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MALI Analyse des images satellitaires sur la dynamique des surfaces agricoles dans les zones difficiles d'accès (insécurité) en 2021 Messages clés o L’insécurité a fortement perturbé en 2021 la saison agricole dans les cercles du plateau Dogon, de Djenne et de Douentza (région de Mopti) et quelques communes des cercles de Niono, Ségou, San et Tominian (Région de Ségou). o 5% des localités de la zone d’étude est touché par des diminutions moyennes à importantes de surfaces agricoles en 2021. Les régions les plus affectées sont celles de Mopti avec 12% des localités et de Ségou avec 3%. o Une stabilité est constatée au niveau régional à Mopti de la situation agricole. 12% des localités ont connu des diminutions moyennes à importantes en 2021, autant qu'en 2020. En 2019, ce nombre montait à 16%. o L'insécurité sévit dans certains cercles du Mali, mais on ne note pas d'impact majeur sur les surfaces agricoles dans ces zones en 2021. o La dynamique des superficies agricoles est affectée par le changement climatique notamment dans les cercles de Diéma, Nioro et Nara ou les tendances sont à l’augmentation des superficies. o De multiples signes visibles depuis l’espace traduisent des situations de forte vulnérabilité sur le terrain, y compris des ménages confinés dans ou déplacés depuis leurs villages. o Environ 254 000 personnes sont affectées par les diminutions moyennes à importantes de surfaces agricoles dans les régions de Ségou et Mopti en 2021. 1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION : Le Mali traverse une crise sécuritaire profonde due aux conflits des groupes armés et aux tensions inter et intra-communautaires dans le nord depuis les années 2012. Cette instabilité sécuritaire a gagné le centre du pays en 2018 et progressivement les autres régions. L’insécurité n’a cessé d’augmenter surtout dans les régions de Ségou, Mopti, Tombouctou, Kidal et Gao puis s’est étendue sur le reste du pays notamment le nord des régions de Kayes, Koulikoro et Sikasso. Les populations civiles continuent de payer la plus lourde tribu, à travers les attaques de villages, des tueries, des incendies, la pose d’engins explosifs, des enlèvements, de la destruction des champs et des greniers et du vol de bétail…. Ces différentes formes de violence ont un impact négatif sur la sécurité alimentaire à travers la dégradation des moyens d’existence des ménages, les déplacements de populations et la forte perturbation des activités socio-économiques. La perturbation des mouvements des personnes et des biens allant jusqu’à l’impossibilité d’accéder aux exploitations agricoles et aux marchés. En plus de l’insécurité persistante, les ménages ont connu et trainent encore les séquelles de la crise sanitaire marquée par l’avènement de la pandémie de la COVID 19 et une crise socio politique qui secoue le pays depuis mars 2020. Pour mieux comprendre l’impact de cette situation sur la dynamique des surfaces agricoles, l’utilisation d’images satellitaires s’avère un moyen efficace et innovant pour acquérir des données dans ces zones difficilement accessibles. Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
Les images satellitaires acquises pendant la période du 15 juin au 10 octobre pour les années 2016, 2017, 2018, 2019, 2020 et 2021, ont été utilisées pour détecter et apprécier la dynamique des surfaces agricoles dans les zones concernées. La période couverte concerne en théorie la préparation des terres, les semis, les pousses des cultures et une partie de la récolte. L’analyse a concerné de 9 350 localités dans les 7 régions. Elle est basée sur l’analyse NDVI des images satellitaires des localités, une par une, afin d’apprécier la dynamique des surfaces agricoles ainsi, une appréciation qualitative est fournie, sans une quantification des superficies perdues ni le type de culture[1]. Elle permet de classer les localités selon 5 variables (Augmentation, pas de changement, diminution légère, diminution moyenne et diminution importante. Une carte ainsi produite permet d’identifier les villages ayant connu des difficultés à cultiver cette année. Ce travail est le résultat d’une analyse conduite en octobre 2021 par le Ministère du Développement Rural (MDR) en collaboration avec le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et l’implication des services techniques et certains partenaires : Cellule AGIR, CPS/SDR, DNA, DRA (Gao, Tombouctou, Mopti et Ségou), INSTAT, IGM, DNGR, Mali-Météo, USSGB, IER, GIZ, IPRODI. La corrélation de ces résultats avec des données secondaires (Système Expert, population, proportion de ménages agricoles, données sur l’évaluation de la campagne agricole, incidents sécuritaires), permet de mettre en évidence le lien entre la dynamique des surfaces cultivées et le contexte sécuritaire de ces zones. Globalement, il ressort de cette analyse que l’agriculture a été impactée différemment dans les zones concernées à des degrés divers et selon la localité, l’ampleur des perturbations de mouvement, la présence de groupes armés, les rapports intercommunautaires, la situation pluviométrique de ces dernières années (changement climatique), la crise sanitaire et socio politique, etc. Ces différents facteurs combinés ou non recommandent une utilisation nuancée des dynamiques agricoles au sein des zones concernées. 2. ZONES ANALYSÉES : Les 27, 28 et 29 juillet 2021, le Ministère du Développement Rural (MDR) en collaboration avec le Programme Alimentaire Mondial a organisé un atelier de formation sur l’utilisation des Produits d’Observation de la Terre (POT) pour le suivi de la campagne agricole. Cet atelier a abouti à un plan d’action et a procédé à l’identification des cercles confrontés à l’insécurité au Mali qui feront l’objet de suivi de la campagne agricole 2021 – 2022, sur lesquels l’analyse de la dynamique des surfaces agricoles et dont ce rapport présente les résultats. [1] La méthodologie est discutée en Annexe 1 Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
3. RÉSULTATS DE L’ANALYSE : La carte ci-après montre en jaune, en orange et en rouge les localités pour lesquelles a été détectée, respectivement, une diminution légère, moyenne et importante en 2021 par rapport aux années 2016 et 2017. Les points gris représentent les villages où il n’y a pas eu de changement détecté, alors que les points verts montrent les localités où des augmentations de surfaces agricoles ont été observées. • Les régions de Mopti et Ségou sont les plus affectées par les diminutions moyennes à importantes de surfaces agricoles1 et dans une moindre mesure, les régions de Tombouctou, Kayes et Koulikoro et très peu dans les régions de Gao et Sikasso (les pourcentages exacts de villages concernés sont fournis dans le Tableau 1 ci-dessous). On note que les zones où les diminutions de superficies cultivées les plus importantes ont été détectées sont aussi celles qui sont les plus affectées par l'insécurité (fortes tensions intercommunautaires, des conflits entre groupes armés, des attaques des terroristes…) ; • Les localités qui ont connu des augmentations sont localisées dans toutes les régions, elles sont en nombre important surtout dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Tombouctou. Cette situation peut s’expliquer par les aménagements hydro-agricoles réalisés par l’Etat, des conditions climatiques plus ou moins favorables lors de cette saison agricole malgré le retard des pluies, retour/arrivée de populations déplacées dans certaines zones, les 1 Des exemples d’images satellitaires sont donnés en Annexe 2 pour illustrer ces diminutions et augmentations de surfaces cultivées entre 2021 et une année passée Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
partenaires et ???privés ces dernières années, la mécanisation de l’agriculture dans certaines régions et aussi l’engouement pour certaines cultures... ; • Au Nord du pays, les augmentations constatées sont principalement au long du fleuve et tout autour des lacs et mares qui sont les zones principales de cultures (périmètre irrigués, culture de décrue, submersion libre et contrôlée.) ; • Par ailleurs, au cours de l’interprétation visuelle des images satellitaires, deux types de changement sur le paysage ont été détectés, tout particulièrement dans la région de Mopti (plateau dogon et Douentza) et dans une moindre mesure dans celle de Ségou (cercles de Ségou et Niono) : o Pour plus d’une centaine de villages touchés par des diminutions de surfaces agricoles, les images satellitaires montrent que les champs, qui en 2016 et en 2017 s’étendaient parfois jusqu’à 10 km autour des localités, ne sont plus cultivés en 2021 que dans un périmètre restreint à proximité des habitations (dans un rayon allant de 500 m à 2 km autour du village) et parfois même un ??? abandon total des surfaces agricoles est détecté. Ce phénomène est probablement lié aux restrictions de libre circulation imposées aux populations dans certaines localités, aux attaques et menaces. Les tableaux ci-dessous présentent les résultats de l’analyse de la dynamique des surfaces agricoles par cercle dans les zones qui ont fait l’objet d’analyse : Le nombre et pourcentage de localités affectées par les types de dynamiques ; L’estimation de la population qui est fournie à titre indicatif avec la population projetée de 20192 pour les régions de Ségou et Mopti, la population projetée 2021 n’est pas disponible ; Comparaison des analyses de dynamiques de surfaces agricoles et de l’estimation des populations affectées pour la région de Mopti. 2 Source : Direction nationale de la population (DNP) Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
3.1. Tableau récapitulatif de l’analyse de la dynamique des surfaces agricoles par cercle : L’analyse satellitaire est basée sur la liste de localités ayant servi au recensement de 2009 3, quelques localités ont été rajoutées et d’autres ayant été mal géoréférencées ont été supprimées. À chaque localité des régions de Ségou et Mopti analysée, est associée la population projetée de 2019. Pour les autres régions l’information n’a pas pu être collectée. Tableau 1 : nombre et pourcentage par cercle de localités affectées par les différents types de dynamiques de surfaces agricoles en 2021 Diminution Diminution Nbre de Augmentation Pas de changement Diminution légère Régions Cercles moyenne importante localités Nbre % Nbre % Nbre % Nbre % Nbre % Diema 285 170 60% 69 24% 38 13% 6 2% 2 1% Kayes Nioro 262 158 60% 51 19% 52 20% 0 0% 1 0% Total cercle 547 328 60% 120 22% 90 16% 6 1% 3 1% Banamba 305 187 61% 89 29% 29 10% 0 0% 0 0% Kolokani 616 238 39% 375 61% 3 0% 0 0% 0 0% Koulikoro Nara 460 259 56% 71 15% 121 26% 9 2% 0 0% Total cercle 1381 684 50% 535 39% 153 11% 9 1% 0 0% Yorosso 204 51 25% 151 74% 2 1% 0 0% 0 0% Sikasso Total cercle 204 51 25% 151 74% 2 1% 0 0% 0 0% Macina 496 33 7% 454 92% 4 1% 3 1% 2 0% Niono 350 55 16% 231 66% 47 13% 14 4% 3 1% San 582 60 10% 498 86% 8 1% 2 0% 14 2% Segou Segou 736 87 12% 595 81% 23 3% 8 1% 23 3% Tominian 382 46 12% 306 80% 23 6% 2 1% 5 1% Total cercle 2546 281 11% 2084 82% 105 4% 29 1% 47 2% Bandiagara 553 10 2% 446 81% 37 7% 51 9% 9 2% Bankass 437 15 3% 290 66% 26 6% 55 13% 51 12% Mopti Djenne 284 38 13% 20 7% 189 67% 37 13% 0 0% Douentza 416 15 4% 329 79% 34 8% 22 5% 16 4% 3 Source : Institut national de la statistique (INSTAT)
Koro 505 8 2% 362 72% 35 7% 67 13% 33 7% Mopti 383 37 10% 325 85% 13 3% 8 2% 0 0% Tenenkou 346 50 14% 278 80% 7 2% 9 3% 2 1% Youwarou 226 53 23% 136 60% 37 16% 0 0% 0 0% Total région 3150 226 7% 2186 69% 378 12% 249 8% 111 4% Dire 119 99 83% 16 13% 4 3% 0 0% 0 0% Goundam 179 46 26% 132 74% 1 1% 0 0% 0 0% G. Rharous 172 33 19% 139 81% 0 0% 0 0% 0 0% Tombouctou Niafunke 347 248 71% 85 24% 7 2% 4 1% 3 1% Tombouctou 126 46 37% 76 60% 4 3% 0 0% 0 0% Total région 943 472 50% 448 48% 16 2% 4 0% 3 0% Ansongo 146 0 0% 146 100% 0 0% 0 0% 0 0% Bourem 178 0 0% 178 100% 0 0% 0 0% 0 0% Gao Gao 204 2 1% 202 99% 0 0% 0 0% 0 0% Menaka 49 0 0% 49 100% 0 0% 0 0% 0 0% Total région 577 2 0% 575 100% 0 0% 0 0% 0 0% Grand total ensemble 9348 2044 22% 6099 65% 744 8% 297 3% 164 2%
• Environ 5% des localités des cercles analysés est touché par des diminutions moyennes à importantes de surfaces agricoles. Cette diminution affecte différemment les régions, les plus touchées sont les régions de Mopti avec 12% des localités suivi de Ségou (3%) ; • Les régions de Kayes, Koulikoro et Tombouctou sont constituées majoritairement avec des localités qui ont connu des augmentations en 2021 (respectivement 60%, 50% et 50% de localités concernées) ; • « Pas de changement visible » est majoritaire dans les régions de Gao 100%, Ségou 82%, Sikasso 74% et Mopti 69%. Les commentaires ci-dessous présentent les interprétations détaillées de l’analyse par région selon les différentes dynamiques détectées par suite à l’analyse des images satellitaires et le rapprochement des résultats au diagnostic actuel sur le terrain par l’appui des agents d’encadrement des Directions Régionales de l’Agriculture (DRA), les chefs secteurs de l’agriculture (SA) et les coordinateurs régionaux du Système d’Alerte Précoce (SAP) : La région de Kayes : L'analyse a porté sur deux des sept cercles de la région de Kayes : Diéma et Nioro. Les diminutions moyennes à importantes sont constatées dans le cercle de Diéma à hauteur de 3% des localités du cercle. Les deux cercles ont connu majoritairement des augmentations de surface agricole (60% des localités pour chacun). Les localités ayant connu des augmentations de superficies s’expliquent par : - La régularité de la situation pluviométrique ces dernières années qui s’est beaucoup améliorée ; - L’engouement des producteurs pour la culture de la pastèque ; - La mécanisation des opérations culturales à travers l’utilisation des tracteurs dont le nombre s’accroit d’année en année avec l’appui des expatriés de la zone. Les localités ayant connu des diminutions de superficies s’expliquent par : - La pression des déprédateurs notamment les oiseaux et les sautereaux qui poussent les producteurs à abandonner certaines zones de cultures ; - La migration des bras valides de la région qui aggrave l’insuffisance de main d’œuvre dans certaines localités ; - La confiscation de parcelles de certains producteurs à cause de conflits liés à la pratique de l’esclavage par ascendance ou des conflits intercommunautaires. La région de Koulikoro : Sur un total de sept (7) cercles, trois ont fait l’objet d’analyse. Aucun cercle analysé n’a mis en exergue des localités qui ont subi des diminutions moyennes à importantes dans la région. Les cercles de Banamba et de Nara présentent en majorité des augmentations (respectivement 61% et 56% des localités); quant au cercle de Kolokani, la majorité des localités (61%) ne présente pas de changement visible. Les localités ayant connu des augmentations de superficies s’expliquent par : - L’augmentation des superficies de sorgho du fait de la régularité des pluies de ces dernières années et l’existence des variétés adaptées ; Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
- L’introduction de la culture de maïs ; - La vulgarisation des variétés hâtives et ; - Les nouveaux aménagements hydroagricoles. Les localités ayant connu des diminutions de superficies s’expliquent par : - Les cas d’inondations qui poussent les producteurs à quitter certaines terres de cultures et à l’exode rural entrainant l’insuffisance de main d’œuvre ; - Les conflits intercommunautaires et la pratique de l’esclavage par ascendance conduisant à des cas d’expropriation de terres agricoles dans certaines communes notamment les communes de Ouagadou et Nara (village de Kéibane) dans le cercle de Nara ; - L’irrégularité pluviométrique et l’insuffisance d’équipements agricoles qui poussent les producteurs à abandonner certaines terres de cultures. La région de Sikasso : La région de Sikasso compte sept (7) cercles dont, un seul (Yorosso) a fait l’objet d’analyse. Dans le cercle de Yorosso, l’analyse des images satellitaires n’a pas révélé de localités en diminutions moyennes et importantes. Les diminutions légères (1%) observées des localités ne sont pas liées au contexte sécuritaire que connait le cercle. La région de Ségou : L’analyse a couvert cinq (5) cercles (Ségou, Macina, Niono, San et Tominian) sur sept (7) que compte la région. Les cercles concernés par l’analyse dans cette région ont été différemment impactés par les diminutions moyennes à importantes dont Niono 5%, Ségou 4% et Tominian 3%. Pour tous les cercles, la majorité des localités (plus de 65%) ne présente pas de changement visible en 2021. Par ailleurs, les augmentations de surfaces agricoles ont été constatées dans tous les cercles avec un taux qui varie entre 7% à 16% de localités selon les cercles. D’après des informations fournies par la DRA-Ségou : 84 localités/hameaux de cultures dans le cercle de Niono ont été déplacés cette année, suite à des menaces/attaques, 11 465 hectares de terres cultivées sont estimés avoir été abandonnées en 2021. Toujours selon la DRA, les opérations de récolte sont entravées par l’insécurité persistante avec la destruction des gerbiers de riz et l’interdiction d’accès aux parcelles en maturité. Ainsi les 115 471 hectares mis en valeur ne seraient pas entièrement récoltés et battus dans la zone office. Cette situation d’entrave à l’accès aux parcelles est présentement accentuée dans les zones de production de Molodo, N’Débougou et Kouroumari. Selon une enquête en cours de la DRA-Ségou qui couvre toute la région, 45 352 hectares sont identifiés comme abandonnés et 18 070 producteurs touchés sont recensés. Les localités ayant connu des augmentations de superficies s’expliquent par : - Des efforts consentis pour l’aménagement hydro-agricole de plusieurs dizaines de milliers d’hectares dans les cercles de Niono, Macina, Ségou et San ; - L’installation/arrivée de déplacés dans les zones qui sont moins exposées à l’insécurité et leurs accès aux terres agricoles/jachères. Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
Les localités ayant connu des diminutions de superficies s’expliquent par : - L’insécurité récurrente qui a entrainé l’abandon des localités face à la menace/attaques et la présence des groupes radicaux ; - Le déplacement massif des populations vers des zones plus sécurisées à la recherche de protection laissant derrière eux les terres qu’elles cultivent depuis des années. La région de Mopti : Tous les cercles de la région de Mopti sont couverts par les analyses de 2021. Moins d’un quart (23%) des localités de la région est touché par des diminutions de surfaces agricoles dont 12% constitue des diminutions importantes à moyennes. Les cercles les plus affectés par ces diminutions en 2021 sont Bankass (24% des localités), Koro (20%), Djenne (13%) et Bandiagara (11%). La majorité des localités des cercles de Mopti, Bandiagara, Tenenkou, Douentza et Koro ne présente pas de changement visible en 2021. Une augmentation des surfaces agricoles allant de 10 à 23% a été constatée dans les cercles de Djenne, Mopti, Tenenkou et Youwarou. Les diminutions peuvent s’expliquer d’une part au retard dans les opérations de semis à travers une installation tardive de la pluviométrie et sa mauvaise répartition dans le temps et dans l’espace au niveau de tous les cercles de la région occasionnant un retard dans le développement des différentes cultures et d’autres part à l’insécurité grandissante au centre empêchant la mise en valeur des parcelles un peu distant des localités et à l’inondation de certaines parcelles. La région de Tombouctou : Les analyses ont été effectuées pour les cinq (5) cercles que comptent la région. Les cercles de Dire et Niafunke sont majoritairement dominés par les augmentations (respectivement 83% et 71% des localités) tandis que les cercles de G. Rharouss 81%, Goundam 74% et Tombouctou 60% de « Pas de changement visible ». Les localités où, il a été constaté une augmentation des surfaces agricoles sont celles le long du fleuve Niger, des cours d’eau, les alentours des lacs et mares. Des diminutions moyennes à importantes ont été constatées dans le cercle de Niafunke qui sont de l’ordre de 3% des localités du cercle. Les augmentations observées dans cette région s’expliquent par les aménagements hydro- agricoles réalisés par l’Etat, les projets/programmes et les initiatives privées. Pour les diminutions, elles s’expliquent par les menaces/attaques des groupes radicaux. La région de Gao : Les résultats dans le tableau représentent la situation de l’analyse des cercles de Bourem, Ansongo, Gao et Ménaka dans la région de Gao. Le constat est que sur 577 localités analysées. 3.2. Estimation de la population affectée par les diminutions de surfaces agricoles en 2021 dans les régions de Ségou et Mopti ; Définir une méthodologie consensuelle d’estimation de la population affectée par les diminutions de superficies agricoles constitue une phase importante de cette analyse. Elle a été basée sur : 1. L’identification de toutes les localités qui ont connu une diminution moyenne à importante de surfaces agricoles ; 2. Sur la base de ces localités retenues, un deuxième filtre est appliqué pour retenir dans cette liste, les localités des communes dont les producteurs arrivent à couvrir au moins leurs besoins alimentaires au moins pour neuf (9) mois dans l’année, c’est-à-dire « largement excédentaire », « excédentaire », « autosuffisant » et « déficitaire ». Cette Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
information vient du Système d’Alerte Précoce (SAP) - Système Expert qui catégorise les communes en huit (8) classes : largement excédentaire, excédentaire, autosuffisant, déficitaire, très déficitaire, secondaire, appoint et négligeable ; 3. Enfin, la proportion de ménage pratiquant habituellement l’agriculture (ENSAN- Sept2019) est appliquée à la population projetée 2019 (DNPop) pour chaque localité faisant partir de la liste définitive des localités ayant subi une diminution moyenne à importante et pouvant couvrir les besoins alimentaires au moins pour 9 à 12 mois. Cette méthodologie nous a permis d’aboutir à l’estimation de la population affectée par les diminutions (moyenne à importante) de surfaces agricoles par cercle (voir tableau ci-dessous) Tableau 2. Dynamique des surfaces agricoles, population affectée par les diminutions moyennes à importante : nombre et % par cercle. Population Population affectée Régions Cercles 2019 Nombre % Bandiagara 430896 2 675 1% Bankass 363978 74 396 20% Djenne 286497 32 526 11% Douentza 339026 843 0% Mopti Koro 498435 90 834 18% Mopti 507120 3 485 1% Tenenkou 223965 4 430 2% Youwarou 149182 0 0% Total région 2799099 209 188 7% Macina 324 526 859 0% Niono 501 574 15 075 3% San 458 605 6 117 1% Segou Segou 956 923 14 541 2% Tominian 303 978 8 040 3% Total région 2 545 606 44 633 2% Total ensemble 5 344 705 253 821 5% A défaut de la population de projetée 2021, nous avons utilisée celle de 2019. Elle n’est disponible que pour les régions de Ségou et Mopti Les cercles les plus affectés par les diminutions (moyenne à importante) en termes de population sur la base de la projection de la population de 2019 (DNP) sont les cercles de la région de Mopti avec 20% à Bankass, Koro 18% et 11% à Djenne. Pour la région de Ségou, il y’a les cercles de Niono 3%, Tominian 3% et Ségou 2%. La population touchée dans les deux régions (Mopti et Ségou) est estimée à 253 821 personnes, représentant 7% de la population totale de la région de Mopti et 5% pour celle de Ségou4. 4 De la population totale des cinq cercles (Ségou, Macina, Niono, San et Tominian) de la région analysée sur les huit. Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
Carte 3. Dynamique des surfaces agricoles : Population affectée en 2021 par localité, régions de Mopti et Ségou. Les autres régions n’ont pas fait l’objet d’estimation de population affectées par faute de données sur la population. 3.3. Comparaison des analyses (dynamique surface agricole et estimation de population) octobre 19, octobre 20 et octobre 21 de la région de Mopti : En faisant une comparaison des analyses d’octobre 2019, octobre 2020 et celles d’octobre 2021 nous constatons, une augmentation des surfaces agricole dans la région de Mopti. Les diminutions moyennes et diminutions importantes passent de 16% des localités en 2019 à 12% en 2020 et 2021. Cette tendance se confirme pour les cercles de Bandiagara (35% en 2019, 23% en 2020 et 11% en 2021), Koro (25% en 2019, 24% en 2020 et 20% en 2021) qui connaissent une relative amélioration. La stabilité est constatée pour les cercles de Youwarou, Tenenkou et Mopti avec 1% de différence entre les différentes analyses. Les cercles qui ont connu une dégradation en 2021 sont Djenne 7% des localités significativement affectées en 2019, 4% en 2020 et 13% en 2021), Douentza (10% en 2019, 5% en 2020, 9% en 2021) et Bankass (22% en 2019, 22% et 24%), voir Graphique 1. Les différences d'interprétation par les analyses d'une année sur l'autre peuvent avoir un impact également, cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs dont : ➢ L’arrivée/le retour de populations déplacées dans ces zones ; ➢ L’organisation des populations en groupe de travail champêtre pour des raisons d’ordre sécuritaire ; ➢ Les efforts consentis par le gouvernement et ses partenaires dans le cadre de la sécurisation de ces zones. ➢ Les accords signés entre les communautés et groupes armés ; ➢ La réduction de la fréquence des attaques par rapport à 2019 et 2020 ; Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
➢ Les conditions climatiques relativement favorables en début de campagne dans certaines zones ; ➢ La réalisation d’aménagement/réhabilitation hydro agricoles au niveau de certains cercles. 40% 35% 35% 30% 25% 24% 24% 23% 22% 22% 25% 20% 20% 16% 13% 12% 12% 15% 11% 10% 9% 10% 7% 5% 4% 3% 3% 5% 2% 2% 1% 1% 0% 0% 0% 0% Bandiagara Bankass Djenne Douentza Koro Mopti Tenenkou Youwarou Région Analyse 2019/référence Analyse 2020/référence Analyse 2021/référence Graphe 1. Dynamique des surfaces agricoles : comparaison des analyses octobre 2019, 2020 et 2021 en termes de proportion de localités ayant connu de diminution moyenne à importante par cercle Par rapport à la comparaison des populations affectées en 2020 et 2021, une stabilité est constatée dans la région mais, au Population Population niveau cercle, il faut noter que les Population Cercles affectée en 2020 affectée en 2021 cercles de Djenne, Bankass et 2019 Nbre % Nbre % Tenenkou ont connu une Bandiagara 430 896 19 181 4% 2 675 1% augmentation de la population Bankass 363 978 57 318 16% 74 396 20% affectée par les diminutions qui sont Djenne 286 497 4 932 2% 32 526 11% passées respectivement de 2% en Douentza 339 026 2 048 1% 843 0% 2020 à 11% en 2021, 16% en 2020 à Koro 498 435 102 762 21% 90 834 18% 20% en 2021 et 0% en 2020 à 2% en Mopti 507 120 2 407 0% 3 485 1% 2021. Les diminutions du nombre de Tenenkou 223 965 517 0% 4 430 2% population affectée ont été Youwarou 149 182 2 315 2% 0 0% enregistrées dans les cercle de Région 2 799 099 191 481 7% 209 188 7% Bandiagara (4% en 2020 à 1% en Tableau 3. Comparaison des populations affectées pour les analyses d’octobre 2020 et 2021) et Youwarou (2% en 2020 à 0% 2021. en 2021). 3.4. Corrélation avec l’insécurité au Mali et les données de la campagne agricole (SAP et DNA) ; Les résultats ont été triangulés avec des données d’insécurité. Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
Le projet « Armed Conflict Location & Nbre d'incidents Nbre de Régions Cercles Event Data » (ACLED) collecte des sécuritaires morts Ansongo 193 489 données géoréférencées Bourem 33 6 d’évènements de conflit armé et les Gao Gao 120 130 morts liés à ces incidents, permettant Menaka 85 198 de cartographier les zones de crise. La Total 431 823 carte ci-dessous (Carte 4) montre la Diema 8 18 dynamique des surfaces agricoles par Kayes Nioro 7 2 localité superposée avec les données Total 15 20 Banamba 1 0 d’incidents sécuritaires recensés pour Kolokani 2 4 la période du 01 janvier au 10 octobre Koulikoro Nara 22 8 2021. Total 25 12 Le tableau ci-contre (Tableau 4) Bandiagara 167 222 montre les nombres d’incidents Bankass 81 34 sécuritaires et nombres de morts par Djenne 90 162 Douentza 246 534 cercle signalés par ACLED entre Mopti Koro 74 84 janvier et octobre 2021, pour notre Mopti 103 150 zone d’analyse. Les types Tenenkou 30 102 d’évènements qui ont été pris en Youwarou 20 8 compte sont les suivants : Battles Total 811 1296 (batailles), Explosions / Remote violence Macina 35 62 (explosions / violence actionnée à Niono 173 176 San 12 20 distance) et Violence against civilians Segou Segou 47 72 (violence dirigée contre les civils). Tominian 18 36 Sur cette période, 1 757 incidents Total 285 366 sécuritaires sur les 2 000 signalés au Sikasso Yorosso 36 14 Total 36 14 Mali se sont déroulés dans la zone Dire 9 0 d'analyse (soit 88%) et a enregistré 2 Goundam 19 2 639 morts, 93% de l’ensemble des 73 82 G. Rharous morts au niveau national. Tombouctou Niafunke 16 14 Les régions les plus affectées pendant Tombouctou 37 10 cette période, sont Mopti avec 811 Total 154 108 Grand Total 1757 2639 incidents sécuritaires pour (1 296 morts), suivi de Gao 431 incidents Tableau 4 nombre d’incidents sécuritaires et nombre de morts par cercle entre 01 janvier et 10 octobre 2021 (ACLED) contre (823 morts), Ségou 285 incidents pour (366 morts) et Tombouctou 154 incidents contre (108 morts). Sur la carte ci-dessous, nous pouvons observer : • Les localités affectées par des diminutions moyennes (en orange) et importantes (en rouge) se trouvent dans des zones où ont été reportés de nombreux incidents sécuritaires. • Les cercles de l’est de la région de Mopti et le Nord des cercles de la région de Ségou étant aux prises de l’interférence de différents groupes armés, la violence intercommunautaire est exacerbée et le contexte sécuritaire global est très volatil. L’impact de cette situation sur les surfaces agricoles cultivées est fortement visible en 2021 dans les cercles de Koro, Bandiagara Douentza, Bankass, Djenne et Mopti (région de Mopti) et Niono, Ségou (région de Ségou). Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
• Les régions de Gao, Tombouctou, Sikasso, Koulikoro et Kayes et les cercles de zones inondées ont également connu des évènements violents durant cette période, mais en nombre plus faible. Ces zones sont particulièrement touchées par la présence de groupes armés, impliquant une forte criminalité mais permettant un état de calme relatif. Cette situation sécuritaire, ainsi que le contexte géographique de ces zones, pourraient expliquer un déroulement de la saison agricole moins perturbé que pour les cercles du plateau Dogon et le Nord de la région de Ségou. L’insécurité sévit dans les cercles de la zone d’analyse mais n’a pas eu forcément un impact négatif sur la dynamique des surfaces agricoles de ces cercles. Les zones où ont été observées des augmentations de surfaces agricoles ont enregistré Peu ou pas d’incidents sécuritaires pendant la période indiquée. Les résultats croisés avec les données de l’évaluation provisoire de la campagne agricole par le SAP confirment (carte 5) que les diminutions moyennes et importantes sont observées dans les communes classées par le SAP comme étant des communes qui ont réalisé une mauvaise à très mauvaise campagne agricole dans la zone d’analyse. Carte 4. Dynamique des surfaces agricoles / Incidents sécuritaires en 2021 Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
Carte 5. Dynamique des surfaces agricoles/Evaluation de la campagne agricole 2021-2022 4. RECOMMANDATIONS POUR L’ANALYSE DU CADRE HARMONISÉ (CH) Il est recommandé d’utiliser les informations Pour faciliter l’interprétation des résultats de présentées ci- dessus pour informer l’analyse, un seuillage est proposé. Il est l’analyse des facteurs contributifs du CH de important de noter que les consultations sur novembre 2021, notamment sous deux le seuillage de l’analyse des dynamiques des volets : cultures sont en cours au niveau du Comité Technique du CH. Les recommandations ci- o Disponibilité : étant donné que l’analyse des dessous sont donc à considérer comme dynamiques des cultures consiste préliminaires et indicatives. essentiellement dans une analyse des indices de végétation, les données produites Pour le volet Disponibilité, le changement peuvent informer l’analyse des facteurs global positif ou négatif déterminé sur base contributifs sous le volet Disponibilité, de la somme des diminutions et conformément aux dispositions du Manuel augmentations moyennes et importantes du Cadre Harmonisé. est utilisé : • Si le changement global positif/négatif o Dangers & Vulnérabilité : là où une est compris entre 5 et 10% des localités diminution des superficies cultivées est ou populations analysées : impact associée à un abandon total de villages et de positif/négatif léger. champs cultivés et/ou à des évènements • Si le changement global positif/négatif violents (sur base des données ACLED), est compris entre 10 et 20% : impact l’information produite peut aussi informer positif/négatif moyen. l’analyse des facteurs contributifs sous le • Si le changement global positif/négatif volet Dangers & Vulnérabilité. est supérieur à 20% : impact positif/négatif fort. Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
Pour le volet Dangers & Vulnérabilité, • Si le changement négatif est compris uniquement les diminutions moyennes et entre 5 et 10% : impact négatif léger. importantes sont retenues, là où elles sont • Si le changement négatif est compris entre associées à un abandon total des villages et 10 et 20% : impact négatif moyen. champs cultivés et/ou à des évènements • Si le changement négatif est supérieur à violents sur base des données ACLED : 20% : impact négatif fort. Le tableau ci-dessous visualise les principaux résultats pour les cercles analysés : Recommandations CH Remarques et éléments de contexte Population Région Cercle Dangers & Nbre d'incidents Disponibilité affectée Nbre de morts Vulnérabilités sécuritaires Gao Ansongo - - 193 489 Gao Bourem - - 33 6 Gao Gao - - 120 130 Gao Menaka - - 85 198 Kayes Diema - - 8 18 Kayes Nioro - - 7 2 Koulikouro Banamba - - 1 0 Koulikouro Kolokani - - 2 4 Koulikouro Nara - - 22 8 Mopti Bandiagara Négatif léger Négatif moyen 2 675 167 222 Mopti Bankass Négatif fort Négatif fort 74 396 81 34 Mopti Djenne Négatif moyen 32 526 90 162 Mopti Douentza Négatif léger Négatif moyen 843 246 534 Négatif Négatif moyen 90 834 74 84 Mopti Koro moyen Mopti Mopti Positif léger - 3 485 103 150 Mopti Tenenkou Positif moyen - 4 430 30 102 Mopti Youwarou Positif fort - 0 20 8 Segou Macina Positif léger - 859 35 62 Segou Niono Positif moyen - 15 075 173 176 Segou San Positif léger - 6 117 12 20 Segou Segou Positif léger - 14 541 47 72 Segou Tominian Positif moyen - 8 040 18 36 Sikasso Yorosso - - 36 14 Tombouctou Dire - - 9 0 Tombouctou Goundam - - 19 2 Tombouctou G. Rharouss - - 73 82 Tombouctou Niafunke - - 16 14 Tombouctou Tombouctou - - 37 10 Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
5. CONCLUSIONS : En 2021, la détérioration de la situation que de nombreuses dégradations sont sécuritaire dans les régions de Ségou et visibles notamment dans les cercles de Mopti a fortement affecté l’agriculture et a Bankass et Djenne en 2021 comparé à 2020 considérablement réduit les moyens qui était déjà une année relativement d’existence de nombreuses communautés. dramatique en termes de réductions de Les cercles les plus touchés sont Bankass, surfaces dans ces zones… Koro, Djenne, Bandiagara, Douentza (région Certaines régions (Kayes, Koulikoro, Sikasso, de Mopti), Niono, Ségou et San (région de Tombouctou et Gao) sont confrontées à Ségou) où il existe de fortes tensions ’l’insécurité et à la présence de groupes intercommunautaires et des conflits entre armés mais cela a eu très peut / pas d’impact groupes armés depuis fin 2018. négatif sur la dynamique des surfaces Le confinement de certaines communautés agricoles. dans leur village est une forme de vulnérabilité tout aussi importante en termes Les images satellitaires fournissent un d’insécurité alimentaire, bien que souvent complément d’information dans des zones moins visible ; ces populations ne peuvent peu ou pas accessibles. Les résultats de pas accéder aux marchés du fait de l’analyse étant au niveau localité, ils l’insécurité, et elles ont rencontré de grandes permettent un meilleur ciblage et une aide à difficultés à cultiver leurs champs en 2021. la prise de décision dans l’élaboration des Si localement des améliorations sont visibles, programmes d’assistance humanitaire et de c’est surtout le cas sur le rocher de résilience. Bandiagara où on cultive peu et Koro, alors 6. RECOMMANDATIONS : Utiliser ces analyses comme outil d’aide à la décision et à la définition des réponses humanitaires les plus appropriées, ciblant en particulier les communautés hôtes autant que les personnes déplacées, se trouvant notamment dans les villages affectés par d’importantes réductions de surfaces agricoles. Partager l’information avec les acteurs humanitaires y compris les donateurs dans le but d’adapter la réponse d’urgence et pour contribuer à la mobilisation des ressources nécessaires. Continuer à alerter de l’ampleur de la crise et des besoins humanitaires grandissants dans la zone d’analyse et particulièrement dans les régions de Ségou et de Mopti, et plus généralement dans le Sahel. Renforcer les capacités techniques des partenaires et des services étatiques à la manipulation des outils et produits d’observation de la terre pour améliorer la qualité de l’information disponible. Voir la possibilité que l’outil puisse prendre en compte les cultures de contre-saison et les cultures de submersion (zone inondée) en vue de suivre les changements au niveau de la dynamique des surfaces agricoles. 7. PROCHAINES ÉTAPES : Procéder à une vérification terrain des résultats issus de cette analyse sur la dynamique des surfaces agricoles en 2021. Renforcer l’analyse en triangulant avec des données primaires ou secondaires que Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
pourraient fournir les services techniques et acteurs humanitaires : données agricoles, suivi climatique, prix de marchés, incidents sécuritaires, localisation des personnes déplacées, niveau d’assistance humanitaire, etc. Verser les résultats de l’analyse dans les preuves du cadre harmonisé. Compléter l’analyse avec une étude de vulnérabilité sur le pastoralisme, autre moyen d’existence prépondérant dans la zone d’analyse. Contacts Pour plus d’informations : poulo_2000@yahoo.fr telesphore.ouedraogo@wfp.org amadou.ibrahim@wfp.org Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
8. ANNEXES : ANNEXE 1. Notes sur la méthodologie Les coordonnées géographiques des 9 348 localités qui ont été analysés proviennent de la base de données du recensement réalisé en 2009 par l’INSTAT (Institut National de la Statistique). Elles ont systématiquement été vérifiées avec Open Street Map, Google Maps et/ou avec les images satellitaires utilisées pour l’analyse. Cela a permis d’apporter des corrections aux localités ayant des coordonnées erronées. Par ailleurs, ont été ajoutés plus 200 localités qui étaient visibles sur les images, mais qui Satellite Sentinel-2 (ESA/COPERNICUS) n’apparaissaient pas dans la liste de l’INSTAT. L’interprétation par l’analyste pour comparer les surfaces agricoles entre 2021 et les années précédentes se base sur des cartes dérivées à partir d’images satellitaires optiques moyenne résolution (Sentinel-2). Ces images sont acquises tous les six jours au-dessus d’un même point, et sont gratuitement mises à disposition par l’ESA (European Space Agency). Ainsi, ces images sont récupérées durant la saison agricole pour la zone d’intérêt en 2021, 2020, 2019, 2018, 2017 et 2016, soit environ 20 images par saison pour chaque point analysé. L’analyse se fait pendant la période du 15 juin au 10 octobre qui couvre en théorie la préparation des terres, les pousses de cultures et une partie de la récolte. Une carte est ainsi produite, catégorisant chaque pixel en fonction de sa courbe de NDVI5 de juin à octobre : l’image ci-dessous montre le résultat (à droite) comparé à l’image disponible sur Google Earth (à gauche). Le logiciel utilisé pour réaliser ces différentes étapes est la plateforme en ligne Google Earth Engine 6. Cette technique permet de distinguer les surfaces cultivées de la végétation naturelle mais aussi de bien visualiser les localités et autres constructions, afin de détecter de possibles changements du paysage d’une année à l’autre, en comparant visuellement les cartes des différentes années. Végétation naturelle Localité Culture Source ESA/Sentinel-2 Source Google Earth Résolution 10 m Résolution 50 cm Date 20 images Date novembre 2016 [15juin-10oct] 2021 Images satellitaires montrant les environs du village de Gawa (commune de Madougou, cercle Koro). À gauche, l’image disponible sur Google Earth datant de décembre 2016 ne permet pas de bien visualiser la localité ni de tirer des conclusions quant aux cultures aux alentours. À droite, l’image dérivée de 20 images satellitaires Sentinel-2 (ESA) couvrant la saison agricole en 2021 (15 juin – 10 octobre) ; on distingue en noir la localité, en bleu les surfaces cultivées autour des villages et la végétation naturelle en vert clair. 5 Normalized Difference Vegetation Index : indice de végétation calculé à partir des bandes rouge et infrarouge de l’image 6 code.earthengine.google.com Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
Chaque localité est ainsi Augmentation > 10% de superficies en plus classifiée parmi les cinq Pas de changement Aucun changement de catégories présentées ci-contre Diminution légère superficie < 25% de superficies perdues en fonction de l’évolution de Diminution moyenne 25% - 50% de superficies ses surfaces agricoles entre perdues Diminution importante > 50% de superficies perdues 2021 et les années passées choisies comme référence. Avantages et limitations de la méthodologie Les images satellitaires sont déjà largement utilisées dans le secteur humanitaire pour produire par exemple des cartes climatiques telles que les anomalies de pluviométrie et de biomasse à l’échelle d’un pays ou d’une région. Cependant, ces données dites de basse résolution (taille de pixel de l’ordre de quelques kilomètres ou centaines de mètres) ne permettent pas de tirer de conclusions sur les champs cultivés, d’autant plus dans un pays comme le Mali où l’agriculture reste non mécanique et où les parcelles sont de l’ordre de quelques hectares. C’est pourquoi des images de résolution moyenne (taille de pixel 10 m) ont été utilisées pour cette analyse. Ces données sont disponibles depuis 2015, et de nombreuses applications restent encore à être explorées. Les principaux avantages de ce type d’images satellitaires et de l’analyse qui en est faite sont les suivants : L’information est recueillie à distance, et et de nombreux logiciels pour les traiter le n’implique donc pas les risques et les coûts sont également. associés à une visite terrain, notamment Par ailleurs, cette méthodologie présente des dans les régions où l’accès est restreint, du limitations : fait du contexte sécuritaire ou de contraintes L’interprétation des images satellitaires doit géographiques. être validée par des données collectées sur le Ce type d’analyse donne des résultats au terrain. Ce type d’analyse ne remplace pas niveau village ; cette granularité vient une enquête ou d’autres données de terrain, compléter des données souvent agrégées mais elles se complètent. par commune ou par cercle, et est donc Des nuages peuvent obstruer certaines essentielle pour une compréhension plus images satellitaires optiques et ainsi rendre fine de la situation d’une zone. l’interprétation visuelle difficile voire Les satellites scannent des régions très impossible. vastes, à une fréquence connue. En six jours, Pour l’instant, l’utilisation des images le satellite Sentinel-2 cartographie le globe en satellitaires dans la dynamique des surfaces entier. agricoles ne permet pas de faire une Ces données permettent de « retourner dans estimation chiffrée en hectare des le temps » et donc de comparer une situation superficies perdues ou en augmentation, elle actuelle avec une référence passée. ne permet pas aussi de déterminer les types Les images qui ont été utilisées pour cette de cultures. analyse (résolution moyenne) sont gratuites L’analyse ne prend pas en compte l’élevage. Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
ANNEXE 2. Exemples d’images satellitaires (diminutions et augmentation) Exemple 1. Localité de Soye (Commune de Diankabou de cercle Koro) 2017 2021 Soye Soye Source : ESA/COPERNICUS, Sentinel-2. Produits composites dérivés de 20 images acquises entre juin et octobre La localité de Soye, située dans la commune de Diankabou (cercle de Koro), est visible au centre des images ci-dessus, en noir. En 2017 (image à gauche), des champs cultivés sont visibles tout autour de la localité dans un rayon de 5 km et même au-delà : ce sont les rectangles bleu foncé qui se distinguent de la végétation naturelle environnante, d’une couleur plus claire. En 2021 (image à droite), les surfaces cultivées ont diminué de façon considérable et sont concentrées à proximité de la localité, dans un rayon de 1 à 2 km. La végétation naturelle a repoussé au-delà de ces démarcations nettes. Cette localité est catégorisée comme diminution importante au cours de l’analyse. Selon les projections 2019 de la DNPop, 1 225 personnes vivent dans cette localité. Exemple 2. Localité de Lamini Were (Commune de NKoumandougou, cercle de Segou) 2017 2021 Lamini Were Lamini Were Source : ESA/COPERNICUS, Sentinel-2. Produits composites dérivés de 20 images acquises entre juin et octobre Dans cette localité du cercle de Ségou, située dans la commune de N'Koumandougou, l’insécurité a entraîné une perte quasi-totale des surfaces cultivées de cette localité en 2021 (image à droite). Les cultures sont bien visibles sur l’image de 2017 (à gauche). Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
Exemple 3. Localité de NGorogondo (Commune de Sangha, cercle de Bandiagara) 2020 2021 NGorogondo NGorogondo Source : ESA/COPERNICUS, Sentinel-2. Produits composites dérivés de 20 images acquises entre juin et octobre Localité de N'Gorogondo : sur l'image de gauche (2020), on peut constater une absence totale des cultures mais sur l’image de droite nous pouvons constate une reprise des activités agricoles. Sources ACLED, Armed Conflict Location and Event Data (2020), disponible à www.acleddata.com Assanvo, W., Dakono, B., Théroux-Bénoni, L-A., Maïga, I. (Décembre 2019), Extrémisme violent, criminalité organisée et conflits locaux dans le Liptako-Gourma, Institut d’études de sécurité, disponible à https://issafrica.org/fr/recherches/rapport-sur-lafrique-de-louest/extremisme-violent- criminalite-organisee-et-conflits-locaux-dans-le-liptako-gourma Direction régionale de l’agriculture de Mopti, Situation des pertes de superficies : Campagne agricole 2019-2020 (Novembre 2019) DTM (Displacement Tracking Matrix) (2019), Mali, disponible à dtm.iom.int/mali FEWS NET (Décembre 2019), MALI Perspectives sur la sécurité alimentaire - Octobre 2019 à Mai 2020, disponible à https://fews.net/sites/default/files/documents/reports/Mali_FSOU_December%202019%20v%20final_ EN_Dec19_2.pdf Joint Mission Analysis Center (JMAC) report on the security situation in Central Mali (Août 2019), The United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in Mali (MINUSMA) Gorelick, N., Hancher, M., Dixon, M., Ilyushchenko, S., Thau, D., & Moore, R. (2017), Google Earth Engine: Planetary-scale geospatial analysis for everyone, disponible à https://doi.org/10.1016/j.rse.2017.06.031 OCHA, Accès humanitaire au Mali : pour des stratégies d’accès plus adaptées (Septembre 2019), disponible à https://www.humanitarianresponse.info/sites/www.humanitarianresponse.info/files/documents/files /mli_rpt_humaccessavrilsept_20191010_vf.pdf Pellerin, M., Les violences armées au Sahara. Du djihadisme aux insurrections ? (Décembre 2019), Institut français des relations internationales (Ifri) Van den Hoek, J., Agricultural market activity and Boko Haram attacks in Northeast Nigeria (Septembre 2017), West African papers, OECD Laure BOUDINAUD, Rapport sur l’analyse satellitaire des dynamiques de surfaces cultivées à Mopti (Octobre 2019) Amadou IBRAHIM, Rapport sur l’analyse satellitaire des dynamiques de surfaces cultivées à Mopti (Octobre 2020) Système d’Alerte Précoce (SAP), Système Expert Direction Nationale de la Population, Projection de population 2019 Enquête Nationale de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (ENSAN-sept2019) Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
Office du Niger, Rapport circonstancié sur les emblavures de la campagne agricole 2021/2022 (saison) AU 11/10/2021 INSTAT, liste des villages RGPH 2009 Octobre 2021 | Rapport sur l’analyse satellitaire au Mali
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