LES BOUQUETINS DE CHARTREUSE - P.6 - LA FORMATION À L'ORNITHOLOGIE - P.4 UNE NOUVELLE ORGANISATION DE L'ASSOCIATION EN ISÈRE - P.13 - LPO Isère
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Journal trimestriel de la LPO AuRA, délégation Isère Printemps 2019 N°64 Bouquetin des Alpes © Alain Gagne LES BOUQUETINS DE CHARTREUSE - P.6 LA FORMATION À L’ORNITHOLOGIE - P.4 UNE NOUVELLE ORGANISATION DE L’ASSOCIATION EN ISÈRE - P.13
Merci à Marine Coutroutsios pour sa contribution artistique ! nature Vous avez un talent particulier pour l’illustration, la peinture, la sculpture... ? Mêlez votre art à la nature, à la faune ou à la flore ! Envoyez-nous les photos de vos créations à l’adresse suivante : isere@lpo.fr
Martinet noir © Guy Bourderionnet Édito Des couleurs 4 Connaître La formation à l’ornithologie L’hiver, rythmé cette année par le jaune des nombreuses par la LPO de l’Isère manifestations, aurait pu s’achever dans la couleur de Chronique ornitho : lecture de bagues l’espoir : le vert. Vert du printemps naissant certes, mais aussi de la grande vague que la Marche pour le climat a animée sur les bords de l’Isère le 16 mars dernier. Une impressionnante marée humaine estimée à 20 000 personnes a envahi ce jour-là les rues de 6 Partager Grenoble. Les bouquetins en Chartreuse, Car avec notre ambition de limitation du réchauffement Neuf ans après la réintroduction climatique à 2°C qui n’est déjà plus qu’une illusion, l’avenir s’assombrit de jour en jour et les températures que nous Le milan royal en Isère avons connues en février étaient trop printanières pour ne Sciences participatives : les compteurs pas être inquiétantes. sont arrêtés, quels bilans ? Tous les signaux sont au rouge. Ce que nous entendons, que Sauvons les écureuils de la métropole nous savons, mais que nous ne voulons pas comprendre, pas de Grenoble prendre en compte, est pourtant déjà là : une augmentation Les martinets noirs à l’honneur à Grenoble de 1°C en trente ans dans les Alpes et la perte d’un tiers du Faune-Isère : n’oubliez pas la liste ! manteau neigeux, avec des conséquences inévitables sur le régime des cours d’eau et des risques d’étiage accrus en été. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’une nouvelle 12 Mobiliser fois, ce sont bientôt des vagues noires, noires du pétrole de Portrait d’écolo : petit essai sur l’activité l’America Grande, qui viendront sans doute souiller les côtes naturaliste et ses acteurs atlantiques et décimer les oiseaux marins. Une nouvelle organisation de l’association Dans ce monde où la place de l’Homme est de plus en plus en Isère prégnante, disputant à la faune et à la flore les derniers espaces qui leur sont nécessaires pour vivre (ou survivre…), Tétras lyre en Combe Madame : prospection il est du ressort de chacun de remettre en question ses de crottiers façons de vivre et de faire un pas, ou deux, ou trois… vers de Un chantier bénévole pour le guêpier d’Europe nouvelles habitudes de vie, plus sobres et plus respectueuses des ressources de notre planète. 15 Sauvegarder Et parce que nos efforts ne suffiront pas pour changer le cours de l’engrenage consumériste qui mène le monde dans Rénover la Tour Perret sans oublier l’impasse, il nous faut aussi réveiller tous nos responsables la biodiversité politiques qui font la sourde oreille à ces alertes. Les élections Installation de nichoirs à Saint-Martin-d’Hères européennes approchent à grands pas et elles prennent Gypaètes barbus en Haute Romanche : aujourd’hui tout leur sens car, en matière d’écologie, il n’y a un œuf tout neuf en 2019 ! pas de frontières. Alors, sachons donner à notre Europe des Biodiversité et bâti : deux exemples responsables capables de comprendre les enjeux de notre de cohabitation réussie société afin de l’engager vers un nouveau modèle, écologique La LPO et le SÉDI offrent de nouveaux toits et solidaire pour tous. aux moineaux soulcies du Trièves Catherine Giraud, présidente territoriale À vos mares... prêts, partez ! de la LPO AuRA, délégation Isère Sauvetage des amphibiens : campagne 2019
CONNAÎTRE LA FORMATION À L’ORNITHOLOGIE PAR LA LPO DE L’ISÈRE le comportement des oiseaux sont présentés par thèmes (le vol, la reproduction…) et les cours d’identification sont structurés par famille (les anatidés, les rapaces, les passereaux…), l’accent étant donné sur le plumage le plus reconnaissable (nuptial et/ ou adulte) ou le plus fréquemment rencontré dans notre région. Les cours de niveau 2 permettent d’approfondir les connaissances en ne se limitant pas qu’à l’identification des plumages les plus simples et en abordant de fortes notions d’éthologie. Les cours de niveau 3 sont réservés aux élèves qui souhaitent aller au bout de la démarche en étudiant en détails la vie des oiseaux au cours des saisons (migrations, plumages, mues, comportements) et au-delà les adversités qu’ils rencontrent dans leur existence (pollution, destruction des habitats, chasse…). Rougegorge familier © Alain Gagne Pour chaque niveau, les cours sont complétés par une formation sur le chant des oiseaux (apprentissage des chants et théorie).* Depuis 2016 à Grenoble, la LPO propose au public un cycle complet dédié à l’apprentissage de l’ornithologie Deux niveaux sont actuellement en cours de formation (niveau 2 en trois ans, en collaboration avec Natagora. et niveau 3). À la rentrée de septembre 2019, les élèves de niveau 2 entameront L’objectif est de permettre aux participant-es de découvrir le leur troisième année et un nouveau niveau 1 sera ouvert à toute monde des oiseaux en partageant une passion commune pour la personne désireuse de commencer cette formation. nature et la biodiversité. Sur le long terme, l’idée est également Vous êtes intéressé-e ? de former des observateurs experts, assidus et actifs sur le terrain Pensez à vous inscrire dès le mois de juillet 2019 à isere@lpo.fr afin d’enrichir le bénévolat et les suivis d’espèces au sein de la ou au 04 76 51 78 03 ! LPO Auvergne-Rhône-Alpes, délégation Isère. * Pour ceux qui souhaiteraient apprendre uniquement la Le programme de cette formation est composé de 3 années reconnaissance des chants, la formation « Petite université du de cours variés et structurés, dispensés par des ornithologues piaf » permet de ne suivre que les cours concernant les chants chevronnés (niveau 1 – débutant, niveau 2 – intermédiaire, d’oiseaux. Cette formation comprend 5 cours et coûte 20 €. niveau – 3 confirmé). Les cours (une vingtaine) ont lieu en salle et des sorties sont organisées pour acquérir les connaissances directement sur le terrain. Cette formation est payante (350 € pour les adhérent-es, 390 € pour les non-adhérent-es) et une attestation de suivi des cours est délivrée aux participant-es. Les cours de niveau 1 s’adressent à un public sans pré-requis ou connaissance préalable à l’ornithologie, ou à un public désirant structurer et parfaire ses connaissances de base par l’apprentissage d’une méthode d’identification éprouvée en Belgique et dans le nord de la France. Ces cours peuvent être qualifiés de « cours pour débutant-es » mais le niveau s’élève rapidement durant l’année. Les cours sur Sortie chants d’oiseaux © Jacques Prévost LPO Info Isère n°64 4
CHRONIQUE ORNITHO LECTURE DE BAGUES SUR LES BORDS DE L’ISÈRE Jaseur boréal © Hugo Bourdin Janvier nous a apporté de la neige, février du soleil ! Du côté des Valbonnais et à Mens. Un hibou des marais est présent à Colombe oiseaux peu communs, le bilan de ce début d’année est maigre en plaine de Bièvre. Le Trièves reste le seul site de présence tant les hivernants nordiques se font rares. Seuls trois garrots régulière du moineau soulcie. à œil d’or au Cheylas et un autre garrot à Laffrey sont signalés. Un grèbe jougris est observé jusqu’à la mi-janvier sur le lac de Février est un bon mois pour commencer à prospecter les Paladru. Aucun plongeon, ni macreuse cet hiver. secteurs occupés par les divers pics et chouettes. Dans la plaine, le pic mar – sans être encore très fréquent – est contacté sur ses Même pour les espèces plus communes, comme l’oie cendrée sites habituels dans le nord-est du département. Les premières ou le canard siffleur, il faut être chanceux pour les observer chevêchettes d’Europe et une chouette de Tengmalm font le dans les jumelles. Les comptages Wetlands isérois sur les grands bonheur des amateurs qui attendaient la 13ème Nuit de la Chouette barrages ont confirmé cette tendance de fond d’autant plus qu’en avec impatience ! l’absence de plans d’eau gelés, les oiseaux se dispersent ici et là. Serge Risser Les canards nordiques sont de plus en plus nombreux à hiverner jusque dans les eaux côtières finlandaises. Au moins, ces oiseaux échappent à l’abattage de nuit par les chasseurs français. Hormis quelques belles bandes de pinsons du Nord dans le Trièves, les passereaux nordiques n’ont pas afflué aux mangeoires non plus. Une troupe d’une trentaine de jaseurs boréaux est aperçue brièvement sur le Vercors. Une activité prisée par les ornithologues est la lecture des bagues des oiseaux. Ainsi, sur les bords de l’Isère, près de six goélands pontiques sont observés simultanément dont au moins deux portaient une bague, P:W87 venant de Pologne et X934 d’Allemagne. Le suivi assidu par les observateurs permettra aussi de découvrir un goéland brun norvégien J754C, deux goélands leucophées suisses HD288 et HD437 et deux mouettes rieuses, TXA0 polonaise et HWWA hongroise. Les grands oiseaux migrateurs sont déjà de retour à l’instar des premières cigognes blanches et des grues cendrées. Ces dernières remontent selon un axe Sud-Ouest / Nord-Est mais celles hivernant en Camargue remontent par la vallée du Rhône, ce qui nous permet de les observer dans l’ouest du département. En montagne, le couple de gypaètes vers les Emparis est de nouveau présent et des vautours moines sont observés dans le Hibou des marais © Raphaël Bussière 5 LPO Info Isère n°64
PARTAGER LES BOUQUETINS EN CHARTREUSE NEUF ANS APRÈS LA RÉINTRODUCTION Emblème de la protection de la nature alpine, le bouquetin est un animal de milieux rocheux que l’on peut parfois observer jusqu’à assez basse altitude. En Chartreuse, il fréquente principalement les barres rocheuses, les pentes raides et les milieux ouverts à proximité d’escarpements rocheux où il peut se réfugier pour se protéger ou fuir de potentiels prédateurs. Les bouquetins font preuve d’une grande capacité d’adaptation en fonction des conditions météorologiques, de la végétation ou des activités humaines. Lorsqu’il fait trop chaud ou que la tempête s’abat sur le massif, ils n’hésitent pas à s’abriter à l’entrée des cavités ou des abris sous roche, parfois en compagnie de chamois. Lorsque les pentes sont blanchies par la neige, les bouquetins utilisent les versants qui déneigent le plus vite ; on peut donc les observer sur les pentes les plus raides exposées à l’est, à l’ouest ou au sud. Bouquetin des Alpes © Thomas Cugnod Au printemps et à l’automne, ils n’hésitent pas à s’aventurer sur le plateau de l’Alpe et de l’Alpette, qu’ils quittent dès que les troupeaux montent en estive. Le reste de l’année, ils peuvent être observés au milieu des pinèdes de pins à crochet, des clairières de l’étage subalpin et des dalles de lapiaz. En 2010 et en 2011, le Parc naturel régional de Chartreuse a réintroduit 30 bouquetins des Alpes, sur la commune d’Entremont- le-Vieux, au pied de la Réserve Naturelle Nationale des Hauts de Chartreuse. Afin de mixer les origines du noyau de population de Chartreuse, 15 bouquetins ont été capturés en 2010 sur la Réserve de Belledonne- Sept Laux gérée par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) et 15 autres bouquetins ont été capturés en 2011, dans le Parc national de la Vanoise, sur la commune de Champagny-en-Vanoise. Un peu plus de 8 ans après les dernières opérations de réintroduction de bouquetins des Alpes en Chartreuse, le bilan est assez contrasté. Étant donné qu’aucun animal né en Chartreuse n’a été équipé de dispositif de marquage ou de géolocalisation et que les milieux fréquentés ne facilitent pas l’observation visuelle, la précision des connaissances concernant la répartition géographique des animaux et la dynamique de la population a Bouquetins des Alpes © Paul Boudin diminué au fur et à mesure des années. LPO Info Isère n°64 6
Dent de Crolles © Thomas Cugnod Répartition géographique et habitats Il est important de rappeler que le bouquetin des Alpes est une espèce qui a été sauvée in extremis de l’extinction et qui a subi, Depuis 2010, les bouquetins sont toujours majoritairement suite à son sauvetage et aux différentes réintroductions, des observés sur deux secteurs : le Granier et l’entité « Pinet – Fouda goulots d’étranglement génétique. La pérennité d’une population Blanc – Roche Fitta ». Ces deux secteurs sont ce que l’on appelle des animale sur le long terme étant grandement dépendante de cette « sites vitaux », car ils sont utilisés au moment du rut (décembre), diversité génétique et l’insularité de la Chartreuse rendant le des naissances (juin) et pendant la période hivernale. Les femelles brassage génétique impossible, il est important de maintenir le et les jeunes animaux sont particulièrement fidèles à ces sites tout suivi de cette population et notamment : au long de l’année. Les mâles, hormis pendant la période du rut, • d’évaluer la croissance de la population, sont beaucoup plus mobiles et visitent largement la moitié Est du • de suivre la colonisation sur l’ensemble du massif, massif de Chartreuse. L’axe de circulation utilisé par les bouquetins • d’étudier la diversité génétique et l’état sanitaire de la population (ou corridor) est guidé par les crêtes rocheuses et les vires (sangles) afin d’envisager un renforcement du noyau réintroduit. des Hauts de Chartreuse jusqu’au Mont Saint-Eynard. Les animaux sont régulièrement observés du Granier aux crêtes La réintroduction de cette espèce emblématique est une de Bellefont, mais également sur Pravouta en passant par la Dent aventure naturaliste et humaine exceptionnelle, qui a mobilisé de de Crolles, puis de façon plus anecdotique sur les crêtes du Saint- nombreux agents publics (Parcs nationaux, ONCFS, ONF, Réserves Eynard. naturelles, DDT, DREAL, etc.) mais qui a également mobilisé de En 2011, des mâles ont aussi été observés sur les crêtes du Mont nombreux bénévoles d’associations ou individuels (naturalistes, Joigny, de l’Outheran et de Roche Veyrand. Par contre, aucune accompagnateurs en montagne, habitants, chasseurs, observation n’a encore été répertoriée sur le secteur du Grand Som, photographes...) qu’il est important de remercier. de Chamechaude, du Charmant Som et de la Sure. Sur ces derniers secteurs, le bouquetin est souvent confondu avec le mouflon. Paul Boudin et Gérard Pin Dynamique de la population Sur une soixantaine de bouquetins (évaluation au doigt mouillé), nous comptabilisons actuellement au maximum 8 bouquetins marqués (boucles aux oreilles et collier), dont 7 femelles et 1 mâle. En 2018, 6 cabris ont été observés, ce qui est relativement faible. Cependant nous pouvons retenir qu’au cours des neuf premières années, l’indice de reproduction est globalement bon (supérieur à O,8). Le point particulièrement positif est que des naissances gémellaires ont été observées quasiment tous les ans, ce qui est relativement rare chez le bouquetin et signe d’une bonne dynamique. Le point le plus négatif est que la mortalité relativement importante les premières années a ralenti la croissance de la population et n’a pas permis d’avoir un décollage démographique important comme espéré. Les femelles originaires de la Vanoise ont très peu participé à la reproduction et plusieurs ont été emportées par des avalanches avec leurs cabris. Il est aujourd’hui impossible d’évaluer si les animaux de la Vanoise ont pu contribuer significativement au brassage génétique de ce noyau d’animaux réintroduits. Bouquetin des Alpes © Alain Gagne 7 LPO Info Isère n°64
LE MILAN ROYAL EN ISÈRE Milan royal © Alain Gagne Le milan royal, espèce typique des zones agricoles ouvertes dortoirs hivernaux, nous n’en connaissons qu’un en Bièvre, mais extensives et de polyculture, était un rapace commun y en a-t-il d’autres ? Et d’où viennent les milans présents ? il y a encore une vingtaine d’années. Aujourd’hui, il est Un premier élément de réponse nous est parvenu avec gravement menacé. l’observation d’un individu équipé d’une balise en janvier, qui viendrait de Suisse où des mesures de conservation existent Les causes sont multiples : diminution des surfaces en herbe, depuis plusieurs années avec un suivi par satellites de certains changement des pratiques agricoles, braconnage, collisions avec individus. des véhicules, éoliennes et lignes électriques... Bref, nous avons beaucoup de choses à apprendre ou à (re) Après son déclin constaté depuis les années 1990, le milan découvrir sur cet oiseau vraiment royal ! royal fait depuis l’objet d’un plan national d’actions, récemment reconduit pour la période 2018-2027, coordonné par la LPO et mis Dans le cadre du plan national d’actions, des prospections ciblées en œuvre par un réseau de structures environnementales piloté sont à prévoir en France, y compris en périphérie de la répartition par la Mission rapaces de la LPO (rapaces.lpo.fr/milan-royal/). connue du milan royal. Ainsi, trois secteurs de prospection sont proposés par le groupe En Isère, le milan royal est très présent sur notre département, où rapaces dans notre département : il est régulièrement observé. Il s’agit essentiellement d’individus 3236e = Trièves_Treffort observés lors des passages migratoires et, depuis peu, nous 3336o = Matheysine_Sievoz avons mis en évidence l’existence de dortoirs hivernaux. Côté 3233e = Voironnais-Chartreuse_Merlas reproduction, il était anciennement connu nicheur dans le Vercors, le Trièves et la Chartreuse. Récemment, il a été redécouvert nicheur Si vous êtes intéressé-es, soit par le réseau en général en 2013 dans le Vercors et en Nord Isère en 2018. (prospections, suivi d’un site de nidification ou d’un dortoir, sensibilisation) ou pour prospecter un de ces secteurs, merci de Mais qu’en est-il exactement et actuellement ? Ne passons-nous vous faire connaître pour vous inclure dans ce groupe : franck. pas à côté d’autres sites de reproduction ? Et concernant les boissieux.alba@gmail.com ou remi.fonters@lpo.fr. Franck Boissieux LPO Info Isère n°64 8 Coordinateur groupe milan royal Isère
SCIENCES PARTICIPATIVES LES COMPTEURS SONT ARRÊTÉS : QUELS BILANS ? Les 26 et 27 janvier 2019 était organisé le premier comptage « oiseaux des jardins » de l’année. Ce comptage national a lieu tous les ans en janvier et en mai et permet de rendre compte de l’évolution des oiseaux dits « communs ». Pendant une heure ce week-end, les participants, qu’ils soient initiés ou connaisseurs, ont ainsi pu compter les oiseaux qui visitaient leur jardin, balcon, ou un parc public. Jumelles en main, ils ont ainsi répertorié toutes les espèces d’oiseaux qu’ils voyaient. Voici le résultat de nos contributeurs isérois : Mésange charbonnière © Thierry Barré En 2018, les oiseaux communs diminuent toujours en Auvergne-Rhône-Alpes... Depuis 2001, la LPO Auvergne-Rhône-Alpes coordonne sur la région un programme national de suivi de population des oiseaux communs (STOC), piloté au niveau national par le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris. Dans la région, plus de 300 personnes suivent chaque printemps aux mêmes endroits les populations d’oiseaux communs. À partir de ces 750 000 données récoltées sur le terrain, on évalue les tendances d’évolution des populations d’oiseaux de la région pour les 75 espèces les plus communes. Les résultats 2018 montrent une forte diminution pour les espèces des milieux agricoles (-19,5 %) et des villes et villages (-14,6 %). Les espèces généralistes (+3,5 %) et forestières (+5,7 %) se portent un peu mieux, mais plusieurs espèces de ces groupes diminuent malgré tout et cela est inquiétant. Voici quelques exemples de tendances : l’alouette des champs a diminué de 14 % l’hirondelle rustique a diminué de 28 % la mésange charbonnière a diminué de 11 % le rougegorge familier a augmenté de 11 % le merle noir a augmenté de 10 % Ce déclin majeur a de nombreuses causes, dont une forte diminution de la ressource alimentaire et des pertes d’habitats nécessaires au cycle de vie de ces espèces : création de paysages homogènes et artificialisés ne laissant pas de place pour la nature, utilisation de produits phytosanitaires dans les jardins ou l’agriculture, disparition des milieux naturels qui laissent la place à une forte urbanisation. Arthur Vernet Merci à tous d’avoir participé à ce comptage. Nous vous attendons au moins aussi nombreux pour le comptage des oiseaux nicheurs les 25 et 26 mai 2019 ! 9 LPO Info Isère n°64
SAUVONS LES ÉCUREUILS DE LA MÉTROPOLE ! INSTALLATION DE PASSAGES À ÉCUREUILS Le 12 février 2019, les deux premiers passages à écureuils ou et des propriétaires des arbres concernés. Un piège-photo a « écuroducs » ont été installés à Seyssins afin de limiter les également été placé afin d’évaluer l’utilisation de ces écuroducs écrasements dus au réseau routier. par les écureuils. Ces deux installations ont été mises en place sur la commune, la première au-dessus de l’avenue de Grenoble en limite du parc On espère que ces deux ouvrages sont les premiers d’une longue François Mitterrand (Refuge LPO) et l’autre entre le 17 et 22 série : l’objectif est de poser 50 passerelles à écureuils d’ici 2022 ! avenue de la Poste. La réalisation de ces ouvrages a été possible grâce au concours de la mairie, de Grenoble-Alpes Métropole Adrien Lambert Signalez-nous les écrasements d’écureuils et hérissons ! Les premiers écuroducs sont installés sur les communes de la métropole de Grenoble, et ce grâce à vous et aux observations que vous nous transmettez ! Dans le cadre du Contrat Vert et Bleu de Grenoble-Alpes-Métropole (2018-2022), nous vous invitons à nous transmettre vos données d’écrasement concernant les écureuils et les hérissons. Pour les écureuils, cela permettra d’identifier les sites d’écrasements prioritaires et éventuellement d’installer des passages à écureuils. Pour les hérissons, il s’agira de mieux cartographier les sites d’écrasements et d’envisager des aménagements (passage à petite faune par exemple) en concertation avec les services concernés. Transmettez-nous vos observations sur www.faune-isere.org, grâce à Naturalist ou contactez Adrien Lambert : adrien.lambert@lpo.fr Écureuil roux © Benjamin Tosi LES MARTINETS NOIRS À L’HONNEUR À GRENOBLE La LPO de l’Isère et la ville de Grenoble mènent depuis trois ans un programme de recensement et de préservation du martinet noir. L’an dernier, nous avons pu recenser la colonie de l’église Saint- André grâce à de nombreux bénévoles et à la méthode de comptage mise en place par Jean-Marc Coquelet (122 trous de boulin occupés en 2018). Ainsi, pour la troisième année, la LPO vous invite à recenser les martinets noirs nicheurs sur la commune de Grenoble afin d’avoir un meilleur aperçu de la population et de son évolution. En 2019, nous continuerons à suivre les sites connus et nous souhaitons intensifier les recherches dans les quartiers Saint- Martinet noir © Guy Bourderionnet Bruno et Berriat. Merci de nous transmettre toutes vos observations de martinets Le martinet noir niche dans les petites cavités rocheuses noirs sur www.faune-isere.org, grâce à Naturalist, ou par mail à naturelles. Aujourd’hui, en raison de l’urbanisation et de l’intérêt Adrien Lambert : adrien.lambert@lpo.fr. que peuvent représenter les constructions artificielles, l’espèce niche presque exclusivement dans les anfractuosités de bâtiments Plusieurs sorties seront organisées au début de l’été. Nous en environnement urbain. vous tiendrons bien évidemment au courant ! Adrien Lambert LPO Info Isère n°64 10
FAUNE-ISERE.ORG N’OUBLIEZ PAS LA LISTE ! Observation de bouquetins © Onesime Prudhomme Le site de saisie de données naturalistes faune-isere.org sur la pression d’observation (le temps passé à prospecter, a ouvert au printemps 2010, suivi de l’application pour élément de connaissance décisif pour analyser les données). smartphone et tablette « Naturalist » fin 2014. Dans les données non protocolées, toutes ces informations Les naturalistes pouvant dorénavant saisir manquent ! directement sur le terrain leurs observations, leur nombre a augmenté considérablement. Comment faire pour saisir une liste ? Les observations faunistiques n’ont jamais été aussi nombreuses Choisissez un ou plusieurs lieux : depuis un point ou lors et la connaissance n’a jamais été aussi bonne. Néanmoins, des d’une promenade. Attention, ne pas faire de listes lors de vos améliorations sur la qualité de la donnée sont possibles et la déplacements en vélo, en voiture ou en train ! (découpez votre saisie par liste est une solution pour l’améliorer. marche en tronçons de moins de 1km et dressez une liste pour Explications. chacun des tronçons). Faites des listes aussi souvent que vous le pouvez ! Une liste Aujourd’hui, chaque observateur a ses habitudes et infiniment de 5 à 15 minutes est parfaite, mais vous pouvez faire plus long. peu de données sont saisies de manière « protocolée ». Ces Au-delà, la quantification devient, sauf exception (migration par données non protocolées indiquent essentiellement des données exemple), très aléatoire. de présence d’espèces et renseignent très rarement une absence. Quantifiez : Il faut indiquer le nombre d’individus distincts de chaque espèce que vous avez détectés. Notez le maximum vu Pour pallier ce manque, il faut idéalement que tout observateur simultanément pour éviter de compter deux fois le même individu. utilisant Naturalist sur le terrain s’applique à communiquer ses Si vous avez un doute sur le nombre, notez « minimum 1 ». données par « liste complète », s’engageant ainsi à transmettre Quand ? Il est très intéressant de faire des listes au même toutes les espèces (d’oiseaux) qu’il a été capable de voir ou endroit tout au long de l’année. Par exemple, faites une liste d’entendre. hebdomadaire de votre site d’observation préféré. Convaincre : parlez-en à vos amis naturalistes ! Ces listes complètes renseignent sur les espèces observées à un De manière pratique : vous pouvez saisir en temps réel ou plus endroit et à un moment précis, mais également sur celles qui tard sur Naturalist, des tutoriels sont disponibles sur faune-isere.org, n’ont pas été détectées. Grâce à cela, nous pouvons établir la document pdf joint à la « news » du 08/12/2017 ou sur Faune- fréquence relative d’apparition dans l’espace et dans le temps France, onglet « aide et tutos ». des différentes espèces d’oiseaux et étudier très précisément leur Anaëlle Atamaniuk phénologie. En outre, les listes apportent de précieux éléments 11 LPO Info Isère n°64
MOBILISER PORTRAIT D’ÉCOLO : PETIT ESSAI SUR L’ACTIVITÉ NATURALISTE ET SES ACTEURS DEUX EXTRÊMISTES... Illustration © Fanny Le Bagousse Comme j’ai déjà pu le dire, LE naturaliste n’existe pas. Au l’aise que grive en terrine et au risque de tenir des propos abrupts hasard des rencontres de terrain, de colloques ou de casse- sans souci de la bienséance. Il est le vrai naturaliste car le plus croûtes, on en rencontre de toutes sortes : des anciens et proche des animaux qu’il traque. des jeunes, des dames et des messieurs, des bruns et des blonds, et je passe sur les affinités religieuses, politiques ou À l’autre bout de la banderole, se tient homo ornitho sociétales ! Tout ce petit monde se rassemble toutefois sous bibliothecus : il a le teint pâle et sent le papier. Grand lecteur la bannière « Pour que vive le vivant » et c’est heureux. d’ouvrages divers, de tirés-à-part, de publications en toutes langues, sa connaissance des oiseaux est livresque. Il est une Il se trouve cependant quelques spécimens qui valent le détour source inépuisable de renseignements pour l’ornitho qui ne sait pour eux-mêmes, mais aussi par ce qui les oppose : ils tiennent pas lire, mais n’aime pas crotter ses souliers. chacun un bout de la banderole « Protégeons la biodiversité » Il existe même une forme antiquus de cette sous-espèce, étrange mais dans des costumes bien différents. personnage qui ne s’intéresse qu’aux publications vieilles Observons-les… d’au moins cinq générations. Il emprunte à ses lectures des formulations souvent savoureuses telles que « contrefaisant » On ne voit de lui qu’une paire de jumelles avec du poil autour pour parler d’hypolaïs, ou encore « orfraie » pour dire pygargue, et qui pousse dans tous les sens : c’est homo ornitho hirsutus. rendant ainsi hommage à Monsieur de Buffon. Cette appétence Il connaît toutes les bêtes, leurs remises et terriers, mais ignore toujours inassouvie pour les incunables et les grimoires l’entraîne peigne, cravate et gel-douche « Vu à la télé ». Son costume trois- à fréquenter bouquinistes, ventes aux enchères, bibliophiles et pièces se résume à un vieux treillis de surplus militaire, une paire poubelles, abandonnant peu à peu l’objet initial de ses intérêts… de croquenots et un bonnet de laine, le tout environné d’une les oiseaux ! Cette dérive le mène à des activités de recherche fragrance « terreau musqué » fort tenace, surtout en milieu excessives qu’il camoufle en invoquant l’indispensable apport du confiné. Son domaine se trouve au fond des bois et des marais, passé à la science moderne, confondant l’amour de Saint François là où seuls les vieux sangliers osent se risquer. Il s’y déplace sans d’Assise pour les oiseaux avec un traité d’ornithologie. bruit, couleur de feuilles et fort en ruses animales. Il s’endort Sa réclusion dans les salles de lecture le rend fragile et au premier facilement sur un tas de pierres, ne mange ni ne boit dans sa contact avec la vraie nature, il s’enrhume et s’en retourne à ses quête sauvage. On le voit peu en réunion car il s’y sent aussi à chères études, chaudement vêtu, avec cache-nez et mitaines. Jacques Prévost LPO Info Isère n°64 12
UNE NOUVELLE ORGANISATION DE L’ASSOCIATION EN ISÈRE Suite à la fusion des LPO en Auvergne-Rhône-Alpes, l’Assemblée L’ouverture de nos actions vers des publics différents (jardins générale annuelle est remplacée par des assises territoriales. familiaux, public défavorisé, handicapés...) a également été Les premières assises territoriales de la LPO Auvergne-Rhône- abordée, ainsi que le développement de la présence de la LPO Alpes délégation Isère se sont tenues samedi 6 avril à Quaix-en- sur tout le département à travers le réseau des « colocos » et Chartreuse. la création de groupes locaux pour proposer des actions locales Après un rapide bilan des grandes actions qu’a menées la pour les adhérents et les habitants. délégation territoriale en 2018, les adhérent-es, bénévoles et salarié-es présents ont été invités à échanger lors de tables Une quatrième table ronde laissait libre cours à l’imagination et rondes sur le projet territorial à construire, en lien avec le plan à la créativité des participant-es qui échangeaient de manière stratégique de la LPO AuRA. totalement ouverte sur tous les thèmes possibles. Ainsi, cette table ronde a fait ressortir différents axes de travail : développer les actions pour la sensibilisation des jeunes : écoles, collèges, lycées et étudiants mais aussi vers les familles, augmenter l’acquisition de terrains par la LPO en vue de leur protection, développer les actions vers les handicapés et les personnes défavorisées, militer davantage pour la limitation des jours de chasse (en particulier le dimanche). Quaix-en-Chartreuse © Clarisse Novel La table ronde « Agir pour les espèces, les sites et les habitats » a mis en évidence l’importance de protocoler les bases de données Visionature (faune-isere.org) afin notamment d’ouvrir les données à tous, le besoin de s’intéresser à la « nature commune », en développant les Refuges LPO par exemple, la nécessité de faire un suivi très strict des mesures compensatoires, la possibilité d’acheter des terrains et d’en mener la gestion afin d’intégrer la biodiversité et enfin, l’envie d’associer les adhérents locaux et les habitants dans les actions de l’association. Une seconde table ronde a réfléchi aux meilleures solutions pour « Renforcer la sphère LPO ». Les idées principales qui en sont Table ronde © Clarisse Novel ressorties sont les suivantes : développer la création de groupes locaux pour agir Ces assises se sont clôturées par la présentation et l’élection des directement et localement dans les communes nouveaux membres du comité territorial et un verre de l’amitié décentraliser les activités de l’association, a permis d’échanger tous ensemble sur ces belles années qui se s’engager davantage dans la culture (expositions, films...), profilent, pour la nature et la biodiversité ! former les bénévoles actifs, COMPOSITION DU COMITÉ TERRITORIAL faire émerger de nouvelles formes de bénévolat : informatique, LPO AURA DÉLÉGATION ISÈRE bricolage... DESCHÂTRES Jean Le groupe qui travaillait sur l’axe « Mettre la nature au cœur de la DRILLAT Pascale GIRAUD Catherine société » a longuement abordé la question de la sensibilisation et GROSS Claude de l’éducation à la nature pour tous, tout au long de la scolarité, LE DUC Géraldine mais aussi durant la carrière professionnelle au sein de l’entreprise. POSAK Éric Ces réflexions ont amené le groupe à réfléchir à l’action que la LPO PRÉVOST Jacques France devrait mener auprès du ministère de l’éducation pour que RISSER Serge l’environnement fasse partie de tous les programmes scolaires. THONON Daniel TRAHIN Anne-Marie Vous avez des suggestions à nous faire à propos du bénévolat et de la vie associative de la LPO AuRA délégation Isère ? Un questionnaire en ligne est disponible sur le site isere.lpo.fr/category/actualites : donnez-nous votre avis ! 13 LPO Info Isère n°64
TÉTRAS LYRE EN COMBE MADAME PROSPECTION DE CROTTIERS Comme vous avez pu le lire dans de précédentes éditions du LPO Info Isère, nous avons mis en place des zones de refuge hivernal pour le tétras lyre en Combe Madame (RNCFS de Belledonne), dont une est balisée chaque année en partenariat avec le CAF Grenoble- Oisans. L’hiver, le tétras lyre s’enfouit sous la neige dans un igloo afin de se protéger du froid et des prédateurs. L’activité du tétras lyres est fortement réduite pendant l’hiver ; on estime qu’il peut rester inactif presque 80 % du temps. Et cet immobilisme laisse des traces à la fonte des neiges ! On retrouve alors des crottiers à la place des igloos. Recenser ces crottiers permet de savoir où les tétras lyre ont passé l’hiver, alors qu’il est Tétras lyre © Denis Simonin plus compliqué de les observer directement à cette période. Afin d’évaluer la fréquentation des zones de refuge définies en concertation, la LPO réalisera une ou deux journées de prospection des crottiers à la fonte des neiges (entre avril et mai). Nous aurons besoin de nombreux bénévoles pour nous aider dans cette tâche ! Accompagnez-nous dans nos actions en faveur des galliformes de montagne ! Rejoignez le groupe Galliformes de montagne à la LPO en Isère : serge.risser@lpo.fr Vous souhaitez nous accompagner en Combe Madame ? : adrien.lambert@lpo.fr Adrien Lambert Crottiers de tétras lyre © Arnaud Foltzer UN CHANTIER BÉNÉVOLE POUR LE GUÊPIER D’EUROPE Depuis 2006, Laurent Majorel, bénévole à la LPO de l’Isère, organise un chantier annuel dans la plaine du Grésivaudan à Montbonnot pour préparer l’arrivée du guêpier d’Europe début mai, et ainsi favoriser sa nidification. Chaque année, une dizaine de personnes participe à ces actions, qui consistent à nettoyer les pentes en enlevant la végétation et en ratissant pour créer un environnement sécurisé et propice à la présence de cet oiseau migrateur. Laurent et ses équipes de bénévoles reçoivent l’aide technique et matérielle de la société SOCAFI. Grâce à cette gestion, la colonie est passée d’une dizaine de couples dans les années 2000 à soixante-seize couples en 2018. Le chantier sert également à d’autres espèces, comme le petit gravelot qui profite de ces zones pour nicher. La population de ce dernier est en déclin, passant de quatre couples au cours de la dernière décennie à un seul en 2018. Cependant, le secteur voit se développer des zones qui favorisent la présence des oiseaux : jardins partagées, vergers, rûchiers et ferme en agriculture biologique. L’espoir et l’optimisme sont donc permis ! Cette année, le chantier aura lieu le samedi 13 avril à partir de 8h00. Selon les possibilités de chacun : râteaux, piochons, pelles, gants, bottes, jumelles sont les bienvenus, accompagnés de votre bonne humeur bien sûr ! Cela vous intéresse ? Inscrivez-vous : isere@lpo.fr ou au 04 76 51 78 03. Guêpiers d’Europe © Géraldine Le Duc Lisa Cassanet LPO Info Isère n°64 14
SAUVEGARDER RÉNOVER LA TOUR PERRET SANS OUBLIER LA BIODIVERSITÉ La Tour Perret de Grenoble, symbole historique de la ville, va être rénovée dans les mois à venir. Sous ses airs hostiles, ce bâtiment en béton armé abrite une biodiversité riche : faucons pèlerin et crécerelle, hirondelles de rochers, chauves-souris, rougequeues noirs, lézards des murailles, martinets noirs… La mairie de Grenoble a donc demandé à la LPO de l’Isère d’intervenir pour ces travaux : étude sur les chauves-souris et l’avifaune et préconisations auprès des architectes. Des sorties d’observation seront proposées et une webcam sera installée sur le haut de la tour pour observer la faune de Grenoble. © OT Grenoble Hirondelle de rochers © Guy Bourderionnet Les habitants de la tour ou pas. Depuis 1997, je n’y ai pas manqué. Ma récompense, ce La tour a été élevée pour la grandeur des humains et l’ornementation sont les très nombreuses observations d’espèces (plusieurs milliers de son architecture souligne sa solidité, sa verticalité et son point au total) dont les faucons pèlerin et crécerelle, et l’hirondelle de de vue. N’ayant pas été pensée pour la faune, elle est pauvre en rochers, récente nicheuse... bonheur personnel garanti ! éléments fonctionnels : corniches, gargouilles, cavités ou recoins. Mais cette tour peut être autre chose : devenir un enjeu majeur pour De fait, après sa fermeture en 1960, elle n’a pas été prise d’assaut l’éducation à la nature et à l’environnement, en ville et en général. par la faune : ni colonie de moineaux ou de chauves-souris, ni aire Les espèces que l’on veut préserver après la restauration sont dignes de rapace. Certaines espèces ont donc appris discrètement à d’aider la LPO et la Ville de Grenoble à viser cet objectif. l’utiliser. Pour les voir, il faut y jeter un œil régulièrement, avec patience et optimisme. Il faut parfois faire preuve d’opportunisme Jean-Marc Coquelet pour trouver des espèces, même communes, dans des sites insolites INSTALLATION DE NICHOIRS À SAINT-MARTIN-D’HÈRES L’année dernière, la LPO de l’Isère a été contactée par la commune de Saint-Martin-d’Hères qui souhaitait réaliser une étude sur la biodiversité de la commune, avec pour objectif final de poser des nichoirs à oiseaux et des gîtes à chauves-souris afin d’essayer de limiter la propagation du moustique tigre. En contact avec les services de l’hygiène, de l’environnement et de l’urbanisme de Saint-Martin-d’Hères, la LPO a réalisé des recensements d’espèces, effectués sur 20 points d’écoute. Lors de cette étude, 35 espèces d’oiseaux et 8 espèces de chauves-souris ont été répertoriées. Suite à ces résultats probants, la ville de Saint-Martin-d’Hères a commandé 40 nichoirs pour passereaux et 25 gîtes à chauves-souris. Ils ont été posés par le service espaces verts de la commune en mars 2019, aidé par des bénévoles pour les conseils de pose. Mésanges, rougequeues et rougegorges pourront bientôt profiter de ces nouveaux logis ! Un suivi sera fait pour évaluer le taux d’occupation et vérifier les fixations. Nichoir pour semi-cavernicoles © Jean-Jacques Pruvot Jean-Jacques Pruvot 15 LPO Info Isère n°64
GYPAÈTES BARBUS EN HAUTE ROMANCHE : UN ŒUF TOUT NEUF EN 2019 ! La LPO de l’Isère est en relation avec plusieurs acteurs (Parc National des Écrins, association Envergures Alpines, ENEDIS, RTE, SÉDI...) pour suivre et préserver cette espèce fragile et hautement patrimoniale. La zone de sensibilité majeure (ZSM) Gypaète de 2018 a été élargie pour intégrer ce nouveau site de nidification et intégrée à la plateforme Biodiv’Sports pour limiter le dérangement lié aux sports de nature (vol libre, escalade, ski de rando). Les lignes électriques présentes dans la zone de nidification constituent un réel danger pour les gypaètes adultes, qui en hiver, volent bas à la recherche de cadavres d’ongulés sur les forêts de versant, ainsi que pour les jeunes qui maîtrisent mal le vol et n’ont pas l’expérience des dangers (jusqu’à deux ans, la mortalité des jeunes est très élevée). Gypaète barbu juvénile © Denis Simonin Il est nécessaire de neutraliser les pylônes dangereux et/ou de signaler les câbles conducteurs par des balises. Une étude de En 2018, nous avons eu la chance d’avoir la nidification de trois faisabilité est en cours par RTE sur la ligne haute tension. gypaètes barbus en Haute-Romanche, suivie d’une ponte et Pour la ligne basse tension, le comité départemental avifaune a de l’envol du jeune « Muzelle ». En 2019, un nouvel heureux validé la réalisation d’une expertise qui devrait conduire en 2019 événement est en préparation : ce trio nicheur (une femelle et à la signalisation et à la neutralisation de la ligne par ENEDIS. deux mâles) s’est réinstallé et se comporte aujourd’hui comme si Le SÉDI étudie la faisabilité d’enfouissement de cette ligne qui un nouvel œuf avait éclos. La date de ponte, estimée au 10 janvier, permettrait d’avoir une mesure pérenne. annonce l’envol du jeune en août ou septembre… à surveiller ! Nidification à suivre... BIODIVERSITÉ ET BÂTI : DEUX EXEMPLES DE COHABITATION RÉUSSIE Bien qu’espèce protégée, l’hirondelle À Noyarey, les 28 nids de la colonie suivie de fenêtre voit parfois son habitat mis depuis trois ans par Ginou Waeckel, étaient en danger et ses nids détruits. installés dans les encoignures des fenêtres et gênaient l’ouverture des persiennes. Deux exemples récents nous prouvent qu’il Un accord avec le syndic et le conseil est heureusement possible de concilier la syndical de la copropriété a pu être protection de cette espèce avec le monde trouvé pour le remplacement de ces nids économique. naturels par des nichoirs qui ont été fixés À Saint-Siméon-de-Bressieux, une importante sur l’acrotère supérieure du bâtiment colonie s’était installée sur un bâtiment à l’occasion de travaux d’entretien des hélas promis à la démolition : plus de 40 façades. nids permettaient chaque année à plus Il ne reste plus qu’à espérer que les de 250 jeunes hirondelles de prendre hirondelles, prochainement de retour, leur envol. Le promoteur JKPromotion apprécieront ces nouveaux aménagements ! et la commune se sont donc engagés avec la LPO à trouver un nouveau site de reproduction pour les hirondelles. La LPO a ainsi installé 40 nids artificiels sur un autre bâtiment situé à proximité, en présence des élus, du promoteur et des enfants de l’école primaire. Un panneau sera installé pour informer le public de cette action de protection. Nichoirs hirondelles de fenêtre © Benjamin Tosi Installation à Noyarey © Clarisse Novel LPO Info Isère n°64 16
LA LPO ET LE SÉDI OFFRENT DE NOUVEAUX TOITS AUX MOINEAUX SOULCIES DU TRIÈVES Nous vous en parlions dans le LPO Info n°62 : dans le cadre de leur convention, la LPO de l’Isère et le SÉDI ont décidé d’agir pour les moineaux soulcies du Trièves, en installant des nichoirs sur certains poteaux électriques, afin d’augmenter l’offre d’habitat de reproduction et développer ainsi cette espèce en danger critique d’extinction en Isère. En effet, la population iséroise de moineaux soulcies est estimée à une vingtaine de couples. La seule population reproductrice connue en Isère se trouve dans le Trièves. Très petite et donc fragile, elle est actuellement menacée par le Saint-Jean-d’Hérans © Clarisse Novel déclin de ses habitats de prédilection. Après une étude de terrain et des données recueillies sur faune-isere.org visant à définir les communes concernées par la présence du moineau soulcie, les poteaux favorables à l’accueil de l’espèce ont été déterminés. Ainsi, afin d’espérer une occupation des nichoirs pour la saison de reproduction débutant en avril, neuf nichoirs ont été installés dans la commune de Saint-Jean-d’Hérans le vendredi 8 mars. Une animation a aussi été organisée auprès des élèves de l’école primaire, qui ont pu assister à la pose. Nous espérons que ces nouveaux habitats pourront permettre de développer la petite population locale de cette espèce en danger critique d’extinction. Installation © Rémi Fonters À VOS MARES... PRÊTS, PARTEZ ! L’existence de réseaux de mares peu éloignées les unes des autres est Vous souhaitez aménager une mare cruciale pour permettre la dispersion sur votre terrain ? et la migration des espèces animales et végétales qui leur sont inféodées. Ces La LPO Auvergne-Rhône-Alpes délégation réseaux participent donc au maintien des Isère vous propose d’étudier votre projet continuités écologiques indispensables à et de vous apporter un accompagnement la faune et à la flore. technique et financier. Dans le cadre du Contrat Vert et Bleu de Cet appel à projet est destiné à tout type Chantier de création de mare © Olivier Quris Grenoble-Alpes Métropole, la LPO porte de propriétaire (collectivité, particulier...). un plan d’actions en faveur des mares sur Inventaire des mares l’ensemble du territoire de l’agglomération Nous avons également besoin de vous pour pour : recenser les mares de l’agglomération de améliorer les connaissances en réalisant Grenoble ! Si vous connaissez des mares un inventaire des mares, près de chez vous, signalez-nous vos mettre en œuvre des actions de observations : isere@lpo.fr restauration et de création de nouvelles mares pour renforcer le réseau existant. Inauguration mare d’Eybens © Alain Amselem Ce projet est financé par l’Union Européenne 17 LPO Info Isère n°64
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