Les médias du monde entier se retrouvent cet été à l'EPFL
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N° 27 Juin 2019 Les médias du monde entier se retrouvent cet été à l’EPFL POINT FORT P. 4 Grève des femmes : l’EPFL entre en action 14 JUIN P. 35 “Travel Less Découvrez Without Loss”, les photos de an initiative to Vivapoly, jeudi raise awareness 23 mai dernier EPFL MAGAZINE N°27 — JUIN 2019 1 ENVIRONMENT P. 30 EN IMAGES P. 38
ÉDITO Journal de l’EPFL Editeur responsable Mediacom Mirko Bischofberger Contact de la rédaction epflmagazine@epfl.ch magazine.epfl.ch Emmanuel Barraud 021 693 21 09 Mediacom Suzanne Setz, secrétariat de rédaction, mise en page et production Anne-Muriel Brouet, responsable éditoriale et cheffe d’édition Quand la science Telling the stories Emmanuel Barraud, rédacteur en chef se raconte behind science Rédacteurs Sarah Aubort Cécilia Carron Sandy Evangelista Parlez autour de vous des chercheurs What does an EPFL researcher do? If you’d Julie Haffner Nathalie Jollien de l’EPFL : rares sont, aujourd’hui, les asked someone that question 20 or 30 Celia Luterbacher membres de la société civile à qui cela years ago, they’d probably have conjured Clara Marc Nik Papageorgiou évoquera encore la figure du savant fou up images of a mad scientist locked away Sarah Perrin terré dans son laboratoire. in a lab, cut off from the real world. Ask Sandrine Perroud Laure-Anne Pessina Il y a 20 ou 30 ans, pourtant, cette image the same question today and the answer Frédéric Rauss, s’imposait. Celle d’une science retranchée will likely be very different. Science has communication interne Hillary Sanctuary dans sa tour d’ivoire, coupée des réalités emerged from the ivory tower. Correction du monde. This shift in perception can be attributed Marco Di Biase Photographies Cette évolution dans la perception du in large part to a huge communication Alain Herzog, Jamani Caillet, public doit beaucoup aux efforts de effort by universities. In EPFL’s case, that Murielle Gerber Infographies communication scientifique entrepris responsibility falls to Mediacom, the in- Marc Borboën, par les universités. A l’EPFL, ils house team behind this very magazine. By Laura Cipriano Comic s’incarnent notamment dans le service popularizing science and research, holding Nik Papageorgiou Mediacom, éditeur de votre magazine. public events and writing up expert profiles Adresse EPFL Magazine Explication des recherches, vulgarisation, for the media, university communication Mediacom – Station 10 profilage d’experts de tel ou tel domaine departments are helping to bridge the divide CH-1015 Lausanne Délais rédactionnels à l’intention des médias, manifestations between academia and the general public. N° 28 : 19 août 2019 publiques, tous ces efforts ont contribué These days, people have come to realize that N° 29 : 23 septembre 2019 N° 30 : 28 octobre 2019 à rapprocher la science et la cité. Ils researchers aren’t so different from them Parutions ont convaincu la population que les after all – and that the work they do is N° 28 : 4 septembre 2019 N° 29 : 9 octobre 2019 chercheurs, finalement très accessibles, for their benefit. N° 30 : 13 novembre 2019 travaillent surtout à améliorer ses But the universities can’t do all the Contributions Ce journal est ouvert aux conditions de vie et son bien-être. legwork, not least because they’re prone to membres actifs de l’EPFL. Les Cet été, un millier de journalistes accusations of self-interest. That’s where propositions d’articles doivent être discutées avec la rédaction scientifiques du monde entier se réuniront journalism comes into play. Yet science une semaine au plus tard avant sur le campus. Espèce en voie de journalists are something of a dying breed les délais rédactionnels. La rédaction fixe le lignage. disparition dans les médias traditionnels, in the mainstream media. This summer, a Merci de nous faire parvenir ils tenteront de repenser les bases de thousand of them, from every corner of ensuite les articles avec un titre et signés (nom, prénom, leur métier. Ils restent un maillon the globe, will descend on EPFL’s campus fonction, unité, section) essentiel pour renforcer le lien entre la to discuss the future of their profession dans les délais rédactionnels ci-dessus. recherche et le public, que les institutions given the increasingly prominent role of La rédaction se réserve le ne sauraient assurer à elles seules sous social media. This issue features an interview droit de raccourcir les articles trop longs. Elle assume la peine d’être taxées de propagandistes. with Fred Courant who, like so many of responsabilité des titres Le monde médiatique est en mutation, his peers, has abandoned TV and taken to et de la mise en page. Conception graphique révolutionné par les réseaux sociaux. Fred YouTube to tell the stories behind science. Bontron & Co, Genève Courant, interviewé dans ce numéro, en Marc Borboën, Mediacom Impression est un exemple, lui qui a quitté la TV et PCL Presses Centrales SA, cartonne désormais sur le net, à l’instar Renens Papier de nombreux autres youtubers piqués de Cyclus Print, 80 g, vulgarisation scientifique. 100% recyclé Image de couverture d’EPFL Magazine : © Alain Herzog 2
SOMMAIRE INTERVIEW > P. 16 FRED COURANT, SORCIER DU JOURNALISME SCIENTIFIQUE POINT FORT > P. 4 LE DÉFI DE LA COMMUNICATION EN IMAGES > P. 21 SCIENTIFIQUE DÉCOUVREZ LES PHOTOS DU FESTIVAL SCIENTASTIC À SION VU ET ENTENDU SUR LE CAMPUS > P. 11 ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES > P. 12 P. 13 – L'holographie ouvre la voie à l'informatique quantique P. 15 – Une nouvelle thérapie non invasive pour les personnes paraplégiques CAMPUS > P. 24 P. 24 – EPFL conducted the third ENVIRONNEMENT > P. 28 14 JUIN > P. 35 Doctoral Survey LA VAISSELLE LAVABLE GRÈVE DES FEMMES : P. 27 – Une exposition célèbre EST DÉSORMAIS L’EPFL ENTRE le 50e anniversaire de l’alunissage LECTURE > P. 39 NETTOYÉE À L’EPFL EN ACTION CULTURE > P. 40 AGENDA > P. 42 EPFL MAGAZINE N°27 — JUIN 2019 3
COMMUNICATION SCIENTIFIQUE La science de com Conférence de presse du Centre de neuroprothèses de l'EPFL. © Alain Herzog 4
COMMUNICATION SCIENTIFIQUE mmuniquer la science L a communication scientifique partage avec le réchauffement climatique le fait qu’elle a subi au cours des dernières décennies une accélé- ration remarquable. Si le journalisme scientifique, fait par des professionnels, connaît des hauts et des bas en lien avec l’état de santé de la presse, la vulgarisation scientifique, nourrie par les réseaux sociaux, est en plein essor. De même que la com- munication scientifique provenant des services ad Du 1er au 5 juillet, un hoc des hautes écoles comme des entreprises privées actives dans le domaine de la recherche. millier de journalistes scientifiques et experts « Au cours des 10 dernières années, la communica- tion scientifique a été affectée par l’évolution du se réuniront au SwissTech paysage médiatique. Le journalisme scientifique, qui façonnait autrefois ce domaine, a diminué en raison Convention Center pour du manque de ressources allouées à la presse spé- leur conférence mondiale cialisée, analyse Mike Schäfer, professeur de science de la communication à l’Université de Zurich. Pa- bisannuelle. En 25 ans, rallèlement, la révolution numérique a permis à toutes sortes de personnes de communiquer sur la la communication science, des entreprises, hommes politiques, ONG, scientifique est devenue scientifiques aux institutions scientifiques. L'éventail des voix et des contenus disponibles s'est élargi. » une science à part entière, Remise en question un enjeu majeur pour les Ce nouveau paysage tend à effacer les limites entre institutions académiques les rôles de chacun des trois acteurs – journalistes, vulgarisateurs et communicants – et les oblige à se telles que l’EPFL et un remettre régulièrement en question. Ce que feront les journalistes scientifiques du 1er au 5 juillet pro- moteur dans la carrière chain au SwissTech Convention Center (STCC), des chercheurs comme des pour leur conférence mondiale (WSCJ, voir page 9). Un événement qui, de façon symptomatique, étudiants. EPFL Magazine est soutenu par des partenaires académiques et scientifiques tels que l’EPFL et le CERN. en dessine les contours. La communication des institutions scientifiques est aussi en mutation. « Il y a quelques décennies, on Par Julie Haffner et Anne-Muriel Brouet parlait du modèle Public Understanding of Science. EPFL MAGAZINE N°27 — JUIN 2019 5
COMMUNICATION SCIENTIFIQUE En termes simples : les experts devaient éclairer les Une gageure pour le CERN qui officie dans le do- novices », précise Mirko Bischofberger, nouveau maine pointu de la physique des particules ? Pas du directeur de la communication de l’EPFL (voir in- tout. « Nous promouvons la recherche fondamen- terview p. 9). « Je crois qu’aujourd’hui cela doit être tale dans son ensemble, car elle peut apporter des beaucoup plus interactif et dynamique; on essaie solutions. Par exemple, lutter contre le cancer ne d’être dans l’échange afin de donner un vrai sens à se limite pas à ausculter et soigner des patients. Il la communication scientifique et de créer une faut de nouvelles technologies de pointe et elles confiance entre les différents acteurs. » viennent pour beaucoup du monde de la physique », rappelle Arnaud Marsollier. « L’utilité tangible de la Une obligation et un devoir recherche scientifique et son lien avec la société Pour une institution comme l’EPFL, communiquer sont des questions récurrentes », confirme Amaël sur son travail fait partie de ses obligations. L’article Cohades, postdoctorant à l’EPFL qui, dans le cadre 2 de la loi des ETH spécifie clairement qu’il faut in- du concours international Ma thèse en 180 secondes former, promouvoir la relève, assurer le dialogue avec (MT180), a suivi plusieurs formations de vulgarisa- le public et valoriser les résultats de la recherche. C’est tion scientifique. aussi par exemple une exigence du Fonds national suisse pour les projets qu’il finance. En d’autres Un regard sainement critique termes, soutenus en partie par l’argent public, les Que ce soit à travers les réseaux sociaux, une repré- instituts de recherche et les scientifiques doivent sentation ou des journées portes ouvertes, tous les rendre des comptes. Valoriser ses recherches est moyens sont bons pour faire naître un intérêt pour aussi un moyen de trouver des financements tout en la science. Wendy Sadler, conférencière en science faisant rayonner l’institution et la Suisse en général. de la communication à l’Université de Cardiff et « La science et la technologie sont les moteurs de fondatrice de Science Made Simple, explique : « Il l’économie en Suisse, rappelle Olivier Dessibourg, suffit de choisir le bon cadre pour atteindre un public journaliste scientifique et président de l’Association différent et faire se rencontrer deux mondes. suisse du journalisme scientifique (ASJS). Et elles Comme organiser un concert avec l’Orchestre phil- font partie de notre quotidien. » harmonique de Londres où, en tant que scientifiques Au-delà des questions pécuniaires en effet, « les ins- invités, nous avons expliqué au public le fonction- titutions scientifiques doivent défendre leur discipline, nement de la voix. » mais aussi démontrer de plus en plus l’impact pour la Dans ce paysage qui tend parfois au brouhaha d’in- société, complète Arnaud Marsollier, porte-parole du formations scientifiques, le rôle des journalistes CERN. On ne peut certes pas intéresser tout le spécialisés reste essentiel. « Historiquement, ils monde à la science, mais nous devons faire en sorte répondent au besoin d’avoir une communication qu’un maximum de gens puissent avoir un regard cri- scientifique neutre et indépendante des organismes tique sur les grandes questions scientifiques. » de recherche, rappelle Mike Schäfer. Or, il y a au- QUEL EST VOTRE DEGRÉ DE CONFIANCE DANS LA SCIENCE ? Confiance dans les scientifiques dans les universités Plus de la moitié de la population suisse a une 14 31 51 12 grande ou très grande M = 3,69 confiance dans la science. Ceci concerne notam- Confiance dans les scientifiques dans l’industrie et l’économie ment les scientifiques dans les universités. 4 18 42 32 4 M = 3,13 très peu Confiance dans la science en général très fort 14 37 50 7 M = 3,58 Base: 1042–1045 personnes sondées; indications en pourcentage – des différences d’arrondi sont possibles Source : « Baromètre scientifique suisse 2016 ». 6
COMMUNICATION SCIENTIFIQUE Visite de presse du projet Vanishing Glaciers, en septembre 2018. © Jamani Caillet jourd’hui un déséquilibre flagrant entre les effectifs grille de lecture qui recoupe certains critères insti- dans les médias et dans les services de communica- tutionnels de diffusion d’un communiqué : l'impor- tion, estime Olivier Dessibourg. Aucun média ne tance de la publication, la proximité, l’aspect concer- décide de s’offrir une dizaine de journalistes scien- nant et passionnant du sujet, le potentiel de tifiques comme peut le faire une institution. » curiosité, l’importance de la découverte… « Notre Pour pallier ce déséquilibre, les professionnels s’at- rôle est aussi de proposer des mises en perspective tachent d’abord à appliquer à la lettre les principes qui peuvent être inédites, par exemple en sollicitant de leur métier : « Ne pas prendre un communiqué les interventions et l’appui des lecteurs riches de pour argent comptant, appliquer un esprit saine- savoirs alors que l’article est en train de se faire, et ment critique et confronter les informations, précise non uniquement après sa réalisation, lorsqu’il sort Olivier Dessibourg. De même, si un parti politique de la « boîte noire de fabrication » dans laquelle affirme quelque chose, le réflexe journalistique est s’était enfermé le journaliste durant sa journée », d’aller prendre l’avis d’un autre parti politique et de précise le cofondateur du tout nouveau média en créer un débat. » Les journalistes appliquent une ligne Heidi.news. LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE EST-ELLE NÉCESSAIRE, MÊME SI ELLE NE CONDUIT PAS À UNE UTILITÉ IMMINENTE ? Une majorité de la 40% population suisse trouve 40 que la recherche 30% scientifique est 33 nécessaire – même si elle 20% n’engendre pas une utilité immédiate. 18 10% 2 7 0% 1 2 3 4 5 pas du tout d’accord tout à fait d‘accord Base: 1044 personnes sondées; indications en pourcentage – des différences d’arrondi sont possibles Source : « Baromètre scientifique suisse 2016 ». EPFL MAGAZINE N°27 — JUIN 2019 7
COMMUNICATION SCIENTIFIQUE Une nouvelle forme de traitement de la science est caution, justesse scientifique et légitimité sont es- celle utilisée par les youtubers, scientifiques ou non. sentielles pour Amaël Cohades. « Nous essayons de Collaborateur scientifique à l’EPFL, Lê Hoang a leur apprendre qu'ils peuvent simplifier les choses près de 160’000 abonnés à sa chaîne Science4all et sans les rendre incorrectes », explique Wendy Sadler Une association une vidéo à plus de 400’000 vues. Il a commencé qui a instauré des formations aux médias. « Une re- nationale la vulgarisation sous la forme de blog, en 2012. « Vers lation qui passe par la confiance, en créant des liens En Suisse, le fichier 2016, plusieurs confrères blogueurs se sont lancés humains avec les experts dépassant le strict travail de l’Association dans la vidéo, avec un succès beaucoup plus spec- de communication », estime Mirko Bischofberger. suisse du journalisme taculaire qu’en blog. J’ai suivi le mouvement, et j’ai L’enjeu est d’autant plus important dans le contexte scientifique (ASJS) eu la chance d’avoir un succès important. Sans You- actuel où « que ce soit à propos du changement cli- compte environ 380 membres, une Tube, je n’aurais pas pu avoir l’audience que j’ai au- matique ou de la vaccination, il existe une méfiance moitié se révélant jourd’hui, mais j’aurais néanmoins certainement été importante du public vis-à-vis des experts, estime des journalistes très investi dans la vulgarisation scientifique. » Jess Wade, physicienne àl’Imperial College à actifs, l’autre des Quant aux vulgarisateurs non scientifiques, ils sont Londres. C'est parce que souvent les personnes du membres des services vus comme des alliés. « C’est de la saine concur- monde académique restent les uns avec les autres de communication d’institutions privées rence, estime le journaliste d’Heidi.news. Le monde au lieu de s’engager avec le public d'une manière ou publiques. change de vecteurs de transmission de l’information, significative. » Au-delà des nous devons être aussi intéressants sur les mêmes « La vulgarisation est un travail indispensable pour journalistes vecteurs. » Ceci dit, ces mêmes vulgarisateurs sont valoriser les résultats scientifiques et pour justifier scientifiques « purs » de plus en plus nombreux à s’attacher les services la supériorité des conclusions scientifiques, par op- l’ASJS s’est ouverte aux journalistes de journalistes spécialisés. position à l'intuition peu rigoureuse », ajoute Lê généralistes mais Hoang, qui sera présent à la WCSJ. Plusieurs études amenés à traiter Les chercheurs font rayonner la science ont d'ailleurs montré que s’investir dans la commu- occasionnellement Et les chercheurs dans tout cela ? « Sans eux, nous nication de ses travaux est bénéfique pour la carrière de science, santé et ne sommes rien », insiste Arnaud Marsollier. Cela d’un scientifique. « Participer au concours MT180 environnement. exige quand même de trouver un terrain d’entente. m’a donné une visibilité pour la suite de ma carrière « Pour certains chercheurs, la science ne devrait pas avec notamment des contacts dans le monde de faire l’objet de communication, elle infuse toute l’industrie », témoigne Amaël Cohades. Enfin, le seule. Mais si l’on veut que la société s’en empare, youtuber de l’EPFL conclut : « La vulgarisation per- on ne peut pas s’en contenter. Il faut trouver des met de créer des passions et de partager des mo- analogies et des angles pour expliquer de quoi l’on ments formidables entre passionnés. » parle. Cela ne veut pas dire que l’on survend. » Pré- COMMENT DEVRAIT ÊTRE LA RELATION ENTRE LA SCIENCE ET LES CITOYENS ? La majorité de la population Les scientifiques devraient informer le public de leur travail suisse veut que les scientifiques 1 5 22 38 35 informent le public de leur travail. M = 3,99 Seulement une minorité est Des gens comme moi devraient participer aux décisions sur les thèmes de recherche intéressée à participer à des 22 29 30 13 6 prises de décisions sur les thèmes M = 2,51 de recherche ou à collaborer à J’aimerais une fois participer à la recherche pour des projets scientifiques des projets scientifiques. 23 20 21 21 15 pas du tout d’accord M = 2,86 La science et la recherche jouent un rôle important dans ma vie tout à fait d‘accord 10 21 29 27 14 M = 3,14 Base: 1037-1047 personnes sondées; indications en pourcentage – des différences d’arrondi sont possibles Source : « Baromètre scientifique suisse 2016 ». 8
COMMUNICATION SCIENTIFIQUE « Faire rayonner des thématiques phares » Depuis le 1er mai, Mirko Bischofberger est le nouveau gement comme d'autres facteurs tels que les muta- directeur de la communication de l’EPFL. Détenteur tions rapides dans le paysage médiatique et une d’un doctorat en microbiologie et bio-informatique nouvelle Direction remettent en question notre de l’EPFL, il a travaillé comme journaliste freelance stratégie de communication. à la NZZ pendant son doctorat, avant de rejoindre Mirko Bischofberger, nouveau directeur de les services du Parlement, puis le Fonds national Concrètement quels sont les critères avec la communication de l’EPFL. © DR suisse, alors que Martin Vetterli présidait le Conseil lesquels nous communiquons ? national de la recherche. Il l’a suivi en tant que Il faut garder à l’esprit les trois missions de l’Ecole: conseiller scientifique à l’EPFL. Mirko Bischofberger éducation, recherche, innovation. Dans la recherche, assurait ad interim la direction de la communication le peer-review reste le critère décisif de choix de ce depuis janvier 2019. Il est désormais secondé par qu’on communique. Quand un chercheur publie un Corinne Feuz, qui reste également porte-parole. article dans un bon journal scientifique, on veut le Interview. savoir et on va aider à le faire savoir. Le même filtre existe aussi dans l’innovation, si une start-up lève des Quelle est la place que vous voulez donner fonds par exemple. Dans l’éducation, on parlera à l’EPFL ? d’une médaille, d’un prix, d’une sélection. C’est 80% Notre ambition est d’être une référence au niveau de notre communication. Pour les 20% restants, national et international. Il y a 150 ans, lorsque l’ETH nous allons favoriser des thèmes stratégiques choisis Zurich a été créée, la Suisse vivait les débuts de son par la Direction. industrialisation. Les visionnaires de l’époque ont créé une école technologique qui a stimulé l’industrie Quel est le rôle de Mediacom ? chimique et pharmaceutique, ainsi que l’industrie A la base, nous constituons une interface entre le technologique en général. A 50 ans, l’EPFL a le monde externe et le monde interne, et notre rôle même rôle, mais dans une nouvelle ère: une école est tout aussi important d’un côté que de l’autre. qui promeut les bases du pays en donnant naissance Nous sommes donc un service bidirectionnel, pour à de nouvelles industries, comme dans l’exemple la société et la presse d’une part, ainsi que pour notre du digital. campus d’autre part. Ceci dit, nous allons redéfinir notre rôle d’ici à la fin de l’année, procéder à un état Avec quelle stratégie ? des lieux, mettre en place des outils de mesure et Tout d’abord, l’heure est au bilan. Il y a une dizaine redéfinir notre champ d’action pour une communi- d’années, la communication de l’EPFL était plus axée cation plus concertée dans un monde de plus en plus sur le local, avec un peu d'ouverture internationale. international et numérique. Et ainsi faire rayonner Aujourd’hui, on passe de l’échelle nationale à une davantage l’Ecole. dimension beaucoup plus internationale. Ce chan- Une conférence professionnelle Un millier de participants sont attendus du 1er au 5 juillet au STCC, à l’EPFL, pour la Conférence mondiale des journalistes scientifiques (WCSJ). « C’est une conférence professionnelle, réunissant des journalistes scientifiques dans le but de parler de notre métier pour promouvoir un journalisme scientifique indépendant, sainement critique et juste », précise Olivier Dessibourg, président du comité d’organisation. Elle s’articule autour de cinq thèmes : l’« état du journalisme scientifique », les « outils et les compétences », les « coulisses de la science », la « science » et « fun and entertainment », qui prend en considération les aspects à la limite tant de la vulgarisation que du journalisme. La WSCJ 2019 est organisée par l’Association suisse du journalisme scientifique (ASJS), l’Association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI, France) et Science writers in Italy (SWIM, Italie), sous l’égide de la Fédération mondiale des journalistes scientifiques (WFSJ). Les partenaires académiques de la WSCJ 2019 sont, outre l’EPFL, les universités de Lausanne et de Genève et le CERN. Le président de l’EPFL Martin Vetterli ouvrira la conférence. L’EPFL propose en outre notamment des Lunch@Lab dans 35 labos. EPFL MAGAZINE N°27 — JUIN 2019 9
COMMUNICATION SCIENTIFIQUE Mike Schäfer, professor of science communication, University of Zurich. © DR “We need a science of science communication” M ike S. Schäfer is a professor of science els of science communication that ensure communication at the University of independence as well as economic feasibility. Cur- Zurich, the only chair in Switzerland rently, several such models are being tested, such in this field. Interview on the current state and as The Conversation, which emerged in Australia. challenges of science communication. There, universities fund a platform and involve out- side communicators, for example journalists, to How and when did science communication enable scientists to write articles for a broader pub- become a science? lic. The funding of such initiatives could come from The basic idea behind science communication is that foundations, public money or scientific institutions all our decisions, as individual people or as organi- such as academies, scientific associations, etc. We zations, should be based on the best scientific evi- don’t have a working model yet, but we are in urgent dence available. This should of course also apply to need of one. how we do science communication: in order to find out what works and what doesn’t, we should also How do we measure the impact of science apply scientific methods. Therefore, we need a sci- communication? ence of science communication. I’m a big advocate of evidence-based science com- Science communication itself really took off ap- munication. As scientists and members of scientif- proximatively twenty/thirty years ago with the ic institutions we must ensure our communication “Public Understanding of Science” movement. In is evidence-based. If we don’t commit to such an parallel, scholars from different disciplines got more approach, how can we ask anyone else to? and more interested in research in this field. The Evidence-based science communication involves huge increase in the number of journals or publica- identifying our objectives and checking if we achieve tions on this topic proves that it’s a growing domain. them through communication. One of the problems There are now even people like me who hold chairs is that evaluation is rarely done. And if it is done, it in the field. is often not done qualitatively, as we tend to only count what is easy to count, such as page views or Do scientific institutions have to make efforts number of likes on social media. Nevertheless, our to improve science communication? ultimate objective is not to have the most clicks, Yes! The question is how. As science is publicly fund- likes or followers, but to educate, change attitudes, ed, scientific institutions and scientists have to be foster dialogue, and improve trust. Communication aware that society is an important stakeholder for is hard to evaluate, but we have to make this effort. them. I think there is an obligation to justify why our research and teaching are relevant to society, Do you undertake these kinds of studies? and this can achieve this through science commu- Yes, of course. Based on the Science Barometer nication with various objectives in mind - informing Switzerland, for example, we have identified differ- the public, helping them make rational decisions, ent target groups in Switzerland and we see that the furthering trust in science. I think we have to en- science communication landscape has diversified. courage and empower scientists to do that by giving If you look at the different target groups, you real- them the right tools and methods. However, we are ize that the people who are reached by the many in a situation where, subconsciously, many scientif- formats of science communication are the ones ic institutions and scientists have moved towards already interested in science. However, they remain more strategic communication, trying to build their a minority. The general public is only exposed to brand and improve their image. This is particularly scientific news if it is featured in mainstream media problematic as science journalism, which has the they already consume. We have to find a way to potential to serve as a neutral and critical observer ensure this key part of the population is not left of science, is currently declining in many countries. behind. In my opinion, all of us – universities, scientific or- ganizations, scientists – should improve our com- munication efforts. And as a society, we need mod- 10
VU ET ENTENDU SUR LE CAMPUS Elle s’est envolée Imprimante en déplacement. Une communication de l’équipe MyPrint, vue devant l’aumônerie le 15 mai 2019 Autoflagellation « Il y a des jours où tu veux bosser, mais tu n’y arrives pas. Et après tu te sens tellement nul ! T’es trop triste. » Introspection entendue Tictac en période de révision dans un couloir du CE « Time is yours. » Alors pourquoi ne pas le prendre ? Vu sur une horloge du CE, le 6 mai 2019 Homemade « Le levain, ça demande tellement d'entretien que ça en devient un membre de la famille. Il faut penser à nourrir les enfants, les poules et le levain. » Challenge « Quand tu n'as pas en plus le kéfir et le vermicompost à alimenter. » Entendu dans un bureau du CM yourself ! Attachement sélectif « Comme c'est le dernier cours, ça me brise un peu le cœur de ne pas y Séance d'échauffement pour les membres du Challenge 19 ? aller. Pas pour la prof, hein, mais pour la classe. Après c'est vrai qu'on va se Vu sur l’Esplanade, le 6 mai 2019 revoir aux exas. » Entendu le 28 mai 2019 à l’arrêt de métro EPFL EPFL MAGAZINE N°27 — JUIN 2019 11
ACTUALITÉS Les neurones et leurs synapses SCIENTIFIQUES dans le cerveau de la souris. © Aiste Baleisyte / EPFL BRÈVE ALIMENTATION Analyser l'ADN © iStock de son assiette — Open Food Repo DNA ambitionne de développer ÉNERGIE un protocole qui NEUROSCIENCES permettrait un jour à Produire de l'électricité Le cortex insulaire traite quiconque de procéder aux estuaires avec l'osmose au séquençage la douleur et donne génétique des aliments et la lumière transformés afin des leçons au cerveau d’identifier chaque Des chercheurs ont répliqué les Des neuroscientifiques composant. Ainsi, conditions naturelles présentes le projet ajoutera ont découvert que le cortex la composante aux estuaires et ont produit ADN des produits insulaire traite les expériences de l’électricité en illuminant alimentaires à l’Open douloureuses et nous pousse Food Repo, une base un système composé d’eau, de données en libre à tirer des leçons des accès regroupant des d’une membrane et de sel. informations sur plus événements adverses. de 40’500 produits Un projet du Laboratoire de biologie Un projet du Laboratoire de mécanismes synaptiques à l’échelle nanométrique (LBEN) (LSYM), développé par Ralf Schneggenburger alimentaires vendus Développé par Aleksandra Radenovic en Suisse, développée D N par le Laboratoire es chercheurs essaient d’exploiter ous savons depuis un certain temps d’épidémiologie une source d’énergie disponible qu’une zone du cerveau appelée digitale. La première étape aux estuaires, là où se rencontrent amygdale joue un rôle impor- consiste à bien fleuves et mers : l’énergie osmotique. tant dans l’apprentissage par la peur. Des mélanger la nourriture Nat urel lement, deu x liquides de scientifiques du LSYM ont découvert que à l’aide d’un mixeur. La concentration différente, séparés par une l’émetteur de ces « avertissements » était le suite est l’extraction membrane semi-perméable, vont équilibrer cortex insulaire. Cette partie du cerveau est de l’ADN en utilisant des produits chimiques leur contenu. Dans le cas d’une mer et d’un associée au codage des sensations de notre et des températures fleuve, les molécules de sel (des ions électri- corps. D’ailleurs, les neurones du cortex élevées. La portion quement chargés) migrent vers l’eau douce. insulaire sont reliés à ceux de l’amygdale, de l’ADN qui Ce mouvement peut être utilisé pour générer mais la fonction de cette connexion céré- présente un intérêt de l’électricité. brale avait été peu étudiée auparavant. est ensuite amplifiée en une multitude de Dans leur laboratoire, les chercheurs ont Les scientifiques ont effectué leurs re- copies puis analysée reproduit les conditions environnementales cherches sur les rongeurs. Ils ont transféré grâce à un dispositif réelles aux estuaires et illuminé un disposi- par génie génétique des canaux ioniques de séquençage, tif composé d’eau, de sel et d’une membrane activés par la lumière dans des neurones qui convertit les épaisse de trois atomes pour générer de spécifiques du cerveau des souris. Cela leur molécules en un signal électronique lui-même l’électricité. Sous l’effet de la lumière, le dis- a permis de stopper l’activité électrique de traduit en code ADN. positif a produit deux fois plus d’électricité neurones du cortex insulaire en envoyant de Plus d’informations : qu’il ne le ferait dans l’obscurité. brèves impulsions de lumière laser pendant www.foodrepo.org/dna Pour générer cette lumière dans les es- l’événement impliquant un apprentissage tuaires, les chercheurs préconisent d’utili- par la peur. ser la lumière du soleil et de la diriger sur L’étude démontre que, en plus d’infor- la membrane grâce à des miroirs et des len- mer notre cerveau de la douleur physique, le tilles. Ainsi, la production serait doublée le cortex insulaire peut envoyer un fort signal jour, grâce à la lumière du soleil. Une grande aux autres régions cérébrales qui inter- quantité de travail reste cependant à faire viennent dans la formation du souvenir de > RETROUVEZ LES ACTUALITÉS COMPLÈTES avant qu’une application réelle voie le jour. l’événement désagréable. SUR actu.epfl.ch Laure-Anne Pessina Nik Papageorgiou 12
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES © iStock PHYSIQUE L'holographie ouvre la voie La résolution spatiale de la rence des faisceaux d’imagerie à l'informatique quantique photographie/de l’hologramme électronique par l’énergie et non est limitée par la longueur l’espace (phase). Cela permet dé- Une méthode reposant sur les principes d’onde de la lumière, qui se si- sormais d’utiliser les impulsions des hologrammes saisit des images 3D tue autour de 1 μm (0,001 mm) lumineuses pour crypter l’infor- d’objets hors d’atteinte de la lumière. ou juste en dessous. Ce qui n’est mation sur la fonction d’onde de pas un problème pour les objets l’électron, laquelle peut être re- Un projet du Laboratoire pour la microscopie et macroscopiques l’est par contre présentée grâce à un microscope la diffusion d'électrons (LUMES) Développé par Fabrizio Carbone en nanotechnologie. électronique en transmission ultrarapide. Deux avantages cruciaux Cette nouvelle méthode Des chercheurs du labora- peut nous procurer deux avan- toire de Fabrizio Carbone ont tages cruciaux : d’une part, elle L a photographie mesure développé une méthode pour peut fournir des informations la quantité de lumière de observer le comportement de la sur la lumière elle-même, ce qui couleurs différentes qui lumière à très petite échelle, bien en fait un outil puissant pour atteint la pellicule. Cependant, au-delà des limitations imposées visualiser des champs électro- la lumière est aussi une onde, par la longueur d’onde. Ils ont magnétiques avec la précision de caractérisée par conséquent utilisé un média photogra- l’attoseconde dans le temps et du par une phase. Cette der- phique des plus inhabituels: des nanomètre dans l’espace; d’autre nière indique la position d’un électrons en propagation libre. part, la méthode peut être appli- point dans le cycle d’ondes et Appliquée dans leur microscope quée en informatique quantique est corrélée à la profondeur électronique ultrarapide, cette pour manipuler les propriétés de l’information; en d’autres méthode peut coder des infor- quantiques des électrons libres. termes, enregistrer la phase de mations quantiques dans un Nik Papageorgiou la lumière diffusée par un ob- motif holographique de lumière jet permet d’obtenir sa forme capturé dans une nanostruc- complète en 3D. Une simple ture. Elle repose sur un aspect photographie ne peut pas par- exotique de l’interaction entre venir à ce résultat. Il s’agit de la les électrons et la lumière. > RETROUVEZ LES ACTUALITÉS COMPLÈTES base de l’holographie optique, Les scientifiques ont utilisé SUR actu.epfl.ch rendue célèbre par les holo- la nature quantique de l’inte- grammes fantaisistes des films raction entre les électrons et de science-fiction comme Star la lumière pour différencier le Wars. faisceau d’électrons de réfé- EPFL MAGAZINE N°27 — JUIN 2019 13
ACTUALITÉS Elena Goun, chimiste. SCIENTIFIQUES © EPFL Les boues issues des stations d'épuration pourraient être entièrement traitées par le dispositif de la spin-off TreaTech. © Alain Herzog BRÈVE ENVIRONNEMENT Une plateforme pour TECHNOLOGIE IMAGERIE anticiper les humeurs du Léman Transformer les boues La bioluminescence met — Températures de l’eau sur les plages, d'épuration en énergie en lumière le métabolisme force des courants, et en sels minéraux du cancer risques de tempêtes, présence d’algues Un dispositif mis au point Avec la méthode nommée et tourbillons : par TreaTech, spin-off de BiGluc, il est possible de rendre meteolakes.ch offre une large palette l'EPFL, permet de transformer les tumeurs cancéreuses bio- de prévisions sur la biophysique de les boues des stations luminescentes en fonction du lacs suisses, dont le d’épuration en minéraux niveau d'absorption du glucose. Léman. Créé il y a trois ans par Theo valorisables et en biogaz. Un projet du Laboratoire de chimie bio-organique et d'imagerie moléculaire (LCBIM) Baracchini, doctorant Développé par Elena Goun au Laboratoire E D de physique des pandre les boues d’épuration direc- es scientifiques ont inventé une systèmes aquatiques, tement sous forme d’engrais est in- nouvelle manière de quantifier – ce système avait à l’origine un but terdit en Suisse depuis une douzaine en temps réel – le métabolisme du essentiellement d’années en raison de la quantité croissante glucose des tumeurs cancéreuses, en les scientifique : offrir de polluants qui s’y trouvent. Les milliers rendant bioluminescentes. Cette nouvelle aux chercheurs de tonnes annuelles de phosphore qu’elles sonde lumineuse n'est pas radioactive et des données sur contiennent partent donc en fumée lors de fonctionne sur les organismes vivants tels l’évolution de la physique et de la l’incinération des boues, faute de technolo- que des souris porteuses de cellules tumo- biologie du Léman à gie ad hoc pour le recyclage de ce composé rales. des échelles spatiales chimique essentiel à de nombreux proces- « Notre nouvelle technique d'imagerie et temporelles. sus biologiques, dont la photosynthèse. Un nous permet de quantifier quelle quantité de Mais comme le dispositif, mis au point au Laboratoire des sucre est métabolisée en temps réel, ce qui démontrent les 330 visites enregistrées processus durables et catalytiques, et déve- apporte des informations importantes sur le quotidiennement l’été loppé par la spin-off TreaTech, permet de statut métabolique et les types de médica- dernier, il a trouvé récupérer ce phosphore dont le marché est ments susceptibles de priver la tumeur de une utilité auprès estimé à plus de 33 milliards de francs. Il sa principale source d'énergie », explique la de publics bien plus permet également, grâce à un autre procé- chimiste Elena Goun. larges: baigneurs, navigateurs, dé, appelé gazéification hydrothermale et Nommée BiGluc pour « Bioluminescent plongeurs ou imaginé au Paul Scherrer Institut (PSI), de Glucose », cette méthode pourrait être mise pêcheurs. Au fil du produire du biogaz. en œuvre pour comprendre les besoins mé- temps, le chercheur Forte d’excellents résultats obtenus avec taboliques de différentes tumeurs, ouvrant a développé la son premier prototype, la start-up, soutenue ainsi la voie à l'élaboration de traitements plateforme et en a aussi fait une partie par l’Office fédéral de l’énergie et le PSI, innovants. Outre le cancer, elle pourrait de sa thèse, défendue construit actuellement un système à grande s'appliquer à d’autres maladies métaboliques, en mai. échelle et prévoit la première installation telles que le diabète ou les maladies neuro- dans une station d’épuration en 2022. Juste à dégénératives. temps pour entrer dans le cadre des nouvelles Hillary Sanctuary > RETROUVEZ LES ACTUALITÉS COMPLÈTES normes dont souhaite se doter la Confédéra- SUR actu.epfl.ch tion concernant le recyclage obligatoire du phosphore dès 2026. Cécilia Carron 14
ACTUALITÉS SCIENTIFIQUES RÉÉDUCATION Une nouvelle thérapie non Aucune intervention invasive pour les personnes chirurgicale n'est nécessaire. © AASDAP paraplégiques Une nouvelle technique de rééducation combinant électrostimulation musculaire BRÈVE et interface cerveau-machine a ÉNERGIE été testée par deux personnes Production record paraplégiques. d'hydrogène en Les utilisateurs reçoivent en outre un concentrant la Un projet du Groupe de recherche Rehabilitation and lumière du soleil Assistive Robotics (REHAssist), feedback vibrotactile sur leurs bras, qui leur Développé par Mohamed Bouri donne des indications sur la position de leurs – Produire de l’hydrogène propre membres dans l’espace. Ils peuvent ainsi se D à moindre coût est es chercheurs de l’Alberto Santos mouvoir sans avoir à regarder leurs jambes un défi car collecter Dumont Association for Research constamment. et convertir l’énergie Support (AASDAP) au Brésil et de Le système a été testé sur deux patients solaire coûte cher. l’EPFL ont mis au point un outil inédit et atteints de paraplégie chronique. A la fin Des chercheurs ont eu l’idée de concen- non invasif pour la neuro-rééducation des de l’évaluation clinique, les patients étaient trer les rayons du membres inférieurs chez les personnes pa- capables de se déplacer en étant moins dé- soleil pour produire raplégiques. pendant du système d'assistance. Chez l'un davantage d’hydro- Les patients utilisent leur propre activité d'entre eux, une récupération motrice im- gène pour une même cérébrale pour contrôler l’envoi de pulsions portante a été relevée. Le tout sans qu’aucune surface de matériau donné. Leur dispo- électriques à un total de 16 muscles dans intervention chirurgicale ne soit nécessaire. sitif fonctionne par leurs jambes. Aidés d’un déambulateur et Laure-Anne Pessina échange de chaleur. d’un harnais de soutien, ils peuvent se re- Une version à large muscler et améliorer leur motricité. échelle va être testée sur le campus, à l’aide d’une antenne qui INNOVATION concentre le soleil par un facteur mille. Un pavillon de zoo récupérés dans des décharges spécialisées Le dispositif devrait produire jusqu’à 1 kilo construit avec des dans la collecte de matériaux de construc- d’hydrogène par jour, matériaux réutilisés tion usagés. ce qui permet à une voiture à hydrogène Le bâtiment accueillera les présentations Les étudiants de Bachelor en et expositions temporaires destinées aux de parcourir entre 100 et 150 kilo- architecture ont construit un enfants venus visiter le zoo. L’installation, mètres. pavillon destiné à accueillir située entre les parcelles des singes et des A l'avenir, plusieurs panthères des neiges, a été inaugurée le 4 de ces systèmes les enfants visitant juin. « Avec ce projet, nous sommes en phase pourraient être connectés entre le Zoo de Servion. avec le mouvement de réutilisation défen- eux et exploités Un projet du Laboratoire EAST du tant par la Ville de Lausanne, avec sa par les compagnies Développé par des étudiants de Bachelor en architecture plateforme « Lausanne-réutilise », que par chimiques, ou faire la Confédération, qui vient de commander office de stations Q uelles sont les caractéristiques de un inventaire des sociétés spécialisées dans à hydrogène. Une spin-off basée la plus belle salle de cours pos- la réutilisation dans la construction », ob- sur cette technologie sible ? Et comment inclure ce type serve Martin Fröhlich, professeur associé et va être lancée, bapti- de constructions à un zoo ? Telles sont les codirecteur du laboratoire EAST, avec Anja sée SoHHytec. réflexions que les étudiants de Bachelor en Fröhlich. « Les éléments sont réutilisés sans architecture ont menées au semestre pas- perte de qualité, ce qui évite le gaspillage, et sé. Sur mandat du Zoo de Servion, situé les composants restent continuellement dans près de Lausanne, ils ont ensuite conçu et l’écocycle, car ils peuvent être à tout moment construit un pavillon en bois muni d’une démontés », précise l’architecte berlinois. > RETROUVEZ LES toiture en ardoises à partir de matériaux Sandrine Perroud ACTUALITÉS COMPLÈTES achetés sur des sites de vente en ligne et SUR actu.epfl.ch EPFL MAGAZINE N°27 — JUIN 2019 15
© Alain Herzog 16
INTERVIEW « On est d’ailleurs déjà pas mal gâté dans le métier de journaliste scientifique. » Fred Courant, sorcier du journalisme scientifique L’animateur français sera une des vedettes des portes ouvertes de l’EPFL, les 14 et 15 septembre prochain. Depuis 30 ans, il vulgarise la science pour la rendre accessible au plus grand nombre, à la télévision, sur Internet et face au public. Par Anne-Muriel Brouet, Mediacom EPFL MAGAZINE N°27 — JUIN 2019 17
INTERVIEW Durant plus de 20 ans, de 1993 à choses les plus complexes, au plus abonnés et proposer un service 2014, les petits Français et grand nombre, de façon acces- payant, soit se financer avec des nombre de Suisses, de Belges et sible. partenaires. Venant du service de Canadiens ont compris les public où notre contenu était ac- mystères scientifiques à travers Quels sont les ingrédients cessible gratuitement à tout le l’émission télévisée C’est pas sor- de la recette ? monde, nous avons souhaité cier. Un camion, des maquettes, Une vraie démarche journalis- continuer. des reportages et trois anima- tique, qui finalement se rap- Nous mettons donc toujours à teurs de choc pour expliquer la proche de la démarche scienti- disposition des ressources éduca- science au plus grand nombre. Si fique et consiste à énormément tives gratuites grâce à des parte- les près de 560 épisodes tournés valider les informations. Etre au nariats. Ainsi, les dossiers, ce que sont encore diffusés à la télévision plus près des scientifiques, com- nous produisons le plus, se font ou dans les classes, le journalisme prendre ce qu’ils font et ensuite en collaboration avec des instituts scientifique s’est radicalement le traduire pour que tout le monde de recherche, des fondations transformé à l’ère d’Internet. puisse le comprendre, en le fai- d’entreprises, parfois des entre- Ainsi Frédéric Courant – Fred – sant valider par les chercheurs prises sélectionnées afin de gar- cofondateur de C’est pas sorcier, tout en gardant notre liberté. Un der toujours notre crédibilité et anime aujourd’hui L’Esprit sorcier, rapport de confiance s’établit notre indépendance. Nous en ligne, tout en participant à des entre nous et les scientifiques. sommes une équipe de 12 et fonc- tionnons comme une agence qui fait de la production de ressources éducatives avec des partenaires « C’est parfois qui savent que pour en produire il faut des moyens. En travaillant difficile de ramener avec nous, ils se rendent compte que ça leur coûte moins cher les scientifiques qu’avec une agence de communi- cation. au niveau de la En revanche, nous gardons les droits sur notre production, ce qui vulgarisation. » nous permet de réutiliser les res- sources pour faire un autre for- mat qui sera par exemple diffusé sur la chaîne Science et vie TV, payante. C’est un système un peu hybride qui nous fait vivre, mais ce n’est pas YouTube, que nous ne événements grand public, en live. C’est un travail long, de valida- monétisons pas. Il sera une des vedettes des portes tion, de remonter aux sources, de ouvertes de l’EPFL les 14 et 15 mettre en forme en images et en Les partenaires scientifiques septembre. Nous l’avons déjà textes. ne vous offrent-ils pas surtout rencontré. du contenu ? C’est pas sorcier était financé Certes, ils l’ont, mais ils n’ont pas Quel est le concept de L’Esprit par le service public. Qu’en toujours les équipes internes pour sorcier ? est-il aujourd’hui de L’Esprit le valoriser et produire des res- Ce n’est pas de la sorcellerie, mais sorcier ? sources scientifiques. Donc ils la suite de C’est pas sorcier sur Quand l’émission a arrêté d’être nous demandent de le faire et ils Internet. Ça s’appelle L’Esprit sor- produite – pas diffusée, car elle peuvent ensuite disposer de res- cier parce que c’est l’esprit de l’est toujours – nous avons conti- sources utilisables sur leur site, C’est pas sorcier. L’émission n’est nué à faire ce travail sur Internet. dans des colloques, des salons ou autre qu’une recette pour trans- Nous sommes un média et l’in- autre. Parallèlement, on essaie mettre la science, les phéno- formation a un coût. Donc pour d’élargir le plus possible notre mènes scientifiques, même les vivre, il faut soit compter sur ses diffusion sur Internet. 18
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