LE RISQUE ZOONOTIQUE EN FRANCE - 2E PARTIE - Alexandra Mailles / Jean-Paul Stahl Grenoble, 7 février 2018 - Infectiologie
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LE RISQUE ZOONOTIQUE EN FRANCE 2E PARTIE Alexandra Mailles / Jean-Paul Stahl Grenoble, 7 février 2018
Fièvre Q • Coxiella burnetii – Bactérie pseudo sporulée – 2 phases antigéniques – Persistance dans l’environnement • Espèces sensibles : ruminants +++, chien, chats, oiseaux, etc… – Surtout chèvres et moutons • Chez les ruminants – Forte prévalence – Variations interspécifiques et inter troupeaux ++++ – Pas de réglementation vétérinaire – Avortements et infertilité
Fièvre Q chez l’homme • Mode de contamination : – Inhalation +++++ – Contact direct (avortons, placentas animaux ) +/- – Alimentaire : non !! • Consommation de lait cru d’animaux infectés : séroconversion sans signes cliniques (Benson et al. Public Health Reports 1963, Krumbiegel et al. Archives of environnemental health 1970) – Tiques : pas de preuves de transmission !! • Zoonose « environnementale » – Cas aigus rares chez professionnels élevage – Epidémie : plutôt des personnes rarement exposées
La fièvre Q en France (PMSI) 300 Saisonnalité des formes chroniques 250 formes aigues hospitalisations pour fièvre Q, 2004-2008 (PMSI) 200 160 150 140 metropole aigus metropole chroniques 100 120 100 50 80 0 2004 2005 2006 2007 2008 60 40 14 20 Guyane 12 0 10 janv fév mars avril mai juin juil août sept oct nov déc 8 6 4 2 0 janv fév mars avril mai juin juil août sept oct nov déc
Fièvre Q : potentiel épidémique Lieu, date Nb cas Origine Typologie Briançon 1996 29 cas Aérosol abattoir Professionnels et riverains Montoison 2000 10 cas Épandage élevage caprin Riverains Chamonix 2002 126 cas Pré-transhumance Riverains Florac 14 cas indéterminée Riverains + centre de formation Cholet 2009 50 cas Abattoir Professionnels mais administratifs Vaucluse/Drôme 46 cas Journée portes ouvertes Visiteurs 2014 à la ferme Indre 2017 17 cas Camping à la ferme Visiteurs et famille éleveur (nouveau métier)
Fièvre Q : clinique • Incubation 2 à 6 semaines • > 50 % formes asymptomatiques • 1 à 3 % Formes aigues chronicité • Formes aiguës – Syndrome pseudo-grippal (F ++++) – Pneumonie atypique d’évolution favorable – Hépatite sans ictère – Très rares : myocardite, péricardite, encéphalite – Avortement : oui mais pas systématique et pas pathognomonique
• Formes chroniques = symptômes + diagnostic biologique Rares (1 à 2 %) – Endocardites et infections vasculaires – Spondylodiscites – Embols bactériens – (Fibrose pulmonaire) – (Hépatite chronique) • Facteurs de risque – valvulopathie cardiaque, – prothèse valvulaire, – anévrysme, – prothèse vasculaire
Fièvre Q : diagnostic • Sérologie – Particularité de Coxiella : 2 phases antigéniques • Phase II : plutôt FQ aigüe • Phase I: plutôt FQ chronique – IFI, ELISA, (RFC) mesurer IgM et IgG Phase II + IgG phase I Possibles faux négatifs en début de maladie À interpréter avec la clinique • PCR : sur le sang/sérum pendant les 2 premières semaines • Isolement : valves cardiaques, placenta…
Diagnostic sérologique chez l’homme Immunofluorescence indirecte (IFI) Titres en IFI Titres en IFI IgG Ph2 IgG Ph2 IgM Ph2 IgG Ph1 IgG Ph1 10 jours 1 mois 3 mois 10 ans Infection aiguë avec ou sans clinique Maladie chronique : IgG ph1 élevés (primo-infection) : IgM et IgG ph2 Source : E. Rousset, ANSES
Schneeberger et al. Clinical and vaccine immunology 2010;17(2):286-90. • PCR C. burnetii IS1111 Forte Se et Sp de la PCR en début d’infection
Questions autour de la FQ • Quelle prise en charge ? • Faut il chercher les facteurs de risque de gravité/ chronicité chez les cas de FQ aigus ? • Faut il chercher la FQ chez les porteurs de facteurs de risque dans un contexte d’épidémie ? • Quelle prise en charge chez la femme enceinte ? Recommandations du HCSP (avis du 23/12/2013) http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401
Fièvre Q : prévention • Prophylaxie après exposition : PAS DE PROPHYLAXIE • Formes asymptomatiques : PAS DE TRAITEMENT http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401
Fièvre Q aiguë : prise en charge • Formes aiguës symptomatiques : 2 à 3 semaines – Enfants < 8 ans : cotrimoxazole à adapter selon le poids (hors AMM) – Adultes : doxycycline 200 mg/j en une prise – Alternative : roxithromycine, clarithomycine (10j max chez l’enfant) • Immunodéprimés : pas d’arguments pour un schéma thérapeutique différent http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401
Fièvre Q aiguë : prise en charge (2) http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401 • Recherche de facteurs de risque de gravité/chronicité par échographie cardiaque si et seulement si – âge > 50 ou – facteurs de risque déjà connu ou – auscultation cardiaque anormale • Prophylaxie au delà du traitement chez le patient atteint de FQ aigüe avec des facteurs de risque de forme chronique – Bénéfice non prouvé d’une prophylaxie au delà du traitement de la FQ aigüe à discuter au cas par cas avec un infectiologue
FQ aiguë : prise en charge (3) http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401 • Si absence de facteur de risque de chronicité suivi clinique et sérologique de la FQ aiguë à 3 et 6 mois et arrêt si IgG phase I < 800 • Si présence de facteur de risque de chronicité surveillance clinique et sérologique des cas de FQ aiguë à 3, 6, et 12 mois.
FQ chronique : recommandations • Recours recommandé à un infectiologue pour le traitement (durée et suivi) • En cas d’exposition avérée chez un patient non malade porteur de facteurs de risque de FQ chronique: recherche de FQ aiguë et si oui, suivi (cf. plus haut) http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401
FQ et grossesse http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401 • Complications décrites – Placentite : Avortements, hydramnios, retard de croissance, prématurité – Pas de malformations • Existence d’un sur-risque ? : résultats contradictoires – Carcopino, CID 2007 : sur-risque – Van der Hoek, BMC infect. Dis. 2011 : pas de sur-risque – Nielsen, PLOS one 2012: pas de sur-risque – Quidija, CMI 2012 : Sur-risque Mais aucune étude prospective et niveau de preuve très faible
FQ et grossesse : recommandations • Niveaux de preuves très faibles à faibles • Éviction des femmes enceintes des tâches les plus à risque dans un élevage atteint • Rechercher une FQ chez une femme enceinte fébrile dans un contexte d’épizootie ou d’épidémie • Traiter les femmes enceintes atteintes de FQ par cotrimoxazole (hors AMM) pendant au moins 5 semaines et jusqu’à au plus 2 semaines avant le terme http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401
FQ et grossesse : recommandations (2) • Pas de prophylaxie en cas d’exposition • Pas de dépistage en cas d’exposition et en l’absence de symptômes • Pas de contre-indication à l’allaitement vis-à-vis de l’infection, mais à considérer en cas de médicament excrété dans le lait • Recours conseillé à un infectiologue http://www.hcsp.fr/explore.cgi/avisrapportsdomaine?clefr=401
La rage
Points clés sur la maladie • Rage = encéphalite/encéphalomyélite – Morsure/griffure/léchage peau lésée – Hydrophobie/aérophobie – Pas de transmission interhumaine sauf greffe • 55 000 cas/ an – Afrique et Asie : Inde, Chine, Bali +++++++ – 50% cas < 15 ans (garçons ++++) – 99% contaminations mondiales due à un chien
Une maladie stupide • La contamination est visible, perceptible • La prophylaxie est efficace après l’inoculation du virus • L’efficacité vaccinale est de 100 % • La létalité est de 100% • Les obstacles • Accès au soin • Excrétion pré-symptomatique
Les Lyssavirus (non exhaustifs) Hôtes secondaires Distribution Nom Génotype Réservoirs / «culs de sac» Cas Humains Protection géographique épidémiolgiques vaccinale Partout sf (Japon, 55 000/an Rage Chien, carnivores sauvages, Humains, carnivores, Australia, Hawai, (98% par classi 1 chauves souris dans les herbivores (bétail, Oui etc.) and Europe mosure de que Ameriques chevaux) Ouest. chien) Chauves souris frugivores Carnivores : chats, LBV 2 Afrique Jamais décrit Non (ex. Roussettes) chiens, mangoustes Humains, chats, 1 confirmé, MOKV 3 Afrique Inconnu musaraignes, chiens, Non 1 suspect rongeurs Chauves souris insectivores Humains Très DUVV 4 Afrique (genre Minopterus) 3 partielle 1 confirmé EBLV- Chauves souris insectivores Humains, Chats, 5 Europe and 2 Partielle 1 (genre Eptesicus, etc.) Moutons, Martes suspects EBLV- Chauves souris insectivores 6 Europe Humains 2 Partielle 2 (genre Myotis, etc.) Chauves souris frugivores ABLV 7 Australie ou insectivores (espèces Humains 2 Partielle locales) Non Asie Centrale Chauves souris insectivores ARAV ? Jamais décrit Partielle class. (Kirghizistan) (genre Myotis) Non Asie Centrale Chauves souris insectivores KHUV ? Jamais décrit Partielle class. (Tadjikistan) (genre Myotis) Non Chauves souris insectivores IRKV Sibérie ? Jamais décrit Partielle class. (genre Murina) Non Chauves souris insectivores WCBV Caucase ? Jamais décrit Non class. (genre Miniopterus) Source : CNR de la rage, Institut Pasteur
La rage terrestre en Europe : une situation favorable mais pas maîtrisée Rage vulpine, données 2016
Rage des chiroptères en Europe • EBLV : European bat lyssavirus – Pathogène pour l’Homme – Efficacité vaccinale partielle • BBLV : Bokeloh Bat LyssaVirus – Décrit en 2011 : Émergent ? Eptesicus serotinus – Pathogénicité pour l’Homme inconnue – Efficacité vaccinale inconnue • LBLV : Lleida bat lyssavirus – Décrit en Espagne en 2013 – Pathogénicité pour l’Homme inconnue – Efficacité vaccinale inconnue
La rage humaine en Europe Human rabies in Europe, 1990-2012 30 Number of cases 25 20 15 10 5 0 Year Sources : TESSy, ECDC
Pays indemnes et non indemnes de rage terrestre Cas importés Cas Autochtones 11% 89% Pays indemnes : Pays non indemnes Cas Importés Cas autochtones Sources : Rabies Bulletin Europe and Rabnet
La rage en France • 22 cas humains depuis 1970 – Tous sauf un importés – 1 cas en Guyane en 2008 – 1 cas importé du Sri Lanka à Lyon en 2017 • Des cas animaux importés – Personnes exposées – Autres animaux exposés • Des chauves souris
Exposition en France à des animaux importés atteints de rage
Prévention de la rage humaine • Passe obligatoirement par le contrôle de la rage animale (terrestre) – Contrôle des chiens errants – Contrôle des animaux importés – Vaccination des réservoirs sauvages terrestres (renards principalement) – (Vaccination des animaux domestiques) • Vaccination préventive des personnes les plus exposées • Traitement post exposition des exposés accidentels
Vaccination orale des renards en Europe • Suisse 1978 • Vaccins vivants Photo/U.S. Department of Agriculture, Animal and Plant Health Inspection Service, Wildlife Services
• Impact de la vaccination orale des renards 1990-2003 2008 Sources : Rabies Bulletin Europe
Rage :Traitement post exposition • Vaccin +/- immunoglobulines • Ne peut être prescrit que par un Centre AntiRabique (CAR) • Liste des CAR : https://www.pasteur.fr/fr/file/2746/download?token=al _Z5BBB
Rage : critères de décision pour le TPE • Selon la morsure : recos OMS – grade I – contact direct, nourrir un animal, léchage sur peau non lésée pas de TPE – grade II – mâchonnement de la peau non couverte, griffures superficielles, abrasion sans saignement vaccin ( + Ig en cas d’immunosuppression) – grade III – morsure ou griffure avec plaie cutanée, léchage sur muqueuse ou peau lésée, contact direct avec une chauve souris vaccin + Immunoglobulines
Rage : critères de décision pour le TPE (2) • Selon le mordeur : – Chauves souris : risque toujours réel – Carnivores sauvages : selon situation locale – Animaux domestiques (carnivores et ruminants) : selon situation locale – Rongeurs : non (mais est-ce bien un rongeur ?) Le comportement de l’animal mordeur n’est pas un critère de diagnostic et encore moins de décision de TPE : excrétion pré- symptomatique (10 – 15j)
Rage : critères de décision pour le TPE (3) • Selon la disponibilité du mordeur – Mordeur disponible : surveillance mordeur ou test biologique arrêt du TPE si animal vivant en fin de surveillance ou test négatif pays indemnes : envisager d’attendre pour commencer le TPE (au cas par cas) – Mordeur non disponible évaluation de risque locale • Zone notoirement enzootique TPE • Pas d’information disponible TPE • Chauve souris TPE • Zone officiellement indemne de rage terrestre ??? • Recommandations en cours d’élaboration au HCSP
https://www.gov.uk/government/publications/rabies-risks- by-country/rabies-risks-in-terrestrial-animals-by-country
Traitement post exposition • Patients non antérieurement vaccinés – Schéma 4 doses : 2 x J0 puis 1 xJ7 et 1xJ21 – (Schéma 5 doses : J0/J3/J7/J14/J28) • Patients antérieurement vaccinés – J0/J3 – Pas d’immunoglobulines • Immunoglobulines – Humaines 20 UI/kg – Equines 40 UI/kg – Dans ou autour de la(les) plaie(s)
Vaccination préventive • « Back-packers » (les vrais !) • Virologues travaillant sur les Lyssavirus • Chiroptérologues • 3 doses : J0 + J7 + J21 ou 28 http://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=hcspa20130222_vaccin ationragerecommandations.pdf
Le plan OMS : « Zero by 30 » • Objectif : élimination de la rage humaine d’origine canine d’ici à 2030 • Points –clés : – Pas mordu pas contaminé – Maîtrise de la rage canine – Vaccination préventive des plus exposés si rage canine non controlable – Vaccination post-exposition des exposés
Le plan OMS : « Zero by 30 » (2) • Modification des schémas vaccinaux – Schéma court post exposition – Utilisation vaccin en intra dermique – Schéma préventif court transcription nécessaire pour la France (HAS, HCSP) • Risque de ruptures d’approvisionnement vaccinal plus fréquentes et plus durables
En conclusion Pas mordu pas contaminé Pas contaminé pas vacciné !
Cowpox
Infections à cowpox • Orthopoxvirus, BSL3 • Transmission par les rongeurs, les chats • Immunité partielle chez les personnes vaccinées contre la variole (fin en 1982) • Diagnostic : PCR, microscopie électronique • Pas de traitement antiviral (chirurgie éventuelle) Elsendoorm, J Infection 2011
Cowpox vs charbon cutané Pas facile..... Rechercher les expositions à risque
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