Le Pool, une crise humanitaire négligée

 
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Le Pool, une crise humanitaire négligée
NATIONS UNIES                                     UNITED NATIONS

Bureau des Nations Unies                          Office for the Coordination
pour la Coordination des                          of Humanitarian Affairs
Affaires Humanitaires                             Brazzaville, Republic of Congo
Brazzaville, République du Congo

        Le Pool, une crise humanitaire négligée
                   Rapport d’évaluation humanitaire conjointe
                  dans la région du Pool, République du Congo
Le Pool, une crise humanitaire négligée
Couvertures et photographies :
© OCHA, Republique du Congo 2004

  OCHA ROC                             LE POOL, UNE CRISE HUMANITAIRE NEGLIGEE
                                   2
Le Pool, une crise humanitaire négligée
TABLE DES MATIERES
     OBJECTIFS GLOBAUX                                                            5
     METHODOLOGIE                                                                 5
     ROLE ET INTERVENTION D’OCHA                                                  5
     LOCALITES VISITES DANS LE CADRE DU TRAVAIL D’EVALUATION                      6

     CONTEXTE GENERAL                                                             7
     CONTEXTE REGIONAL                                                            7

     SITUATION HUMANITAIRE DU POOL PAR SECTEUR                                    9
            POPULATIONS                                                           9
                  Kinkala                                                         9
                  Mindouli                                                        10
                  Kindamba et Mayama                                              10
            ACCÈS                                                                 10
                  Kinkala                                                         11
                  Mindouli                                                        11
                  Kindamba et Mayama                                              12
             SÉCURITÉ                                                             12
                   Kinkala                                                        12
                   Mindouli                                                       13
                   Kindamba et Mayama                                             13
             SANTE ET NUTRITION                                                   13
                    Kinkala                                                       15
                    Mindouli                                                      15
                    Kindamba et Mayama                                            15
             EDUCATION, ENFANCE ET PROTECTION                                     16
                    Kinkala                                                       17
                    Mindouli                                                      17
                    Kindamba et Mayama                                            18
             VIVRES ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE                                       19
                    Kinkala                                                       19
                    Mindouli                                                      20
                    Kindamba et Mayama                                            20
             ABRIS ET NON-VIVRES                                                  21
                    Kinkala                                                       22
                    Mindouli                                                      22
                    Kindamba et Mayama                                            22
             EAU ET ASSAINISSEMENT                                                22
                    Kinkala                                                       23
                    Mindouli                                                      23
                    Kindamba et Mayama                                            23
             CONCLUSIONS ET CONSÉQUENCES HUMANITAIRES                             23

     RECOMMANDATIONS                                                              25

     ANNEXES                                                                      28
           ANNEXE I – TABLEAUX                                                    29
           ANNEXE II – CARTES                                                     35
           ANNEXES III – SOMMAIRE DES RENCONTRES ET VISITES EFFECTUEES            39

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Le Pool, une crise humanitaire négligée
OCHA ROC       LE POOL, UNE CRISE HUMANITAIRE NEGLIGEE
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Le Pool, une crise humanitaire négligée
Objectifs globaux

Au cours de l’année 2004, des missions conjointes ont été conduites par le Bureau des
Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) et ses
partenaires humanitaires. Les objectifs de ces missions étaient de permettre une
évaluation de la situation humanitaire de la région du Pool, une région au sud de la
capitale de la République du Congo (Voir Annexe I, carte 1.1), en vue d’apporter une
réponse coordonnée et efficace aux besoins humanitaires de la population.

Pour faire ce travail, les évaluations ont pris en ligne de compte les aspects liés à
l’accès, la sécurité et la protection, la santé, la nutrition, l’éducation, l’agriculture et la
sécurité alimentaire, les abris et l’assainissement, ainsi que la réhabilitation
psychosociale. L’évolution démographique des zones affectées par le conflit a
également été étudiée. L’état des infrastructures existantes a été constaté, et les
consultations avec les partenaires humanitaires actifs dans le Département (Voir
Annexe I, carte 1.2) ont permis d’obtenir une vision assez juste de la situation sur place.

Les données fournies par l’ensemble des missions conjointes d’évaluation permettent la
présentation d’un ensemble de recommandations touchant les divers secteurs étudiés.
Ces recommandations permettent également l’exploration de possibilités d’initiation de
programmes ou projets dans le Pool par les agences onusiennes. Elles offrent
également une orientation supplémentaire aux divers partenaires humanitaires non
gouvernementaux dans la planification et la poursuite de leurs activités sur le terrain.

En bref, ce rapport se veut à la fois une synthèse de la situation vécue par les habitants
du Pool, et un plaidoyer pour les actions humanitaires qui doivent être menées dans la
région, dans l’objectif d’appuyer les populations dans leurs efforts de retour à une vie
normale.

Méthodologie de travail
La méthodologie de travail choisie est la suivante : des visites sur le terrain permettant
la collecte de données, basées sur différentes méthodologies soit par des rencontres
avec les partenaires actifs dans les zones, des rencontres avec les services dans les
sous-préfectures, des statistiques tirées au niveau des différents services régionaux et
de districts, ainsi que des interviews avec des bénéficiaires, constitués de ménages
choisi de façon aléatoire. Cinq districts du Pool ont été sélectionnés sur les neuf, de
façon à obtenir un échantillon de référence valable.

Il est important de noter que l’ensemble du travail effectué au cours des missions
d’évaluation ne correspond pas à un travail à caractère scientifique mais se veut plutôt
comme un outil de décision rapide, sous la forme d’enquêtes simples et de compilations
de données. En conséquence, ce travail comporte certains risques et limites dont
l’équipe est consciente.

Rôle et intervention d’OCHA
C’est dans une situation de crise humanitaire aiguë que OCHA a affecté en mars 2004
un Conseiller Humanitaire en République du Congo en vue de renforcer la coordination
humanitaire. Dès lors, l’Unité de Coordination Humanitaire, avec le soutien du
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Le Pool, une crise humanitaire négligée
Conseiller Humanitaire, s’est impliquée dans la coordination et l’organisation des
missions conjointes et l’élaboration des stratégies communes d’évaluation et
d’intervention. OCHA, dans sa stratégie, privilégie également l’échange d’informations
entre différents acteurs, le plaidoyer tant au niveau national avec le gouvernement,
qu’au niveau international avec les bailleurs de fonds, le renforcement des capacités du
gouvernement et l’élaboration d’un plan de contingence.

OCHA s’est également engagé à développer une cartographie de la situation
humanitaire du Pool et à initier une série de missions conjointes d’évaluation dans le
département du Pool en 2004 avec le PAM, l’UNICEF et la FAO. La première mission a
été lancée du 27 au 29 avril 2004 dans le district de Kinkala (Chef Lieu du
département), une deuxième mission conjointe à été organisée du 19 au 23 juillet 2004,
dans le district de Mindouli, dans la partie ouest du Pool. Dernièrement, du 25 au 27
août 2004, une mission conjointe d’évaluation a été lancée dans le nord-ouest du Pool,
dans les districts de Mayama et Kindamba. (Voir Annexe I, carte 1.3 et Annexe III)

Localités visitées dans le cadre du travail d’évaluation
Les zones visées présentent les caractéristiques les plus marquées du Département,
les localités de Mindouli, Kindamba et Kinkala étant des centres régionaux ou des
villages ruraux d’importances avant les conflits, administrativement appelés
Communes. Ce travail d’évaluation a permis de constater l’ampleur des dégâts causés
par les conflits sur cinq districts : Kinkala, Goma Tsé-Tsé, Mindouli, Kindamba et
Mayama.

Le district de Mindouli présente la spécificité d’avoir accueilli, essentiellement à
Mindouli-Commune et à Missafou, la plupart des déplacés du terroir et des districts
voisins. Mais c’est aussi le district le plus touché, principalement les localités longeant
le Chemin de Fer (Loulombo, Kinkembo, Massembo-Loubaki, Kingoyi…).

La spécificité de la zone Mayama-Kindamba tient à sa situation géographique, qui est
proche du bastion des ex-rebelles de Loukouo. Il faut noter que la partie nord-ouest du
Pool a reçu l’aide humanitaire plus tardivement que le Sud et l’Est de la région.

Finalement, en tant que Chef-Lieu du Département, Kinkala rassemble tous les
responsables régionaux des services gouvernementaux, que nous avons voulu
consulter dans le cadre de notre travail d’évaluation.

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Le Pool, une crise humanitaire négligée
Contexte général

Il y a quelques décennies, la République du Congo était comptée au nombre des pays
à revenu intermédiaire. Ce classement à connu un changement négatif ces dernières
années. La dernière décennie en République du Congo a été marquée par la violence,
et le pays a enregistré une baisse considérable de son revenu par habitant. En quinze
ans (de 1984 à 2000), le PIB par habitat du Congo a baissé d’environ vingt pourcent.
Cette baisse est accompagnée d’une détérioration des secteurs sociaux de base. À
l’heure actuelle, plus de 70% de la population vit au-dessus du seuil de la pauvreté, et
les indicateurs sociaux (taux de mortalité, espérance de vie, etc.) se sont déterriorés de
façon dramatique. (Voir Annexe II, Tableau 2.1) En effet, les guerres civiles de 1997 et
1998 ont résulté en un déplacement massif des populations, estimé à plus de 800 000
personnes.

Un premier cessez le feu conclu en décembre 1999 a contribué au rétablissement d’un
certain ordre. Au même moment, une nouvelle constitution se dessine en parrallèle à
l’organisation des élections de mars 2002. De nouveaux afrontements viennent
toutefois briser les espoirs de paix, lorsque les forces gouvernementales tentent de
maintenir leur assise face à des forces rebelles. Ce n’est qu’à la signature, le 17 mars
2003, d’un accord réaffirmant les accords de cessez-le-feu et de cessation des
hostilités que la situation semble se résorber. Depuis, l’ensemble du pays se mobilise
pour reconstruire ce que les conflits ont détruits.

Signe d’espoir, mais aussi du retour d’une certaine stabilité, décembre 2004 marque
l’appui des institutions internationales (FMI, Banque Mondiale, Banque Africaine de
Développement, Club de Paris) dans la gestion de la dette extérieure du pays. Le pays
possède également des ressources naturelles importantes, tel le pétrole, le diamant et
le bois, qui pourraient jouer un levier au niveau de l’économie du pays. Toutefois,
même si aujourd’hui le Congo semble se remettre des conflits passés, le Département
du Pool fait toujours face à une situation humanitaire déplorable.

En effet, les effets du conflit ont persisté dans le Département du Pool, qui entoure
Brazzaville, la capitale. Théatre de dernières crises en 2002 et en 2003, la région subit
encore aujourd’hui les conséquences de ces boulversements. Les derniers combats
dans le département du Pool (mars-avril 2002, octobre 2002 et mars 2003) (Voir
Annexe I, Carte 1.4) ont été aussi dévastateurs que le conflit de 1997–1998. Ce n’est
qu’en mai 2003 qu’un couloir humanitaire a pu être ouvert dans la région, pour
permettre le travail d’évaluation et d’assistance humanitaire aux populations.

Dans cette région, les milices Ninja bien armées, sous la direction du Pasteur Ntoumi,
ont continué les hostilités. Certaines zones subissent encore les exactions commises
par des jeunes hommes en armes, incontrôlés mais opérant sous le couvert des Ninja.
La paix et la sécurité du département, malgré les efforts fournis, aussi bien au niveau
national que local, restent précaires.

Contexte régional
La région reste aujourd’hui marquée par ces évènements, qui ont provoqué des milliers
de morts et le déplacement massif des populations aussi bien à l’extérieur qu’à
l’intérieur du pays, la destruction des infrastructures publiques et privées, une
disparition des services de base (santé, éducation, accès à l’eau potable), la
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recrudescence des maladies infectieuses, la multiplication des épidémies de fièvre
hémorragique telles que Ebola, la violence chronique envers les populations civiles
prévaut toujours.

Certains développements politiques ont donné un espoir de retour à la paix, et ont
motivé le retour des déplacés dans leurs localités d’origine. C’est le cas le 17 mars
2003, lors de la signature d’un accord réaffirmant les Accords de Cessez le feu et de
cessation des hostilités. Malheureusement le processus politique continue de
rencontrer des difficultés dans son aboutissement, et la situation du département du
Pool reste précaire et préoccupante.

Aujourd’hui, la région du Pool présente des indicateurs de développement bien en
dessous de ceux présentés dans le reste du pays, et dans les pays d’Afrique centrale.
Les destructions sont considérables : écoles, services et infrastructures sanitaires,
routes, fourniture d’eau et d’électricité sont inexistants dans plusieurs localités et
communautés du fait des conflits et des actes de pillages. Leur impact négatif sur les
activités humanitaires dans la région est énorme, et influe sur le mouvement de retour
des populations réfugiées.

En effet, durant le plus fort des conflits, la population a trouvé refuge dans les forêts,
dans la capitale et dans les départements voisins. On a noté le déplacement de plus de
la moitié de la population du département du Pool à l’intérieur du pays et vers d’autres
régions : Brazzaville, Bouenza, Lékoumou, Niari, Plateaux et Kouilou (Voir Annexe I,
Carte 1.5).

Le mauvais état des routes du Pool, combinée à une insécurité toujours prévalente, ont
restreint l’accès aux acteurs humanitaires pendant les conflits, et ce, encore
aujourd’hui. En conséquence, les besoins humanitaires demeurent une préoccupation,
le contexte sécuritaire continue de se détériorer, spécialement entre juillet et août 2004,
et dernièrement au cours du mois de décembre 2004.

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Situation Humanitaire du Pool par Secteur

Populations

                                                     Les pratiques très répandues du pillage,
                                                     du meurtre et des menaces armées ont
                                                     contraint plus de la moitié de la
                                                     population du Département du Pool à se
                                                     déplacer. Des communautés entières
                                                     ont été déracinées, les villages vidés de
                                                     leurs habitants. Aujourd’hui, la plupart
                                                     des villes et villages n’ont retrouvé que
                                                     la moitié ou les deux tiers de leurs
                                                     populations originelles : le Pool et sa
                                                     population                    dépérissent
                                                     progressivement. (Voir Annexe II,
                                                     Tableau 2.2).

 Les communautés ont été rencontrées dans le
 cadre du travail d’évaluation des missions. Ici à
                                                     Kinkala
 Kindamba.
                                                Avant le conflit, le district de Kinkala
comptait environ 29 629 habitants pour les 52 villages dont 14 423 pour Kinkala-
Commune, selon le recensement de 1996. Actuellement, plus de la moitié de cette
population demeure en attente d’éventuels appuis pour redémarrer leurs activités
traditionnelles : maraîchage, agriculture de subsistance, élevage.

Mindouli

Avant 2002, et sur la base des données du recensement de 1996, la population totale
du district de Mindouli avoisinait les 46 276 habitants pour 31 villages et Mindouli-
Commune comptait plus de 17 967 habitants. Durement touché par le conflit, le district
de Mindouli a été partiellement détruit. Les populations, en majorité encore déplacées,
ont fui vers les autres régions ou encore dans les forêts. Certaines localités,
principalement celles situées le long de l’axe du CFCO, ont été détruites dans leur
quasi-totalité. Selon les autorités locales, plus de la moitié des populations est
retournée. D’autres ont fui vers les localités comme Mindouli-Commune et Missafou, qui
ont servi de lieux d’accueil ou de zones de repli pour les populations déplacées, comme
d’autres villages limitrophes de la Bouenza et de la RDC.

Actuellement, on compte approximativement 38 000 habitants, en excluant la zone de
Simou Loukouni, restée inaccessible depuis fort longtemps. Mindouli-Commune compte
actuellement 11 153 habitants pour 4004 ménages. Ainsi, plus de la moitié de la
population de la ville de Mindouli est déplacée et la ville est à moitié vide à cause du
conflit. Cependant, à vue d’œil, l’image des maisons détruites et abandonnées à
Mindouli-Commune ne donne pas l’aspect d’une ville qui a recouvert plus de 40% de sa
population originelle.

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Le Pool, une crise humanitaire négligée
Kindamba et Mayama

Les populations des districts de Kindamba et Mayama ont été durement affectées par
les évènements. Le nombre d’habitant des deux districts s’est vu considérablement
diminué en raison des conflits intermittents qui ont affecté ces zones depuis 1998.

La population de tout le district de Kindamba est passée de 18 053 habitants avant les
guerres à 11 000 habitants après les hostilités, soit une diminution de plus de la moitié.
La population ayant fui leurs localités, certains villages dans la circonscription de
Kindamba sont demeurés vides et ont été rayés du district. Ainsi, sur l’axe routier
Mayama-Kindamba, 4 villages n’existent plus. Une partie de la population des zones de
Mayama et Kindamba s’est retirée vers le Nord à Mati, Ignié et à Brazzaville et l’autre
partie reste dans les forêts. Toutefois, la ville de Kindamba a reçu des déplacés,
estimés à environ 100 personnes, en provenance des zones où les combats étaient les
plus acharnés.

Selon les informations fournies par la préfecture, il manque toujours à la localité de
Mayama la majeure partie de ses habitants. Auparavant estimée à environ 2800
personnes, on compte aujourd’hui 700 personnes pour la ville de Mayama. Le district a
également perdu plus de la moitié de sa population, qui est passée de 7995 à 4100
personnes. Sur ces déplacés, environ 132 personnes se sont installées au Nord du
pays, dans la localité d’Ignié.

Accès
                                                      Le manque d’accès et l’insécurité sont
                                                      deux facteurs liés et dont les effets
                                                      contribuent à l’aggravation de la
                                                      situation humanitaire, en rendant
                                                      inaccessible les zones où les urgences
                                                      sont les plus grandes. Au niveau de
                                                      l’accès, le manque de planification de
                                                      l’entretien des infrastructures rend
                                                      extrêmement       difficile l’accès   à
                                                      l’ensemble du territoire du Pool. La
                                                      Route Nationale N°1 est dans un état lui
                                                      permettant difficilement de mériter son
                                                      titre de « nationale », la vitesse
                                                      moyenne d’un trajet, à bord d’un
                                                      véhicule à 4 roues motrices, est en
   Conditions typiques d’une route du Pool : bourbier
   sur la route de Mindouli
                                                      moyenne moins de 10 km/h. Le chemin
                                                      de fer reste une alternative plus ou
moins fiable, principalement pour le transport commercial. En effet, mis à part les
irrégularités et les retards fréquents, le trafic ferroviaire est régulièrement perturbé par
les attaques et les pillages de marchandises, qui menacent également les passagers du
CFCO. De plus, en saison des pluies, le trafic peut être perturbé par des éboulements,
des inondations ou autre désastre naturel, comme en décembre 2004, où l’interruption
a paralysé la livraison de marchandises pour plusieurs semaines. La troisième
alternative, au niveau de l’accès à la zone, demeure le transport aérien. Cette solution
est toutefois peu pratique, étant donné son coût élevé et le peu de zones accessible par
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avion. En effet, il n’existe qu’une seule piste d’atterrissage pour tout le Département,
soit Kindamba. Alternativement, les localités de Mouyondzi et de Nkayi, toutes deux
hors du Département, demeurent également des alternatives. Toutefois, pour atteindre
Mindouli, un trajet de plus de 80 km sur une route secondaire est requis à partir de
Mouyondzi, ou un trajet de plus de140 km sur la route nationale, à partir de Nkayi.

L’interruption et l’augmentation du coût de transport impliquent que la pauvreté continue
d’affecter les régions du Pool, autrefois à vocation agricole. Aujourd’hui, les populations
ne peuvent prétende qu’à une agriculture de subsistance.

                                        Kinkala

                                        La Route Nationale N°1, route principale du Pool
                                        qui est presque inaccessible, la mission a emprunté
                                        une route secondaire Brazzaville – Mbanza-
                                        Ndounga – Kinkala à l’aller et au retour. La mission
                                        a parcouru en moyenne 6 heures de route pour
                                        environ 110 Km (Voir Annexe I, Carte 1.3).

                                        Kinkala est accessible par voies ferroviaires (via
                                        Madzia et Matoumbou) et par voie carrossable.
                                        Cependant, l’état actuel des routes ne favorise pas
                                        la libre circulation des biens et des personnes dans
                                        certains villages. En outre, certaines infrastructures
                                        détruites (ponts et traverses à gué) nécessitent des
                                        grandes et coûteuses réparations.

 Tronçon impraticable de la Route       Mindouli
 Nationale 1, à la sortie de Kinkala,
 en direction de Brazzaville.      Mindouli est accessible par les voies ferrée et
                                   carrossable, toutefois les déplacements se font
avec beaucoup de difficultés et d’insécurité pour les populations. Pour les acteurs
humanitaires et l’équipe de la mission conjointe, la Route Nationale N°1 constitue le
principal moyen d’accéder à Mindouli. Pour les populations, la seule autre alternative
d’accès au district reste le train. Certaines zones du district demeurent toutefois
inaccessibles, et en conséquence non assistées, notamment Moulandou et Kimanika à
plus de 50 Km de Mindouli. Les paysans de ces localités doivent courir de grands
risques pour venir se ravitailler au centre de Mindouli. Il s’en suit ainsi un
amoindrissement de l’économie de ces ménages.

Les conditions de la Route Nationale N°1 sont extrêmement mauvaises sur tout son
parcours. La mission a voyagé 8 heures et demi par un véhicule 4x4 pour couvrir une
distance de 73 Km (Kinkala-Brazzaville) et 4 heures et demi pour la dernière portion de
70 Km (Kinkala-Mindouli). Le trajet Mbanza Ndounga-Voka- Kinkala, quoi que bien plus
long, donne aussi accès dans le département du Pool. Il a été emprunté par certains
membres de la délégation.

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Mayama et Kindamba

Les districts de Mayama et Kindamba sont difficilement accessibles par route. De
Brazzaville à Kindamba, on compte environ 148 km, une distance parcourue en environ
                                            9 heures par un véhicule à 4 roues
                                            motrices. La quasi-absence de routes
                                            est l’un des obstacles majeurs à l’action
                                            des acteurs humanitaires dans cette
                                            zone.     Le district de Kindamba est
                                            également accessible par avion grâce à
                                            la piste d’atterrissage de Kindamba. Le
                                            CICR       et      MSF-Hollande,        qui
                                            interviennent dans la zone, ont affrété
                                            chacun un avion durant les dernières
                                            semaines du mois d’août 2004 pour
                                            assurer un pont arien entre Brazzaville
                                            et Kindamba, palliant ainsi les difficultés
                                            d’accès liées à l’insécurité.

 Conditions typiques d’une route du Pool : Passage
 difficile sur la route de Kinkala par Mbandza-       Sécurité
 Ndouga, où le pont est détruit.
                                              Au niveau de la sécurité, plusieurs
facteurs contribuent à la dégradation générale de la situation régionale. Principalement,
on note la paralysie du processus de réconciliation, depuis plusieurs mois. De plus, la
prolifération des armes légères et lourde au sein de la population, ainsi que la
circulation des armes parmi les jeunes, représentent un facteur potentiel de conflit.
Finalement, l’instabilité persistante dans le Département, due aux hostilités
intermittentes opposant l’armée aux éléments armés, contribue à l’atmosphère volatile
qui persiste.

De nombreux barrages routiers d’hommes armés font obstacle à l’accès et la
circulation. De ces postes de contrôle, plusieurs incidents de sécurités ont été
récemment rapportés, et dont les acteurs humanitaires ont notamment été victimes au
cours des mois de juillet, août et décembre 2004. Le transport ferroviaire souffre
également des effets de l’insécurité, les marchandises étant régulièrement sujettes à
des pillages systématiques et les passagers à des opérations de rançonnage. De plus,
la combinaison des facteurs sécurité et accessibilité influent grandement sur l’accès aux
populations démunies par les humanitaires, le mouvement de retour des déplacés et
des réfugiés vers leur communauté d’origine, ainsi que sur leur capacité reprendre leurs
activités économiques. Ces facteurs laissent des populations entières isolés et dans un
état de vulnérabilité extrême, amplifié par tous les manques socio-sanitaires laissés par
les conflits. La protection de la population civile demeure un défi à relever.

Kinkala
Sur les routes menant à Kinkala, la présence des ex-combattants et leurs supplétifs
désœuvrés est très visible. Leur habitude est d’ériger des check-points pour rançonner
les véhicules des commerçants.

Alors que le processus de lancement d’un nouveau DDR (Désarmement-
démobilisation-réinsertion) avance lentement, la présence des hommes et femmes en
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armes incontrôlés dans les mêmes zones que la force publique peut poser des sérieux
problèmes de cohabitation avec un potentiel pour des incidents cycliques.

Mindouli

On note plusieurs bouchons des jeunes en armes incontrôlés et parfois soûls le long de
la route. Entre Brazzaville et Mindouli, sur la Route Nationale, la mission a rencontré
une douzaine de barrages érigés par les Ninjas. De plus, diverses altercations entre les
forces armées et des jeunes en armes en plein centre de Mindouli, en décembre 2004,
contribuent à créer un climat de peur au sein de la population.

Mayama et Kindamba

Sur le plan sécuritaire, il faut noter que la chaîne de commandement des ex-rebelles
semble relativement plus solide dans la zone Kindamba-Mayama qu’elle ne l’est dans
les districts de Kinkala et de Mindouli.

Les barrages des ex-rebelles et des militaires sont en effet moins nombreux sur le
tronçon Brazzaville-Kindamba. De plus, les milices Ninjas semblent plus organisées
dans cette zone que partout ailleurs. Un code de bonne conduite a été adopté par les
anciens belligérants selon lequel le port d’arme dans la ville de Kindamba est interdit
aussi bien pour les militaires que pour les Ninjas. Toute infraction commise par un ex-
combattant ou un militaire est examinée et sanctionnée par sa propre hiérarchie. Ces
facteurs ont largement contribué à diminuer le nombre d’incidents dans la zone malgré
la forte présence d’éléments des ex-rebelles et des militaires des Forces Armées
Congolaises.

Santé/Nutrition

Les destruction et le pillage des postes et centres de santé dans le Département du
Pool sont à l’origine du manque d’accès aux services de soins de santé de base, ainsi
                                              qu’à un état sanitaire lamentable des
                                              100 000 personnes restées dans la
                                              région.

                                                       Environ la moitié des postes de santé a
                                                       été détruite ou son équipement,
                                                       médicaments, toiture ont été pillés. Des
                                                       43 structures sanitaires existantes avant
                                                       la guerre, seules 20 fonctionnent (Voir
                                                       Annexe II, Tableau 2.3). Les structures
                                                       qui sont opérationnelles le sont grâce à
                                                       l’assistance        des      organisations
                                                       humanitaires. Une grande partie de ces
                                                       structures nécessite une réhabilitation et
 Les populations ont difficilement accès aux soins,    un rééquipement. Dans certaines
 et en conséquence, des problèmes bénins restent       localités, les locaux des centres de santé
 sans traitement avec de conséquences graves.
                                                       sont encore en ruines, alors que dans

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certains autres centres, notamment à Mindouli et Kindamba, les partenaires ont
entrepris des travaux de réhabilitation pour plus de 50% des structures.

Les structures opérationnelles ne parviennent toutefois pas à assurer des services de
qualité. Les centres médicaux manquent d’équipements, de médicaments, de
laboratoires, de banque de sang, de surveillance épidémiologique opérationnelle et de
systèmes d’information socio-sanitaire pour assurer l’alerte en période d’épidémie.

De plus, la situation d’insécurité dans certaines zones a conduit à la suspension des
cliniques mobiles, qui sont importante pour les populations les plus éloignées et les plus
vulnérables.

Un autre problème majeur dans le Département demeure le manque de personnel
médical. En effet, le personnel médical étatique n’est toujours pas disposé à pratiquer
dans une zone affectée par un conflit. Les quelques hôpitaux qui fonctionnent dans le
Pool le sont grâce à l’assistance des acteurs humanitaires (MSF F, MSF H, CICR,
Alisei, CAM), tant au niveau de la rémunération et de la formation des agents de santé
qu’au niveau de l’approvisionnement en médicaments et équipement de base, du suivi
des opérations et de la réhabilitation des structures.

Toutefois, malgré les efforts fournis par les partenaires humanitaires qui opèrent en
apportant leur appui aux structures sanitaires de ces localités, la situation sanitaire dans
les districts visités demeure critique. Leurs activités sont principalement financées par
ECHO. En conséquence, le départ des principaux acteurs humanitaires, tels MSF-
France, qui prévoient de se retirer du district de Mindouli au printemps 2005, privera la
population de services sanitaires de base.

Les conséquences de ces conditions sanitaires prévalentes sont importantes. Des
maladies facilement traitées et prévenues, telles le paludisme, les maladies
respiratoires, les maladies diarrhéiques et les dermatoses ont une large incidence dans
le Département. Plus du tiers du taux de morbidité est lié au paludisme. Le mauvais état
nutritionnel de la population, le peu d’hygiène sanitaire, auquel s’ajoute un
affaiblissement des mécanismes de survie, ainsi que le manque de structures
communautaires, ont contribué à l’augmentation du taux de mortalité lié aux maladies.

De plus, le manque ou l’insuffisance de couverture vaccinale dans le Pool est à l’origine
de l’élévation du taux de mortalité infantile. Estimée à un niveau inférieur du tiers de
celui de tout le pays (soit 41% contre 61,5%), la couverture vaccinale moyenne de la
région est jugée au dessous de celle des pays « à faible développement humain 1», soit
les pays les plus pauvres d’Afrique subsaharienne et des pays en crise tel la Sierra
Leone.

Finalement, les structures de santé reproductive étant considérablement détériorées
elles aussi, on a constaté une augmentation du taux de mortalité maternelle. De même,
des milliers de femmes victimes des violences sexuelles et des traumatismes
psychologiques n’ont pas accès à une assistance adéquate notamment des soins

1
  Selon le Rapport mondial sur le développement humain 2004, PNUD, le Congo-Brazzaville est au 144e rang des
pays selon le classement IDH (Indicateur de Développement Humain), sur 177. Toutefois, au niveau du taux de
vaccination des enfants, le Congo, avec 37% d’enfants vaccinés pour la rougeole, se situe bien en deçà de pays
classé aux derniers rangs tels le Burkina-Faso (175e rang) et la Sierra Leone, (177e rang) qui présentent
respectivement 46% et 60% d’enfants vaccinés contre la même maladie.
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psychologiques. La prévalence du VIH/SIDA dans la population générale est estimée à
5% dans le pays, mais les violences sexuelles observées dans la région cachent
certainement des tendances évolutives de la maladie au niveau du Département.

Kinkala

Dans le district de Kinkala, à peine la moitié des centres de santé est opérationnelle. La
mission a visité l’Hôpital de base de Kinkala et y a noté une faible couverture en
personnel médical national qualifié: un seul médecin qualifié est assisté d’une sage
femme et de volontaires/secouristes. Généralement, ces volontaires sont pris en charge
par la communauté. Signalons également que l’Hôpital de Kinkala est opérationnel
grâce à l’appui technique de MSF Hollande, du CICR et des volontaires de la CRC.

L’apport de ces partenaires, qui s’étend sur tout le district de Kinkala, a atténué la
souffrance des populations réduisant ainsi les risques de malnutrition à travers une
surveillance nutritionnelle renforcée.

Il est évident que, avec le déficit en personnel et le nombre décroissant des formations
sanitaires dans le district, les populations ont des difficultés d’accès aux soins de base.
Cette situation est inquiétante car dans ce district, on relève une forte prévalence des
maladies vectorielles et endémiques.

Mindouli
Sur les 16 structures sanitaires que compte le district, 7 actuellement sont
opérationnelles grâce à l’appui des acteurs humanitaires : MSFF, CICR, Atlas
Logistique, ACTED. Le CICR poursuit son soutien et son appui au suivi médical dans
les Centres de service intégré (CSI) de la région, soit dans les localités de Matoumbou,
Madzia, Kibouendé, Massembo Loubaki et Missafou. De son côté, MSF–France soutien
l’hôpital de la localité.

Certains centres de santé fonctionnent toutefois en services limités. L’absence de
personnel médical dans le district est accablante : aucun agent de santé de l’Etat n’est
actif dans les centres de santé. (Voir Annexe II, Tableau 2.7).

Les pathologies les plus courantes demeurent le paludisme, les diarrhées et les
maladies gastro-intestinales, les infections respiratoires aiguës et les infections
cutanées. Sur 204 consultations par mois à l’hôpital de Mindouli, il y a plus de 38% cas
de paludisme confirmés (mois de référence : juin 2004).

Kindamba et Mayama

La situation sanitaire dans les districts de Kindamba et Mayama est critique. Ceci tient à
plusieurs facteurs, notamment l’absence de personnel médical dans les centres de
santé, l’état des locaux des centres de santé, toujours en ruines, et le manque des
médicaments.

   OCHA ROC                                        LE POOL, UNE CRISE HUMANITAIRE NEGLIGEE
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L’hôpital de référence de Kindamba est
                                                       une       illustration  pertinente       et
                                                       caractéristique des défis sanitaires à
                                                       l’Ouest de la région du Pool. L’hôpital a
                                                       une capacité de 46 lits dont 30
                                                       seulement sont équipés de matelas. Le
                                                       surveillant général de l’hôpital est un
                                                       aide-soignant qui a fait valoir son droit
                                                       à la retraite depuis janvier 2004 mais
                                                       retenu par l’autorité administrative
                                                       locale pour éviter la fermeture de
                                                       l’hôpital. Le personnel de l’hôpital est
                                                       composé de 6 agents dont 5 comme
                                                       aides-soignants. Le sixième agent, une
                                                     sage-femme est le seul agent qualifié de
  L’Hôpital de Kindamba fonctionne grâce à l’appui
  de Médecin Sans Frontières Hollande.               l’hôpital alors que l’hôpital doit faire face
                                                     à environ 100 consultations par jour
                                                     dans une ville de 6000 habitants.

Les districts de Kindamba et de Mayama ne possèdent aucun médecin affecté par
l’Etat. Pour l’ensemble du district de Kindamba, les 7 dispensaires du district sont tenus
par les bénévoles et des secouristes de la Croix Rouge.

Les acteurs humanitaires opérationnels apportent leur appui aux structures sanitaires
dans la zone. MSF-Hollande opère l’hôpital de Kindamba avec un personnel composé
de 2 médecins expatriés et une infirmière expatriée. L’ONG procède aux soins de santé
primaires, la petite chirurgie, le service de maternité et les cliniques mobiles (pour les
localités situées à plus de 20 km de Kindamba). Le CICR et ALISEI contribuent à la
réhabilitation des centres de santé dans le district de Kindamba et le Comité d’Aide
Médicale dans celui de Mayama.

En conséquences, les maladies les plus courantes, contribuant à l’élévation du taux de
morbidité, sont comparables au reste du Département : le paludisme, les infections
gastro-intestinales, les infections dermatologiques et les infections respiratoires.

Education, Enfance, et Protection
La grande majorité des enfants du Département du Pool a cessé de fréquenter l’école
depuis 1999. Les enseignants ont quitté la région, les écoles ont été détruites et pillées,
et les services nationaux responsables ne répondent pas à la situation. Les bancs,
toitures, portes et fenêtres de la plupart des écoles ont été pillés ; 80% des bâtiments
scolaires sont en mauvais état contre 22% dans l’ensemble du pays. Les écoles
manquent non seulement d’équipement de base comme les bancs (une seule place
assise pour 4 à 6 élèves) mais également de matériel didactique (un manuel pour 20
enfants).

Outre les déficits matériels, le secteur souffre également d’un manque en ressources
humaines. En effet, hormis les grands centres, où il y a quelques enseignants
fonctionnaires, l’enseignement par le personnel qualifié n’a pas repris, la majorité des

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enseignants ayant quitté la région
                                                         pendant le conflit, et n’étant pas
                                                         disposé à repartir dans la région étant
                                                         donné la situation actuelle.

                                                         Les conséquences de la guerre civile
                                                         ont des effets secondaires important
                                                         dans le secteur de l’éducation : faible
                                                         taux de scolarisation, mauvaise qualité
                                                         de l’enseignement. À l’heure actuelle,
                                                         plus de la moitié des écoles restent
                                                         fermées. (Voir Annexe II, Tableau 2.4).

                                                   Au niveau des secteurs protection et
  Ruines d’une école dans le district de Kindamba  enfance,       d’autres   conséquences
importantes sont directement liée aux conflits : il s’agit de l’enrôlement des enfants dans
les groupes armés et du port d’armes par les enfants. À ces faits, s’ajoutent les pires
effets de l’exploitation sexuelle aboutissant à la sexualité et aux grossesses précoces
chez les filles. Le manque de connaissances sur le Droit International, les Conventions
sur le droit de la guerre et l’inexistence des programmes d’éducation civique, surtout au
cours de sept années de conflits successifs, ont contribué à une violation fréquente des
droits de l’homme.

Autre conséquence importante liée à la disparition des structures administratives
locales : la majorité des enfants nés dans le Département ne disposent pas d’actes de
naissance.

Kinkala

Le secteur éducatif dans le district de Kinkala a beaucoup souffert ces quatre dernières
années. Tout comme les structures sanitaires, les écoles ont été pillées et saccagées.
Les quelques établissements qui fonctionnent sont dépourvus de l’essentiel : tables-
bancs, toitures, ouverture, matériel didactique. Pour suppléer au manque de personnel,
la communauté a créé une nouvelle catégorie de personnel appelé « Agents-Parents ».
Cette catégorie est constituée de volontaires ou de vacataires payées par les parents
d’élèves, quoique avec beaucoup de difficultés.

Le Lycée de Kinkala n’a pas ouvert ses portes durant l’année scolaire 2002-2003. Pour
l’année 2003-2004, seulement 74 candidats ont été présentés au Baccalauréat, alors
qu’auparavant Kinkala présentait des centaines de candidats à cet examen d’état.

En somme, on note dans le district une baisse considérable du taux de scolarité,
l’insuffisance croissante d’enseignants actifs et le manque de moyens matériels des
structures scolaires dans le district de Kinkala.

Mindouli

La situation scolaire dans le district de Mindouli reste toujours précaire. Après 2 ans
d’interruption, le district n’a pu présenter qu’environ 1000 élèves aux examens d’état
alors qu’avant les hostilités le district en présentait plus du double.

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Le Lycée de Mindouli, le seul dans le district, n’a pu réouvrir ses portes qu’en février
2004 et n’a fonctionné que partiellement.

Dans le district, seules dix écoles sont partiellement ouvertes en 2004, alors qu’il en
existait 41 avant les conflits. Le nombre d’élèves a diminué de plus de la moitié dans le
district : de plus de 10 000 élèves d’avant guerre, seuls 5 280 fréquentent actuellement
l’école, soit une diminution de près de 50%. La plupart des élèves fréquentent les
écoles situées dans la ville de Mindouli car dans le reste du district, la pauvreté des
familles ne permet pas de subvenir à l’éducation des enfants. La situation est similaire
et même pire dans d’autres districts du Département.

On note un manque d’enseignants important dans l’ensemble du district. Des 82
enseignants et personnels éducatifs travaillant (censés travailler / mandatés) à
Mindouli, seuls 38 sont actuellement actifs, et certains d’entre eux ne sont pas présents
à leur poste de travail.

Mais une chose est claire dans la majorité des localités du district, on note une
incapacité des familles à assumer le coût de la scolarité, laissant leurs enfants d’âge
scolaire sans éducation.

Dans le cadre des entretiens effectués par l’équipe de l’UNICEF avec le Directeur
Départemental des Affaires Sociales, il a été noté que 450 orphelins ont été recensés à
Kinkala et dans les villages environnants. 106 d’entre eux vivent dans des familles
d’accueil, tandis que 17 autres seraient encadrés par un ex-combattant dans le district
de Mindouli.

Mayama et Kindamba

Le secteur de l’éducation dans les districts de Mayama et Kindamba est déplorable. La
majorité des éducateurs, soit 80% du personnel enseignant, sont des bénévoles sans
formation professionnelle qualifiée. La qualité de l’enseignement s’en ressent. Par
exemple, sur un effectif de 1620 élèves, seulement 45 candidats se sont présentés au
BEPC mais aucun n’a été admis en 2003-2004. De plus, même si un certain nombre de
structures ont repris leurs activités, les moyens manquent toujours, 95% des étudiants
sont assis par terre par manque de tables et de bancs.

Au niveau du district de Mayama, des 14 écoles primaires d’avant la guerre, seulement
9 écoles fonctionnent actuellement. Les écoles qui sont ouvertes sont tenues par 2
enseignants agréés et le reste par des bénévoles, au nombre de 23. La ville de
Mayama, qui possède 2 écoles, ne dispose que de 6 enseignants. Il faut noter qu’une
des écoles est dirigée par un instituteur qui enseigne toutes les classes, en plus d’agir
comme directeur de l’établissement. Sur les 26 écoles primaires du district de Kidamba,
seul 20 ont partiellement réouvert cette année. La ville de Kindamba compte 7
enseignants au niveau primaire, dont seulement 2 sont agréés, les 5 autres
enseignants étant des bénévoles. Afin de rémunérer ceux-ci, les parents d’élèves
contribuent par une somme de 300 Fcfa mensuelle. Compte tenu de la situation
financière difficile, cette modique somme est au-delà de la capacité financière de
plusieurs ménages.

Le non-enregistrement des naissances reste un fait très remarquable : plus de 70%
d’enfants sont sans acte de naissance à Mayama. La guerre à détruit            les
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administrations et certains fonctionnaires de ces administrations ne sont pas retournés
dans leurs zones de travail. Les habitants déclarent qu’à peu près 60% de leurs enfants
ont intégré ce mouvement. Le phénomène des grossesses précoces a également été
noté : des nombreuses jeunes filles sorties des forêts ont des bébés, souvent des pères
inconnus. Il y a aussi un nombre significatif d’enfants-soldats mal encadrés (drogue,
indiscipline, disqualification de l’autorité parentale).

Vivres et Sécurité Alimentaire

                                                 En conséquence directe de l’insécurité
                                                 qui prévaut, les agriculteurs et éleveurs
                                                 se    limitent   à     une     production
                                                 d’autosubsistance et ne produisent
                                                 qu’une quantité limitée de nature à ne
                                                 pas attirer l’attention des éléments
                                                 armés prêts à saisir leurs récoltes.

                                                Autrefois nombreux, le cheptel de la
                                                région a été décimé. Dans le district de
                                                Mindouli, les 6162 têtes existant avant
                                                la guerre ont été abattues ou pillées.
                                                Actuellement, les seuls animaux visibles
                                                dans le Pool sont les poulets. L’unique
  Champs de maniocs dans le district de Mayama,
  menacés par le parasite de la mosaïque.
                                                autre source de protéine animale est le
                                                poisson salé ou fumé en provenance de
Pointe Noire ou de Brazzaville. Toutefois, la majorité de la population ne possède pas
les moyens pour s’acheter ce type d’aliment.

Le Pool, qui était une région exportatrice de produits agricoles, doit maintenant importer
ses aliments. La petite quantité de produits actuellement disponible sur le marché
provient de la capitale ou de la RDC voisine. Cependant, la plupart de ces aliments ne
sont pas à la porté des agriculteurs du Pool, et la majorité des paysans sont contraints
de faire du troc.

En conséquence, le niveau d’insécurité alimentaire dans le Pool reste élevé et est la
cause de l’élévation des taux de morbidité et de mortalité infantile. À l’heure actuelle, le
Département du Pool possède le taux de malnutrition le plus élevé du pays : le PAM
estime que 15% de la population du Pool souffre d’une malnutrition sévère.

Kinkala

Durant le passage de la mission à Kinkala, les membres de la mission ont noter que les
marchés sont presque vides. Les quelques produits trouvés viennent essentiellement
de Brazzaville et sont vendus à des prix qui ne sont pas à la portée de toutes les
bourses. (Voir Annexe II, Tableau 2.5 ). Comparativement à Brazzaville, les produits de
base coûtent plus chers à Kinkala qui ne se trouve pourtant qu’à 79 kilomètres de la
capitale. Les difficultés d’approvisionnement lié aux conditions de la route et à
l’insécurité expliquent cette différence.

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Par ailleurs, la guerre ayant fait son œuvre de destruction, il reste peu de choses des
cultures maraîchères et vivrières dans la région. De plus, comme mentionné plus haut,
les familles ne peuvent prétendre à une agriculture de commerce, par peur des pillages,
mais également par la difficulté d’acheminement aux marchés de la capitale.

Par conséquence, la situation alimentaire du district est encore précaire. De façon
générale, les conditions et coût de vie ne permettent pas aux familles de subvenir à
leurs besoins de base.

Pour des raisons de survie, certaines populations ont développé un autre secteur
d’activités : la fabrication du charbon. Les populations se livrent à l’exploitation
anarchique de la forêt, abattant même les arbres fruitiers, pour les utiliser comme bois
de chauffe ou à la fabrication du charbon. De plus, il a été souligné par les services
agricole du département que la surface culturale est détruite à 75 % à cause des
cultures sur brûlis. D’autre part, les armes de chasse n’étant plus sous contrôle, on
assiste à la déperdition de la faune. Si elles ne sont par rapidement contenues, les
conséquences de ces activités peuvent s’avérer dramatiques. En effet, elles constituent
une menace non seulement pour l’environnement et l’écologie locale, mais également
pour la capacité des populations à subvenir à leurs besoins futurs.

Mindouli

Le district de Mindouli, qui occupait une place en tête du secteur agropastoral dans le
Département, se retrouve aujourd’hui dans une situation angoissante. Les fermes,
cheptel et plantations ont été détruits et pillés pendant les évènements. Ce qui est
produit actuellement est réservé juste à l’autoconsommation des ménages. De plus, par
manque de semences, la sécurité alimentaire est actuellement menacée. La relance de
tout type d’élevage constitue une priorité pour le secteur agricole, en vue de
reconstituer le cheptel.

Le district importe la majorité de ses produits. Sur le marché de Mindouli, on note une
monotonie de produits de consommation (poisson salé et poisson fumé). Tout vient de
Pointe-Noire et Brazzaville via le CFCO, excepté les légumes et l’huile de palme. Le
kilo de viande qui coûtait 1000 FCFA avant la guerre a doublé de prix et est vendu une
fois toute les 2 semaines environ.

Pour palier à leurs difficultés agricoles, les populations du district ont développé de
façon particulièrement importante les activités de fabrication de charbon, de coupe
forestière et de culture sur brûlis.

Kindamba et Mayama

Avant les hostilités, Kindamba était le grenier de la région du Pool. Sa population avait
une vocation essentiellement agropastorale, avec environ 8 habitants sur 10 se
définissant comme éleveur. Le district comptait environ 460 parcs de bovins, avec
chaque éleveur possédant en moyenne 5000 têtes de bovins. Toutefois, l’ensemble du
cheptel a été pillé pendant les hostilités. Une autre activité régionale, la pisciculture, n’a
pas encore pu reprendre ses activités à cause du manque d’alevins pour les étangs.

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