Le nouveau siège officiel: La maison de Raville

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La maison de Raville

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L’Institut tient particulièrement à remercier Monsieur Paul Margue
pour sa contribution bien précieuse à cette partie historique sur la
maison de Raville !

     A la fin de l’année 2010, l’Institut Luxembourgeois de Régulation acquit, en
     copropriété avec l’Etat, un ensemble immobilier comportant entre autre, un
     important patrimoine culturel national : la maison de Raville, bien prestigieux
     de la Renaissance hébergeant successivement familles et clercs nobles,
     industriels, hommes d’affaires / commerçants et banquiers au cours des siècles.
     Cet ensemble immobilier, dont les différentes parties divergeaient largement
     en termes de vétusté, est devenu, après rénovation partielle, le siège de l’Institut
     se situant à l’intersection de la Rue de la Reine et de la Rue du Fossé, face à la
     place Guillaume II et à deux pas du palais Grand-Ducal.

     L’ Institut plonge désormais dans un lieu chargé d’histoire qui mélange éléments
     anciens et modernes. La maison de Raville est certes bien plus qu’un espace
     pratique et professionnel. Témoignant de différentes époques et de nombreuses
     transformations architecturales, la maison de Raville est un lieu qui fait revivre
     le passé et qui met en perspective un avenir promettant au cœur historique de
     la ville de Luxembourg, une zone protégée.

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Un voyage dans le temps

         Au Luxembourg, l’époque de la Renaissance était fortement marquée par
         la rivalité entre la France et les Habsbourg d’Espagne auxquels appartenait
         le Duché de Luxembourg. Pour se mettre à l’abri des incessantes incursions
         militaires, de nombreux nobles et bien des monastères du plat pays cherchaient
         refuge derrière les murs de la capitale qui se dotait de fortifications pouvant
         braver les effets de l’artillerie alors en redoutable progrès.

         Comble de malheur, la ville elle-même fut ravagée par le feu lorsque, le 11 juin
         1554, la foudre frappa l’église des Cordeliers, en plein centre-ville (aujourd’hui
         place Guillaume II), faisant exploser les réserves de poudres stockées dans
         les combles. Dans les environs, l’Hôtel de Ville et tout le quartier attenant
         du Nouveau Marché furent les victimes du sinistre. Paradoxe de l’histoire
         cependant, s’il fallut vingt ans pour faire renaître la ville-haute de ses cendres,
         quelques belles demeures purent être édifiées à l’endroit même du quartier
         calciné. Parmi elles, le nouvel Hôtel de Ville, qui sert de nos jours de résidence
         grand-ducale, aux décors renaissance remarquables, et l’Hôtel de Raville, doté
         d’un balcon à consoles du même type. (La maison formant aujourd’hui le coin
         rue de la Reine – Marché aux Herbes ne date que de la fin du dix-huitième
         siècle.)

                                                                              Illustrations: André Haagen

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                                                               En gris les façades transformées par Liez.
                                                     En rouge les fondations des bâtiments limitrophes.
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Selon les données de 1975, réalisation des
plan et vue.

La maison Raville en 1802 selon la levé
Boitard.

Plan de la maison Raville au 16e siècle      73
selon l’architecte Haagen.
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Position de la maison de Raville, laquelle était
     accolée en 1575 au rempart et au mur du
     cimetière.
     Illustration : André Haagen
     Plan: Service topographique, Ville de Luxembourg

     Le Palais renaissance de Raville en 1575, vu par
     l’architecte Haagen.
     Illustration: André Haagen

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L’ emplacement même choisi pour l’Hôtel de Raville avait sans nul doute valeur de
     symbole. Jacques de Raville, le nouveau maître des lieux, était parmi la noblesse
     luxembourgeoise de l’époque une personnalité des plus emblématiques.
     Possédant outre Raville, une enclave luxembourgeoise située sur le Nied en
     Lorraine, les seigneuries d’Ansembourg, de Milberg et de Dagstuhl, il acquit
     celle de Koerich, gérait la prévôté d’Arlon avec une trentaine de villages et, à
     l’apogée de sa carrière fut membre-noble du Conseil Provincial (autant dire du
     gouvernement et de la haute-justice de l’époque) et, par-dessus le marché,
     cumulait les fonctions de Justicier et de Maréchal héréditaire de la noblesse du
     Duché. En 1558, le Gouverneur Mansfeld fit de lui son Vice-Gouverneur. Jacques
     de Raville agit donc, pour ainsi dire, en représentant qualifié de la noblesse du
     pays en s’établissant en ville face au nouvel Hôtel de Ville et tout près, aussi,
     de l’église paroissiale de Saint-Nicolas, face donc à ces deux autres pouvoirs
     majeurs de la société d’Ancien Régime qu’étaient la bourgeoisie des métiers et
     du commerce et, d’autre part, l’Eglise.

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                                                                 Illustration: Dr. J.C. Loutsch
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Les héritiers Raville ne surent maintenir le prestige de leur aïeul. La maison
passa aux Cisterciens d’Orval, ensuite à la famille, de noblesse plus récente,
des Cassal, et fut reprise finalement par quelques-uns des représentants les
plus actifs de la bourgeoisie. Son destin reflète ainsi l’évolution générale de la
société, à Luxembourg comme ailleurs. Dès la fin du dix-huitième siècle, et plus
nettement dans la suite, la bourgeoisie productrice, bénéficiant de libertés plus
grandes, remplace les nobles de jadis, désœuvrés par définition, et le clergé des
ordres, mis à mal par les dispositions de la Révolution française.

C’est ainsi que Nicolas Loutz, originaire de Thionville, acquit la maison de Raville
vers 1756 et en resta propriétaire durant un demi-siècle. Entrepreneur de grande
envergure, à l’égal des Pescatore, Boch et Metz, il agrandit l’immeuble du côté        77
de la rue de la Reine actuelle ; de deux mariages il eut une vingtaine d’enfants. Il
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Vestiges de la balustrade Raville à
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                                                              Photo: Jochen Herling

     s’affirma comme maître de forge et comme fabricant de papier, à Mühlenbach-
     Eich, où l’on put voir naguère encore des parties de l’ancien balcon à consoles
     de la maison de Raville.

     Sous le Directoire, par suite de lourdes impositions de guerre, il ne put éviter
     des revers de fortune considérables. A sa mort, l’ancien Hôtel de Raville fut
     divisé ; une partie importante en fut acquise par le ferblantier Cary dont les
     héritiers allaient faire fortune, plusieurs générations durant, dans la fabrication
     et le commerce du tabac à fumer et à priser. Les produits Cary concurrencèrent
     de la sorte les tabacs des Pescatore, Fischer, Wahl et Wittenauer, familles de
     premier plan au sein de la bourgeoisie luxembourgeoise tout au long du siècle.

     Parmi les descendants Cary il convient de mentionner l’ingénieur Eugène
     Ruppert, qui fit une carrière étonnante en Chine où il fit ériger et dirigea au début
78   du vingtième siècle le complexe métallurgique de Hanyang à l’embouchure du
     Han dans le Yangstekiang.
Annonce publicitaire de la société Cary. Original: Banque UCL.

La reconstruction de l’Hôtel de Ville après la catastrophe de 1554 avait fait
renaître également certaines activités commerciales liées à l’approvisionnement
courant de la population. A la balance établie devant l’Hôtel se faisaient
quotidiennement le contrôle et le pesage des denrées importées des alentours
et de pays plus lointains (en temps de paix pour le moins). De là, et depuis
les temps médiévaux, le quartier avait toujours gardé sa fonction marchande.
C’est ainsi que devant la maison de Raville jusqu’aux Cordeliers se déroulaient
jusque vers les années 1900, bi-hebdomadaires ou mêmes permanentes,
les opérations de marché courantes. Photos et dénominations anciennes en
témoignent tout en distinguant le marché aux herbes de ceux des bois ou des
fleurs. De nos jours, la place Guillaume toute proche en a recueilli l’héritage.

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A la maison de Raville, entre-temps, marché et commerce revêtirent des formes
     supérieures. Depuis 1975 les banques s’emparèrent du quartier symbolisant
     l’importance du secteur financier dans l’économie nationale. La maison de
     Raville passa dès lors aux mains de la Banque de l’Union des Coopérateurs
     Luxembourgeois (UCL) qui après rénovation complète de la demeure en fit son
     siège officiel en 1980.

     En 1998, la Dresdner Bank S.A. devint propriétaire de la maison de Raville.
     En 2008, la Commerzbank S.A. décida en accord avec Allianz SE et dans le
     cadre de la restructuration des banques de fusionner leurs ressources. Depuis
     janvier 2009, la Dresdner Bank appartient au groupe Commerzbank siégeant à
     Luxembourg-Kirchberg.

     Suite à la mise en vente de l’îlot immobilier comprenant la maison de Raville,
     l’Etat luxembourgeois prit l’initiative de l’acquérir en copropriété avec l’Institut
     qui était à la recherche de nouvelles localités. C’est finalement en 2010, que
     l’Etat, ensemble avec l’Institut, investit dans l’ensemble immobilier situé en
     face de la place Guillaume II, au sein du quartier institutionnel luxembourgeois.
     L’ Institut y tient son siège depuis le mois d’octobre 2012.

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Quartier de la maison Raville en 1903. Document: François Mersch, éditeur.

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     L'escalier en colimaçon de la maison de Raville datant de l'époque de la Renaissance.
Travaux de restauration de certaines structures au
Tramsschapp.

Photos chantier © Imedia

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De la rue des Etats-Unis à la rue du Fossé ...

        « Après des débuts plus que modestes dans un appartement situé rue
     des Etats-Unis dans le quartier de la gare, l’Institut Luxembourgeois
     des Télécommunications (rebaptisé Institut Luxembourgeois de
     Régulation en 2000) s’est rapproché du centre-ville et a posé ses
     pénates - dès 1998 - dans une “villa urbaine” reconditionnée ayant
     abrité jadis un cabinet médical. En 2002, nouvel exode vers le
     quartier du Limpertsberg. En 2012, retour en ville, mais cette fois
     comme propriétaire d’un prestigieux immeuble en plein milieu d’un
     îlot historique. »
                                                                 Paul Schuh
                                                                     Directeur

        « Les nouvelles localités au plein centre de la ville donneront plus
     de visibilité à l’ILR et le rendront plus accessible au public. Ceci est
     tout à fait dans la logique de ses compétences renforcées en matière
     de prise en charge des intérêts des consommateurs et de la promotion
     de la concurrence, également au niveau des marchés de détail. »
                                                            Camille Hierzig
                                                              Directeur adjoint

        « Travailler au centre de la ville, dans un immeuble historique,
     près des centres de décisions est un rare privilège et constitue une
     formidable qualité de vie au travail. »
                                                              Jacques Prost
                                                              Directeur adjoint
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