Les transformations technologiques dans l'industrie des services automobiles
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Les transformations technologiques Relever le défi des compétences des dans l’industrie mécaniciens et des services mécaniciennes de véhicules automobiles automobiles au Québec Le partenariat du CRIMT sur l’expérimentation CENTRE DE RECHERCHE INTERUNIVERSITAIRE SUR LA MONDIALISATION ET LE TRAVAIL institutionnelle et l’amélioration du travail INTERUNIVERSITY RESEARCH CENTRE ON GLOBALIZATION AND WORK
Le Diversity Institute mène et coordonne des recherches multidisciplinaires et multipartites pour répondre aux besoins des Canadiens et des Canadiennes de tous les horizons, à la nature changeante des aptitudes et des compétences, et aux politiques, mécanismes et outils qui favorisent l’inclusion et la réussite économiques. Notre approche axée sur l’action et fondée sur des données probantes fait progresser la connaissance des obstacles complexes auxquels font face les groupes sous-représentés ainsi que des pratiques exemplaires pour induire des changements et produire des résultats concrets. Le Diversity Institute dirige des recherches pour le Centre des Compétences futures. Le Centre des Compétences futures est un centre de recherche et de collaboration avant-gardiste qui se voue à préparer les Canadiennes et les Canadiens pour qu’ils aient du succès en emploi et qu’ils satisfassent aux besoins émergents en talents des employeurs. En qualité de communauté pancanadienne, le CCF réunit des experts et des organismes de différents secteurs afin de déterminer, d’évaluer et d’échanger de façon rigoureuse des approches novatrices au développement des compétences nécessaires pour favoriser la prospérité et l’inclusion. Le CCF participe directement à l’innovation grâce à des investissements dans des projets pilotes et de la recherche universitaire sur l’avenir du travail et les compétences au Canada. Le Centre des Compétences futures – Future Skills Centre est financé par le gouvernement du Canada dans le cadre du programme Compétences futures. Les activités du Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (le CRIMT) portent sur les enjeux théoriques et pratiques du renouveau institutionnel et organisationnel en matière de Le partenariat du CRIMT sur l’expérimentation travail et d’emploi à l’ère de la mondialisation. Son Projet de partenariat institutionnelle et l’amélioration du travail sur l’expérimentation institutionnelle et l’amélioration du travail – financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et la Fondation canadienne pour l’innovation – réunit le CRIMT (subventionné par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture), puis un réseau international de centres partenaires (20) et de chercheur.euses associé.es (180). Ce vaste projet pluriannuel vise à mieux comprendre comment les acteurs sociaux s’approprient, mobilisent et transforment les institutions de régulation du travail, et pourquoi ces processus mènent tantôt à une amélioration, tantôt à une détérioration du travail. Commanditaire Le Centre des Compétences futures – Future Skills Centre est financé Fundedpar le by the gouvernement du Canada dans le cadre du programme Compétences futures. Government of Canada’s Future Skills Program Les opinions et interprétations contenues dans cette publication sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles du gouvernement du Canada. Date de publication : Octobre 2021
Remerciements Un partenariat de recherche entre l’industrie et les universités Ce rapport a été rédigé par Mathieu Dupuis, Ph.D. (Université Laval), Gregor Murray, Ph.D. (Université de Montréal) et Meiyun Wu, Ph.D. (Université de Montréal), des chercheurs et une chercheuse affiliés au Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT). Ce rapport s’inscrit dans le cadre du Projet de partenariat de recherche CRIMT sur l’expérimentation institutionnelle et l’amélioration du travail. Les trois auteurs ont contribué à parts égales à la recherche et à la rédaction de ce rapport. Ce document s’insère dans le cadre d’une initiative scientifique plus vaste axée sur les nombreux impacts des transformations technologiques dans l’industrie des services automobiles au Québec. Cette initiative est le fruit d’une collaboration continue avec un large éventail de partenaires de l’industrie des services automobiles de la province. Plusieurs remerciements s’imposent pour souligner son architecture particulière. Tout d’abord, le Comité sectoriel de main-d’œuvre des services automobiles (CSMO-Auto), un conseil sectoriel multipartite axé sur les enjeux liés au développement du marché du travail et de la formation dans l’industrie des services automobiles au Québec, a joué un rôle essentiel tant dans la création que dans la poursuite du projet. Le CSMO-Auto a mis en place le partenariat initial avec l’équipe de recherche du CRIMT tout en s’assurant le soutien du programme des « projets majeurs » de la Commission des partenaires du marché du travail (CPMT), un organisme provincial qui réunit des représentants syndicaux, du patronat et du gouvernement et d’autres représentants concernés par les questions liées à la main-d’œuvre et à la formation. Le CSMO-Auto a également contribué à mobiliser une série de parties prenantes pour participer à cette initiative de recherche. Nous souhaitons remercier Danielle Le Chasseur (Directrice générale, CSMO-Auto) et Nathalie Ruest (Chargée de projet, CSMO-Auto) de même que les très nombreux intervenants et parties prenantes de l’industrie — trop nombreux pour les nommer — pour leur soutien continu dans ces efforts. À l’heure où les transitions écologiques occupent une place toujours plus importante dans la réflexion sur les questions de mobilité, il est important de souligner comment les nombreuses parties prenantes de l’industrie au Québec collaborent pour faire face aux conséquences historiques liées à l’électrification des véhicules. En second lieu, l’élan et le soutien de plusieurs contributeurs de l’Université Ryerson — dont le Diversity Institute en tant que directeur de recherche pour le Centre des Compétences futures du gouvernement du Canada — ont permis à notre équipe de recherche d’élargir cette initiative initialement menée dans le contexte québécois pour atteindre un public beaucoup plus vaste concerné par les changements technologiques et le développement des compétences au Canada. Le transfert des connaissances interprovincial et les innovations en réponse aux changements technologiques et aux compétences présentent un aspect particulièrement important. Nous souhaitons remercier la Dre Wendy Cukier, la Dre Sosina Bezu, le Dr Michael Crawford Urban, Alice Jarosheck, Alexandra Macdonald et le Dr Kevin Stolarick pour leurs contributions essentielles à l’élaboration de ce document. En troisième lieu, sachant que cette étude s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche continu visant à réunir des partenaires du marché du travail et des chercheurs universitaires, il est important de reconnaître les contributions substantielles au projet de la part de la Chaire de recherche du Canada sur la mondialisation et le travail, le Centre de recherche interuniversitaire sur la mondialisation et le travail (CRIMT) et l’équipe de recherche du CRIMT au sens large, la Téluq et l’Université de Montréal. Nous souhaitons également remercier Matthieu Pelard pour sa contribution au développement du projet, Huyen Chau Nguyen pour ses commentaires linguistiques et Benjamin Paré (UQAM), Élisabeth Béfort-Doucet (UdeM), Elena Sandu-Lebediuc (UdeM), Maéva Noirot (UdeM) et Rosa Castrillon (HEC Montréal) pour leur soutien dans la transcription et l’analyse des données. Enfin, il faut souligner que notre équipe de recherche assume l’entière responsabilité de l’analyse et des conclusions exprimées dans ce document. Toute omission de fait ou d’interprétation relève de la seule responsabilité des auteurs. Les conclusions du rapport ne reflètent pas nécessairement les vues de nos partenaires de recherche (c.-à-d. le CSMO-Auto, la CPMT, le Diversity Institute et le Centre des Compétences futures) ni celles des nombreuses parties prenantes de l’industrie avec qui nous avons abordé ces questions. Cependant, nous souhaitons souligner à quel point nous avons bénéficié de leur contribution.
Auteurs Mathieu Dupuis, Ph. D. Gregor Murray, Ph. D. Meiyun Wu, Ph. D. Département des relations École de relations industrielles, CRIMT, Université de Montréal industrielles, Université Laval Université de Montréal Gregor est professeur et titulaire Mathieu est professeur Meiyun est associée de recherche de la Chaire de recherche du en relations du travail au à la Chaire de recherche du Canada sur la mondialisation et Département des relations Canada sur la mondialisation et le le travail (2007-2021) à l’École industrielles à l’Université travail au Centre interuniversitaire de relations industrielles de Laval, et chercheur au Centre de recherche sur la mondialisation l’Université de Montréal. Gregor de recherche interuniversitaire et le travail. Meiyun est titulaire est également directeur du Centre sur la mondialisation et le d’un doctorat de la School of de recherche interuniversitaire travail (CRIMT) dans le cadre Labor Economics de la Capital sur la mondialisation et le travail de son projet de partenariat sur University of Economics and (CRIMT) et chercheur principal l’expérimentation institutionnelle Business à Beijing, République sur le projet de partenariat du et l’amélioration du travail. populaire de Chine. Ses travaux CRIMT sur l’expérimentation Mathieu est titulaire d’une antérieurs, dans le cadre d’un institutionnelle et l’amélioration maîtrise en relations industrielles projet pour le gouvernement du travail, une initiative du de l’Université Laval et d’un du Canada dirigé par l’École de Conseil de recherches en doctorat en relations industrielles relations industrielles et le CRIMT sciences humaines (CRSH) qui de l’Université de Montréal. Il de l’Université de Montréal, ont réunit 20 centres partenaires a également fait des études porté sur la conciliation et la et 180 chercheurs affiliés dans postdoctorales à l’Industrial résolution de conflits de travail. une douzaine de pays, et qui se and Labor Relations School de Meiyun poursuit des travaux sur concentre sur les expériences du l’Université Cornell aux États- les questions liées au travail en monde du travail afin d’améliorer Unis. Ses recherches portent sur Chine. Ses recherches actuelles le travail. Gregor est titulaire d’un les changements numériques et portent sur le développement doctorat en études industrielles leur influence sur les relations de la main-d’œuvre et des et commerciales de l’Université d’emploi, les stratégies des compétences, les écosystèmes Warwick au Royaume-Uni. Ses organisations syndicales et la de compétences et de formation recherches portent sur un large réorganisation du travail. Parmi et les enjeux de la négociation éventail de thèmes, notamment les projets sur lesquels il travaille, des transformations numériques. les entreprises multinationales et il se penche sur l’impact des les chaînes d’approvisionnement transformations technologiques mondiales, le renouveau sur l’organisation du travail dans syndical, la mondialisation et le secteur manufacturier canadien les changements sur le lieu de (avec le soutien d’une subvention travail, les transformations et de développement Savoir du les compétences numériques, le CRSH et d’une autre du Fonds de dialogue social et les politiques recherche du Québec – Société et publiques en matière de culture FRQSC). citoyenneté au travail. Gregor a également travaillé sur un certain nombre de projets de l’OIT en Asie.
Table des matières Résumé ii Introduction 1 Changements technologiques et compétences 4 Perturbations créatrices le long de la chaîne de valeur des services automobiles 17 Défis en matière de compétences et de formation 29 L’écosystème de la formation et du dialogue social au Québec 42 Formations innovantes pour répondre aux pénuries et aux écarts de compétences et aux compétences du futur émergentes 53 Conclusion 65 Annexes 68 Références 72 i
Résumé Ce rapport examine les défis auxquels est Québec en se concentrant plus particulièrement confrontée l’industrie des services automobiles sur les mécaniciens et mécaniciennes de véhicules au Québec dans le contexte de son passage automobiles qui assurent l’entretien et la réparation de la vente et de l’entretien de véhicules de véhicules chez les concessionnaires, de même à moteur à combustion traditionnels à de que les services d’après-vente de ces véhicules. nouvelles générations de véhicules automobiles. Ces nouveaux modèles sont informatisés et Ce rapport examine comment divers acteurs connectés par des systèmes sophistiqués de de l’industrie des services automobiles diagnostic embarqué (OBD). Ils intègrent des québécoise — notamment les grands fabricants systèmes avancés d’aide à la conduite (ADAS) et et leurs chaînes de valeur, les petites et sont souvent propulsés par des moteurs hybrides moyennes entreprises (PME), les syndicats, ou électriques. les comités paritaires patronaux-syndicaux, les organismes de formation et les organismes Cette évolution technologique bouleverse gouvernementaux — élaborent des pratiques afin les modèles d’affaires traditionnels dans un de répondre au besoin de nouvelles compétences secteur complexe à plusieurs niveaux qui va et d’aborder les questions liées aux emplois et de la fabrication, de la vente et des services au travail. Notre étude montre que les stratégies à la distribution de pièces, aux réparations utilisées pour répondre aux pénuries de main- et au recyclage. Ses répercussions ont de d’œuvre qualifiée, aux écarts de compétences nombreuses conséquences sur les besoins futurs et aux défis des compétences du futur reflètent en compétences et sur l’offre de formations bien l’architecture complexe du secteur. L’étude professionnelles. La production des compétences illustre également comment les différentes parties exigées qu’implique la transition de la main- prenantes peuvent être amenées à participer à d’œuvre d’un secteur traditionnel vers un secteur la mise en œuvre des politiques et des pratiques beaucoup plus axé sur l’innovation et la technologie de développement des compétences et des constitue le principal objet de ce rapport. innovations dans l’écosystème de la formation. L’industrie des services automobiles illustre bien Quasiment toutes les parties prenantes et les répercussions de l’évolution technologique les institutions clés du secteur participent à dans un secteur relativement traditionnel, plusieurs initiatives en matière de compétences dans lequel les compétences ne sont pas et de formation. Ces parties prenantes vont des nécessairement là où elles devraient être et où les fabricants aux concessionnaires en passant par systèmes de formation de base et de formation les consultants, les syndicats, les établissements continue présentent plusieurs lacunes. Cette d’enseignement, les segments du marché étude porte donc sur les services automobiles au secondaire et les associations d’employeurs et ii
de consommateurs. Leurs solutions collectives, stratégies institutionnelles poursuivies par les bien ancrées dans les réalités de l’industrie des Comités paritaires de l’industrie des services services automobiles, aident à résoudre divers automobiles (CPA) et le Comité sectoriel de problèmes à mesure qu’ils se présentent. En effet, main-d’œuvre des services automobiles (CSMO- il est particulièrement remarquable de constater le Auto)1 sont les plus riches en termes d’adoption nombre de parties prenantes différentes qui tentent collective pour répondre à certains des problèmes de relever, à leur manière, des défis similaires. Par de compétences les plus pressants. Pourtant, ailleurs, la plupart des intervenants — notamment ces stratégies sont également souvent disparates les entreprises et les associations et sont le reflet d’un système complexe de d’employeurs — sont convaincus qu’avec des subventions publiques spécifiques caractérisé stratégies individuelles et dépendant du marché, ils par des contrats à court terme et sont étroitement ne peuvent pas facilement surmonter les difficultés ciblées sur certains segments ou régions de auxquelles ils sont confrontés. Cette observation l’industrie. Il nous semble que les nouvelles a partiellement confirmé nos attentes initiales : solutions doivent être plus systématiques et pour être utilisés efficacement, les compétences s’appliquer à l’échelle de la province, tout en étant et leur développement doivent être analysés dans également fondées sur les initiatives des parties leur contexte particulier (c.-à-d. qu’il ne s’agit pas prenantes concernées. d’une stratégie générique automatiquement prête à l’emploi pour le développement des compétences Bien qu’elles soient importantes, ces étapes à l’échelle nationale). ne sont que le début de nouvelles avancées dans l’industrie des services automobiles. Les compétences qui sont générées au fil du Les exigences de compétences évoluent à temps sont également des biens collectifs, une telle vitesse que les parties prenantes se ce qui donne lieu à une « entente relative verront obligées de se livrer à de nombreuses aux compétences », celle-ci étant le produit expérimentations afin que les travailleurs de l’interaction entre les intervenants et les puissent suivre l’évolution de la technologie. institutions du secteur pendant de nombreuses Parmi les principales exigences figureront années. Même si de nombreuses initiatives, une formation initiale plus complète et par la force des choses, visent des groupes de améliorée et un système solide de formation travailleurs ou des professions spécifiques, il continue accessible à tous les travailleurs, existe également une conviction partagée voulant indépendamment de leur formation initiale et que l’industrie ait besoin de stratégies pan- de leur niveau de qualification. De nombreux sectorielles dans lesquelles de multiples acteurs et éléments indiquent qu’une nouvelle entente institutions vont dans la même direction. Toutefois, relative aux compétences est actuellement il est difficile de savoir dans quelle mesure ces déployée, mais pour que ces stratégies initiatives coordonnées peuvent apporter des réussissent, le secteur a besoin d’un élan solutions à long terme pour répondre aux défis plus fort et d’une plus grande cohérence afin auxquels le secteur est confronté. d’accroître son efficacité globale. Certaines entreprises poursuivent des initiatives véritablement innovantes, mais les données 1 Les CPA sont des comités paritaires dans lesquels les employeurs et les travailleurs syndiqués sont probantes et les analyses de leur efficacité dans représentés de manière égale par un secrétaire le contexte d’une stratégie plus large font défaut. et un personnel indépendants. Le CSMO-Auto Fruit d’un dialogue social approfondi et d’une est un conseil sectoriel multipartite orienté sur les questions de développement du marché du travail collaboration entre les parties prenantes, les et de la formation dans l’industrie des services automobiles du Québec. iii
Introduction Les véhicules automobiles font partie intégrante générations de véhicules et que la formation de la façon dont les Canadiens se déplacent. Le requise reflète ces transformations technologiques. nombre de véhicules immatriculés sur les routes du Canada a constamment augmenté ces deux Par ailleurs, un facteur de plus en plus important dernières décennies, avec plus de 35 millions sur le plan des politiques est qu’il ne s’agit pas de véhicules en 2018. La plupart des Canadiens simplement de disposer des services nécessaires ont recours à ce mode de déplacement. Selon à l’entretien et aux réparations, mais également l’Enquête nationale auprès des ménages de 2017 de garantir la sécurité publique compte tenu (Statistique Canada, 2018a), 84 % des ménages des technologies désormais intégrées dans les canadiens possédaient ou louaient un véhicule nouvelles générations de véhicules. Les véhicules automobile (94,9 % dans les zones rurales, automobiles sont de plus en plus équipés de 79,0 % dans les villes d’au moins un million systèmes avancés d’aide à la conduite (ADAS) qui d’habitants), ce qui signifie que ces ménages effectuent des ajustements automatiques pendant sont également concernés par l’entretien et la conduite (p. ex., l’aide au stationnement la réparation de ces véhicules. En outre, cette guidée par caméra et les vibrations ressenties même enquête indique que les dépenses sur le volant en cas de changement de voie de transport privé constituaient la deuxième sans signalisation appropriée). Ces véhicules catégorie la plus importante des dépenses des font preuve de capacités autonomes qui vont ménages (17,9 %), soit plus importante que les s’accroître considérablement dans les années dépenses de nourriture (13,4 %) et dépassée à venir, imposant de nouvelles exigences aux seulement par le logement (29,2 %). infrastructures publiques. À défaut d’assurer un étalonnage adéquat de ces technologies, il peut D’importants progrès technologiques transforment s’ensuivre des conséquences catastrophiques la conception, la connectivité, l’entretien pour la sécurité routière. L’entretien et la et la réparation des véhicules automobiles. réparation de ces systèmes seront de plus en plus Les véhicules sont désormais des systèmes au cœur des débats sur les politiques publiques, intégrés de capteurs et d’ordinateurs. Cela a susceptibles d’être amplifiés en cas d’accidents des implications importantes sur l’accès aux liés à des déficiences dans les performances technologies embarquées dans ces véhicules mécaniques et numériques des véhicules ainsi que sur les compétences requises pour leur autonomes. entretien et leur réparation. Une des difficultés consiste à s’assurer que les travailleurs des Sachant que les voitures et les camions sont services automobiles possèdent les compétences également l’une des principales sources nécessaires pour entretenir ces nouvelles d’émissions de gaz à effet de serre (GES), l’industrie automobile est au centre des débats 1
sur le développement durable et sur le respect des engagements internationaux du Canada en vue de la réduction des changements climatiques. Les nouvelles générations de véhicules propulsés par des moteurs hybrides, Les compétences du futur dans le électriques et à hydrogène feront l’objet domaine des services automobiles d’initiatives politiques continues au cours de la nécessiteront certainement des prochaine décennie. En effet, dans le cadre d’une « compétences écologiques »; importante initiative stratégique, le gouvernement toutefois, comme dans de du Québec est devenu le premier gouvernement nombreuses autres industries, la provincial à annoncer son intention d’interdire la vente de voitures à essence et de VUS question est de savoir si les services d’ici 2035 (Lowrie, 2020). Il fut suivi récemment automobiles seront prêts pour cet par le gouvernement fédéral. Les fabricants avenir plus écologique, compte se livrent à une innovation frénétique pour tenu des perturbations continues devancer leurs concurrents dans la course à la provoquées par le développement de commercialisation de ces nouveaux véhicules. ces nouvelles technologies. Cela se traduit par la vente de véhicules neufs qui gagnent rapidement en popularité, bien qu’ils ne représentent encore qu’une faible proportion des véhicules sur la route en 2020 (voir la Ce rapport se penche sur l’histoire de figure 5). Les évaluations de la valeur boursière perturbations technologiques et de leurs multiples de certaines entreprises, telles que l’ascension impacts sur les segments en aval de l’industrie de Tesla au rang de constructeur automobile automobile, en particulier les services aux ayant le plus de valeur sur le marché boursier véhicules à moteur ou « automobiles ». L’accent (Stevenson et Bloomberg, 2020), sont une est mis sur la façon dont ce secteur compose indication supplémentaire de cette tendance. avec ces perturbations et leurs répercussions Cela a de nombreuses ramifications relatives concernant la formation professionnelle. aux compétences requises dans l’industrie L’industrie des services automobiles illustre des services automobiles, où une majorité des bien l’impact de l’évolution technologique sur travailleurs a été formée pour entretenir et réparer un secteur relativement traditionnel, dans lequel des moteurs à combustion interne. Selon la les compétences ne sont pas nécessairement plupart des parties prenantes dans le secteur, là où elles devraient être et où les systèmes leurs travailleurs ne sont pas entièrement équipés de formation de base et de formation continue pour faire face à ces nouvelles générations de présentent plusieurs lacunes. Cette étude porte véhicules. Les compétences du futur dans le donc sur les services automobiles au Québec domaine des services automobiles nécessiteront en se concentrant plus particulièrement sur les certainement des « compétences écologiques »; mécaniciens et mécaniciennes de véhicules toutefois, comme dans de nombreuses autres automobiles qui assurent l’entretien et la industries, la question est de savoir si les réparation de véhicules automobiles chez les services automobiles seront prêts pour cet avenir concessionnaires, de même que les services écologique, compte tenu des perturbations d’après-vente de ces véhicules. continues provoquées par le développement de ces nouvelles technologies. 2
L’industrie est confrontée à plusieurs problèmes canadiennes (Charest, 1999; Sharpe & Gibson, clés. Premièrement, elle a été caractérisée, et 2005). Cet écosystème de compétences implique est toujours caractérisée, par des pénuries de un éventail d’institutions et d’intervenants qui main-d’œuvre permanentes, les employeurs sont engagés dans un dialogue continu et qui se livrant constamment concurrence pour entreprennent diverses expérimentations et recruter n’importe quelle personne souhaitant innovations pour résoudre certains de leurs travailler dans leur secteur. Deuxièmement, il problèmes. Nous pensons qu’il est important existe d’importants écarts de compétences, les de souligner la façon dont ces institutions et innovations technologiques dépassant la capacité ces acteurs s’efforcent de composer avec les des travailleurs de l’industrie à tenir la cadence. changements technologiques, y compris les Troisièmement, étant donné que la majorité de ses innovations qu’ils ont mises en place, afin de travailleurs ont un faible niveau de scolarisation déterminer ce que l’on peut apprendre de cette (de nombreux travailleurs n’ont pas terminé leurs expérience de transition. Comme l’a récemment études secondaires), l’industrie des services fait valoir l’Organisation internationale du travail automobiles fournit une étude de cas pertinente (OIT, 2020), le défi des compétences « dans le sur la façon dont les changements technologiques contexte actuel de changements économiques posent des défis considérables pour l’acquisition et environnementaux mondiaux transformateurs, de compétences et la mise en place de systèmes exige une redynamisation du contrat social par le de formation appropriés. Quatrièmement, biais d’un dialogue social tripartite fort » (p. 14). la transition vers des véhicules durables est susceptible d’exacerber ces défis, car l’industrie doit s’adapter rapidement afin de réduire son impact sur les changements climatiques. Cinquièmement, les employeurs de petites et Explorer les compétences moyennes entreprises (PME) prédominent dans grâce à un partenariat de ce secteur, ce qui met en évidence un « piège recherche entre l’industrie et de formation » pour les employeurs de PME qui les universités sont souvent caractérisés par un manque de ressources, de mauvaises pratiques en matière de L’analyse développée dans ce document est le ressources humaines et qui sont parfois réticents fruit d’échanges continus avec les partenaires à former des travailleurs qui pourraient quitter leur de l’industrie et les parties prenantes. Afin de entreprise une fois mieux formés. Enfin, plusieurs dresser un portrait complet d’une industrie en parties prenantes ont souligné les grandes pleine évolution, notre étude s’est construite difficultés à concevoir des systèmes de formation autour d’entretiens en profondeur avec un efficaces qui puissent permettre aux employés large éventail de parties prenantes et de d’expérimenter et de trouver des solutions aux représentants (n=105) de tous les segments problèmes du secteur. En bref, l’industrie est de l’industrie des services automobiles confrontée à un concours de circonstances dans la province de Québec. L’accent a été exceptionnel concernant le développement des mis sur l’identification des changements compétences du futur. technologiques et l’exploration de leur impact sur les modèles d’affaires, les exigences Le Québec est d’un intérêt particulier parce en matière de compétences, les défis de la qu’il présente l’un des écosystèmes les plus formation et les innovations institutionnelles en élaborés de compétences et de formation des matière de compétences et de formation. travailleurs de l’automobile parmi les provinces 3
Changements technologiques et compétences L’industrie des services automobiles illustre bon d’emplois. Toutefois, en réalité, cela consiste nombre des problèmes les plus récurrents en souvent à déplacer le contenu des emplois et à matière de mise à disposition de compétences modifier la nature des tâches (Organisation de et de formations à l’ère de la transformation coopération et de développement économiques numérique. Il s’agit notamment de changements [OCDE], 2019). L’industrie manufacturière et les technologiques substantiels, qui ont services sont transformés par la cohabitation d’importantes conséquences sur les modèles de robots et d’humains dans des systèmes d’affaires et les compétences exigées, lesquels complexes, ce qui peut donner lieu à la exercent à leur tour d’énormes pressions sur les suppression comme à la création d’emplois (Carré écosystèmes de compétences (c.-à-d. la manière & Tilly, 2020). En outre, les services automobiles dont les compétences requises sont générées sont transformés par la nature des technologies dans des industries et des régions données). intégrées aux produits dont ils assurent l’entretien. Le rôle des mécaniciens et des mécaniciennes Premièrement, l’industrie automobile de véhicules automobiles illustre ce phénomène connaît un changement technologique de manière révélatrice : sachant que les véhicules transformateur — d’après un rapport préparé dont ils assurent l’entretien sont transformés récemment par Eurofound sur les technologies par les technologies qui y sont intégrées, il qui changent les règles du jeu à l’ère est de plus en plus difficile de les entretenir numérique — deux des huit technologies les plus et de les réparer sans recourir à des logiciels transformatrices sont directement liées à l’industrie de diagnostic. Ces tâches exigent désormais automobile : l’avènement des véhicules électriques de maîtriser totalement l’électronique sous- et le développement de systèmes de conduite jacente à ces produits, à laquelle la plupart des autonome (Eurofound, 2020). Nous examinerons techniciens et techniciennes (autrefois qualifiés plus en détail l’incidence de ces technologies dans de « mécaniciens ») n’ont pas été formés. En effet, une section ultérieure de ce document. Dans la les compétences traditionnellement requises présente section, nous ne ferons que souligner pour assurer la réparation et la maintenance de brièvement la façon dont ces changements sont véhicules étaient principalement orientées sur continus, transformateurs et perturbateurs. des tâches physiques et mécaniques. Les récents changements technologiques des véhicules Deuxièmement, l’industrie des services exigent plus que jamais des compétences automobiles illustre bien la façon dont ces cognitives, numériques, informatiques et de nouvelles technologies transforment les emplois résolution de problèmes. plutôt qu’elle ne les élimine. De nombreux observateurs ont tendance à associer la révolution numérique à la menace de pertes massives 4
Troisièmement, les changements technologiques La technologie est certainement importante, ont des répercussions sur le mode de mais elle n’est pas le seul facteur à prendre fonctionnement des entreprises, ce qui entraîne en considération. Son incidence doit être une perturbation des modèles d’affaires, et analysée dans le contexte de son lien avec par conséquent, des défis pour développer les la structure organisationnelle des entreprises compétences adéquates (Forum économique et les compétences et capacités exigées des mondial, 2016). Le « modèle d’affaires » fait travailleurs et de la direction afin de poursuivre référence à la façon dont les entreprises créent, les activités avec succès. Pour Applegate (2000), fournissent et saisissent de la valeur par le biais cela nécessite d’examiner de plus près le concept de leurs activités afin de générer des excédents (la possibilité et la stratégie), les capacités (Storey & Salaman, 2008; Savolainen & Collan, (les ressources pour exécuter le concept) et la 2020). Dans cette section, nous aborderons proposition de valeur (les avantages pour les l’avènement de l’« économie numérique », à investisseurs et les autres parties prenantes). l’aide de plusieurs exemples sur la façon dont Plus récemment, Armour et Sako (2020), ont mis la technologie a affecté les modèles d’affaires en évidence trois dimensions spécifiques des traditionnels et a introduit des innovations. modèles d’affaires : 1) le capital humain et les Par exemple, les modèles d’affaires de la pratiques en ressources humaines (capacités et distribution au détail ont considérablement compétences ainsi que systèmes de rémunération réduit la dépendance à l’égard des magasins et de promotion pour motiver et encourager le traditionnels en faveur de services de commerce personnel); 2) la disponibilité de capitaux pour numériques — Amazon étant l’exemple acquérir des technologies et investir dans la par excellence. Les applications de hélage recherche et le développement; et 3) la structure électronique telles qu’Uber et Lyft, nées de ce que de gouvernance organisationnelle (comment sont l’on appelle les « transformations technologiques prises les décisions et comment sont conçues perturbatrices », contribuent à l’émergence de les politiques). Aux fins de cette analyse, nous nouvelles façons d’organiser la mobilité urbaine. nous intéressons particulièrement aux capacités Par opposition à l’industrie traditionnelle du taxi, requises pour exercer les activités, c’est-à-dire, les les entreprises comme Uber et Lyft ont mis à compétences spécifiques nécessaires au maintien l’essai des modèles d’affaires qui saisissent la des activités de l’entreprise (soit une entreprise valeur d’une nouvelle manière. Dans le domaine viable). Dans les services automobiles, comme des services automobiles, les entreprises dans plusieurs autres industries, les compétences comme Tesla se servent de la distribution en ne peuvent pas être considérées indépendamment ligne pour réduire — voire éliminer — le rôle de la manière dont les modèles d’affaires évoluent. des intermédiaires classiques, comme les concessionnaires automobiles, en effectuant des Quatrièmement, à mesure que les modèles transactions directement avec les consommateurs d’affaires sont transformés par des innovations de ses véhicules. L’évolution des modes de technologiques, apparaît un facteur concurrentiel propulsion aura une incidence importante sur important qui a trait aux compétences exigées et la transformation des modèles d’affaires dans à leur disponibilité. Storey et Salaman (2008) l’industrie des services automobiles, entraînant soulignent une tension fondamentale qui la disparition, en grande partie, de ses services détermine les conditions de réussite et d’échec : classiques, comme les vidanges d’huile et les celle qui existe entre le positionnement réparations de pots d’échappement. concurrentiel du modèle d’affaires d’une entreprise et les compétences et connaissances requises pour exploiter ce modèle. Sa réussite 5
nécessite une harmonisation dynamique de ces une série de compétences de ce type : de exigences en regard des connaissances et des solides compétences cognitives fondamentales capacités avec le modèle d’affaires. La captation (p. ex., littératie et numératie), des compétences de valeur des modèles d’affaires traditionnels en TIC (qu’elles soient de base et avancées et émergents est fortement influencée par les p. ex., codage), des compétences analytiques capacités organisationnelles et les compétences et complémentaires (p. ex., résolution de des employés des entreprises individuelles. problèmes, créativité et pensée critique), des Celles-ci ont été identifiées comme posant un compétences en communication et une forte défi majeur dans le contexte d’un changement capacité à poursuivre l’apprentissage. Comme technologique rapide (Rachinger et al., 2019). le fait valoir le rapport de l’OCDE, c’est la Certains pays, comme l’Allemagne, sont combinaison de compétences en littératie, en reconnus pour leur haut niveau de performance numératie et en résolution de problèmes dans des en matière d’innovations manufacturières et environnements riches en technologie qui permet d’exportations — un modèle qui est soutenu par de véritablement tirer parti des avantages de une infrastructure de formation sophistiquée ces nouvelles technologies (OCDE, 2019). Tandis (Culpepper et Finegold, 1999). Autrement dit, la que beaucoup se concentrent sur la disponibilité performance économique dépend de niveaux des connaissances et des compétences liées élevés de compétences ainsi que de la capacité aux STIM (Sciences, Technologie, Ingénierie, à maintenir et à développer ces compétences. Mathématiques), ils ne tiennent pas compte des Dans l’industrie des services automobiles, il est compétences fondamentales sous-jacentes difficile d’imaginer occuper un créneau dans requises pour cette nouvelle génération de les générations de véhicules émergentes si les changements technologiques — une tendance entreprises éprouvent de la difficulté à accéder à dont de nombreux intervenants de l’industrie ces compétences nécessaires pour entretenir ces sont particulièrement conscients, comme nous le véhicules. Ainsi, les questions d’acquisition des verrons plus loin dans ce rapport. Un important aptitudes et compétences sont profondément écart de compétences survient de deux façons : intégrées dans la réussite des modèles d’affaires 1) souvent, les travailleurs ne disposent pas des dans un contexte de changement technologique. compétences techniques requises pour exploiter les nouvelles technologies (Saunders et al., 2020); Cinquièmement, il s’ensuit que les transformations et 2) il est souvent difficile pour les travailleurs numériques affectent non seulement les d’acquérir ces compétences techniques en raison compétences exigées par les employeurs, d’un manque de compétences de base comme la mais elles réduisent également la longévité des numératie et la littératie, qui sont le plus souvent compétences existantes des employés (Forum les fondements requis pour acquérir d’autres économique mondial, 2016). Cela soulève compétences essentielles (OCDE, 2019, p. 12). la question de la nature des compétences nécessaires dans ces nouveaux environnements Sixièmement, la question essentielle à technologiques. Dans un rapport de 2019, l’OCDE soulever est celle de savoir où et comment ces souligne que les travailleurs « ont besoin de plus compétences nécessaires peuvent être acquises. de compétences, autres que celles numériques, Cela met en évidence les trois problèmes afin de s’adapter à ces changements » (OCDE, fondamentaux des écosystèmes de formation. Le 2019, p. 22). Il faut chercher à comprendre premier problème est celui du « parasitisme » ou la bonne combinaison de compétences et la « braconnage », qui désigne un comportement manière dont certaines compétences mènent opportuniste à l’égard de l’acquisition de séquentiellement à d’autres. L’OCDE identifie compétences sur des marchés concurrentiels 6
(Crouch, 2006). Certains employeurs investissent en évidence le fait que les gouvernements et les considérablement dans la formation, puis perdent entreprises devront probablement modifier leur ces employés dans lesquels ils ont investi au approche de l’éducation, des compétences et profit d’autres employeurs qui n’ont pas fait de l’emploi, en investissant davantage de temps ces mêmes investissements. La prévalence du et d’énergie dans le développement de la main- parasitisme crée une réticence des employeurs d’œuvre (Forum économique mondial, 2016). à investir dans la formation. Dans l’industrie des services automobiles, les employeurs Le troisième problème a trait au renouvellement expriment souvent leur réticence à investir dans des traditions du dialogue social dans le cadre des l’amélioration des compétences parce que ces pratiques exemplaires relatives au développement formations peuvent donner l’occasion à d’autres des compétences afin de soutenir tant les employeurs de débaucher leurs meilleurs employeurs que les représentants des employés, employés ou inspirer les travailleurs à demander qui bénéficieraient considérablement de la mise une augmentation de salaire. à niveau des compétences des employés. Ces mises à niveau entraîneraient simultanément « des Le second problème tient au fait que les gains de productivité, d’efficacité et d’innovation solutions à la plupart des questions relatives à commerciale » et « une amélioration de la culture l’acquisition de compétences sont systématiques organisationnelle, la motivation des employés et et collectives. Par conséquent, les compétences moins de roulement du personnel » (OIT, 2020, doivent être considérées comme des biens p. 14). collectifs, visant à valoriser les investissements dans la formation au niveau de l’industrie tout en Enfin, une dernière observation concerne le rôle réduisant les tendances au parasitisme, plutôt des intervenants de l’industrie dans l’élaboration que de laisser l’acquisition des compétences et le maintien d’écosystèmes de compétences. se limiter aux caprices des choix individuels Buchanan et al. (2017) soutiennent que les de chaque entreprise. Lors des changements compétences ne peuvent être comprises que technologiques survenus par le passé, il a souvent dans le contexte dans lequel elles sont acquises fallu des décennies pour élaborer les écosystèmes et déployées, différentes industries et régions de formation ou de compétences nécessaires reflétant ce qui a été appelé l’« entente relative à l’acquisition des nouvelles compétences. aux compétences » entre différents intervenants et Et pourtant, de nombreux employeurs et leurs intérêts (p. 459). Il s’agit ici de la nature des observateurs semblent défendre la « pensée compétences acquises : par qui, pour qui et par magique », car ils sont traditionnellement ce que quels moyens. Cela souligne également le besoin le Forum économique mondial (2016) qualifie de d’analyser en profondeur certaines compétences « consommateurs passifs de capital humain prêt et leur évolution dans des contextes donnés. De ce à l’emploi » (p. 29). Autrement dit, en publiant point de vue, nous avons beaucoup à apprendre une offre d’emploi, le monde produira comme d’une analyse détaillée des industries et des par magie les compétences exigées par les régions quant à la façon dont elles gèrent les défis employeurs de premier plan. C’est-à-dire qu’ils liés aux compétences à l’ère du numérique. Il est se fient aux gouvernements, aux systèmes essentiel de comprendre, à la fois, comment ces éducatifs et aux marchés du travail pour leur écosystèmes sont perturbés par les nouvelles fournir une main-d’œuvre qualifiée (et rare) afin technologies et d’autres facteurs, et comment d’améliorer leurs compétences et de maintenir et pourquoi les différents intervenants cherchent leur avantage concurrentiel. Les conséquences à adapter les configurations institutionnelles ou de la transformation numérique mettent donc les ententes relatives aux compétences dans 7
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