LE DÉPISTAGE DE LA COVID-19 EN ÎLE-DE-FRANCE EN 2020
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FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE | MARS 2021 Ville de Gennevilliers / Flick’r LE DÉPISTAGE DE LA COVID-19 EN ÎLE-DE-FRANCE EN 2020 ANALYSE DES DONNÉES SI-DEP À partir des données des tests RT-PCR du système d’informations de SOMMAIRE dépistage (SI-DEP), l’objectif de cette étude est, d’une part, de décrire 2 Introduction la dynamique épidémique en Île-de-France à l’échelle communale et, 3 Des disparités socio- d’autre part, d’essayer de comprendre si l’épidémie progresse plus spatiales et urbaines rapidement dans certains contextes sociaux et/ou urbains. 4 Suivi de l’épidémie Deux premiers Focus de l’ORS Île-de-France avaient été consacrés, 6 Données SI-DEP et au printemps et à l’été 2020, à l’analyse de la mortalité en période de indicateurs première vague de Covid-19 [1,2]. 8 Montée en puissance du nombre de tests Il s’agit ici d’appréhender non plus les formes les plus graves de la 12 Diffusion généralisée de maladie mais son degré de diffusion au sein des populations durant la l’épidémie - des niveaux seconde vague de l’épidémie. Il s’agit également de questionner les relativement variables indicateurs disponibles. 18 Un risque épidémique lié aux caractéristiques Les dynamiques épidémiques (taux de positivité et taux d’incidence) sociodémographiques et sont analysées ici en comparant les situations à l’échelle communale urbaines à six dates différentes depuis début septembre jusqu’à fin décembre. 22 Des tests plus fréquents Les disparités spatiales de niveaux de dépistage des populations sont chez les moins de 65 ans également analysées. 30 Conclusion Auteurs : Catherine Mangeney, Valérie Féron, Laetitia Firdion, Khadim Ndiaye, Adrien 31 Références Saunal, Maylis Telle-Lamberton Directrice de publication : Isabelle Grémy
Introduction En déploiement depuis le 13 mai 2020, le système d’information de dépistage (SI-DEP) recense l’ensemble des résultats des tests Covid réalisés en France. Le résultat du test mais également le sexe, l’âge et le lieu de résidence des personnes testées y sont enregistrés de manière anonymisée. L’ARS Île-de-France a sollicité l’ORS Île-de-France pour analyser, à partir des données SI-DEP disponibles, l’évolution de l’épidémie à une échelle géogra- phique fine (commune) et pour déterminer si l’épidémie progresse plus rapide- ment dans certains contextes sociaux et/ou urbains. Après avoir explicité la situation francilienne vis-à-vis de l’épidémie et avoir dis- cuté des potentialités et des limites des données SI-DEP, nous examinerons successivement la distribution géographique des indicateurs permettant de dé- crire l’épidémie : taux de dépistage, taux de positivité et taux d’incidence. Ces indicateurs renseignent sur la diffusion de l’épidémie mais sont aussi emprunts de biais que nous décrirons dans la présente analyse. Les analyses seront con- duites en population générale puis selon deux grands groupes d’âge : les 65 ans et plus et les moins 65 ans. Les profils épidémiques seront enfin mis en regard des caractéristiques socio- urbaines des espaces pour dégager d’éventuelles corrélations entre contextes de vie et diffusion de l’épidémie. En effet, le lien entre les pathologies infectieuses et les caractéristiques sociales des populations est connu. Il a été montré par des historiens pour les épidémies les plus anciennes [3] puis par des statisticiens ou des épidémiologistes notam- ment pour la grippe espagnole [4], la grippe H1N1 [5], le Sida ou le virus Ebola [6,7]. La pandémie actuelle associée au Sars-CoV-2 ne fait pas exception et de nombreux travaux ont été publiés sur la question depuis avril 2020. Tout d’abord, les caractéristiques démographiques et culturelles (jeunesse de la population, familles nombreuses, aspects culturels…) sont autant d’éléments liés à l’habitus, au sens sociologique, qui peuvent se traduire par des contacts sociaux plus ou moins importants [8,9]. Un autre aspect est celui afférant aux ressources économiques et au niveau d’éducation : des ressources faibles peu- vent occasionner plus de difficultés à se procurer des moyens de protection, le niveau d’éducation peut être un frein à l’accès à la prévention (littératie, intégra- tion des messages de prévention, la priorisation des problèmes les plus urgents relégant les aspects sanitaires au second plan) [5,10,11]. Les conditions de vie (densité de population, sur-occupation du logement, habitat collectif…) sont également des éléments contribuant à l’augmentation des contacts sociaux ou physiques [12,13,14,15,16]. Enfin les contraintes liées à la profession exercée sont également à prendre en compte : elles peuvent en effet conduire à une multiplication des contacts avec du public, parfois avec des malades, ou d’autres passagers dans les transports en commun [17,18,19]. Dans la présente étude, seront analysés les relations entre les taux de dépis- tage, de positivité et d’incidence et le contexte de vie (secteur urbain dense ver- sus zone rurale), le contexte socio-économique (indice de défaveur sociale), la structure par âge (part des 65 ans et plus), la sur-occupation des logements ou encore la part des actifs occupés ou des étudiants. ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 2 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
Rappel des disparités socio-spatiales et urbaines en Île-de-France L’Île-de-France est une région très hétérogène sur le France mais aussi parmi les plus pauvres. Ces dis- plan social et urbain. Elle compte en effet des sec- parités socio-spatiales et urbaines sont rappelées ici teurs extrêmement denses et des secteurs ruraux, (Fig.1 et Fig.2). ainsi que des secteurs parmi les plus aisés de Fig. 1 – Les secteurs morphologiques en Île-de-France en 2017 Source : Institut Paris Region Fig. 2 - Revenu disponible médian par unité de consommation (UC) en 2017 (écarts par rapport à la médiane régionale) ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 3 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
Suivi de l’épidémie en Île-de-France IMF Photo/Cyril Marcilhacy En Île-de-France, une deuxième vague semble par ailleurs avoir récemment pris un nouveau moins virulente que la première regain avec l’arrivée des nouveaux variants de la Co- vid-19 plus contagieux que la souche historique. Une croissance plus modérée de la mortalité en Île-de-France lors de la seconde vague Des taux de positivité des personnes testées Depuis le début de l’épidémie, l’ORS Île-de-France qui restent forts dans la région produit, chaque semaine à partir des données mises La montée en puissance de la capacité de dépistage en ligne par Santé publique France, un « Point- de la Covid-19 des laboratoires et autres structures hebdo Covid-19 en Île-de-France » qui permet, d’une de dépistage en France s’est traduite (Fig.4) par une part, de suivre l’évolution de l’épidémie dans la ré- progression très marquée du nombre de tests réali- gion depuis le 23 mars 2020 et, d’autre part, de com- sés chaque semaine, aussi bien au niveau régional parer la situation francilienne à la situation française qu’au niveau national. Jusqu’à fin octobre environ, le globale [20]. Le Centre d'épidémiologie sur les taux de positivité des tests réalisés en Île-de-France causes médicales de décès (CépiDc) de l'Inserm met était supérieur à la moyenne nationale. Cette situa- en ligne l’évolution du nombre de décès quotidiens tion s’est légèrement inversée puis se réaffirme sur par cause (Covid-19 et autres décès) par région et la période la plus récente. par département [21]. Le suivi de l’évolution de la mortalité par Covid-19 en Une analyse spatialisée de la seconde Île-de-France et en France (Fig.3) met en lumière vague qui reste à mener que l’Île-de-France avait été particulièrement tou- chée lors de la première vague épidémique au prin- Depuis le début de la pandémie, diverses études ten- temps dernier. La deuxième vague de l’automne y dent à décrire les populations et/ou les territoires les semble moins virulente alors qu’au niveau national plus affectés par la Covid-19. Deux précédentes global, les « pics » de mortalité des deux vagues épi- études de l’ORS Île-de-France (Focus santé) [1,2] démiques sont sensiblement comparables. avaient notamment décrit les inégalités spatiales de mortalité lors de la première vague épidémique en Pour autant, si la remontée de la mortalité observée Île-de-France. Des analyses des corrélations entre de septembre 2020 à fin janvier 2021 n’a pas atteint, niveaux de mortalité et caractéristiques socio-démo- en Île-de-France, les niveaux recensés au prin- graphiques et urbaines sont en cours à l’ORS Île-de- temps, il reste que cette seconde vague est bien plus France et ailleurs. étalée dans le temps et semble encore en cours. Le présent focus vise, quant à lui, à rendre compte Des évolutions régionales dissemblables des disparités spatiales en termes de dynamique La situation régionale se démarque à la fois de celle épidémique lors de la deuxième vague, dynamique observée au niveau de la région Grand Est (région appréhendée à partir des données SI-DEP de recen- fortement touchée lors de la première vague et en- sement des dépistages. core très concernée par la seconde vague) et de Les analyses se feront à une échelle communale tout celle observé en Auvergne-Rhône-Alpes (région d’abord en population générale puis par grandes ca- moins touchée en première vague mais durement tégories d’âge (moins de 65 ans versus 65 ans et frappée en début de seconde vague). L’épidémie plus). ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 4 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
Fig. 3 – Evolution du nombre quotidien de décès Covid-19 certifiés par voie électronique Île-de-France France métropolitaine et DROM Grand Est Auvergne-Rhône-Alpes Source : Inserm CépiDC données du 1er mars 2021 (certificats électroniques de décès) – Graphiques issus de : https://opendata.idf.inserm.fr/cepidc/covid- 19/certification_electronique.html - © Inserm - CépdiDC. En gris : périodes de confinement - En jaune : périodes de couvre-feu Fig. 4 – Les dépistages en France et en Île-de-France – Situation au 28 février 2021 Sources : Santé Publique France, infographie Point-hebdo Covid-19, ORS Île-de-France. ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 5 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
Données SI-DEP et indicateurs Le système d’informations SI-DEP test, ou, en cas de tests multiples, le premier test po- sitif après un ou plusieurs tests négatifs depuis le 13 Un recensement des tests RT-PCR mai (début de SI-DEP). Le Système d’informations de dépistage (SI-DEP) Le nombre de personnes positives est ainsi le est un dispositif d’information de dépistage en dé- nombre de personnes prélevées dont le test est pour ploiement depuis le 13 mai 2020. Il s’agit d’une pla- la première fois positif. teforme sécurisée où sont systématiquement enre- gistrés les résultats des tests RT-PCR 1 réalisés par Cette méthode de dénombrement des personnes l’ensemble des laboratoires de ville et des établisse- testées a été modifiée en décembre par Santé pu- ments hospitaliers concernant le Sars-CoV-2. blique France. Dorénavant, le nombre de personnes testées est défini comme le nombre de patients tes- Les tests antigéniques - plus récents - sont égale- tés pendant la période donnée (7 jours glissants par ment enregistrés dans SI-DEP depuis la fin de l’an- exemple) qui n‘ont jamais été testés positifs au cours née 2020. Il en est de même des tests salivaires. des 60 derniers jours. SI-DEP repose sur un partenariat entre le ministère De ce fait, les chiffres présentés ici diffèrent légère- des Solidarités et de la Santé (responsable du traite- ment des données présentées sur le site Géodes de ment), l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris Santé publique France. D’autres spécificités les dis- (AP-HP, maître d’œuvre), Santé publique France tinguent également : (SPF), les laboratoires de biologie médicale et leurs éditeurs de systèmes d’information. 1) Ici, seuls les tests des Franciliens effectués au sein de l'Île-de-France ou dans les départements li- Ce système, placé sous la responsabilité de la direc- mitrophes ont été pris en compte. Les tests des Fran- tion générale de la santé du ministère chargé de la ciliens effectués en dehors de cette zone n’ont pas Santé, a pour finalité de centraliser les données des été comptabilisés ; personnes ayant fait l’objet d’un examen de dépis- tage de la Covid-19 en vue de permettre : 1) la trans- 2) Pour le calcul des taux de dépistage et d’inci- mission des résultats d’analyse biologique au pa- dence, Santé publique France réalise un redresse- tient, au médecin traitant et/ou au médecin prescrip- ment de la population communale 2017 à partir des teur ; 2) la transmission aux organismes en charge estimations de population 2020 à l’échelon départe- d’identifier les cas-contacts pour limiter la propaga- mental. Nous n’avons pas procédé de même et tion du virus et rompre les chaînes de contamina- avons gardé la population 2017 comme référence. tion ; 3) la mise à disposition de données pseudony- misées (non identifiantes) utiles à la surveillance épi- Trois types d’indicateurs calculés et démiologique et à la production de statistiques ano- suivis dans le temps nymes ; 4) la transmission de données pseudonymi- La présente étude s’appuie sur l’analyse de trois sées à la plateforme des données de santé (Health types d’indicateurs construits, à différentes dates, à data Hub) à des fins de recherche dans le domaine partir des données SI-DEP : le taux de dépistage, le de la santé. taux de positivité et le taux d’incidence (Fig.5). Les analyses présentées ci-dessous portent sur une extraction de la base de données SI-DEP sur les Taux de dépistage, de positivité et tests réalisés en Île-de-France de la semaine 35 (24 d’incidence au 30 août) à la semaine 52 (21 au 27 décembre Le taux de dépistage indique le nombre de tests ré- 2020). La population de référence est celle du recen- alisés rapporté à la population résidente. sement de la population (Insee, RP 2017). Les don- Le taux de positivité des tests indique la part des nées sont fournies au lieu de résidence (commune) tests réalisés qui se sont révélés positifs (nombre de de la personne testée. résultats positifs rapporté au nombre de dépistages Les données utilisées ici correspondent au premier réalisés). mode de comptabilisation des tests (revu récemment Le taux d’incidence rapporte le nombre de tests po- pour tenir compte de la multiplication des dépistages sitifs à la population résidente. Il s’agit en réalité d’un à différentes dates pour une même personne). Initia- qualificatif un peu usurpé puisqu’en épidémiologie, le lement, on cherchait à ne compter les individus taux d’incidence est supposé indiquer le nombre de qu’une seule fois. Ainsi, n’étaient comptabilisés personnes nouvellement atteintes pour une patholo- que les tests des personnes bénéficiant d’un premier 1 Reverse Transcriptase Polymerase Chain Reaction, soit réaction en chaîne par polymérase après transcription inverse. ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 6 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
gie rapporté à la population totale. Ici, si le dénomi- Cela permet d’autre part d’avoir des indicateurs lo- nateur est bien la population totale, le numérateur caux plus solides statistiquement car reposant sur (nombre de personnes testées positivement) ne re- des données plus nombreuses. flète pas véritablement le nombre de personnes nou- Ainsi, les taux calculés pour les semaines lissées 36, vellement atteintes. Il est fortement dépendant du 39, 42, 45, 48 et 51 correspondent aux tests réalisés nombre de tests de dépistage réalisés. respectivement du 24 août au 13 septembre, du 14 septembre au 4 octobre, du 5 au 25 octobre, du 26 Le lissage des taux sur trois semaines octobre au 15 novembre, du 16 novembre au 6 dé- Les taux communaux sont calculés par une méthode cembre et du 7 au 27 décembre 2020 (Fig.6). de lissage, communément utilisée en épidémiologie. L’indicateur lissé base son calcul sur les tests réali- sés la semaine X mais aussi la semaine précédente (X-1) et la semaine suivante (X+1). Cela permet d’une part d’atténuer la variabilité des taux du fait d’un « creux » ou d’un « pic » dans le nombre de dépistages réalisés une semaine donnée. Fig. 5 – Correspondance entre les numéros de semaine et les jours concernés Indicateur Formules Taux de dépistage Taux de positivité Taux d’incidence Source : ORS Île-de-France Fig. 6 – Correspondance entre les numéros de semaine et les jours concernés Source : ORS Île-de-France ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 7 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
Une montée en puissance du nombre de tests réalisés, variable selon les territoires Le nombre de tests réalisés chaque semaine pour quelques communes et notamment dans l’ouest pa- 100 000 habitants a globalement augmenté depuis risien et le sud des Hauts-de-Seine) à la semaine 39 le printemps, indiquant un déploiement des actions (où des taux conséquents sont observés dans l’en- de dépistage (Fig.7). La croissance a tout d’abord semble des arrondissements parisiens, des com- été particulièrement marquée jusqu’à fin octobre puis munes des Hauts-de-Seine, et dans un certain a connu une inflexion avant de croitre de nouveau de nombre de communes du Val d’Oise) et à la se- manière conséquente, avec un pic particulièrement maine 42 (où des taux importants sont observés important avec les vacances de Noël. dans la majorité des communes franciliennes, no- Cependant, alors même que différentes publications tamment dans la zone agglomérée, avec quelques tendent à pointer la virulence de l’épidémie dans les exceptions notables, notamment dans le nord de la territoires denses et socialement moins favorisés Seine-Saint-Denis) ; comme la Seine-Saint-Denis, les niveaux de popula- - une diminution de la dynamique de dépistage en- tion dépistée semblent moins importants dans ce dé- suite (semaine 48) jusqu’àu mois de décembre qui partement que dans les autres départements de Pa- s’amorce tout d’abord de manière diffuse au sein du ris et de sa proche couronne. territoire régional puis qui se généralise à la très De la même manière, une analyse des taux de dé- grande majorité des communes ; pistage à l’échelle communale (Fig.8) semble mettre - une dynamique de dépistage qui rebondit en dé- en évidence : cembre avant les vacances de Noël (semaine 51) - une augmentation quasi-généralisée (Fig.8) des dans certains territoires (notamment dans Paris et taux de dépistage de la semaine 36 (où les taux l’ouest parisien) alors que le rebond est moins mar- étaient partout relativement faibles, sauf dans qué dans d’autres espaces (le nord du département de Seine-Saint-Denis par exemple). Fig. 7 – Taux de dépistage hebdomadaires pour 100 000 habitants par département Ici, les taux de dépistages ne sont pas lissés car l’échelle départementale est suffisamment importante pour assurer des effectifs solides statistiquement. Sources : Santé Publique France, données Si-DEP, Insee 2017 – traitements ORS Île-de-France. ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 8 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
Fig. 8 – Taux de dépistage observés à l’échelle communale (semaines lissées 36 à 51) Semaine lissée 36 Semaine lissée 39 Semaine lissée 42 Semaine lissée 45 Semaine lissée 48 Semaine lissée 51 Nombre de tests réalisés pour 100 000 habitants Sources : Si-DEP, Insee 2017 – traitements ORS Île-de-France ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 9 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
De ces éléments, il ressort en premier lieu la néces- de dépistages ou de facteurs socio-culturels. La po- sité de mieux comprendre pourquoi les populations litique de dépistage peut également influer, de certaines communes sont mieux couvertes que puisqu’un dépistage en population générale a moins d’autres par les opérations de dépistages (organi- de chance de comptabiliser des cas positifs qu’un sées ou individuelles). dépistage ciblé sur les populations les plus à risque Une première piste d’explication pourrait être une ou présentant des symptômes. plus grande difficulté des populations à se faire tester Quant au taux d’incidence calculé à partir des don- dans certaines communes. En effet, le recours au nées SI-DEP, il ne renvoie « que » le nombre de per- dépistage peut dépendre de la répartition géogra- sonnes nouvellement identifiées (car ayant été tes- phique des structures de dépistage. La présence, sur tées) comme étant positives à la Covid-19. Il ne re- la commune, d’un laboratoire réalisant les tests PCR, flète pas de façon exhaustive le taux de personnes ou d’une structure délocalisée (barnum, tente, drive, nouvellement touchées. Le taux d’incidence ainsi ob- équipe mobile) plus ou moins pérenne a pu faciliter tenu est donc très dépendant à la fois du niveau de le recours des populations au dépistage, notamment contamination de la population et du nombre de tests avant la généralisation des tests antigéniques réali- réalisés par les habitants de la commune. sés en pharmacie. Ainsi, bien que l’on n’ait d’autre choix que d’utiliser Une seconde piste d’explication pourrait être des ces indicateurs pour décrire le niveau de contamina- comportements différenciés qui - à l’instar de ce que tion des populations, il convient de garder à l’esprit l’on observe lors des campagnes de prévention – se qu’ils sont également le reflet de ces autres dimen- traduiraient par des recours au dépistage plus fré- sions. quents parmi les populations les plus favorisées et De fait, les conclusions sur les niveaux de contami- éduquées. Ce sont les systèmes d’accompagne- nation des communes, comparées les unes aux ment vers le dépistage, de promotion de la santé, de autres, sont sensiblement différentes selon que l’on communication… qui seraient alors à questionner. considère le taux de positivité ou le taux d’incidence. La comparaison des taux de dépistage et des taux de positivité au sein des différents départements franciliens (Fig.9) laisse effectivement supposer une certaine déconnexion entre le recours plus ou moins massif au dépistage et la diffusion du virus au sein des populations : les pics de dépistage ne corres- pondent pas systématiquement à des pics de positi- vité, notamment lors de la période précédant les SYBARTS- Flick’r fêtes de fin d’année. Enfin, le taux de dépistage est certainement égale- ment sensible à la politique de dépistage. En effet, avant la possiblité de faire des tests antigéniques en pharmacie, l’accès au dépistage pouvait s’organiser en population générale (venait qui voulait un jour donné par exemple) ou s’organiser en priorisant les personnes à dépister selon qu’elles disposaient d’une ordonnance médicale, présentaient des symp- tômes, étaient cas-contact, revenaient d’une zone très touchée…ou encore qu’elles prévoyaient de voyager à l’étranger (et qu’il leur fallait attester d’une virologie négative). Il ressort ensuite une autre nécessité : celle de con- sidérer avec précaution les indicateurs de taux de positivité ou d’incidence construits à partir des résul- tats des tests réalisés. Le taux de positivité renseigne sur le nombre de per- sonnes positives à la Covid-19 parmi les personnes de la commune qui ont fait la démarche de se faire tester. Cet indicateur est ainsi dépendant de la diffu- sion du virus au sein de la population communale mais aussi de la propension à être dépisté, qui peut dépendre, on l’a vu, de la répartition des structures ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 10 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
10 000 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000 10 000 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000 10 000 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000 10 000 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000 sem 21 sem 21 sem 21 sem 21 mai mai mai mai sem 22 sem 22 sem 22 sem 22 Paris couvre-feu. sem 23 sem 23 sem 23 sem 23 sem 24 sem 24 sem 24 sem 24 juin juin juin juin sem 25 sem 25 sem 25 sem 25 Val-de-Marne sem 26 Hauts-de-Seine sem 26 sem 26 sem 26 Seine-Saint-Denis sem 27 sem 27 sem 27 sem 27 sem 28 sem 28 sem 28 sem 28 juillet juillet sem 29 juillet sem 29 juillet sem 29 sem 29 sem 30 sem 30 sem 30 sem 30 sem 31 sem 31 sem 31 sem 31 sem 32 sem 32 sem 32 sem 32 sem 33 sem 33 sem 33 aout sem 33 aout aout aout sem 34 sem 34 sem 34 sem 34 sem 35 sem 35 sem 35 sem 35 sem 36 sem 36 sem 36 sem 36 sem 37 sem 37 sem 37 sem 37 sem 38 sem 38 sem 38 sem 38 septembre septembre septembre septembre sem 39 sem 39 sem 39 sem 39 sem 40 sem 40 sem 40 sem 40 sem 41 sem 41 sem 41 sem 41 Source : SI-DEP – Traitements ORS Île-de-France sem 42 sem 42 sem 42 sem 42 octobre octobre octobre octobre sem 43 sem 43 sem 43 sem 43 sem 44 sem 44 sem 44 sem 44 sem 45 sem 45 sem 45 sem 45 sem 46 sem 46 sem 46 sem 46 sem 47 sem 47 sem 47 sem 47 novembre novembre novembre novembre sem 48 sem 48 sem 48 sem 48 sem 49 sem 49 sem 49 sem 49 sem 50 sem 50 sem 50 sem 50 sem 51 sem 51 sem 51 sem 51 sem 52 sem 52 sem 52 sem 52 sem 53 sem 53 sem 53 sem 53 Sem 01 Sem 01 décembre janvier décembre janvier Sem 01 Sem 01 décembre janvier décembre janvier 0 5 0 5 0 5 0 5 10 15 20 25 10 15 20 25 10 15 20 25 10 15 20 25 10 000 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000 10 000 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000 10 000 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000 10 000 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 8 000 9 000 sem 21 sem 21 sem 21 sem 21 mai mai mai mai sem 22 sem 22 sem 22 sem 22 sem 23 sem 23 sem 23 sem 23 Essonne Yvelines Val d'Oise sem 24 sem 24 sem 24 sem 24 juin juin juin juin sem 25 sem 25 sem 25 sem 25 sem 26 sem 26 sem 26 sem 26 Seine-et-Marne sem 27 sem 27 sem 27 sem 27 sem 28 sem 28 sem 28 sem 28 juillet juillet sem 29 juillet sem 29 juillet sem 29 sem 29 sem 30 sem 30 sem 30 sem 30 sem 31 sem 31 sem 31 sem 31 sem 32 sem 32 sem 32 sem 32 sem 33 sem 33 sem 33 aout sem 33 aout aout aout sem 34 sem 34 sem 34 sem 34 sem 35 sem 35 sem 35 sem 35 sem 36 sem 36 sem 36 sem 36 sem 37 sem 37 sem 37 sem 37 Fig. 9 – Évolution des taux de dépistage et des taux de positivité par département sem 38 sem 38 sem 38 sem 38 septembre septembre septembre septembre sem 39 sem 39 sem 39 sem 39 ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 11 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020 sem 40 sem 40 sem 40 sem 40 sem 41 sem 41 sem 41 sem 41 sem 42 sem 42 sem 42 sem 42 octobre octobre octobre octobre sem 43 sem 43 sem 43 sem 43 sem 44 sem 44 sem 44 sem 44 sem 45 sem 45 sem 45 sem 45 sem 46 sem 46 sem 46 sem 46 sem 47 sem 47 sem 47 sem 47 novembre novembre novembre novembre sem 48 sem 48 sem 48 sem 48 sem 49 sem 49 sem 49 sem 49 sem 50 sem 50 sem 50 sem 50 En saumon : période de vacances scolaires d’été – En jaune : période vacances + couvre-feu – En gris : période de confinement – En gris clair : période de sem 51 sem 51 sem 51 sem 51 sem 52 sem 52 sem 52 sem 52 sem 53 sem 53 sem 53 sem 53 Sem 01 Sem 01 décembre janvier décembre janvier Sem 01 décembre janvier Sem 01 décembre janvier 0 5 0 5 0 5 0 5 10 15 20 25 10 15 20 25 10 15 20 25 10 15 20 25
Une diffusion généralisée de l’épidémie mais des niveaux de diffusion relativement variables IMF Photo/Cyril Marcilhacy taux de dépistage relativement faibles, peuvent y ap- Une propagation assez nette de paraitre moins importants que dans la partie ouest l’épidémie sur l’ensemble du territoire de Paris. La propagation de l’épidémie au sein des communes La Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne franciliennes de la semaine 36 à la semaine 45 est ou l’axe Seine semblent plus touchés visible sur les cartes de la figure 10 qui présentent les taux de positivité ou d’incidence communaux se- Si, au lieu de comparer les taux de positivité et d’in- lon une échelle identique sur l’ensemble de la pé- cidence communaux sur l’ensemble de la période, riode. on décide de comparer les taux de positivité et d’in- Les cartes passent du vert quasi-généralisé en se- cidence communaux semaine par semaine (Fig.11), maine 36 (taux faibles) au rouge-orange également on identifie cette fois les communes qui – compte quasiment généralisé en semaine 45 (taux forts). En- tenu de la situation sanitaire à un moment donné - suite, sur la fin de l’année 2020, la vague épidémique présentent des taux de positivité ou d’incidence reflue partiellement. parmi les plus élevés ou les plus faibles. Les cartes de la figure 10 illustrent également la dé- Alors, une opposition est/ouest semble se dégager pendance du taux d’incidence au nombre de tests ré- dès la semaine 39 avec notamment la Seine-Saint- alisés : par exemple, en semaine 42, le taux de posi- Denis, le Val-de-Marne et l’axe Seine (au nord- tivité des tests réalisés dans l’ouest de Paris est re- ouest) marqués par des taux de positivité élevés tan- lativement faible comparativement au taux d’inci- dis que les territoires situés à l’ouest de Paris sem- dence qui y est plus élevé. Une explication est cer- blent, chaque semaine, dans des situations nette- tainement à trouver dans les taux de dépistage, dont ment plus favorables. on a vu précédemment (Fig.8) qu’ils avaient été re- La cartographie des taux d’incidence semble un peu lativement forts. moins marquée par des oppositions d’agrégats spa- Inversement, on observe, notamment dans certaines tiaux claires, au moins jusqu’en semaine 45. communes de Seine-Saint-Denis, des taux de posi- tivité particulièrement forts en semaine 42, peut-être en raison d’une population plus touchée par l’épidé- mie mais peut-être aussi en raison d’un dépistage plus ciblé sur les personnes potentiellement à risque. Cependant, si les taux de positivité sont particuliè- ment forts, les taux d’incidence, compte-tenu des ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 12 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
Fig. 10 - Comparaison des niveaux de positivité ou d’incidence des communes sur l’ensemble de la période (Niveaux de comparaison : distribution des taux sur toutes les semaines de la période) Taux de positivité Taux d’incidence Semaine lissée 36 Semaine lissée 36 Semaine lissée 39 Semaine lissée 39 Semaine lissée 42 Semaine lissée 42 Taux de positivité Taux d’incidence (en %) (pour 100 000 habitants) ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 13 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
Taux de positivité Taux d’incidence Semaine lissée 45 Semaine lissée 45 Semaine lissée 48 Semaine lissée 48 Semaine lissée 51 Semaine lissée 51 Taux de positivité Taux d’incidence (en %) (pour 100 000 habitants) Lecture : Les communes en rouge sur les cartes ci-dessus présentent un taux de positivité (cartes de gauche) ou un taux d’incidence (cartes de droite) supérieur à 23,4 pour les taux de positivité et 409,5 pour les taux d’incidence, et se situent ainsi dans les 10 % des taux les plus forts observés pour chaque indicateur dans les différentes communes sur l’ensemble de la période considérée. Seules les communes avec plus de 50 tests pour la semaine lissée sont représentées. Sources : Si-DEP, Insee 2017 – traitements ORS Île-de-France ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 14 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
Fig. 11 - Comparaison des niveaux de positivité ou d’incidence des communes à une date t (Niveaux de comparaison : distribution des taux de chaque semaine considérée) Taux de positivité Taux d’incidence Semaine lissée 36 Semaine lissée 36 Semaine lissée 39 Semaine lissée 39 Semaine lissée 42 Semaine lissée 42 ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 15 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
Taux de positivité Taux d’incidence Semaine lissée 45 Semaine lissée 45 Semaine lissée 48 Semaine lissée 48 Semaine lissée 51 Semaine lissée 51 Lecture : Les communes en rouge sur les cartes ci-dessus présentent un taux de positivité (cartes de gauche) ou un taux d’incidence (cartes de droite) qui se situent dans les 10 % des taux les plus forts observés pour chaque indicateur dans les différentes communes sur la semaine donnée. Ainsi, ici, le seuil retenu pour qualifier un taux « faible » ou « fort » change pour chaque indicateur et chaque semaine, en fonction de la distribution (premier décile, premier quartile, médiane, troisième quartile et dernier décile) de l’indicateur sur la seule semaine considérée. Seules les communes avec plus de 50 tests sur la semaine lissée sont représentées. Sources : Si-DEP, Insee 2017 – traitements ORS Île-de-France ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 16 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
Un risque épidémique lié aux caractéristiques sociodémographiques et urbaines L’analyse des relations (régression de Poisson) en semaine 45, + 55 % en semaine 48 et jusqu’à entre les taux de dépistage, de positivité et d’inci- + 114 % en semaine 51. dence et les caractéristiques sociodémographiques Cette relation entre taux de positivité et caractéris- et urbaines des communes à différentes périodes tiques sociales peut résulter à la fois d’une plus (semaines lissées 36, 39, 42, 45, 48 et 51) montre grande diffusion de l’épidémie parmi les personnes non seulement certaines associations (peut-être les moins favorisées, mais également de pratiques moins marquées que ce à quoi on aurait pu s’at- de dépistage différenciées (meilleur ciblage des po- tendre) mais également une évolution de ces asso- pulations exposées parmi les personnes testées au ciations au cours du temps (Fig.12, 13 et 14). sein des catégories sociales les moins favorisées). Ainsi, il ressort : Cette relation s’observe également mais de manière moins marquée pour les taux d’incidence : pour cet a) Des taux de dépistage qui tendent plutôt à dé- indicateur, la relation reste significative mais le gra- croitre lorsque la densité urbaine diminue (Fig.12), dient social est moins net avec des risques relatifs avec une situation des communes les plus rurales qui croissent de manière moins marquée selon le ni- qui, elle, semble étonnamment un peu plus favo- veau de défaveur sociale ; rable. A noter également que ce « gradient urbain » semble un peu moins marqué en semaines 45 et 48 d) Une relation entre taux de dépistage et défaveur mais se confirme à nouveau en semaine 51 ; sociale qui apparait également significative mais avec des taux de dépistage qui (sauf en semaines b) Un risque épidémique (taux de positivité (Fig.13) 45 et 48) sont d’autant moins importants que l’indice ou d’incidence (Fig.14)) qui, en semaine 36, est d’au- de défaveur sociale augmente ; tant plus fort que l’on se situe en zone centrale et dense et qui diminue au fur et à mesure que l’on se e) Un risque épidémique qui varie selon la proportion déplace vers les zones périphériques et rurales. Le de personnes âgées de 65 ans et plus de la com- gradient de décroissance du risque épidémique avec mune dans un sens qui peut sembler contre-intuitif à le degré d’urbanisation 1 se retrouve en semaine 39 première vue : mais avec une situation des communes périurbaines • le risque épidémique (taux de positivité et taux d’in- et rurales qui semble se dégrader. En semaine 42, cidence) augmente en semaine 36 lorsque la part les hiérarchies semblent même s’inverser pour ce des personnes âgées est particulièrement forte, qui est des taux de positivité, avec un risque de po- mais cette relation n’est plus significative en se- sitivité qui devient inférieur à Paris comparativement maine 39, signe peut-être que les personnes âgées aux autres communes de l’agglomération parisienne ont adopté, de manière plus précoce que les et qui s’apparente, à Paris, au risque observé dans autres, des comportements de distanciation so- les communes périurbaines et rurales. Pour les taux ciale plus strictes. En semaine 42, le taux de posi- d’incidence, l’inversion s’opère plus tardivement (se- tivité ne semble plus varier selon que la commune maine 45) ; compte ou pas une proportion importante de per- c) Une relation forte et durable entre les taux de po- sonnes âgées. Le taux d’incidence, lui, recom- sitivité et les caractéristiques sociales des popula- mence à être significativement associé à une part tions, avec un risque épidémique (taux de positivité) importante de la part des personnes âgées. Pour d’autant plus fort que la population est défavorisée les semaines suivantes, la relation entre part im- (au sens du Fdep 2 qui combine à la fois revenu, ca- portante de personnes âgées et taux d’incidence et tégorie socio-professionnelle, chômage et niveau de de positivité redevient significative mais de ma- diplôme [22,23]), relation qui s’observe quelle que nière moins prononcée qu’en semaine 36. En ce soit la période considérée. Ainsi, toutes choses qui concerne les taux de dépistage, une part impor- égales par ailleurs, les communes avec la plus tante de personnes âgées dans la commune est grande défaveur sociale (5e quintile) ont des risques associée positivement à des taux de dépistage de positivité 26 % supérieurs à ceux observés dans sensiblement plus élevés ; les communes les plus favorisées (1er quintile qui • Jusqu’en semaine 48, le risque épidémique (taux sert de référence dans le modèle). Après avoir un de positivité et taux d’incidence) augmente égale- peu baissé en semaine 39 (+ 15 %), ce risque relatif ment lorsque la part des personnes âgées est par- supérieur s’établit à + 22 % en semaine 42, + 23 % ticulièrement faible, signe peut-être d’un impact 1 Voir la définition des secteurs morphologiques sur le site internet de l’Institut Paris Region www.institutparisregion.fr et la géographie en Fig1. 2 Indice de défaveur sociale [22] ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 17 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
des mobilités et des contacts quotidiens dans la dif- g) Une relation entre le risque épidémique et la part fusion de l’épidémie : en effet, dans les communes des étudiants dans la population, avec des taux de particulièrement jeunes, les opportunités de con- positivité et d’incidence qui tendent à augmenter lé- tact sont plus fréquentes (travail, écoles, universi- gèrement avec la part d’étudiants et ce, quelle que tés…) et les comportements festifs potentiellement soit la semaine considérée ; plus fréquents. À partir de la semaine lissée 48 h) Une relation moins nette et moins régulière avec (mise en place d’un couvre-feu puis d’un reconfine- la part des actifs occupés dans la population, peut- ment), cette relation s’inverse et n’est plus signifi- être en raison de l’impact du télétravail qui rend cette cative en semaine 51 ; variable moins descriptive des mobilités individuelles f) Une relation relativement marquée entre la promis- quotidiennes en période de Covid (même en dehors cuité dans le logement et le risque épidémique, rela- des périodes de strict confinement). tion d’autant plus forte que l’on se situe en début de période et qui s’atténue et disparait voire s’inverse au fur et à mesure que l’épidémie se diffuse sur le territoire régional ; SYBARTS- Flick’r ORS - FOCUS SANTÉ EN ÎLE-DE-FRANCE - 18 – Le dépistage de la Covid-19 en Île-de-France en 2020
Fig. 12 - Risques relatifs (RR) de dépistage et intervalles de confiance associés [IC95%] dans les communes d’Île-de-France dans lesquelles au moins 50 tests (RT-PCR) SARS-COV-2 ont été effectués, selon les caractéristiques socio-démographiques et urbaines Taux de dépistage Semaine 36 Semaine 39 Semaine 42 Semaine 45 Semaine 48 Semaine 51 n=614 n=619 n=723 n=739 n=604 n=766 RR [IC95%] RR [IC95%] RR [IC95%] RR [IC95%] RR [IC95%] RR [IC95%] Secteur morphologique Les communes du centre (agglo. parisienne) 1 1 1 1 1 1 Les communes denses (agglo. parisienne) 0.81*** [0.80 ; 0.81] 0.78*** [0.77 ; 0.78] 0.81*** [0.81 ; 0.82] 0.97*** [0.96 ; 0.98] 0.91*** [0.90 ; 0.92] 0.77*** [0.76 ; 0.77] Les autres communes majoritairement urba- 0.74*** [0.73 ; 0.74] 0.69*** [0.69 ; 0.70] 0.79*** [0.78 ; 0.79] 1.00 [0.99 ; 1.01] 0.88*** [0.87 ; 0.89] 0.66*** [0.66 ; 0.66] nisées (agglo. parisienne) Les autres communes (agglo. parisienne) 0.71*** [0.70 ; 0.72] 0.66*** [0.65 ; 0.67] 0.76*** [0.75 ; 0.77] 1.01* [1.00 ; 1.03] 0.89*** [0.87 ; 0.90] 0.61*** [0.60 ; 0.62] Les principales communes (autres agglo.) 0.60*** [0.59 ; 0.61] 0.58*** [0.57 ; 0.59] 0.68*** [0.67 ; 0.69] 0.92*** [0.91 ; 0.94] 0.88*** [0.87 ; 0.90] 0.61*** [0.60 ; 0.62] Les autres communes de l'espace rural 0.66*** [0.65 ; 0.68] 0.60*** [0.58 ; 0.61] 0.67*** [0.66 ; 0.69] 1.03** [1.01 ; 1.05] 0.93*** [0.91 ; 0.96] 0.56*** [0.55 ; 0.57] Les communes rurales 0.86*** [0.83 ; 0.89] 0.82*** [0.79 ; 0.84] 0.78*** [0.77 ; 0.80] 1.07*** [1.05 ; 1.10] 1.07*** [1.03 ; 1.11] 0.61*** [0.59 ; 0.62] Indicateur de désavantage social 1er quintile (communes les moins défavorisées) 1 1 1 1 1 1 2e quintile 1.01 [1.00 ; 1.02] 1.03*** [1.02 ; 1.04] 1.01* [1.00 ; 1.02] 1.04*** [1.03 ; 1.05] 1.03*** [1.02 ; 1.05] 0.95*** [0.94 ; 0.95] 3 e quintile 1.01 [1.00 ; 1.02] 1.01 [1.00 ; 1.02] 0.98*** [0.97 ; 0.99] 1.03*** [1.02 ; 1.04] 1.08*** [1.07 ; 1.10] 0.94*** [0.93 ; 0.95] 4 e quintile 0.91*** [0.90 ; 0.92] 0.87*** [0.86 ; 0.88] 0.90*** [0.89 ; 0.91] 1.07*** [1.06 ; 1.09] 1.15*** [1.14 ; 1.17] 0.80*** [0.79 ; 0.80] e 5 quintile (communes les plus défavorisées) 0.89*** [0.88 ; 0.90] 0.87*** [0.86 ; 0.89] 0.86*** [0.85 ; 0.87] 1.05*** [1.04 ; 1.07] 1.21*** [1.20 ; 1.23] 0.67*** [0.66 ; 0.67] Part des 65 ans (%) Faible (20 %) 1.19*** [1.17 ; 1.20] 1.05*** [1.03 ; 1.06] 1.04*** [1.03 ; 1.05] 1.03*** [1.02 ; 1.05] 1.10*** [1.08 ; 1.11] 1.07*** [1.06 ; 1.08] La part des personnes vivant avec moins d’une pièce par personne (%) Moins de 15 % 1 1 1 1 1 1 Forte (>15 %) 1.14*** [1.13 ; 1.15] 1.07*** [1.06 ; 1.08] 1.04*** [1.03 ; 1.05] 0.98*** [0.97 ; 0.99] 0.99 [0.98 ; 1.00] 0.99* [0.98 ; 1.00] La part de la population constituée d’ac- tifs occupés (%) < médiane (70 %) 1 1 1 1 1 1 Forte (> médiane) 1.00 [0.99 ; 1.00] 0.95*** [0.94 ; 0.96] 1.00 [1.00 ; 1.01] 1.03*** [1.02 ; 1.03] 1.02*** [1.01 ; 1.03] 0.98*** [0.98 ; 0.99] La part de la population constituée d’étu- diants (%) < médiane (10 %) 1 1 1 1 1 1 Forte (> médiane) 1.00 [1.00 ; 1.01] 0.98*** [0.97 ; 0.99] 0.98*** [0.97 ; 0.98] 1.00 [0.99 ; 1.01] 1.00 [0.99 ; 1.01] 0.93*** [0.92 ; 0.93] n : nombre de communes avec au moins 50 tests (RT-PCR) SARS-COV-2 sur la période (36, 39, 42, 45, 48 et 51) - *p
Fig. 13 - Risques relatifs (RR) de positivité et intervalles de confiance associés [IC95%] dans les communes d’Île-de-France dans lesquelles au moins 50 tests (RT-PCR) SARS-COV-2 ont été effectués, selon les caractéristiques socio-démographiques et urbaines Taux de positivité Semaine 36 Semaine 39 Semaine 42 Semaine 45 Semaine 48 Semaine 51 n=614 n=619 n=723 n=739 n=604 n=766 RR [IC95%] RR [IC95%] RR [IC95%] RR [IC95%] RR [IC95%] RR [IC95%] Secteur morphologique Les communes du centre (agglo. parisienne) 1 1 1 1 1 1 Les communes denses (agglo. parisienne) 0.89*** [0.87 ; 0.92] 0.92*** [0.90 ; 0.94] 1.03*** [1.02 ; 1.05] 1.11*** [1.09 ; 1.13] 1.32*** [1.28 ; 1.36] 1.30*** [1.26 ; 1.34] Les autres communes majoritairement urba- 0.85*** [0.83 ; 0.88] 0.84*** [0.82 ; 0.86] 1.05*** [1.03 ; 1.07] 1.14*** [1.12 ; 1.16] 1.42*** [1.38 ; 1.47] 1.54*** [1.50 ; 1.59] nisées (agglo. parisienne) Les autres communes (agglo. parisienne) 0.81*** [0.77 ; 0.86] 0.86*** [0.82 ; 0.89] 1.10*** [1.07 ; 1.13] 1.20*** [1.17 ; 1.24] 1.52*** [1.45 ; 1.59] 1.69*** [1.61 ; 1.77] Les principales communes (autres agglo.) 0.70*** [0.66 ; 0.75] 0.66*** [0.62 ; 0.69] 0.94*** [0.90 ; 0.97] 1.08*** [1.05 ; 1.12] 1.33*** [1.26 ; 1.40] 1.50*** [1.42 ; 1.58] Les autres communes de l'espace rural 0.60*** [0.54 ; 0.66] 0.73*** [0.68 ; 0.79] 0.99 [0.95 ; 1.03] 1.17*** [1.12 ; 1.22] 1.40*** [1.30 ; 1.51] 1.79*** [1.67 ; 1.92] Les communes rurales 0.70*** [0.60 ; 0.81] 0.82*** [0.74 ; 0.91] 1.02 [0.97 ; 1.08] 1.19*** [1.14 ; 1.25] 1.28*** [1.14 ; 1.44] 1.69*** [1.56 ; 1.84] Indicateur de désavantage social 1er quintile (communes les moins défavorisées) 1 1 1 1 1 1 2e quintile 1.04* [1.00 ; 1.09] 1.04* [1.00 ; 1.07] 1.03** [1.01 ; 1.06] 1.05*** [1.03 ; 1.08] 1.20*** [1.14 ; 1.25] 1.19*** [1.14 ; 1.23] 3 e quintile 1.06** [1.02 ; 1.11] 1.06*** [1.03 ; 1.09] 1.09*** [1.06 ; 1.11] 1.10*** [1.07 ; 1.12] 1.26*** [1.20 ; 1.31] 1.32*** [1.27 ; 1.38] 4 e quintile 1.11*** [1.06 ; 1.16] 1.06** [1.02 ; 1.10] 1.13*** [1.10 ; 1.15] 1.13*** [1.11 ; 1.16] 1.35*** [1.28 ; 1.41] 1.59*** [1.52 ; 1.67] e 5 quintile (communes les plus défavorisées) 1.26*** [1.20 ; 1.32] 1.15*** [1.11 ; 1.19] 1.22*** [1.19 ; 1.25] 1.23*** [1.20 ; 1.26] 1.55*** [1.47 ; 1.63] 2.14*** [2.04 ; 2.24] Part des 65 ans (%) Faible (20 %) 1.13*** [1.08 ; 1.18] 0.97 [0.93 ; 1.00] 1.02 [1.00 ; 1.05] 1.03* [1.01 ; 1.06] 1.07** [1.02 ; 1.12] 1.06* [1.01 ; 1.10] La part des personnes vivant avec moins d’une pièce par personne (%) Moins de 15 % 1 1 1 1 1 1 Forte (>15 %) 1.16*** [1.11 ; 1.21] 1.07*** [1.03 ; 1.10] 1.03** [1.01 ; 1.06] 1.06*** [1.04 ; 1.08] 0.98 [0.94 ; 1.02] 0.97 [0.94 ; 1.01] La part de la population constituée d’ac- tifs occupés (%) < médiane (70 %) 1 1 1 1 1 1 Forte (> médiane) 1.04* [1.00 ; 1.07] 0.97* [0.95 ; 1.00] 1.01 [0.99 ; 1.02] 1.00 [0.98 ; 1.01] 1.01 [0.98 ; 1.05] 1.01 [0.98 ; 1.05] La part de la population constituée d’étu- diants (%) < médiane (10 %) 1 1 1 1 1 1 Forte (> médiane) 1.07*** [1.04 ; 1.11] 1.03* [1.01 ; 1.06] 1.03*** [1.02 ; 1.05] 1.04*** [1.02 ; 1.06] 1.05*** [1.02 ; 1.08] 1.15*** [1.12 ; 1.18] n : nombre de communes avec au moins 50 tests (RT-PCR) SARS-COV-2 sur la période (36, 39, 42, 45, 48 et 51) - *p
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