                                                     Intégration commerciale
                                                                                                                                                         régionale relative
                                                                                                                                                10
     Part cumulée

                    60

                    40
                                                                                                                                                5
                    20

                      0                                                                                                                         0
                               GIN
                               LBY

                               LBR
                              NGA

                              GNQ

                              COG

                               SLE

                              LSO

                              GNB
                              DZA
                              MAR

                              TUN
                              GHA

                              UGA
                               CIV

                              COD

                              TCD

                              RWA

                              COM
                              KEN

                              SEN

                              BWA

                              MOZ

                               BFA

                              SSD

                              BEN

                              MWI

                              SWZ

                              SYC
                              EGY

                              GMB

                               STP
                              AGO

                              ETH

                              ZMB

                               MLI

                              GAB
                               TZA

                              CMR

                              ZWE

                              SOM
                              MRT
                              MDG

                              MUS

                                DJI
                              CAF
                              NAM

                              TGO

                              CPV
                              SDN

                              NER

                               ERI
                               BDI

     Sources : Nations Unies, base de données COMTRADE ; FMI, base de données des Perspectives de l’économie mondiale.
     Note : Pays classés par ordre décroissant de PIB, hors Afrique du Sud (sous forme de résidu). La part de chaque pays dans le commerce est la
     moyenne des exportations et des importations rapportée au total du commerce régional africain. L’intégration commerciale régionale relative est
     définie comme le ratio part du commerce régional/part du PIB régional. Voir à la page vi la liste des abréviations des pays.

     3
      Il convient de noter que les réexportations, substantielles dans certaines sous-régions (l’Union douanière d’Afrique australe (SACU)
     par exemple), peuvent contribuer à une hausse des indicateurs d’intégration commerciale intrarégionale et fausser les comparaisons.
     Néanmoins, faute de données, il n’est pas possible de déterminer le rôle des réexportations dans les tendances d’importation.

44
3. LA ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE CHANGERA-T-ELLE LA DONNE EN AFRIQUE ?

 1. Composition du commerce   intra-africain
                   Graphique 3.5. Commerce intra-africain et2.commerce
                                                               Composition     des
                                                                         avec le    exportations
                                                                                 reste           africaines vers le reste du monde
                                                                                       du monde, 1990–2017
                                  1. Composition
                           1.1.Composition
                                Composition  du    du commerce
                                             du commerce
                                                commerce          intra-africain
                                                           intra-africain
                                                         intra-africain                                  2. Composition
                                                                                               2. Composition
                                                                                          2. Composition des            desafricaines
                                                                                                                            exportations
                                                                                                               des exportations
                                                                                                              exportations                africaines
                                                                                                                                  africaines
                                                                                                                                       vers  levers le du
                                                                                                                                                reste  reste du monde
                                                                                                                                                          monde
                                                                                                          100                                                              vers le reste du monde
                                        100                  100                                                                           100                 100
                                                                                                                80
                                          80                 80                                                                                  80                  80
                                                                                                                60

                                                                                                  Pourcentage
                                               Pourcentage
                          Pourcentage

                                          60                 60                                                                                  60                  60

                                                                                                                                                       Pourcentage
                                                                                                                                   Pourcentage
                                                                                                                40
                                          40                 40                                                                                  40                  40
                                                                                                                20
                                          20                 20                              20     20
                                                                  0
1990   93   96    99 2002 0 05 0 08 11 14 17                       1990 93 96 99 2002         0 050 08          11 14 17
                           1990 1990
                                   93 96 93 99 96 2002
                                                     99 2002
                                                          05 0805 11
                                                                   08 14  11 1714 17            1990 1990
                                                                                                       93 96  93 99 96 2002
                                                                                                                          99 200205 08  05 11 08 14  11 17 14 17
                                                                 Produits manufacturés    Produits alimentaires     Minéraux
                                                                                                    Produits
                                                                                             Produits
                    Sources : Nations Unies, base de données COMTRADE ; calculs des services du  FMI.        manufacturés
                                                                                                      manufacturés     ProduitsProduits alimentaires
                                                                                                                                alimentaires            Minéraux
                                                                                                                                                  Minéraux

                     produits manufacturés. En revanche, les exportations                                                                        commerce dans d’autres régions du monde, et la créa-
                     intrarégionales comprennent des produits à plus forte                                                                       tion de chaînes de valeur y semble limitée. Par rap-
                     valeur ajoutée : pendant cette période, les produits ma-                                                                    port à celui d’autres régions, le commerce intrarégional
                     nufacturés représentaient en moyenne quelque 40 %                                                                           africain est plus axé sur les minéraux et moins sur les
                     du commerce intrarégional (camions, automobiles,                                                                            produits manufacturés (graphique 3.3). En outre, les
                     etc.), les minéraux, 44 % (cuivre et autres) et les pro-                                                                    échanges intra-industriels sont plus faibles que dans
                     duits agricoles (dont le maïs), 16 % (graphique 3.5).                                                                       d’autres régions, attestant d’une moins bonne insertion
                                                                                                                                                 dans les chaînes de valeur régionales (graphique 3.7).
                     Dans ce contexte, les pays dont l’économie est plus
                     diversifiée tendent à commercer relativement plus                                                                           Communautés économiques sous-régionales :
                     avec les pays de la région. Même dans les commu-                                                                            incidence des coûts du commerce liés aux
                     nautés économiques régionales (CER) africaines, la                                                                          droits de douane et aux mesures non tarifaires
                     sophistication structurelle des exportations va de pair
                     avec une augmentation des exportations intrarégio-                                                                          L’expérience des CER africaines apporte un éclairage
                     nales (graphique 3.6).                                                                                                      sur les facteurs susceptibles d’influencer les échanges
                                                                                                                                                 intrarégionaux sur le continent. Le développement
                     Toutefois, les échanges commerciaux en Afrique                                                                              des flux commerciaux régionaux observé en Afrique
                     concernent toujours en priorité des produits moins                                                                          depuis quelques décennies est allé de pair avec la créa-
                     transformés et à moindre teneur technologique que le                                                                        tion et l’extension de plusieurs CER, dont certaines
                     Graphique 3.6. Intégration commerciale régionale                                                                            Graphique 3.7. Indices Grubel–Lloyd
                     et sophistication des exportations, 2015                                                                                    (commerce intrabranche) régionaux, 2015
                                           12                                                                                                        0,5
                                                                   Reste de l’Afrique   SADC       Hors AfSS
                                           10
                     Intégration commerciale

                                                                                                                                                             0,4
                         régionale relative

                                               8
                                                                                                                                                             0,3
                                                                                                                                                 Indice GL

                                               6
                                               4                                                                                                             0,2

                                               2                                                                                                             0,1
                                               0
                                                   7,5                     8             8,5             9                9,5                                0,0
                                                                           Sophistication des exportations                                                                ALENA     UE      ASEAN Mercosur PAFTA   Afrique
                     Sources : Nations Unies, base de données COMTRADE ; Cherif,                                                                 Source : calculs des services du FMI.
                     Hasanov et Wang (2018) ; calculs des services du FMI.                                                                       Note : L’indice (compris entre 0 et 1) mesure la propension de deux pays
                     Note : L’indice de sophistication des exportations est établi sur la                                                        à exporter et importer dans la même branche (code à 4 chiffres). Plus
                     base de l’étude de Hausmann, Hwang et Rodrik (2006). L’intégration                                                          l’indice est élevé, plus les échanges commerciaux intrabranche sont
                     commerciale régionale relative est définie comme le ratio part du                                                           importants (annexe 3.2 en ligne). ALENA = Accord de libre-échange
                     commerce régional/part du PIB régional. AfSS = Afrique subsaharienne.                                                       nord-américain ; ASEAN = Association des nations de l’Asie du Sud-Est ;
                     SADC = Communauté de développement de l’Afrique australe.                                                                   PAFTA = Zone panarabe de libre-échange ; UE = Union européenne.

                                                                                                                                                                                                                             45
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES RÉGIONALES : AFRIQUE SUBSAHARIENNE

     Graphique 3.8. Afrique : moyenne des droits                                   Graphique 3.9. Afrique : Intégration au sein des communautés
     de douane par communauté économique régionale                                 économiques régionales
     Figure
         20 3.8. Africa: Average Tariff Rates by Regional                          (Importations intrarégionales des CER en pourcentage
                                                                                   du total des importations, 2015)
                                                                                         25
                   15                                                                               Commerce intrarégional
     Pourcentage

                                                                                         20         Commerce intra-africain
                   10

                                                                                   Pourcentage
                                                                                                 15
                    5   Au sein des CER (préférentiel)     Reste de l’Afrique
                        Reste du monde                     Au sein des CER (AHS)                 10
                    0
                        UMA         COMESA         CEMAC       CEDEAO       SADC                  5
     Sources : Nations Unies, base de données COMTRADE ; estimations des
          Sources
     services      : Système d’analyse et d’information commerciales (TRAINS)
               du FMI.                                                                            0
     Notede: Un
             la CNUCED    et estimations
                 taux de droit           desproche
                               préférentiel  services
                                                    dedu FMI.dans une communauté
                                                       zéro                                           UMA   CEMAC    COMESA CEDEAO            SADC
     économique régionale (CER) ne signifie pas nécessairement qu’aucun            Sources : Banque mondiale ; Nations Unies, base de données
     droit n’est applicable, car, dans certaines CER, tous les membres ne          COMTRADE
                                                                                        Sources : ;base
                                                                                                    calculs des services
                                                                                                        de données       du FMI. des Nations Unies; Banque
                                                                                                                     COMTRADE
     sont pas parties à l’accord de libre-échange. AHS = droit effectivement       Note : Le commerce intra-africain exclut les échanges entre pays
     appliqué. « Reste de l’Afrique » et « Reste du monde » renvoient à AHS.       membres de la même communauté économique régionale (CER).
     CEDEAO = Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ;            CEDEAO = Communauté économique des États de l’Afrique de
     CEMAC = Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale ;            l’Ouest ; CEMAC = Communauté économique et monétaire de
     CER = communauté économique régionale ; COMESA = Marché                       l’Afrique centrale ; COMESA = Marché commun de l’Afrique orientale
     commun de l’Afrique orientale et australe ; SADC = Communauté de              et australe ; SADC = Communauté de développement de l’Afrique
     développement de l’Afrique australe ; UMA = Union du Maghreb arabe.           australe ; UMA = Union du Maghreb arabe.

      appliquent des droits préférentiels presque nuls aux                         De surcroît, les échanges entre pays membres de
      échanges entre leurs pays membres (graphique 3.8).                           CER différentes restent limités (annexe en ligne 3.2),
      À l’heure actuelle, la quasi-totalité des pays africains                     sans doute en raison des taux de droits encore assez
      sont membres de communautés de ce type, et 75 %                              élevés auxquels ils sont soumis et qui avoisinent en
      des échanges commerciaux intrarégionaux se répartis-                         moyenne 12 % à 15 % (graphique 3.8). Le faible ni-
      saient entre 5 CER en 2017, la SADC représentant à                           veau des échanges commerciaux entre certains pays
      elle seule la moitié de ces échanges4.                                       est peut-être également lié à un problème de longue
                                                                                   date : de nombreux pays sont parties à plusieurs CER
      Toutefois, la baisse des droits de douane sur les échanges                   et accords appliquant des règles commerciales dif-
      commerciaux au sein des CER africaines a eu des ef-                          férentes (règles d’origine, par exemple), ce qui aug-
      fets inégaux sur les flux commerciaux dans les sous-ré-                      mente le coût des transactions commerciales sur le
      gions concernées, laissant entrevoir la présence d’obs-                      continent. Remédier à ces problèmes constitue à la
      tacles non tarifaires importants. Dans la SADC, par                          fois un objectif et un défi pour la ZLECAf.
      exemple, les flux ont atteint des sommets après la réduc-
      tion des droits de douane, et la part du commerce intra-                     COMMENT LA ZLECAF PEUT-ELLE
      communautaire a notablement augmenté. Dans d’autres                          SOUTENIR L’INTÉGRATION
      CER, en revanche, la baisse des droits de douane ne s’est
      pas traduite par un gonflement des flux commerciaux
                                                                                   COMMERCIALE RÉGIONALE
      sous-régionaux (par exemple dans la Communauté éco-                          EN AFRIQUE ?
      nomique et monétaire de l’Afrique centrale, CEMAC).
      Il semble donc que des facteurs non tarifaires freinent le                   Le développement des flux commerciaux internatio-
      commerce, y compris le niveau élevé des coûts du com-                        naux et régionaux a joué un rôle non négligeable dans
      merce non liés aux droits de douane et la faible diversifi-                  l’accélération de la croissance en Afrique ces dernières
      cation des exportations. De fait, dans les pays membres                      années (FMI, 2015 ; FMI, 2018c). La ZLECAf de
      des CER en question, les coûts non tarifaires qui pèsent                     2018 constitue un nouveau tournant sur la voie
      sur le commerce sont parmi les plus élevés de la région                      d’une intégration régionale approfondie et d’une
      (graphique 3.9) et les exportations sont relativement peu                    croissance plus rapide et plus durable. Néanmoins,
      diversifiées (annexe en ligne 3.2).                                          les divers résultats obtenus dans les CER africaines
      4
       L’analyse se concentre sur cinq grandes CER qui couvrent l’essentiel du continent africain et ne se chevauchent que très peu. Il s’agit d’un
      sous-échantillon de nombreuses CER africaines (zones de libre-échange, unions douanières, unions monétaires, etc.) imbriquées les unes
      dans les autres (annexe en ligne 3.2).

46
3. LA ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE CHANGERA-T-ELLE LA DONNE EN AFRIQUE ?

                                                               Graphique 3.10. Rôle des caractéristiques
semblent indiquer que l’intégration régionale est un           nationales dans le commerce régional
processus complexe mettant en jeu plusieurs facteurs           (Effets fixes par pays constatés avec le modèle de gravité :
non tarifaires. Cette section s’intéresse au potentiel de      médiane et écart interquartile)
stimulation des échanges commerciaux régionaux que                                        20

recèle la ZLECAf et identifie les leviers sur lesquels                                    10

                                                               Différence par rapport
les pouvoirs publics peuvent s’appuyer pour renforcer

                                                                 aux pays avancés
                                                                                               0
l’intégration commerciale en Afrique.
                                                                                        –10
Potentiel d’approfondissement                                                           –20
de l’intégration commerciale régionale
                                                                                        –30
                                                                                                   Afrique    Amérique latine Moyen-Orient      Pays en
Dans le contexte de l’évaluation de la ZLECAf, il est                                                                                        développement
essentiel de déterminer dans quelle mesure elle peut                                                                                             d’Asie
stimuler davantage le commerce intrarégional. L’un des          Source : estimations des services du FMI.
                                                                Note : La contribution des caractéristiques nationales est mesurée,
piliers de la théorie du commerce est que les flux com-         pour chaque région, à l’aide de l’ensemble des effets fixes (par secteur
merciaux augmentent avec la taille des pays, leur degré         importateur et par secteur exportateur) issus d’une régression de gravité
                                                                (annexe en ligne 3.3). Les lignes au-dessus et au-dessous correspondent
de développement et leur proximité géographique et              aux premier (25 %) et troisième (75 %) quartiles des effets fixes.
culturelle. Cette section évalue le degré d’intégration
                                                                Graphique 3.11. Déficits d’échanges commerciaux dans les
régionale en Afrique en mesurant l’incidence de ces ca-         communautés économiques sous-régionales africaines
ractéristiques sur les flux d’échanges. Ce faisant, elle        (Différence d’élasticité du commerce par rapport à la SADC)
s’inspire des travaux empiriques sur le sujet et estime                                   4,5
des équations de gravité couvrant 148 pays entre 2000                                     3,5
                                                                 Différence par rapport à la

et 2015, à l’aide de données sur le commerce des mar-                                     2,5
chandises ventilées par secteur d’activité.                                               1,5
                                                                           SADC

                                                                                          0,5
D’après les estimations, les pays africains commer-                                     –0,5
ceraient moins que les pays d’autres régions (gra-                                      –1,5
phique 3.10). Autrement dit, outre leur taille et leur
                                                                                        –2,5
degré de développement, les économies africaines
                                                                                        –3,5
présentent des particularités en raison desquelles le                                              CAE       CEDEAO     CEMAC      COMESA        UMA
niveau de l’activité commerciale est plus faible que           Source : estimations des services du FMI.
dans d’autres régions. Ces particularités sont entre           Note : Les moustaches correspondent à un intervalle de confiance
autres des facteurs structurels propres aux économies          de 95 %. Pour plus de détails sur la régression de gravité, voir
                                                               l’annexe en ligne 3.3. CAE = Communauté d’Afrique de l’Est ;
africaines et des facteurs liés aux politiques conduites       CEDEAO = Communauté économique des États de l’Afrique de
(droits de douane, médiocrité de la logistique et des          l’Ouest ; CEMAC = Communauté économique et monétaire de
                                                               l’Afrique centrale ; COMESA = Marché commun de l’Afrique orientale
infrastructures, offre de crédit limitée, etc.) (annexe        et australe ; SADC = Communauté de développement de l’Afrique
en ligne 3.3). Il semble également ressortir de l’ana-         australe ; UMA = Union du Maghreb arabe.

lyse empirique que certaines sous-régions et cer-              alimentaires, les produits sylvicoles et autres produits
tains secteurs peuvent encore considérablement ap-             primaires ainsi que les produits manufacturés, est
profondir l’intégration commerciale. Plusieurs CER             moins important que ne le prévoit le modèle de gra-
comme la CEMAC, l’Union du Maghreb arabe                       vité ; les échanges dans ces secteurs pourraient donc
(UMA), le Marché commun d’Afrique orientale                    être davantage développés (graphique 3.12).
et australe (COMESA) et la Communauté écono-
mique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)               Malgré l’effet positif sur le commerce des CER et des
couvrent une majorité de pays africains tout en                droits de douane préférentiels quasi nuls qu’elles ap-
comptabilisant moins d’échanges commerciaux que                pliquent, des déficits d’échanges commerciaux sont
les CER les plus performantes du continent ; il serait         observés. Ils reflètent peut-être les goulets d’étran-
donc possible, semble-t-il, d’approfondir l’intégration        glement non tarifaires qui subsistent dans ces com-
commerciale dans ces sous-régions (graphique 3.11).            munautés, ainsi que d’autres obstacles comme la
Selon des estimations empiriques, le commerce in-              disparité des régimes commerciaux, qui entrave les
trarégional des marchandises, telles que les produits          échanges entre communautés.

                                                                                                                                                             47
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES RÉGIONALES : AFRIQUE SUBSAHARIENNE

     Graphique 3.12. Afrique : déficits d’échanges                                                                                                                       Graphique 3.13. Élasticité du commerce intrarégional
     commerciaux intrarégionaux par secteur                                                                                                                              aux droits de douane, par secteur
                                        1,5                                                                                                                              (Importations intrarégionales des CER rapportées
                                                                                                                                                                         au total des importations, 2015)
       niveau de référence du secteur

                                        1,0
          Différence par rapport au

                                        0,5                                                                                                                                                       20

                                        0,0                                                                                                                                                        0

                                                                                                                                                                         Élasticité aux droits
                                    –0,5
                                                                                                                                                                                                 –20

                                                                                                                                                                             de douane
                                    –1,0
                                    –1,5                                                                                                                                                         –40
                                    –2,0
                                                                                                                                                                                                 –60
                                              Combustibles
                                                  fossiles
                                                                 Produits
                                                             manufacturés

                                                                            Matériels

                                                                                            Produits
                                                                                        alimentaires
                                                                                                         Produits
                                                                                                       chimiques
                                                                                                                              Produits
                                                                                                                    sylvicoles/miniers

                                                                                                                                         Boissons/tabac

                                                                                                                                                               Huiles
                                                                                                                                                          alimentaires
                                                                                                                                                                                                 –80

                                                                                                                                                                                                       Combustibles
                                                                                                                                                                                                           fossiles

                                                                                                                                                                                                                          Produits
                                                                                                                                                                                                                      manufacturés

                                                                                                                                                                                                                                     Matériels

                                                                                                                                                                                                                                                     Produits
                                                                                                                                                                                                                                                 alimentaires

                                                                                                                                                                                                                                                                  Produits
                                                                                                                                                                                                                                                                chimiques

                                                                                                                                                                                                                                                                                       Produits
                                                                                                                                                                                                                                                                             sylvicoles/miniers

                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Boissons/tabac
     Source : estimations des services du FMI.
     Note : Les secteurs sont classés par ordre décroissant de part dans le
     commerce intra-africain. Les bâtons représentent le déficit, dans chaque
     secteur, par rapport au commerce intra-africain donné par le modèle                                                                                                 Sources : Système d’analyse et d’information commerciales (TRAINS)
     de gravité (annexe en ligne 3.3). Les moustaches correspondent à                                                                                                    de la CNUCED ; estimations des services du FMI.
     l’intervalle de confiance de 95 %. Rouge clair = coefficient non significatif.                                                                                      Note : Les secteurs sont classés par ordre décroissant de part dans le
                                                                                                                                                                         commerce intra-africain. Les bâtons représentent la sensibilité du commerce
     Avantages liés à la ZLECAf et mesures                                                                                                                               aux droits de douane selon le modèle de gravité (annexe en ligne 3.3). Les
                                                                                                                                                                         moustaches correspondent à un intervalle de confiance de 95 %.
     envisageables pour stimuler notablement
     l’intégration commerciale régionale                                                                                                                                 mesurés récemment (annexe en ligne 3.3). Des baisses
                                                                                                                                                                         moins importantes auraient bien entendu des effets
     Comprendre les facteurs à l’origine des déficits impor-                                                                                                             globaux plus modestes5.
     tants d’échanges commerciaux intrarégionaux et iden-
     tifier les politiques pouvant contribuer à stimuler ces                                                                                                             Outre les droits de douane, la distance paraît être, en
     échanges sera essentiel pour la réussite de la ZLECAf.                                                                                                              Afrique, un obstacle au commerce intrarégional plus
                                                                                                                                                                         gênant que dans d’autres régions du monde (annexe en
     La forme la plus visible et mesurable des obstacles                                                                                                                 ligne 3.3). C’est le signe que certains facteurs non tari-
     au commerce — et l’un des aspects centraux de la                                                                                                                    faires alourdissent singulièrement le coût du commerce
     ZLECAf — réside dans le niveau des droits de douane.                                                                                                                des marchandises pour les pays africains et contribuent
     Représentent-ils un frein important au commerce in-                                                                                                                 sans doute aux déficits commerciaux régionaux. L’un
     trarégional en Afrique ? L’analyse empirique fondée                                                                                                                 des facteurs essentiels est la médiocrité des services fa-
     sur un modèle de gravité appliqué aux pays africains                                                                                                                cilitant les échanges, comme la logistique et les in-
     montre que les baisses des droits de douane peuvent                                                                                                                 frastructures de transport, les procédures à la frontière
     doper le commerce intrarégional, en particulier des                                                                                                                 et les pratiques douanières. Les barrières non tarifaires
     produits minéraux, des produits manufacturés et dans                                                                                                                courantes telles que les contingents, les licences et les
     les secteurs liés à l’agriculture (graphique 3.13). Bien                                                                                                            règles d’origine complexes ou dissemblables ainsi que
     que l’élasticité estimée des flux commerciaux aux droits                                                                                                            les obstacles sanitaires, phytosanitaires et techniques
     de douane en Afrique soit relativement limitée, l’effet                                                                                                             jouent également un rôle critique, de même que l’ab-
     global d’une baisse très étendue des droits de douane,                                                                                                              sence d’environnement économique et réglementaire
     telle qu’elle est envisagée dans le cadre de la ZLECAf,                                                                                                             approprié. À cet égard, les pays africains font partie des
     pourrait être appréciable. La suppression des droits de                                                                                                             pays où les coûts non tarifaires du commerce sont les
     douane sur 90 % des flux d’échanges intrarégionaux                                                                                                                  plus élevés au monde (graphique 3.14).
     actuellement frappés majorerait d’environ 16 milliards
     de dollars (soit de près de 16 %) la valeur du com-                                                                                                                 Quels sont les obstacles non tarifaires qui contribuent
     merce intrarégional par rapport aux niveaux moyens                                                                                                                  à expliquer les déficits commerciaux intrarégionaux
     5
      Il est prévu que les pays membres de la ZLECAf suppriment les droits de douane sur 90 % des produits, avec possibilité d’appliquer la
     réduction soit aux lignes tarifaires, soit aux valeurs à l’importation. L’impact potentiel de ces deux options sur la libéralisation des échanges
     est relativement différent. Cibler les lignes tarifaires pourrait se solder par des réductions tarifaires ne représentant pas plus de 15 % de la
     valeur des importations (CEA, 2018).

48
3. LA ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE CHANGERA-T-ELLE LA DONNE EN AFRIQUE ?

 Graphique 3.14. Coût des mesures non tarifaires, 2015                                         Graphique 3.15. Élasticité du commerce intrarégional
 (Équivalent tarifaire)                                                                        (Équivalent tarifaire)
                                                                                                     5                                    Facteurs indirects

                                                                                                Élasticité du commerce normalisée
              300
                                                                                                                                    4
              250
                                                                                                                                    3
              200
Pourcentage

                                                                                                                                    2
              150
                                                                                                                                    1
              100
                                                                                                                                    0
              50
                                                                                                                                    -1
               0

                                                                                                                                         Logistique

                                                                                                                                                      Infrastructure

                                                                                                                                                                                          Crédit/PIB

                                                                                                                                                                                                                               Éducation
                                                                                                                                                                       Droits de douane

                                                                                                                                                                                                       Facilité de faire des
                      Afrique    Amérique latine      Pays en    Pays avancés Moyen-Orient
                                                   développement

                                                                                                                                                                                                              affaires
                                                       d’Asie
 Source : Banque mondiale, base de données sur les coûts
 du commerce ; Nations Unies, base de données CESAP.

              Source : Base de données CESAP-Banque mondiale sur les
                                                                                               Sources : Système d’analyse et d’information commerciales (TRAINS)
 en Afrique ? Pour éclaircir ce point, le modèle de gra-                                       de la CNUCED ; estimations des services du FMI.
 vité est augmenté et inclut des déterminants tels que                                         Note : Les bâtons représentent les coefficients normalisés par l’écart-
                                                                                               type de chaque variable. Les moustaches correspondent à un intervalle
 la qualité de l’infrastructure et la logistique. Comme                                        de confiance de 95 %. L’élasticité aux droits de douane se rapporte au
 les autres travaux publiés sur ce sujet, notre modèle                                         modèle non augmenté.
 augmenté prend également en compte des facteurs
 qui influent indirectement sur les échanges commer-                                           Les résultats fondés sur les tendances du commerce
 ciaux : offre de crédit au secteur privé, indicateurs re-                                     mondial confirment que la logistique commerciale est
 latifs au climat économique et à l’éducation, etc.6. Il                                       le facteur non tarifaire le plus important pour prédire
 apparaît que ces facteurs jouent un rôle important et                                         le commerce international, devant l’infrastructure et
 pénalisent plus le commerce intrarégional en Afrique                                          d’autres facteurs comme le crédit, l’éducation et le
 que les droits de douane. Toutes choses égales par ail-                                       climat des affaires (graphique 3.16 ; voir aussi l’an-
 leurs, l’amélioration de la logistique, de l’infrastruc-                                      nexe en ligne 3.4).
 ture et de l’accès au crédit ainsi qu’un environnement
 économique plus propice aux affaires vont de pair                                             S’agissant plus particulièrement du commerce intra-
 avec des flux commerciaux intrarégionaux plus sou-                                            régional et de l’Afrique, le modèle de gravité confirme
 tenus (graphique 3.15). S’agissant de la logistique, les                                      ce qui suit (graphique 3.17) :
 services liés aux douanes, y compris les procédures de
 dédouanement et, dans une certaine mesure, les ac-                                            •                                    La logistique du commerce constitue l’obstacle di-
 tivités de secteurs généralement réglementés comme                                                                                 rect le plus gênant. En rapprochant la qualité de
 les services de courtage, sont particulièrement impor-                                                                             la logistique de la moyenne mondiale (soit une
 tants (annexe en ligne 3.3).                                                                                                       hausse d’environ 19 %), on diminuerait le coût
                                                                                                                                    des mouvements de biens transfrontaliers et l’on
 Bien que les facteurs non tarifaires soient des obsta-                                                                             développerait les échanges commerciaux intra-
 cles majeurs au commerce intrarégional, les décideurs                                                                              régionaux de plus de 12 %. L’amélioration des
 doivent surtout déterminer quels facteurs comptent                                                                                 douanes, y compris des procédures de dédouane-
 le plus. Pour examiner cette question, ce chapitre                                                                                 ment et, dans une certaine mesure, de la qualité
 s’appuie sur une analyse en composantes principales                                                                                des services d’exploitation et de courtage, est parti-
 et sur des techniques d’apprentissage automatique                                                                                  culièrement importante pour les flux commerciaux
 pour saisir la nature complexe des différents facteurs                                                                             intrarégionaux en Afrique (annexe en ligne 3.3).
 facilitant les échanges et les interactions non linéaires
 entre ces facteurs et les flux commerciaux, dont les                                          •                                    L’infrastructure est un autre obstacle non tari-
 modèles de gravité habituels font abstraction la plu-                                                                              faire majeur, même si son impact est moins fort.
 part du temps.                                                                                                                     D’après les estimations du modèle de gravité
 6
  Globalement, les facteurs non tarifaires compliquent les échanges ou en majorent le coût. Il s’agit des obstacles non tarifaires habituels
 (contingents, subventions, licences, application restrictive de mesures non tarifaires comme les règles d’origine et les mesures sanitaires et
 phytosanitaires), de la logistique et de l’infrastructure de transport, et d’autres facteurs susceptibles de freiner indirectement les échanges
 (crédit, capital humain, climat des affaires, etc.).

                                                                                                                                                                                                                                           49
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES RÉGIONALES : AFRIQUE SUBSAHARIENNE

     Graphique 3.16. Importance des obstacles non tarifaires                                     Graphique 3.17. Potentiel d’augmentation
     (Classement optimisé (méthode de la forêt d’arbres décisionnels)                            du commerce intrarégional en Afrique
          0,16                                                                                   (Variation en pourcentage des flux d’échanges commerciaux)
                                                                                                          35
                  0,14                                                                                                      30

                                                                                                 Variation en pourcentage
                                                                                                                            25
     Importance

                                                                                                       du commerce
                  0,12                                                                                                      20
                                                                                                                            15
                  0,10                                                                                                      10
                                                                                                                             5
                  0,08
                                                                                                                             0
                         Logistique du
                           commerce

                                         Infrastructure

                                                          Éducation

                                                                      Crédit/PIB

                                                                                   Climat des
                                                                                      affaires
                                                                                                                                 Crédit   Logistique   Infrastructure   Droits de
                                                                                                                                  23         19             40          douane
                                                                                                                                                                           50
                                                                                                 Source : estimations des services du FMI.
     Sources : Banque mondiale, base de données de l’indice de                                   Note : Les valeurs en abscisse correspondent à la variation en
     performance logistique ; Forum économique mondial ; calculs                                 pourcentage de l’indicateur nécessaire pour atteindre la moyenne
     des services du FMI.                                                                        mondiale.

                  pour l’Afrique, si la qualité de l’infrastructure at-                                              correspondants. Il serait également souhaitable de
                  teignait le niveau moyen mondial (et progres-                                                      poursuivre les efforts pour améliorer le climat des
                  sait donc d’environ 40 %), les flux commerciaux                                                    affaires et le capital humain. Il faut pour cela des
                  intrarégionaux augmenteraient de 7 %. Les ef-                                                      politiques à moyen terme visant à combler les re-
                  forts déployés récemment par de nombreux pays                                                      tards du continent en matière d’éducation et de
                  africains pour combler le déficit d’infrastructure                                                 compétences et à supprimer les obstacles qui en-
                  peuvent d’ailleurs les aider à tirer avantage de la                                                travent l’activité des entreprises.
                  ZLECAf.
                                                                                                 Il faut s’attaquer aux obstacles non tarifaires
     •            L’accès du secteur privé au crédit, le climat des af-                          pour tirer parti des baisses de droits de douane
                  faires et le capital humain contribuent aussi de
                  manière importante à soutenir le commerce in-                                  Les facteurs non tarifaires peuvent aussi nuire à l’effi-
                  trarégional. Parvenir à un niveau d’approfondis-                               cacité des mesures tarifaires. Ainsi, abaisser les droits
                  sement des circuits financiers comparable au ni-                               de douane peut avoir des effets moindres sur les flux
                  veau mondial global favoriserait considérablement                              commerciaux quand il existe des goulets d’étrangle-
                  le développement des échanges. Pour soutenir le                                ment importants en matière de logistique. Afin d’éva-
                  commerce, l’intégration financière devrait viser                               luer dans quelle mesure les obstacles non tarifaires
                  en priorité à étoffer l’infrastructure financière ré-                          sapent l’efficacité des politiques tarifaires, ce chapitre
                  gionale, ce qui signifie notamment : développer                                s’appuie sur une analyse empirique utilisant un mo-
                  et harmoniser les systèmes de paiement régionaux                               dèle à seuil couvrant plus de 120 pays entre 1990 et
                  pour faciliter encore plus les paiements trans-                                2017 (annexe en ligne 3.4).
                  frontaliers ; créer des accords de crédits croisés
                  entre banques centrales et un centre de compen-                                L’analyse empirique montre que les facteurs non ta-
                  sation multidevises dans la région pour réduire                                rifaires comme l’infrastructure et la logistique du
                  les risques qu’induisent les transactions com-                                 commerce nuisent à l’efficacité des mesures tarifaires
                  merciales dans plusieurs monnaies différentes ;                                conçues pour promouvoir le commerce et pourraient
                  enfin, continuer de coordonner le contrôle des                                 diminuer l’impact de la ZLECAf sur le commerce
                  banques panafricaines susceptibles de faciliter le                             intrarégional7. L’abaissement des droits de douane,
                  commerce intrarégional (annexe en ligne 3.9).                                  en particulier, a sans doute moins d’effet sur les flux
                  Cette expansion devrait aller de pair avec des                                 d’échanges quand la qualité de l’infrastructure est
                  cadres prudentiels permettant de gérer les risques                             médiocre (inférieure à un certain seuil, par exemple).

     7
      Tous les indices sont des mesures synthétiques d’indicateurs existants. Par exemple, l’indice relatif à l’infrastructure couvre huit
     indicateurs, dont la qualité des routes et des voies ferrées et l’accès à l’électricité.

50
3. LA ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE CONTINENTALE CHANGERA-T-ELLE LA DONNE EN AFRIQUE ?

 Graphique 3.18. Déficits relatifs à l’infrastructure et à la logistique commerciale en Afrique

     1. 1. Qualité
        Qualité  dede  l'infrastructure
                    l'infrastructure                                                  2. 2. Logistique
                                                                                         Logistique    commerciale
                                                                                                     commerciale
1,81,8                                                                           1,41,4
1,61,6                                                                                      seuil
                                                                                          seuil
                                                                                 1,21,2
1,41,4     seuil
         seuil
                                                                                   11
1,21,2
  11                                                                             0,80,8
0,80,8                                                                           0,60,6
0,60,6
                                                                                 0,40,4
0,40,4
0,20,2                                                                           0,20,2
  00                                                                               00

                                                                                      NGA

                                                                                      BEN

                                                                                      UGA

                                                                                      SEN

                                                                                      GHA
                                                                                      RWA
                                                                                      KEN
                                                                                        CIV
                                                                                       DZA

                                                                                      MAR
                                                                                      MWI
                                                                                       BFA

                                                                                      AGO

                                                                                      ZAM
                                                                                      MOZ

                                                                                       ETH

                                                                                      GAB

                                                                                       ZAF
                                                                                      MDG

                                                                                        BDI

                                                                                        MLI
                                                                                      CMR

                                                                                      ZWE

                                                                                       TZA

                                                                                      MUS
     NGA

     BEN

     UGA

     SEN

     GHA

      DZA

     MAR
     MWI

     RWA
     KEN
     MOZ

      CIV
      BFA

      ETH
     AGO

     GAB

      ZAF

                                                                                      NGA

                                                                                      BEN

                                                                                      UGA

                                                                                      SEN

                                                                                      GHA
                                                                                      RWA
                                                                                      KEN
                                                                                       CIV
                                                                                      DZA
     ZAM

                                                                                      MAR
     ZWE

     MUS

                                                                                      MWI
     MDG

      BDI

      TZA
      MLI

                                                                                       BFA

                                                                                      AGO

                                                                                      ZAM
                                                                                      MOZ

                                                                                      ETH

                                                                                      GAB

                                                                                       ZAF
     CMR

                                                                                      MDG

                                                                                       BDI

                                                                                       MLI
                                                                                      CMR

                                                                                      ZWE

                                                                                       TZA

                                                                                      MUS
     NGA

     BEN

     UGA

     SEN

     GHA

     DZA

     MAR
     MWI

     RWA
     KEN
     MOZ

      CIV
      BFA

     ETH
     AGO

     GAB

      ZAF
     ZAM

     ZWE

     MUS
     MDG

      BDI

      TZA
      MLI
     CMR

 Sources : Banque mondiale, base de données de l’indice de performance logistique ; Forum économique mondial ; calculs des services du FMI.
 Note : Les seuils sont estimés à partir d’un modèle de panel avec effets fixes (Hansen, 1999). Les seuils identifient les ruptures structurelles qui
 partagent l’équation en deux régimes différents sur le plan de l’élasticité du commerce aux droits de douane. Voir à la page vi la liste des abréviations
 des pays.

 Dans les pays dotés d’une infrastructure insuffi-                                d’étranglement non tarifaires sont essentielles pour
 sante, des progrès dans ce domaine multiplieraient                               dynamiser le commerce intrarégional en Afrique.
 potentiellement par deux l’effet de stimulation des                              L’analyse se fonde jusqu’ici sur des modèles d’équi-
 échanges produit par la baisse des droits de douane.                             libre partiel et ne rend pas compte des effets de ré-
 Cet effet est particulièrement puissant dans les pays                            troaction. Les modèles d’équilibre général calculable
 enclavés. Ces résultats sont pertinents pour l’Afrique :                         (EGC) tiennent compte des effets de détournement
 la plupart des pays africains sont relativement mal                              des échanges et de création d’échanges qu’engendrent
 classés en ce qui concerne la qualité de l’infrastruc-                           les chocs tarifaires et non tarifaires en exploitant les
 ture (graphique 3.18) et un tiers environ sont en-                               avantages comparatifs des pays et les ajustements de
 clavés, indiquant que la médiocrité de l’infrastructure                          salaires et de prix à l’échelle mondiale8. Appliqués au
 en Afrique diminue l’efficacité des réductions tari-                             commerce intrarégional en Afrique, les modèles EGC
 faires censées stimuler les échanges commerciaux sur                             confirment tous que la réduction des coûts non ta-
 le continent. Pour les pays enclavés, la logistique joue                         rifaires a bien plus d’effets sur les flux commerciaux
 aussi un rôle important. Elle influe davantage sur leur                          que la suppression des droits de douane. On estime
 capacité à commercer, et les services logistiques de                             que l’élimination des droits de douane perçus dans
 base renforcent considérablement l’impact des baisses                            le cadre du commerce intrarégional permet d’aug-
 tarifaires sur le commerce. Globalement, l’améliora-                             menter les échanges commerciaux dans la région
 tion de l’infrastructure et de la logistique commer-                             d’environ 15 % à 25 % à moyen terme, tandis qu’une
 ciale de base est particulièrement importante pour                               réduction de moitié des obstacles non tarifaires pro-
 que les pays enclavés puissent tirer profit des réduc-                           duirait des effets plus de deux fois supérieurs. Les
 tions tarifaires.                                                                modèles montrent également que les baisses tarifaires
                                                                                  ont un effet limité sur le bien-être et que seule la ré-
 Dans les pays à faible revenu, plusieurs facteurs non                            duction simultanée des obstacles tarifaires et non ta-
 tarifaires agissent sur l’efficacité des réductions tari-                        rifaires peut avoir des effets bénéfiques notables sur le
 faires. La médiocrité de l’infrastructure et l’insuffi-                          bien-être et le PIB (annexe en ligne 3.5)9.
 sance du capital humain contribuent conjointement à
 amoindrir l’efficacité des réductions tarifaires prévues                         Bien que le débat concernant la ZLECAf se soit prin-
 pour stimuler l’intégration commerciale.                                         cipalement focalisé sur le commerce des biens, la li-
                                                                                  béralisation du commerce des services, y compris fi-
 Globalement, les travaux empiriques indiquent                                    nanciers, est tout aussi importante pour le bien-être
 que les politiques de suppression des goulets                                    des pays, même si le manque de données empêche
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  Bien qu’ils reflètent diverses interactions économiques, ces modèles ne rendent pas compte de l’effet transformateur que le commerce
 peut exercer sur l’économie d’un pays.
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  Les études récentes semblent montrer que le gain de bien-être pourrait atteindre 0,5 % à moyen terme si les droits de douane frappant
 les échanges intrarégionaux étaient supprimés. En combinant suppression des droits de douane et réduction de moitié des obstacles non
 tarifaires, le gain à moyen terme irait jusqu’à 0,6–3,8 % et le PIB augmenterait d’environ 1 % (annexe en ligne 3.5).

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