LES BOUQUETINS DE CHARTREUSE - P.6 - LA FORMATION À L'ORNITHOLOGIE - P.4 UNE NOUVELLE ORGANISATION DE L'ASSOCIATION EN ISÈRE - P.13 - LPO Isère

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LES BOUQUETINS DE CHARTREUSE - P.6 - LA FORMATION À L'ORNITHOLOGIE - P.4 UNE NOUVELLE ORGANISATION DE L'ASSOCIATION EN ISÈRE - P.13 - LPO Isère
Journal trimestriel de la LPO AuRA, délégation Isère   Printemps 2019 N°64

                                                                              Bouquetin des Alpes © Alain Gagne

LES BOUQUETINS
DE CHARTREUSE - P.6
LA FORMATION À L’ORNITHOLOGIE - P.4

UNE NOUVELLE ORGANISATION
DE L’ASSOCIATION EN ISÈRE - P.13
LES BOUQUETINS DE CHARTREUSE - P.6 - LA FORMATION À L'ORNITHOLOGIE - P.4 UNE NOUVELLE ORGANISATION DE L'ASSOCIATION EN ISÈRE - P.13 - LPO Isère
Merci à Marine Coutroutsios
                                    pour sa contribution artistique !

        nature
Vous avez un talent particulier
pour l’illustration, la peinture,
la sculpture... ?
Mêlez votre art à la nature, à la
faune ou à la flore !
Envoyez-nous les photos de vos
créations à l’adresse suivante :
isere@lpo.fr
LES BOUQUETINS DE CHARTREUSE - P.6 - LA FORMATION À L'ORNITHOLOGIE - P.4 UNE NOUVELLE ORGANISATION DE L'ASSOCIATION EN ISÈRE - P.13 - LPO Isère
Martinet noir © Guy Bourderionnet

                                                              Édito
                                                              Des couleurs
     4 Connaître
           La formation à l’ornithologie                     L’hiver, rythmé cette année par le jaune des nombreuses
            par la LPO de l’Isère                             manifestations, aurait pu s’achever dans la couleur de
           Chronique ornitho : lecture de bagues             l’espoir : le vert. Vert du printemps naissant certes, mais aussi
                                                              de la grande vague que la Marche pour le climat a animée
            sur les bords de l’Isère
                                                              le 16 mars dernier. Une impressionnante marée humaine
                                                              estimée à 20 000 personnes a envahi ce jour-là les rues de
     6 Partager                                               Grenoble.
           Les bouquetins en Chartreuse,                     Car avec notre ambition de limitation du réchauffement
            Neuf ans après la réintroduction                  climatique à 2°C qui n’est déjà plus qu’une illusion, l’avenir
                                                              s’assombrit de jour en jour et les températures que nous
           Le milan royal en Isère
                                                              avons connues en février étaient trop printanières pour ne
           Sciences participatives : les compteurs           pas être inquiétantes.
            sont arrêtés, quels bilans ?                      Tous les signaux sont au rouge. Ce que nous entendons, que
           Sauvons les écureuils de la métropole             nous savons, mais que nous ne voulons pas comprendre, pas
            de Grenoble                                       prendre en compte, est pourtant déjà là : une augmentation
           Les martinets noirs à l’honneur à Grenoble        de 1°C en trente ans dans les Alpes et la perte d’un tiers du
           Faune-Isère : n’oubliez pas la liste !            manteau neigeux, avec des conséquences inévitables sur le
                                                              régime des cours d’eau et des risques d’étiage accrus en été.
                                                              Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu’une nouvelle
   12 Mobiliser                                               fois, ce sont bientôt des vagues noires, noires du pétrole de
           Portrait d’écolo : petit essai sur l’activité     l’America Grande, qui viendront sans doute souiller les côtes
            naturaliste et ses acteurs                        atlantiques et décimer les oiseaux marins.
           Une nouvelle organisation de l’association        Dans ce monde où la place de l’Homme est de plus en plus
            en Isère                                          prégnante, disputant à la faune et à la flore les derniers
                                                              espaces qui leur sont nécessaires pour vivre (ou survivre…),
           Tétras lyre en Combe Madame : prospection
                                                              il est du ressort de chacun de remettre en question ses
            de crottiers                                      façons de vivre et de faire un pas, ou deux, ou trois… vers de
           Un chantier bénévole pour le guêpier d’Europe     nouvelles habitudes de vie, plus sobres et plus respectueuses
                                                              des ressources de notre planète.
   15 Sauvegarder                                             Et parce que nos efforts ne suffiront pas pour changer le
                                                              cours de l’engrenage consumériste qui mène le monde dans
           Rénover la Tour Perret sans oublier
                                                              l’impasse, il nous faut aussi réveiller tous nos responsables
            la biodiversité                                   politiques qui font la sourde oreille à ces alertes. Les élections
           Installation de nichoirs à Saint-Martin-d’Hères   européennes approchent à grands pas et elles prennent
           Gypaètes barbus en Haute Romanche :               aujourd’hui tout leur sens car, en matière d’écologie, il n’y a
            un œuf tout neuf en 2019 !                        pas de frontières. Alors, sachons donner à notre Europe des
           Biodiversité et bâti : deux exemples              responsables capables de comprendre les enjeux de notre
            de cohabitation réussie                           société afin de l’engager vers un nouveau modèle, écologique
           La LPO et le SÉDI offrent de nouveaux toits       et solidaire pour tous.
            aux moineaux soulcies du Trièves
                                                                              Catherine Giraud, présidente territoriale
           À vos mares... prêts, partez !
                                                                                      de la LPO AuRA, délégation Isère
           Sauvetage des amphibiens : campagne 2019
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CONNAÎTRE

                      LA FORMATION À L’ORNITHOLOGIE
                                           PAR LA LPO DE L’ISÈRE
                                                                           le comportement des oiseaux sont présentés par thèmes (le vol,
                                                                           la reproduction…) et les cours d’identification sont structurés
                                                                           par famille (les anatidés, les rapaces, les passereaux…), l’accent
                                                                           étant donné sur le plumage le plus reconnaissable (nuptial et/
                                                                           ou adulte) ou le plus fréquemment rencontré dans notre région.

                                                                           Les cours de niveau 2 permettent d’approfondir les connaissances
                                                                           en ne se limitant pas qu’à l’identification des plumages les plus
                                                                           simples et en abordant de fortes notions d’éthologie.

                                                                           Les cours de niveau 3 sont réservés aux élèves qui souhaitent
                                                                           aller au bout de la démarche en étudiant en détails la vie des
                                                                           oiseaux au cours des saisons (migrations, plumages, mues,
                                                                           comportements) et au-delà les adversités qu’ils rencontrent dans
                                                                           leur existence (pollution, destruction des habitats, chasse…).
 Rougegorge familier © Alain Gagne
                                                                           Pour chaque niveau, les cours sont complétés par une formation
                                                                           sur le chant des oiseaux (apprentissage des chants et théorie).*
 Depuis 2016 à Grenoble, la LPO propose au public un cycle
     complet dédié à l’apprentissage de l’ornithologie                     Deux niveaux sont actuellement en cours de formation (niveau 2
       en trois ans, en collaboration avec Natagora.                       et niveau 3).
                                                                           À la rentrée de septembre 2019, les élèves de niveau 2 entameront
L’objectif est de permettre aux participant-es de découvrir le             leur troisième année et un nouveau niveau 1 sera ouvert à toute
monde des oiseaux en partageant une passion commune pour la                personne désireuse de commencer cette formation.
nature et la biodiversité. Sur le long terme, l’idée est également         Vous êtes intéressé-e ?
de former des observateurs experts, assidus et actifs sur le terrain       Pensez à vous inscrire dès le mois de juillet 2019 à isere@lpo.fr
afin d’enrichir le bénévolat et les suivis d’espèces au sein de la         ou au 04 76 51 78 03 !
LPO Auvergne-Rhône-Alpes, délégation Isère.
                                                                           * Pour ceux qui souhaiteraient apprendre uniquement la
Le programme de cette formation est composé de 3 années                    reconnaissance des chants, la formation « Petite université du
de cours variés et structurés, dispensés par des ornithologues             piaf » permet de ne suivre que les cours concernant les chants
chevronnés (niveau 1 – débutant, niveau 2 – intermédiaire,                 d’oiseaux. Cette formation comprend 5 cours et coûte 20 €.
niveau – 3 confirmé). Les cours (une vingtaine) ont lieu en salle
et des sorties sont organisées pour acquérir les connaissances
directement sur le terrain.

Cette formation est payante (350 € pour les adhérent-es, 390 €
pour les non-adhérent-es) et une attestation de suivi des cours
est délivrée aux participant-es.

Les cours de niveau 1 s’adressent à un public sans pré-requis
ou connaissance préalable à l’ornithologie, ou à un public
désirant structurer et parfaire ses connaissances de base par
l’apprentissage d’une méthode d’identification éprouvée en
Belgique et dans le nord de la France.
Ces cours peuvent être qualifiés de « cours pour débutant-es »
mais le niveau s’élève rapidement durant l’année. Les cours sur            Sortie chants d’oiseaux © Jacques Prévost

LPO Info Isère n°64                                                    4
LES BOUQUETINS DE CHARTREUSE - P.6 - LA FORMATION À L'ORNITHOLOGIE - P.4 UNE NOUVELLE ORGANISATION DE L'ASSOCIATION EN ISÈRE - P.13 - LPO Isère
CHRONIQUE ORNITHO
             LECTURE DE BAGUES SUR LES BORDS DE L’ISÈRE

Jaseur boréal © Hugo Bourdin

Janvier nous a apporté de la neige, février du soleil ! Du côté des        Valbonnais et à Mens. Un hibou des marais est présent à Colombe
oiseaux peu communs, le bilan de ce début d’année est maigre               en plaine de Bièvre. Le Trièves reste le seul site de présence
tant les hivernants nordiques se font rares. Seuls trois garrots           régulière du moineau soulcie.
à œil d’or au Cheylas et un autre garrot à Laffrey sont signalés.
Un grèbe jougris est observé jusqu’à la mi-janvier sur le lac de           Février est un bon mois pour commencer à prospecter les
Paladru. Aucun plongeon, ni macreuse cet hiver.                            secteurs occupés par les divers pics et chouettes. Dans la plaine,
                                                                           le pic mar – sans être encore très fréquent – est contacté sur ses
Même pour les espèces plus communes, comme l’oie cendrée                   sites habituels dans le nord-est du département. Les premières
ou le canard siffleur, il faut être chanceux pour les observer             chevêchettes d’Europe et une chouette de Tengmalm font le
dans les jumelles. Les comptages Wetlands isérois sur les grands           bonheur des amateurs qui attendaient la 13ème Nuit de la Chouette
barrages ont confirmé cette tendance de fond d’autant plus qu’en           avec impatience !
l’absence de plans d’eau gelés, les oiseaux se dispersent ici et là.                                                             Serge Risser
Les canards nordiques sont de plus en plus nombreux à hiverner
jusque dans les eaux côtières finlandaises. Au moins, ces oiseaux
échappent à l’abattage de nuit par les chasseurs français. Hormis
quelques belles bandes de pinsons du Nord dans le Trièves, les
passereaux nordiques n’ont pas afflué aux mangeoires non plus.
Une troupe d’une trentaine de jaseurs boréaux est aperçue
brièvement sur le Vercors.

Une activité prisée par les ornithologues est la lecture des
bagues des oiseaux. Ainsi, sur les bords de l’Isère, près de six
goélands pontiques sont observés simultanément dont au moins
deux portaient une bague, P:W87 venant de Pologne et X934
d’Allemagne. Le suivi assidu par les observateurs permettra aussi
de découvrir un goéland brun norvégien J754C, deux goélands
leucophées suisses HD288 et HD437 et deux mouettes rieuses,
TXA0 polonaise et HWWA hongroise.

Les grands oiseaux migrateurs sont déjà de retour à l’instar
des premières cigognes blanches et des grues cendrées. Ces
dernières remontent selon un axe Sud-Ouest / Nord-Est mais
celles hivernant en Camargue remontent par la vallée du Rhône,
ce qui nous permet de les observer dans l’ouest du département.

En montagne, le couple de gypaètes vers les Emparis est de
nouveau présent et des vautours moines sont observés dans le               Hibou des marais © Raphaël Bussière

                                                                       5                                                     LPO Info Isère n°64
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                      LES BOUQUETINS EN CHARTREUSE
                         NEUF ANS APRÈS LA RÉINTRODUCTION
 Emblème de la protection de la nature alpine, le bouquetin
  est un animal de milieux rocheux que l’on peut parfois
           observer jusqu’à assez basse altitude.
   En Chartreuse, il fréquente principalement les barres
     rocheuses, les pentes raides et les milieux ouverts
       à proximité d’escarpements rocheux où il peut
            se réfugier pour se protéger ou fuir
                 de potentiels prédateurs.

Les bouquetins font preuve d’une grande capacité d’adaptation
en fonction des conditions météorologiques, de la végétation
ou des activités humaines. Lorsqu’il fait trop chaud ou que
la tempête s’abat sur le massif, ils n’hésitent pas à s’abriter à
l’entrée des cavités ou des abris sous roche, parfois en compagnie
de chamois. Lorsque les pentes sont blanchies par la neige, les
bouquetins utilisent les versants qui déneigent le plus vite ; on
peut donc les observer sur les pentes les plus raides exposées à
l’est, à l’ouest ou au sud.

                                                                          Bouquetin des Alpes © Thomas Cugnod

                                                                         Au printemps et à l’automne, ils n’hésitent pas à s’aventurer sur
                                                                         le plateau de l’Alpe et de l’Alpette, qu’ils quittent dès que les
                                                                         troupeaux montent en estive. Le reste de l’année, ils peuvent être
                                                                         observés au milieu des pinèdes de pins à crochet, des clairières de
                                                                         l’étage subalpin et des dalles de lapiaz.

                                                                         En 2010 et en 2011, le Parc naturel régional de Chartreuse a
                                                                         réintroduit 30 bouquetins des Alpes, sur la commune d’Entremont-
                                                                         le-Vieux, au pied de la Réserve Naturelle Nationale des Hauts de
                                                                         Chartreuse.
                                                                         Afin de mixer les origines du noyau de population de Chartreuse, 15
                                                                         bouquetins ont été capturés en 2010 sur la Réserve de Belledonne-
                                                                         Sept Laux gérée par l’Office National de la Chasse et de la Faune
                                                                         Sauvage (ONCFS) et 15 autres bouquetins ont été capturés en
                                                                         2011, dans le Parc national de la Vanoise, sur la commune de
                                                                         Champagny-en-Vanoise.

                                                                         Un peu plus de 8 ans après les dernières opérations de
                                                                         réintroduction de bouquetins des Alpes en Chartreuse, le bilan est
                                                                         assez contrasté. Étant donné qu’aucun animal né en Chartreuse
                                                                         n’a été équipé de dispositif de marquage ou de géolocalisation
                                                                         et que les milieux fréquentés ne facilitent pas l’observation
                                                                         visuelle, la précision des connaissances concernant la répartition
                                                                         géographique des animaux et la dynamique de la population a
 Bouquetins des Alpes © Paul Boudin                                      diminué au fur et à mesure des années.

LPO Info Isère n°64                                                  6
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Dent de Crolles © Thomas Cugnod

             Répartition géographique et habitats                             Il est important de rappeler que le bouquetin des Alpes est une
                                                                              espèce qui a été sauvée in extremis de l’extinction et qui a subi,
Depuis 2010, les bouquetins sont toujours majoritairement                     suite à son sauvetage et aux différentes réintroductions, des
observés sur deux secteurs : le Granier et l’entité « Pinet – Fouda           goulots d’étranglement génétique. La pérennité d’une population
Blanc – Roche Fitta ». Ces deux secteurs sont ce que l’on appelle des         animale sur le long terme étant grandement dépendante de cette
« sites vitaux », car ils sont utilisés au moment du rut (décembre),          diversité génétique et l’insularité de la Chartreuse rendant le
des naissances (juin) et pendant la période hivernale. Les femelles           brassage génétique impossible, il est important de maintenir le
et les jeunes animaux sont particulièrement fidèles à ces sites tout          suivi de cette population et notamment :
au long de l’année. Les mâles, hormis pendant la période du rut,              • d’évaluer la croissance de la population,
sont beaucoup plus mobiles et visitent largement la moitié Est du             • de suivre la colonisation sur l’ensemble du massif,
massif de Chartreuse. L’axe de circulation utilisé par les bouquetins         • d’étudier la diversité génétique et l’état sanitaire de la population
(ou corridor) est guidé par les crêtes rocheuses et les vires (sangles)          afin d’envisager un renforcement du noyau réintroduit.
des Hauts de Chartreuse jusqu’au Mont Saint-Eynard.
Les animaux sont régulièrement observés du Granier aux crêtes                 La réintroduction de cette espèce emblématique est une
de Bellefont, mais également sur Pravouta en passant par la Dent              aventure naturaliste et humaine exceptionnelle, qui a mobilisé de
de Crolles, puis de façon plus anecdotique sur les crêtes du Saint-           nombreux agents publics (Parcs nationaux, ONCFS, ONF, Réserves
Eynard.                                                                       naturelles, DDT, DREAL, etc.) mais qui a également mobilisé de
En 2011, des mâles ont aussi été observés sur les crêtes du Mont              nombreux bénévoles d’associations ou individuels (naturalistes,
Joigny, de l’Outheran et de Roche Veyrand. Par contre, aucune                 accompagnateurs en montagne, habitants, chasseurs,
observation n’a encore été répertoriée sur le secteur du Grand Som,           photographes...) qu’il est important de remercier.
de Chamechaude, du Charmant Som et de la Sure. Sur ces derniers
secteurs, le bouquetin est souvent confondu avec le mouflon.                                                            Paul Boudin et Gérard Pin

                  Dynamique de la population

Sur une soixantaine de bouquetins (évaluation au doigt mouillé),
nous comptabilisons actuellement au maximum 8 bouquetins
marqués (boucles aux oreilles et collier), dont 7 femelles et 1
mâle. En 2018, 6 cabris ont été observés, ce qui est relativement
faible. Cependant nous pouvons retenir qu’au cours des neuf
premières années, l’indice de reproduction est globalement bon
(supérieur à O,8).
Le point particulièrement positif est que des naissances
gémellaires ont été observées quasiment tous les ans, ce qui
est relativement rare chez le bouquetin et signe d’une bonne
dynamique.
Le point le plus négatif est que la mortalité relativement importante
les premières années a ralenti la croissance de la population et
n’a pas permis d’avoir un décollage démographique important
comme espéré. Les femelles originaires de la Vanoise ont très peu
participé à la reproduction et plusieurs ont été emportées par des
avalanches avec leurs cabris. Il est aujourd’hui impossible d’évaluer
si les animaux de la Vanoise ont pu contribuer significativement au
brassage génétique de ce noyau d’animaux réintroduits.                        Bouquetin des Alpes © Alain Gagne

                                                                          7                                                         LPO Info Isère n°64
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LE MILAN ROYAL
                                                           EN ISÈRE

 Milan royal © Alain Gagne

Le milan royal, espèce typique des zones agricoles ouvertes                dortoirs hivernaux, nous n’en connaissons qu’un en Bièvre, mais
   extensives et de polyculture, était un rapace commun                    y en a-t-il d’autres ? Et d’où viennent les milans présents ?
  il y a encore une vingtaine d’années. Aujourd’hui, il est                Un premier élément de réponse nous est parvenu avec
                     gravement menacé.                                     l’observation d’un individu équipé d’une balise en janvier, qui
                                                                           viendrait de Suisse où des mesures de conservation existent
Les causes sont multiples : diminution des surfaces en herbe,              depuis plusieurs années avec un suivi par satellites de certains
changement des pratiques agricoles, braconnage, collisions avec            individus.
des véhicules, éoliennes et lignes électriques...                          Bref, nous avons beaucoup de choses à apprendre ou à (re)
Après son déclin constaté depuis les années 1990, le milan                 découvrir sur cet oiseau vraiment royal !
royal fait depuis l’objet d’un plan national d’actions, récemment
reconduit pour la période 2018-2027, coordonné par la LPO et mis           Dans le cadre du plan national d’actions, des prospections ciblées
en œuvre par un réseau de structures environnementales piloté              sont à prévoir en France, y compris en périphérie de la répartition
par la Mission rapaces de la LPO (rapaces.lpo.fr/milan-royal/).            connue du milan royal.
                                                                           Ainsi, trois secteurs de prospection sont proposés par le groupe
En Isère, le milan royal est très présent sur notre département, où        rapaces dans notre département :
il est régulièrement observé. Il s’agit essentiellement d’individus        3236e = Trièves_Treffort
observés lors des passages migratoires et, depuis peu, nous                3336o = Matheysine_Sievoz
avons mis en évidence l’existence de dortoirs hivernaux. Côté              3233e = Voironnais-Chartreuse_Merlas
reproduction, il était anciennement connu nicheur dans le Vercors,
le Trièves et la Chartreuse. Récemment, il a été redécouvert nicheur       Si vous êtes intéressé-es, soit par le réseau en général
en 2013 dans le Vercors et en Nord Isère en 2018.                          (prospections, suivi d’un site de nidification ou d’un dortoir,
                                                                           sensibilisation) ou pour prospecter un de ces secteurs, merci de
Mais qu’en est-il exactement et actuellement ? Ne passons-nous             vous faire connaître pour vous inclure dans ce groupe : franck.
pas à côté d’autres sites de reproduction ? Et concernant les              boissieux.alba@gmail.com ou remi.fonters@lpo.fr.

                                                                                                                           Franck Boissieux
LPO Info Isère n°64                                                    8                               Coordinateur groupe milan royal Isère
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SCIENCES PARTICIPATIVES
         LES COMPTEURS SONT ARRÊTÉS : QUELS BILANS ?
Les 26 et 27 janvier 2019 était organisé le premier comptage
« oiseaux des jardins » de l’année. Ce comptage national a
lieu tous les ans en janvier et en mai et permet de rendre
compte de l’évolution des oiseaux dits « communs ».
Pendant une heure ce week-end, les participants, qu’ils soient
initiés ou connaisseurs, ont ainsi pu compter les oiseaux qui
visitaient leur jardin, balcon, ou un parc public.

Jumelles en main, ils ont ainsi répertorié toutes les espèces
d’oiseaux qu’ils voyaient.
Voici le résultat de nos contributeurs isérois :

                                                                      Mésange charbonnière © Thierry Barré

                                                                     En 2018, les oiseaux communs diminuent toujours en
                                                                     Auvergne-Rhône-Alpes...

                                                                     Depuis 2001, la LPO Auvergne-Rhône-Alpes coordonne sur
                                                                     la région un programme national de suivi de population des
                                                                     oiseaux communs (STOC), piloté au niveau national par le
                                                                     Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.
                                                                     Dans la région, plus de 300 personnes suivent chaque
                                                                     printemps aux mêmes endroits les populations d’oiseaux
                                                                     communs.
                                                                     À partir de ces 750 000 données récoltées sur le terrain, on
                                                                     évalue les tendances d’évolution des populations d’oiseaux
                                                                     de la région pour les 75 espèces les plus communes.

                                                                     Les résultats 2018 montrent une forte diminution pour les
                                                                     espèces des milieux agricoles (-19,5 %) et des villes et villages
                                                                     (-14,6 %). Les espèces généralistes (+3,5 %) et forestières
                                                                     (+5,7 %) se portent un peu mieux, mais plusieurs espèces
                                                                     de ces groupes diminuent malgré tout et cela est inquiétant.

                                                                     Voici quelques exemples de tendances :
                                                                      l’alouette des champs a diminué de 14 %
                                                                      l’hirondelle rustique a diminué de 28 %
                                                                      la mésange charbonnière a diminué de 11 %
                                                                      le rougegorge familier a augmenté de 11 %
                                                                      le merle noir a augmenté de 10 %

                                                                     Ce déclin majeur a de nombreuses causes, dont une forte
                                                                     diminution de la ressource alimentaire et des pertes
                                                                     d’habitats nécessaires au cycle de vie de ces espèces :
                                                                      création de paysages homogènes et artificialisés ne laissant
                                                                     pas de place pour la nature,
                                                                      utilisation de produits phytosanitaires dans les jardins ou
                                                                     l’agriculture,
                                                                      disparition des milieux naturels qui laissent la place à une
                                                                     forte urbanisation.
                                                                                                                      Arthur Vernet
Merci à tous d’avoir participé à ce comptage. Nous vous
attendons au moins aussi nombreux pour le comptage des
oiseaux nicheurs les 25 et 26 mai 2019 !

                                                                 9
                                                                                                                     LPO Info Isère n°64
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SAUVONS LES ÉCUREUILS DE LA MÉTROPOLE !
                        INSTALLATION DE PASSAGES À ÉCUREUILS
Le 12 février 2019, les deux premiers passages à écureuils ou               et des propriétaires des arbres concernés. Un piège-photo a
« écuroducs » ont été installés à Seyssins afin de limiter les              également été placé afin d’évaluer l’utilisation de ces écuroducs
écrasements dus au réseau routier.                                          par les écureuils.
Ces deux installations ont été mises en place sur la commune, la
première au-dessus de l’avenue de Grenoble en limite du parc                On espère que ces deux ouvrages sont les premiers d’une longue
François Mitterrand (Refuge LPO) et l’autre entre le 17 et 22               série : l’objectif est de poser 50 passerelles à écureuils d’ici 2022 !
avenue de la Poste. La réalisation de ces ouvrages a été possible
grâce au concours de la mairie, de Grenoble-Alpes Métropole                                                                         Adrien Lambert

                      Signalez-nous les écrasements d’écureuils et hérissons !

   Les premiers écuroducs sont installés sur les communes de la métropole de Grenoble, et
   ce grâce à vous et aux observations que vous nous transmettez !

   Dans le cadre du Contrat Vert et Bleu de Grenoble-Alpes-Métropole (2018-2022), nous
   vous invitons à nous transmettre vos données d’écrasement concernant les écureuils et
   les hérissons.
   Pour les écureuils, cela permettra d’identifier les sites d’écrasements prioritaires et
   éventuellement d’installer des passages à écureuils. Pour les hérissons, il s’agira de mieux
   cartographier les sites d’écrasements et d’envisager des aménagements (passage à petite
   faune par exemple) en concertation avec les services concernés.

   Transmettez-nous vos observations sur www.faune-isere.org, grâce à Naturalist ou
   contactez Adrien Lambert : adrien.lambert@lpo.fr
                                                                                                             Écureuil roux © Benjamin Tosi

                                      LES MARTINETS NOIRS
                                       À L’HONNEUR À GRENOBLE
                                                                            La LPO de l’Isère et la ville de Grenoble mènent depuis trois ans un
                                                                            programme de recensement et de préservation du martinet noir.
                                                                            L’an dernier, nous avons pu recenser la colonie de l’église Saint-
                                                                            André grâce à de nombreux bénévoles et à la méthode de
                                                                            comptage mise en place par Jean-Marc Coquelet (122 trous de
                                                                            boulin occupés en 2018).
                                                                            Ainsi, pour la troisième année, la LPO vous invite à recenser les
                                                                            martinets noirs nicheurs sur la commune de Grenoble afin d’avoir
                                                                            un meilleur aperçu de la population et de son évolution.
                                                                            En 2019, nous continuerons à suivre les sites connus et nous
                                                                            souhaitons intensifier les recherches dans les quartiers Saint-
 Martinet noir © Guy Bourderionnet
                                                                            Bruno et Berriat.
                                                                            Merci de nous transmettre toutes vos observations de martinets
Le martinet noir niche dans les petites cavités rocheuses                   noirs sur www.faune-isere.org, grâce à Naturalist, ou par mail à
naturelles. Aujourd’hui, en raison de l’urbanisation et de l’intérêt        Adrien Lambert : adrien.lambert@lpo.fr.
que peuvent représenter les constructions artificielles, l’espèce
niche presque exclusivement dans les anfractuosités de bâtiments            Plusieurs sorties seront organisées au début de l’été. Nous
en environnement urbain.                                                    vous tiendrons bien évidemment au courant !

                                                                                                                                    Adrien Lambert

LPO Info Isère n°64                                                    10
FAUNE-ISERE.ORG
                                        N’OUBLIEZ PAS LA LISTE !

Observation de bouquetins © Onesime Prudhomme

  Le site de saisie de données naturalistes faune-isere.org               sur la pression d’observation (le temps passé à prospecter,
  a ouvert au printemps 2010, suivi de l’application pour                 élément de connaissance décisif pour analyser les données).
       smartphone et tablette « Naturalist » fin 2014.                    Dans les données non protocolées, toutes ces informations
         Les naturalistes pouvant dorénavant saisir                       manquent !
        directement sur le terrain leurs observations,
         leur nombre a augmenté considérablement.                                      Comment faire pour saisir une liste ?

Les observations faunistiques n’ont jamais été aussi nombreuses            Choisissez un ou plusieurs lieux : depuis un point ou lors
et la connaissance n’a jamais été aussi bonne. Néanmoins, des             d’une promenade. Attention, ne pas faire de listes lors de vos
améliorations sur la qualité de la donnée sont possibles et la            déplacements en vélo, en voiture ou en train ! (découpez votre
saisie par liste est une solution pour l’améliorer.                       marche en tronçons de moins de 1km et dressez une liste pour
Explications.                                                             chacun des tronçons).
                                                                           Faites des listes aussi souvent que vous le pouvez ! Une liste
Aujourd’hui, chaque observateur a ses habitudes et infiniment             de 5 à 15 minutes est parfaite, mais vous pouvez faire plus long.
peu de données sont saisies de manière « protocolée ». Ces                Au-delà, la quantification devient, sauf exception (migration par
données non protocolées indiquent essentiellement des données             exemple), très aléatoire.
de présence d’espèces et renseignent très rarement une absence.            Quantifiez : Il faut indiquer le nombre d’individus distincts de
                                                                          chaque espèce que vous avez détectés. Notez le maximum vu
Pour pallier ce manque, il faut idéalement que tout observateur           simultanément pour éviter de compter deux fois le même individu.
utilisant Naturalist sur le terrain s’applique à communiquer ses          Si vous avez un doute sur le nombre, notez « minimum 1 ».
données par « liste complète », s’engageant ainsi à transmettre            Quand ? Il est très intéressant de faire des listes au même
toutes les espèces (d’oiseaux) qu’il a été capable de voir ou             endroit tout au long de l’année. Par exemple, faites une liste
d’entendre.                                                               hebdomadaire de votre site d’observation préféré.
                                                                           Convaincre : parlez-en à vos amis naturalistes !
Ces listes complètes renseignent sur les espèces observées à un            De manière pratique : vous pouvez saisir en temps réel ou plus
endroit et à un moment précis, mais également sur celles qui              tard sur Naturalist, des tutoriels sont disponibles sur faune-isere.org,
n’ont pas été détectées. Grâce à cela, nous pouvons établir la            document pdf joint à la « news » du 08/12/2017 ou sur Faune-
fréquence relative d’apparition dans l’espace et dans le temps            France, onglet « aide et tutos ».
des différentes espèces d’oiseaux et étudier très précisément leur                                                            Anaëlle Atamaniuk
phénologie. En outre, les listes apportent de précieux éléments

                                                                     11                                                          LPO Info Isère n°64
MOBILISER

                                       PORTRAIT D’ÉCOLO :
 PETIT ESSAI SUR L’ACTIVITÉ NATURALISTE ET SES ACTEURS
                   DEUX EXTRÊMISTES...

                                                                                                                         Illustration © Fanny Le Bagousse

 Comme j’ai déjà pu le dire, LE naturaliste n’existe pas. Au                 l’aise que grive en terrine et au risque de tenir des propos abrupts
hasard des rencontres de terrain, de colloques ou de casse-                  sans souci de la bienséance. Il est le vrai naturaliste car le plus
 croûtes, on en rencontre de toutes sortes : des anciens et                  proche des animaux qu’il traque.
  des jeunes, des dames et des messieurs, des bruns et des
blonds, et je passe sur les affinités religieuses, politiques ou             À l’autre bout de la banderole, se tient homo ornitho
sociétales ! Tout ce petit monde se rassemble toutefois sous                 bibliothecus : il a le teint pâle et sent le papier. Grand lecteur
  la bannière « Pour que vive le vivant » et c’est heureux.                  d’ouvrages divers, de tirés-à-part, de publications en toutes
                                                                             langues, sa connaissance des oiseaux est livresque. Il est une
Il se trouve cependant quelques spécimens qui valent le détour               source inépuisable de renseignements pour l’ornitho qui ne sait
pour eux-mêmes, mais aussi par ce qui les oppose : ils tiennent              pas lire, mais n’aime pas crotter ses souliers.
chacun un bout de la banderole « Protégeons la biodiversité »                Il existe même une forme antiquus de cette sous-espèce, étrange
mais dans des costumes bien différents.                                      personnage qui ne s’intéresse qu’aux publications vieilles
Observons-les…                                                               d’au moins cinq générations. Il emprunte à ses lectures des
                                                                             formulations souvent savoureuses telles que « contrefaisant »
On ne voit de lui qu’une paire de jumelles avec du poil autour               pour parler d’hypolaïs, ou encore « orfraie » pour dire pygargue,
et qui pousse dans tous les sens : c’est homo ornitho hirsutus.              rendant ainsi hommage à Monsieur de Buffon. Cette appétence
Il connaît toutes les bêtes, leurs remises et terriers, mais ignore          toujours inassouvie pour les incunables et les grimoires l’entraîne
peigne, cravate et gel-douche « Vu à la télé ». Son costume trois-           à fréquenter bouquinistes, ventes aux enchères, bibliophiles et
pièces se résume à un vieux treillis de surplus militaire, une paire         poubelles, abandonnant peu à peu l’objet initial de ses intérêts…
de croquenots et un bonnet de laine, le tout environné d’une                 les oiseaux ! Cette dérive le mène à des activités de recherche
fragrance « terreau musqué » fort tenace, surtout en milieu                  excessives qu’il camoufle en invoquant l’indispensable apport du
confiné. Son domaine se trouve au fond des bois et des marais,               passé à la science moderne, confondant l’amour de Saint François
là où seuls les vieux sangliers osent se risquer. Il s’y déplace sans        d’Assise pour les oiseaux avec un traité d’ornithologie.
bruit, couleur de feuilles et fort en ruses animales. Il s’endort            Sa réclusion dans les salles de lecture le rend fragile et au premier
facilement sur un tas de pierres, ne mange ni ne boit dans sa                contact avec la vraie nature, il s’enrhume et s’en retourne à ses
quête sauvage. On le voit peu en réunion car il s’y sent aussi à             chères études, chaudement vêtu, avec cache-nez et mitaines.

                                                                                                                                   Jacques Prévost
LPO Info Isère n°64                                                     12
UNE NOUVELLE ORGANISATION
                             DE L’ASSOCIATION EN ISÈRE
Suite à la fusion des LPO en Auvergne-Rhône-Alpes, l’Assemblée                L’ouverture de nos actions vers des publics différents (jardins
générale annuelle est remplacée par des assises territoriales.                familiaux, public défavorisé, handicapés...) a également été
Les premières assises territoriales de la LPO Auvergne-Rhône-                 abordée, ainsi que le développement de la présence de la LPO
Alpes délégation Isère se sont tenues samedi 6 avril à Quaix-en-              sur tout le département à travers le réseau des « colocos » et
Chartreuse.                                                                   la création de groupes locaux pour proposer des actions locales
Après un rapide bilan des grandes actions qu’a menées la                      pour les adhérents et les habitants.
délégation territoriale en 2018, les adhérent-es, bénévoles
et salarié-es présents ont été invités à échanger lors de tables              Une quatrième table ronde laissait libre cours à l’imagination et
rondes sur le projet territorial à construire, en lien avec le plan           à la créativité des participant-es qui échangeaient de manière
stratégique de la LPO AuRA.                                                   totalement ouverte sur tous les thèmes possibles. Ainsi, cette
                                                                              table ronde a fait ressortir différents axes de travail :
                                                                               développer les actions pour la sensibilisation des jeunes :
                                                                              écoles, collèges, lycées et étudiants mais aussi vers les familles,
                                                                               augmenter l’acquisition de terrains par la LPO en vue de leur
                                                                              protection,
                                                                               développer les actions vers les handicapés et les personnes
                                                                              défavorisées,
                                                                               militer davantage pour la limitation des jours de chasse (en
                                                                              particulier le dimanche).

 Quaix-en-Chartreuse © Clarisse Novel

La table ronde « Agir pour les espèces, les sites et les habitats » a
mis en évidence l’importance de protocoler les bases de données
Visionature (faune-isere.org) afin notamment d’ouvrir les données
à tous, le besoin de s’intéresser à la « nature commune », en
développant les Refuges LPO par exemple, la nécessité de faire
un suivi très strict des mesures compensatoires, la possibilité
d’acheter des terrains et d’en mener la gestion afin d’intégrer la
biodiversité et enfin, l’envie d’associer les adhérents locaux et les
habitants dans les actions de l’association.

Une seconde table ronde a réfléchi aux meilleures solutions pour
« Renforcer la sphère LPO ». Les idées principales qui en sont                 Table ronde © Clarisse Novel
ressorties sont les suivantes :
 développer la création de groupes locaux pour agir                          Ces assises se sont clôturées par la présentation et l’élection des
directement et localement dans les communes                                   nouveaux membres du comité territorial et un verre de l’amitié
 décentraliser les activités de l’association,                               a permis d’échanger tous ensemble sur ces belles années qui se
 s’engager davantage dans la culture (expositions, films...),                profilent, pour la nature et la biodiversité !
 former les bénévoles actifs,                                                                COMPOSITION DU COMITÉ TERRITORIAL
 faire émerger de nouvelles formes de bénévolat : informatique,                                 LPO AURA DÉLÉGATION ISÈRE
bricolage...
                                                                                                               DESCHÂTRES Jean
Le groupe qui travaillait sur l’axe « Mettre la nature au cœur de la                                            DRILLAT Pascale
                                                                                                               GIRAUD Catherine
société » a longuement abordé la question de la sensibilisation et
                                                                                                                 GROSS Claude
de l’éducation à la nature pour tous, tout au long de la scolarité,                                            LE DUC Géraldine
mais aussi durant la carrière professionnelle au sein de l’entreprise.                                            POSAK Éric
Ces réflexions ont amené le groupe à réfléchir à l’action que la LPO                                           PRÉVOST Jacques
France devrait mener auprès du ministère de l’éducation pour que                                                 RISSER Serge
l’environnement fasse partie de tous les programmes scolaires.                                                  THONON Daniel
                                                                                                              TRAHIN Anne-Marie

Vous avez des suggestions à nous faire à propos du bénévolat et de la vie associative de la LPO AuRA délégation
Isère ? Un questionnaire en ligne est disponible sur le site isere.lpo.fr/category/actualites : donnez-nous votre avis !

                                                                         13                                                       LPO Info Isère n°64
TÉTRAS LYRE EN COMBE MADAME
                                         PROSPECTION DE CROTTIERS
                                                 Comme vous avez pu le lire dans de précédentes éditions du LPO Info Isère, nous avons
                                                 mis en place des zones de refuge hivernal pour le tétras lyre en Combe Madame (RNCFS
                                                 de Belledonne), dont une est balisée chaque année en partenariat avec le CAF Grenoble-
                                                 Oisans.
                                                 L’hiver, le tétras lyre s’enfouit sous la neige dans un igloo afin de se protéger du froid
                                                 et des prédateurs. L’activité du tétras lyres est fortement réduite pendant l’hiver ;
                                                 on estime qu’il peut rester inactif presque 80 % du temps. Et cet immobilisme laisse
                                                 des traces à la fonte des neiges ! On retrouve alors des crottiers à la place des igloos.
                                                 Recenser ces crottiers permet de savoir où les tétras lyre ont passé l’hiver, alors qu’il est
 Tétras lyre © Denis Simonin                     plus compliqué de les observer directement à cette période.
                                                 Afin d’évaluer la fréquentation des zones de refuge définies en concertation, la LPO
                                                 réalisera une ou deux journées de prospection des crottiers à la fonte des neiges (entre
                                                 avril et mai). Nous aurons besoin de nombreux bénévoles pour nous aider dans cette
                                                 tâche !

                                                 Accompagnez-nous dans nos actions en faveur des galliformes de montagne !
                                                 Rejoignez le groupe Galliformes de montagne à la LPO en Isère : serge.risser@lpo.fr
                                                 Vous souhaitez nous accompagner en Combe Madame ? : adrien.lambert@lpo.fr

                                                                                                                               Adrien Lambert

 Crottiers de tétras lyre © Arnaud Foltzer

                                      UN CHANTIER BÉNÉVOLE
                                             POUR LE GUÊPIER D’EUROPE
Depuis 2006, Laurent Majorel, bénévole à la LPO de l’Isère, organise un chantier annuel
dans la plaine du Grésivaudan à Montbonnot pour préparer l’arrivée du guêpier d’Europe
début mai, et ainsi favoriser sa nidification. Chaque année, une dizaine de personnes
participe à ces actions, qui consistent à nettoyer les pentes en enlevant la végétation et
en ratissant pour créer un environnement sécurisé et propice à la présence de cet oiseau
migrateur. Laurent et ses équipes de bénévoles reçoivent l’aide technique et matérielle
de la société SOCAFI.

Grâce à cette gestion, la colonie est passée d’une dizaine de couples dans les années
2000 à soixante-seize couples en 2018.
Le chantier sert également à d’autres espèces, comme le petit gravelot qui profite de ces
zones pour nicher. La population de ce dernier est en déclin, passant de quatre couples
au cours de la dernière décennie à un seul en 2018.
Cependant, le secteur voit se développer des zones qui favorisent la présence des
oiseaux : jardins partagées, vergers, rûchiers et ferme en agriculture biologique. L’espoir
et l’optimisme sont donc permis !

Cette année, le chantier aura lieu le samedi 13 avril à partir de 8h00.
Selon les possibilités de chacun : râteaux, piochons, pelles, gants, bottes, jumelles sont
les bienvenus, accompagnés de votre bonne humeur bien sûr !
Cela vous intéresse ? Inscrivez-vous : isere@lpo.fr ou au 04 76 51 78 03.
                                                                                                  Guêpiers d’Europe © Géraldine Le Duc
                                                                             Lisa Cassanet

LPO Info Isère n°64                                                  14
SAUVEGARDER

                             RÉNOVER LA TOUR PERRET
                               SANS OUBLIER LA BIODIVERSITÉ
La Tour Perret de Grenoble, symbole historique de la ville, va être
rénovée dans les mois à venir. Sous ses airs hostiles, ce bâtiment
en béton armé abrite une biodiversité riche : faucons pèlerin et
crécerelle, hirondelles de rochers, chauves-souris, rougequeues
noirs, lézards des murailles, martinets noirs…
La mairie de Grenoble a donc demandé à la LPO de l’Isère
d’intervenir pour ces travaux : étude sur les chauves-souris et
l’avifaune et préconisations auprès des architectes. Des sorties
d’observation seront proposées et une webcam sera installée sur
le haut de la tour pour observer la faune de Grenoble.                       © OT Grenoble                Hirondelle de rochers © Guy Bourderionnet

Les habitants de la tour                                                     ou pas. Depuis 1997, je n’y ai pas manqué. Ma récompense, ce
La tour a été élevée pour la grandeur des humains et l’ornementation         sont les très nombreuses observations d’espèces (plusieurs milliers
de son architecture souligne sa solidité, sa verticalité et son point        au total) dont les faucons pèlerin et crécerelle, et l’hirondelle de
de vue. N’ayant pas été pensée pour la faune, elle est pauvre en             rochers, récente nicheuse... bonheur personnel garanti !
éléments fonctionnels : corniches, gargouilles, cavités ou recoins.          Mais cette tour peut être autre chose : devenir un enjeu majeur pour
De fait, après sa fermeture en 1960, elle n’a pas été prise d’assaut         l’éducation à la nature et à l’environnement, en ville et en général.
par la faune : ni colonie de moineaux ou de chauves-souris, ni aire          Les espèces que l’on veut préserver après la restauration sont dignes
de rapace. Certaines espèces ont donc appris discrètement à                  d’aider la LPO et la Ville de Grenoble à viser cet objectif.
l’utiliser. Pour les voir, il faut y jeter un œil régulièrement, avec
patience et optimisme. Il faut parfois faire preuve d’opportunisme           Jean-Marc Coquelet
pour trouver des espèces, même communes, dans des sites insolites

                            INSTALLATION DE NICHOIRS
                                        À SAINT-MARTIN-D’HÈRES
L’année dernière, la LPO de l’Isère a été contactée par la commune
de Saint-Martin-d’Hères qui souhaitait réaliser une étude sur la
biodiversité de la commune, avec pour objectif final de poser des
nichoirs à oiseaux et des gîtes à chauves-souris afin d’essayer de
limiter la propagation du moustique tigre.
En contact avec les services de l’hygiène, de l’environnement
et de l’urbanisme de Saint-Martin-d’Hères, la LPO a réalisé des
recensements d’espèces, effectués sur 20 points d’écoute. Lors de
cette étude, 35 espèces d’oiseaux et 8 espèces de chauves-souris
ont été répertoriées. Suite à ces résultats probants, la ville de
Saint-Martin-d’Hères a commandé 40 nichoirs pour passereaux et
25 gîtes à chauves-souris. Ils ont été posés par le service espaces
verts de la commune en mars 2019, aidé par des bénévoles pour
les conseils de pose. Mésanges, rougequeues et rougegorges
pourront bientôt profiter de ces nouveaux logis ! Un suivi sera fait
pour évaluer le taux d’occupation et vérifier les fixations.
                                                                             Nichoir pour semi-cavernicoles © Jean-Jacques Pruvot
                                               Jean-Jacques Pruvot

                                                                        15                                                            LPO Info Isère n°64
GYPAÈTES BARBUS EN HAUTE ROMANCHE :
                                      UN ŒUF TOUT NEUF EN 2019 !
                                                                           La LPO de l’Isère est en relation avec plusieurs acteurs (Parc
                                                                           National des Écrins, association Envergures Alpines, ENEDIS, RTE,
                                                                           SÉDI...) pour suivre et préserver cette espèce fragile et hautement
                                                                           patrimoniale. La zone de sensibilité majeure (ZSM) Gypaète de
                                                                           2018 a été élargie pour intégrer ce nouveau site de nidification et
                                                                           intégrée à la plateforme Biodiv’Sports pour limiter le dérangement
                                                                           lié aux sports de nature (vol libre, escalade, ski de rando).

                                                                           Les lignes électriques présentes dans la zone de nidification
                                                                           constituent un réel danger pour les gypaètes adultes, qui en hiver,
                                                                           volent bas à la recherche de cadavres d’ongulés sur les forêts de
                                                                           versant, ainsi que pour les jeunes qui maîtrisent mal le vol et n’ont
                                                                           pas l’expérience des dangers (jusqu’à deux ans, la mortalité des
                                                                           jeunes est très élevée).
 Gypaète barbu juvénile © Denis Simonin                                    Il est nécessaire de neutraliser les pylônes dangereux et/ou de
                                                                           signaler les câbles conducteurs par des balises. Une étude de
En 2018, nous avons eu la chance d’avoir la nidification de trois          faisabilité est en cours par RTE sur la ligne haute tension.
gypaètes barbus en Haute-Romanche, suivie d’une ponte et                   Pour la ligne basse tension, le comité départemental avifaune a
de l’envol du jeune « Muzelle ». En 2019, un nouvel heureux                validé la réalisation d’une expertise qui devrait conduire en 2019
événement est en préparation : ce trio nicheur (une femelle et             à la signalisation et à la neutralisation de la ligne par ENEDIS.
deux mâles) s’est réinstallé et se comporte aujourd’hui comme si           Le SÉDI étudie la faisabilité d’enfouissement de cette ligne qui
un nouvel œuf avait éclos. La date de ponte, estimée au 10 janvier,        permettrait d’avoir une mesure pérenne.
annonce l’envol du jeune en août ou septembre… à surveiller !              Nidification à suivre...

                                          BIODIVERSITÉ ET BÂTI :
                      DEUX EXEMPLES DE COHABITATION RÉUSSIE
 Bien qu’espèce protégée, l’hirondelle        À Noyarey, les 28 nids de la colonie suivie
de fenêtre voit parfois son habitat mis       depuis trois ans par Ginou Waeckel, étaient
    en danger et ses nids détruits.           installés dans les encoignures des fenêtres
                                              et gênaient l’ouverture des persiennes.
Deux exemples récents nous prouvent qu’il     Un accord avec le syndic et le conseil
est heureusement possible de concilier la     syndical de la copropriété a pu être
protection de cette espèce avec le monde      trouvé pour le remplacement de ces nids
économique.                                   naturels par des nichoirs qui ont été fixés
À Saint-Siméon-de-Bressieux, une importante   sur l’acrotère supérieure du bâtiment
colonie s’était installée sur un bâtiment     à l’occasion de travaux d’entretien des
hélas promis à la démolition : plus de 40     façades.
nids permettaient chaque année à plus         Il ne reste plus qu’à espérer que les
de 250 jeunes hirondelles de prendre          hirondelles, prochainement de retour,
leur envol. Le promoteur JKPromotion          apprécieront ces nouveaux aménagements !
et la commune se sont donc engagés
avec la LPO à trouver un nouveau site
de reproduction pour les hirondelles.
La LPO a ainsi installé 40 nids artificiels
sur un autre bâtiment situé à proximité,
en présence des élus, du promoteur
et des enfants de l’école primaire. Un
panneau sera installé pour informer le
public de cette action de protection.          Nichoirs hirondelles de fenêtre © Benjamin Tosi      Installation à Noyarey © Clarisse Novel

LPO Info Isère n°64                                                   16
LA LPO ET LE SÉDI OFFRENT DE NOUVEAUX TOITS
     AUX MOINEAUX SOULCIES DU TRIÈVES
Nous vous en parlions dans le LPO Info
n°62 : dans le cadre de leur convention, la
LPO de l’Isère et le SÉDI ont décidé d’agir
pour les moineaux soulcies du Trièves, en
installant des nichoirs sur certains poteaux
électriques, afin d’augmenter l’offre
d’habitat de reproduction et développer
ainsi cette espèce en danger critique
d’extinction en Isère.
En effet, la population iséroise de
moineaux soulcies est estimée à une
vingtaine de couples. La seule population
reproductrice connue en Isère se trouve
dans le Trièves. Très petite et donc fragile,
elle est actuellement menacée par le
                                                 Saint-Jean-d’Hérans © Clarisse Novel
déclin de ses habitats de prédilection.

                                                Après une étude de terrain et des données recueillies sur faune-isere.org visant à définir
                                                les communes concernées par la présence du moineau soulcie, les poteaux favorables à
                                                l’accueil de l’espèce ont été déterminés.
                                                Ainsi, afin d’espérer une occupation des nichoirs pour la saison de reproduction débutant
                                                en avril, neuf nichoirs ont été installés dans la commune de Saint-Jean-d’Hérans le
                                                vendredi 8 mars. Une animation a aussi été organisée auprès des élèves de l’école
                                                primaire, qui ont pu assister à la pose.

                                                Nous espérons que ces nouveaux habitats pourront permettre de développer la
                                                petite population locale de cette espèce en danger critique d’extinction.
 Installation © Rémi Fonters

                               À VOS MARES... PRÊTS, PARTEZ !
L’existence de réseaux de mares peu
éloignées les unes des autres est                                                               Vous souhaitez aménager une mare
cruciale pour permettre la dispersion                                                                   sur votre terrain ?
et la migration des espèces animales et
végétales qui leur sont inféodées. Ces                                                         La LPO Auvergne-Rhône-Alpes délégation
réseaux participent donc au maintien des                                                       Isère vous propose d’étudier votre projet
continuités écologiques indispensables à                                                       et de vous apporter un accompagnement
la faune et à la flore.                                                                        technique et financier.
Dans le cadre du Contrat Vert et Bleu de                                                       Cet appel à projet est destiné à tout type
                                                Chantier de création de mare © Olivier Quris
Grenoble-Alpes Métropole, la LPO porte                                                         de propriétaire (collectivité, particulier...).
un plan d’actions en faveur des mares sur                                                               Inventaire des mares
l’ensemble du territoire de l’agglomération                                                    Nous avons également besoin de vous pour
pour :                                                                                         recenser les mares de l’agglomération de
 améliorer les connaissances en réalisant                                                     Grenoble ! Si vous connaissez des mares
un inventaire des mares,                                                                       près de chez vous, signalez-nous vos
 mettre en œuvre des actions de                                                               observations : isere@lpo.fr
restauration et de création de nouvelles
mares pour renforcer le réseau existant.        Inauguration mare d’Eybens © Alain Amselem

Ce projet est financé par l’Union Européenne

                                                                       17                                                    LPO Info Isère n°64
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