Le philosophe russophobe Pascal Bruckner bave sur Poutine

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Le philosophe russophobe Pascal Bruckner bave sur Poutine
Le   philosophe russophobe
Pascal Bruckner bave sur
Poutine

Dans une longue tribune du Figaro, Pascal
Bruckner exécute Poutine. Un monument
d’hypocrisie et de contre-vérités.
Depuis cinq mois que la guerre en Ukraine
oppose l’Occident à la Russie, rechercher une
analyse objective et impartiale chez nos
faiseurs d’opinion est tout simplement mission
impossible. Que ce soit chez nos politiques,
nos médias ou nos généraux de plateaux TV, tous
ces « experts » de l’art de la guerre et de la
géopolitique nous soûlent avec leur narratif
otanien, faisant des Russes un ramassis de
barbares agressifs et des Ukrainiens les
vaillants défenseurs de la démocratie et de la
liberté.
Mais chez les philosophes, c’est encore pire,
leur   inique    parti   pris   pouvant    même
s’apparenter à de la déloyauté dans ce débat.
On le voit chez BHL, on le voit chez Bruckner.
Cela n’a rien d’étonnant, puisqu’un philosophe
est par définition un littéraire, donc un sujet
imperméable aux maths, discipline pourtant
essentielle qui développe l’esprit d’analyse,
la logique et le bon sens chez tout individu.
Comment être objectif dans ces conditions ?
Aveuglement, iniquité, arbitraire, voire
déloyauté sont au menu, dès lors qu’on raisonne
davantage avec ses émotions qu’avec les faits.
Un déluge de belles citations, d’auteurs que je
n’ai pas lus à part Soljenitsyne, ne remplacera
jamais une démonstration argumentée et la
réalité des faits. Affirmer n’est pas
démontrer.
C’est ainsi que sur une pleine page du Figaro,
Pascal Bruckner exécute Poutine à coups de
grandes tirades philosophiques et de citations,
sans jamais avoir analysé la situation
politique depuis 1989, donc sans dire seul un
mot sur les causes du conflit. Poutine est un
salaud d’agresseur, point final. Nous sommes
censés le condamner sans connaître les faits,
tout simplement parce que l’accusation l’exige.
S’il y a néanmoins un point sur lequel je suis
d’accord avec Bruckner, et un seul, c’est le
titre de sa tribune :
« La frontière entre l’Occident et la Russie
n’est    pas   territoriale,     elle    est
civilisationnelle »
100 % d’accord, à part le fait que je ne vois
pas le Mal du même côté que notre philosophe.
Mettant le nazisme et le communisme sur un même
pied d’égalité, en tant que « pourvoyeurs de
meurtres de masse », Bruckner juge que ces deux
régimes, fanatiques de la race ou de la caste,
sont jumeaux. Une terrible vérité que
« l’écrasement du IIIe Reich par l’URSS et
surtout les Alliés a longtemps dissimulée ».
Tout d’abord, la Russie de Poutine n’est pas
l’URSS. Quand on veut analyser le conflit
ukrainien, faire l’impasse sur la chute du Mur
de Berlin et les trente années qui ont suivi
relève d’un manque d’objectivité affligeant.
Pour ce qui est des meurtres de masse, il me
semble que la traite Atlantique qui a fait 14
millions de victimes, l’extermination des
Indiens d’Amérique, les crimes contre les
Aborigènes d’Australie ou les Maoris de
Nouvelle-Zélande, sans oublier les deux bombes
atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, ne font
pas de l’Occident un modèle d’humanisme, loin
s’en faut !
Quant à l’écrasement du IIIe Reich, il serait
temps de reconnaître que tout le mérite en
revient à l’Armée Rouge et au peuple russe,
avec 26 millions de victimes contre 400 000
tués chez les Américains. Répétons-le : Hitler
a englouti 80 % de son armée dans les steppes
russes.
Ensuite, Bruckner dénonce la « farce de la
démocratie russe », avec l’autocrate Poutine
qui muselle la presse, étouffe la contestation
et élimine ses opposants.
Pour ma part, « la farce démocratique », je
l’ai surtout vue aux États-Unis en 2020, où une
terrible machination a permis de voler huit
millions de voix à Donald Trump, sans que la
justice daigne donner suite aux milliers de
plaintes pour fraude électorale. Pas de
plaintes, donc pas de fraude, voilà le discours
de nos démocraties.
Pour ce qui est de museler la presse et les
citoyens, les lois liberticides en France n’ont
rien à envier à Poutine. Quant aux opposants
éliminés, je laisse Bruckner à ses accusations,
mais rappelons que bien des hommes politiques
français ont été retrouvés morts, dans des
circonstances mystérieuses jamais élucidées.
Vient ensuite un couplet sur cette Russie post-
soviétique, dirigée par l’ivrogne Boris Eltsine
et livrée à l’anarchie, à la misère, avec des
élites corrompues réglant leurs conflits à
coups de kalachnikov.
Mais c’est bien pour cela que Poutine est aimé
de son peuple, quand un Macron est détesté.
Poutine a pris un pays en pleine débâcle. Il
l’a redressé moralement et économiquement, a
redonné sa fierté au peuple russe, tant méprisé
par les Occidentaux vainqueurs de la guerre
froide. Il a reconstruit son armée pour en
finir avec les provocations de l’Otan et
l’arrogance de Washington. Où est le mal
d’avoir sauvé son pays de l’anarchie et du
déclin ?
Et Bruckner nous parle de violence, de
prostitution, d’alcool, d’empoisonnement, de
gaz et de pétrole, principaux produits
d’exportation de la fédération de Russie.
Grotesque. N’est-ce pas l’Amérique qui exporte
la violence, avec ses guerres depuis 1945 ?
Corée,    Vietnam,   Irak,    Syrie,   Libye,
Afghanistan, Serbie, le plus souvent en usant
d’odieux mensonges d’État pour justifier ses
croisades ?
N’est-ce pas l’Occident qui veut exporter ses
délires détruisant la famille, en privant les
enfants du droit élémentaire d’avoir un père et
une mère, droit que lui confère la nature ?
Pour Bruckner, si l’histoire de l’Occident
s’assimile aux libertés acquises, celle de la
Russie est l’image de la servitude. Et de citer
l’écrivain Vassili Grossman : « Pendant mille
ans, le progrès et l’esclavage russes se sont
trouvés liés l’un à l’autre… »
Faut-il rappeler que la France n’a aboli
l’esclavage qu’en 1848 ? La Russie n’a donc pas
le monopole de la servitude, qui a été
pratiquée par toutes les civilisations et sur
tous les continents depuis la nuit des temps.
Puis Bruckner en vient à la guerre en Ukraine,
décidée par un Poutine « assoiffé de vengeance
contre l’Occident, pour écraser le pouvoir de
Zelensky et sa clique nazie ». Nous avons
surestimé la puissance de l’ex-Armée Rouge qui
subit des revers militaires et avons sous-
estimé la barbarie profonde où vit la Russie
éternelle, reine du mensonge officiel.
Là, Bruckner commence à délirer. S’il ne sait
pas que Zelensky est un leader mafieux et
corrompu cité par les Panama Papers, s’il ne
sait pas ce que sont les bataillons Azov et
autres unités qui se parent des emblèmes SS,
s’il ne connaît les atrocités commises par ces
soldats pendant huit ans dans le Donbass, une
barbarie largement dénoncée par l’ONU, Human
Right Watch, Amnesty International et la Croix-
Rouge, mais curieusement oubliée par nos
médias, il faut que Bruckner s’instruise.
Enfin, s’il pense que l’armée russe subit des
revers, je l’invite à regarder laquelle des
deux armées, russe ou ukrainienne, occupe 25 %
du territoire ennemi. Ânonner naïvement les
délires qu’on entend sur les écrans TV, n’est
pas le meilleur moyen de s’assurer un label de
crédibilité et de sérieux.
« La Russie de Poutine, par sa cruauté, ses
exactions, est en train de rivaliser avec les
régimes totalitaires, racisme et antisémitisme
inclus ». « Le Kremlin parle des « nazis »
ukrainiens comme les nazis parlaient des Juifs,
des Tziganes et des Slaves : comme de la
vermine à éliminer.
Bruckner oublie aussi que c’est le régime de
Kiev qui a fait 13 000 victimes dans le
Donbass, parce que la population y est
majoritairement russophile. Il oublie les
massacres perpétrés par les néo-nazis, comme à
Odessa, où 50 innocents ont été enfermés dans
un bâtiment et brûlés vifs parce qu’ils étaient
pro-russes.
Poutine n’a jamais, absolument jamais, parlé du
peuple ukrainien comme étant un ennemi. Et il
ne lui viendrait certainement pas à l’idée de
le traiter de vermine, alors que les couples
mixtes sont légion dans les deux pays. Bruckner
s’égare et ne se grandit pas. Poutine combat le
régime mafieux de Kiev, pas le peuple frère
ukrainien.
Ce n’est pas Poutine qui veut interdire la
langue ukrainienne, mais c’est Kiev qui a
interdit le russe dans le Donbass depuis 2014.
Le rêve de Bruckner, qui est bien conscient de
l’impossible victoire de l’Ukraine, est que
cette guerre finisse par provoquer la « chute
du tyran et une crise de régime », en espérant
que les républiques périphériques feront
sécession.
Je ne peux résumer en quelques lignes les
délires de Bruckner, dont la mauvaise foi le
dispute à l’hypocrisie la plus totale, au
mépris de la vérité historique et des faits
incontestables.
Avec ses envolées lyriques et moralisatrices,
faisant l’impasse sur tout ce qui contredit son
beau discours humaniste, Bruckner nous livre un
monument d’escroquerie intellectuelle.
Rien sur la chute du Mur et les perspectives de
paix anéanties par les Occidentaux ;
Rien sur les promesses faites à Gorbatchev de
ne jamais agrandir l’Otan à l’Est, s’il
acceptait la réunification de l’Allemagne ;
Rien sur la dissolution du Pacte de Varsovie en
1991, tandis que l’Otan s’élargissait, passant
de 16 pays en 1990 à 30 membres en 2022 et
bientôt 32 ;
Rien sur les Accords de Minsk que Kiev n’a
jamais respectés, alors qu’ils devaient
accorder   l’autonomie    aux républiques
séparatistes du Donbass ;
Rien sur les crimes de guerre de Kiev, non
seulement pendant les huit ans de guerre au
Donbass, mais aussi aujourd’hui en tirant
sciemment sur les zones civiles ;
Rien sur l’offensive que Kiev préparait contre
le Donbass pour le 7 mars 2022, massant
d’immenses troupes, que l’armée russe combat
aujourd’hui dans ses fortifications.
Non, Monsieur Bruckner, ce n’est pas la Russie
qui a tourné le dos à l’Occident, ce sont les
Américains et leurs serviles valets européens
qui ont poussé à bout l’ours russe, en refusant
toutes ses demandes légitimes de garanties pour
la sécurité de la Russie.
Les mêmes exigences de sécurité qu’avait
imposées John Kennedy en 1962, pour interdire à
Moscou d’installer ses fusées à Cuba.
Faire de la Russie chrétienne un peuple de
barbares, racistes et cruels, cracher sur une
grande civilisation qui a donné au monde les
plus grands savants et les plus grands
artistes, un peuple qui a ouvert la conquête de
l’Espace, ignorer les volontés de paix de
Gorbatchev qui rêvait de rejoindre l’Europe
occidentale, tout cela relève de la mauvaise
foi la plus fielleuse et reste une insulte à la
mémoire du général de Gaulle, qui rêvait d’une
vaste Europe de l’Atlantique à l’Oural.
La chute du Mur « fut le triomphe de l’idée du
général de Gaulle    »   dira   Hélène   Carrère
d’Encausse.
Et le général ajoutait, pour plus de précision
:
« … Et que peut-il advenir dans un certain
nombre d’années ? La formule permet de montrer
aux Russes que la création d’une union
européenne occidentale n’est pas dirigée contre
eux, n’est pas un acte de guerre froide ; elle
entretient un certain espoir chez les Allemands
de l’Est, les Tchèques, les Polonais, les
Hongrois. Elle ne constitue cependant qu’une
anticipation historique ».
Hélas, la russophobie savamment entretenue par
les nostalgiques de la guerre froide et par la
méconnaissance du monde russe chez nos élites,
à des années- lumière de la clairvoyance du
Général, ont sabordé cette grande Europe de la
paix et abouti à la diabolisation d’un grand
peuple, qui fera toujours partie intégrante du
continent. Ne l’oublions pas. La Russie n’est
pas le Zimbabwe et on ne le traite pas comme un
ramassis de va-nu-pieds.
Terminons par une citation du Général, qui
vouait une grande admiration au peuple russe.
 » Tandis que chancellent la force et le
prestige allemands, on voit monter au zénith
l’astre de la puissance russe. Le monde
constate que ce peuple de 175 millions d’hommes
est digne d’être grand parce qu’il sait
combattre, c’est-à- dire souffrir et frapper,
qu’il s’est élevé, armé, organisé lui-même et
que les pires épreuves n’ébranlent pas sa
cohésion. C’est avec enthousiasme que le peuple
français salue les succès et l’ascension du
peuple russe. »
Et c’est ce grand peuple que Bruckner ose
traîner dans la boue ! Il ferait mieux de se
taire.
Jacques Guillemain
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