LOI ALUR L'analyse des principales dispositions de la loi et ses difficultés de mise en oeuvre
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LOI ALUR L’analyse des principales dispositions de la loi et ses difficultés de mise en œuvre Avec l’étroite collaboration de : Yves Rouquet Rédacteur en chef Droit Immobilier, Éditeur du Code des baux et du Code de la copropriété Dalloz, Rédacteur en chef de l’AJDI Rémi Grand Éditeur du Code de l’urbanisme et du Code de la construction et de l’habitation Dalloz Juin 2014
Avant-Propos Forte de 177 articles (et de 169 pages), la loi n° 2014-366 du 24 mars 2014 pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR) est parue au Journal officiel du 26 mars 2014. Ce texte modifie en profondeur, notamment, les lois n° 65-557 du 10 juillet 1965 (copropriété), n° 70-9 du 2 janvier 1970 (professionnels de l’immobilier) et n° 89-462 du 6 juillet 1989 (baux d’habitation). Il comporte par ailleurs un volet « logement social » et des mesures en matière d’urbanisme. En ce qui concerne les baux d’habitation, le texte nouveau revoit, entre autres, le champ d’application de la loi de 1989, le contenu du contrat de location, les règles de fixation du loyer et celles de prescription, l’obligation d’assurance du locataire, la restitution du dépôt de garantie, les congés et le régime applicable aux meublés touristiques. Il instaure par ailleurs la garantie universelle des loyers (GUL, qui n’entrera en vigueur que le 1er janvier 2016) et un régime spécifique pour les locaux meublés. Il crée enfin une autorisation de mise en location. Pour ce qui est du statut de la copropriété, le nouveau texte prévoit notamment un registre d’immatriculation des copropriétés, un diagnostic technique global, la dématérialisation des documents ainsi qu’une obligation d’assurance tant pour le syndicat des copropriétaires que pour les copropriétaires eux-mêmes. La loi ALUR étoffe, par ailleurs, l’obligation d’information des acquéreurs, ainsi que celle relative à l’ouverture d’un compte séparé. Elle modifie en outre les contours de la mission du syndic, les règles de détermination de sa rémunération, les règles de majorité, la procédure d’alerte et celle opposable aux copropriétés en difficulté. Le texte nouveau réforme la procédure de carence, crée une administration provisoire renforcée ou encore, envisage la requalification des copropriétés. Concernant le régime applicable aux professionnels de l’immobilier, la loi s’intéresse au champ d’application de la « loi Hoguet », à l’accès à la profession, aux règles de délivrance de la carte professionnelle, à l’obligation de formation, à l’obligation de transparence, aux registres des mandats, à la garantie financière, à l’encadrement et au contrôle de l’activité, aux sanctions, aux obligations des négociateurs et aux marchands de listes. Dans son volet « logement social », le texte procède notamment à la réforme de la procédure d’attribution des logements sociaux, crée l’Agence nationale de contrôle du logement social ainsi que de nouvelles catégories d’opérateurs (sociétés d’habitat participatif, coopératives d’habitants, sociétés d’autopromotion, …). Il modifie enfin le régime juridique applicable aux organismes d’Hlm. A propos des dispositions relatives à l’urbanisme, relevons, entre autres mesures, que la loi nouvelle modifie le contenu du PLU, instaure le transfert automatique de la compétence Plan local d'urbanisme (PLU) au niveau intercommunal, s’intéresse aux règles de contentieux des documents d’urbanisme et au droit de préemption. Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 2
► Vous consultez des extraits d’articles publiés à l’AJDI - Actualité juridique, droit immobilier (n° 05/2014 et n° 06/2014), à l’AJDA - Actualité juridique, droit administratif (n° 19/2014, 2 juin 2014), à la RDI -Revue de droit immobilier (mai 2014) et des extraits de commentaires parus dans les éditions 2014 du Code des baux Dalloz, du Code de la copropriété Dalloz, du Code de la construction et de l’habitation Dalloz et du Code de l’urbanisme Dalloz. BAIL D’HABITATION « Les nouvelles règles de détermination du loyer » ............................................................................. p.4 « Les nouvelles règles de prescription »................................................................................................... p.7 « La Garantie universelle des loyers » ...................................................................................................... p.8 « Le nouveau régime applicable aux locations meublées » ............................................................... p.9 « L’autorisation de mise en location » ................................................................................................... p.10 COPROPRIÉTÉ « L’immatriculation du syndicat des copropriétaires » ..................................................................... p.11 « Les modifications affectant la majorité de l’article 24 de la loi du 10 juillet 1965 » ............ p.12 « Le statut du syndic » ................................................................................................................................ p.14 « Le traitement des copropriétés dégradées » .................................................................................... p.17 PROFESSIONNELS DE L’IMMOBILIER « Le renforcement de la formation, de la déontologie et du contrôle des professionnels de l’immobilier » ................................................................................................................................................. p.23 LOGEMENT SOCIAL « Loi ALUR et logement social » ............................................................................................................... p.27 URBANISME « La loi ALUR du 24 mars 2014 : vue panoramique et tableau impressionniste » .................... p.30 « Le plan local d’urbanisme intercommunal » ..................................................................................... p.35 « Le règlement du plan local d’urbanisme » ........................................................................................ p.37 « Droits de préemption publics » ............................................................................................................. p.39 Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 3
BAIL D’HABITATION Mesure phare du volet « bail d’habitation » de la loi ALUR, l’encadrement des loyers dans les zones tendues passe par la création d’observatoires locaux des loyers, la collecte d’informations, la définition par le préfet d’un loyer de référence, d’un loyer de référence majoré et d’un loyer de référence minoré, sur lesquels peut venir se greffer un complément de loyer. Les règles relatives à la révision du loyer sont également modifiées. Enfin, le régime exceptionnel de blocage par décret est maintenu. « Les nouvelles règles de détermination du loyer » ► Extrait de l’article de Nicolas Damas, paru à l’AJDI, n°5 du 26 mai 2014 p341-343 I - Le loyer nombre d'emménagements annuels dans le parc locatif social ». Un décret fixera la liste des Le point majeur de la réforme réside dans le communes comprises dans ces zones. Il s'agit nouveau mécanisme d'encadrement des loyers. Le d'une reprise des termes figurant à l'article 232 du décret n° 2012-894 du 20 juillet 2012 et son code général des impôts, et ils sont également successeur, le décret n° 2013-689 du 30 juillet repris à l'article 18. En dehors de ces territoires, la 2013, relatifs à l'évolution de certains loyers, et fixation du loyer des logements mis en location pris en application de l'article 18 de la loi du 6 est libre. juillet 1989 (J. Monéger, Décret estival pour encadrer l'évolution des loyers, Loyers et copr. Dans les zones soumises à encadrement, le préfet 2012. Étude 13 ; J. Lafond, Fixation du loyer du fixe chaque année un loyer de référence, un loyer bail initial après le décret du 20 juillet 2012, JCP N de référence majoré (de 20 %), et un loyer de 2012, 1328 ; Y. Rouquet, AJDI 2012. 483 et 561, et référence minoré (de 30 %). Il s'appuie pour ce nos obs. D. 2013. Pan. 863 , spéc. 865), ont un faire sur les données fournies par l'observatoire champ d'application relativement limité puisqu'ils local des loyers. La détermination du loyer de s'appuient sur l'article 18 de la loi du 6 juillet 1989 référence apparaît comme étant le résultat d'un dans sa rédaction antérieure. Afin de réformer calcul statistique (loyer médian). Le Conseil plus méthodiquement la détermination du loyer, constitutionnel a, par sa décision n° 2014-691 DC une révision législative s'imposait. Au-delà du rôle du 20 mars 2014, censuré les dispositions qui nouveau conféré à des observatoires locaux des laissaient au préfet un certain pouvoir loyers (art. 16), le régime proposé s'articule en d'appréciation pour la fixation des loyers majorés plusieurs points, autour du loyer initial, de la et minorés « en fonction de la dispersion des révision, et du renouvellement. niveaux de loyers observés ». Le Conseil a estimé « qu'ainsi, ces dispositions permettent que la II - Le loyer initial marge de liberté pour la fixation du montant du loyer soit plus ou moins grande selon que les Le régime d'encadrement des loyers est applicable loyers constatés pour la même catégorie de dans les « zones d'urbanisation continue de plus logements dans un même secteur géographique de 50 000 habitants où existe un déséquilibre sont plus ou moins dispersés ; qu'en permettant marqué entre l'offre et la demande de logements, que les conditions d'exercice de la liberté entraînant des difficultés sérieuses d'accès au contractuelle varient sur le territoire national en logement sur l'ensemble du parc résidentiel fonction d'un tel critère, indépendant de celui des existant, qui se caractérisent notamment par le catégories de logement et des secteurs niveau élevé des loyers, le niveau élevé des prix géographiques, le législateur a méconnu le d'acquisition des logements anciens ou le nombre principe d'égalité ». Le loyer majoré et le loyer élevé de demandes de logement par rapport au minoré seront dès lors déterminés Éditions Dalloz © mai 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 4
mathématiquement, par l'application du III - Révision du loyer coefficient de majoration (+ 20 %) ou de minoration (- 30 %). Les dispositions relatives à la révision du loyer sont réunies au sein d'un nouvel article 17-1 de la Le loyer peut alors être fixé par les parties, sans loi du 6 juillet 1989. Le point marquant est que la excéder le loyer de référence majoré. Ce loyer est loi ALUR met fin à l'automaticité de la clause qualifié de loyer de base. S'il excède le loyer de d'indexation. Le bailleur négligent disposait en référence majoré, il peut faire l'objet d'une action effet, auparavant, du délai de prescription en diminution de loyer. Aucun délai spécifique quinquennal pour effectuer un éventuel n'est mentionné. Si l'article 3 de la loi du 6 juillet rattrapage d'indexation. Dorénavant, l'indexation 1989 se réfère également à une action en ne joue plus de plein droit, puisqu'elle ne diminution de loyer, enfermée dans un délai d'un s'appliquera qu'à compter de la demande en mois (puis de trois mois) suivant la prise d'effet du révision formulée par le bailleur (à l'instar de la bail, ce n'est qu'en l'absence des mentions révision triennale du loyer en matière de baux obligatoires dans ledit bail. Ce délai ne paraît pas commerciaux), et en outre cette demande est devoir être transposé à l'action en diminution de enfermée dans un délai d'un an suivant la date de loyer dans l'hypothèse où le loyer excède le loyer révision potentielle. Il est en effet indiqué qu'« à de référence majoré. C'est alors le délai de défaut de manifester sa volonté d'appliquer la prescription de trois ans qui devrait s'appliquer, révision du loyer dans un délai d'un an suivant sa en vertu du nouvel article 7-1 de la loi du 6 juillet date de prise d'effet, le bailleur est réputé avoir 1989. renoncé au bénéfice de cette clause pour l'année écoulée ». La référence à la date de prise d'effet Un complément de loyer peut être appliqué au est maladroite, puisque celle-ci n'est précisément loyer de base, pour tenir compte de plus rétroactive. L'article 7-1 de la loi du 6 juillet caractéristiques de localisation ou de confort. Le 1989 confirme ce délai spécifique d'un an, en Conseil constitutionnel a, par sa décision n° 2014- énonçant que « l'action en révision du loyer par le 691 DC du 20 mars 2014, censuré les dispositions bailleur est prescrite un an après la date convenue votées selon lesquelles le complément de loyer par les parties dans le contrat de bail pour réviser était qualifié d'« exceptionnel », et les ledit loyer » (ne serait-ce pas plus rigoureux de se caractéristiques de localisation et de confort d'« référer ici à l'action en paiement du loyer révisé exceptionnelles par leur nature et leur ampleur ». ?). Selon le Conseil, « en réservant la faculté d'un complément de loyer à des caractéristiques « La clause ne disparaît pas pour autant (c'est exceptionnelles », le législateur a entendu l'action qui est prescrite) : le bailleur est interdire qu'un tel complément de loyer puisse seulement réputé avoir renoncé au bénéfice de être appliqué du seul fait que le logement cette clause pour l'année écoulée. L'année présente des caractéristiques déterminantes pour suivante, en revanche, il pourra mettre en œuvre la fixation du loyer qui ne sont pas prises en la clause afin de faire réviser le loyer. Et afin que compte par la définition précitée des catégories le calcul soit conforme à l'indice de référence de logements et des secteurs géographiques ; qu'il contractuellement convenu, il conviendra de tenir a ainsi porté à l'exercice du droit de propriété et à compte de l'indexation « oubliée » de l'année la liberté contractuelle une atteinte précédente. disproportionnée à l'objectif poursuivi ». Par exemple : soit un loyer de 1000 € à compter Ce complément n'est possible que si le loyer de er er du 1 juillet 2014. Supposons que le 1 juillet base n'est pas inférieur au loyer de référence 2015, l'indice de référence ait augmenté de 2 %. majoré (et comme il ne peut pas non plus lui être Le loyer devrait être révisé à 1020 €. Mais le supérieur, il faut en déduire que seul un loyer de er bailleur ne se manifeste pas avant le 1 juillet base fixé au niveau du loyer de référence majoré 2016. Il perd le bénéfice de cette augmentation de pourra être affecté d'un complément 20 € par mois sur douze mois. S'il entend réviser le exceptionnel). La contestation éventuelle par le er locataire de ce complément est enfermée dans un loyer au 1 juillet 2016, il tiendra compte de délai de trois mois à compter de la signature du l'indice alors publié (supposons que bail (et non de sa prise d'effet), et nécessite la l'augmentation soit de 1 %), qu'il appliquera au saisine obligatoire de la commission de loyer théorique antérieur (même s'il ne l'a pas conciliation, à peine d'irrecevabilité de la saisine réclamé à temps) : le loyer sera alors révisé à 1020 er ultérieure du juge. Le montant déterminé par + (1020 × 1 ÷ 100) soit 1030,20 €, à compter du 1 conciliation ou par voie judiciaire rétroagit à la juillet 2016. date d'effet du bail. Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 5
Précisons enfin que lorsque le loyer est affecté simplement qu'il appartient à la partie la plus d'un complément exceptionnel, la révision diligente de la mettre en œuvre, si elle entend s'applique à la somme de ces deux montants. faire fixer un nouveau loyer (ce qui n'est pas en soi obligatoire). D'autre part, comme l'une des IV - Loyer de renouvellement parties ne peut pas imposer unilatéralement à l'autre un changement de loyer, la sanction La loi ALUR met en place deux mécanismes de judiciaire est indispensable. Indiquer que le juge « modification du loyer à l'occasion du peut être saisi » ne signifie pas que la saisine du renouvellement du bail, selon que le logement se juge est facultative : afin d'obtenir gain de cause, situe dans une zone de tension locative soumise à la partie diligente doit effectuer cette démarche. encadrement des loyers, ou non. Dès lors, si le même raisonnement interprétatif prévaut en ce qui concerne la saisine de la • Dans les zones non soumises à encadrement, le commission, celle-ci serait obligatoire. Enfin, mécanisme de réévaluation, ouvert à l'initiative et l'enchaînement des saisines paraît conduire au bénéfice du seul bailleur, est une reprise de également à retenir le maintien de ce caractère celui en vigueur avant l'entrée en vigueur de la loi obligatoire : ce n'est en effet qu'à défaut d'accord ALUR (avec quelques correctifs purement constaté par la commission de conciliation que le formels). juge peut être saisi avant le terme du contrat. Cela implique donc une saisine préalable de cette • Dans les zones soumises à encadrement des commission. Il paraît donc plus prudent de retenir loyers, le loyer peut soit être réévalué à l'initiative une saisine obligatoire de la commission, en du bailleur, soit diminué à l'initiative du locataire. préalable à la saisine obligatoire du juge avant le terme du contrat. • D'un point de vue procédural, une différence de traitement apparaît quant aux délais : le bailleur • D'un point de vue substantiel, la possibilité doit proposer le nouveau loyer au moins six mois offerte au locataire de demander la diminution du avant le terme du bail en cours, alors que le loyer est une innovation marquante de la loi locataire ne doit respecter qu'un délai minimal de ALUR. Elle sera possible dès lors que le loyer de cinq mois. L'explication est fournie par les travaux base (hors complément exceptionnel) est parlementaires : il est craint en effet que le supérieur au loyer de référence majoré. Il n'est bailleur ne réponde par un congé à la demande en pas fixé de seuil minimal à la fixation du nouveau diminution du loyer formulée par le locataire. En loyer. permettant à ce dernier d'attendre jusqu'à cinq mois avant le terme avant de se dévoiler, le texte L'action en réévaluation du loyer, initiée par le prive le bailleur de la possibilité de donner congé bailleur, n'est possible que si le loyer actuel est (soumis à un préavis de six mois). inférieur au loyer de référence minoré. Le loyer proposé ne peut être supérieur à ce loyer de La saisine de la commission de conciliation est référence minoré, et pourra être contesté par le présentée comme facultative d'après les termes locataire par référence aux loyers habituellement utilisés (« peut saisir ») alors qu'elle était, sous constatés dans le voisinage. l'empire du texte antérieur (repris pour les logements non situés en zone tendue), obligatoire VI - Régime exceptionnel (« saisit »). Il est également indiqué que le juge « peut être saisi » avant le terme du bail. D'autres L'article 18 de la loi du 6 juillet 1989 est maintenu dispositions de la loi du 6 juillet 1989 précisent en en son principe. La délimitation géographique est outre parfois le caractère obligatoire de la saisine calquée sur le régime d'encadrement des loyers (V. art. 18). Il est tentant d'en déduire qu'a qui vient d'être analysé. Un décret fixera contrario, sauf mention expresse, la saisine de la obligatoirement le montant maximum d'évolution commission est ici facultative. Mais dans le cadre des loyers des logements vacants et des contrats de l'article 17, la saisine est-elle réellement renouvelés. En d'autres termes, il en résultera, facultative ? Plusieurs éléments en font douter : dans ces zones, un double encadrement impératif, d'une part, l'article 20 de la loi du 6 juillet 1989, qui se révélera notamment lors de la fixation du relatif à la compétence des commissions de loyer initial, puis en cas de changement de conciliation, liste les différents types de litige locataire, lors de la fixation du loyer du locataire concernés et indique, y compris à propos de suivant. Il est possible que des décrets différents l'article 18 (rendant obligatoire cette saisine), que soient adoptés selon les zones concernées (« pour la commission « peut être saisie ». Cette dernière chacune des zones »). Il est précisé enfin qu'« en expression semble dès lors signifier que la saisine cas de litige entre les parties résultant de est non pas facultative au sens procédural, mais l'application de ce décret, la commission Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 6
départementale de conciliation est compétente et sa saisine constitue un préalable obligatoire à la saisine du juge par l'une ou l'autre des parties ». Notes : re Dans son numéro de mai 2014, l'AJDI a publié un dossier intitulé « Loi ALUR et gestion immobilière (1 partie) ». Le dossier est constitué, outre la présente contribution, des articles suivants : - La loi ALUR et les expulsions locatives, par François de La Vaissière, p. 349 ; - Loi ALUR et logement social, par Bruno Wertenschlag, p. 351 ; - Le renforcement de la formation, de la déontologie et du contrôle des professions de l'immobilier, par Moussa Thioye, p. 362 - Le volet « environnement » de la loi ALUR, par Bruno Wertenschlag et Thibaut Geib, p. 372 . Les règles de prescription des actions relatives à un contrat de bail sont revues. Les dispositions du Code civil cèdent le pas face à l’article 7-1 de la loi du 6 juillet 1989, texte spécial. «Les nouvelles règles de prescription » ► Extrait du Code Baux, commenté, Dalloz, éd. 2014, L.6 juill. 1989, commentaire de Nicolas Damas sur l’article 7-1 COMMENTAIRE PRESCRIPTION L'on sait que l'œuvre commune de la ans pour l'ensemble des actions en paiement o jurisprudence et du législateur (L. n 2008-561 dérivant d'un contrat de bail. du 17 juin 2008) avait abouti à ce qu'un délai quinquennal unique de prescription soit Le texte présenté est pourtant bien plus large et applicable (hormis l'hypothèse du bailleur ne se cantonne pas aux seules actions en professionnel, V. D. 2009. Pan. 896, spéc. 897, paiement, mais inclut, à défaut de restriction o contraire, les actions en responsabilité ou en obs. Damas ). La loi n 2014-366 du 24 mars 2014 exécution forcée. pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR) crée cet article 7-1 qui réduit le délai de L’action en révision du loyer est soumise à une prescription à trois ans. L'exposé des motifs du projet de loi indique qu'il s'agit d'encadrer les prescription plus courte encore (un an), ce qui régularisations tardives des charges et des loyers, est confirmé par la rédaction nouvelle de et que le délai de prescription est ainsi porté à trois l’article 17. Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 7
Autre mesure emblématique de la loi Alur, la garantie universelle des loyers (GUL) sera opérationnelle à compter du 1er janvier 2016. Il est question de cette nouvelle garantie à l’article 24- 2 de la loi de 1989, qui court sur près de six pages du Code des baux Dalloz. «La Garantie universelle des loyers » ► Extrait du Code des Baux, commenté, Dalloz, éd.2014, L.6 juill. 1989, commentaire de Nicolas Damas sur l’article 24-2, p.466 COMMENTAIRE GARANTIE UNIVERSELLE DES LOYERS exclusions concernant les conditions devant être remplies par le bailleur et le locataire que des Disposition emblématique de la loi no 2014-366 modalités de détermination du montant de du 24 mars 2014 pour l’accès au logement et un l’aide fournie au bailleur au titre de cette urbanisme rénové (ALUR), la garantie universelle garantie. des loyers est destinée à couvrir les bailleurs contre les risques d’impayés de loyer et de Ce dispositif n’est en particulier pas obligatoire, charges (à l’exclusion des autres dettes même si son application est présumée à défaut locatives, résultant par ex. de la dégradation des de renonciation expresse dans le contrat de bail. lieux). Il n’est par ailleurs peut-être pas indispensable Les échecs des variantes successives de la de créer une nouvelle agence, établissement garantie des risques locatifs ne sont cependant public administratif, ni des centres de gestion pas de bon augure quant à la réussite de ce agréée. Pourquoi ne pas déléguer cette tâche nouveau dispositif. Les bailleurs semblent aux collectivités locales existantes, et en préférer le cautionnement classique ou particulier aux départements, dont la vocation l’assurance privée. sociale est incontestable? Le texte est le plus volumineux de la loi du 6 En tout état de cause, l’entrée en vigueur du juillet 1989, et sa lecture peut être texte est reportée aux contrats conclus à décourageante, tant sont nombreuses les compter du 1er janvier 2016, même si une conditions posées. Le caractère universel adhésion volontaire est possible par apparaît assez trompeur, au vu tant des anticipation. Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 8
Les locations meublées sont désormais régies par les articles 23-5 à 23-11 de la loi du 6 juillet 1989. Le régime applicable est très proche de celui qui prévaut pour les locaux loués vides. A quelques particularités près. « Le nouveau régime applicable aux locations meublées » ► Extrait du Code des Baux, commenté, Dalloz, éd. 2014, L.6 juill. 1989, commentaire de Nicolas Damas sur l’article 24-2 COMMENTAIRE LOGEMENTS MEUBLÉS principale, telle que celle-ci est définie à l’article 2 de la loi. Le texte donne une définition de ce Le droit des locations de logements meublés à qu’il faut entendre par logement meublé (art. usage de résidence principale quitte le code de 25-4), reprenant la ligne directrice des la construction et de l’habitation et est intégré nombreuses décisions émanant des juges du par la loi n° 2014-366 du 24 mars 2014 pour fond. Une liste des éléments du mobilier sera l’accès au logement et un urbanisme rénové toutefois précisée par décret. Un inventaire et (ALUR) au sein de la loi du 6 juillet 1989. Il est un état détaillé de ce mobilier doivent être loin le temps où ce régime n’était soumis qu’au établis sans facturation spécifique (art. 25-5). — code civil. Depuis la loi n° 98-657 du 29 juillet Le dépôt de garantie est limité à deux mois de 1998, qui a créé l’article L. 632-1 du code de la loyer en principal (art. 25-6). — Le contrat est construction et de l'habitation, la nécessairement écrit et respecte un contrat type réglementation s’est développée avec comme défini par décret. La durée initiale est d’au moins inspiration directe la loi du 6 juillet 1989. C’est un an (l’art. L. 632-1 CCH visait une durée d’un ainsi que la loi SRU du 13 décembre 2000 a an), avec une tacite reconduction pour une imposé (légitimement) l’exigence d’un logement année. La dérogation de durée est maintenue décent. Surtout, les deux évolutions majeures pour les étudiants (art. 25-7). — Un dispositif résultent de la loi n° 2005-32 du 18 janvier 2005, d’encadrement des loyers est prévu (art. 25-9). Il qui a listé les motifs de non-renouvellement est très proche de celui mis en place pour les pouvant être invoqués par le bailleur, et de la loi locations nues. Le loyer de référence est une DALO du 5 mars 2007, qui a soumis l’indexation version majorée de celui fixé par l’article 17 de la du loyer à l’IRL. loi de 1989. Les dispositions relatives au renouvellement et à la révision sont également La loi ALUR représente un saut qualitatif sans applicables. Dans le but, sans doute, de ne pas précédent, car l’accueil de ces dispositions au (trop) dissuader les investisseurs, les logements sein même de la loi du 6 juillet 1989 ne laisse meublés situés dans une résidence service plus planer le moindre doute. Le modèle est échappent à cet encadrement. Enfin les charges évident, et est affirmé dès l’article 25-3, par la peuvent être récupérées de manière forfaitaire longue liste des dispositions de la loi de 1989 (art. 25-10). — Le locataire peut donner congé à relatives à la location nue qui sont déclarées tout moment, moyennant un préavis d’un mois. applicables aux locations meublées. Le bailleur ne peut donner congé que pour le terme du bail, moyennant un préavis de trois Il est plus rapide, dès lors, de lister les mois. Les motifs restent identiques (reprise, particularités subsistantes: — Le champ vente, motif légitime et sérieux), mais les d’application n’est pas modifié et reste celui des conditions sont durcies: le bailleur doit dès le logements meublés loués à titre de résidence congé justifier du caractère réel et sérieux de sa Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 9
décision de reprise, et apporter un certain dans le cadre de la location meublée. La nombre d’informations au locataire. Les protection du locataire âgé de plus de soixante- pouvoirs du juge sont accrus et un congé cinq ans et aux ressources annuelles inférieures frauduleux est pénalement sanctionné. La à un plafond, qui bénéficie d’une offre de faculté, ouverte à l’article 15 de la loi de 1989, relogement, est également transposée aux de donner congé par courrier remis en main locations meublées (art. 25-8). propre n’est pas étendue aux congés délivrés La loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové innove également en instaurant une autorisation de mise en location. Il s’agit d’un mécanisme d’autorisation préalable ayant vocation à s’appliquer dans les secteurs d’habitat dégradé. « L’autorisation de mise en location » ► Extrait du Code de la construction et de l’habitation, commenté, Dalloz, éd.2014, commentaire de Jean-Philippe Brouant, p.737-738, chapitre V, Autorisation préalable de mise en location. COMMENTAIRE L’article 92 de la loi pour l’accès au logement et n’a aucun effet sur la qualification du logement un urbanisme rénové (ALUR) du 24 mars 2014 au regard de l’habitat indécent ou indigne. instaure un dispositif d’autorisation préalable de mise en location. Sur les territoires présentant La mise en location en violation de ces une proportion importante d’habitat dégradé, dispositions peut entraîner le prononcé d’une l’organe délibérant de l’intercommunalité ou, à amende par le préfet. défaut, le conseil municipal peuvent délimiter des zones en cohérence avec le programme local Pour le Conseil constitutionnel, «le législateur a de l’habitat. A l’intérieur de ces zones, il est entendu permettre aux autorités locales possible de déterminer les caractéristiques des compétentes de prévenir la location de biens logements soumis à autorisation préalable. susceptibles de porter atteinte à la salubrité publique ainsi qu’à la sécurité des occupants de L’autorité exécutive pourra refuser ou ces biens». Ce dispositif, qui contribue à mettre soumettre à condition l’autorisation préalable en œuvre l’objectif de valeur constitutionnelle de mise en location lorsque le logement est que constitue la possibilité pour toute personne susceptible de porter atteinte à la sécurité des de disposer d’un logement décent, n’a pas porté occupants et à la salubrité publique. Ce qui est le aux conditions d’exercice du droit de propriété cas bien évidemment lorsque le logement a fait une atteinte disproportionnée au regard du but l’objet d’un arrêté de péril ou d’insalubrité. En recherché (Décis. no 2014-691 DC du 20 mars revanche le refus de délivrance de l’autorisation 2014). Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 10
COPROPRIÉTÉ Afin de prévenir toute difficulté, les pouvoirs publics ont décidé de recenser toutes les copropriétés à destination au moins partielle d’habitation. Cette immatriculation, qui interviendra sur un registre L’immatriculation du syndicat des copropriétaires national, doit être menée à bien, en fonction de la taille du syndicat des copropriétaires, au plus tard, à une date comprise entre le 31 décembre 2016 et le 31 décembre 2018. « L’immatriculation du syndicat des copropriétaires » ► Extrait du Code de la copropriété, commenté, Dalloz, éd. 2014, L.10 juill. 1965, commentaire d’Yves Rouquet sur l’article 18 p.185-186 I - Champ d’application et finalité II - Auteur de l’immatriculation De manière à «faciliter la connaissance des Selon les cas de figure, l’auteur de pouvoirs publics sur l’état des copropriétés et la l’immatriculation est le notaire (mise en mise en œuvre des actions destinées à prévenir copropriété, absence de syndic ou carence de sa la survenance des dysfonctionnements», le part) ou (dans les autres hypothèses), le syndic législateur (CCH, art. L. 711-1 s., App., (L. du 10 juill. 1965, art. 18; CCH, art. L. 711-4 et voImmatriculation des syndicats) a institué un L. 711-5). registre sur lequel doivent être immatriculés les syndicats de copropriétaires à destination II - Forme partielle ou totale d’habitation. Le texte (CCH, art. L. 711-4-III) précise que le Ainsi qu’il est dit dans le rapport d’impact de la dépôt du dossier d’immatriculation, les loi no 2014-366 du 24 mars 2014, dite loi modifications qui y sont apportées ainsi que la «ALUR», «pour la puissance publique, cette transmission des données sont dématérialisés. identification sûre donnera tout d’abord lieu à un dénombrement exhaustif, localisé et IV - Contenu de l’immatriculation actualisé des copropriétés. Ensuite, elle permettra d’identifier les représentants des Les éléments (à jour) devant figurer au registre copropriétés et donc des interlocuteurs pour les sont énumérés à l’article L. 711-2 du code de la autorités publiques ou des tiers. Enfin, cette construction et de l'habitation (nom, adresse, identification par le biais d’un numéro unique date de création du syndicat, nombre et nature facilitera le recoupement d’informations et des lots, nom du syndic, existence d’une l’agrégation de données, pour une meilleure procédure d’alerte ou, de difficultés avérées, compréhension du fonctionnement des voire de la prise de mesures de sauvegarde, copropriétés, une plus grande connaissance de données essentielles relatives à la gestion, etc.). ce parc dans sa globalité, et éventuellement une intervention publique plus efficace en cas de Chaque syndicat se voit attribuer un numéro difficultés». d’immatriculation, qui a vocation à figurer sur «tout acte authentique de vente devant notaire Des articles R. 711-1 et suivants vont venir relatif à un lot de copropriété» (CCH, art. L. 711- compléter le dispositif, dont l’entrée en vigueur 5). s’échelonne entre le 31 décembre 2016 et le 31 décembre 2018 (V. App., voImmatriculation des syndicats, l’art. 53 de la loi no 2014-366 du 24 mars 2014, avant l’art. L. 711-1 CCH). Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 11
VI - Communication des territoire (CCH, art. L. 711-3). informations contenues dans le registre VII - Sanction en cas de non- immatriculation Tant l’État que les collectivités territoriales et leurs groupements peuvent, dans le cadre de la Au-delà de l’astreinte qui va frapper le syndicat, mise en œuvre des politiques de l’habitat et de le texte (CCH, art. L. 711-6) prévoit que les lutte contre l’habitat indigne et les copropriétés syndicats non immatriculés ou qui n’auront pas dégradées, obtenir, à leur demande, la mis à jour leurs données ne pourront bénéficier communication des informations du registre de subventions de l’État, de ses établissements relatives aux copropriétés situées sur leur publics, des collectivités territoriales, de leurs groupements ou de leurs établissements publics. L’article 24 de la loi du 10 juillet 1965 a été modifié en profondeur. Si cet article continue à définir la majorité simple qui a vocation à s’appliquer par défaut, la liste des décisions qui relèvent expressément de ses dispositions s’étoffe singulièrement, comportant à présent sept postes. « Les modifications affectant la majorité de l’article 24 de la loi du 10 juillet 1965 » ► Extrait du Code de la copropriété, commenté, Dalloz, éd. 2014, L. 10 juill. 1965, commentaire d’Yves Rouquet sur l’article 24, p.273-275 COMMENTAIRE MAJORITÉ DE L'ARTICLE 24 L'article 24, qui détermine la majorité requise pour l'adoption des résolutions à l'égard desquelles la loi n'a pas arrêté d'autres règles et qui, depuis la loi SRU, ne prend plus en compte les voix des abstentionnistes, réserve, in fine, le cas des assemblées générales particulières. 1 - LES DÉCISIONS CONCERNÉES abrogé, évoquant les «travaux à effectuer sur les parties communes en vue de prévenir Depuis la loi no 2014-366 du 24 mars 2014 pour les atteintes aux personnes et aux biens»), l’accès au logement et un urbanisme rénové des modalités de réalisation et d’exécution (ALUR), la majorité de l’article 24 va tout d’abord des travaux obligatoires en vertu de jouer dans les hypothèses énumérées au II. dispositions législatives ou réglementaires ou d’un arrêté de police administrative Il s’agit : relatif à la sécurité ou à la salubrité de travaux nécessaires à la conservation de publique, notifié au syndicat des l’immeuble et à la préservation de la santé copropriétaires pris en la personne du syndic et de la sécurité physique des occupants (comp., ss. l’art. 25, la rédaction de l’anc. art. (comp., auparavant, l’anc. art. 25 n, auj. 25 e et h) Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 12
les modalités de réalisation et d’exécution comptes et le vote du quitus (pour de des travaux notifiés en vertu de l’article L. nombreuses illustrations jurisprudentielles, V. 313-4-2 du code de l’urbanisme (V. cet art. notes 15 s.). App., voRestauration immobilière), des travaux d’accessibilité aux personnes 2 - UNE MAJORITÉ SIMPLE QUI NE handicapées ou à mobilité réduite (art. 24-II, PREND PLUS EN COMPTE QUE LES d et e: reprise de l’anc. art. 24, al. 3 et 4). VOIX EXPRIMÉES des adaptations du règlement de copropriété rendues nécessaires par les La rédaction actuelle du premier alinéa de modifications législatives et réglementaires l'article 24 (rédaction issue de l'art. 81, 7o, de la intervenues depuis son établissement (étant L. no 2000-1208 relative à la solidarité et au précisé que, comme sous l’empire de l’anc. renouvellement urbains du 13 déc. 2000) nous art. 49 auj. abrogé, la publication de ces enseigne que la majorité dont il s'agit s'entend modifications donne lieu à la perception «des voix exprimées des copropriétaires d’un droit fixe), présents ou représentés», alors que la version de la décision d’engager le diagnostic précédente de ce texte n'exigeait qu'un calcul en technique global. fonction «des voix des copropriétaires présents ou représentés». Elle constitue par ailleurs une majorité par défaut, qui, sauf indication contraire de la loi, a Ainsi, depuis l'entrée en vigueur de la loi SRU, les vocation à s'appliquer lors des votes en abstentionnistes (qui, comme leur nom assemblée générale (V. toutefois, art. 24-1). l'indique, n'expriment pas de vote) ne sont plus pris en considération pour le décompte des voix: C'est ainsi que relèvent de cette majorité, le désormais, la résolution est adoptée à la choix du lieu de la prochaine assemblée majorité de l'article 24 dès lors que le nombre générale sur le territoire de la commune (dont il de voix favorables est supérieur au nombre de est question à l'art. 9, al. 3, du Décr. du 17 mars voix défavorables (alors que jusqu'à la loi SRU, la 1967), la désignation du secrétaire de séance, jurisprudence n'estimait la majorité atteinte que autre que le syndic (Décr. de 1967, art. 15), dans la mesure où le nombre des voix favorables l'autorisation donnée au syndic d'ester en justice à la résolution dépassait le nombre des voix des (Décr. de 1967, art. 55), l'approbation des opposants et des abstentionnistes). La prise de décision en est donc facilitée. Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 13
La loi nouvelle s’intéresse, notamment, à l’interdiction faite au syndic d’avancer des fonds au syndicat, à sa démission et à sa révocation, mais encore à son contrat et à sa rémunération. Elle envisage par ailleurs des dérogations conventionnelles aux obligations pesant sur le syndic. « Le statut du syndic » ► Extrait de l’article de Daniel Tomasin, paru à l’AJDI n°6 de juin 2014, p.412-432 L’interdiction faite au syndic responsabilité professionnelle (13).La seconde d’avancer des fonds au syndicat. phrase traite du cas de carence du syndic. Le texte reprend la solution antérieure : « à défaut L’article 18-II de la loi du 10 juillet 1965 prévoit de stipulation du règlement de copropriété un une règle nouvelle selon laquelle : « À administrateur provisoire peut être désigné par l’exception du syndic provisoire le syndic de décision de justice ». copropriété ne peut avancer de fonds au syndicat de copropriétaires ». La règle ne fait La démission du syndic. que reprendre un principe jurisprudentiel (11) que la doctrine approuve (12). Les avances sont Les deux derniers paragraphes de l’article 18 interdites car elles ne font que révéler les visent la démission du syndic et sa révocation. insuffisances et les fautes dans la gestion passée « Le syndic, annonce le texte, ne peut renoncer du syndic. à son mandat sans avoir respecté un délai de préavis de trois mois ». Il s’agit ici d’un La cinquième division de l’article 18 événement juridique. Le mandataire qui a perdu la confiance de son mandant peut, en droit et la fin des missions du syndic. français, démissionner à tout moment, sur-le- champ, à la condition de : « ne pas causer de Les troisième et quatrième divisions de l’article préjudice par sa brusquerie ou sa 18 n’apportent, notons-le, aucune modification légèreté » (14). Les syndics ne pourront plus aux textes antérieurs. Quatre difficultés sont menacer les copropriétaires de démissionner alors abordées par l’article 18-V, l’empêchement sur-le-champ, en cours d’assemblée générale. Ils du syndic, sa carence, sa renonciation et sa devront donner un préavis de trois mois avant révocation. L’article 18-V, alinéa 1er, décide de pouvoir être libérés de leurs fonctions. On dans sa première phrase de confier au président peut ajouter, selon la recommandation de l’ex du conseil syndical, en cas d’empêchement du Commission relative à la copropriété (15), qu’il syndic, pour quelque cause que ce soit, le faudra conseiller au syndic d’informer le pouvoir de convoquer une assemblée générale président du conseil syndical, s’il en existe un, de appelée à désigner un nouveau syndic. Le son intention de convoquer une assemblée président du conseil syndical est ici en charge générale pour lui notifier sa démission et d’une prérogative utile et importante. Il devra l’inviter à désigner son successeur et surtout exercer avec prudence ce pouvoir, proposer un délai avant la prise d’effet de sa l’empêchement du syndic pouvant recouvrer de démission (16). nombreuses hypothèses. La doctrine voit dans l’empêchement toute impossibilité physique ou juridique d’exercer la mission de syndic et La révocation « par voie de énumère plusieurs cas : la maladie, conséquence » du syndic. l’éloignement, la disparition, le retrait de la garantie financière ou de l’assurance de La loi nouvelle a voulu créer un moyen juridique simple pour les copropriétaires de révoquer leur Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 14
syndic sans inconvénients. L’article 18-V, dernier proposition du conseil ne fait pas l’objet d’une alinéa, décide : « Quand l’assemblée générale question à l’ordre du jour. Le conseil syndical a délibère pour désigner un nouveau syndic dont aussi le pouvoir de se prononcer par écrit sur la prise de fonction intervient avant le terme du tout projet de contrat de syndic qui est joint à la mandat du syndic actuel, cette décision vaut convocation à l’assemblée. révocation de ce dernier à compter de la prise de fonction du nouveau syndic ». La règle L’exception conventionnelle aux cherche à éviter la confusion des pouvoirs dans obligations du syndic (art. 18-1-AA). la succession des syndics. Elle est fondée sur une présomption irréfragable. La nomination d’un La loi ALUR prévoit des exceptions à certains de syndic en cours d’assemblée générale vaut ses principes qui se trouvent alors limités dans révocation du syndic actuel. La règle peut leur domaine. C’est le cas avec l’article 18-1 AA. susciter de nombreuses réserves. La première Aux termes de ce texte étonnant : « les est celle du caractère irréfragable de la copropriétaires peuvent décider à la majorité présomption de révocation, née de ce texte, définie à l’article 25, de déroger à l’article 18 et, résultant de la nomination d’un nouveau syndic. le cas échéant, de définir avec le syndic, dans le Il convient de rappeler que dans l’état du droit cadre de son contrat, les missions du syndic, les antérieur à la loi ALUR, la révocation résultait honoraires de celui-ci, la durée du mandat, les d’une décision expresse de l’assemblée modalités de fonctionnement du compte générale (17). Or, avec ce texte, il n’y a plus de bancaire unique ou séparé et les modalités de décision expresse de révocation. La seconde est perception des fonds ». Cette exception celle du respect d’un ordre du jour de conventionnelle n’est possible que dans un l’assemblée générale. L’assemblée « ne prend de domaine relativement étroit : « pour les décision valide que sur une question inscrite à immeubles à destination totale autre que l’ordre du jour » selon l’article 13 du décret du d’habitation, lorsqu’un syndicat de 17 mars 1967. Le texte permet donc de porter à copropriétaires est composé exclusivement de l’ordre du jour la nomination du nouveau syndic personnes morales ».L’exception est sans inscrire la révocation de l’actuel. surprenante car il s’agit de porter atteinte à des La troisième est celle du maintien de la règles et principes d’ordre public. Cette jurisprudence exigeant un motif sérieux de exception devra donc être interprétée révocation sous peine de condamnation du restrictivement. L’exception votée par les syndicat à des dommages et intérêts (18). La copropriétaires sera limitée aux immeubles à jurisprudence maintiendra-t-elle son exigence ? destination totale autre que d’habitation. Ce sera le cas des immeubles dont la destination Le rôle du conseil syndical dans la sera en totalité professionnelle ou commerciale. désignation du syndic. Encore faudra-t-il que la copropriété soit composée de personnes morales ce qui fait L’article21 de la loi du 10 juillet 1965 est modifié penser à des centres commerciaux ou à des pour donner du pouvoir au conseil syndical. Au immeubles de bureaux. L’exception sera aussi cas où l’assemblée générale est appelée à se limitée dans la mesure où elle constituera une prononcer sur la désignation du syndic, une mise exception à l’article 18 de la loi. Il n’en demeure en concurrence de plusieurs projets de contrats pas moins que l’exception pourra exempter le de syndic est effectuée préalablement par le syndic des règles imposant un compte séparé. La conseil syndical (supra). Ces projets doivent décision de l’assemblée générale pourra aussi faire, notamment, état des frais afférents au autoriser une durée spéciale de mandat compte bancaire séparé. Les copropriétaires supérieure à trois ans et prévoir un honoraire peuvent demander au syndic l’inscription à non forfaitaire. Quant à la numérotation de ce l’ordre du jour de l’examen des projets de texte choisie par la loi il faut semble-t-il déduire contrat de syndic qu’ils communiquent à cet de la succession des lettres AA que ce texte effet. Mais le conseil syndical peut décider de ne précèdera le texte numéroté 18-1 A. pas procéder à la mise en concurrence : « lorsque le marché local des syndics ne permet Le mandat et les honoraires du pas cette mise en concurrence ». Alors le syndic syndic. doit notifier cette proposition aux copropriétaires : « dans un délai leur permettant L’article 18-1 A de la loi du 10 juillet 1965 est de demander l’inscription à l’ordre du jour de totalement remodelé par la loi ALUR. Ce texte l’assemblée des projets de contrat de syndic modifie les règles les plus importantes de la qu’ils communiquent ». Le texte ajoute que la profession de syndic visant le contrat de mandat Éditions Dalloz © juin 2014 - Tous droits réservés www.editions-dalloz.fr 15
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