MÉMOIRE PRÉSENTÉ DANS LE CADRE DES CONSULTATIONS PRÉBUDGÉTAIRES EN PRÉVISION DU BUDGET FÉDÉRAL DE 2021 - BRITISH COLUMBIA FEDERATION OF STUDENTS
←
→
Transcription du contenu de la page
Si votre navigateur ne rend pas la page correctement, lisez s'il vous plaît le contenu de la page ci-dessous
MÉMOIRE PRÉSENTÉ DANS LE CADRE DES CONSULTATIONS PRÉBUDGÉTAIRES EN PRÉVISION DU BUDGET FÉDÉRAL DE 2021 BRITISH COLUMBIA FEDERATION OF STUDENTS
RECOMMANDATIONS Recommandation 1 : Que le gouvernement élimine les intérêts perçus sur les prêts d’études canadiens. Recommandation 2 : Que le gouvernement investisse 20 millions de dollars pour la création et l’adaptation de ressources éducatives libres. Recommandation 3 : Que le gouvernement maintienne son investissement de l’automne 2020 dans le Programme canadien de bourses aux étudiants.
ÉLIMINER LES INTÉRÊTS SUR LES PRÊTS D’ÉTUDES FÉDÉRAUX CRÉER UNE SOLUTION ÉQUITABLE À LA CRISE DE L’ABORDABILITÉ Recommandation : Que le gouvernement élimine les intérêts sur les prêts d’études canadiens. La pandémie de COVID-19 a eu des répercussions sur la capacité des Canadiens à payer leurs factures et leur loyer et à joindre les deux bouts, et le déclin de l’économie aura des effets durables sur l’épargne et l’endettement des ménages. Les dettes d’études empêchent les jeunes Canadiens de participer à des étapes économiques importantes comme l’épargne pour leur première maison ou la fondation d’une famille. Les dettes d’études élevées réduisent également la probabilité que les gens prennent des risques comme de devenir entrepreneur, ce qui leur permettrait d’être des innovateurs et des créateurs d’emplois1. Le diplômé moyen paie 5 000 $ supplémentaires en intérêts pendant la durée de son prêt; cela signifie que ceux qui, financièrement, peuvent le moins se permettre des études postsecondaires paient des milliers de dollars de plus que ceux qui ont les moyens. Les prêts d’études sont un aspect central du système canadien d’aide financière aux étudiants et permettent aux jeunes et aux travailleurs issus de milieux à faibles et moyens revenus de poursuivre les études nécessaires pour amorcer une carrière. Alors que les coûts des études ont augmenté au-delà de l’inflation et que le revenu réel a chuté 2, de plus en plus d’étudiants ont besoin d’une aide financière, et la dette des étudiants a atteint des sommets historiques. Selon une enquête récente, la dette des étudiants au Canada a atteint 36,9 milliards de dollars et a augmenté de 78 % depuis 19993. En 2018, un étudiant sur deux terminait ses études universitaires endetté. Près de 65 % des diplômés endettés doivent au moins 20 000 $ à la fin de leurs études, et les étudiants ont eu besoin d’un appui de plus de 17 000 $ pour une année d’études universitaires seulement4. Il est important de noter que ces chiffres, bien qu’alarmants, ne tiennent pas compte de la dette privée et de la dette de ceux qui ne peuvent pas terminer leurs études5. L’ENDETTEMENT DES ÉTUDIANTS EMPÊCHE CES DERNIERS D’APPORTER UNE CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE AU CANADA L’endettement des étudiants touche plus que jamais les jeunes diplômés. Un rapport de Statistique Canada pour l’année 2020 indique que les étudiants qui obtiendront leur diplôme en 2020 pourraient perdre jusqu’à 44 000 $ au cours des cinq prochaines années en raison de la COVID-196. Cette perte est aussi importante que la dette au titre des prêts d’études pour de nombreux diplômés, et à mesure que les intérêts s’accumulent sur leurs prêts, leur dette continuera d’augmenter. À une époque où les diplômés sont confrontés à des obstacles à l’emploi et au revenu, la suppression des intérêts sur les prêts d’études aidera ceux qui sont en difficulté et stimulera l’économie en permettant aux gens d’avoir un peu plus d’argent dans leurs poches. Un rapport de la RBC publié en 2018 montre l’ampleur de cette incidence sur la contribution des diplômés à l’économie en ce qui a trait au report des grands choix de vie. Parmi les récents diplômés universitaires, plus de 50 % déclarent ne pas avoir une épargne suffisante pour les situations d’urgence, 45 % déclarent reporter l’achat d’une maison, 25 % le fondement d’une
famille et 20 % le mariage7. Ces changements signifient que l’endettement des étudiants grève actuellement l’économie. L’élimination des intérêts sur les prêts d’études contribuera à la croissance de l’économie en remettant de l’argent dans les poches des étudiants lorsqu’ils entreront dans la population active, argent qu’ils dépenseront ensuite en biens et services. En empêchant la dette des étudiants de s’accroître après l’obtention de leur diplôme, le gouvernement fédéral aidera les nouveaux diplômés à contribuer à l’économie au lieu de s’en retirer. LES INVESTISSEMENTS DANS L’AIDE FINANCIÈRE AUX ÉTUDIANTS RAPPORTENT UN RENDEMENT NET ÉVIDENT AU GOUVERNEMENT L’éducation est un investissement, tant pour l’apprenant que pour la société. Le rendement économique de l’aide financière se manifeste de nombreuses manières. Par exemple, en 2012, les diplômés universitaires britanno-colombiens payaient entre 80 300 $ et 140 000 $ plus d’impôts sur le revenu, et nécessitaient de 15 400 $ à 18 100 $ en aide gouvernementale de moins tout au long de leur vie8. Au Canada, les titulaires d’un diplôme universitaire gagnent 63 % de plus que les titulaires d’un diplôme d’études secondaires, ont un taux de chômage plus faible et sont moins touchés par les récessions que le reste de la population active 9. Le gouvernement constatera un rendement financier évident en investissant dans des programmes qui aident les étudiants issus de familles à faible et moyen revenus. Pour soutenir et faire croître l’économie, le Canada doit mettre en place des systèmes permettant à ceux qui ne disposent pas des ressources nécessaires d’obtenir l’aide dont ils ont besoin pour suivre un programme d’études postsecondaires. Compte tenu de l’incertitude économique résultant de la pandémie de COVID-19 et de la période de relance économique variable qui pourrait être nécessaire, nous recommandons au gouvernement fédéral d’éliminer définitivement les intérêts sur les prêts étudiants. Cette mesure aidera non seulement des centaines de milliers de Canadiens à gérer leurs dépenses en cette période difficile, mais elle permettra également de garantir que cet argent indispensable pourra rester dans les poches des familles à faible et moyen revenus et être réinvesti dans les économies locales. RESSOURCES ÉDUCATIVES LIBRES LE LIBRE ACCÈS AU MATÉRIEL ÉDUCATIF OUVRE LES PORTES À L’APPRENTISSAGE Recommandation : Que le gouvernement investisse 20 millions de dollars pour la création et l’adaptation de ressources éducatives libres. Le coût élevé des manuels scolaires est devenu un sérieux obstacle à l’accès aux études postsecondaires. Le prix des manuels scolaires a augmenté de 82 % entre 2002 et 2012, et dépasse désormais généralement 200 $ par livre10. Pour les nombreux étudiants et familles qui ont déjà du mal à assumer les frais de scolarité et le coût de la vie, cette dépense imprévisible peut être un énorme fardeau. De nombreux étudiants font le choix difficile de compromettre leur expérience éducative en choisissant de ne pas acheter de livres pour certains cours, ce qui pénalise leurs objectifs éducatifs. Il y a une solution à ce problème. Les ressources éducatives libres (REL), notamment sous la forme de manuels scolaires libres, sont des ressources de haute qualité qui sont accessibles en format numérique gratuitement ou en version imprimée à un coût très faible. Les REL peuvent
alléger le fardeau des coûts élevés des manuels scolaires et être consultées sur des supports accessibles aux personnes handicapées et à celles qui n’ont pas d’accès fiable à Internet. Le secteur des études postsecondaires a rapidement répondu à la pandémie de COVID-19 en mars 2020, en offrant tous les cours en ligne pour le reste du trimestre. Le semestre d’été continue de fonctionner virtuellement, mais le semestre d’automne sera probablement un modèle hybride composé d’un grand nombre de cours en ligne. La nouvelle réalité des études postsecondaires dans le contexte de la pandémie actuelle offre une occasion unique d’investir dans la création, l’expansion et l’adaptation des ressources éducatives libres pour répondre aux besoins d’une liste de programmes toujours plus longue. Les REL contribueront à réduire les obstacles financiers aux études postsecondaires tout en fournissant des outils numériques d’enseignement et d’apprentissage de haute qualité. En Colombie-Britannique, l’agence gouvernementale BCcampus supervise et centralise l’élaboration des REL. Grâce à de modestes investissements gouvernementaux ciblés de moins de 5 millions de dollars sur 9 ans, BCcampus a aidé les étudiants à économiser plus de 12 millions de dollars en leur offrant cette solution de rechange abordable aux manuels scolaires traditionnels. Cependant, toutes les provinces n’ont pas les mêmes structures, et l’élaboration des REL varie énormément d’une province à l’autre. Une injection de fonds fédéraux permettrait aux provinces de faire ce qui suit : - Créer et adapter des manuels scolaires en ligne qui reflètent et servent les divers besoins et contextes des étudiants et des éducateurs; - Établir des mécanismes durables pour maintenir ces manuels en ligne; - Créer des ressources éducatives en ligne utilisables par tous les étudiants, y compris ceux qui sont en situation de handicap physique ou qui ont des troubles d’apprentissage; - Créer et adapter les ressources auxiliaires nécessaires, telles que les devoirs et les tests, pour appuyer les manuels scolaires en ligne. Le Conseil des ministres de l’Éducation du Canada (CMEC) est bien outillé pour faciliter la distribution des fonds du gouvernement fédéral aux gouvernements provinciaux. Le CMEC et son secrétariat ont la capacité d’assumer cette responsabilité, notamment, en servant de mécanisme par lequel les ministres provinciaux de l’Éducation peuvent entreprendre des activités, des projets et des initiatives dans des domaines d’intérêt mutuel. SUBVENTIONS CANADIENNES POUR ÉTUDES BONIFIER L’AIDE FINANCIÈRE SANS AUGMENTER L’ENDETTEMENT PERSONNEL Recommandation 3 : Que le gouvernement maintienne le niveau de financement du Programme canadien de bourses aux étudiants de l’automne 2020 dans le budget de 2021. En raison des importantes mesures prises par le gouvernement pour ralentir la propagation de la COVID-19, le taux de chômage au Canada atteint des sommets quasi historiques; le chômage des jeunes est nettement plus élevé que la moyenne, atteignant près de 30 % en mai et juin 2020. Les répercussions de l’éloignement physique, de la fermeture des frontières et d’autres restrictions adoptées pour ralentir la propagation du virus se feront sentir pendant des mois. Pourtant, ces mois d’été sont cruciaux pour les étudiants et leur famille qui doivent
travailler pour épargner en vue de la prochaine année universitaire. Cette pandémie aggrave la crise d’abordabilité des études à laquelle les Canadiens sont confrontés, et l’étudiant moyen au Canada ne peut plus se permettre de poursuivre des études postsecondaires par ses propres moyens, ni même avec l’aide de sa famille. En Colombie-Britannique, les frais de scolarité annuels ont augmenté de plus de 200 % au cours des deux dernières décennies, et sont désormais supérieurs à 5 000 $ par an. Le caractère abordable des études postsecondaires est un problème crucial dans toutes les provinces, et pas seulement en Colombie-Britannique : en 2018, 64 % des Canadiens détenaient une dette égale ou supérieure à 20 000 $ en prêt d’études au moment où ils ont obtenu leur diplôme11. La majorité des cours devraient être dispensés exclusivement en ligne au cours du semestre d’automne 2020, et probablement aussi au cours du semestre d’hiver 2021. Bien que nécessaire, cette solution crée un ensemble unique de dépenses potentielles, telles que des services Internet améliorés, de nouveaux appareils électroniques et des espaces de travail ergonomiques qui étaient auparavant largement accessibles sur les campus ou dans la communauté. Ces nouveaux fardeaux sont exacerbés dans les communautés rurales et nordiques, qui sont déjà confrontées à des problèmes d’abordabilité dans le meilleur des cas. La population étudiante a applaudi le plan du gouvernement fédéral visant à considérablement augmenter le financement du Programme canadien de bourses aux étudiants à l’automne 2020. Cet investissement aidera de nombreux étudiants qui ont dû faire face à des changements soudains de leurs revenus en raison de la pandémie; cependant, nous savons que les familles ne se remettront pas de cette crise économique en un an seulement. De nombreux secteurs auront besoin de plus de travailleurs, notamment dans les métiers du bâtiment, les soins de santé et l’éducation; or, certains secteurs peuvent recourir à des emplois contractuels et certains travailleurs devront peut-être se recycler. La fédération recommande que le niveau d’appui dans le cadre du Programme canadien de bourses aux étudiants de l’automne 2020 soit maintenu dans le budget de 2021 du gouvernement. La pandémie de COVID-19 a changé de façon spectaculaire les réalités économiques de millions de Canadiens, ce qui a laissé de nombreuses familles confrontées à une réalité financière très différente de celle de l’année précédente. Pour les aider, nous recommandons que le gouvernement se penche sur l’obligation d’utiliser les revenus de l’année fiscale précédente comme facteur déterminant des besoins financiers. Nous recommandons également au gouvernement fédéral de mettre en place un cadre pour éliminer les prêts d’études au Canada et de remplacer tous les prêts actuels et futurs par des bourses d’études non remboursables. La relance économique sera longue, et nous continuons à nous préoccuper du montant de la dette des étudiants. En investissant davantage dans les aides non remboursables, nous veillerons à ce que personne ne soit laissé pour compte et à ce que notre main-d’œuvre puisse être flexible. NOTES EN FIN DE TEXTE 1. Vadim Revzin, Sergei Revzin, « Student Debt is Stopping U.S Millennials from Becoming Entrepreneurs », Harvard Business Review, 26 avril 2019, https://hbr.org/2019/04/stu- dent-debt-is-stopping-u-s-millennials-from-becoming-entrepreneurs 2 www.huffingtonpost.ca/2017/07/11/canadians-real-wages-are-shrinking-is-that-why-were-falling-i_a_23025302/ 3 Enquête sur la sécurité financière, Statistique Canada 4 https://cusc-ccreu.ca/?page_id=207&lang=fr 5 Communication par courrier électronique, Jim Martell, Student Outcomes-BC. 6. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/45-28-0001/2020001/article/00063-fra.htm
7. https://discover.rbcroyalbank.com/the-cost-of-credentials-the-shifting-burden-of-post-secondary-education-in-canada/ 8. www.policyalternatives.ca/sites/default/files/uploads/publications/BC Office/2012/01/CCPA_Paid_in_Full_2012_web.pdf 9. https://discover.rbcroyalbank.com/the-cost-of-credentials-the-shifting-burden-of-post-secondary-education-in-canada/ 10. « Students Have Greater Access to Textbook Information » (2013). U.S. Government Accountability Office, 6 juin 2013, www.gao.gov/prod- ucts/GAO-13-368 11. Consortium canadien de recherche sur les étudiants universitaires, Rapport général 2018 auprès des étudiants de dernière année, 2018. https://cusc-ccreu.ca/?page_id=207&lang=fr
Vous pouvez aussi lire