État de la situation du logement dans la MRC de la Rivière-du-Nord - QUAND SE LOGER DEVIENT UNE SOURCE DE PRÉCARITÉ
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État de la situation du logement dans la MRC de la Rivière-du-Nord QUAND SE LOGER DEVIENT UNE SOURCE DE PRÉCARITÉ 1 Septembre 2015
La Corporation de développement communautaire de la Rivière-du-Nord (CDC RDN) est un regroupement d’organismes communautaires et de partenaires œuvrant sur le territoire de la MRC de la Rivière-du-Nord. Sa mission est de participer au développement social et économique du territoire et d’améliorer les conditions de vie des personnes vulnérables en priorisant deux champs d’actions, la lutte à la pauvreté et l’accès au logement abordable. Le comité logement Mis en place par le conseil d’administration de la CDC RDN, le Comité Habitation, hébergement et logement social a pour principale mission d’améliorer l’accès à des conditions adéquates de logement et d’hébergement pour les personnes en situation de précarité sur le territoire de la MRC RDN. La réalisation de ce document a été rendue possible grâce à de nombreuses collaborations. La CDC tient à remercier toutes les personnes, organismes et partenaires qui ont largement aidé à la compréhension de la situation du logement sur le terrain en partageant leurs données. Merci aux répondants des différentes organisations, dont le Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides, la Société d’habitation du Québec, les Offices municipaux d’habitation et les municipalités de la MRC Rivière-du-Nord. Bonne lecture ! Corporation de développement communautaire Rivière-du-Nord 181, rue Brière, Saint-Jérôme (Qc) J7Y 3A7 Selon le Département de santé publique des Laurentides, le logement est info@cdcrdn.org un des déterminants essentiels de l’état de santé et de bien-être des 450-565-2998 poste 119 individus et des familles. Un logement insalubre, trop cher ou peu sûr augmente le risque d’apparition de problèmes de santé pris dans son sens Recherche et rédaction : large incluant la santé physique, la santé mentale et le bien-être général. Corinne Ameteau Tout effort pour améliorer les logements en terme d’accessibilité, de Révision : Jean Chapleau, Annie sécurité et de salubrité engendre une amélioration au niveau de la santé Leroux, Isabelle Poulin ainsi que et du bien-être de ses occupants. les membres du Comité Habitation, hébergement et Selon la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL), un logement social. logement est abordable si le ménage y consacre moins de 30 % de son Mise en page : Line Chaloux, revenu avant impôt. Au-delà de ce seuil, les ménages doivent réduire les Diane Richard autres dépenses essentielles comme la nourriture, les vêtements, Publication septembre 2015 l’éducation et les soins de santé. Bibliothèque nationale Selon le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la Dépôt légal 2015 province vit une crise du logement en raison de l’écart grandissant entre la capacité de payer des locataires et les prix des loyers. 3
TABLE DES MATIÈRES ÉTAT DE LA SITUATION………………………………………………………………………… 4 1. PORTRAIT DU TERRITOIRE ET DE LA POPULATION…………………………... 5 1.1 Territoire ciblé 1.2 Démographie 1.3 Portrait socioéconomique 2. PORTRAIT DU LOGEMENT SOCIAL ET DE SON FINANCEMENT………….. 6 2.1 Définitions 2.2 Le logement social dans la MRC Rivière-du-Nord 2.3 Financement 3. PORTRAIT DU LOGEMENT LOCATIF PRIVÉ…………………………………......15 3.1 Dans la MRC Rivière-du-Nord 3.2 À Saint-Jérôme 4. PORTRAIT DES PERSONNES PRÉCARISÉES..……………………………….......19 4.1 Les femmes : L’itinérance invisible 4.2 À Saint-Jérôme 5. PRINCIPALES ORGANISATIONS INTERVENANT EN MATIÈRE DE LOGEMENT……………………………….....………………........24 5.1 Organismes communautaires 5.2 Autres organisations CONCLUSION……………………………….....……………………………….....………...…30 DÉFINITIONS ……………………………….....………………….....……………………...…32 LISTE DES ABRÉVIATIONS……………………………….....………………………………33 LISTE DES TABLEAUX……………………………….....……………………………….......34 MÉDIAGRAPHIE……………………………….....………………………………...........….35 4
ÉTAT DE LA SITUATION DU LOGEMENT MRC de La RIVIÈRE-DU-NORD Quand se loger devient une source de précarité Le présent document est destiné aux membres de la CDC et aux intervenants sociocommunautaires en lien avec la clientèle défavorisée de la MRC Rivière-du-Nord. Il veut permettre une meilleure compréhension de la réalité et de la dynamique du logement dans la MRC et vise une meilleure diffusion des connaissances nécessaires à l’amélioration des conditions de logement. Il est souhaité que les informations présentées, de même que les constats et pistes d’action énoncés en conclusion serviront à une planification plus exhaustive des actions à entreprendre sur notre territoire en regard de l’amélioration des conditions de logement pour les clientèles défavorisées. Ce document n’a pas la prétention d’être exhaustif; il vise plutôt à présenter certains éléments clés faisant partie d’un état global de la situation du logement dans la MRC RDN. Une attention particulière sera portée à la ville de Saint-Jérôme, considérant son poids démographique, la grande variété des services offerts et son statut de « capitale régionale ». La production de ce document a représenté un défi : il est rapidement devenu évident que les ressources et le temps alloué à la réalisation de l’état de situation étaient insuffisants. Certaines informations demeurent incomplètes, telles les données provenant du marché locatif privé, que nous aurions voulu plus détaillées. Malgré tout, le comité Habitation, hébergement et logement social de la CDC considère que le présent portrait sommaire de la situation en logement dans la MRC RDN pourra contribuer à l’avancement des connaissances et donc à l’amélioration des interventions pertinentes. Les données recueillies proviennent de différentes sources clairement identifiées dans la section médiagraphie. ⌂ Certaines de ces données sont récentes, alors que d’autres le sont moins; nous croyons cependant qu’un regard croisé sur ces différentes statistiques amélioreront notre compréhension de la situation. ⌂ En 2011, Statistique Canada a choisi de remplacer le formulaire long obligatoire de recensement par un sondage à caractère volontaire, l’ «Enquête nationale auprès des ménages » (ENM). Le taux de réponses à cette nouvelle version du recensement national étant plus faible, il faudra en tenir compte dans l’interprétation afin de ne pas sous-estimer les besoins des ménages à faible revenu, puisque leur taux de réponses est généralement plus bas. ⌂ Les territoires ciblés par les différentes sources de données peuvent différer (MRC, région des Laurentides, Ville de Saint-Jérôme, etc.). L’analyse des données devra conséquemment tenir compte de ces « disparités » statistiques. L’objectif étant d’obtenir un état de la situation en logement dans la MRC RDN, le travail de cueillette d’informations a été effectué auprès du réseau de l’habitation, du réseau de la santé et des services sociaux et du réseau communautaire. Désirant un portrait aussi local que possible, des entrevues téléphoniques ou en personne sont venues compléter la recherche documentaire et statistique. 5
1. PORTRAIT DU TERRITOIRE ET DE LA POPULATION 1.1 Territoire ciblé Située à une quarantaine de kilomètres au nord de Montréal, dans la région des Laurentides, la MRC RDN compte 125 125 habitants1 vivant dans cinq municipalités : Prévost, Saint-Colomban, Sainte-Sophie, Saint-Hippolyte et Saint-Jérôme. Rassemblant une grande partie de la population, des emplois et des services de la région, la ville de Saint-Jérôme est la plus importante agglomération avec 73 086 habitants2. Depuis quelques années, elle connait un fort développement économique, dû notamment à la construction de nombreux commerces le long de l’autoroute des Laurentides. 1.2 Démographie Entre 1981 et 2006, la population des Laurentides a connu la plus forte croissance démographique du Québec, soit une augmentation de 66 % en 25 ans3. Cet accroissement est le résultat d’une forte migration interrégionale (2 011 habitants de plus en 2013-20144), de la hausse du taux de natalité et de l’allongement de l’espérance de vie. La croissance démographique de la MRC RDN se distingue de celle de la région des Laurentides, sous différents aspects : Tableau 1 : Croissance démographique de la MRC RDN et de la région des Laurentides5 entre 1996 et 2008 DIFFÉRENTES POPULATIONS MRC RDN LAURENTIDES Augmentation de la population totale 71 % 66 % Augmentation du nombre de personnes âgées de 65-74 ans 50 % 48 % Depuis quelques années, la population de la MRC RDN croît à un rythme élevé, même supérieur à celui de la région. On dénombre aussi une forte proportion de personnes âgées, de familles monoparentales et de personnes seules. Tableau 2 : Poids relatif de différentes populations de la MRC RDN et de la région des Laurentides6 DIFFÉRENTES POPULATIONS MRC RDN LAURENTIDES Poids relatif des personnes âgées de plus de 65 ans en 2008 8% 8% Poids relatif des familles monoparentales en 2006 17 % 15 % Poids relatif des ménages formés d’une seule personne en 2006 29 % 25 % 1 MRC Rivière-du Nord. http://www.mrcrdn.qc.ca/spip.php?article114. Juin 2015. 2 MRC Rivière-du Nord. http://www.mrcrdn.qc.ca/spip.php?article114. Juin 2015. 3 CRÉ LAURENTIDES. Habiter les Laurentides. L’habitation et le logement social. Un portrait et des constats. 4 INSTITUT DE LA STATISTIQUE QUÉBEC. http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/profils/region_15/region_15_00.htm. juin 2015. 5 CRÉ LAURENTIDES. Habiter les Laurentides. L’habitation et le logement social. Un portrait et des constats. 6 CRÉ LAURENTIDES. Habiter les Laurentides. L’habitation et le logement social. Un portrait et des constats. 6
1.3 Portrait socioéconomique Globalement, la MRC RDN bénéficie de conditions socioéconomiques plutôt favorables comparées à celles de l’ensemble du Québec. Il existe cependant de grandes disparités et le fossé se creuse entre les groupes les plus favorisés et les groupes les plus défavorisés. Tableau 3 : Caractéristiques socioéconomiques de la MRC RDN et de la région des Laurentides7 CARACTÉRISTIQUES SOCIO-ÉCONOMIQUES MRC RDN Laurentides Revenu disponible par habitant en 2013 25 339 $ 27 484 $ Proportion des familles à faible revenu en 2012 6,9 % 6,5 % Statistiquement, certaines catégories de ménages sont davantage susceptibles d’être économiquement défavorisées : les personnes seules, les familles monoparentales, les personnes âgées. Ces catégories de ménages sont très présentes dans la MRC RDN : En avril 2010, la MRC de La Rivière-du-Nord comptait 28,5 % des adultes prestataires de l’assistance sociale de la région des Laurentides, soit plus que son poids démographique à l’échelle régionale (19,9 %)8. 2. PORTRAIT DU LOGEMENT SOCIAL ET SON FINANCEMENT 2.1 Définitions Quelques définitions sur le logement seront utiles ici afin de clarifier les différentes notions : ⌂ Logement social9 désigne une forme d’habitation qui implique l’aide financière d’un pouvoir public pour sa production et son administration. Au Québec, le Programme de supplément au loyer de la Société d’habitation du Québec (SHQ) finance ce type de logement. Les locataires qui bénéficient de ce programme paient un loyer correspondant à 25 % de leur revenu. ⌂ Habitations à Loyer Modique10 (HLM), logements destinés aux ménages à faible revenu qui paient 25 % de la totalité de leur revenu. Le gouvernement du Québec est propriétaire de 62 000 logements de ce type et en confie la gestion à 553 offices municipaux d'habitation (OMH) répartis à travers le Québec. Outre la con- tribution des locataires par leur loyer, les HLM sont financés par les 3 paliers de gouvernements : fédéral, provincial et municipal. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils sont réservés exclusivement aux personnes à faible revenu. Le coût du loyer est fixé selon le Règlement sur les conditions de location des HLM. ⌂ Organisme à but non lucratif d’habitation 11 (OBNL-H) concerne les organismes d’action communautaire autonome qui ont pour mission d’offrir du logement abordable et sécuritaire à des personnes à faible revenu. La gestion de l’organisation est prise en charge par un conseil d’administration, dont un tiers est formé par les locataires. 7 INSTITUT DE LA STATISTIQUE DU QUÉBEC. http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/profils/region_15/region_15_00.htm. Juin 2015 8 EMPLOI-QUÉBEC LAURENTIDES. Profil socioéconomique et caractéristiques du marché du travail - La MRC RDN. Octobre 2010. Page 56 9 CRDSL. Recensement logement social communautaire abordable Laurentides 2014. Page 5 10 CRDSL. Recensement logement social communautaire abordable Laurentides 2014. Page 5 11 CRDSL. Recensement logement social communautaire abordable Laurentides 2014. Page 4 7
⌂ Coopérative d'habitation12 est un immeuble ordinaire où habitent des personnes qui sont à la fois locataires de leur logement et collectivement propriétaires de l'immeuble. Comme propriétaires collectifs, les membres, c'est-à-dire les résidents de l'immeuble, assument ensemble la gestion complète et autonome de leur édifice et de la coopérative elle-même. La SHQ gère, par ailleurs, différents programmes liés au logement social (accès, subventions au loyer, réalisation de projets d’habitation) : ⌂ Supplément au loyer13 (PSL) permet à des ménages à faible revenu d’habiter des logements du marché locatif privé, ou appartenant à des COOP ou à des OBNL, tout en payant le même loyer que dans un HLM. La différence entre le loyer convenu avec le propriétaire et la contribution du ménage (25 % de ses revenus plus certains frais) est comblée par le supplément au loyer. Les coûts du PSL sont assumés à 90 % par la SHQ et à 10 % par les municipalités. ⌂ AccèsLogis 14 (ACL) permet à des offices d’habitation, à des coopératives d’habitation ainsi qu’à des organismes et des sociétés acheteuses à but non lucratif de réaliser et d’offrir en location des logements de qualité et à coût abordable à des ménages à revenu faible ou modeste et pour des personnes ayant des besoins particuliers en habitation. Une partie des logements réalisés est réservée à des ménages à faible revenu qui bénéficient durant cinq ans ou plus d’un supplément au loyer. ⌂ Allocation-logement 15 (PAL) s'adresse aux propriétaires, aux locataires, aux chambreurs ainsi qu’à toute personne qui partage un logement avec d'autres occupants. Il procure une aide financière d’appoint à des ménages à faible revenu qui consacrent une part trop importante de leur revenu au paiement de leur logement. L’aide financière peut atteindre 80 $ par mois. Selon le RCPHL, ce programme est sous-utilisé : « Dans la province, 100 000 personnes s’en prévalent alors que 500 000 pourraient en bénéficier16. ⌂ Adaptation de domicile17 (PAD) a pour objectif de permettre à une personne handicapée d’accomplir ses activités quotidiennes dans son logement et ainsi de favoriser son maintien à domicile. Il accorde une aide financière au propriétaire du domicile pour l'exécution de travaux d’adaptation admissibles qui répondent aux besoins de la personne handicapée. ⌂ Logement abordable Québec18 (LAQ) a été lancé en 2001 afin de permettre à des coopératives, des offices d’habitation, des organismes et des sociétés acheteuses à but non lucratif de réaliser des projets d’habitation communautaire et sociale pour ménages à revenu faible ou modeste avec une contribution minimale de leur milieu. Malheureusement, le programme, ainsi que les unités de logements abordables qu’il alloue aux différentes régions du Québec, n’a pas été renouvelé depuis 2004. Il faut noter qu’on ne retrouve pas ce programme dans la MRC RDN. 12 CRDSL. Recensement logement social communautaire abordable Laurentides 2014. Page 4 13 SHQ. http://www.habitation.gouv.qc.ca/no- cache/programme/objectif/trouver_un_logement_a_faible_cout/programme/supplement_au_loyer.html. Juin 2015 14 SHQ. http://www.habitation.gouv.qc.ca/no- cache/programme/objectif/trouver_un_logement_a_faible_cout/programme/acceslogis_quebec.html. Juin 2015 15 SHQ. http://www.habitation.gouv.qc.ca/no- cache/programme/objectif/personnes_handicapees/programme/allocation_logement.html. Juin 2015 16 RCPHL. Mieux comprendre pour mieux agir. État de situation. Avril 2015.Page 24 17 SHQ. http://www.habitation.gouv.qc.ca/no- cache/programme/objectif/personnes_handicapees/programme/programme_dadaptation_de_domicile.html. Juin 2015 18 CLD LAURENTIDES. Guide d’habitation sociale et communautaire. Mars 2011. Page 24 8
2.2 Le logement social dans la MRC RDN Suite au désengagement du gouvernement fédéral dans ce programme, aucun nouvel HLM n'a été construit au Québec depuis 199419. Alors que les gouvernements fédéral et provincial admettent que 261 000 ménages locataires20 québécois ont des besoins urgents de logement, la réalisation de nouveaux logements sociaux reste faible. Au début de 2014, les 142 000 logements sociaux* disponibles représentaient moins de 11 % de l’ensemble du parc locatif21 au Québec. * Ce chiffre inclut les HLM, les coopératives et les organismes sans but lucratif en habitation, de même que les logements autochtones « sur réserve». 2.2.1 Nombre de logements sociaux, communautaires et abordables Le profil statistique, réalisé par le Ministère de l’Emploi et de la solidarité sociale, démontre que l’aide fournie aux ménages par les programmes de la SHQ (HLM, AccèsLogis) est 50 % moins élevée dans les Laurentides que dans l’ensemble du Québec. Tableau 4 : Nombre de ménages aidés pour 1 000 ménages selon le type de programme de la SHQ, Laurentides et province du Québec, en 2008-200922 25 20 15 Laurentides 10 Province du Québec 5 0 HLM ACL-LAQ PSL 19 FRAPRU. Urgence en la demeure. Mars 2013. Page 2 20 FRAPRU. Le minimum en logement social. 3 décembre 2013. http://www.frapru.qc.ca/le-minimum-en-logement- social/#more-482 21 FRAPRU. Dossier Noir-logement et pauvreté-chiffres et témoignages. Septembre 2014. Page 22 22 MINISTÈRE DE L’EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ SOCIALE. http://www.mess.gouv.qc.ca/publications/pdf/ADMIN_Profil_Laurentides.pdf. Avril 2011. Page 15 9
Afin d’obtenir un portrait réel de l’offre en logement social dans la MRC, on doit compiler le nombre de HLM et des différents programmes de la SHQ présents dans les municipalités de la MRC RDN. Tableau 5 : Nombre de logements sociaux, communautaires et abordables dans la MRC RDN par municipalité et par programme de la SHQ en 201323 MUNICIPALITÉS HLMA PSLB ACLC TOTALD Prévost 15 6 11 26 St-Colomban 10 1 - 11 Ste-Sophie 15 - - 15 St-Hippolyte 10 - - 10 Saint-Jérôme 633* 45 78 756 Total MRC 683 52 89 818 A Nombre annuel d’habitations à loyer modique (HLM) B Nombre annuel de ménages à faible revenu bénéficiant du Programme Supplément au Loyer (PSL) C Cumulatif des logements livrés depuis l’existence du programme AccèsLogis (ACL) D Le total ne compte qu’une fois les ménages qui reçoivent à la fois de l’aide du programme PSL et du programme ACL * Ces chiffres proviennent de l’OMH de Saint-Jérôme pour 2015. C’est dans la municipalité de Saint-Jérôme que la majorité des logements sociaux et communautaires de la MRC RDN sont situés (756 sur 818). Depuis 1997, date de création du programme AccèsLogis, seulement 78 logements sociaux24 ont été bâtis à Saint-Jérôme où le total des logements sociaux représente 4,3 % de l’ensemble du parc locatif25, une proportion beaucoup plus faible que celle du reste du Québec (près de 11 %). On doit donc constater que le développement du parc de logements sociaux n’a pas suivi la croissance de la population, ni celle de ses besoins. Tableau 6 : Pourcentage de logements sociaux sur l’ensemble des logements locatifs à Saint-Jérôme et dans la province du Québec (au 31 décembre 2013)26 À Saint-Jérôme Au Québec HLM, OBNL, HLM, OBNL, coop. coop. Logements Logements locatifs privés locatifs privés 23 CRDSL. Recensement logement social communautaire abordable Laurentides 2014. Page 96 24 FRAPRU. Selon le FRAPRU, ça va de plus en plus mal pour les locataires des Laurentides. http://www.frapru.qc.ca/laurentides/#more-2096. 14 janvier 2015 25 FRAPRU- Dossier Noir 2014. Logement et pauvreté à Saint-Jérôme. 14 janvier 2015 26 FRAPRU. Dossier Noir 2014. Logement et pauvreté à Saint-Jérôme. 14 janvier 2015-Dossier Noir Logement et pauvreté. Septembre 2014 10
2.2.2 Clientèle des logements sociaux dans la MRC RDN Sur l’ensemble du territoire de la MRC RDN, on compte 1140 unités de logement social, communautaire et abordable, se trouvant dans les HLM, OBNL ou COOP du territoire. Elles sont destinées aux personnes âgées, aux familles et aux personnes seules. Les personnes âgées de 65 ans et plus sont visiblement la catégorie de population la mieux desservie par l’offre de logements sociaux et communautaires. Tableau 7 : Nombre d’unités et clientèle selon le type de logement social dans la MRC RDN, en 201327 Types d’habitation Nombre d’unités Clientèle 356 aînés HLM 718 312 familles 50 personnes seules OBNL 287 287 aînés COOP 136 136 aînés 2.2.3 Liste d’attente Tableau 8 : Nombre d’unités, catégories de clientèle et liste d’attente des HLM dans la MRC RDN par municipalité, en 201528 Nombre OMH Clientèle Liste d’attente d’unités 9 demandes Prévost 15 + 60 ans (résidence 12 mois non obligatoire) 10 Saint-Colomban + 55 ans 3 demandes + 70 ans Sainte-Sophie 15 3 demandes 10 Saint-Hippolyte + 55 ans 5 demandes 633 Aînés 256 demandes Saint-Jérôme (dont 6 Familles (dont 7 personnes en situation de adaptés29) Personnes seules handicap30) Dans les villes avoisinantes, les listes d’attente semblent « raisonnables » (3 demandes à Sainte-Sophie par exemple) et généralement les occupants, principalement des personnes âgées en perte d’autonomie, quittent pour aller dans un CHSLD. Malheureusement, on ne retrouve aucune offre d’HLM pour les familles ou les personnes seules. Pourtant, les responsables de ces OMH ont fait part de leurs préoccupations quant au manque de logements pour les jeunes familles, les familles monoparentales et les femmes seules. 27 CRDSL. Recensement logement communautaire abordable dans les Laurentides 2014 28 OMH des municipalités de la MRC RDN 29 RCPHL. Les ressources résidentielles pour les personnes en situation de handicap dans les Laurentides. État de la situation. Mieux comprendre pour mieux agir. Avril 2015. Page 56 30 RCPHL. Demande d’information sur la liste d’attente à la fin de 2014. 25 février 2015 11
Selon l’OMH de Saint-Jérôme, on compte approximativement 60 Selon le Regroupement pour la concertation des personnes handi- entrées ou sorties annuelles dans les HLM. C’est la catégorie des familles capées des Laurentides, on apprend qui connait le plus haut taux de roulement. Par contre, les personnes que, dans la MRC RDN des 25 loge- seules et/ou âgées attendent souvent des mois, voire des années, avant ments sociaux, abordables et dits d’avoir accès à un HLM. Au printemps 2015, sur les 256 personnes en adaptés, seulement 14 sont occupés par des personnes en situation de attente d’un HLM, on dénombre : handicap. (Mieux comprendre pour - 108 personnes seules, âgées de 50 à 65 ans, mieux agir ! Avril 2015. Page 56) - 70 personnes seules, âgées de plus de 65 ans. On peut donc constater que les besoins sont criants pour les personnes vivant seules et âgées de moins de 65 ans. 2.2.4 Les OBNL d’habitation dans la MRC RDN En ce qui concerne les OBNL d’habitation, ils se concentrent tous à Saint-Jérôme, excepté un seul, situé à Prévost. On voit que la plus grande partie des logements offerts dans les coopératives d’habitation sont destinées aux 65 ans et plus. Tableau 9 : Nom, nombre d’unités, clientèle et liste d’attente des OBNL de la MRC RDN en 2015 OBNL Nombre d’unités Clientèle Liste d’attente Habitations du Vieux 12 Familles 4 demandes Shawbridge (Prévost) 44 La Bellefeuilloise (19 adaptés, 25 à + 65 ans 18 demandes moitié adaptés) Résidence 2ème âge 35 + 50 ans 100 demandes La Jéromienne 61 + 70 ans 103 demandes Les Habitations Personnes seules 27 15 demandes Giraldeau-Desjardins Familles Familles François Chaput 51 15 demandes Personnes seules Habitation Germaine- 29 Personnes âgées 20 demandes Guèvremont Familles Cité des 3R + 73 ans ou en perte 130 à 135 65 (en voie de réalisation) d’autonomie demandes Personnes en réinsertion sociale 12
2.2.5 Les coopératives d’habitation Trois seules coopératives d’habitation sont présentes sur le territoire; elles sont d’ailleurs toutes situées à Saint- Jérôme. Tableau 10 : Nom, nombre d’unités, clientèle et liste d’attente des coopératives de la MRC RDN en 2015 Coopératives Nombre d’unités Clientèle Liste d’attente d’habitation 41 Bourg St-Antoine + 55 ans 36 demandes (adaptables) En voie de Ouimet 23 Toute clientèle réalisation La Jérobelle de 20 Familles 2 ou 3 Bellefeuille Les gestionnaires de tous ces logements, HLM, OBNL-H et coopératives d’habitation, rapportent que : ⌂ Les ménages qui emménagent dans ces logements y restent souvent pendant des années, voire des décennies. Certaines familles y habitent de génération en génération. ⌂ Les besoins en logement évoluent avec le temps (divorce, départ des enfants, décès…) mais les ménages conservent fréquemment le même logement. 2.3 Financement du logement social De façon générale, les gouvernements fédéral et provincial se désengagent progressivement du financement du logement social. 2.3.1 Au fédéral Au niveau fédéral, on constate : ⌂ Une baisse des contributions fédérales à Québec pour les programmes de logements abordables, comme AccèsLogis. Actuellement, Ottawa n’accorde à la province que 58 millions $ par an pour tous ses programmes de logements dit abordables. Cette somme n’est même pas suffisante pour subventionner 700 logements dans AccèsLogis31 ! ⌂ Un retrait du financement des logements sociaux existants, dont le financement a été annoncé avant 1994, une fois les ententes actuelles arrivées à échéance; Ottawa a décidé de ne pas renouveler les subventions qu’il leur verse depuis des décennies. En 2015, plus de 2 000 logements coopératifs32 du Québec perdront ainsi leurs subventions fédérales. Ce phénomène doit s’accélérer dans les prochaines années. Cela signifie que les ménages à faible revenu qui habitent ces logements, en HLM, coopératives ou OBNL, vont voir leur loyer considérablement augmenter. 31 FRAPRU. Aide aux mal-logéEs. http://www.frapru.qc.ca/ottawa/aide. Juin 2015 32 FRAPRU. Fin des subventions fédérales aux logements sociaux existants. 2015, une année cruciale. http://www.frapru.qc.ca/fin-des-subventions-federales-aux-logements-sociaux-existants-2015-une-annee-cruciale/. 5 décembre 2014 13
⌂ La Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance Dans la lutte contre l’itinérance, un (SPLI), mise en place au début des années 2000, visait à nouveau projet concerté a été soumis, prévenir et à réduire l’itinérance en offrant un financement dans le cadre de l’appel d’offre SPLI 2014-2019, par 4 organismes commu- et un soutien aux collectivités. Les montants affectés au SPLI nautaires opérant à Saint-Jérôme. sont demeurés les mêmes, sans indexation depuis 199833 Selon l’approche SRA, il vise à aider les (20 millions $ par an au Québec) alors que les coûts et les personnes, en situation d’itinérance besoins sur le terrain ont considérablement augmenté. chronique ou épisodique, à faire une À compter de 2015, les projets SPLI devront, en outre, transition aussi rapide que possible de la rue ou de refuges d’urgence à un s’appuyer sur l’approche Stabilité résidentielle avec logement ou chambre permanent et à accompagnement (SRA), qui prône un placement rapide en disposer de mécanismes de soutien logement des personnes itinérantes et un arrimage adaptés à leurs besoins. subséquent des services adéquats. Quoique reconnue comme valide, cette nouvelle orientation du programme SPLI risque de fragiliser, sinon de mettre un terme à d’autres actions de prévention qui avaient été déployées ces dernières années et dont l’efficacité avait été reconnue (ex : Café de rue S.O.S., logements de transition, travailleurs de rue, etc.). Les difficultés d’arrimage entre les deux paliers de gouvernement font en sorte que l’approche SRA du gouvernement fédéral s’appuie fortement sur le recours aux Programmes provinciaux de Supplément au loyer (PSL) dans le marché locatif, alors qu’il n’existe actuellement aucun PSL (provincial) de ce type sur le territoire de la Rivière-du-Nord. 2.3.2 Au provincial Déjà en juin 2013, La Ligue des droits et libertés attirait l’attention sur la diminution du nombre de ménages à faible revenu bénéficiant du programme Allocation-Logement. Elle déplorait que les seuils d’admissibilité au programme n’aient jamais été indexés depuis 1997, entrainant une chute de 30 % du son budget entre 1997 et 201034. Le plus petit découpage territorial disponible pour les données du PAL est la région administrative. Dans la région des Laurentides, environ 6 407 35 ménages (exclus les ménages dont la localisation est indéterminée pour l'ensemble du Québec) ont bénéficié du PAL entre le 1er octobre 2013 et le 30 septembre 2014. La lecture du budget Leitao du 30 mars 2015 nous informe des mesures en habitation qui seront mises en place pour les prochaines années. À noter que ces mesures ne prévoient pas la construction de nouveaux logements ou de rénover le parc existant : ⌂ Programme AccèsLogis : seulement 1 500 logements sociaux sont annoncés pour 2015-2016, comparativement aux 3 000 de l’année précédente. Il s’agit de la plus faible annonce des 15 dernières années. Le Conseil régional de développement social des Laurentides (CRDSL) déplore que « le nouveau budget provincial ne permettra pas à la SHQ de réserver des unités de logement pour de nouveaux projets AccèsLogis avant l’an 2019. Autrement dit, aucune subvention ne sera accordée pour de nouveaux projets 33 RSIQ. Mémoire présenté au Comité permanent des finances Chambre des Communes Consultations pré-budgétaires 2014. http://www.rsiq.org/images/Fichiers/MemoireRSIQComitefinancesOttawa2014_vfinale.pdf. Avril 2014 34 LIGUE DES DROITS ET LIBERTÉS. Rapport sur l’état des droits humains au Québec et au Canada. Juin 2013. Page 28 35 SHQ. Réponse suite à une demande d’information. 25 février 2015 14
avant 2019, et elles seront octroyées au compte-goutte… ». Ainsi, d’ici 2019, seuls les 5 362 logements en cours de réalisation seront livrés. Pareillement, il est impératif de rappeler que les coûts maximum admissibles n’ont pas été indexés depuis 2009, alors que les coûts de construction ont monté en flèche, notamment avec l’application de nouvelles normes de sécurité et de construction. ⌂ Suppléments au loyer : 1 000 nouvelles unités de PSL en 2015-2016, et 1 200 par an au cours des 4 années suivantes, admissibles au marché locatif privé, aux coopératives d’habitation, OBNL en habitation ou offices municipaux en habitation. Elles atteindront 5 800 unités en 2019-2020 et seront accordées pour une période de 5 ans. Ce programme n’a pas été indexé depuis 1991 et est aussi affecté par le désengagement de la SCHL; ainsi, et en date de juin 2015, on peut lire sur le site de la SHQ : « À l’heure actuelle, de nouvelles subventions du programme Supplément au loyer sont accordées uniquement pour les logements du programme AccèsLogis Québec. » Mentionnons également, qu’à ce jour, le nombre de nouvelles unités de PSL attribué sur notre territoire est inconnu mais que l’OMH de Saint-Jérôme aurait fait une demande pour 45 unités. ⌂ Mise en place d’un programme de soutien aux coopératives d’habitation et des OBNL affectées par la fin des subventions fédérales. Cette mesure prolongera les subventions aux ménages à faible revenu vivant dans ces types de logements, pendant 2 ans et à hauteur de 75 % du financement initial. Une enveloppe de 6 millions de dollars y est consacrée et sera gérée par la SHQ. ⌂ Dans le nouveau budget de mars 2015, une somme de 25 millions de dollars 36 est attribuée pour le Programme d’adaptation de domicile (PAD) des personnes en situation de handicap. Les investissements consentis permettront d’adapter environ 1 250 logements et de financer 3 570 équipements spécialisés. ⌂ Au niveau de l’itinérance, notons que le gouvernement provincial s’est doté récemment d’un Plan d’action interministériel en itinérance 2015-2020 qui fixe à « au moins 10 % » le nombre d'unités de logement social devant leur être réservées. Le Réseau solidarité itinérance du Québec (RSIQ) déplore qu’avec ces nouvelles mesures il soit maintenant question de seulement de 150 logements sociaux pour les personnes itinérantes37 contre 500 l’année passée. En vertu de ce plan d’action, dans la MRC RDN, une somme de 32 000 $ a été affectée au soutien à l’hébergement d’urgence de l’organisme Hébergement Fleur de Macadam (seul montant affecté pour l’ensemble des Laurentides) pour 2015-2016. 2.3.3 Au municipal Depuis la Loi modifiant la Loi de la Société d’habitation du Québec, adoptée en avril 2002, toute municipalité peut constituer un Fonds de développement du logement social (FDLS), mais certaines villes en ont l’obligation, dont la ville de Saint-Jérôme. Depuis juin 2002, la Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant le domaine municipal fixait des règles quant à l’utilisation du FDLS, parmi lesquelles l’obligation d’affecter les sommes accumulées exclusivement dans des projets de logements sociaux et communautaires. Pour l’avenir, la Ville de Saint-Jérôme souhaite définir des orientations en matière de développement de logement social. 36 GOUVERNEMENT DU QUÉBEC. Plan économique du Québec. Mars 2015. http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2015-2016/fr/documents/Planeconomique.pdf. Page B.236 37 RSIQ. Communiqué de presse. 26 mars 2015 15
3. PORTRAIT DU LOGEMENT LOCATIF PRIVÉ Étant donné le peu d’offres en logements sociaux dans la MRC RDN, les personnes vulnérables n’ont d’autre choix que de recourir au parc locatif privé. Il importe donc d’en explorer les différents aspects. 3.1 Dans la MRC Rivière-du-Nord Différents facteurs déterminent le coût des loyers dans la MRC RDN : La taille et la qualité du logement, la localisation du logement et les prix moyens payés sur l’ensemble du territoire. Tableau 11 : Caractéristiques du logement dans la MRC RDN en 201138 Loyer médian 648 $ Nombre de ménages vivant dans un logement trop petit 2 040 Logements construits avant 1980 43 % Nombre de logements nécessitant de réparations majeures 3 065 On peut préciser que, dans la MRC RDN, 65 % des ménages vivant dans un logement trop petit et 57 % des logements ayant besoin de réparations majeures39 sont à Saint-Jérôme. Pourtant, la proportion de logements de moins de 20 ans est de 44 % dans la MRC RDN et témoigne du développement immobilier40. Entre 2001 et 2006, le coût mensuel brut des logements en location a augmenté en moyenne de 8,9 % dans les Laurentides alors que l’augmentation dans la MRC RDN se situe à plus ou moins 2 points de cette moyenne41. Le prix des loyers ayant fortement augmenté, les locataires doivent se résoudre à choisir des appartements plus petits ou plus vieux pour tenter de s’en sortir. Quant à la qualité de l’habitat, ces chiffres ne démontrent en rien la vétusté du parc locatif. Les comités logement interviennent dans de nombreux cas où la mauvaise qualité des logements menace la santé et la sécurité des locataires : isolation déficiente, moisissure, infestation, balcon ou escaliers dangereux… 3.2 À Saint-Jérôme Les problèmes de logement observés dans la MRC RDN semblent d’autant plus aigus dans le grand Saint-Jérôme. Pendant plusieurs années, la construction de condominiums a dominé dans la capitale régionale. Il faudra quelque temps, voire des années, pour écouler ces unités. Faute d’acheteurs, cette situation a fait exploser leur utilisation à des fins locatives. Ce marché est très différent du marché locatif traditionnel. Les loyers y sont notamment beaucoup plus élevés. 38 STATISTIQUE CANADA. Profil de l’ENM, MRC RDN, 2011. http://www12.statcan.gc.ca/nhs-enm/2011/dp- pd/prof/details/page.cfm?Lang=F&Geo1=CD&Code1=2475&Data=Count&SearchText=La%20Rivi%E8re-du- Nord&SearchType=Begins&SearchPR=01&A1=All&B1=All&Custom=&TABID=1. Consultée en juin 2015 39 STATISTIQUE CANADA. Profil de l’ENM 2011, Saint-Jérôme, MRC RDN. Consultée en juin 2015 40 CRÉ. Habiter les Laurentides. L’habitation et le logement social. Un portrait et des constats. Page 41 41 FRAPRU- Dossier Noir 2014. Logement et pauvreté à Saint-Jérôme 16
3.2.1 Mises en chantier En lien avec le dynamisme économique de la MRC évoqué plus haut, le domaine de la construction résidentielle à Saint-Jérôme est relativement actif. Au-delà des mises en chantiers de résidences unifamiliales (surtout localisées dans les quartiers périphériques), les projets d’immeubles de logements locatifs et de condominiums sont également présents : Tableau 12 : Nombre de mises en chantier de logements locatifs privés et de condominiums à Saint-Jérôme et villes environnantes entre 2011 et 2014 42 500 400 300 200 100 0 2011 2012 2013 2014 (11 mois) Locatifs privés Condominiums À Saint-Jérôme, l’arrivée récente (2015) d’un projet comme le Vice Versa, immeuble locatif pour les personnes autonomes de 55 ans et plus, illustre une tendance du marché. Ce nouveau projet compte 302 logements à louer, à un coût prohibitif pour les clientèles défavorisées (1 100 $ par mois pour un 3 ½ et 1 500 $ pour un 4 ½). 3.2.2 Taux d’inoccupation On considère généralement qu’un taux d’inoccupation des logements de 3 % représente un marché équilibré entre l’offre et la demande. Au niveau provincial, le taux d’inoccupation est actuellement en hausse, ce qui indique une plus grande disponibilité de logements. À Saint-Jérôme, selon les statistiques, le taux d’inoccupation est en baisse, contrairement à celui du Québec en 2014. Par contre l’observation récente, surtout avec la venue de nouveaux projets et de nombreux condos, nous amène à penser que l’offre de logements se maintient, voire augmente, mais ne sont pas nécessairement à coût abordable. Les logements abordables, disponibles sont rares, notamment ceux de petite taille, recherchés par les nombreuses personnes seules. 42 FRAPRU- Dossier Noir 2014. Logement et pauvreté à Saint-Jérôme. 14 janvier 2015 17
Tableau 13 : Évolution du taux de logements inoccupés - Saint-Jérôme et villes environnantes entre 2011 et 201443 4,5 4 3,5 3 2,5 % 2 1,5 1 0,5 0 2011 2012 2013 2014 Tous les 2,8 2,8 3,1 2,7 logements 3½ 2,1 2,1 3,9 1,7 4½ 3,3 3,3 3,4 2,2 Au-delà des statistiques, certaines particularités observables à Saint-Jérôme sont dignes de mention : ⌂ Une portion significative des personnes vivant avec un handicap éprouve, à différents degrés, des difficultés à accéder à un logement et à y vivre sans obstacle. À Saint-Jérôme, on compte peu de logements adaptés, que ce soit en logement social ou privé. En ce qui concerne les autres municipalités, les logements adaptés semblent encore moins nombreux. ⌂ En lien avec le développement de nouveaux programmes d’étude au Cégep de Saint-Jérôme et à l’Université du Québec en Outaouais (campus Saint-Jérôme), le nombre d’étudiants résidant à Saint-Jérôme a beaucoup augmenté, ce qui a une incidence certaine sur le marché locatif (rareté des petits logements, pression à la hausse sur le coût de ces logements, tendance à peu investir dans ces logements vu le caractère « temporaire » des étudiants locataires, etc.). ⌂ Au niveau des résidences privées pour aînés, en septembre 2014, un bilan du CSSS en dénombre 42 sur le territoire de Saint-Jérôme pour un total approximatif de 2 125 unités de logement. Le prix moyen de ces logements est de 1 213 $ par mois et le taux d’occupation est de 98,5 %. L’étude montre aussi que 80 % de ces résidences imposent le service des repas. On voit que les résidences privées pour aînés ne sont pas abordables pour tous. Il faut aussi mentionner que les nouvelles normes de sécurité entrainent une hausse des coûts de construction pour les résidences neuves, ou pour la mise à niveau de celles déjà existantes. De plus, dans la majorité des cas, ces résidences sont prévues pour accueillir une clientèle autonome. Dès que les personnes perdent leur autonomie, elles doivent être relocalisées. Il faut donc s’attendre à se retrouver avec une carence pour l’hébergement des personnes âgées en perte d’autonomie. 43 FRAPRU- Dossier Noir 2014. Logement et pauvreté à Saint-Jérôme. 14 janvier 2015 18
3.2.3 Chambres et pensions Nous avons vu que les personnes seules, à faible revenu, âgées de moins de 65 ans et susceptibles de vivre différentes problématiques, peuvent être grandement défavorisées du point de vue du logement. Pour ces personnes pauvres et isolées socialement, il n’y a souvent que le marché des « chambres à louer » qui leur soit accessible. Une exploration du parc locatif privé nous a permis de mieux comprendre ce créneau des maisons de chambres et des petits logements (1½ et 2½). Mentionnons tout d’abord que la Ville de Saint-Jérôme prévoit à son plan de zonage des zones où les « maisons de chambres et pensions » peuvent être autorisées. La liste actuelle de maisons de chambres autorisées par la ville ne correspond cependant pas aux nombreuses « chambres à louer » que l’on peut voir annoncées à différents endroits au centre-ville. Les partenaires sociaux intervenant auprès des personnes seules et démunies nous indiquent que ce sont ces personnes qui résident en majorité dans ce type d’habitation. De ce « réseau » de maisons de chambres on peut noter : ⌂ Il en coûte environ 500 $ pour une très petite chambre, TV et wifi inclus; exemple d’aménagement : petite cuisine commune avec espace pour deux personnes pour manger, lavabo dans garde-robe, pas de serrure à la porte ; ⌂ Il en coûte de 700 $ à 800 $ pour une chambre avec « pension ». La pension sera de qualité variable : problèmes de chauffage en hiver, problème de nourriture insuffisante ou non équilibrée, etc.; ⌂ Parmi les petits logements les plus abordables, on remarque qu’ils sont rarement annoncés dans les journaux mais plutôt par des pancartes « à louer », ou par le « bouche-à-oreille ». Ces petits logements pourront coûter environ 460 $ pour un 1½ et 510 $ pour un 2½ chauffé; ⌂ Dans les cinq chambres ou appartements visités, loués à l’année ou au mois, des problématiques de voisinage ont été observées ou même rapportées par les responsables : consommation et/ou vente de drogue dans l’immeuble, nuisance nocturne, conflits, violence… Dans certains immeubles, habités uniquement par des hommes, ces problèmes sont encore plus notables; ⌂ L’exaspération des propriétaires face aux problèmes de comportement de locataires, des coûts répétés engendrés par les dommages causés au logis et des opérations d’extermination en cas d’infestation; ⌂ La négligence de certains propriétaires en cas d’infestation ou de réparations nécessaires; ⌂ L’absence (ou méconnaissance) d’un protocole pour les punaises de lit; ⌂ La stigmatisation des locataires, spécialement ceux souffrant de santé mentale ou déficience intellectuelle. On constate que les conditions de logement dans ces petits logements et chambres à louer sont souvent déficientes et mettent en lumière les faiblesses flagrantes de l’offre en logement privé à Saint-Jérôme. La CDC RDN souhaite poursuivre l’exploration du parc locatif privé afin d’obtenir un portrait plus complet. 19
4. PORTRAIT DES PERSONNES PRÉCARISÉES La Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) considère qu’un logement est abordable lorsque le ménage y consacre moins de 30 % de son revenu avant impôt44. Au-delà de ce seuil, les ménages doivent réduire les autres dépenses essentielles comme la nourriture, les vêtements, l’éducation et les soins de santé. Pour sa part, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) affirme que la province vit une crise du logement en raison de l’écart grandissant entre la capacité de payer des locataires et les prix des loyers. L’« Enquête Nationale auprès des Ménages », réalisée par Statistique Canada en 2011, montre que 479 75045 ménages locataires québécois consacrent plus de 30 % de leur revenu pour se loger. La situation dans la MRC RDN semble tout aussi difficile pour une partie de la population selon le tableau suivant : Tableau 14 : Caractéristiques des ménages et des coûts d’habitation dans la MRC RDN en 201146 Caractéristiques des ménages Pourcentage Proportion de ménages locataires 35 % Proportion de ménages comptant un seul soutien financier 62 % Proportion des ménages locataires payant plus de 30 % de leur revenu en loyer 41 % Proportion des ménages vivant dans un logement subventionné 7% Dans la MRC RDN, les locataires sont nombreux à avoir des difficultés à payer leur loyer, particulièrement les familles monoparentales et les personnes seules. Le coût des loyers a une incidence directe sur la capacité des ménages à répondre à leurs autres besoins, dont la nourriture. On peut donc aisément en déduire que les besoins en vêtements, santé ou éducation ne sont pas suffisamment comblés. En 2011-2012, le CISSSL estimait que près de 25 000 personnes de plus de 12 ans vivaient en situation d’insécurité alimentaire47 sur le territoire des Laurentides et que le nombre de ces personnes soutenues est en hausse constante. 4.1 Les femmes : l’itinérance invisible « Les femmes sont plus souvent locataires et toujours plus pauvres que les hommes », clame le FRAPRU. Leur document de mars 2015, « Femmes, logement et pauvreté 48» fait ressortir les faits saillants des défis rencontrés par les femmes en matière de logement au Québec : ⌂ Le revenu médian des femmes ne représente que 68 % de celui des hommes (22 900 $ contre 33 800 $); ⌂ 41 % des ménages locataires dont le principal soutien financier est une femme consacrent plus de 30 % de leur revenu en loyer, 44 SCHL. http://cmhc.beyond2020.com/HiCODefinitions_FR.html#_Logement_abordable. Juin 2015 45 FRAPRU. Dossier Noir-Logement et pauvreté-Chiffres et témoignages. Septembre 2014. Page 2 46 STATISTIQUES CANADA. Enquête nationale auprès des ménages 2011. http://www12.statcan.gc.ca/nhs-enm/2011/dp- pd/prof/details/page.cfm?Lang=F&Geo1=CD&Code1=2475&Data=Count&SearchText=La%20Rivière-du- Nord&SearchType=Begins&SearchPR=01&A1=All&B1=All&Custom=&TABID=1. Juin 2015 47 CISSSL. Rapport du directeur de santé publique des Laurentides 2014. Page 19 48 FRAPRU. Femmes-Logement et pauvreté-Mars 2015. 20
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