Les causes connues de l'anorexie et de la boulimie

 
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                                             ANNEXE EN LIGNE

                Les causes connues
               de l’anorexie et de la boulimie
                  « Enfant, j’ai joué à des jeux, les yeux bandés. À présent, je ressemble à
                    l’enfant que j’étais. Les yeux bandés, je cherche mon chemin à tâtons,
                      sans savoir où je vais, ni si je suis dans la bonne direction. Un jour
                                                              quelqu’un ôtera ce bandeau. »
                                                                       M. Atwood, Captive.

               L’anorexie mentale et la boulimie font sans doute partie des troubles
               psychiatriques où la quête de LA cause va être la plus acharnée chez
               les parents, chez les jeunes adolescents et chez certains psychologues
               ou médecins. Comment cette enfant, si sage, si polie, si bonne élève a-
               t-elle pu tomber malade ? Le terme tomber est dans ce cas de figure
               tout à fait approprié : l’irruption de la maladie dans la vie des familles
               est brutale et un gouffre obscur s’ouvre devant eux. D’un seul coup,
               l’enfant court un danger vital à court, moyen ou long terme. D’un seul
               coup, les parents ne le reconnaissent plus. D’un seul coup, les parents
               ont le sentiment d’avoir failli et il leur faut comprendre comment.
                   En réalité, en à peu près quatre siècles, plus de quatre-vingt réfé-
               rences théoriques clés témoignant d’autant de réflexions sur l’origine
               du trouble anorexique ont été relevées par Evelyne Kestemberg dans
               La Faim et le Corps. Elle les rassemble sous cinq grandes hypothèses

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               qui proposent une explication du développement du trouble. La pre-
               mière de ces hypothèses est qu’il s’agit d’une affection psychiatrique,
               avec l’interrogation : « Est-ce une maladie à part entière ou l’expres-
               sion d’une dépression grave, d’une phobie ou d’une hystérie ? »
               Ensuite, l’hypothèse d’une insuffisance hypophysaire a été formulée :
               c’était donc une affection endocrinologique. Puis l’hypothalamus a
               été mis en cause faisant suspecter une maladie neurologique
               cérébrale. Mais comme l’anorexie touchait le corps et l’esprit, on a
               aussi parlé d’affection psychosomatique. Enfin, découlant des théo-
               ries psychanalytiques, la compréhension de la dynamique incons-
               ciente de ces jeunes sujets tente une explication de leur personnalité
               au-delà des symptômes.
                  Mais depuis la rédaction de cet ouvrage, d’autres pistes sont aussi
               étudiées : génétique, biochimique, structurelle, familiale. Certaines
               sont l’objet de travaux scientifiques, d’autres sont l’objet d’une
               réflexion métapsychologique.

          Alors une ou des causes ?
               L’ensemble des spécialistes des troubles des conduites alimentaires
               s’accorde pour reconnaître la nature plurifactorielle du trouble.
               Autrement dit, certains individus additionneraient un certain nombre
               de facteurs de risque qui les rendraient vulnérables au développe-
               ment d’une anorexie mentale. Cette vision n’est pas spécifique de
               l’anorexie mentale ou de la boulimie. Elle peut s’appliquer à un grand
               nombre d’autres troubles psychiatriques comme l’autisme de l’enfant
               par exemple. Pour Bryan Lask, dans la dernière édition de son
               ouvrage sur les troubles des conduites alimentaires de l’enfant, le
               développement des troubles des conduites alimentaires chez les plus
               jeunes est favorisé par l’interaction de facteurs prédisposants, précipi-
               tants et perpétuants. Les facteurs prédisposants sont des facteurs
               nécessaires à l’éclosion du trouble, tels les facteurs génétiques. Ils

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               interagissent ensuite avec des facteurs précipitants, moins univoques,
               tels le début de la puberté, un traumatisme, une faible estime de soi.
               Enfin, certains facteurs (dont ceux énumérés précédemment) peu-
               vent être perpétuants, tels certains facteurs familiaux ou la
               dénutrition. Nous vous proposons un schéma (figure 1) qui intègre
               les hypothèses d’origine du trouble de façon interactive.
                   Dans les troubles des conduites alimentaires, les travaux de recher-
               che concernent tant l’aspect biologique du trouble (la génétique ou
               les anomalies du métabolisme) que l’aspect socio-psychologique de
               celui-ci (l’impact de la société et de la famille ou la vulnérabilité indi-
               viduelle). Les facteurs de la première catégorie sont les plus accessi-
               bles à des recherches dont la méthodologie est suffisamment
               élaborée, rigoureuse et quantifiable pour autoriser à de vraies conclu-
               sions. En revanche, les facteurs de la seconde catégorie sont plus dif-
               ficilement évaluables sur des bases scientifiques : il est difficile de
               quantifier une émotion ou d’évaluer un comportement familial. Mais
               si les résultats de ces études ne sont pas toujours concluants, et sont
               même parfois contradictoires, ils ont aussi le mérite d’amener les
               chercheurs à pousser plus avant encore leurs hypothèses afin
               d’explorer de nouvelles perspectives thérapeutiques.
                   Pour simplifier notre présentation, nous avons choisi de détailler
               des causes « internes » et des causes « externes ». Une distinction dont
               nous reconnaissons le caractère arbitraire dans la mesure où causes
               internes et causes externes interagissent en permanence. Les causes
               internes concernent l’enfant ou l’adolescent dans ce qui fait de lui un
               être unique : sa biologie et sa personnalité et les causes externes font
               partie de son environnement et vont interagir avec lui.

          Les causes internes
               Il s’agit de causes propres à l’individu, essentiellement dans le champ
               de son fonctionnement biologique. Les interactions de ces causes

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                          FACTEURS INTERNES                              FACTEURS EXTERNES

                                • Génétique             ENFANCE
                                                                               • Famille
                           • Période néo-natale
                                                                              • Structure
                               • Neuroendo-
                                 crinologie                               • Société et Culture
                           • Neutrotransmission                               • Facteurs
                                                                            Psychosociaux
                              • Tempérament,           ADOLESCENCE
                                Personnalité

                                 TROUBLES                                    CONDUITES

                                                       ALIMENTAIRES

            Figure 1. – Schéma interactif et développemental des différentes causes
            de troubles des conduites alimentaires de l’enfant et de l’adolescent, où
               l’on voit que différents facteurs doivent être présents pour qu’un
                        trouble de la conduite alimentaire se développe.

               avec l’environnement comptent aussi dans l’expression d’une vulné-
               rabilité à une maladie et doivent à ce titre être prises en compte.
               Nous présentons ici les hypothèses biologiques les plus fréquemment
               avancées et qui font l’objet d’études nombreuses.

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          ■   La vulnérabilité génétique
               Un certain nombre d’auteurs souligne la possible héritabilité familiale
               des troubles des conduites alimentaires due à la transmission d’un
               patrimoine génétique porteur d’une particularité. Ce sont les études
               familiales et de jumeaux qui apportent les arguments les plus sérieux
               sur cette hypothèse. Ainsi, dans une famille, si l’un des membres est
               atteint d’anorexie mentale ou de boulimie, le risque pour les apparen-
               tés du premier degré de présenter le même trouble est huit fois plus
               élevé que pour des personnes dont aucun membre de la famille n’est
               atteint. Chez des jumelles, si l’une d’elles souffre d’anorexie mentale,
               le risque que l’autre soit aussi atteinte est environ dix fois plus élevé
               si elles sont vraies jumelles (c’est-à-dire qui partagent le même patri-
               moine génétique) que si elles sont fausses jumelles (qui ne partagent
               pas le même patrimoine génétique). Les gènes les plus étudiés actuel-
               lement sont ceux qui codent (c’est-à-dire qu’ils vont transmettre à
               l’organisme un message de fabrication) pour les récepteurs de la
               sérotonine, un neurotransmetteur impliqué dans la régulation de
               l’appétit. Les résultats de nombreuses études n’ont pas prouvé à ce
               jour l’implication d’un gène spécifique. Les recherches tendent en
               définitive à s’orienter vers l’implication non pas d’un seul mais de
               plusieurs gènes.

          ■   La vulnérabilité du nourrisson à la naissance
               Bien que les études sur le comportement alimentaire du nourrisson
               soient peu nombreuses, des données de la littérature nous autorisent
               à penser que certains troubles alimentaires trouvent leur source dès
               la naissance du fait de difficultés physiques. C’est le cas pour un cer-
               tain nombre des enfants ayant un trouble alimentaire que nous ren-
               controns et pour lesquels nous pouvons reconstituer une histoire
               continue et linéaire de difficultés à manger. Dans une étude de 1999,
               la prématurité ou le faible poids à la naissance, ou encore la présence
               d’un hématome céphalique, multiplient par un facteur de deux à

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               trois le risque de développer ultérieurement une anorexie. Des pro-
               blèmes digestifs précoces (nausées, douleurs abdominales) et un
               comportement de petit mangeur sont aussi soulignés comme facteurs
               de risque dans ce cas. Par ailleurs, les nourrissons et les enfants qui
               tendent, au-delà de la période où ce comportement est habituel, à
               porter à la bouche et manger des choses non comestibles comme de
               la terre, de petits objets, des bouts de tissu, etc., seraient à risque de
               développer une boulimie. La qualité de l’ambiance des repas joue
               aussi un rôle : un repas conflictuel est associé au risque de survenue
               de conduites boulimiques. En outre, les enfants qui souffrent d’une
               maladie physique chronique (telle le diabète ou une mucoviscidose)
               ou d’un trouble du développement affectif et intellectuel peuvent
               aussi présenter des troubles des conduites alimentaires, mais il s’agit
               rarement de véritable anorexie mentale.

          ■   La vulnérabilité neuroendocrinologique
               Elle concerne certaines hormones de notre organisme dont l’ordre de
               la fabrication va être donné par des zones très spécifiques de notre
               cerveau : l’hypothalamus et l’hypophyse. Dans l’anorexie mentale et
               dans la boulimie, un certain nombre d’anomalies vont être observées
               mais il est difficile de savoir si elles sont à l’origine du trouble ou bien
               si elles sont la conséquence de la dénutrition. Ce qui a été fréquem-
               ment observé, c’est que les dosages de ces hormones se normalisent
               avec la simple restauration d’un poids normal. Une élévation du corti-
               sol (l’hormone du stress), une diminution des hormones féminines
               sexuelles ou masculines, une élévation de la bêta-endorphine (l’hor-
               mone anti-douleur), des anomalies des hormones thyroïdiennes, une
               augmentation de l’hormone de croissance ou encore des anomalies
               de la mélatonine (l’hormone qui règle notre organisme sur vingt-
               quatre heures) ont été notées. Il n’y a pas de traitement qui découle
               de ces observations excepté la renutrition. D’autres hormones
               étudiées sont suspectées d’être impliquées dans la régulation de
               l’appétit mais depuis une dizaine d’années c’est la leptine, une hor-

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               mone sécrétée par le tissu adipeux et impliquée dans la régulation de
               l’ingestion alimentaire et de la balance énergétique qui suscite le plus
               d’intérêt.
                   Les techniques d’imagerie sophistiquées comme l’imagerie par
               résonance magnétique ou la tomographie à émission de positons
               révèlent des anomalies assez peu spécifiques de certaines zones céré-
               brales dont on ne sait finalement pas parfois si elles sont cause ou
               conséquence de la dénutrition. Néanmoins, la seule étude réalisée
               chez des enfants et de jeunes adolescents souffrant d’anorexie men-
               tale, a montré une diminution unilatérale de la perfusion du lobe tem-
               poral et dans une moindre mesure du lobe pariétal dans leurs
               cerveaux. Ce qui signifie que le fonctionnement de ces deux zones
               cérébrales serait différent de l’ensemble des autres zones du cerveau.
               Il ne s’agirait pas, pour les auteurs de cette étude, de la conséquence
               de la dénutrition. Ces zones cérébrales font partie de notre « cerveau
               émotionnel », encore appelé système limbique, impliqué dans les
               émotions telles la peur, le dégoût, l’angoisse ou la culpabilité. Et pour
               les spécialistes qui ont réalisé cette étude, une anomalie de fonction-
               nement de ces zones pourrait expliquer l’origine du trouble.

          ■   La vulnérabilité de la neurotransmission
               Le fonctionnement de notre système nerveux central et périphérique
               repose aussi sur l’action de substances, les neurotransmetteurs, qui
               véhiculent des informations d’un neurone à l’autre. La noradrénaline
               est l’une d’entre elles ainsi que la sérotonine spécifiquement impli-
               quée dans la prise alimentaire. Chez les sujets ayant une anorexie
               mentale ou une boulimie (mais seuls des adultes ont été étudiés), les
               taux de noradrénaline et de sérotonine sont abaissés. Le taux de nora-
               drénaline peut être plus bas que la normale, même des années plus
               tard et même après renutrition. Quant au système sérotoninergique,
               globalement sous- activé, il est probablement impliqué dans d’autres
               symptômes associés à la boulimie comme l’impulsivité et les condui-
               tes suicidaires. Ces observations ont incité les médecins à prescrire

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               des médicaments qui intervenaient sur ces neurotransmetteurs. Mais
               leur utilisation s’est révélée globalement décevante chez les adultes
               et chez les enfants, l’insuffisance des études les concernant ne per-
               mettant pas de valider ces données. Toutefois, des antidépresseurs de
               la famille des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine ont fait
               l’objet d’études dont les résultats suggèrent une efficacité dans la
               boulimie. Ils tendent à diminuer l’impériosité et la fréquence des cri-
               ses, surtout lorsqu’ils sont associés à une thérapie cognitive et com-
               portementale. Ils n’ont hélas aucune action sur la perte d’appétit et la
               restriction alimentaire de l’anorexie. La prise de poids observée lors-
               que l’on traite une personne déprimée ne sera jamais observée chez
               une jeune fille anorexique, et ce pas seulement parce que les jeunes
               auront lu que la prise de poids était un effet secondaire possible et
               n’auront pas pris leur traitement. On voit là les limites des hypothè-
               ses neurobiologiques dans l’anorexie mentale mais elles ne sont pas
               pour autant à ignorer complètement.

          ■   La vulnérabilité du tempérament et de la personnalité
               Depuis une dizaine d’années et les travaux de C. Robert Cloninger,
               des chercheurs ont avancé l’hypothèse qu’un terrain biologique inné
               ou des traits de caractère seraient associés à certains troubles psychi-
               ques et notamment des troubles des conduites alimentaires. Selon
               Cloninger, trois groupes définiraient ainsi les individus selon qu’ils
               aiment les sensations fortes et nouvelles, qu’ils s’inquiètent et dou-
               tent facilement ou qu’ils tendent à établir des relations de
               dépendance. Ces tempéraments seraient sous l’influence de neuro-
               transmetteurs, respectivement la dopamine, la sérotonine et la nora-
               drénaline. Ainsi, les boulimiques chercheraient intensément des
               sensations et seraient modérément dans l’évitement alors qu’à
               l’inverse les anorexiques seraient intensément dans l’évitement et
               modérément dans la recherche de sensations. Si nous n’avons pas
               connaissance d’études sur le tempérament des enfants anorexiques
               publiées dans la littérature, certains traits de caractère sont évoqués

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          L e s    c a u s e s     c o n n u e s   d e   l ’ a n o r e x i e   e t   d e   l a   b o u l i m i e

               et correspondent à ce que nous observons chez l’enfant anorexique
               ou l’adolescent boulimique. Le perfectionnisme est pratiquement
               constant chez les enfants anorexiques et leur bonne éducation, leur
               popularité, leur conscience et leur réussite scolaire sont fréquem-
               ment soulignées par les parents et ce dès avant le début de la mala-
               die. Mais ils sont aussi présents pendant la maladie et il faut en tenir
               compte au cours du soin. L’objectif alors n’est pas que les enfants
               soient moins perfectionnistes mais qu’ils souffrent le moins possible
               des exigences qu’ils s’imposent. Dans ce même modèle, les boulimi-
               ques sont sociables, impulsives et apprécient la prise de risque,
               autant d’éléments qui enrichiront aussi la psychothérapie de ces
               sujets.

          Les causes externes
               Elles concernent l’environnement proche et moins proche de l’enfant
               ou de l’adolescent ayant un trouble des conduites alimentaires.

          ■   La vulnérabilité familiale
               Dans les années soixante-dix, Salvador Minuchin a mis l’accent sur
               l’implication de la famille dans le développement ou la pérennisation
               des troubles des conduites alimentaires. De sa réflexion, et de celles
               d’autres auteurs, est né un traitement de l’anorexie mentale, articulé
               autour de la famille. Un profil spécifique des familles de jeunes filles
               anorexiques a même alors été défini : les membres en sont trop pro-
               ches et le fonctionnement familial manque de souplesse. La maladie
               de l’enfant ou de l’adolescent (qui peut être une autre maladie
               s’exprimant par le corps comme le diabète ou l’asthme) permet alors
               le maintien d’un équilibre familial car l’intérêt des parents se centre
               sur l’enfant et non plus sur leur mésentente conjugale par exemple.
               L’évitement des conflits est aussi un élément censé caractériser les
               relations intrafamiliales. S’il est vrai que le caractère docile de l’enfant

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               ayant une anorexie mentale est rarement à l’origine de conflits
               ouverts avec les parents, des tensions sont souvent perceptibles au
               moment de la maladie et peuvent se transformer en explosions émo-
               tionnelles au cours des entretiens chez les plus jeunes qui témoi-
               gnent d’une agressivité verbale et physique envers leurs parents qui
               en restent pantois et parfois en larmes.
                   Cependant d’autres auteurs ont depuis nuancé ces observations et
               soulignent plutôt la diversité des fonctionnements familiaux dans
               l’anorexie. C’est ce que nous constatons en pratique et si certains
               peuvent s’avérer pathologiques, d’autres ne témoignent pas de trou-
               bles majeurs ou ne font que refléter la souffrance du groupe famille
               face à la maladie et les nécessaires adaptations qu’il a dû aménager
               pour maintenir un équilibre parfois précaire. Dans la boulimie de
               l’adolescent ou de l’adulte, les caractéristiques du fonctionnement de
               la famille seraient que celui-ci soit spécifiquement chaotique et con-
               flictuel. Bien que nous ne puissions pas en témoigner avec la même
               force, notre exercice professionnel ne nous confrontant pratique-
               ment pas à ces cas, elles nécessitent de la même façon une écoute
               spécialisée, empathique et structurante. La réflexion et les théories
               familiales sont reprises en détail dans le chapitre 3.

          ■   La vulnérabilité structurelle
               Les théories psychanalytiques, issues pour l’essentiel des travaux ini-
               tiaux de Freud, suggèrent qu’une difficulté dans les relations préco-
               ces lors de la petite enfance est à l’origine d’une faille narcissique
               chez les enfants souffrant d’anorexie grave ou de boulimie. Dans ce
               cas, le moi du sujet se construit en réponse à une carence ou un
               excès affectifs, notamment de la part de la mère. Celle-ci ne perçoit
               pas ou mal les besoins de son nourrisson et n’y répond pas de façon
               optimale. Le père est décrit comme absent ou adoptant dans ses rela-
               tions avec sa fille une distance inadéquate : trop proche ou trop éloi-
               gnée. Les actions de refuser de manger, de maigrir ou de se remplir
               de nourriture puis de se faire vomir sont alors l’expression d’un

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               manque et le témoignage que la relation précoce n’a pas rempli son
               rôle et n’a pas donné à l’enfant un sentiment de sécurité interne. Pen-
               ser ou exprimer ce manque par des mots est trop difficile et c’est le
               corps qui devient le porteur du message. Pour des auteurs plus con-
               temporains, comme Philippe Jeammet, ces comportements alimen-
               taires pathologiques sont considérés comme des drogues (on parle
               d’addiction, de l’anglais addict signifiant « être adonné à l’alcool, à
               l’opium… ») et révèlent une problématique de dépendance affective.
               Ainsi, si un nourrisson a mal accepté l’absence du « sein » de sa mère,
               à l’adolescence, quand il devra prendre son autonomie, le processus
               de séparation-inviduation qui marque cette phase du développement
               va échouer et être à l’origine de symptômes comme la restriction ali-
               mentaire. Ces hypothèses amènent donc à proposer dans certains cas
               une approche psychothérapique de type psychanalytique. Elle est
               surtout recommandée pour les adolescentes et les adultes. Dans
               l’enfance, le développement cognitif et affectif des fillettes rend sou-
               vent difficile leur accès à ce type de traitement.
                   Un autre courant théorique, inspiré par les études de Bowlby,
               s’intéresse aussi à la façon dont les jeunes enfants s’attachent à leur
               parent afin de survivre. Et la façon dont un enfant va s’attacher à sa
               mère va nous indiquer s’il a un comportement « sécurisé » ou
               « insécurisé ». Avoir un comportement « sécurisé » signifie, par exem-
               ple, que l’enfant considère sa mère comme une « base sécurisée » qui
               va lui permettre d’explorer son environnement en toute quiétude :
               l’enfant fait des allers-retours entre son environnement et sa mère qui
               va l’encourager, le rassurer, le protéger et favoriser ainsi son ouver-
               ture au monde extérieur. Les enfants « insécurisés » ont plus de diffi-
               cultés à faire ces allers-retours entre l’environnement et leurs mères
               et resteront soit trop proches d’elle, soit trop à distance. Mais à ce
               jour, nous ne savons absolument pas si le fait d’avoir été un nourris-
               son « sécurisé » ou « insécurisé » est associé à l’absence ou à la pré-
               sence de troubles psychologiques ultérieurs.

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                   Dans certaines études toutefois, il semble que des adolescents ou
               de jeunes adultes qui présentent des troubles des conduites alimen-
               taires, auraient été des enfants « insécurisés ». Des travaux de recher-
               che sont aussi en cours dans ce domaine (dont certaines dans notre
               équipe), et ils nous semblent intéressants à suivre dans le cadre de la
               continuité de l’enfance à l’adolescence, puis à l’âge adulte, de certai-
               nes anorexies mentales.

          ■   La vulnérabilité socioculturelle
               La pression sociale que représente la valorisation de la minceur cons-
               titue probablement un facteur non négligeable associé au développe-
               ment de troubles alimentaires. Certes, le culte du corps filiforme,
               renforcé par les médias, favorise le début d’un grand nombre de régi-
               mes amincissants, pourtant toutes les jeunes filles débutant un régime
               ne vont pas développer de trouble grave des comportements alimen-
               taires. Nous l’avons déjà souligné, c’est la conjonction de plusieurs
               facteurs qui va contribuer au développement du trouble et la pres-
               sion sociale ne serait qu’un facteur contribuant ou précipitant. Mais il
               serait faux d’attribuer seulement à notre époque cette exigence car
               depuis des siècles la minceur est considérée comme critère de
               beauté.
                   Au Ier siècle de notre ère, Terence, poète latin, pointe déjà la peur
               de l’embonpoint chez les jeunes filles en âge de se marier, dans une
               de ses œuvres : « Dans la crainte qu’elles ne ressemblent à un athlète,
               on leur diminue la nourriture ;… voilà comment on procède pour les
               aimer ! » Nombre de tableaux de peintres célèbres nous montrent
               cependant au cours des siècles suivants des femmes potelées, dont
               les coubes pulpeuses réjouissent la vue. Il suffit de prononcer le nom
               de Rubens pour évoquer ces femmes à la « chair triomphante ». Au
                   e
               XIX siècle, cette dernière est gage de réussite sociale et de maternité
               accomplie, notamment dans les milieux bourgeois. Plus tard, le corps
               androgyne et musclé témoigne de l’émancipation féminine et de
               l’image d’une bonne santé physique. Quant à l’impact de la valorisation

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               de la minceur sur les processus psychologiques féminins, il tendrait
               plus à influer sur la satisfaction des femmes au sujet de leur image du
               corps que sur leurs émotions à proprement parler. Ainsi dans une
               étude récente, deux groupes de jeunes femmes ont exprimé de façon
               très différente la satisfaction qu’elles ressentent de leur image du
               corps, selon qu’elles étaient interrogées par une interlocutrice très
               mince mais satisfaite ou insatisfaite de sa minceur. En l’occurrence,
               les jeunes femmes interrogées par une femme très mince satisfaite
               ont exprimé de façon nette une moindre satisfaction de leur image
               du corps que les jeunes femmes interrogées par une interlocutrice
               très mince insatisfaite. Les auteurs concluent à l’impact social sur la
               satisfaction de l’image de notre corps selon notre environnement. En
               pratique, la lecture des journaux pour les jeunes filles qui souffrent
               d’anorexie mentale et qui sont en cours de traitement ne peut que
               leur rappeler qu’elles sont en train de faillir à un idéal sociétal, ce
               qu’elles vivent parfois douloureusement.

          ■   La vulnérabilité psychosociale
               L’impact d’événements de vie stressants a aussi été mis en avant
               comme facteur précipitant des troubles des conduites alimentaires.
               S’il ne semble toutefois pas y avoir de spécificité dans ce cas de
               figure, il est suggéré que des événements à type de transition peu-
               vent jouer un rôle déclencheur. Dans notre expérience, nous retrou-
               vons fréquemment que l’enfant ou la jeune adolescente a vécu une
               perte ou un changement marquant le passage de l’enfance à l’adoles-
               cence. Le divorce, le décès d’un proche ou le départ d’une meilleure
               amie, un déménagement ou un changement d’école, la rentrée en
               sixième sont autant d’événements souvent évoqués et retrouvés au
               début de la maladie. Mais ils nous semblent manquer de spécificité
               comme en témoignent les résultats obtenus dans notre service. Nous
               avons comparé l’environnement psychosocial de quarante et une
               adolescentes anorexiques et quarante et une déprimées. Dans les
               deux groupes, nous avons trouvé une altération de l’environnement

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               avec la même fréquence de 83 % mais les adolescentes déprimées
               avaient toutes plus d’altérations dans les domaines habituellement
               mis en avant dans l’anorexie mentale. La maltraitance mise en avant
               dans la littérature, comme facteur de risque au développement d’un
               trouble alimentaire nous semble rare. Plus fréquemment ce sont des
               adultes souffrant de boulimie qui ont témoigné d’abus sexuels. À
               l’instar des observations d’équipes anglo-saxonnes, la maltraitance
               n’est que rarement retrouvée chez les jeunes ayant un trouble des
               conduites alimentaires et il n’y a pas d’évidence que l’intensité des
               symptômes soit liée à l’existence d’une maltraitance. Le chapitre 3
               analyse certaines de ces données dans un cadre familial.

          Les causes accessibles au traitement
               Parmi ces neuf explications possibles au développement du trouble,
               aucune ne se suffit en elle-même et ne constitue « la » cause du trou-
               ble. Un certain nombre d’entre elles n’est pas accessible au traite-
               ment, ainsi les facteurs internes, essentiellement biologiques ne sont
               pas à la portée d’un changement en l’état actuel des connaissances
               médicales. Seuls les facteurs externes sont accessibles aux moyens
               médicaux et/ou psychologiques pour tenter de modifier le cours de
               la maladie et l’infléchir. Ainsi, le choix proposé au sujet et sa
               famille est ouvert : traitement somatique (renutrition, surveillance et
               prévention des complications physiques), traitement psychologique
               (individuel et/ou familial), traitement psychosocial (aider l’enfant et
               ses proches à faire face aux conditions adverses qu’ils rencontrent). Il
               n’y a donc pas un mais des troubles des conduites alimentaires de
               l’enfant et de l’adolescent, anorexie mentale et boulimie, et il n’y
               aura pas un traitement mais des traitements proposés.

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          L e s    c a u s e s     c o n n u e s   d e   l ’ a n o r e x i e   e t   d e   l a   b o u l i m i e

          Glossaire
                   Alexithymie : appliqué aux personnes souffrant de troubles psy-
               chosomatiques (notamment les personnes anorexiques), ce terme
               décrit une difficulté à repérer et exprimer par des mots ses émotions.
               Les personnes alexithymiques exprimeraient ces émotions par le
               corps.
                   Aménorrhée : disparition des règles. Si la patiente n’a jamais eu
               ses règles, on parle d’aménorrhée primaire. Dans le cas inverse, on
               parle d’aménorrhée secondaire.
                   Anorexie restrictive : un type d’anorexie où l’enfant ou l’adoles-
               cent ne recourt ni aux vomissements ni à la prise de purgatifs (laxa-
               tifs, diurétiques, lavements) pour contrôler son poids.
                   Anorexie purgative : un type d’anorexie où l’enfant ou l’adoles-
               cent recourt aux vomissements et à la prise de purgatifs (laxatifs, diu-
               rétiques, lavements) pour contrôler son poids.
                   Axe hypothalamo-hypophyso-gonadique : structures cérébra-
               les impliquées dans notre fonctionnement hormonal.
                   BMI : Body Mass Index. Voir Indice de masse corporelle.
                   Boulimarexie : conduites boulimiques associées à des stratégies
               restrictives de contrôle de poids. Voir aussi Anorexie purgative.
                   Causalité linéaire : une « cause A » provoque directement et iso-
               lément une « conséquence B ». Par exemple, la présence et le déve-
               loppement d’une bactérie entraînent une infection. Ce type de
               causalité est à opposer à la causalité circulaire.
                   Causalité circulaire : la « cause A » et sa « conséquence B » sont en
               interaction constante, si bien qu’on n’arrive plus à savoir ce qui est
               cause et effet. Par exemple, dans une famille, tous les comportements
               et toutes les relations sont soumis à des influences réciproques conti-
               nues qui modifient en permanence ces comportements et relations.
                   Cognitif (cognition) : termes utilisés par les thérapeutes cogni-
               tivo-comportementalistes pour désigner les pensées qui influencent
               les attitudes et les comportements.

          © Dunod 2004. Catherine Doyen, Solange Cook-Darzens : Anorexie, boulimie :                               15
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                   « Enfant-symptôme » : notion utilisée par certains thérapeutes
               familiaux pour signifier que l’enfant porteur de symptômes se fait le
               porte-parole de perturbations familiales/conjugales. Voir Triangula-
               tion, un cas particulier d’« enfant symptôme ».
                   Escalade symétrique : forme de conflit entre deux personnes qui
               utilisent en miroir des stratégies équivalentes pour s’attaquer ou se
               défendre. Ce type de conflit ne permet pas l’ouverture sur une réso-
               lution et ne peut qu’empirer.
                   Études prédictives : des études scientifiques qui recherchent des
               éléments ou facteurs permettant de prévoir l’évolution et le devenir
               favorable ou défavorable du trouble.
                   Externalisation : technique thérapeutique visant à distinguer la
               maladie de la personne malade, afin de favoriser un regroupement
               des énergies familiales contre le problème plutôt que contre la
               patiente. Cette stratégie permet de désamorcer les attitudes critiques
               et/ou culpabilisantes.
                   Facteurs :
                   – prédisposants : les conditions nécessaires à l’éclosion d’un
               trouble des conduites alimentaires, qui rendent l’individu vulnérable
               (par exemple, des facteurs génétiques). Ces conditions sont déjà pré-
               sentes dans l’individu ou son environnement avant la survenue du
               trouble ;
                   – précipitants : les facteurs qui « déclenchent » le trouble
               (comme un déménagement). Ce déclenchement ne peut se faire
               qu’en présence de facteurs prédisposants. Ce sont des révélateurs
               d’une fragilité qui pourrait sinon ne jamais apparaître ;
                   – perpétuants : les facteurs qui contribuent au maintien du trouble,
               comme une réaction inefficace des parents, ou les effets de la dénutrition ;
                   – aggravants : les conditions qui accentuent la sévérité du trouble,
               comme des attitudes alimentaires particulières chez un des parents.
                   Famille psychosomatique : une famille dont certaines particula-
               rités de fonctionnement sont censées favoriser la survenue de trou-
               bles psychosomatiques (diabète, asthme, anorexie, hypertension

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          L e s    c a u s e s     c o n n u e s   d e   l ’ a n o r e x i e   e t   d e   l a   b o u l i m i e

               artérielle…). Ces familles sont généralement décrites comme fusion-
               nelles, rigides et aconflictuelles.
                   Hyperactivité :
                   – physique : pratique excessive d’activités ou d’exercices physi-
               ques, visant à consommer des calories ;
                   – intellectuelle/scolaire : surinvestissement des activités scolai-
               res et intellectuelles, avec tendance à faire plus de travail qu’il n’est
               demandé.
                   Hyperphagie : consommation excessive d’aliments. La personne
               « mange trop » par rapport à ses besoins énergétiques, parfois de
               manière compulsive. Ce comportement est à distinguer de la boulimie.
                   Incidence : le nombre de nouveaux cas annuels d’une maladie
               dans la population générale. À distinguer du terme prévalence, indi-
               quant le nombre de cas d’une maladie (comprenant nouveaux et
               anciens cas) dans une population donnée, à un moment donné.
                   Indice de masse corporelle : une mesure du poids par rapport à
               la taille. Cet indice se calcule en divisant le poids (kilos) par la taille
               (en mètres, au carré). Un indice inférieur à 17,5 est considéré comme
               pathologique chez l’adulte.
                   Loyauté : un sentiment d’obligation envers une autre personne
               (parent, enfant, ami) qui dépasse la qualité du lien qui existe entre ces
               deux personnes. Vous pouvez être en conflit avec votre grand-père,
               mais néanmoins vous sentir lié à lui par un sentiment de loyauté.
                   Neurotransmetteurs : substances biochimiques qui transmettent
               des informations d’un neurone à l’autre.
                   Potomanie : besoin impérieux de boire de grandes quantités de
               liquide (plus de 3 litres par jour).
                   Pré-pubère : enfant qui n’a pas débuté sa puberté. À distinguer de
               péri-pubère, signifiant que l’enfant a développé certains caractères
               sexuels secondaires mais pas tous (par exemple les règles).
                   Prévention : on distingue :
                   – la prévention primaire qui vise à empêcher la survenue d’une
               maladie ;

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                   – la prévention secondaire qui vise à intervenir dès les premiers
               signes de la maladie de manière à empêcher son installation ;
                   – la prévention tertiaire qui soigne la maladie une fois qu’elle est
               installée.
                   Renforcement : toute conséquence d’un comportement qui
               encourage, décourage ou maintient ce comportement. On distingue :
                   – le renforcement positif, l’équivalent d’une « récompense ». Il
               encourage le comportement.
                   – le renforcement négatif encourage le comportement par sou-
               lagement d’un stress ou d’une angoisse. Par exemple, si fuir une
               situation me soulage, j’aurai tendance à fuir à nouveau la même situa-
               tion lorsqu’elle se représentera.
                   – le renforcement aversif, c’est-à-dire la punition. Il est censé
               décourager le comportement qui l’a précédé, mais ce n’est pas tou-
               jours le cas.
                    l’extinction et le « time-out » découragent le comportement en
               faisant en sorte que celui-ci ne soit suivi d’aucun renforcement. C’est
               la technique qui consiste à ne pas prêter attention à certains compor-
               tements.
                   Triangulation : lorsqu’il y a un conflit ou une distance dans le
               couple, les parents peuvent involontairement tenter de le (la) résou-
               dre en projetant la source du malaise sur l’enfant : les symptômes de
               l’enfant permettent alors de détourner l’attention de la détresse con-
               jugale et de maintenir un semblant de stabilité familiale.
                   Trouble obsessionnel compulsif : trouble caractérisé par la pré-
               sence de pensées envahissantes et persistantes qui entraînent une
               anxiété ou une détresse importante. La personne ne parvient pas à
               réprimer ces pensées. En réponse à ces obsessions, et pour diminuer
               le sentiment de détresse, elle se sent poussée à accomplir des com-
               portements répétitifs et ritualisés (compulsions) qui interfèrent forte-
               ment avec ses activités habituelles et entraînent une perte de temps
               considérable.
                   Vulnérabilité : voir Facteurs.

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