LE SURENDETTEMENT DES MÉNAGES ENQUÊTE TYPOLOGIQUE 2017 - DÉCEMBRE 2018 - Banque ...
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DÉCEMBRE 2018 LE SURENDETTEMENT DES MÉNAGES ENQUÊTE TYPOLOGIQUE 2017 ANALYSE DES REDÉPOSANTS Période 2012-2017
SOMMAIRE REPÈRES5 Note liminaire 7 SYNTHÈSE9 1| Contexte et objet de l’étude 9 2| Principaux résultats 10 2|1 Les redépôts interviennent pour différentes raisons et à différentes étapes de la procédure 10 2|2 Des situations et des populations différentes 10 2|3 Principales conclusions 12 3| Contexte socioéconomique, répartition géographique des redépôts de dossiers de surendettement 16 ANALYSE DES REDÉPÔTS 19 1| Évolution des dépôts et redépôts depuis dix ans 19 2| Taux de redépôt 20 3| Délais de redépôt 23 4| Principales causes de redépôt 25 5| Spécificités des orientations postérieures à un redépôt 27 CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES RESSOURCES ET PATRIMOINE DES REDÉPOSANTS 29 1| Profils sociodémographiques 29 2| Caractéristiques professionnelles 32 3| Ressources, patrimoine et capacité de remboursement 34 MONTANT ET STRUCTURE DE L’ENDETTEMENT PAR CATÉGORIE DE REDÉPOSANTS 37 1| Structure globale de l’endettement 37 2| Endettement financier 39 2|1 Dettes immobilières 39 2|2 Dettes à la consommation 40 3| Arriérés de charges courantes 42 4| « Autres dettes » 43
SOMMAIRE ANNEXES47 Annexe 1 Nomenclature de l’endettement, définitions et précisions méthodologiques concernant les dettes et la procédure de traitement du surendettement 47 Annexe 2 Schéma de la procédure de traitement du surendettement en 2017 51 Annexe 3 Professions et catégories socioprofessionnelles 53 Annexe 4 Suivi de la population des primodéposants de l’année 2012 55 PARUTIONS59
REPÈRES Chiffres clés sur les redépôts de dossiers de surendettement 86 109 redépôts de dossiers en 2017, contre 95 163 primodépôts 40 % taux global estimé de redépôt en 2017 (45 % en 2015) Le taux de redépôt est très différent selon la situation du débiteur principal à l’issue de la précédente procédure de surendettement 66 % chez les ménages ayant préalablement bénéficié d’une mesure d’attente au sens large (plan d’attente ou moratoire, suspension d’exigibilité des créances [SEC] ou autres mesures d’attente) 43 % des ménages ayant bénéficié de mesures prévoyant un remboursement total ou partiel de leurs dettes (plan amiable, mesures de réaménagement et d’effacement partiel de dettes, hors mesures d’attente) 13 % des ménages dont la procédure précédente s’était conclue par un effacement total des dettes (procédure de rétablissement personnel ou PRP) En 2017, des délais médians de redépôt contrastés : • 8 mois pour les redépôts après irrecevabilité, constat d’échec, clôture sans traitement du surendettement • 19 mois pour les redépôts en raison du non-respect d’un plan ou de mesures • 41 mois pour les redépôts suite à PRP 20 892 euros d’endettement médian par ménage redéposant en 2017, soit 20 % de plus que la dette médiane des primodéposants 6 308 euros d’endettement médian par ménage redéposant en 2017 après une précédente PRP, soit moins du tiers de la dette médiane de l’ensemble des redéposants Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017 5
Note liminaire Définition d’un redépôt Dans cette étude, nous considérons qu’il y a redépôt d’un dossier de surendettement lorsqu’un débiteur principal, identifié par son numéro de dossier dans l’application de traitement du surendettement de la Banque de France, a déjà soumis une ou plusieurs fois sa situation, en tant que débiteur principal, au secrétariat d’une commission de surendettement au cours des mois ou années précédentes. Aucune limite a priori n’est fixée au délai entre un redépôt et le dépôt précédent, même si plus de 98 % des redépôts identifiés sont intervenus dans un délai maximal de dix ans après le dépôt antérieur. Constitution des séries statistiques Les données des séries statistiques relatives aux années 2010 à 2017 publiées et analysées dans le présent document sont issues d’une extraction des données valides contenues dans la base de données de la Banque de France sur le surendettement au 31 mars 2018. En outre, les règles et modalités de construction des séries ont été, autant que possible, précisées et harmonisées de façon à améliorer la qualité des évolutions et comparaisons temporelles, ainsi que la pertinence des analyses. L’inconvénient principal de ces traitements est que les données constitutives des séries statistiques révisées diffèrent légèrement des données diffusées précédemment par la Banque de France. Les redépôts multiples Le cas des redépôts multiples n’est pas étudié spécifiquement dans ce document. Tout dossier déposé associé à un dépôt antérieur, la même année ou auparavant, est considéré comme un redépôt. À titre d’illustration, nous avons établi que sur les 141 347 primodépôts ayant fait l’objet d’un traitement validé par une commission de surendettement en 2012, 56 688 d’entre eux, soit 40,1 %, ont donné lieu à au moins un redépôt, 12 609, soit 8,9 %, ont fait l’objet de deux redépôts ou plus et 1 810, soit 1,3 %, ont été soumis trois fois au secrétariat d’une commission de surendettement entre la date du traitement initial et le 31 décembre 2017. Les différentes catégories de redéposants De premières observations montrent que la population des redéposants est non seulement hétérogène, comme peut l’être celle des primodéposants, mais que certaines spécificités des ménages concernés sont fréquemment associées au type de mesures dont ils ont bénéficié à l’issue du dépôt précédent. Pour enrichir l’analyse, mais aussi pour fournir des pistes de réflexion en vue d’une meilleure efficience de la procédure, nous avons donc partagé la population des redéposants en fonction du dernier événement observé avant le redépôt. Les événements permettant de circonscrire les sous-populations étudiées sont énumérés ci-dessous. • Plans d’attente et moratoires, mesures d’attente hors suspension d’exigibilité des créances : ces mesures consistent en une suspension ou une réduction temporaires des paiements de dette et d’intérêts, destinées à permettre aux débiteurs d’améliorer leur situation financière. • Suspension d’exigibilité des créances (SEC), accordée pour une période de 18 mois à deux ans en général, et au terme de laquelle le débiteur peut déposer un nouveau dossier auprès de la commission s’il estime n’être toujours pas en mesure de faire face à son endettement. Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017 7
NOTE LIMINAIRE • Plans ou mesures en cours non respectés, concernant tous les débiteurs ayant redéposé un dossier de surendettement alors que le plan conventionnel négocié avec leurs créanciers ou les mesures d’effacement partiel de dettes décidées par la commission et, le cas échéant, homologuées par le juge d’instance n’ont pu être menées à leur terme selon l’échéancier prévu. • Procédure de rétablissement personnel, signifiant l’effacement total de l’ensemble des dettes éligibles ou le renvoi vers une liquidation judiciaire pour les ménages disposant d’un patrimoine significatif. • Échecs et interruptions de procédure, incluant les cas d’irrecevabilité, de clôture de dossier, de constat d’échec. • Autres redépôts, constitués principalement de redépôts effectués par des ménages totalement sortis de la procédure précédente et ayant remboursé tout ou partie de leurs dettes conformément au plan ou aux mesures mis en œuvre. Plans d’attente et moratoires, mesures d’attente y compris SEC sont parfois regroupés dans cette étude sous le vocable de « mesures d’attente ». 8 Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017
Synthèse 1| Contexte et objet de l’étude Depuis 2015, le nombre de situations de surendettement 1 soumises aux commissions de France métro- politaine diminue. Entre 2014 et 2017, la baisse cumulée atteint ainsi 22 % ; elle se poursuit en 2018, avec un recul de 10 % sur les sept premiers mois comparés à la période équivalente de 2017. Mais cette baisse est inégalement répartie entre les différentes catégories de ménages surendettés. Un partage des dépôts de dossiers de surendettement entre primodépôts, qui concernent une population nouvellement touchée par le surendettement, et redépôts, émanant de ménages précédemment confrontés à une situation de surendettement, montre que si le nombre de primodépôts se réduit depuis 2012, avec une accélération sur les trois dernières années, les redépôts n’ont commencé à refluer qu’en 2015, et de façon beaucoup moins marquée. Cette différence est l’une des raisons qui nous ont conduits à nous intéresser spécifiquement aux redépôts et aux profils des redéposants, après avoir analysé spécifiquement le profil des primodéposants – voir « Parutions » en fin d’ouvrage. L’étude est réalisée à partir des redépôts de dossiers 2 effectués entre le 1er janvier et le 31 décembre 2017. Les redépôts, qui peuvent intervenir à différentes étapes de la procédure de traitement du surendettement (cf. annexe 2), ainsi qu’après sa clôture, sont analysés sous plusieurs angles : leur évolution au cours des dix dernières années ; leurs causes et délais ; les taux de redépôt et les décisions d’orientation des dossiers prises par les commissions après redépôt. Toutes ces analyses montrent que les redépôts recouvrent des situations, des profils personnels et professionnels, des structures d’endettement très hétérogènes, dont une description globale ne saurait rendre compte. Nous avons donc défini plusieurs sous-populations de redéposants en fonction du type de décision ou de mesures prises par les commissions de surendettement, dont les redéposants avaient bénéficié lors du dépôt précédent. Nous avons ensuite comparé les caractéristiques sociodémographiques et profes- sionnelles, les ressources, la structure de la dette de ces sous-populations, entre elles, et avec celles de la population des primodéposants 3. Tableau 1 Répartition des situations de surendettement soumises aux commissions de surendettement en 2017 (nombre en unités, part en %) Ensemble Primo- Redéposants des déposants Ensemble dont dont fin de dont plans dont redépôts dont dont situations des moratoires, suspension ou mesures suite à une échecs et autres soumises redépôts mesures d’exigibilité en cours non procédure de interruptions redépôts (primo- d’attente, des créances respectés rétablissement de procédure dépôts plans personnel et redépôts) d’attente Nombre de situations soumises aux commissions 181 272 95 163 86 109 12 585 23 353 26 518 8 579 10 747 4 327 Répartition 100,0 52,5 47,5 6,9 12,9 14,6 4,7 5,9 2,4 Répartition des redépôts – – 100,0 14,6 27,1 30,8 10,0 12,5 5,0 Source : Banque de France. 1 Ou le nombre de dépôts de dossiers de surendettement, locution qui dans cette étude sera utilisée alternativement avec le nombre de situations soumises aux commissions. 2 Cf. définition d’un redépôt en note liminaire de cette étude. 3 Les différentes catégories de redéposants sont décrites en note liminaire de la publication. On peut consulter le schéma de la procédure de traitement du surendettement en annexe 2 pour situer ces catégories dans les différentes voies et étapes de la procédure. Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017 9
SYNTHÈSE L’objectif de cette étude est non seulement de mieux connaître et caractériser la population des redépo- sants au sein des ménages surendettés, mais aussi d’effectuer un suivi longitudinal des parcours menant au redépôt, afin d’alimenter la réflexion et la connaissance des forces et faiblesses de la procédure de traitement du surendettement. Une réduction des redépôts améliorerait l’efficience de la procédure au bénéfice de la collectivité nationale, mais aussi pour les surendettés eux-mêmes, en renforçant le caractère durable des solutions apportées par les commissions. 2| Principaux résultats 2|1 Les redépôts interviennent pour différentes raisons et à différentes étapes de la procédure Les redépôts de dossiers de surendettement, qui ne sont soumis à aucune restriction légale ou régle- mentaire 4, sont toujours effectués à l’initiative des débiteurs. Ils peuvent intervenir après une décision d’irrecevabilité prise par la commission, en cas d’échec du plan amiable négocié entre débiteur et créanciers, ou après la clôture, sans solution, d’un dossier. Ils ont aussi fréquemment lieu au terme d’une période de suspension d’exigibilité des créances (SEC) ou après la conclusion d’un moratoire, d’un plan d’attente ou de mesures d’attente 5. Les redépôts sont également susceptibles d’intervenir lorsque le traitement du dossier par la commission et, le cas échéant, par le juge d’instance, est considéré comme clos, des mesures dites pérennes ou durables ayant été mises en place, mais avant que les débiteurs ne puissent être considérés comme totalement sortis du surendettement. C’est le cas quand les débiteurs ne parviennent pas à respecter les échéances de leur plan de réaménagement ou de leurs mesures imposées ou recommandées et qu’ils reviennent vers une commission de surendettement sans avoir été radiés du fichier des incidents de remboursements des crédits aux particuliers (FICP). Enfin, certains redépôts, peu nombreux, se produisent plusieurs années après le dépôt initial, alors que les débiteurs ont rempli toutes les obligations qui leur avaient été assignées dans le cadre de la procédure. 2|2 Des situations et des populations différentes Le croisement statistique des caractéristiques sociodémographiques et professionnelles des ménages, de la nature et de la structure de leurs revenus et de leur endettement, de leur comportement en matière financière et des décisions d’orientation des commissions dans le cadre déterminé par les lois et pratiques en vigueur permet de préciser les contours de certaines sous-populations de personnes surendettées présentées ci-après. Les ménages redéposant un dossier après une suspension d’exigibilité des créances 23 353 débiteurs ayant préalablement bénéficié d’une SEC ont redéposé un dossier en 2017, ce qui représente 27 % des redéposants. Débiteurs et codébiteurs sont nettement plus jeunes que l’ensemble des redéposants (42,3 ans en moyenne, contre près de 50 ans), et parmi eux les femmes sont légèrement surreprésentées (56 %, contre 52 % des personnes surendettées). Ces ménages ont en moyenne davantage de personnes à charge que l’ensemble des redéposants (1,07, contre 0,91) et sont très majoritairement locataires de leur logement (86 %) ou hébergés gratuitement (10 %). 58 % des personnes qui en font partie sont chômeurs, sans profession, en congé maladie longue durée ou invalides. Ils sont dépendants des 4 Sauf à être interdits tant qu’un autre dossier est en cours d’instruction. 5 Dans la suite de notre étude, ces mesures, lorsqu’elles sont appréhendées dans leur ensemble, sont désignées sous le vocable de « mesures d’attente ». Celles-ci peuvent prévoir des mensualités de remboursement (plans et mesures d’attente) ou consister en une période de suspension temporaire des remboursements (moratoires et SEC). 10 Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017
SYNTHÈSE prestations sociales, de logement et de minima sociaux qui constituent 36 % de leurs revenus. Leurs ressources mensuelles sont inférieures à 1 445 euros dans 53 % des cas et 63 % d’entre eux ont une capacité de remboursement 6 négative. Leur endettement moyen, de 32 602 euros, est inférieur de 25 % à celui des autres redéposants. Leurs dettes à la consommation, présentes dans 85 % des dossiers, représentent plus de 40 % de leur endettement global. Les ménages qui ne parviennent pas à respecter leur plan ou leurs mesures 26 518 débiteurs, ne parvenant pas à respecter les échéances de leur plan ou de leurs mesures, ont redéposé un dossier en 2017 (soit 31 % des redépôts). Ils vivent plus fréquemment en couple que les autres redéposants, sont également plus âgés et ont en moyenne moins de personnes à charge. Ces ménages sont propriétaires de leur logement ou accédants à la propriété dans 12 % des cas, et plus de 61 % des débiteurs et éventuels codébiteurs occupent un emploi ou sont retraités. Leurs ressources sont constituées à 84 % de revenus d’activité et de pensions, et leur revenu médian 7 s’élève à 1 758 euros par mois. Leur endettement moyen atteint plus de 46 000 euros, supérieur de 9 % à celui des primodéposants. Leurs dettes à la consommation représentent près de la moitié de leur endettement global, plus de 80 % des dossiers contenant au moins un crédit renouvelable. En dépit de ressources élevées, leur capacité de remboursement reste faible, inférieure à 450 euros dans plus de 70 % des cas et négative dans 35 % des situations. Tableau 2 Caractéristiques des redéposants en fonction de la situation précédant le redépôt Moratoires, Fin de Plans ou Redépôts Échecs et inter mesures suspension mesures en suite à une ruptions de d’attente, d’exigibilité cours non procédure de procédure plans d’attente des créances respectés rétablissement personnel Nombre de dossiers concernés (en unités) 12 585 23 353 26 518 8 579 10 747 Nombre de personnes concernées a) (en unités) 16 164 29 090 35 304 10 265 13 875 Proportion de personnes surendettées vivant en couple b) (en %) 56 53 58 37 54 Nombre moyen de personnes à charge par dossier (en unités) 0,93 1,07 0,79 0,88 0,88 Âge moyen a) (en années) 47,6 42,3 50,3 49,4 48,5 Proportion de femmes parmi les débiteurs et codébiteurs (en %) 53 56 54 63 53 Proportion de locataires et ménages hébergés gratuitement c) (en %) 73 95 86 98 83 Proportion de chômeurs parmi les débiteurs et codébiteurs (en %) 25 36 20 30 25 Part des prestations familiales, de logement et des minima 21 36 13 50 21 sociaux dans l’ensemble des revenus des ménages (en %) Proportion de ménages ayant un patrimoine supérieur à 30 5 13
SYNTHÈSE La population des redéposants suite à une procédure Graphique 1 de rétablissement personnel Endettement moyen et médian des primodéposants et des différentes catégories de redéposants En 2017, 8 579 redéposants (à l’origine de 10 % (en euros) des redépôts) avaient bénéficié d’une procédure 70 000 de rétablissement personnel (PRP) à l’issue de leur 60 000 précédent dépôt. D’un âge moyen proche de 50 000 celui de l’ensemble des redéposants (49,4 ans), 40 000 ils vivent nettement moins souvent en couple, mais ont presque autant de personnes à charge (0,88, 30 000 contre 0,91 par ménage). Ces ménages, très 20 000 majoritairement constitués de femmes seules, sont 10 000 à 98 % locataires ou hébergés à titre gratuit, les 0 deux tiers des débiteurs et éventuels codébiteurs 1 2 3 4 5 6 7 étant chômeurs, sans profession ou invalides. Ils n’ont Endettement moyen Endettement médian aucun patrimoine, des ressources constituées à 50 % 1 Primodéposants de prestations familiales et d’allocations logement ou 2 Redéposants de minima sociaux. Dans plus de 70 % des cas, leurs 3 dont suite à moratoire, mesures d’attente et plans d’attente ressources sont inférieures à 1 445 euros par mois. 4 dont suite à fin de suspension d’exigibilité des créances 5 dont suite à plans ou mesures en cours non respectés Plus des trois quarts d’entre eux n’ont aucune capacité 6 dont suite à procédure de rétablissement personnel de remboursement. Leur endettement médian dépasse 7 dont suite à échec et interruption de procédure tout juste 6 300 euros et leur endettement moyen est Source : Banque de France. de 10 264 euros, soit moins du quart de celui des primodéposants ou des autres redéposants. Les crédits à la consommation ne représentent que 20 % de leur endettement, majoritairement constitué d’arriérés de charges courantes, et notamment d’arriérés de loyers. Dans cette population, principalement formée d’adultes vivant seuls et de familles monoparentales, l’ouverture d’un nouveau dossier relève manifes- tement davantage d’une insuffisance chronique de ressources et d’une fragilité sociale et financière que du surendettement, entendu comme un excès de consommation financé à crédit. 2|3 Principales conclusions Les analyses menées dans le cadre de l’étude sur les redépôts permettent d’établir des liens entre les caractéristiques des ménages, les mesures prises lors du dépôt initial et la fréquence des redépôts. L’indicateur synthétique de redépôt 8 après mise en place de mesures d’attente (avec ou sans mensualités de remboursement) lors du dépôt initial est estimé à 66,5 % en 2017, taux stable par rapport aux deux années précédentes. Ce taux particulièrement élevé, accompagné de délais courts 9, suggère que la décision de surseoir à la mise en œuvre de solutions durables ne permet généralement pas aux ménages qui en bénéficient d’améliorer leur situation financière et ne fait que retarder leur sortie du surendettement. Dans les situations les plus compromises, et lorsque cela est possible, en l’absence notamment de bien immobilier, une orientation d’emblée vers une PRP se révélerait sûrement plus efficace à en juger par les résultats de ce type de mesure (cf. infra), d’autant qu’au final, après redépôt, près de 60 % des bénéficiaires d’une SEC et 34 % des bénéficiaires d’un moratoire, d’un plan ou de mesures d’attente se voient proposer une PRP. En 2017, l’indicateur synthétique de redépôt après mise en place d’un plan conventionnel ou de mesures de réaménagement de dettes (hors mesures d’attente) est estimé à 43,4 %. Le niveau de l’indicateur a signi- ficativement baissé depuis 2015 (49,7 %), et par comparaison avec les taux de redépôt des années 2010 à 2012 (de 51,7 % à 47,3 %), mais les délais médian et moyen de redépôt après la validation du plan 8 Cf. définition et mode de calcul au chapitre 1, titre 2. 9 Les graphiques sur les délais cumulés de redépôt montrent que 75 % environ des redépôts ayant eu lieu en 2017 et faisant suite à une suspension d’exigibilité des créances se sont produits entre le 23e et le 35e mois suivant la mise en place de la SEC. Les redépôts suite à moratoire, plan ou autres mesures d’attente sont moins concentrés dans le temps. Cependant 73 % de ceux qui ont eu lieu en 2017 avaient bénéficié d’un moratoire ou d’une mesure d’attente arrêtée moins de trois ans auparavant. 12 Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017
SYNTHÈSE ou des mesure restent courts (respectivement de 1,6 et 2,2 années). Près du quart des redépôts ont même lieu dans les dix mois suivant la validation (cf. graphique 2 ci‑après), ce qui signifie probablement qu’une partie des plans et mesures échouent avant même d’avoir été mis en applicationpar les débiteurs. Les causes de redépôt sont pour partie des « accidents de la vie » ou des événements imprévus, qui ne peuvent être pris en compte dans les plans ou mesures initiaux. Mais, selon les déclarations des redéposants ayant bénéficié de plans et de mesures, une part importante des redépôts intervient alors que « rien n’a significativement changé dans leur situation ou leur endettement ». Ils sont également nombreux à évoquer une baisse des ressources ou une hausse des charges, ainsi qu’une augmentation de leur endettement pour expliquer leur retour devant une commission. Ces résultats semblent indiquer que les ménages auxquels sont proposés un plan conventionnel ou des mesures de réaménagement et d’effacement partiel de dettes restent trop souvent en situation de vulnérabilité financière malgré les mesures prises. Deux évolutions pourraient avoir des effets positifs en allongeant les délais de redépôt et en limitant leur fréquence, même si le coût apparent du surendettement s’en trouverait majoré pour les créanciers et la collectivité nationale : i) un recours accru au rétablissement personnel pour certains ménages dont la situation financière est la plus compromise et dont la capacité de remboursement est négative, et ii) un calcul moins restrictif du « reste pour vivre » 10 et des effacements de dettes légèrement plus marqués pour les autres ménages. Les décisions d’irrecevabilité, les échecs de la procédure et les clôtures de dossiers sans traitement effectif du surendettement sont pour partie inévitables, du fait de la non-conformité des dossiers, parce que la procédure est abandonnée par les débiteurs eux-mêmes ou pour d’autres raisons. Mais ces événements, qui représentaient près de 14 % des opérations de traitement effectuées par les commissions en 2017, ont un coût élevé pour la collectivité. Non seulement ils n’apportent aucune solution aux problèmes de surendettement, mais l’indicateur synthétique de redépôt est proche du tiers et, de surcroît, les redépôts interviennent rapidement, puisque 61 % des débiteurs qui reviennent vers une commission de surendettement le font dans les douze mois qui suivent la clôture du dossier précédent (cf. graphique 2). Les évolutions de la procédure de surendettement en 2018, en particulier la règle de l’accord tacite opposable aux créanciers, semblent avoir contribué à faire baisser le nombre d’échecs, mais laissent sans solution les cas de clôture et d’irrecevabilité. La mise en place d’une mesure de rétablissement personnel, toujours associée à l’inscription du débiteur au fichier des incidents de remboursements des crédits aux particuliers (FICP) pour une durée de cinq ans, constitue en revanche une modalité apparemment efficace de traitement du surendettement. Alors que les ménages bénéficiant de ce traitement se trouvent généralement dans des situations personnelles et profes- sionnelles plus défavorables que les autres ménages surendettés, et perçoivent en moyenne des ressources inférieures, l’indicateur synthétique de redépôt est faible (13 % en 2017) et le délai médian de redépôt (3,4 ans en 2017) sensiblement plus long que celui de toutes les autres catégories de redéposants, hormis ceux qui redéposent après être complètement sortis du surendettement. En outre, même si le nombre de redépôts suite à une précédente PRP a augmenté lors des dernières années, le coût en reste limité par la modestie des nouvelles dettes contractées après la mise en place de la PRP (comme indiqué plus haut). Une ventilation de l’indicateur synthétique de redépôt par département mise en regard du nombre de primodépôts pour 100 000 habitants (cf. carte 1 ci-après) montre que les territoires ne se recouvrent pas nécessairement. Quelques départements cumulent bien un niveau élevé de surendettement avant redépôts et un indicateur synthétique de redépôt nettement supérieur à la moyenne nationale (Nord, Seine-Maritime, Eure, Nièvre) et, à l’inverse, d’autres départements sont peu touchés par le surendettement, que ce soit en primodépôt ou redépôt (Lozère, Haute-Saône, Corse-du-Sud), mais ce n’est pas le cas général. Le nombre et la fréquence des redépôts de dossiers résultent davantage des décisions prises par les commissions et du comportement des ménages surendettés que de l’ampleur globale du surendettement ou de la vulnérabilité des populations. 10 Dans le cadre du traitement du surendettement des ménages, la Banque de France a établi un budget de vie courante ou « reste pour vivre » qui intègre le montant des dépenses de logement, d’électricité, de gaz, de chauffage, d’eau, de nourriture et de scolarité, de garde et de déplacements professionnels, ainsi que les frais de santé. Si certaines dépenses sont appréciées pour leur montant réel, les autres font l’objet d’une évaluation forfaitaire qui comprend les forfaits de base (alimentation, habillement, hygiène, mutuelle santé et frais de transport), d’habitation et de chauffage. Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017 13
SYNTHÈSE Graphique 2 Délais de redépôt cumulés en fonction de la situation après le premier dépôt (axe des abscisses en mois ; axe des ordonnées en %) a) Suite à moratoires, plans ou mesures d’attente b) Suite à fin de suspension d’exigibilité des créances 100 100 90 90 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 Lecture : 37,6 % des dossiers redéposés en 2017 suite à un moratoire, une Source : Banque de France. mesure d’attente ou un plan d’attente ont été redéposés dans les 24 mois suivant la validation du moratoire, de la mesure d’attente ou du plan d’attente concernant le dépôt précédent. Source : Banque de France. c) Suite à plans ou mesures en cours non respectés d) Suite à procédure de rétablissement personnel 100 100 90 90 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 Source : Banque de France. Source : Banque de France. e) Suite à échec et interruption de procédure 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 110 120 Lecture : 61,1 % des dossiers redéposés en 2017 suite à un échec ou à une interruption de procédure ont été redéposés dans les 12 mois suivant la constatation de l’échec ou de l’interruption de procédure du dépôt précédent. Source : Banque de France. Note d’ensemble : La représentation graphique des délais de redépôt est limitée à 10 ans (120 mois) pour faciliter la lecture des diagrammes. 14 Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017
SYNTHÈSE Graphique 3 Niveau d’endettement cumulé en fonction de la situation après le premier dépôt (axe des abscisses en milliers d’euros ; axe des ordonnées en %) a) Suite à moratoires, plans ou mesures d’attente b) Suite à fin de suspension d’exigibilité des créances 100 100 90 90 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 Source : Banque de France. Lecture : 28,0 % des dossiers redéposés en 2017 suite à une fin de SEC ont un niveau d’endettement inférieur ou égal à 11 000 euros. Source : Banque de France. c) Suite à plans ou mesures en cours non respectés d) Suite à procédure de rétablissement personnel 100 100 90 90 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 0 0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 Source : Banque de France. Lecture : 89,6 % des dossiers redéposés en 2017 suite à une PRP ont un niveau d’endettement inférieur ou égal à 20 000 euros. Source : Banque de France. e) Suite à échec et interruption de procédure 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 0 25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 Source : Banque de France. Note d’ensemble : La représentation graphique du niveau d’endettement est limitée à 250 000 euros pour faciliter la lecture des diagrammes. Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017 15
SYNTHÈSE 3| Contexte socioéconomique, répartition géographique des redépôts de dossiers de surendettement Carte 1 Indicateur synthétique de redépôt des dossiers de surendettement par département en 2016 Val-d’Oise 93 Yvelines 92 75 94 Seine-et-Marne Pas-de- Essonne Calais Nord Somme Seine- Maritime Aisne Ardennes Oise Calvados Moselle Manche Eure 95 Meuse Marne Bas- 78 Finistère Meurthe- Rhin Orne 77 et-Moselle Côtes-d’Armor 91 Ille- Eure-et- Aube et- Loir Vosges Vilaine Mayenne Haute- Marne Haut- Morbihan Sarthe Loiret Rhin Yonne Haute- Saône Loire- Atlantique Maine- Loir-et- Côte-d’Or et- Loire Cher Loire Indre-et- Doubs Territoire Loire Nièvre de Belfort Cher Indre Jura Vendée Deux- Saône-et- Sèvres Loire Vienne Allier Ain Haute- Creuse Savoie Charente- Haute- Maritime Vienne Puy-de- Loire Rhône Charente Dôme Savoie Corrèze Isère Dordogne Haute- Cantal Loire Gironde Haute- Ardèche Drôme Alpes Lot Lozère Lot-et- Garonne Aveyron Tarn-et- Alpes-de- Garonne Gard Haute- Alpes- Landes Vaucluse Provence Maritimes Gers Tarn Haute- Hérault Var Pyrénées- Garonne Haute- Atlantiques Corse Hautes- Aude Pyrénées Ariège Bouches- du-Rhône Corse- Pyrénées- du- Orientales Sud Surendettement – Données 2016 Indicateur synthétique de redépôt (ISR) 103 715 primodépôts de dossiers 26 % < ISR < 40 % 90 520 redépôts de dossiers 40 % < ISR < 44 % 44 % < ISR < 51 % Source : Banque de France. 16 Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017
SYNTHÈSE Carte 2 Nombre de primodépôts de dossiers de surendettement pour 100 000 habitants par département en 2017 Val-d’Oise 93 Yvelines 92 75 94 Seine-et-Marne Pas-de- Essonne Calais Nord Somme Seine- Maritime Aisne Ardennes Oise Calvados Moselle Manche Eure 95 Meuse Marne Bas- 78 Finistère Meurthe- Rhin Orne 77 et-Moselle Côtes-d’Armor 91 Ille- Eure-et- Aube et- Loir Vosges Vilaine Mayenne Haute- Marne Haut- Morbihan Sarthe Loiret Rhin Yonne Haute- Saône Loire- Atlantique Maine- Loir-et- Côte-d’Or et- Loire Cher Loire Indre-et- Doubs Territoire Loire Nièvre de Belfort Cher Indre Jura Vendée Deux- Saône-et- Sèvres Loire Vienne Allier Ain Haute- Creuse Savoie Charente- Haute- Maritime Vienne Puy-de- Loire Rhône Charente Dôme Savoie Corrèze Isère Dordogne Haute- Cantal Loire Gironde Haute- Ardèche Drôme Alpes Lot Lozère Lot-et- Garonne Aveyron Tarn-et- Alpes-de- Garonne Gard Haute- Alpes- Landes Vaucluse Provence Maritimes Gers Tarn Haute- Hérault Var Pyrénées- Garonne Haute- Atlantiques Corse Hautes- Aude Pyrénées Ariège Bouches- du-Rhône Corse- Pyrénées- du- Orientales Sud Surendettement – Données 2017 Nombre de primodépôts pour 100 000 habitants de 15 ans et plus 95 163 primodépôts de dossiers Moins de 180 86 109 redépôts de dossiers Entre 180 et 220 179 primodépôts pour 100 000 habitants a) Plus de 220 Population : 53 076 362 habitants a) a) Population de 15 ans et plus (estimations de population au 1er janvier 2017). Sources : Banque de France, Insee. Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017 17
Analyse des redépôts 1| Évolution des dépôts et visant à prévenir le surendettement. L’évolution sur la période 2007-2017 peut être découpée en redépôts depuis dix ans deux phases : expansion de 2007 à 2011 (+ 26 %, soit + 6 % par an) et recul continu de 2011 à 2017 Il est courant d’analyser l’évolution annuelle du (– 33 %, soit – 6 % l’an). Le nombre de primodépôts nombre de situations soumises aux commissions en 2017 (95 200) est inférieur de 16 % à celui de surendettement – incluant les redépôts de de 2007 et l’année 2011 apparaît comme une dossiers – pour évaluer l’ampleur du surendet- année charnière dans l’évolution du surendettement, tement et les difficultés financières des ménages, confirmant le rôle essentiel joué par la loi Lagarde. ainsi que l’efficacité des politiques de prévention Cette loi, promulguée en 2010, et dont les dispo- du surendettement. L’examen des données relatives sitions sont entrées en vigueur de façon échelonnée aux dix dernières années (cf. graphique 4) entre septembre 2010 et mai 2011, vise à montre qu’à une phase de croissance du suren- protéger le consommateur des excès en matière dettement entre 2007 et 2011 (de 182 900 de crédit à la consommation 1 (cf. graphique 5). à 232 500 dossiers, soit + 27 %) a succédé une évolution irrégulière entre 2011 et 2014, puis L’évolution des redépôts est moins contrastée que un recul marqué lors des trois dernières années celle des primodépôts sur la période 2007‑2017. (de 231 000 à 181 300 dossiers, soit – 22 %). Leur nombre augmente presque chaque année jusqu’en 2014, passant de 70 200 à 101 400 La distinction entre primodépôts et redépôts permet (+ 44 %, soit + 5 % par an) et ne commence à un premier affinement de l’analyse. Les primo- décroître qu’en 2015, également à raison de 5 % dépôts mesurent, par définition, les nouveaux l’an. L’inventaire des situations des ménages suren- cas de surendettement, et leur nombre évolue dettés au regard de la procédure de surendettement pour partie en liaison avec la conjoncture écono- avant le redépôt d’un dossier (cf. tableau 3) se mique, la situation de l’emploi, le niveau des taux traduit par une grande diversité et ne permet pas d’intérêt, etc. ; ce nombre constitue également un d’expliquer de façon univoque l’évolution temporelle indicateur de l’efficacité des politiques publiques des redépôts. Graphique 4 Graphique 5 Nombre de situations de surendettement soumises Nombre de situations de surendettement soumises aux commissions aux commissions, entre primodépôts et redépôts (en unités) (en unités) 240 000 160 000 140 000 220 000 120 000 200 000 100 000 180 000 80 000 160 000 60 000 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Primodépôts Redépôts Source : Banque de France. Source : Banque de France. 1 Cf. loi n°2010-737 du 1er juillet 2010, dite « loi Lagarde », et dossier de presse du ministère des Finances : https://www.economie.gouv.fr/files/finances/ presse/dossiers_de_presse/110203creditconso.pdf Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017 19
ANALYSE DES REDÉPÔTS Tableau 3 Répartition des situations de surendettement précédant les redépôts (nombre en unités, part en %) 2012 2013 2014 2015 2016 2017 Nombre de redépôts 87 997 91 468 101 448 99 112 90 520 86 109 Répartition des situations précédant les redépôts Fin de moratoire ou de plan d’attente 45,8 42,5 33,8 32,0 21,5 14,6 Fin de suspension d’exigibilité des créances 0,0 0,2 11,2 12,6 22,1 27,1 Plan ou mesures en cours non respectés 30,6 32,6 30,2 30,0 29,8 30,8 Procédure de rétablissement personnel (effacement total de dettes) 2,9 4,4 5,5 6,6 8,3 10,0 Dettes toutes remboursées ou effacées a) 1,9 2,0 1,9 2,0 2,2 2,6 Constat d’échec, sans phase de mesures imposées et recommandées 2,2 2,6 2,7 2,0 1,9 1,9 Dossier irrecevable 4,1 4,4 4,5 4,7 5,5 5,6 Dossier clôturé 5,8 5,8 5,8 6,0 5,8 5,0 Autres situations 2,9 2,8 2,4 2,3 1,6 1,6 Situation inconnue 3,7 2,6 2,0 1,8 1,1 0,8 Tous motifs 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 a) Ce cas concerne les débiteurs qui avaient mené la procédure précédente à son terme. Note : Nombre de redépôts de 2012 à 2017 et répartition de ceux-ci en fonction de la dernière situation du dossier précédent, selon les données du labora- toire du surendettement arrêtées au 31 mars 2018. Source : Banque de France. Pour partie, les redépôts sont des événements d’un réaménagement de dettes dans le cadre d’un s’inscrivant dans le déroulement ordinaire de la plan ou de mesures en cours ; redépôt après l’arrivée procédure de traitement du surendettement. C’est le à échéance d’un plan ou de mesures ; redépôt suite cas des redépôts qui interviennent au terme d’une à un effacement total des dettes. Les redépôts en suspension d’exigibilité des créances (SEC) 2, prévus cours de plan ou de mesures représentent 31 % par le dispositif et constituant l’issue proposée aux des redépôts en 2017, et entre 30 % et 33 %, ménages endettés qui ne sont pas parvenus à rétablir selon l’année, de 2012 à 2016. La proportion de leur situation financière au cours des 18 mois à redépôts après arrivée à échéance des plans ou deux ans après mise en place de la SEC. C’est aussi mesures d’effacement partiel a toujours été inférieure le cas des redépôts intervenant à la fin d’autres à 3 % par an entre 2012 et 2017. Les redépôts après mesures d’attente, lorsque les ménages n’ont pu procédure de rétablissement personnel (PRP, avec régler leurs problèmes financiers au cours de la effacement total des dettes) constituent 10 % du total période d’attente. Ces deux catégories représentent des redépôts en 2017. Leur nombre a régulièrement près de 42 % du total des redépôts en 2017 et et fortement progressé chaque année depuis 2012, de 43 % à 46 % des redépôts chaque année en liaison avec l’accroissement des orientations vers de 2012 à 2016. une PRP décidées par les commissions. Parmi les redépôts, figurent également des retours consécutifs à des interruptions de procédure, comme les dossiers considérés ou jugés irrecevables, ou 2| Taux de redépôt faisant suite à des échecs, comme la clôture d’un Une décomposition des situations de surendettement dossier sans réorientation postérieure ou un « constat soumises aux secrétariats des commissions de suren- d’échec sans phase MIR » 3. L’ensemble de ces dettement entre primodépôts et redépôts montre que retours représente de 12 % à 13 % du total annuel la proportion annuelle de redépôts dans l’ensemble des redépôts depuis 2012. des dépôts a constamment progressé entre 2012 et 2017, passant de 38 % à 47 %. Nous avons vu Une troisième catégorie de redépôts a comme toutefois que cette comparaison ne constituait pas caractéristique de se produire alors qu’une solution un indicateur pertinent, les deux séries ayant des a priori durable avait été mise en place à l’issue du déterminants en partie différents, et donc chacune dépôt précédent : redépôt en raison du non-respect sa dynamique propre. En particulier, la hausse de 2 Voir définition en annexe 1 et schéma de la procédure de surendettement en annexe 2. 3 C’est-à-dire un dossier se trouvant orienté vers un plan de redressement sur lequel débiteur et créanciers ne parviennent pas à s’entendre, et qui n’est pas réorienté vers des mesures imposées ou recommandées (MIR) par la commission de surendettement après constatation de l’échec. 20 Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017
ANALYSE DES REDÉPÔTS la proportion des redépôts de dossiers de 2015 Estimation du taux de redépôt à 2017 ne s’explique pas par la croissance pour les années 2010 à 2012 du nombre de redépôts mais par une réduction prononcée des primodépôts, chaque année moins Dans un premier temps, nous calculons le taux nombreux en cette période de reprise économique. de redépôt de l’année 2010 en rapportant aux primodépôts effectués en 2010 les redépôts Le nombre et l’évolution des redépôts doivent par les mêmes débiteurs intervenus entre donc être évalués de façon indépendante. janvier 2012 et fin 2017. Le taux observé atteint Le calcul d’un taux annuel de redépôt consiste à 33,9 %. Il est certainement sous-évalué, d’une rapporter aux primodépôts d’une année donnée part parce que les données sur les redépôts l’ensemble des nouveaux dépôts effectués au cours en 2010 et 2011 figurant dans la base de des années suivantes par les mêmes débiteurs. données sur le surendettement sont inexploi- En première analyse, et sauf cas particuliers, si tables et donc non prises en compte, d’autre l’on considère que l’un des principaux objectifs part parce qu’il ne peut être exclu que d’autres assignés à la procédure de traitement du suren- redépôts aient lieu en 2018, 2019, 2020 et dettement est d’apporter une solution durable aux les années suivantes. Nous corrigeons cette ménages surendettés, dans des délais raisonnables sous‑évaluation en estimant les taux de redépôt et au meilleur coût pour la collectivité, plus le en 2010 et 2011 par les débiteurs ayant soumis taux de redépôt est faible, plus la procédure de un premier dossier en 2010 sur la base des taux traitement du surendettement est présumée efficiente de redépôt immédiats et l’année suivant le dépôt et plus les propositions et orientations des commis- initial observés pour les années 2012 à 2017 ; sions et les décisions des juges d’instance sont nous anticipons en outre les taux de redépôt réputées pertinentes. partiels de 2018, 2019, 2020, soit respecti- vement huit, neuf et dix ans après le dépôt initial, Les taux annuels globaux de redépôt pour les à partir des taux de redépôt partiels en 2016 années 2010 à 2012, calculés puis estimés selon et 2017 pour des dépôts initiaux effectués les modalités décrites dans l’encadré ci-contre, en 2006, 2007, 2008 et 2009. Au total, nous s’établissent respectivement à 41,7 %, 43,1 % et aboutissons à un taux final de redépôt estimé 44,7 % (cf. tableau 4). Nous ne sommes cependant à 41,7 % pour l’année 2010. Il est également pas en mesure de prolonger les estimations aux possible, avec quelques hypothèses supplé- années les plus récentes, la grande majorité des mentaires, d’estimer le taux final de redépôt redépôts n’étant pas encore intervenue. pour les années 2011 et 2012 (cf. tableau 4). Tableau 4 Taux de redépôt (en %) 2010 2011 2012 Taux global de redépôt Observé 33,9 39,8 41,3 Estimé 41,7 43,1 44,7 Taux global de redépôt hors redépôts suite à suspension d’exigibilité des créances (SEC), moratoires, plans et mesures d’attente Observé 29,5 32,4 32,1 Estimé 37,3 35,7 35,7 Taux de redépôt après irrecevabilité, constat d’échec et clôture sans traitement du surendettement Observé nd 19,4 27,2 Estimé 22,2 26,5 27,5 Taux de redépôt après SEC, moratoires, plans et mesures d’attente Observé 48,3 59,6 65,4 Estimé 51,3 60,7 66,8 Taux de redépôt après plans conventionnels, mesures imposées ou recommandées, hors SEC, moratoires, plans et mesures d’attente Observé 50,9 49,2 45,7 Estimé 51,7 50,0 47,3 Taux de redépôt après procédure de rétablissement personnel Observé 5,2 10,5 9,8 Estimé 7,0 12,7 13,0 Source : Banque de France. Le surendettement des ménages | Enquête typologique | 2017 21
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