DEP : la vigilance s'impose - La Terre de chez nous
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V o l . 86, n o 2 – 14 au 20 janvier 2 015 – w w w . l a t e r r e . c a – U n c a h i e r – 3 2 p a g e s – 2,25 $ DEP : la vigilance s’impose À LIRE EN PAGE 12 ARCHIVES/TCN La CPTAQ La fin des étables dans la mire entravées? des politiciens MARTIN MÉNARD/TCN À LIRE EN PAGE 28 À LIRE EN PAGES 2 ET 3 Vol 86 #02 02 Partenaire officiel CONCOURS CHEZ SOI 1 Messageries Dynamiques 78313 02664 PARTICIPEZ ET COUREZ LA CHANCE DE GAGNER: Détails en page 19 2,25$ 10013 7
PAGE 2 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 14 janvier 2015 ZONAGE AGRICOLE « Il ne faut pas laisser la conjoncture nous éloigner des valeurs fondamentales » – PIERRE PARADIS qualifient d’aberrantes, je leur dis de me les apporter sur mon bureau. Et pour JEAN-CHARLES GAGNÉ l’heure, je suis toujours en attente. » jcgagne@laterre.ca Sans s’étendre sur le sujet, M. Paradis a évoqué que la pression du monde Pierre Paradis, ministre québécois municipal est peut-être plus forte dans de l’Agriculture et député libéral, a la conjoncture où les villes et villages refusé d’émettre quelque commentaire viennent de subir une compression de que ce soit sur le document soumis à 300 M$ en vertu du pacte fiscal tem- la Commission de l’agriculture, des poraire conclu avec Québec. « Chose pêcheries, de l’énergie et des ressources certaine, il ne faut pas laisser la naturelles (CAPERN) par des députés conjoncture nous éloigner des valeurs de son parti et qui vise à rouvrir la Loi fondamentales », a-t-il affirmé. sur la protection du territoire et des acti- À la CAPERN, on se limite à préci- vités agricoles. « Je serais alors accusé ser que les membres travaillent toujours PASCAL RATTHÉ de vouloir orienter le travail d’une com- à l’élaboration d’un rapport découlant mission parlementaire, a-t-il déclaré à la de l’exercice réalisé avec la CPTAQ le Terre, le lundi 5 janvier. Les commis- Le ministre Paradis a calmer le jeu. 6 novembre dernier, et qui sera éven- sions parlementaires sont totalement tuellement présenté à l’Assemblée indépendantes de l’exécutif. » reflétait l’orientation du Parti libéral du relevé les nombreuses plaintes nationale. Et que le document évoqué M. Paradis a signalé qu’il pourra Québec. d’élus municipaux à l’égard de par la Terre peut faire partie, comme commenter le rapport que la CAPERN Les députés libéraux de la CAPERN décisions de la CPTAQ à leurs yeux d’autres éléments, des échanges à cette déposera éventuellement à l’Assem- proposent de confier au monde munici- inacceptables en regard du développe- fin. On note que les rapports soumis au blée nationale. « Lorsque le rapport pal des fonctions actuellement assumées ment de leur milieu. Et que les munici- Parlement par la CAPERN sont habi- sera déposé à l’Assemblée nationale, par la Commission de protection du ter- palités pourraient prendre des décisions tuellement unanimes. Rappelons que la je vais prendre le temps de l’analyser ritoire agricole du Québec (CPTAQ). plus éclairées vu leur connaissance plus CAPERN est composée de sept députés et j’émettrai ensuite des commentaires. Cela vaudrait pour le morcellement des approfondie de leur territoire. d’affiliation libérale, de quatre membres Si ce rapport comporte deux ou trois terres agricoles, pour le dézonage per- Mis au parfum de ces propos, le issus de la formation péquiste et de deux propositions et qu’il est unanime, je ne mettant l’agrandissement ou la construc- ministre Paradis a confié à la Terre, députés caquistes. pourrai pas prétendre, comme ministre tion d’usines ainsi que pour la remise en sans prendre ouvertement la défense de Par ailleurs, la CAPERN a décidé, de l’Agriculture, être sourd et aveugle. » zone verte d’espaces zonés en blanc que la CPTAQ : « Le frottement entre les à sa séance de travail du 4 décembre En entrevue, le député de Brome- leurs propriétaires refusent de vendre municipalités et la CPTAQ au sujet de la dernier, d’aller de l’avant en vue d’ana- Missisquoi n’a jamais mentionné qu’il pour la construction d’ouvrages non gestion de la zone agricole existe depuis lyser de son propre chef le phénomène avait vu ce document. Il n’a jamais agricoles. 1978; ce n’est pas nouveau et c’est d’accaparement des terres agricoles au acquiescé non plus à l’idée que la posi- Devant la CAPERN, le 6 novembre normal. Aux députés qui m’abordent au Québec. Aucune séance n’a encore été tion adoptée par ces députés libéraux dernier, ces députés avaient aussi sujet de décisions de la CPTAQ qu’ils convoquée. Le Parti québécois tient à la CPTAQ Le Parti québécois s’oppose ferme- cus, a-t-il poursuivi, que nous avons transfert de pouvoirs de la CPTAQ vers La présidente, Marie-Josée Gouin, lui ment à la volonté manifestée par des proposé à la Commission sur l’agri- le monde municipal. Il a toutefois noté avait dit « qu’avec des ressources et des députés libéraux de réduire les mandats culture, les pêches, l’énergie et les res- que « les municipalités possèdent déjà budgets associés, c’est un mandat que la de la Commission de protection du terri- sources naturelles [CAPERN] que la beaucoup d’outils pas toujours utilisés Commission pourrait faire ». toire agricole (CPTAQ) pour les confier CPTAQ soit reconnue comme l’orga- et qui pourraient l’être ».M. Villeneuve Nul doute que les recommandations au monde municipal. nisme devant tenir le registre des tran- fait partie, pour le Parti québécois, formulées par les trois formations poli- « Au Parti québécois, nous sommes sactions des terres agricoles au Québec des membres de la CAPERN. tiques (libéraux, péquistes et caquistes) convaincus que la CPTAQ est le meil- afin de mieux circonscrire le phénomène À ce titre, il a participé à « L’Examen présentes à la CAPERN donneront lieu leur outil pour s’occuper des terres d’accaparement des terres agricoles. » des orientations, des activités et à des « discussions corsées », a noté agricoles au Québec », a fait valoir Ancien maire de la Ville de Lanoraie de la gestion administrative de la le député de Berthier. Ces recomman- à la Terre le député de Berthier et et préfet de la municipalité régionale CPTAQ », le 6 novembre dernier. dations seront discutées à partir de la porte-parole de l’opposition officielle de comté D’Autray, dans Lanaudière, Il avait alors soulevé l’hypothèse que mi-février 2015 et mèneront à un rap- André Villeneuve, la semaine dernière. M. Villeneuve n’a pas voulu commen- la CPTAQ tienne un registre des tran- port qui sera éventuellement déposé à « Nous en sommes tellement convain- ter les propositions libérales visant un sactions des terres agricoles au Québec. l’Assemblée nationale. J.-C.G.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 14 janvier 2015 PAGE 3 ZONAGE AGRICOLE Pas de plein contrôle aux MRC, dit la CAQ JEAN-CHARLES GAGNÉ des seuls problèmes de zonage agricole qué l’hypothèse de plus de souplesse soulevés par des députés qui ont une pour implanter des usines de transfor- La députée caquiste de Mirabel, vue de leur circonscription, mais pas mation agroalimentaire en zone verte, Sylvie D’Amours, estime « qu’on ne de pouls réel de ce qui se passe dans par exemple. Mais au plus immédiat, il peut donner carrément le pouvoir de tout le Québec. D’où la pertinence du faudrait régler les trop longs délais de dézoner des terres agricoles au monde mandat d’initiative que s’est octroyé la traitement des dossiers à la CPTAQ. municipal », contrairement aux propo- CAPERN pour étudier le phénomène Doute sitions faites par des députés libéraux d’accaparement des terres agricoles au Mme D’Amours a semblé douter du à la Commission de l’agriculture, des Québec, une avenue qu’elle appuie. fait que les députés libéraux membres pêcheries, de l’énergie et des ressources Cela dit, Mme D’Amours ne favorise de la CAPERN n’aient pas eu de dis- naturelles (CAPERN). pas l’immobilisme et parle de « remettre cussions avec leur ministre de l’Agri- Aux yeux de la porte-parole en agri- les pendules à l’heure et d’actualiser le culture, Pierre Paradis au sujet de leurs culture de la Coalition Avenir Québec, mandat de la CPTAQ », s’il y a lieu. propositions. « On ne peut pas être « il faut une tierce partie capable d’éva- Selon la porte-parole, il pourrait y membres de la CAPERN et ne pas avoir ARCHIVES/TCN luer la pertinence de dézoner ou de mor- avoir « plus de jeu quant au morcelle- de liens avec le ministre de l’Agricul- celer les terres agricoles, un patrimoine ment des terres agricoles afin de favo- ture. Normalement, il y a de telles dis- et le garde-manger des Québécois qu’il riser l’établissement de jeunes qui n’ont cussions préalables afin de garder l’unité Sylvie D’Amours, députée de Mirabel et faut conserver pour les générations pas toujours besoin d’une terre com- dans un parti. Moi quand je parle, mon porte-parole de la Coalition Avenir Québec futures ». « La CPTAQ doit donc res- plète ». Mme D’Amours a aussi évo- chef le sait », a-t-elle laissé tomber. en agriculture. ter », a-t-elle déclaré à la Terre en entre- vue le 8 janvier. Confié aux villes, « qui font chacune La CPTAQ en quelques dates et chiffres leur petite affaire et qui ont un man- dat différent, le patrimoine agricole va fondre sous la pression urbaine notam- ment », a-t-elle illustré. Selon Mme 1978 : création de la CPTAQ en vertu de la Loi sur la protection du territoire agricole chargée de régir la zone agricole D’Amours, il ne serait pas surprenant 1979 : adoption de la Loi sur l’acquisition de terres agricoles par des non-résidents administrée par la CPTAQ de voir des municipalités présenter des 1983-1987 : la CPTAQ complète, avec chaque municipalité, la négociation de la zone agricole locale demandes de dézonage à la CPTAQ afin 1987-1992 : elle révise la zone agricole qui aboutit à l’exclusion de plus de 200 000 hectares de hausser leurs revenus vu la coupure 2014 : examen des orientations, des activités et de la gestion administrative de la CPTAQ par la CAPERN de 300 M$ imposé au monde municipal La superficie totale de la zone agricole a peu varié depuis sa création en 1978. Elle s’étend sur 6,3 millions d’hectares répartis en vertu du pacte fiscal temporaire 2015. dans 952 municipalités au Québec. La CPTAQ a accordé 98,5 % des 188 demandes d’inclusion de terres en zone verte contre Or la député caquiste souligne « qu’il 63 % des 1 092 requêtes d’exclusion au cours de la période 2005-2014. Cet organisme a rendu plus de 2 500 décisions par est impératif que le dézonage repose an en moyenne durant cette décennie. Il a par exemple autorisé 39 % des 5 700 demandes pour l’implantation de résidences, sur une vision globale et à long terme ». 65 % des 930 requêtes pour les secteurs industriel et commercial et 95 % des demandes d’utilité publique (énergie, transport, De toute manière, a-t-elle signalé, on institutionnel). J.-C.G. ne peut pas modifier une loi sur la base DANS LA TERRE CETTE SEMAINE Sur le Web laterre.ca élevage TARIFS D’ÉLECTRICITÉ : PERSPECTIVES 2015 : LA TERRE VA ÚUn 6e cas de diarrhée épidémique porcine UNE HAUSSE DISPROPORTIONNÉE TOURNER ENCORE PLUS VITE PAGE 8 PAGE 15 cultures ÚVIDÉO : Voyez les vignerons du Vignoble du Marathonien FOIE GRAS : DE BONNES LA FIN DE LA STABULATION LIBRE confectionner leur première cuvée estampillée Vin certifié du NOUVELLES POUR LES A SONNÉ Québec. PRODUCTEURS QUÉBÉCOIS PAGE 28 PAGE 9 Les libéraux veulent rouvrir la loi sur le zonage agricole VOTRE MAGAZINE ÚFaites-nous part de vos commentaires. HAUSSE DU PRIX DE DÉTAIL DU Le cahier technique de Partagez vos photos et vidéos avec nous. LAIT MALGRÉ UNE BAISSE À LA FÉVRIER 2015 www.utiliterre.ca FERME NOTRE DOSSIER Chantiers de récolte : La question de la semaine PAGE 10 améliorer ses résultats ANIMAL ÚConsidérez-vous que l’intégrité de la CPTAQ est menacée? Les caméras infrarouges en PROPAGATION INQUIÉTANTE DE LA élevage porcin Venez répondre sur : laterre.ca DEP AU QUÉBEC ÉQUIPEMENT Spécial semis de prairie PAGE 12 Résultats du sondage ÚEst-ce la fin des projets d’exploitation des gaz de schiste? LIBRE-ÉCHANGE AVEC LA CORÉE : L’ENTENTE EN VIGUEUR DANS CETTE ÉDITION : VISIONNEZ DES VIDÉOS EXPLICATIVES SUR UTILITERRE.CA Lisez la section Sur le champ qui propose de récentes innovations Je crois que oui 41 % / Je ne crois pas 54 % / Je ne sais pas 6 % PAGE 14
PAGE 4 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 14 janvier 2015 TRAÇABILITÉ Le Canada en réflexion JULIE MERCIER jumercier@laterre.ca Si l’identification permanente et la traçabilité sont implantées au Québec de la ferme à l’abattoir depuis de nom- breuses années, le reste du Canada réfléchit toujours sur la forme que prendra ce système. À l’heure actuelle, la réglementation fédérale exige que tous les bovidés et les ovins canadiens soient identifiés avec des étiquettes par radiofréquence ARCHIVES/TCN (RFID) avant leur départ de leur ferme d’origine. Le propriétaire doit égale- ment signaler la mort de son animal et La traçabilité se base sur trois piliers : l’identification des animaux, l’identification des installations et celle des mouvements. communiquer le numéro de l’étiquette approuvée à l’Agence canadienne Sur la table veurs et les maisons d’encan se disent triennal (2011-2014) de 20 M$ visant d’identification du bétail (ACIB) dans En octobre dernier, Ottawa a annoncé inquiètes de la facture occasionnée par à soutenir financièrement les modifica- les 30 jours suivant l’événement. Créée l’octroi de 7,5 M$ afin de mettre en les deux autres scénarios évalués par le tions aux structures de manutention des et dirigée par l’industrie pour implanter place et d’administrer le système natio- gouvernement. Ceux-ci imposeraient animaux aux fins de la traçabilité. Le le programme national d’identification nal d’information sur la traçabilité du des coûts significatifs à l’industrie programme n’accepte toutefois plus les des animaux, l’ACIB gère la base de bétail. L’ACIA souhaite également avec peu ou pas de retour sur l’inves- demandes. données. À l’heure actuelle, l’identifica- resserrer la réglementation pour les tissement, estiment ces organisations. La suite tion des sites n’est pas terminée et n’est bovidés, les ovins, les caprins et les cer- L’Association canadienne des mar- Pour l’instant, aucune décision n’a été pas harmonisée entre les provinces, vidés. Les scénarios à l’étude s’avèrent chés d’animaux soutient néanmoins prise quant à l’option qui sera choisie. précise Gib Drury, éleveur bovin d’Al- complexes puisqu’ils varient selon les le principe de la traçabilité, mais sous Le fédéral poursuit ses consultations. cove au Québec et membre du conseil espèces. Pour les bovins, trois options réserve qu’elle n’entrave pas la vitesse Après une première ronde en novembre d’administration de l’ACIB. sont sur la table. du commerce. L’organisation réclame et décembre 2013, l’industrie devrait Le système actuel comporte des La première se base sur la déclara- qu’Agriculture et Agroalimentaire être de nouveau consultée en janvier lacunes. L’Agence canadienne d’ins- tion de mouvement de lots d’animaux. Canada mette sur pied un programme et février. À l’origine, la traçabilité pection des aliments (ACIA) en a iden- Elle est calquée sur la proposition couvrant 90 % du coût des infrastruc- devait être implantée en 2015, mais tifié plusieurs, notamment le fait que les de l’industrie bovine, baptisée Cattle tures de traçabilité. Le fédéral a bien avec les nouvelles consultations qui espèces sensibles aux mêmes maladies Implementation Plan (CIP) [voir enca- mis en place L’Initiative de traçabilité s’annoncent, 2016 semble plus réaliste, ne sont pas toutes assujetties à la traça- dré]. Les deux autres scénarios évalués des encans de bétail, un programme prédit Gib Drury. bilité et que le temps de déclaration des par l’ACIA reposent sur la lecture élec- déplacements ne permette pas d’assurer tronique des identifiants. La deuxième Le CIP en bref une réponse efficace en cas d’épizoo- option prévoit la lecture individuelle ties. « Un des objectifs de performance, des boucles par les receveurs de bétail en cas de maladie, est d’être capable tandis que la troisième amalgame les de réaliser l’enquête de traçabilité en deux premières options. Selon une étude L’industrie bovine canadienne a élaboré une proposition de système de traçabi- amont et en aval en 48 heures, ce qui épidémiologique menée par l’ACIA, lité. Voici un exemple du système proposé, le Cattle Implementation Plan (CIP). correspond à la période d’incubation de cette dernière proposition demeure la À la sortie des animaux de sa ferme, l’éleveur n’est pas tenu de déclarer ce la fièvre aphteuse, qui constitue le pire plus efficace pour retracer le bétail en mouvement à l’Agence canadienne d’identification du bétail. Néanmoins, il doit scénario », explique Éric Aubin, ges- cas d’éclosion de fièvre aphteuse ou indiquer dans un document (un passeport papier ou électronique) : leur localisa- tionnaire du programme national de tra- d’encéphalopathie spongiforme bovine. tion, la date d’envoi du lot, le nombre d’animaux, leur espèce, leur destination et çabilité animale à l’ACIA. Le manque Mésentente la plaque d’immatriculation du transporteur. d’information sur le déplacement des Pour l’instant, l’industrie et le gou- C’est le receveur de ces bêtes qui doit faire les déclarations appropriées dans animaux à l’intérieur du Canada consti- vernement ne s’entendent pas sur le la base de données canadienne. Une lecture individuelle des identifiants peut être tue une autre des plus grandes lacunes système à mettre en place. Pour sa part, exigée, dépendamment du type d’établissements qui reçoit ces animaux. C’est du système actuel, ajoute le fonction- l’ACIB tient mordicus à la première notamment le cas des parcs d’engraissement. Les encans d’animaux et les postes naire. « Il y a des trous assez gros et il option. « Le CIP est un plan intérimaire. de rassemblement échappent cependant à cette exigence. Les déclarations de reste un grand bout de chemin à faire Si le fédéral est prêt à payer, on est prêts mouvement et d’abattage doivent être faites dans un délai de sept jours. dans les autres provinces », note Marie- à aller avec la traçabilité complète, Contrairement au Québec, l’identification des animaux dans le reste du pays se Christine Talbot, directrice générale concède Gib Drury. Cette Cadillac fait à la sortie de la ferme. Les déclarations de naissance ne sont donc pas obli- d’Agri-Traçabilité Québec et membre comme au Québec coûte une fortune, gatoires. De plus, la déclaration de mouvement n’est pas obligatoire dans le cas du comité responsable de la mise en environ 100 000 $ par encan pour les d’un animal qui est déplacé d’une province à une autre, s’il demeure la propriété place de la traçabilité dans le reste du lecteurs et le logiciel », calcule-t-il. du même individu. J.M. Canada. Les différentes associations d’éle-
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 14 janvier 2015 PAGE 5 ŒUFS Des œufs verts sur nos tables ANNIE BOURQUE Collaboration spéciale SAINT-OURS — La Ferme Saint- Ours, par l’entremise de sa filiale, Ferme ANNIE BOURQUE des Patriotes, le plus important produc- teur d’œufs biologiques au Canada, vient d’introduire sur le marché des Une vue des poulaillers dont la construction s’est achevée cet automne. Un investissement de 2,5 M$. œufs verts. Une première au pays! Tout le monde mange des œufs à coquille d’Angleterre », précise Serge Lefebvre, peuvent se procurer les œufs légèrement lucide qui laisse passer vient la lumière. blanche ou brune. Désormais, on peut président de l’entreprise, qui siège aussi colorés vert à la Ferme Saint-Ours, à la Cet investissement coïncide avec la choisir une autre couleur pour agrémen- à la Fédération des producteurs d’œufs Ferme Lufa, de Montréal, et dans les hausse de la consommation d’œufs au ter son déjeuner. du Québec. « Le but, ajoute-t-il, c’est marchés d’alimentation Whole Foods. Québec. Entre les années 2004 et 2013, « Présentement, on tente une d’offrir une plus grande variété de Interrogé sur la réaction des consom- la consommation d’œufs par personne expérience avec des poules dont la produits aux consommateurs. » mateurs, le fondateur de la Ferme Lufa, a augmenté de 20 %, selon le Portrait génétique provient d’Allemagne et Depuis leur arrivée au Canada, le Mohamed Hage, a mentionné à La Terre sommaire de l’industrie québécoise des 16 septembre dernier, les 5 000 poules de chez nous que les gens ont adopté les œufs de consommation 2014 du minis- de race Heirloom sont nourries avec des œufs verts dès qu’ils ont été mis sur tère de l’Agriculture, des Pêcheries et de grains biologiques, notamment le soya, le marché. « Si vous n’en voyez pas, l’Alimentation du Québec (MAPAQ). le maïs et le blé, dont une grande partie c’est parce qu’ils sont tous vendus », À l’heure actuelle, la Ferme Saint- est cultivée sur la terre de Saint-Ours. mentionne-t-il. De son côté, M. Lefebvre Ours compte 145 000 poules pondeuses. Au quotidien, M. Lefebvre et son veut prendre le temps d’évaluer s’il y a La filiale, la Ferme des Patriotes, com- équipe observent attentivement leur une véritable demande pour ce produit. prend 2 500 poules qui produisent des comportement. « On remarque qu’elles Investissement de 2,5 M$ œufs verts et 2 500 autres qui pondent sont plus sensibles aux journées qui rac- Cet été, les propriétaires de la des œufs d’un brun chocolat foncé. courcissent et qu’elles ont tendance à Ferme Saint-Ours ont investi 2,5 M$ À cela s’ajoutent 60 000 poules sous diminuer la ponte. » dans la construction de 4 nouveaux régie biologique, qui sont réparties dans De plus, note-t-il, elles sont plus cou- poulaillers dont les équipements sont 12 poulaillers situés à Saint-Charles-sur- veuses que les autres. En général, une importés d’Allemagne et des Pays- Richelieu et à Saint-Ours. ANNIE BOURQUE poule conventionnelle produit environ Bas. Les quatre grands bâtiments sont La performance en production avicole 300 œufs par année. En comparaison, la reliés au centre par un jardin intérieur. de l’entreprise a été soulignée en 2010. Heirloom pond quelque 260 œufs durant En été, un grillage laisse pénétrer l’air. Les trois copropriétaires ont alors reçu Les consommateurs ont le choix doré- la même période. L’endroit est vaste. Les poules gam- la médaille d’or de l’Ordre national du navant de manger des œufs aux nuances vertes, conçus par des poules originaires Réaction des consommateurs badent comme si elles étaient en liberté. mérite agricole, la plus haute distinction d’Allemagne et d’Angleterre. Présentement, les consommateurs Le toit est conçu avec un plastique trans- en agriculture au Québec.
PAGE 6 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 14 janvier 2015 ÉDITORIAL Nos terres agricoles : un patrimoine à protéger! En décrétant 2015 l’Année internationale des sols, l’Organisation des est d’ailleurs devenue l’un des piliers de la législation québécoise pour Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) lance un mes- la protection de l’agriculture. Plusieurs années de discussions entre les sage fort et sans équivoque quant à l’importance de protéger les terres milieux agricole, municipal et environnemental ont aussi permis d’éta- agricoles et la santé des sols. C’est une année pour sensibiliser la planète blir certains consensus en reconnaissant par exemple le caractère per- au fait que le territoire agricole constitue une ressource rare, non renou- manent de la zone agricole, la priorité de l’agriculture sur ces terres et velable, de plus en plus convoitée, et qu’il faut le préserver coûte que la nécessité de concilier les objectifs de protection du territoire agricole MARCEL coûte. avec ceux de la coexistence harmonieuse des divers usages. GROLEAU Les sols agricoles sont à la base de la production alimentaire. Sans Il y en aura toujours qui prétendront que cette loi représente un frein Président général au développement des régions du Québec et qui proposeront d’en revoir terres fertiles et de qualité, il n’y aurait tout simplement pas de nourri- de l’UPA ture. Alors que la population mondiale ne cesse de croître, on estime que la teneur afin de l’assouplir, notamment, comme on l’a entendu récem- pour répondre aux besoins, il faudra, d’ici 2050, augmenter la produc- ment, en transférant plus de pouvoirs aux municipalités régionales de tion alimentaire d’environ 60 %. Il demeure donc essentiel de veiller à comté (MRC), des pouvoirs attribués actuellement à la Commission garder ces sols bien vivants, propices à la production agricole. de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ). Plus que jamais, la loi a sa raison d’être. D’autant plus que celle-ci exige que la Cette réalité est encore plus préoccupante lorsque l’on sait que les Commission prenne en considération le contexte des particularités régio- meilleures terres arables du monde sont détruites par l’urbanisation, les nales lors de l’exercice de sa compétence. problèmes d’érosion, les pratiques de gestion des terres non durables, La LPTAAQ est une loi d’ordre public : elle traite d’un sujet d’intérêt etc. Les experts indiquent en fait qu’il faut jusqu’à mille ans pour former général qui nécessite une vue d’ensemble. C’est le mandat confié à la un centimètre de sol. La situation est si critique que, selon l’Organisa- CPTAQ de l’administrer en conséquence. Nous devons donc veiller à ce tion des Nations Unies, le taux actuel de dégradation des sols menace que la Commission dispose de ressources qui lui permettront de jouer notre capacité à répondre aux besoins des générations futures. Dans pleinement son rôle, car nos terres agricoles sont encore très convoitées ce contexte, sauvegarder les terres et conserver les sols bien vivants et la pression sur ces dernières ne cesse de se faire sentir. Phénomène de deviennent des enjeux planétaires incontournables et d’intérêt public. financiarisation et d’accaparement des terres, étalement urbain, implan- Au Québec, cette nécessité de préserver notre territoire agricole prend tation de nouvelles infrastructures, voilà autant de menaces qui guettent aussi tout son sens, car la situation reste aussi précaire. Malgré nos constamment notre patrimoine agricole. Il faut rester vigilant. vastes étendues, à peine 2 % des sols sont cultivables. L’Année internationale des sols représente une belle occasion de valo- Bien entendu, nous pouvons compter depuis 1978 sur la Loi sur la riser nos terres agricoles, de faire connaître et reconnaître à l’ensemble protection du territoire et des activités agricoles du Québec (LPTAAQ) de la société civile et aux décideurs leur importance et leur valeur stra- pour freiner l’étalement urbain, assurer l’équilibre entre la préservation tégique pour la pérennité de l’agriculture, mais aussi pour l’avenir de du territoire et le développement des collectivités, et préserver cette res- la planète. La terre arable est aussi précieuse que l’air et l’eau. La terre, source essentielle pour les générations futures. Au fil des ans, cette loi c’est la vie. www.laterre.ca Directeur Coordonnateur Rédacteur en chef André Savard ventes et distribution Michel Beaunoyer Directrice Pierre Leroux Chefs de pupitre de production Ventes Richelle Fortin Brigit Bujnowski Christian Guinard Julie Desbiens Directrice marketing et Sylvain Joubert Impression développement Daniel Lamoureux Imprimerie Transmag Laëtitia Parriaux Marc Mancini Distribution en kiosque Coordonnateur Messageries Dynamiques administration et Abonnement service à la clientèle Postes Canada Vincent Bélanger-Marceau ABONNEMENT AU QUÉBEC 1 an : 65,54 $ 2 ans : 104,63 $ 3 ans : 136,82 $ Paiement par chèque ou mandat à l’ordre de La Terre de chez nous NUMÉRO GÉNÉRAL 1 800 528-3773 RÉDACTION PUBLICITÉ ABONNEMENTS ET 450 679-8483 450 679-8483 PETITES ANNONCES poste 7270 poste 7712 1 877 679-7809 tcn@laterre.ca pub@laterre.ca abonnement@laterre.ca ÉDITEUR L’Union des producteurs agricoles 555, boulevard Roland-Therrien, bureau 100 Longueuil (Québec) J4H 3Y9 Dépôts légaux : Bibliothèque nationale du Québec - 1992 Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0040 - 3830 La Terre de chez nous, ISSN 0040-3830, is published weekly, 51 times per year except first week of January by La Terre de chez nous c/o USACAN Media Corp. at 123A Distribution Way Building H-1, Suite 104, Plattsburgh, N.Y. 12901. 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LA TERRE DE CHEZ NOUS, 14 janvier 2015 PAGE 7 OPINION Accaparement des terres, un phénomène historique La récente campagne d’alarmes de votre hebdoma- L’accaparement passé, ce sont des fermes et des depuis 35 ans : valider avec d’innombrables mais daire contre ce phénomène préoccupant est indénia- terres purement et simplement soustraites à l’agri- inutiles paraphes légaux un phénomène irritant, mais blement bien fondée. culture, des sols bulldozés, rarement récupérés à des irréversible*. Gaspillage inutile. Mais elle est au moins 35 ans en retard. En dépit du fins agricoles, comme ça se fait systématiquement Il y aurait bien eu une solution : la nationalisation brouhaha politique autour de la question (www.cptaq. chez nos voisins du sud, et des prix considérable- du fonds arable, comme autrefois l’électricité. Mais gouv.qc.ca/fileadmin/fr/publications/35e/motion_ ment gonflés au cours du morcellement en parcelles. après avoir passé un demi-siècle à vivre collective- Assemblee_Nationale_35e.pdf), la vérité est que la Comme monopolisation, depuis des décennies, ce ment et individuellement au-dessus de nos capacités, Commission de protection du territoire agricole du morcellement est pire que ce que l’on observe pré- nous n’en avons plus les moyens. La banque récla- Québec (CPTAQ), durant ses 35 ans d’existence, n’a sentement. mée par certains serait plus dotée de fonctionnaires rien pu faire contre la disparation d’immenses por- Au moins, dans le phénomène actuel, peut-on et que d’hectares cultivables. tions – et parmi les meilleures – du territoire agricole doit-on reconnaître que l’accaparement continuera à du Québec. Alors que la Commission avait pour mis- « profiter » à la production agricole? C’est regret- Dommage et tant pis pour nous. sion première de contrer la spéculation foncière, elle table que ce soit au détriment de la ferme familiale. Joseph A. Soltész a surtout administré la rétrocession de terres arables Mais la financiarisation, la globalisation, la concen- Saint-Albert et de fermes autour des municipalités, grandes et tration sont des phénomènes économiques contre *NDLR : La Commission de l’agriculture, des moyennes. Le phénomène s’est à la fois accentué lesquels le Québec, un nain agricole et économique, pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles et dégradé au fur et à mesure de l’épuisement des ne peut rien faire. a décidé, le 4 décembre dernier, d’analyser de son provisions initialement prévues par la loi fondatrice. La Commission parlementaire qui doit étudier propre chef le phénomène de l’accaparement des Certains veulent y mettre fin. Trop tard! la question fera exactement ce que fait la CPTAQ terres au Québec.
PAGE 8 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 14 janvier 2015 ÉNERGIE Tarifs d’électricité : une hausse disproportionnée Selon l’Union des producteurs agri- ARCHIVES/TCN coles (UPA), la hausse de tarif impo- ÉTIENNE DUPUIS sée par Hydro-Québec pour l’année edupuis@laterre.ca 2015-2016 constitue un choc tarifaire pour le milieu agricole. C’est ce qu’elle a soutenu devant la Régie de l’énergie du Québec en décembre dernier. « La majorité des producteurs vont subir une augmentation de 4,9 % de leur facture d’électricité, affirme le premier vice-pré- sident de l’UPA, Pierre Lemieux. C’est disproportionné par rapport à la capa- cité d’adaptation du secteur agricole. » Selon lui, les hausses de la société d’État visent à encourager des changements dans la consommation d’électricité. Pour l’UPA cependant, les processus biolo- giques inhérents à la production agricole freinent la capacité d’adaptation des pro- ducteurs. « Les prix de notre production sont souvent négociés et déterminés un an à l’avance selon une convention de mise en marché, souligne Pierre Lemieux. Là, on doit gérer des hausses d’Hydro- Québec quasiment à la semaine. C’est une situation impossible. » Le premier vice-président de l’UPA souhaite que les hausses d’électricité soient connues plus tôt afin de pouvoir les inclure dans les négociations des prix des productions agricoles. Choc tarifaire Aux dires de l’UPA, les hausses imposées aux entreprises agricoles lors des dernières années représentent un véritable choc tarifaire. « En tant que producteur, on doit concurrencer avec le reste du monde », soutient Pierre Lemieux. Selon lui, il faut trouver des moyens d’établir des prix avantageux pour les entreprises agricoles. Dans un autre ordre d’idées, l’Union dit avoir reçu plusieurs plaintes de la part de producteurs quant à la fiabilité du réseau électrique en région. La société d’État ne possède que des statistiques sur les interruptions de service à l’échelle pro- vinciale. « Est-ce que c’est pire en région que dans les villes?, se demande Pierre Lemieux. Est-ce que certaines régions sont plus touchées que d’autres? » Le vice-président de l’UPA voudrait qu’Hy- dro-Québec puisse répondre à ce type de question pour avoir un portrait clair de la fiabilité du réseau.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 14 janvier 2015 PAGE 9 ÉLEVAGE Foie gras : de bonnes nouvelles pour les producteurs québécois total de canards mulards destinés à la production de foie gras a connu une MARTINE GIGUÈRE baisse de 50 000 oiseaux pour atteindre ARCHIVES/TCN mgiguere@laterre.ca 400 000. Cette loi a eu un impact direct sur les élevages québécois. Chez Rougié, La loi californienne anti-foie gras une ferme d’élevage avait même dû être Avec l’annulation de la loi anti-foie gras en Californie, les chefs pourront intégrer à nouveau n’est plus. En effet, un juge l’a abrogée fermée. le foie gras à leur menu. le 7 janvier dernier. La Californie avait légiféré contre le foie gras en 2004, mais la loi n’était entrée en vigueur que le 1er juillet 2012. Ce délai devait permettre aux éleveurs de trouver une solution de rechange au gavage des oiseaux. Un potentiel pour le Québec « La France n’a aucune usine de production agréée pour exporter aux États-Unis. Nous sommes donc en concurrence directe avec deux éleveurs américains de l’État de New York », explique Benoît Cuchet, vice-président de l’Association des éleveurs de canards et d’oies du Québec et président de Rougié, éleveur de canards et produc- teur de foie gras. Actuellement, trois producteurs québécois – Rougié, Aux Champs d’Élisé et Élevages Périgord – respectent toutes les règles pour pouvoir exporter aux États-Unis. Il n’y a donc que cinq acteurs dans le marché améri- cain du foie gras. En entrevue télépho- nique directement de la Californie, où il se trouvait en voyage, Benoît Cuchet a confié qu’il avait appris la bonne nou- velle 10 minutes après être descendu de l’avion : « Depuis, les chefs californiens ont fait circuler la nouvelle dans les médias sociaux. J’ai déjà reçu des appels de chefs qui veulent recommencer à en offrir. Il y a tout un buzz autour du foie gras. » Cette nouvelle aura des réper- cussions importantes chez les éleveurs québécois. « La Californie représentait et, je l’espère, représentera à nouveau 25 % du potentiel du marché américain. C’est 2M$ de chiffre d’affaires pour les producteurs québécois », précise le pré- sident de Rougié. Il faudrait par ailleurs reconquérir ce marché, car aucun foie gras n’a pris le chemin de la Californie depuis deux ans et demi. « La consom- mation de foie gras a régressé aux États- Unis. Par contre, elle a progressé au Québec, en particulier grâce au marché de détail. On retrouve du foie gras notamment dans des bannières comme IGA et Metro. Ç’a permis de compenser en partie les pertes de la Californie », décrit M. Cuchet. Pendant cette période d’interdiction californienne, le nombre
PAGE 10 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 14 janvier 2015 LAIT Hausse du prix de détail malgré une baisse à la ferme JEAN-CHARLES GAGNÉ du Conseil des industriels laitiers du précis, a remplacé l’indice antérieur qui canadienne qui fixe les prix minimums Québec, Charles Langlois. portait sur les variations de coûts de et maximums du lait de consommation. Le prix d’un litre de lait frais va La Régie applique depuis plus de tous les produits laitiers. On connaîtra le prix moyen du lait augmenter de 1 à 2 cents dans les 10 ans une formule d’indexation La RMAAQ signale qu’elle devrait à la ferme après que la Commission épiceries du Québec à compter du pour mesurer la variation des coûts rendre en 2015 les conclusions de la canadienne du lait aura rendu sa déci- 1er février 2015, selon sa teneur en du lait de consommation. Pour 2015, consultation tenue le 29 janvier 2014 sur sion sur les prix de soutien du beurre matière grasse, et ce, malgré une les régisseurs ont intégré dans la for- la pertinence de réglementer les prix du et de la poudre de lait écrémé pour baisse du prix à la ferme de 0,14 cent mule l’indice « fabrication du lait de lait de consommation et sur la manière 2015. Habituellement annoncée à la mi- l’hectolitre. Ce sont donc les coûts consommation », désormais calculé de le faire, s’il y a lieu. Rappelons décembre, cette décision a été reportée encourusparleslaiteries,lesdistributeurs- par Statistique Canada. Cet indice, plus que le Québec est la seule province en début d’année 2015. grossistes et les détaillants qui expliquent la majoration accordée par la Régie des marchés agricoles et ali- mentaires du Québec (RMAAQ) dans sa décision rendue le 17 décembre der- nier, après une séance publique tenue cinq jours plus tôt. Force est de constater que la baisse du prix du lait à la ferme ne se traduit pas automatiquement par une diminu- tion de coût pour le consommateur. Les producteurs doivent en effet composer avec une baisse de revenu de 0,45 % pour le lait de consommation alors que la hausse des prix minimums et maxi- mums décrétés par la Régie varie de 0,5 % à 1,2 %. Concrètement, le prix minimum d’un litre de lait à 3,25 % de matière grasse passera de 1,70 $ à 1,71 $ le 1er février prochain. Son prix maximum sera de 1,86 $. Le prix minimum et maximum d’un litre sans matière grasse (0 %) est bonifié de deux cents et oscillera entre 1,53 $ et 1,68 $ le litre. Notons que les prix minimums et maximums décrétés par la RMAAQ ne s’appliquent pas aux laits « UHT », biologique et à valeur ajoutée. « Un cent le litre pour couvrir la hausse des coûts des laiteries, des détaillants et des distributeurs-grossistes, c’est quand même peu quand on considère que la facture reliée à certains postes budgé- taires [main-d’œuvre, transport, etc.] a progressé plus vite », a noté le président ARCHIVES/TCN Le litre de lait va coûter de 1 à 2 cents de plus à partir du 1er février 2015.
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 14 janvier 2015 PAGE 11 FORMATION Un programme pour les entrepreneurs en agriculture ÉTIENNE DUPUIS l’Université organisera plus tard. ARCHIVES/TCN La conférence se tient le 14 janvier L’Université Laval offrira bien- à la Salle BMO de l’Espace Saint- tôt un programme qui visera à faire Hyacinthe. des propriétaires d’entreprises agri- coles de meilleurs entrepreneurs. L’Université en fera l’annonce la semaine prochaine lors du Salon de l’agriculture à Saint-Hyacinthe. Comme la plateforme du cours est toujours en développement, Laval invitera les personnes présentes à la conférence de presse à participer à un sondage. Les intéressés pour- ront également soumettre leur nom afin de participer au focus group que
PAGE 12 LA TERRE DE CHEZ NOUS, 14 janvier 2015 PORCS La DEP se propage JULIE MERCIER En quelques jours, six nouveaux cas de diarrhée épidémique porcine (DEP) ont été découverts au Québec, portant le compte à huit. La DEP est une maladie contagieuse sévère causée par un virus affectant le système digestif des porcs. Elle touche les porcs de tous les âges, mais ne se transmet pas aux autres espèces ani- males ni aux humains. Chez les por- celets non sevrés, la mortalité varie de 50 à 100 %. En pouponnière, celle-ci se chiffre entre 1 et 5 %. ARCHIVES/TCN Au moment de mettre sous presse, le 9 janvier, l’Équipe québécoise de santé porcine (EQSP) avait confirmé Six cas de diarrhée épidémique porcine ont été détectés en Montérégie en quelques jours. un 8e cas de DEP. Il s’agit du 6e détecté en quelques jours en Montérégie. Ce plus, aucune maternité, où la mortalité secteur (élevages, transport, abattoirs, DEP et la sous-section Prévention. dernier diagnostic est localisé dans s’avère beaucoup plus élevée, n’a été fournisseurs, visiteurs) se mobilisent L’EQSP conseille aux éleveurs qui la municipalité de Saint-Denis-sur- infectée. collectivement pour appliquer rigoureu- observent un ou plusieurs des signes Richelieu. Tout comme dans les dia- Transmission sement les mesures de biosécurité pré- cliniques de la DEP d’aviser immédia- gnostics précédents, l’élevage a été mis La DEP se transmet par contact direct conisées afin de contrer la propagation tement leur vétérinaire afin d’obtenir en quarantaine et l’EQSP travaille avec de porcs infectés ou par contact indirect de la maladie. L’une des mesures les un diagnostic et de lui déclarer tout cas le producteur au déploiement du Plan par des quais de chargement/décharge- plus importantes demeure le lavage, la positif au 1 866 363-2433. d’action sur la DEP et à l’application ment, des véhicules de transport et du désinfection et le séchage des véhicules Soutien des mesures de biosécurité rehaussée. matériel de manipulation des porcs et de transport après chaque voyage à un Les producteurs dont les élevages sont Plus tôt la semaine dernière, cinq autres de nettoyage des remorques, de même abattoir ou à un centre de rassemble- frappés par la maladie peuvent compter cas ont été détectés sur des sites de pro- que par les vêtements et les chaussures ment avant de retourner dans une ferme. sur le soutien de l’EQSP. La Financière duction de Saint-Denis-sur-Richelieu et des visiteurs. Les mesures de biosécurité peuvent agricole du Québec (FADQ) a égale- Saint-Aimé. Pour l’instant, la maladie L’EQSP rappelle qu’il est indis- être consultées au www.leseleveursde- ment mis en place un fonds d’urgence est circonscrite à la Montérégie. De pensable que tous les intervenants du porcsduquebec.com sous la section de 400 000 $ afin d’aider au déploie-
LA TERRE DE CHEZ NOUS, 14 janvier 2015 PAGE 13 PORCS ment du Plan d’action sur la DEP. Ainsi, les propriétaires de porcs dont l’élevage En Ontario, plus de 200 cas ont été confirmés. Étant donné les échanges menace, il est tout à fait possible d’éra- diquer la DEP comme l’ont fait des Signes cliniques est infecté ont accès à une aide finan- entre le Québec, l’Ontario et les États- propriétaires de troupeaux américains Porcelets sous la mère (non sevrés) : cière pouvant aller jusqu’à 20 000 $. Unis, la maladie a fait son entrée dans et ontariens, ajoute M. Pelletier. diarrhée abondante accompagnée de Résistant la Belle Province en février 2014. L’Île- Une étude du Centre de développe- vomissements chez la majorité. La DEP a été introduite en avril 2013 du-Prince-Édouard et le Manitoba sont ment du porc du Québec révèle qu’une Porcelets en pouponnière ou porcs aux États-Unis où elle s’est rapidement aussi aux prises avec la maladie. Au épidémie de la même ampleur que celle en engraissement : anorexie, diarrhée propagée. Au 24 décembre, le pays cours des prochaines semaines, on peut des États-Unis pourrait dépasser les abondante ou fèces molles chez la recensait plus de 600 sites contaminés. présumer que d’autres cas seront décou- 50 M$ la première année, et ce, pour les majorité et quelques vomissements. Il a fallu seulement un an pour infec- verts au Québec. « Les températures éleveurs seulement. Pour une entreprise ter la moitié des truies américaines, a froides et l’humidité sont les conditions naisseur-finisseur de taille moyenne, les Porcs adultes : anorexie et apathie, diar- expliqué le vétérinaire ontarien Doug idéales pour la survie et la propagation pertes sont estimées à plus de 70 000 $, rhée abondante ou fèces molles chez la MacDougald lors du récent événement du virus », précise le coordonnateur indique l’étude publiée dans le maga- majorité et quelques vomissements. Porc Show. de l’EQSP, Martin Pelletier. Malgré la zine Porc Québec. Écolait acquiert Le Veau Charlevoix L’entreprise Écolait compte relancer Le Veau Charlevoix, placé sous la pro- tection de la loi sur la faillite et l’insol- vabilité en octobre dernier. D’une part, Écolait se veut le plus grand producteur et transformateur de veau de lait et de grain de la province. D’autre part, Le Veau Charlevoix a fait sa renommée grâce à son veau nourri d’un mélange de lait et de grains, qui « donne une viande rose et de teinte égale, ferme, tendre, maigre et d’une saveur délicate, mais bien marquée ». La transaction a été annoncée le 9 jan- vier. Ce mariage de raison propose un modèle d’affaires innovant pour le Québec, estime Écolait, qui compte prendre de l’expansion dans l’ensemble du Québec. « Nous sommes dotés d’un abattoir moderne, d’un plan de pro- duction certifié fédéral et d’un réseau de distribution solide, et cela permet- tra le maintien et le développement de nouvelles fermes familiales partout en région », a expliqué Jean Robert Audet, fondateur de la marque il y a plus de 35 ans. L’homme d’affaires conti- nuera d’assurer le développement du Veau Charlevoix en collaboration avec l’équipe d’Écolait. Le produit sera à nouveau disponible dans les marchés d’alimentation du Québec. Écolait pos- sède des installations à Terrebonne, en Ontario et aux États-Unis. Elle produit, transforme et commercialise déjà la gamme VIVO. J.M.
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