Monitoring Brexit Note commune de la BNB, du BFP et du SPF Economie - Septembre 2020

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Monitoring Brexit Note commune de la BNB, du BFP et du SPF Economie - Septembre 2020
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                    Monitoring Brexit
                    Note commune de la BNB,
                    du BFP et du SPF Economie
                          Septembre 2020
Monitoring Brexit Note commune de la BNB, du BFP et du SPF Economie - Septembre 2020
Rue du Progrès 50 — 1210 Bruxelles

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Regis Massant
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244-20
Monitoring Brexit Note commune de la BNB, du BFP et du SPF Economie - Septembre 2020
3

Table des matières
Introduction ........................................................................................................................................................... 5
1.      État des lieux des négociations................................................................................................................ 5
2.      Développements économiques récents et principaux messages.................................................... 7
        2.1.       Échanges commerciaux entre la Belgique et le Royaume-Uni ......................................... 15
3.      Relations économiques entre la Belgique et le Royaume-Uni ...................................................... 16
        3.1.       Investissements directs étrangers (IDE) ................................................................................. 16
        3.2.       Echanges commerciaux .............................................................................................................. 16
                   3.2.1.         Évolution des échanges commerciaux entre la Belgique et le Royaume-Uni 16
                   3.2.2.         Approche bilatérale Belgique-Royaume-Uni ......................................................... 17
                   3.2.3.         Approche multilatérale ................................................................................................ 20
4.      Impact Brexit ............................................................................................................................................. 20
        4.1.       Impact économique du Brexit depuis le référendum .......................................................... 20
        4.2.       Le Brexit est-il négligeable à côté du Covid ? ....................................................................... 21
        4.3.       Brexit Adjustment Reserve créée lors du Conseil européen du 17 au 21 juillet 2020 :
                   que peut en attendre la Belgique ? .......................................................................................... 22
        4.4.       Actions prises pour aider les entreprises à se préparer au Brexit .................................... 24

Liste des graphiques
Graphique 1. Croissance en volume du PIB au Royaume-Uni et dans la zone euro ........................... 7
Graphique 2. Croissance du PIB trimestriel en volume du Royaume-Uni (en %, t/t-1)) et
contributions (en p.p.) des composantes de la demande ........................................................................... 8
Graphique 3. En général, les branches d’activité les plus impactées par le Covid-19 sont moins
productives et ont davantage mis leur personnel au congé ...................................................................... 9
Graphique 4. Cours de bourse aux États-Unis, dans la zone euro et au Royaume-Uni................... 10
Graphique 5. Taux d’intérêt directeurs aux États-Unis, dans la zone euro et au Royaume-Uni ... 11
Graphique 6. Cours de change bilatéraux de la livre sterling, de l’euro et du dollar ........................ 11
Graphique 7. Confiance des entreprises dans l’industrie manufacturière .......................................... 14
Graphique 8. Confiance des consommateurs ............................................................................................ 14
Graphique 9. Échanges de biens entre la Belgique et le Royaume-Uni, 2014-2020Q2 ................. 15
Graphique 10. Évolution des échanges commerciaux avec le Royaume-Uni par rapport aux
échanges avec l’Union européenne .............................................................................................................. 17
Graphique 11. Investissements des entreprises et estimation indicative en l’absence de Brexit . 21
Graphique 12. Coût économique du Covid-19 et du Brexit pour l’économie britannique ............. 22
Monitoring Brexit Note commune de la BNB, du BFP et du SPF Economie - Septembre 2020
4

Liste des tableaux
Tableau 1. Déficits et dette publics en pourcentage du PIB .................................................................. 12
Tableau 2. Perspectives de croissance du PIB en volume ...................................................................... 13
Tableau 3. Top 10 des principaux produits exportés par la Belgique vers le Royaume-Uni .......... 18
Tableau 4. Top 10 des principaux produits importés par la Belgique issus du Royaume-Uni ....... 19
Tableau 5. Coût d’un Brexit sans accord (scénario « Organisation mondiale du commerce », OMC)
............................................................................................................................................................................... 23
5

Introduction
A la suite des résultats du référendum du 23 juin 2016, les Britanniques ont choisi de quitter
l’Union européenne, ce qui s’est fait officiellement le 31 janvier 2020. Le Brexit ne sera pas sans
répercussions économiques même si ses effets sont difficiles à chiffrer compte tenu des
incertitudes qui entourent encore les modalités concrètes de sortie et les relations futures entre
les parties.
La Belgique, de par sa proximité et ses relations étroites avec le Royaume-Uni, ne restera pas
indemne face au Brexit. En effet, à l’instar de la zone euro, le Royaume-Uni est l’un des partenaires
commerciaux les plus importants de la Belgique. Entre 2017 et 2019, la part du Royaume-Uni dans
le total des exportations de biens de la Belgique s’est élevée en moyenne à 6,9 % (concept national)
et celle des importations à 4,5 %. La part du Royaume-Uni dans le total des flux commerciaux de
services de la Belgique s’est quant à elle élevée en moyenne à 8,8 % pour les exportations et 9,6 %
pour les importations. Outre la question des exportations et des importations, les intérêts
réciproques des deux pays sont étroitement liés, notamment en ce qui concerne les stocks
d’investissements directs étrangers qui sont très importants en Belgique mais également au
Royaume-Uni. Considérant la valeur ajoutée qui découle de la demande finale britannique, il
apparaît néanmoins que le Royaume-Uni est plus important pour la Belgique que pour les pays
voisins. Le Brexit aura par conséquent un impact sur le commerce extérieur, mais aussi sur les
investissements directs étrangers ainsi que sur les marchés financiers. C’est pourquoi il a été
décidé de mettre sur pied une « Task Force » permettant de répondre aux préoccupations des
acteurs de la vie économique belge mais également d’informer le ministre via le développement et
le recueil d’analyses économiques pertinentes pour les intérêts belges.
Dans le droit fil de cette « Task Force », un Monitoring Brexit, projet commun de la Banque
nationale de Belgique, du Bureau fédéral du Plan et du SPF Economie, a été réalisé en vue
d’examiner l’impact du Brexit sur les économies des deux pays. Ce monitoring fait l’objet d’une
actualisation périodique qui est directement transmise à la ministre Muylle.
La présente note comporte quatre parties. La première partie présente un état des lieux des
négociations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. La deuxième partie reprend les faits
saillants issus de l’analyse des évolutions économiques au Royaume-Uni et en Belgique à partir
des derniers indicateurs de court terme de nature économique, financière et commerciale. La
troisième partie aborde les relations économiques entre la Belgique et le Royaume-Uni au travers
des investissements directs étrangers, des échanges commerciaux et de l’importance pour les
entreprises belges de ces échanges. Pour finir, la dernière partie aborde l’impact du Brexit sous
différents aspects :
• l’impact du Brexit sur l’économie ;
• l’impact du Brexit par rapport à celui du coronavirus (Covid-19) ;
• l’impact pour la Belgique de la réserve d’ajustement ;
• les actions prises pour aider les entreprises à s’y préparer.
La présente analyse a été clôturée le 1er septembre 2020.

1. État des lieux des négociations
Le 31 janvier 2020, le Royaume-Uni a quitté l’UE. Selon l’accord de retrait 1, le Royaume-Uni est
désormais un « pays tiers » et ne participe plus au processus décisionnel de l’UE. La période de
transition prévue dans l’accord de retrait prendra fin le 31 décembre 2020 (après que le Royaume-
Uni a laissé passer, fin juin, la date butoir sans demander de prolongation). Lors de cette période
de transition, rien ne change pour les citoyens, consommateurs, entreprises, investisseurs,
étudiants et chercheurs que ce soit dans l’UE ou au Royaume-Uni. Le droit de l’Union reste donc
d’application.

1       https://ec.europa.eu/info/european-union-and-united-kingdom-forging-new-partnership/eu-uk-
withdrawal-agreement_nl
6

La sortie du Royaume-Uni du marché intérieur et de l’union douanière à la fin de l’année entrainera
irrémédiablement de nouvelles barrières frontalières et commerciales, même en cas d’accord sur
un futur partenariat.
L’UE et le Royaume-Uni négocient actuellement un accord de libre-échange qui, sur le plan
économique, éliminerait les tarifs et quotas dans les relations commerciales bilatérales et
comprendrait des accords sur la coopération douanière, la protection de la propriété intellectuelle,
les marchés publics, le transport, l’énergie, etc. Toutefois, même l’accord de libre-échange le plus
ambitieux impliquera des contrôles aux frontières, ce qui engendrera un coût économique
important, notamment la vérification du respect des règles d’origine afin de bénéficier des tarifs
douaniers préférentiels (« règles d’origine »).
Les négociations se sont poursuivies de manière intensive cet été sans avancée notable, pourtant
nécessaire pour entamer des négociations sur un texte de traité. La ratification par le Parlement
européen et les parlements nationaux requiert également du temps. De ce fait, la date butoir pour
parvenir à un accord politique est déjà fixée à fin octobre.
Après le septième tour des négociations, le négociateur de l’Union, M. Barnier, s’est dit déçu du
manque d’avancées et a souligné que trois éléments resteront essentiels :
1. la nécessité d’accords équitables en matière de concurrence (« Level Playing Field » ou LPF),
2. une solution équilibrée à long terme pour les pêcheurs européens,
3. pas de « cherry-picking » sur l’accès du Royaume-Uni au marché unique.
Il a également souligné un manque d’avancées dans les domaines de la pêche, de la gouvernance
des relations futures, de la protection des droits de l’homme et des données personnelles et de la
coordination de la mobilité et de la sécurité sociale. 2
Le négociateur principal pour le Royaume-Uni, M. David Frost, a déclaré que les négociations
avanceraient beaucoup plus vite si l’UE acceptait l’idée que le Royaume-Uni souhaite un accord
qui lui permette de reprendre le contrôle souverain de ses lois, de ses frontières et de ses eaux, y
compris un accord de libre-échange et une série d’arrangements pratiques dans des domaines tels
que l’aviation, les programmes scientifiques et la police. 3
Dans sa communication sur l’état de préparation à la fin de la période de transition (« Readiness
Communication »), la Commission européenne souligne qu’il n’y a aucune raison de retarder les
mesures de préparation et d’ajustement dans l’attente d’un accord garantissant la continuité, car
de nombreux changements dans les relations économiques avec le Royaume-Uni sont en effet
inévitables. 4
Pour aider sur ce point, la Commission surveille et révise (si nécessaire) les centaines de notes
sectorielles spécifiques sur les préparatifs du Brexit qu’elle a publiées au cours des négociations
du Brexit avec le Royaume-Uni. La Commission a également publié plus de cent « Communications
sectorielles sur la préparation au Brexit » pour aider à ces préparatifs. 5 Voir également le point 4.4
pour les outils développés en Belgique pour aider les entreprises à se préparer au Brexit (Brexit
Impact Scan, campagnes d’information, etc.).

2   https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/statement_20_1511
3 https://no10media.blog.gov.uk/2020/08/21/david-frosts-statement-following-the-conclusion-of-round-
7-negotiations-with-the-eu/
4 https://eur-lex.europa.eu/legal-
content/NL/TXT/?qid=1594383487124&uri=COM%3A2020%3A324%3AFIN#
5https://ec.europa.eu/info/european-union-and-united-kingdom-forging-new-partnership/future-
partnership/getting-ready-end-transition-period_nl
7

2. Développements économiques récents et
   principaux messages
Depuis mars 2020, la crise du Covid-19 a dominé l’actualité et les perspectives économiques,
reléguant à l’arrière-plan le Brexit et ses impacts.
Plus encore que la zone euro ou la Belgique, le Royaume-Uni a subi de plein fouet cette crise.
Comme en zone euro, le recul du PIB britannique au deuxième trimestre a dépassé celui observé
lors de la crise économique et financière de 2009.

Graphique 1. Croissance en volume du PIB au Royaume-Uni et dans la zone euro
Pourcentages de variation par rapport au trimestre correspondant de l’année précédente.

Note : la Belgique n’est pas représentée car sa courbe est similaire à celle de la zone euro, spécialement au
cours des deux premiers trimestres de 2020 (dernières données disponibles).
Source : Eurostat.

Le Royaume-Uni a été frappé par le coronavirus plus tard que l’Italie et la plupart des autres pays
de la zone euro, dont la Belgique. En outre, les autorités britanniques ont opté, dans un premier
temps, pour une stratégie d’immunité collective, ce qui a retardé encore l’instauration d’un
lockdown généralisé – il a été introduit seulement le 23 mars - et d’autres mesures restrictives.
Ceci explique que, par rapport au trimestre précédent, le recul du PIB a été plus marqué au premier
trimestre en zone euro (-3,6 %) et en Belgique (-3,5 %) qu’au Royaume-Uni (-2,2 %).
Par après, au deuxième trimestre de 2020, le recul du PIB a été plus marqué au Royaume-Uni
(-20,4%) que dans la zone euro (-12,1 %) et en Belgique (-12,1 %). Un autre facteur explicatif à ce
recul plus marqué au deuxième trimestre est que, selon le Stringency index développé par
l’université d’Oxford, le Royaume-Uni a dû recourir à des mesures relativement restrictives par
rapport à d’autres pays, et les a maintenues longtemps.
À cet égard, il convient de noter que le Royaume-Uni a comptabilisé une baisse de certains services
publics en volume plus importante que dans d’autres pays, dont la Belgique, en raison de choix
méthodologiques différents dans l’élaborations des statistiques, notamment pour l’enseignement
où la fermeture des écoles a été considérée comme plus pénalisante pour l’activité économique
au Royaume-Uni qu’en Belgique.
Au-delà de l’effet des mesures restrictives, la prévalence accrue des cas de Covid-19,
particulièrement élevée en Angleterre en raison aussi de la densité élevée de la population, a fait
que les ménages tendaient à moins sortir de chez eux que dans des pays où le virus était moins
actif. En outre, selon la Banque d’Angleterre, les dépenses en services impliquant des interactions
8

avec d’autres personnes (sorties ciné, restaurants, événements sportifs…), à savoir celles qui ont
été les plus affectées par le lockdown, représentent 13 % de la production au Royaume-Uni, contre
10 % dans la zone euro.
Au total, sur l’ensemble du premier semestre, le PIB a davantage reculé au Royaume-Uni
(-22,1 %) que dans la plupart des grands pays européens. Seule l’Espagne a vu son PIB chuter
encore plus lourdement (-22,7 %).
Comme dans d’autres pays, y compris la Belgique, le plongeon de l’activité au deuxième trimestre
de 2020 a concerné à la fois toutes les composantes de la demande et la plupart des branches.
De par son importance dans la demande, la consommation privée a apporté la contribution la plus
substantielle au ralentissement. Comme en Belgique, les ventes de détail en volume ont chuté
 (-9,5 %, en volume) et cette chute a porté sur la plupart des types de magasins à l’exception de
l’alimentation et du commerce en ligne. Les achats de biens durables ont été reportés, à l’instar
des investissements des ménages. Cela a aussi été le cas des investissements des entreprises, ces
dernières ayant été confrontées à la fois à un effondrement de leurs profits, à la baisse de la
demande internationale, aux incertitudes liées surtout au Covid mais aussi au Brexit et, pour celles
concernées, à la fermeture de leurs sites. Les exportations ont également reculé, la demande
globale ayant baissé, mais dans une bien moindre mesure que les importations. A noter une
exception notable : les investissements publics auraient fortement augmenté en raison de la mise
en œuvre de plans mais aussi de la mise sur pied d’hôpitaux et d’unités Covid.

Graphique 2. Croissance du PIB trimestriel en volume du Royaume-Uni (en %, t/t-1)) et
contributions (en p.p.) des composantes de la demande

Source : Eurostat.

Toutes les branches d’activité ont reculé, tant l’industrie que les services. Sans surprise, les
activités les plus touchées sont celles qui ont été mises à l’arrêt ou quasi. Ces activités sont aussi
caractérisées par un faible niveau de productivité (graphique 3). Parmi les services fortement
impactés, on pointera l’éducation en raison de la fermeture des écoles ainsi que la santé, de
nombreuses activités et opérations ayant été reportées. En revanche, la valeur ajoutée aurait
augmenté dans l’industrie pharmaceutique.
9

Graphique 3. En général, les branches d’activité les plus impactées par le Covid-19 sont
moins productives et ont davantage mis leur personnel au congé

Source : Banque d’Angleterre, Monetary Policy Report, Août 2020.

Le Covid a entraîné des pertes d’emploi, mais, comme ailleurs en Europe, le chômage a fait montre
de résilience au deuxième trimestre, en raison du retrait de personnes de la population active et
de l’instauration de mesures de maintien dans l’emploi. La Banque d’Angleterre centrale s’attend à
une hausse du taux de chômage au cours des prochains trimestres ; il pourrait atteindre 7,5 % d’ici
la fin de 2020, contre un niveau de l’ordre de 4 % en début d’année.
Les marchés financiers ont aussi été affectés et ont joué un rôle de canal de transmission du choc
du Covid-19 à l’économie réelle. En effet, après un point haut vers le 19 février 2020, les indices
boursiers britanniques ont dévissé une fois que la diffusion du virus à l’échelle mondiale est
devenue apparente, cédant environ 40 % en un mois. S’ils se sont repris depuis, ils sont toutefois
loin d’avoir retrouvé leur valeur de la mi-février en zone euro et au Royaume-Uni, contrairement
aux États-Unis. La demande soudaine de liquidités et de sérieux dysfonctionnements des marchés
ont mené au plus fort resserrement des conditions financières globales depuis 2008. Les taux
d’intérêt à long terme ont également été fort volatils en mars, avec un brusque resserrement à la
suite de ventes massives avant de baisser à nouveau sous l’impulsion coordonnée des banques
centrales des économies avancées.
10

Graphique 4. Cours de bourse aux États-Unis, dans la zone euro et au Royaume-Uni
Données journalières.

Source : Reuters.

En effet, celles-ci ont assoupli massivement leurs politiques monétaires. Ainsi, la Banque
d’Angleterre a réduit son taux directeur en deux étapes (11 et 19 mars) de 0,75 % à 0,1 %. Le 19
mars, elle a aussi augmenté ses achats d’obligations gouvernementales et d’entreprises de 200
milliards de livres sterling (9 % du PIB), portant ces actifs à 645 milliards de livres. Ce programme
a été étendu de 100 milliards supplémentaires en juin (jusque décembre). Sur le plan
macroprudentiel, la Banque d’Angleterre a aussi ramené à 0 le counter-cyclical capital buffer afin de
préserver la capacité des banques à prêter aux ménages et aux entreprises. Une même politique
d’assouplissement a été mise en œuvre par plusieurs banques centrales nationales de
l’Eurosystème dont la BNB. Ainsi, les obligations de constitution d’un « buffer » en capital cyclique
ont été suspendues en Belgique.
11

Graphique 5. Taux d’intérêt directeurs aux États-Unis, dans la zone euro et au
Royaume-Uni
Données journalières.

Source : Reuters.

La livre sterling s’est dans l’ensemble dépréciée face à l’euro à partir de l’éclatement de la crise
Covid. Avant cela, elle s’était appréciée de 10 % entre le 9 août 2019 et la fin janvier 2020 car la
probabilité d’un no-deal avait fortement reculé avec le vote par les parlements britannique et
européen de l’accord de retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Graphique 6. Cours de change bilatéraux de la livre sterling, de l’euro et du dollar
Données journalières.

         Dernière donnée: 21/08/2020
  1,6

  1,5

  1,4

  1,3

  1,2

  1,1

  1,0
     2016             2017       2018          2019          2020           2021

                         USD/GBP                 EUR/GBP                  USD/EUR

Source : Refinitiv.
12

Au-delà de la politique monétaire, l’économie britannique a bénéficié d’un large soutien de la
politique budgétaire. En mars, dans le cadre du budget 2020, le gouvernement britannique avait
d’abord augmenté les dépenses de soins de santé à concurrence de 0,3 point de pourcentage du
PIB, essentiellement pour doubler le nombre de lits en soins intensifs en l’espace d’un mois.
Ensuite, il a mis en place des mesures substantielles de soutien pour les entreprises et les ménages
(5,5 % du PIB). La principale (2,3 % du PIB), le Coronavirus Job Retention Scheme, octroie aux
employeurs des primes pour payer 80 % des salaires des travailleurs mis en congé (jusqu’à un
plafond mensuel de 2.500 livres). Un système analogue a été prévu pour les indépendants (0,7 %
du PIB) tandis que le gouvernement a augmenté le taux de compensation net des chômeurs
temporairement de 56 % à 63 %. Le soutien direct aux entreprises a pris la forme de subventions
à des petites entreprises (0,7 % du PIB) et de suppressions de taxes collectées sur la plupart des
propriétés autres que le domicile pour 2020 et 2021 pour la plupart des entreprises dans le retail,
l’Horeca et les loisirs, trois des branches les plus affectées économiquement par le Covid (0,6 %
du PIB).
Des reports d’impôts sur les entreprises (1,6 % du PIB) devraient majorer la dette publique en 2020
sans affecter le déficit. En outre, une Covid Corporate Financing Facility de 330 milliards de livres
sterling (15 % du PIB), gérée conjointement par le Trésor et la Banque d’Angleterre, vise à octroyer
des garanties d’Etat aux entreprises. Si celles-ci ne sont pas appelées, elles n’affectent pas les
finances publiques.
Selon les prévisions de printemps de la CE, le déficit public en pourcentage du PIB devrait, sous
l’effet des mesures et des stabilisateurs automatiques, se creuser en 2020 de plus de 8 points de
pourcentage au Royaume-Uni avant de fléchir en 2021 grâce à la reprise de l’activité et à l’abandon
des mesures temporaires anti-Covid. La tendance serait similaire en Belgique et dans la zone euro.
Dans ces trois pays ou zone, la dette publique en pourcentage du PIB augmenterait d’une
quinzaine de points de pourcentage en 2020, sous l’effet combiné du déficit et de la chute du PIB
(effet dénominateur). Un léger repli est néanmoins attendu pour 2021. On notera toutefois que le
cadre de gouvernance budgétaire diffère entre le Royaume-Uni et les pays de l’UE27 au sens où
ce pays n’est pas tenu de suivre les règles européennes. L’application de celles-ci a par ailleurs été
suspendue, compte tenu de l’ampleur de la crise.

Tableau 1. Déficits et dette publics en pourcentage du PIB
                                     2019                    2020                     2021
 Déficits publics
 Royaume-Uni                          -2,1                   -10,5                     -4,7
 Zone euro                            -0,6                    -8,5                     -6,7
 Belgique                             -1,9                    -8,9                     -4,2
 Dette publique (brute)
 Royaume-Uni                          85,4                   102,1                    101,5
 Zone euro                            86,0                   102,7                     98,8
 Belgique                             98,6                   113,8                    110,0
Source : CE (prévision de printemps 2020).

En juillet, dans le cadre d’un Summer Economic Update, le gouvernement britannique a amorcé un
virage dans sa politique de soutien en prévoyant de faire disparaître graduellement le Job
Retention Scheme. En compensation, diverses mesures ont été prises comme la création d’un
nouveau bonus afin d’encourager les employeurs à réembaucher les travailleurs mis de côté
pendant la crise, une subvention salariale ciblée sur les jeunes qui font appel aux crédits universels
(Kickstart Scheme), une augmentation du nombre de coachs au travail, une réduction temporaire
de la TVA sur l’Horeca et le tourisme, une baisse des droits d’enregistrement (stamp duty) sur les
transactions résidentielles, un chèque « Eat out to Help out » et des mesures pour isoler les
maisons et décarboniser les bâtiments publics. Au total, ce Summer Economic Update devrait
accroître les dépenses publiques de 1,1 % du PIB et réduire les taxes indirectes de 0,2 % du PIB.
Le gouvernement britannique a aussi annoncé sa stratégie (graduelle) de déconfinement pour
l’Angleterre le 13 mai. Les écoles primaires ont réouvert le 1er juin. Les magasins de détail vendant
des produits non essentiels ont rouvert le 15 juin. Le 4 juillet, l’Angleterre était déconfinée (sauf
13

Leicester) et certains secteurs dont l’Horeca ont rouvert (vers le 15 juillet pour l’Ecosse et le Pays
de Galles). Le 10 juillet, l’Angleterre se rouvrait aux touristes européens mais des quarantaines et
exceptions allaient fleurir au cours de l’été. D’autres activités (casinos, indoor play areas and
performances, réceptions de mariage et fêtes jusque 30 personnes…) ont pu reprendre le 15 août.
Les écoles, crèches et collèges ont pu reprendre le 1er septembre et les universités devraient
également rouvrir le plus complètement possible. Le 1er octobre, ce serait le tour des stades et des
conférences. Comme en Belgique, certains lieux d’activités sont toujours fermés par la loi
(discothèques…).
En fonction de cela, au cours des mois d’été, le rebond de l’activité s’est poursuivi, comme le
montre les données de haute fréquence (fréquentation des lieux, électricité…). Aussi, les
prévisionnistes tablent sur la poursuite du scénario de reprise.
Les prévisions établies par les principales institutions internationales et la Banque d’Angleterre
tablent sur une chute du PIB en volume comprise entre 9 et 12 % pour l’ensemble de l’année
2020 au Royaume-Uni, même dans l’hypothèse d’une seule vague épidémique, soit une chute plus
importante que dans la zone euro et qu’en Belgique). En 2021, une forte reprise est prévue pour
le Royaume-Uni. L’ampleur de celle-ci varie selon les institutions.

Tableau 2. Perspectives de croissance du PIB en volume
En %.
                                                     2019                2020                2021
 Royaume-Uni
 FMI                                                  1,4                -10,2                6,3
 CE                                                   1,5                 -9,7                6,0
 OCDE                                                 1,4                -11,5                9,0
 Bank of England (août 2020)                          1,4                 -9,5                9,0
 Belgique
 FMI                                                  n.d.                n.d.                n.d.
 CE                                                   1,4                 -8,8                6,5
 OCDE                                                 1,4                 -8,9.               6,4
 Bureau du Plan (juin 2020)                           1,4                -10,5                8,2
 Banque nationale (juin 2020)                         1,4                 -9,0                6,4
 Zone euro
 FMI                                                  1,3                -10,2                6,0
 CE                                                   1,3                 -8,7                6,1
 OCDE                                                 1,3                 -9,1                6,5
Source : CE - Prévisions économiques de l’été 2020 (juillet 2020), FMI - World Economic Outlook interim
(juin 2020), OCDE - Perspectives économiques (juin 2020, scénario d’une seule vague Covid-19.

Ces prévisions ont été établies dans un contexte d’incertitudes exceptionnellement élevées. Pour
les trois pays/zones, la principale hypothèque est d’ordre épidémiologique, l’ampleur d’une
éventuelle deuxième vague restant inconnue à ce stade. Il en va de même quant à l’étendue des
mesures qui devront être prises par les autorités afin d’enrayer la pandémie mais aussi pour
soutenir l’économie. Au Royaume-Uni s’ajoute le risque spécifique du Brexit. A ce stade, la
principale incertitude porte sur la capacité des négociateurs britanniques et européens à conclure
un accord d’ici la fin de l’année. Reflet de ces incertitudes, la confiance des entreprises et des
consommateurs pourrait évoluer de manière irrégulière au cours des mois à venir.
14

Graphique 7. Confiance des entreprises dans l’industrie manufacturière

                       Industrie manufacturière
                        (données standardisées)
  2,0
  1,5
  1,0
  0,5
  0,0
 -0,5
 -1,0
 -1,5
 -2,0
 -2,5
 -3,0
 -3,5

                    UK Industry (ESI)   Euro area Industry (ESI)

Source : Reuters.

Graphique 8. Confiance des consommateurs

Source : Reuters.
15

2.1. Échanges commerciaux entre la Belgique et le
     Royaume-Uni
Alors que, jusqu’en 2018, les exportations et les importations de biens vers et en provenance du
Royaume-Uni avaient connu une évolution globalement similaire à celle des échanges extérieurs
totaux de la Belgique, un décrochage est survenu en 2019. Les exportations belges de biens à
destination du Royaume-Uni avaient certes été relativement dynamiques à la fin de l’année 2018
et au début de 2019. Ce pic a toutefois été temporaire, résultant d’une accumulation de stocks de
marchandises au Royaume-Uni à l’approche de la date initialement prévue de la sortie de l’Union
européenne, le 29 mars 2019. Elles se sont nettement repliées par après, à l’instar du recul des
importations.
Selon les données actuellement disponibles pour le deuxième trimestre de 2020, au plus fort de
la crise, l’écroulement du commerce international de la Belgique a été nettement plus prononcé
vis-à-vis du Royaume-Uni que vis-à-vis de l’ensemble des partenaires commerciaux 6. La valeur
des biens exportés vers le Royaume-Uni a diminué de plus de 30 % par rapport au deuxième
trimestre de 2019, contre un recul de l’ordre de 20 % pour les exportations totales de la Belgique.
Pour les importations, le recul a même atteint plus de 35 %, contre une diminution de quelque
25 % pour importations totales.
Au total, le solde commercial vis-à-vis du Royaume-Uni est resté positif, à hauteur de 2,3 milliards
d’euros pour le premier semestre de 2020, soit un excédent comparable à celui enregistré au
premier semestre de 2019.

Graphique 9. Échanges de biens entre la Belgique et le Royaume-Uni, 2014-2020Q2
Indices en valeur (2014Q1=100), évolution trimestrielle.

Source : ICN.

6Pour le mois de juin 2020, les données du commerce de biens ne constituent qu’une première estimation
provisoire.
16

3. Relations économiques entre la Belgique et le
   Royaume-Uni
3.1. Investissements directs étrangers (IDE)
L’encours moyen des investissements entrants en provenance du Royaume-Uni au cours des trois
dernières années (2017-2019) s’élevait à 8.450 millions d’euros (=1,6 % des investissements
entrants belges). Le Royaume-Uni se place ainsi toujours dans le top 10 (plus précisément, à la
7e place) de nos partenaires les plus importants en matière d’investissements directs étrangers.
S’agissant des investissements sortants, le Royaume-Uni accède même à la 3e place, avec une
moyenne de 87.820 millions d’euros d’investissements directs de la Belgique au Royaume-Uni au
cours des trois dernières années (=15 % des investissements sortants belges).
Les flux d’investissements étrangers sont par nature volatils et varient considérablement d’une
année à l’autre. Toutefois, si l’on examine la moyenne sur trois ans des dernières années (période
2014-2019), on constate une diminution des flux d’investissements entrants du Royaume-Uni. Les
flux d’investissements sortants vers le Royaume-Uni sont devenus négatifs au cours de cette
même période : cela démontre que la Belgique a retiré des investissements au Royaume-Uni au
cours des dernières années (principalement en 2017 et 2018).

3.2. Echanges commerciaux
3.2.1. Évolution des échanges commerciaux entre la Belgique et le
       Royaume-Uni
Alors que les exportations belges destinées au Royaume-Uni s’affichaient à la hausse entre 2014
et 2017, celles-ci se sont repliées pour la deuxième année consécutive en 2019 (-7,7 % après -
3,7 % en 2018) et se limitent à près de 16,8 milliards d’euros. Il en est de même pour les
importations belges en provenance du Royaume-Uni qui se sont amoindries en 2018 (-1,0 %) et
2019 (-8,0 %) où elles atteignent près de 11,7 milliards d’euros. En ce qui concerne les importations
belges en provenance du Royaume-Uni, celles-ci avaient également connu un fort recul en 2016
(-9,0 %) avant de rebondir en 2017 (+8,0 %). Notons encore que la valeur des échanges de biens
entre la Belgique et le Royaume-Uni a connu son plus faible résultat en 2019 sur cette période
d’observation. Il convient néanmoins de noter que les exportations et importations de la Belgique
vis-à-vis de l’Union européenne dans son ensemble se sont également rétractées en 2019 après
trois années de forte croissance.
17

Graphique 10. Évolution des échanges commerciaux avec le Royaume-Uni par rapport
aux échanges avec l’Union européenne
En millions d’euros, période 2014-2019.

    20.000                                                                                        220.000

    19.000                                                                                        210.000

    18.000                                                                                        200.000

    17.000                                                                                        190.000

    16.000                                                                                        180.000

    15.000                                                                                        170.000

    14.000                                                                                        160.000

    13.000                                                                                        150.000

    12.000                                                                                        140.000

    11.000                                                                                        130.000

    10.000                                                                                        120.000
                2014          2015           2016          2017         2018          2019
         Importations issues du Royaume-Uni                   Exportations vers le Royaume-Uni
         Importations issues de l'UE (échelle de droite)      Exportations vers l'UE (échelle de droite)

Source : Banque nationale de Belgique, concept national.

3.2.2. Approche bilatérale Belgique-Royaume-Uni
L’analyse bilatérale consiste à examiner uniquement les échanges de biens entre la Belgique et le
Royaume-Uni afin d’observer quels sont les groupes de produits qui sont le plus exportés par la
Belgique à destination du Royaume-Uni ou le plus importés par la Belgique en provenance du
Royaume-Uni.

Exportations
Les groupes de produits principalement exportés par la Belgique vers le Royaume-Uni sont les
voitures automobiles (SH 87) pour 3,2 milliards d’euros, les produits pharmaceutiques (SH 30)
pour 1,9 milliard d’euros et les combustibles minéraux (SH 39) pour près de 1,3 milliard d’euros,
en moyenne annuelle sur la période 2017-2019. Les exportations de ces groupes de produits
représentent respectivement 18,1 %, 10,8 % et 7,3 % des exportations belges de biens destinées
au Royaume-Uni sur la période 2017-2019. Les 10 principaux groupes de produits exportés par la
Belgique vers le Royaume-Uni se trouvent dans le tableau 3 7.

7  Les dénominations des groupes de produits sont indiquées dans leur entièreté. Cela ne signifie pas que
l’ensemble des produits inscrits dans la dénomination sont nécessairement exportés ou importés. À titre
d’exemple, la Belgique n’exporte pas de réacteur nucléaire (SH 8401) vers le Royaume-Uni.
18

Tableau 3. Top 10 des principaux produits exportés par la Belgique vers le Royaume-Uni
En pourcentage des exportations totales vers le Royaume-Uni, moyenne 2017-2019
                                                                                                Moyenne
Groupes de produits exportés
                                                                                               2017-2019

SH87 : Voitures automobiles, tracteurs, cycles et autres véhicules terrestres, leurs parties
                                                                                                18,1 %
et accessoires

SH30 : Produits pharmaceutiques                                                                 10,8 %

SH27 : Combustibles minéraux, huiles minérales et produits de leur distillation ; matières
                                                                                                 7,3 %
bitumineuses ; cires minérales

SH39 : Matières plastiques et ouvrages en ces matières                                           7,2 %

SH84 : Réacteurs nucléaires, chaudières, machines, appareils et engins mécaniques ; parties
                                                                                                 6,1 %
de ces machines ou appareils
SH85 : Machines, appareils et matériels électriques et leurs parties ; appareils
d'enregistrement ou de reproduction du son, appareils d'enregistrement ou de                     3,4 %
reproduction des images et du son en télévision, et parties et accessoires de ces appareils
SH90 : Instruments et appareils d'optique, de photographie ou de cinématographie, de
mesure, de contrôle ou de précision ; instruments et appareils médico-chirurgicaux ; parties     3,3 %
et accessoires de ces instruments ou appareils

SH72 : Fonte, fer et acier                                                                       3,1 %

SH29 : Produits chimiques organiques                                                             3,0 %

SH71 : Perles fines ou de culture, pierres gemmes ou similaires, métaux précieux, plaqués
ou doublés de métaux précieux et ouvrages en ces matières ; bijouterie de fantaisie ;            2,4 %
monnaies
Source : Banque nationale de Belgique, concept national.

À un niveau plus détaillé, les principaux produits exportés par la Belgique vers le Royaume-Uni
sont constitués des voitures de tourisme (SH 8703) qui représentent en moyenne annuelle 12,4 %
des exportations belges destinées au Royaume-Uni, suivies du sang humain et sang animal préparé
(SH 3002) avec une part de 5,4 % et de médicaments (SH 3004) avec une part de 4,7 %.

Importations
En ce qui concerne les importations, la Belgique a principalement importé du Royaume-Uni des
voitures automobiles (SH 87) pour 2,5 milliards d’euros, des combustibles minéraux (SH 27) pour
2,2 milliards d’euros et des machines, appareils et engins mécaniques (SH 84) pour près de
1,1 milliard d’euros, en moyenne annuelle sur la période 2017-2019. Les importations de ces
groupes de produits représentent respectivement 20,3 %, 17,9 % et 8,6 % des importations belges
de biens en provenance du Royaume-Uni sur la période 2017-2019. Les 10 principaux groupes de
produits importés par la Belgique en provenance du Royaume-Uni se trouvent dans le tableau 4.
19

Tableau 4. Top 10 des principaux produits importés par la Belgique issus du Royaume-
Uni
En pourcentage des importations totales issues du Royaume-Uni, moyenne 2017-2019
                                                                                                Moyenne
Groupes de produits importés
                                                                                               2017-2019

SH87 : Voitures automobiles, tracteurs, cycles et autres véhicules terrestres, leurs parties
                                                                                                20,3 %
et accessoires

SH27 : Combustibles minéraux, huiles minérales et produits de leur distillation ; matières
                                                                                                17,9 %
bitumineuses ; cires minérales

SH84 : Réacteurs nucléaires, chaudières, machines, appareils et engins mécaniques ; parties
                                                                                                 8,6 %
de ces machines ou appareils

SH29 : Produits chimiques organiques                                                             6,3 %

SH71 : Perles fines ou de culture, pierres gemmes ou similaires, métaux précieux, plaqués
ou doublés de métaux précieux et ouvrages en ces matières ; bijouterie de fantaisie ;            6,3 %
monnaies
SH85 : Machines, appareils et matériels électriques et leurs parties ; appareils
d'enregistrement ou de reproduction du son, appareils d'enregistrement ou de                     4,3 %
reproduction des images et du son en télévision, et parties et accessoires de ces appareils
SH33 : Huiles essentielles et résinoïdes ; produits de parfumerie ou de toilette préparés et
                                                                                                 3,7 %
préparations cosmétiques

SH30 : Produits pharmaceutiques                                                                  3,4 %

SH90 : Instruments et appareils d'optique, de photographie ou de cinématographie, de
mesure, de contrôle ou de précision ; instruments et appareils médico-chirurgicaux ; parties     3,0 %
et accessoires de ces instruments ou appareils

SH39 : Matières plastiques et ouvrages en ces matières                                           2,7 %

Source : Banque nationale de Belgique, concept national.

À un niveau plus détaillé, les principaux produits importés par la Belgique en provenance du
Royaume-Uni sont les voitures de tourisme (SH 8703), le gaz de pétrole et autres hydrocarbures
gazeux (SH 2711) et les huiles de pétrole ou de minéraux bitumeux (SH 2710), avec des parts
respectives dans les importations belges provenant du Royaume-Uni de 17,9 %, 9,5 % et 7,3 %.
20

3.2.3. Approche multilatérale
L’analyse multilatérale, complémentaire à l’approche bilatérale observée ci-dessus, souligne
d’autres produits pour lesquels le Royaume-Uni est un partenaire commercial important. Selon
l’approche multilatérale, la destination « Royaume-Uni » en tant que débouché pour les
exportations belges par groupe de produits est mise en exergue. En d’autres mots, pour un groupe
de produits donné, l’objectif est de déterminer la part que représente un pays en particulier (ici le
Royaume-Uni) dans les exportations totales belges de ce même groupe de produits. Ainsi, pour
chacun d’eux, le rapport entre les exportations belges à destination du Royaume-Uni et les
exportations mondiales de la Belgique pour ce même groupe de produits est examiné. De cette
manière, il est possible de mettre en évidence l’importance du Royaume-Uni comme débouché
des exportations belges pour chacun de ces groupes de produits. Cela permet de dégager certains
secteurs qui, à première vue, ne sont pas significatifs en raison de leur faible valeur totale
d’exportation, mais pour lesquels le Royaume-Uni représente pourtant un partenaire commercial
important. Les importations sont également passées en revue.

Exportations
Le Royaume-Uni est, en part relative, un débouché essentiel pour les exportations belges de tissus
spéciaux (SH 58) avec 29,3 %, de tapis et autres revêtements de sol en matières textiles (SH 57)
avec 25,5 %, d’ouvrages divers (SH 96) avec 25,4 % et de produits de la navigation aérienne ou
spatiale (SH 88) avec 23,5 %.
À un niveau plus détaillé, le Royaume-Uni est un débouché important de la Belgique notamment
pour les exportations d’os et cornillons (SH 0506), de velours et peluches tissés (SH 5801), de
clous, vis, boulons, écrous, etc. (SH 7415), de pâtes chimiques en bois (SH 4704) et de minerais
d’aluminium (SH 2606). La part du Royaume-Uni dans les exportations belges de ces produits
s’élevant respectivement à 90,4 %, 48,1 %, 45,6 %, 42,6 % et 42,3 %.

Importations
Le Royaume-Uni est un fournisseur important du marché belge pour les huiles essentielles (SH
33), représentant 17,9 % des importations belges d’huiles essentielles, la laine (SH 51) avec une
part de 12,8 %, et les peintures et vernis (SH 32) avec une part de 9,2 %.
À un niveau plus détaillé, le Royaume-Uni est un fournisseur important de la Belgique en ce qui
concerne les importations belges de plaqué ou doublé de platine sur métaux communs (SH 7111),
de sabres, épées, baïonnettes, lances et autres armes blanches (SH 9307), de stéarine solaire (SH
1503) et d’argent (SH 7106). La part du Royaume-Uni dans les importations belges de ces produits
s’élève respectivement à 94,6 %, 92,0 %, 91,9 % et 88,6 %.

4. Impact Brexit
4.1. Impact économique du Brexit depuis le référendum
Si le Brexit a officiellement eu lieu le 31 janvier 2020 sur le plan politique, il ne s’est pas encore
manifesté pleinement sur le plan économique, vu qu’une période de transition court jusqu’au 31
décembre de cette année. En matière commerciale, le Royaume-Uni fait ainsi toujours partie du
marché unique et de l’union douanière européenne.
Néanmoins, l’annonce du Brexit a, en elle-même, déjà engendré des coûts économiques pour le
Royaume-Uni. À défaut de pouvoir évaluer précisément l’impact que le référendum a eu sur la
croissance, il est possible de se faire une première idée en comparant l’évolution observée du PIB
soit avec les prévisions pour le Royaume-Uni faites avant le référendum, soit avec des pays
comparables comme les Etats-Unis, la France et l’Allemagne, soit avec des combinaisons de pays
qui ont présenté une évolution similaire à celle du Royaume-Uni. La plupart des estimations
s’accordent sur un coût économique estimé entre 1,5 et 3 points de pourcentage du PIB entre le
moment de l’annonce des résultats du référendum et la fin de 2019.
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À court terme, le Brexit a affecté la demande par le biais des incertitudes et des attentes des
entreprises et des ménages. Ces incertitudes ont particulièrement pesé sur les investissements des
entreprises. Selon les estimations, ils auraient été inférieurs de 11 % à 22 % à ce qu’ils auraient été
si le oui l’avait emporté lors du référendum.

Graphique 11. Investissements des entreprises et estimation indicative en l’absence de
Brexit
Indices en valeur (2016 Q2=100), évolution trimestrielle.

Note : (b) Le contrefactuel est basé sur des estimations de l’impact annuel du Brexit mis en évidence au
Tableau 3 in Bloom et al (2019). La zone orangée illustre l’intervalle de confiance à 90 %. (c) Mesure en
volume, chainé.
Source : Bloom et al (2019) 8 et calculs de la Banque d’Angleterre.

4.2. Le Brexit est-il négligeable à côté du Covid ?
Le choc du Covid-19 sur l’économie britannique, comme sur les économies des autres pays, a été
d’une ampleur telle que le Brexit a été relégué dans l’ordre des préoccupations. Nombre de
Brexiters pensent qu’il n’y a rien à craindre d’un Brexit même sans accord.
Ce n’est toutefois qu’une illusion éphémère car une part substantielle du coût économique du
Covid-19 est de nature temporaire et son importance devrait diminuer au fil des trimestres. Il n’en
resterait après trois ans que des dommages permanents à long terme estimés à quelque 1,7 point
de pourcentage du PIB, selon Sampson (2020) sur la base des projections de la Banque
d’Angleterre. À l’inverse, les coûts du Brexit sont, pour l’essentiel, de nature permanente. Le
gouvernement britannique a estimé son impact à long terme (15 ans) à 7,6 points de pourcentage
du PIB en l’absence d’accord sur la relation future et à 4,9 points de pourcentage en cas d’accord
de libre-échange.
En supposant une évolution graduelle de ce coût à long terme du Brexit au cours des 15 prochaines
années (une hypothèse plutôt optimiste vu que certains coûts se matérialiseront dès la mise en
place des droits de douane et des barrières commerciales aux frontières), Sampson (2020) compare
les profils d’évolution dans le temps du coût du Covid-19 et de ceux du Brexit en faisant
commencer les deux événements au début de 2020.

8 Bloom N., P. Bunn, S. Chen, P. Mizen, P. Smietanka and G. Thwaites (2019), The impact of Brexit on UK
Firms, NBER WP26218, September.
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Graphique 12. Coût économique du Covid-19 et du Brexit pour l’économie britannique
Indices du PIB en volume = 100 au quatrième trimestre de 2019

Source : Sampson Th. (2020), The UK economy: Brexit vs Covid-19, blog The UK in a changing Europe, 25
août.

Il en ressort que si le coût économique du Covid-19 est beaucoup plus élevé à court terme que
celui du Brexit, c’est l’inverse à long terme.
Pour comparer ces performances à différents moments, Sampson recourt à une actualisation des
pertes futures à partir d’un taux d’actualisation réel annualisé de 4 %, un chiffre plutôt élevé qui
réduit la valeur actualisée des coûts à long terme. En valeur actualisée, le Covid-19 réduit le PIB
britannique de 2,1 points de pourcentage, tandis que le coût du Brexit s’élève à 3,7 points de
pourcentage avec un accord de libre-échange et à 5,7 points de pourcentage en l’absence d’un
accord.

4.3. Brexit Adjustment Reserve créée lors du Conseil
     européen du 17 au 21 juillet 2020 : que peut en attendre
     la Belgique ?
À la demande de l’Irlande et de la Belgique, le Conseil européen du 17 au 21 juillet 2020 consacré
au cadre budgétaire pluriannuel de l’Union européenne ainsi qu’au plan de relance, a créé, au sein
des rubriques hors budget, une nouvelle Brexit Adjustment Reserve de 5 milliards « afin de
compenser les conséquences négatives du Brexit pour les pays et les secteurs les plus affectés ».
Le Conseil a invité la Commission européenne à présenter une proposition d’ici novembre 2020.
Dans l’attente de plus amples informations sur les modalités de cette réserve et sur son éventuelle
répartition entre les pays, on rappellera que la plupart des études analysant l’impact économique
du Brexit sur les économies des pays individuels s’accordent sur le fait que la Belgique fait partie,
bien après l’Irlande, des pays les plus impactés, comme l’illustre le tableau 5.
Le tableau montre la perte médiane en points de pourcentage du PIB sur les sept études
sélectionnées par Bisciari (2019) car elles contenaient des résultats pour la plupart des pays
individuels. Ces études ne présentent que le canal du commerce, à l’exclusion donc des
investissements directs étrangers, de la migration, etc.
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