Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central - Une information de la Ligue contre le cancer pour les personnes concernées et leurs proches

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Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central - Une information de la Ligue contre le cancer pour les personnes concernées et leurs proches
Les tumeurs cérébrales
        et du système
       nerveux central

             Une information de la Ligue
                          contre le cancer
           pour les personnes concernées
                          et leurs proches
Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central - Une information de la Ligue contre le cancer pour les personnes concernées et leurs proches
Impressum

 _Editrice
 Ligue suisse contre le cancer
 Effingerstrasse 40
 case postale 8219
 3001 Berne
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 fax 031 389 91 60
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 www.liguecancer.ch

 _Direction de projet et texte
 Jürg Hablützel, Ligue suisse contre le
 cancer, Berne

 _Conseils scientifiques
 Prof. Pierre-Yves Dietrich, médecin adjoint,
 HUG, Genève
 Prof. Marc Levivier, Directeur du Centre
 universitaire romand de neurochirurgie,
 CHUV, Lausanne
 Dr Olivier Vernet, neurochirurgien,
 Lausanne
 Dr Roger Stupp, CHUV, Lausanne

 _Couverture
 Adam et Eve, d’après Albrecht Dürer

 _Illustrations
 p. 9, 10, 11: Daniel Haldemann, Wil SG

 _Photo
 p. 4, 34: ImagePoint AG, Zurich,
 p. 20: Arvind Balaraman, Shutterstock
 p. 38: Peter Schneider, Thoune

 _Design
 Wassmer Graphic Design, Langnau i. E.

 _Impression
 Ast & Jakob, Vetsch AG, Köniz

 Cette information est également dispo-
 nible en allemand et en italien.

 © 2009, Ligue suisse contre le cancer,
 Berne

LSC / 4.2009 / 2000 F / 2078
Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central - Une information de la Ligue contre le cancer pour les personnes concernées et leurs proches
Sommaire

Editorial                                                    5
Qu’est-ce que le cancer?                                     6
Le système nerveux                                           8
Le cerveau (encéphale)                                       8
Les tumeurs du système nerveux central                      12
Facteurs de risque                                          13
Gradation des tumeurs selon l’OMS                           14
Les différents types de tumeurs cérébrales                  15
Les gliomes                                                 16
Les méningiomes                                             17
Les adénomes de l’hypophyse                                 17
Les neurinomes                                              17
Les médulloblastomes                                        17
Les lymphomes                                               17
Les métastases                                              18
Symptômes possibles                                         19
Examens et diagnostics                                      21
Les étapes du diagnostic                                    21
Traitement des tumeurs cérébrales                           23
Généralités sur les traitements                             23
Choix du traitement                                         24
Effets indésirables des traitements                         25
Thérapie dans le cadre d’une étude clinique                 25
Méthodes de traitement                                      26
La chirurgie                                                26
La radiothérapie                                            28
Traitements médicamenteux                                   29
Nouvelles approches thérapeutiques                          31
Médecines complémentaires                                   32
Le traitement de la douleur                                 32
Tumeurs cérébrales et enfance                               33
Suivi médical et réadaptation                               35
Les crises d’épilepsie                                      36
Vivre avec un cancer                                        37
Annexes                                                     39

     Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central    3
Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central - Une information de la Ligue contre le cancer pour les personnes concernées et leurs proches
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Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central - Une information de la Ligue contre le cancer pour les personnes concernées et leurs proches
Chère lectrice, cher lecteur,

      Cette publication     Tumeur du cerveau. Pour les ma-                Les recherches de ces dernières
 s’adresse indifférem-      lades comme pour leurs proches,                années ont heureusement permis
    ment aux hommes
       et aux femmes.
                            l’annonce du diagnostic est tou-               de mettre au point des thérapies
Le genre masculin est       jours un choc. Du jour au lende-               nettement plus efficaces et plus
utilisé pour faciliter la   main, tout est brutalement remis               faciles à supporter. Elles jouent un
  lecture. Nous remer-      en question, les idées se précipi-             rôle capital dans la préservation
cions nos lectrices de
                            tent, pleines d’espoir un jour, char-          de la qualité de vie, notamment
 leur compréhension.
                            gées d’angoisse le lendemain.                  quand une tumeur à un stade avan-
                                                                           cé ne peut plus être opérée.
                            Vous trouverez dans cette brochure
                            une brève description de la mala-              Nous espérons de tout cœur que
                            die, des examens réalisés en vue               vous trouverez le chemin qui vous
                            de poser le diagnostic et du traite-           convienne pour faire face à la mala-
                            ment des tumeurs cérébrales*.                  die. N’oubliez pas, avant tout, que
                                                                           vous n’êtes pas seul. Vos proches,
                            Chaque cas étant toutefois diffé-              votre équipe médicale et soignan-
                            rent, seul le dialogue avec votre              te ainsi que les collaboratrices et
                            équipe médicale vous donnera                   collaborateurs de la Ligue contre
                            une idée tout à fait claire de votre           le cancer sont là pour vous.
                            situation personnelle.
                                                                           Nos vœux les plus chaleureux
                                                                           vous accompagnent,

                                                                                   Votre Ligue contre le cancer

                            * Remarque
                            Les tumeurs du cerveau dites primaires sont des tumeurs qui se forment dans le cerveau.
                            Il ne faut pas les confondre avec les tumeurs secondaires, qui sont des métastases du cer-
                            veau provenant d’autres organes malades. Elles sont d’ailleurs plus fréquentes que les
                            tumeurs du cerveau proprement dites et leur traitement est également différent.

                                                           Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central     5
Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central - Une information de la Ligue contre le cancer pour les personnes concernées et leurs proches
Qu’est-ce que le cancer?

Le mot «cancer» est utilisé pour              Les tumeurs malignes, par contre,
désigner de nombreuses maladies               peuvent détruire des tissus pro-
différentes ayant pour point com-             ches par leur croissance rapide
mun la présence de cellules can-              et leur caractère envahissant.
céreuses. La plupart du temps,
ces cellules cancéreuses forment              De plus, les cellules cancéreuses
des tumeurs dites «malignes», qui             des tumeurs malignes peuvent se
ont tendance à s’accroître et à se            mettre à circuler dans le sang ou
disséminer. Les tumeurs sont des              le système lymphatique et enva-
excroissances de tissu pathologi-             hir des ganglions (nodules répar-
ques («anormales»).                           tis dans tout l’organisme et ayant
                                              une fonction immunitaire).
Certaines, dites «bénignes», ne sont
toutefois pas cancéreuses: elles              Les cellules cancéreuses ainsi dis-
peuvent comprimer des tissus ou               séminées peuvent également for-
des organes mais elles demeu-                 mer de nouvelles tumeurs à dis-
rent localisées dans une partie du            tance du tissu d’origine: les mé-
corps et ne mettent généralement              tastases. Le cerveau est souvent
pas la vie en danger.                         le siège de métastases provenant
                                              d’autres organes, mais il n’est lui-
Toutefois, dans le cas du cancer              même que très rarement à l’ori-
du cerveau, les tumeurs bénignes              gine de métastases.
peuvent être très dangereuses. En
raison du volume non extensible               Les tumeurs cérébrales sont nom-
de la boîte crânienne, elles peu-             mées et classifiées en fonction du
vent comprimer des zones vitales              type de cellules dont elles sont is-
du cerveau et causer des troubles             sues: par exemple méningiomes
importants. Il peut également arri-           pour des tumeurs se développant
ver qu’une tumeur bénigne s’ag-               à partir des méninges, ou gliome
grave et se transforme en cancer.             pour les tumeurs d’origine gliale
Si ce processus a lieu, il est géné-          (cellules de soutien du cerveau).
ralement lent.

6      Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central - Une information de la Ligue contre le cancer pour les personnes concernées et leurs proches
Tout commence dans la cellule           «erreurs». Il arrive toutefois que
Les tissus et les organes de notre      ces mécanismes soient dépas-
corps sont constitués de milliards      sés, et que les cellules concernées
de cellules assemblées les unes         se mettent à se diviser et à proli-
aux autres. Le noyau de chacune         férer de manière anarchique. Des
de ces cellules contient le matériel    groupes de cellules peuvent alors
génétique héréditaire (chromoso-        former une masse appelée tumeur.
mes ou ADN = acide désoxyribo-
nucléique), qui fonctionne comme        Des dimensions inimaginables
un plan de construction.                Une tumeur n’apparaît pas du jour
                                        au lendemain. Une masse tumo-
Habituellement, les cellules suivent    rale d’un centimètre de diamètre
les instructions contenues dans         contient en effet déjà environ un
leur noyau concernant leur rythme       milliard de cellules et peut croî-
de division et les fonctions qu’el-     tre depuis plusieurs années. La vi-
les doivent assumer.                    tesse de division cellulaire varie
                                        beaucoup d’une tumeur à l’autre.
Chaque type de cellule a en effet une
morphologie (forme) et des fonc-        Pour en savoir plus sur la forma-
tions très spécifiques selon l’or-      tion d’une tumeur, vous pouvez
gane et le tissu dans lequel elle se    consulter le CD-ROM «Le cancer:
trouve. Une cellule de l’œil diffère    des gènes à l’homme» (voir p. 40).
par exemple entièrement d’une cel-
lule du cerveau.                        Facteurs de risque
                                        Le cancer peut toucher chacun
Des causes très diverses                d’entre nous. Pour certains types
Le matériel génétique cellulaire su-    de cancer il est possible de réduire
bit régulièrement des altérations,      le risque d’être touché, notamment
liées à l’âge, au hasard, à certains    en renonçant à la fumée, en adop-
facteurs héréditaires ou à des in-      tant une alimentation saine et en
fluences externes tels que des ra-      pratiquant régulièrement une acti-
diations, des virus ou des substan-     vité physique. Pour d’autres, au-
ces toxiques.                           cune possibilité de réduction du
                                        risque n’est connue et nul ne peut
L’organisme est muni de systèmes        savoir à l’avance s’il développera
de réparation pour remédier à ces       ou non la maladie.

                                          Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central   7
Le système nerveux

             On appelle système nerveux l’en-              nerveux central. Le cerveau et la
             semble constitué par le cerveau, la           moelle épinière sont enveloppés
             moelle épinière et les nerfs.                 par les méninges. Elles compren-
                                                           nent trois feuillets, entre lesquels
             Le cerveau est l’organe central               circule le liquide céphalorachi-
             supervisant le système nerveux;               dien (voir p. 11, Le système ven-
             il contrôle et coordonne la plupart           triculaire).
             des mouvements et les fonctions
             internes telles que le rythme car-            Le système nerveux périphérique
             diaque, la pression artérielle ou             Il est constitué des nerfs: certains
             la température du corps et il gè-             recueillent des l’informations de
             re la production de toutes les hor-           l’environnement et les transmet-
             mones. Mais il est également le               tent au cerveau, alors que d’autres
             siège de la vie psychique, de la              diffusent les ordres du cerveau
             personnalité, des facultés intellec-          vers le reste du corps.
             tuelles, de la créativité et des émo-
             tions.                                        Les nerfs du visage sont reliés di-
                                                           rectement au cerveau, les autres
             Le cerveau reçoit des signaux par             passent par la moelle épinière.
             des nerfs qui lui transmettent des
             informations – par exemple la dou-
             leur – de chaque portion du corps,            Le cerveau (encéphale)
             il les analyse, en tire une réponse
             puis la transmet.                             Dans le langage courant, et égale-
                                                           ment dans cette brochure, le terme
             Pour distinguer les centres de com-           «cerveau» est employé pour dé-
             mande des voies d’information,                signer l’ensemble de l’encéphale,
             on subdivise le système nerveux               c’est-à-dire la partie du système
             en deux: le système nerveux cen-              nerveux central située dans la boîte
             tral et le système nerveux périphé-           crânienne composé du cerveau
             rique.                                        proprement dit, du cervelet et du
                                                           tronc cérébral qui se prolonge par
             Le système nerveux central (SNC)              la moelle épinière.
             Il est constitué du cerveau et de son
             prolongement naturel, la moelle               Le cerveau est le siège de la
             épinière, située au centre de notre           conscience et de toutes les facul-
             colonne vertébrale. Cette dernière            tés intellectuelles qui permettent à
             forme avec le crâne une vérita-               l’être humain de penser, d’appren-
             ble armure qui protège le système             dre et de créer.

8   Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
b
                                      a

                            c
                                       d                e

                                          La structure interne du cerveau
                                          a hémisphères cérébraux
                                          b méninges
                                          c hypophyse
                                          d tronc cérébral
                                          e cervelet

Le cerveau est constitué de nerfs         Les hémisphères cérébraux
(neurones) et de tissus de soutien        Ils constituent la partie la plus im-
(cellules gliales). Les tumeurs cé-       portante du cerveau. Ils sont le
rébrales diagnostiquées chez les          siège de la raison et de la créati-
adultes se développent générale-          vité. Chaque hémisphère (ou moi-
ment à partir des cellules gliales        tié) s’occupe d’un côté du corps, le
et très rarement à partir des neu-        contrôle est croisé: l’hémisphère
rones.                                    droit s’occupe du côté gauche du

                         Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central   9
corps et vice versa. On distingue
4 grands lobes à la surface de cha-
que hémisphère: le lobe frontal, le                                            b
lobe pariétal, le lobe occipital et le               a
lobe temporal.

> Le lobe frontal
  Il est situé dans la partie anté-                                                    c
  rieure (avant) des hémisphères
  cérébraux, c’est-à-dire juste der-
  rière le front. Il abrite les cen-                                 d
  tres chargés du contrôle mus-                                                    e
  culaire, de la pensée, de la mé-
  moire, du raisonnement et des
  associations. Selon certains
  chercheurs il serait également
  le siège de la personnalité.                 La structure externe du cerveau (a–d)
                                               a lobe frontal
> Le lobe pariétal                             b lobe pariétal
  Il est situé dans la partie                  c lobe occipital
  moyenne du cerveau. Il reçoit                d lobe temporal
  les informations relatives                   e cervelet
  au toucher et à l’orientation
  spatiale.

> Le lobe occipital
  Il est situé à l’arrière des
  hémisphères, près de l’os
  occipital du crâne. Il abrite
  les centres responsables de
  la vision.

> Le lobe temporal
  Il est situé sur le côté, près
  des tempes. Il abrite les cen-
  tres de l’audition, du goût
  et de la mémoire.

10      Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
Le cervelet
                                                     Situé à l’arrière du tronc céré-
                                                     bral, c’est la seconde partie la plus
                                     d               importante de l’encéphale. Il est
                                                     chargé de la coordination des
                                                     mouvements ainsi que du contrôle
               a                                     de l’équilibre et de la posture.
               d
                     b                               Le tronc cérébral
                                                     Le tronc cérébral relie le cerveau et
                                                     la moelle épinière. Il contient des
                                                     centres nerveux chargés de la régu-
                      f      c       e               lation des fonctions fondamenta-
                                                     les involontaires comme le rythme
                                                     cardiaque, la respiration, la diges-
                                                     tion ou la température corporelle.
                                                     Il joue un rôle essentiel dans la
                                                     transmission des influx nerveux
                                                     entre la moelle épinière et les hé-
                                                     misphères cérébraux.
                          g
                                                     Il est également le siège de l’hy-
                                 d                   pophyse. Cette glande produit des
                                                     hormones qui gèrent une large
                                                     gamme de fonctions corporelles,
                                                     et, à leur tour, stimulent d’autres
Le système ventriculaire                             glandes (thyroïde, ovaires, testicu-
a ventricules latéraux                               les, etc.).
b troisième ventricule
c quatrième ventricule                               Le système ventriculaire
d liquide céphalorachidien                           Le système ventriculaire est cons-
e cervelet                                           titué d’un ensemble de cavités ap-
f   tronc cérébral                                   pelées «ventricules» situées à l’in-
g moelle épinière                                    térieur du cerveau. Les ventricules
                                                     produisent le liquide céphalorachi-
                                                     dien, une substance limpide qui cir-
                                                     cule autour de la moelle épinière
                                                     et du cerveau et qui leur tient no-
                                                     tamment lieu de coussin protecteur
                                                     contre les blessures.

                                     Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central   11
Les tumeurs du système nerveux
              central

              Les tumeurs du système nerveux                Les tumeurs cérébrales bénignes
              central (SNC) sont des proliféra-             Les tumeurs cérébrales bénignes
              tions de cellules dans le cerveau             sont constituées de cellules qui
              et dans la moelle épinière.                   croissent lentement. Bien qu’elles
                                                            n’envahissent pas les tissus avoi-
              Ce document traite principale-                sinants, elles peuvent être à l’ori-
              ment des tumeurs cérébrales, rai-             gine de symptômes importants si
              son pour laquelle nous utilisons              elles exercent une pression sur
              l’expression tumeurs cérébrales               des zones sensibles du cerveau.
              plutôt que tumeurs du SNC.
                                                            Si une tumeur bénigne interfère
              Chez l’adulte, les tumeurs cérébra-           avec des fonctions vitales (parole,
              les malignes représentent 1 à 2%              mobilité, etc.), ses effets peuvent
              de l’ensemble des cancers.                    être aussi dangereux que ceux
                                                            d’une tumeur maligne.
              Chez les enfants, elles occupent le
              second rang, juste après les leu-             Les tumeurs cérébrales malignes
              cémies (20–40% de toutes les tu-              Les tumeurs cérébrales mali-
              meurs malignes). Ce sont les tu-              gnes contiennent des cellules qui
              meurs solides les plus fréquentes             se multiplient rapidement, leurs
              chez les enfants.                             contours ne sont pas bien définis,
                                                            elles croissent rapidement et peu-
              Les cellules cancéreuses ont ten-             vent envahir et endommager des
              dance à se multiplier et à provo-             structures cérébrales importantes.
              quer une augmentation de la taille            Toutes les lésions cérébrales mé-
              de la tumeur. La pression dans la             tastatiques sont également consi-
              boîte crânienne augmente, les cel-            dérées comme malignes.
              lules du cerveau sont repoussées
              et risquent d’être détruites. Selon           Les tumeurs cérébrales primaires
              l’emplacement de la tumeur, di-               Les tumeurs cérébrales dites «pri-
              vers troubles peuvent apparaître:             maires» sont celles qui se déve-
              vision, parole, motricité, équilibre,         loppent directement à partir des
              etc.                                          cellules du cerveau et de son en-
                                                            veloppe. Elles peuvent être béni-
                                                            gnes ou malignes.

12   Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
Les tumeurs cérébrales secon-            Facteurs de risques
daires
Les tumeurs cérébrales secondai-         Les multiples recherches sur les
res (ou métastatiques) sont consti-      facteurs environnementaux et hé-
tuées de cellules provenant d’un         réditaires ne permettent pas, à
autre organe, le plus souvent des        l’heure actuelle, d’identifier des
poumons, des seins, des reins ou         facteurs de risque pour le déve-
de la peau (mélanome).                   loppement des tumeurs cérébra-
                                         les. Par conséquent, aucun conseil
Des cellules tumorales des ces           de prévention ou de dépistage ne
organes peuvent migrer vers le           peut être donné.
cerveau en empruntant le plus
souvent la voie sanguine. Les mé-        Bien que les tumeurs cérébrales
tastases représentent entre 30 et        puissent survenir à tout âge, on
40% de toutes les tumeurs intra-         les observe un peu plus fréquem-
crâniennes. Les tumeurs céré-            ment chez les enfants âgés de 3 à
brales métastasiques sont tou-           12 ans, et chez les adultes à partir
jours malignes.                          de 50 ans.

                                         D’autres cancers (principalement
                                         poumon, sein ou rein) peuvent
                                         former des tumeurs cérébrales
                                         secondaires (métastases) dans le
                                         cerveau.

 Téléphones mobiles
 A ce jour, aucune preuve scientifique n’a été établie sur la dange-
 rosité des téléphones mobiles pour la santé. En l’état actuel des
 connaissances, les risques pour la santé dus au rayonnement des
 téléphones portables ne peuvent toutefois pas être totalement
 exclus. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) conseille donc
 de réduire autant que possible la charge des rayonnements lors de
 l’utilisation de téléphones mobiles.

                         Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central   13
Gradation des tumeurs                         Le grade d’une tumeur dépend
                                              du degré d’anormalité (anapla-
selon l’OMS                                   sie) des cellules cancéreuses et du
                                              taux de croissance et d’expansion
Des grades établis par l’OMS (Or-             de la tumeur. La détermination du
ganisation mondiale de la santé)              grade est effectuée lors d’une ana-
permettent une classification des             lyse microscopique des tissus pré-
tumeurs en fonction de leur mali-             levés (biopsie, voir p. 22).
gnité et de leurs caractéristiques.

 Anaplasie
 Terme désignant le phénomène au cours duquel certaines cellules,
 entrant dans la composition des tissus, perdent leurs caractères
 propres et changent anormalement de structure

 grade I
 Tumeurs bénignes           Tumeurs à croissance lente et circonscrites
                            (limites bien définies).

 grade II
 Tumeurs bénignes           Tumeurs à croissance lente, mais, contraire-
                            ment aux tumeurs de grade I, leurs limites
                            sont imprécises.

 grade III
 Tumeurs malignes           Tumeurs anaplasiques
                            Un ou plusieurs foyers «anaplasiques» se
                            sont développés au sein d’une tumeur pré-
                            existante de bas grade (I ou II). Leur crois-
                            sance est plus rapide que celle des tumeurs
                            de bas grade.

 grade IV
 Tumeurs malignes           Les tumeurs de grade IV présentent une ana-
                            plasie très prononcée. Leur croissance est plus
                            rapide que celle des tumeurs de bas grade.

14     Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
Les différents types de tumeurs cérébrales

L’OMS distingue environ 200 types     Les gliomes
de tumeurs cérébrales, classifiées
en fonction des cellules dont elles   Ces tumeurs se développent aux
sont issues; leur description dé-     dépens des structures de soutien
passerait le cadre de cette publi-    du système nerveux, les cellules
cation.                               gliales. Il existe différents types de
                                      cellules gliales à partir desquelles
Les tumeurs cérébrales les plus       peuvent se développer différents
fréquentes sont:                      types de gliomes.
> Les gliomes (58%), principale-
   ment: astrocytomes, glioblas-      Les tumeurs astrocytaires se dé-
   tomes, oligodendrogliomes,         veloppent à partir de cellules glia-
   épendymomes                        les de forme étoilée (astrocytes).
> Les méningiomes (20%)               Ces tumeurs pouvant dégénérer
> Les adénomes de l’hypophyse         (transformation bénigne à mali-
   (14%)                              gne), un suivi régulier est indis-
> Les neurinomes (7%)                 pensable.
> Les médulloblastomes
> Les lymphomes                       Elles peuvent se développer dans
                                      toutes les régions du cerveau ou
Les métastases ne sont pas pri-       de la moelle épinière.
ses en compte dans cette énumé-
ration. Elles représentent le 30–     > Chez les adultes, on les ren-
40% de toutes les tumeurs intra-        contre le plus souvent dans les
crâniennes.                             lobes cérébraux;

                Presque 500 personnes touchées
                En Suisse, chaque année, environ 480 personnes sont atteintes
                d’une tumeur du cerveau ou du système nerveux central, et les
                hommes un peu plus souvent que les femmes. Trois personnes sur
                10 sont âgées de moins de 50 ans, 4 ont entre 50 et 69 ans et 3 sont
                âgées de plus de 70 ans.

                L’on ne tient pas compte ici des métastases cérébrales, car il ne
                s’agit pas dans ces cas-là de tumeurs du cerveau ou du système
                nerveux central, mais de métastases provenant d’autres organes
                malades.

                                        Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central   15
> chez les enfants, elles se déve-            > Les glioblastomes (astro-
                  loppent dans le tronc cérébral,               cytomes de grade IV)
                  les lobes cérébraux et le cer-                Ces tumeurs malignes sont
                  velet.                                        les plus fréquentes chez
                                                                l’adulte, principalement entre
                On distingue principalement les                 45 et 70 ans.
                tumeurs astrocytaires suivantes:
                                                              Les oligodendrogliomes (grades
                > Les astrocytomes pilocytiques               II et III) sont ainsi nommées car el-
                  (grade I)                                   les se développent à partir des oli-
                  Elles touchent surtout les                  godendrocytes, les cellules glia-
                  enfants et les adolescents.                 les à l’origine de la formation de
                  Une transformation maligne                  la myéline qui isole les fibres des
                  est extrêmement rare.                       nerfs.

                > Les astrocytomes diffus                     Les épendymomes se dévelop-
                  (grade II)                                  pent dans les cavités cervicales,
                  Elles touchent surtout les jeu-             à partir des cellules gliales qui ta-
                  nes adultes et ont une forte                pissent les ventricules cérébraux.
                  propension à la transformation              Leur malignité est variable. La
                  maligne.                                    croissance de la tumeur peut pro-
                                                              voquer une obstruction de la cir-
                > Les astrocytomes anaplasi-                  culation du LCR génératrice d’hy-
                  ques (grade III)                            drocéphalie (voir encadré) et
                  Elles touchent surtout les per-             peut nécessiter une dérivation
                  sonnes à partir de 50 ans et                (voir p. 28). Ces tumeurs touchent
                  ont une forte propension à la               surtout les enfants et les adoles-
                  transformation maligne en                   cents.
                  glioblastomes.

 Hydrocéphalie
 Du grec hydro (eau) et kephalê (tête). L’hydrocéphalie est caractéri-
 sée par l’augmentation du volume des espaces contenant le liquide
 céphalorachidien (LCR). Cette dilatation peut être due à une sécré-
 tion trop importante de LCR, à un défaut de résorption, ou à une
 obstruction mécanique des voies de circulation.

16     Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
Les méningiomes                          Les neurinomes
Les méningiomes se développent           Ces tumeurs bénignes (grade I
aux dépens des méninges, dans            dans la plupart des cas) se déve-
la boîte crânienne ou le long de la      loppent aux dépens des gaines
colonne vertébrale. La plupart des       des nerfs périphériques, qui sont
méningiomes sont bénins, mais,           composées de cellules différentes
dans certains cas isolés, on peut        de celles du cerveau (cellules de
observer une évolution défavora-         Schwann).
ble (bénin à malin).
                                         On ne trouve donc pas ces tu-
                                         meurs dans le cerveau mais au
Les adénomes de                          niveau des nerfs crâniens et des
l’hypophyse                              nerfs périphériques de tout le
                                         corps. Le nerf le plus fréquemment
Les adénomes de l’hypophyse              touché est le nerf auditif (neuri-
sont des tumeurs bénignes (grade         nome de l’acoustique); sa com-
I) dans la grande majorité des cas.      pression peut engendrer des pro-
On distingue:                            blèmes d’audition et d’équilibre.
> Les tumeurs non fonctionnel-
    les: les symptômes résultent
    d’une pression de la tumeur          Les médulloblastomes
    sur les régions cérébrales avoi-
    sinantes. Etant donné la proxi-      Ces tumeurs malignes (grade IV)
    mité du nerf optique, les pre-       localisées au niveau du cervelet
    miers symptômes peuvent être         touchent surtout les enfants (80%
    des troubles de la vision. Une       des personnes touchées ont moins
    diminution de la sécrétion           de 15 ans).
    d’hormones de l’hypophyse
    est également couramment
    observée.                            Les lymphomes
> Les tumeurs fonctionnelles
    constituées de cellules secré-       Un lymphome est une tumeur af-
    tant des hormones. Leur pré-         fectant le système lymphatique
    sence peut se manifester par         (voir annexe, Brochures).
    des problèmes hormonaux tels
    que des troubles menstruels ou       Les lymphomes primitifs du SNC
    des troubles de la croissance.       sont des tumeurs malignes rela-

                         Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central   17
tivement rares. L’affaiblissement             Symptômes possibles
du système immunitaire (par ex.:
prise de médicament après une                 Les signes et symptômes décrits
greffe d’organe, SIDA) semble fa-             ci-dessous ne sont pas nécessaire-
voriser leur développement.                   ment annonciateurs d’une tumeur,
                                              ils peuvent avoir bien d’autres
Les lymphomes secondaires du                  causes.
SNC se manifestent généralement
sous la forme d’un envahisse-                 Tumeur du cerveau
ment des enveloppes du cerveau                Les symptômes d’une tumeur du
chez des patients préalablement               cerveau sont dus à la pression
atteints d’un lymphome ailleurs               exercée sur les tissus cérébraux.
dans l’organisme.                             Ils dépendent bien plus de la loca-
                                              lisation de la tumeur et de la rapi-
                                              dité de croissance que de sa na-
Les métastases                                ture. L’analyse des troubles fonc-
                                              tionnels subis permet générale-
Elles sont malignes et secondai-              ment de localiser la tumeur.
res à une tumeur d’une autre ré-
gion du corps (poumon, sein, rein,            Les symptômes ont tendance à se
peau). Des cellules tumorales mi-             manifester graduellement chez les
grent vers le cerveau empruntant              adultes tandis qu’ils peuvent sur-
le plus souvent la voie sanguine;             venir plutôt brusquement chez les
les métastases sont donc consti-              enfants.
tuées de cellules de l’organe at-
teint d’une tumeur primaire et non            > Maux de tête survenant: sou-
pas de cellules du cerveau. Par-                vent durant la nuit ou aux pre-
fois, ces tumeurs secondaires sont              mières heures du matin. La
les premiers signes d’une maladie               plupart du temps, ces douleurs
cancéreuse non encore diagnosti-                sont nouvelles et différentes
quée.                                           des maux de tête habituels;

18     Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
> nausées et vomissements             Tumeur à la moelle épinière
  dus à la pression dans la boîte     En fonction de l’emplacement de
  crânienne;                          la tumeur, les symptômes suivants
> perte d’appétit;                    peuvent apparaître:
> vertiges et troubles de l’équi-
  libre;                              Douleur
> troubles de la vision: scintille-   > Douleurs dans le thorax pour
  ments, perturbation du champ          les tumeurs localisées au
  visuel ou perception d’images         niveau de la poitrine;
  dédoublées;                         > douleurs au cou, aux bras, au
> hallucinations visuelles, audi-       dos ou aux jambes pour les
  tives ou olfactives;                  tumeurs situées dans le cou ou
> troubles de l’élocution et diffi-     le dos.
  culté pour trouver ses mots;
> changements d’humeur, de            Faiblesse des membres ou du
  comportement et de person-          tronc
  nalité;                             > Engourdissements, picote-
> difficultés d’apprentissage et         ments, incapacité à ressentir
  de raisonnement;                       les variations de température;
> crises d’épilepsie (voir p. 37).    > spasmes musculaires;
                                      > perte de contrôle des intestins
                                         ou de la vessie;
                                      > impuissance.

                        Les symptômes dépendent bien plus de la
                        localisation de la tumeur et de la rapidité de
                        croissance que de sa nature.

                                        Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central   19
20   Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
Examens et diagnostics

Les étapes du diagnostic                Si les résultats des examens neuro-
                                        logiques renforcent les soupçons
Plusieurs étapes sont nécessai-         de tumeur cérébrale, on va alors
res pour déterminer l’origine des       recourir aux examens d’imagerie.
symptômes décrits et confirmer
ou infirmer la présence d’une tu-       Les examens d’imagerie
meur cérébrale.                         Ils permettent de confirmer ou
                                        d’infirmer la maladie, et, en cas
Examen physique complet                 de résultat positif, de connaître
En cas de suspicion de tumeur cé-       sa propagation et d’identifier les
rébrale, votre médecin procèdera        structures atteintes.
à un examen physique complet. Il
permet d’exclure ou de diagnosti-       Le scanner ou tomodensito-mètre
quer toute une série d’autres ma-       Le tomodensitomètre, plus connu
ladies pouvant induire vos symp-        sous le nom de scanner ou CT-
tômes.                                  scan, est un appareil dans lequel
                                        le patient est soumis au balayage
L’analyse d’un échantillon de vo-       d’un faisceau de rayons X (comme
tre sang permettra de déceler une       pour une radiographie classique).
éventuelle inflammation, une mo-        L’émetteur tourne autour du pa-
dification de la formule sanguine,      tient en même temps que les ré-
une maladie chronique ou un trou-       cepteurs chargés de mesurer
ble organique.                          l’intensité des rayons après leur
                                        passage dans le corps. L’examen
Examen neurologique                     ne dure que quelques secondes.
Les examens neurologiques ont
pour but:                               Le scanner affiche une vue très
> de vérifier le bon fonctionne-        précise des structures et des lé-
  ment du système nerveux;              sions intracrâniennes.
> de déterminer vos capacités de
  réaction et de coordination;          L’imagerie par résonance
> d’analyser la réaction de diffé-      magnétique (IRM)
  rents groupes musculaires aux         L’IRM est basée sur l’observation
  stimuli extérieurs. Une atten-        de tissus soumis à un champ ma-
  tion particulière est accordée        gnétique intense. La précision est
  à la mobilité oculaire, au            plus élevée que celle du scanner,
  champ de vision et au réflexe         mais l’examen peut durer jusqu’à
  pupillaire.                           une heure.

                        Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central   21
Le scanner et l’IRM sont utilisés             La biopsie
pour le diagnostic, mais égale-               La biopsie est un prélèvement tis-
ment pour la planification précise            sulaire, suivi d’une analyse micros-
d’une opération ou d’un traite-               copique. La biopsie est indispen-
ment de radiothérapie stéréo-                 sable pour poser un diagnostic
taxique (voir p. 28).                         avec certitude; elle donne des in-
                                              formations précises sur le type et
IRMf ou Imagerie par résonance                le grade de la tumeur, qui oriente-
magnétique fonctionnelle                      ront la décision thérapeutique.
L’IRMf permet de localiser les ré-
gions du cerveau impliquées dans              On distingue deux types de biop-
des fonctions précises comme le               sie:
mouvement, le langage ou la mé-               > La biopsie à ciel ouvert
moire. Ces zones cérébrales sont                 Qui nécessite une craniotomie
activées suite à des consignes                   (voir p. 27) et une anesthésie
spécifiques données au patient                   générale).
lors de l’examen.                             > La biopsie du cerveau par
                                                 la méthode stéréotaxique
Angiographie ou artériographie                   (voir p. 28)
cérébrale                                        Effectuée après trépanation
Examen radiologique de la circu-                 (percement d’un petit trou) de
lation sanguine cérébrale après                  la boîte crânienne, en intro-
injection de produit de contraste                duisant une aiguille spéciale
dans une artère (habituellement                  dans la tumeur. Cette dernière
l’artère fémorale située au pli de               est localisée avec précision à
l’aine). Elle se fait sous anesthésie            l’aide des techniques d’image-
locale. Une sonde (petit tube) est               rie médicale.
introduite dans l’artère de l’aine et
ensuite dirigée vers les artères du           La ponction lombaire
cou.                                          Procédure qui consiste à introdui-
                                              re une aiguille entre les vertèbres
PET et TEPS                                   lombaires afin de prélever du li-
Ces techniques permettent de vi-              quide céphalorachidien (LCR).
sualiser les activités du métabo-             L’analyse du LCR permet de dé-
lisme, contrairement aux techno-              celer l’éventuelle présence de cel-
logies conventionnelles (scanner              lules cancéreuses.
et IRM) qui se limitent aux images
de l’anatomie.

22     Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
Traitement des tumeurs cérébrales

Généralités sur les                      Chaque fois que la situation le
                                         permet, on applique un traitement
traitements                              curatif. Une rémission complète
                                         (guérison) n’est possible que lors-
Le choix du traitement dépend au-        que la tumeur peut être entière-
tant de la localisation de la tumeur     ment excisée chirurgicalement.
que de sa nature, de l’âge du pa-        Lorsque ce n’est pas possible, en
tient et de son état de santé, ainsi     raison de la taille ou de la situa-
que de nombreux autres paramè-           tion de la tumeur, ou en présen-
tres, analysés par une équipe d’ex-      ce de métastases, les chances de
perts pluridisciplinaire.                guérison sont faibles. On peut
                                         toutefois freiner la progression de
Les principes thérapeutiques ainsi       la tumeur et ralentir l’évolution de
que les objectifs visés varient prin-    la maladie.
cipalement en fonction:
> de la localisation de la tumeur;       Principes thérapeutiques
> de son type;                           Un traitement peut être:
> de sa malignité;                       > adjuvant (du latin adiuvare =
> de son grade;                             soutenir, aider) s’il est effec-
> de votre âge et de votre état de          tué après l’opération, en vue
   santé général.                           d’éliminer d’éventuelles cellu-
                                            les cancéreuses subsistantes
Objectifs du traitement                     et pour diminuer le risque de
Curatif                                     récidive (nouvelle apparition
(lat. curare = soigner) qui vise à ob-      de tumeur) et de formation de
tenir la guérison.                          métastases.
                                         > néo-adjuvant (du grec néos =
Palliatif                                   nouveau), s’il précède l’opéra-
(lat. palliare = couvrir d’un man-          tion. Les médecins parlent
teau) qui atténue les symptômes             également de traitement pré-
d’une maladie sans agir sur sa              opératoire. L’objectif est de
cause.                                      réduire la taille de la tumeur
                                            afin de ménager au maximum
                                            les tissus environnants lors de
                                            l’intervention chirurgicale; le
                                            traitement néo-adjuvant per-
                                            met également de détruire des
                                            métastases microscopiques.

                                           Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central   23
Choix du traitement                           avis médical, le médecin traitant
                                                              ne considérera pas cela comme
                Le traitement d’une tumeur au cer-            une marque de défiance.
                veau fait appel à plusieurs compé-
                tences – principalement la chirur-            Réfléchissez notamment aux points
                gie, la radiothérapie et la chimio-           suivants sans toutefois trop diffé-
                thérapie.                                     rer le début du traitement:
                                                              > Le traitement permet-il d’ob-
                Vous pouvez discuter des options                 tenir la guérison? Peut-il pro-
                possibles avec les spécialistes                  longer la survie et améliorer la
                concernés (neurologue, neurochi-                 qualité de vie?
                rurgien, oncologue, radio-oncolo-             > Y a-t-il des alternatives au
                gue). Vous pouvez également en                   traitement proposé?
                parler avec votre médecin de fa-              > Quels sont les avantages et
                mille ou demander un deuxième                    les inconvénients du traite-

 Message pour les proches
 Après le traitement, le cerveau peut souvent réactiver certaines
 fonctions momentanément perturbées. Mais ce n’est pas toujours
 le cas, le patient doit alors apprendre à vivre de manière aussi auto-
 nome que possible en tenant compte des séquelles de la maladie.
 Le processus de réadaptation peut durer plusieurs semaines, voire
 plusieurs mois.

 Si votre partenaire ou un membre de votre famille a suivi un trai-
 tement pour une tumeur cérébrale, vous êtes prêt à tout pour atté-
 nuer ses souffrances. Mais voulez-vous vraiment vous consacrer
 entièrement aux soins de la personne touchée? Il est souvent pré-
 férable pour tout le monde de déléguer une partie des soins à des
 professionnels de la santé.

 Les patients avec une tumeur cérébrale, ou ayant été traités pour
 une telle tumeur, peuvent nécessiter des soins relativement impor-
 tants. Si la personne souffre de paralysie – même temporaire –
 une grande force physique est souvent indispensable pour pouvoir
 prodiguer des soins. Dans certains cas les patients sont victimes de
 crises d’épilepsie (voir p. 36); là aussi l’entourage doit être formé
 pour réagir de manière appropriée.

24     Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
ment proposé (également en             permettre une prise en charge op-
  termes de qualité de vie et/ou         timale des effets indésirables.
  de survie)?
> Quels seront les effets indési-
  rables du traitement sur le            Thérapie dans le cadre
  quotidien, la qualité de vie,          d’une étude clinique
  la vie de famille, etc.?
> Pour de plus amples informa-           La recherche médicale développe
  tions, vous pouvez aussi con-          constamment de nouvelles appro-
  sulter les brochures de la Ligue       ches et méthodes thérapeutiques.
  contre le cancer: «La chirurgie        Après de nombreuses étapes, cel-
  des cancers», «La radio-onco-          les-ci doivent être évaluées chez
  logie», «Le traitement médica-         l’homme. Il s’agit généralement
  menteux des cancers (chimio-           d’optimiser des traitements exis-
  thérapies)» (voir p. 40).              tants afin d’accroître leur efficacité
                                         et d’en atténuer les effets secondai-
                                         res ou de prolonger la survie.
Effets indésirables
des traitements                          Il se peut que l’on vous propose
                                         – mais vous pouvez également en
Le nombre et l’importance des ef-        exprimer le souhait – de partici-
fets indésirables varient de cas en      per à une telle étude dans le cadre
cas. La plupart pouvant actuelle-        de votre traitement. Seul un entre-
ment être atténués par des mesu-         tien personnel avec votre médecin
res médicales, il est important de       vous permettra de déterminer les
les communiquer à l’équipe qui           avantages ou les inconvénients
vous prend en charge.                    qui pourraient en résulter pour
                                         vous.
Les effets indésirables peuvent
survenir en cours de traitement ou       La participation à une étude clini-
n’apparaître que plus tard. Beau-        que repose toujours sur une base
coup d’entre eux régressent en           volontaire; vous restez libre de
quelques jours ou après plusieurs        vous retirer de l’étude ou d’inter-
semaines ou mois.                        rompre le traitement à tout mo-
                                         ment. Pour en savoir plus sur ces
Il existe de nos jours des moyens        études, vous pouvez vous reporter
de limiter la plupart d’entre eux        à la brochure «Thérapie antican-
de manière efficace. Faire part de       céreuse dans le cadre d’une étude
vos symptômes à votre équipe             clinique» (voir p. 41).
soignante est indispensable pour

                         Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central   25
Méthodes de traitement

En fonction du type de tumeur, de             La chirurgie
son grade, de sa localisation et de
son étendue, votre équipe médica-             La neurochirurgie est la spécialité
le établira quel traitement sera le           de la chirurgie qui a pour objet le
plus efficace pour vous.                      diagnostic et le traitement chirur-
                                              gical des maladies du système
Il s’agira souvent d’enlever la tu-           nerveux (cerveau, moelle épinière,
meur chirurgicalement et si néces-            nerfs) et des structures qui enve-
saire de compléter le traitement              loppent le système nerveux (crâ-
par une radiothérapie et, dans cer-           ne et colonne vertébrale). Afin de
tains cas, par une chimiothérapie             faciliter la lecture nous employons
(médicaments).                                le terme de chirurgie.

Nous n’abordons dans ce chapi-                La possibilité de recourir à la
tre que le traitement des tumeurs             chirurgie dépend de la localisation
cérébrales primaires, et non pas              et de l’extension de la lésion. Votre
celui des métastases provenant                chirurgien vous donnera tous les
d’autres organes.                             détails concernant votre situation.

Une tumeur cérébrale bénigne                  La chirurgie est le traitement le
peut soit faire l’objet d’une sur-            plus couramment utilisé dans les
veillance périodique soit être re-            cas de tumeurs cérébrales primai-
tirée chirurgicalement. Il est pos-           res, tant pour les adultes que pour
sible qu’une tumeur cérébrale bé-             les enfants. La seule intervention
nigne se transforme en tumeur                 chirurgicale, sans radio- ni chimio-
maligne au cours des années.                  thérapie, n’est possible que pour
                                              les tumeurs de grade I.
Une tumeur cérébrale maligne
peut être traitée par la chirurgie,           Pour les tumeurs de grade plus
la radiothérapie, la chimiothérapie           élevé, l’intervention chirurgicale
ou la combinaison de ces différen-            est généralement suivie d’une ra-
tes méthodes.                                 dio- et/ou d’une chimiothérapie.

                                              Certaines tumeurs peuvent être
                                              enlevées complètement (exérèse
                                              complète). L’exérèse complète, si
                                              elle est possible, est indiquée dans

26     Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
toutes les tumeurs bénignes et         pour atteindre le cerveau. Lorsque
dans les tumeurs malignes à l’ex-      l’ablation de la tumeur est termi-
ception des lymphomes cérébraux        née, on remet le volet osseux à
primitifs.                             sa place, on insère un morceau
                                       de métal ou de tissu sous la peau
Pour les tumeurs situées ailleurs      pour recouvrir l’ouverture prati-
que dans le cerveau, une partie de     quée dans le crâne.
tissu sain est, dans la mesure du
possible, enlevée en même temps        Par ailleurs au moment de l’opé-
que la tumeur (marge de sécurité),     ration, le chirurgien peut égale-
afin d’augmenter les chances d’éli-    ment évaluer l’étendue exacte de
miner toutes les cellules cancéreu-    la maladie, y compris la possibilité
ses. Ceci n’est malheureusement        d’une atteinte métastatique.
pas possible pour les tumeurs cé-
rébrales en raison du risque im-       De nos jours, la chirurgie stéréo-
portant de destruction de fonc-        taxique (voir p. 28) et la neuro-
tions neurologiques.                   navigation rendent possible l’ex-
                                       traction de tumeurs plus profondes
Si la tumeur est profonde ou si elle   que par le passé.
a envahi les tissus cérébraux, on
peut en réduire le volume en en-       La neuronavigation
levant une partie aussi importante     Technique de visualisation per-
que possible de la masse tumorale      mettant de visualiser en 3 dimen-
(exérèse partielle).                   sions le cerveau du patient et de
                                       pratiquer la chirurgie assistée par
L’exérèse partielle permet de ré-      ordinateur.
duire la pression intracrânienne et
de soulager les symptômes; elle        La neuronavigation permet, en
est, dans la plupart des cas, sui-     cours d’opération, de superposer
vie d’une radiothérapie visant à       parfaitement les images du scanner
éliminer les cellules cancéreuses      ou IRM du patient à son cerveau.
qui subsisteraient après l’opéra-      Cette technique permet au neuro-
tion.                                  chirurgien de localiser précisément
                                       la position de la tumeur. Très pré-
L’exérèse nécessite une cranioto-      cise, elle permet de mieux cibler la
mie, opération qui consiste à tail-    zone d’intervention et de pratiquer
ler un volet osseux dans le crâne      des ouvertures plus petites.

                                         Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central   27
Stéréotaxie                                   La radiothérapie
              La stéréotaxie est une technique
              utilisée en neurochirurgie per-               La radiothérapie se base sur l’utili-
              mettant de localiser très précisé-            sation de rayons ou de particules à
              ment ( 0,3 mm) une tumeur et                 haute énergie pour détruire les tu-
              de l’atteindre pour procéder à un             meurs ou réduire leur volume. El-
              traitement, une biopsie, etc. Cette           le est utilisée fréquemment dans le
              technique nécessite la fixation               traitement des tumeurs cérébrales
              d’un cadre gradué sur le crâne du             malignes, parfois bénignes.
              patient. Ce cadre fournit une réfé-
              rence (base) fixe pour la réalisa-            Des techniques complexes sont
              tion d’imagerie médicale, pour                mises en œuvre afin d’irradier effi-
              positionner les aiguilles à biopsie           cacement la tumeur tout en épar-
              et pour diriger les faisceaux d’on-           gnant le plus possible les tissus
              des des équipements de radiothé-              sains. La radiothérapie peut être
              rapie.                                        soit un complément à la chirurgie
                                                            et à la chimiothérapie, soit être uti-
              La dérivation                                 lisée seule si la tumeur est située
              La dérivation (ou drainage ventri-            dans une zone particulièrement
              culaire) est une technique qui per-           délicate du cerveau, ou si elle ne
              met de drainer du liquide céphalo-            peut être atteinte.
              rachidien, depuis l’intérieur des
              cavités (ventricules) du cerveau.             On distingue:
              La circulation du LCR peut être blo-          > l’irradiation de tout le cerveau:
              quée pour différentes raisons (hé-              ses effets secondaires en limi-
              morragie cérébrale, tumeur, suite               tent les indications;
              d’intervention au cerveau, etc.) et           > la radiohérapie focale: seule la
              provoquer une hydrocéphalie                     partie du cerveau hébergeant
              (voir p. 16). Dans ce cas, un drai-             la tumeur est irradiée;
              nage ventriculaire (également ap-             > la radiochirurgie stéréotaxique
              pelé «shunt») peut être indiqué                 est une méthode non invasive
              afin de contrôler la pression à l’in-           pour délivrer généralement
              térieur du crâne. Un petit tuyau de             en une seule séance une dose
              plastique draine l’excès de LCR                 élevée d’un rayonnement à
              depuis le cerveau vers l’abdomen.               une cible limitée en irradiant
                                                              aussi peu que possible les
                                                              tissus sains avoisinants.

28   Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central
La convergence de multiples            Pour en savoir plus sur ces trai-
  faisceaux électromagnétiques           tements, vous pouvez consulter
  de faible puissance concentre          la brochure de la Ligue contre le
  la dose de radiations dans             cancer «La radio-oncologie» (voir
  de petits volumes bien circon-         p. 40).
  scrits avec une grande préci-
  sion.                                  Radiothérapie et enfance
                                         Des précautions particulières doi-
  Les principales indications de         vent être prises avec les enfants
  ce traitement sont les petites         (voir p. 33).
  tumeurs (jusqu’à environ 3 cm)
  bénignes ou malignes, particu-
  lièrement celles qui sont inac-        Traitements
  cessibles chirurgicalement du          médicamenteux
  fait de leur profondeur et/ou
  situées dans des zones fonc-           La chimiothérapie
  tionnelles inopérables (par. ex.       La chimiothérapie repose sur l’ad-
  zones motrices, de la parole,          ministration de médicaments an-
  etc.).                                 ticancéreux par perfusion ou par
> La curiethérapie interstitielle        voie orale, qui seront distribués
  est une technique de radiothé-         dans l’ensemble de l’organisme
  rapie consistant à implanter           par le système circulatoire (sang).
  des sources radioactives dans          La chimiothérapie est un traite-
  les tumeurs cérébrales.                ment systémique (général), car le
                                         médicament circule partout dans
Effets secondaires potentiels et gé-     l’organisme.
néralement transitoires de la radio-
thérapie                                 Mais le cerveau est protégé par
Pour les tumeurs cérébrales, les         la barrière sang-cerveau, un véri-
principaux effets secondaires cons-      table filtre qui laisse passer l’oxy-
tatés sont les œdèmes cérébraux,         gène, le glucose et l’eau mais est
l’hypertension intracrânienne (élé-      imperméable à de nombreux mé-
vation anormalement importante           dicaments et substances chimi-
de la pression à l’intérieur du cer-     ques.
veau), les nausées, les problèmes
de peau et la fatigue.

                         Les tumeurs cérébrales et du système nerveux central   29
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