Montréal 2019 Analyse des résultats de l'Index ICC - Conseil de l'Europe

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Montréal 2019 Analyse des résultats de l'Index ICC - Conseil de l'Europe
Montréal

Analyse des
résultats de
 l’Index ICC
   2019
Montréal 2019 Analyse des résultats de l'Index ICC - Conseil de l'Europe
2

Ville de Montréal (Canada)
ANALYSE DE L’INDEX ICC

Publié le Janvier 2020

Préparé par Ivana d’Alessandro

Secrétariat du Programme des Cités Interculturelles

Conseil de l’Europe

F-67075 Strasbourg Cedex

France

www.coe.int/interculturalcities
Montréal 2019 Analyse des résultats de l'Index ICC - Conseil de l'Europe
TABLE DES MATIERE
INTRODUCTION ___________________________ ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
 Définition de la Cité interculturelle __________________________________ Error! Bookmark not defined.
 Méthodologie __________________________________________________ Error! Bookmark not defined.
 Montréal: présentation générale ____________________________________ Error! Bookmark not defined.

ENGAGEMENT INTERCULTUREL ____________________________________________ 6
LE PRISME INTERCULTUREL _______________________________________________ 9
 Education ____________________________________________________________________________ 13
 Politiques de quartier ___________________________________________________________________ 14
 Politiques de service public ______________________________________________________________ 17
 Politiques appliquées aux entreprises et au marché du travail ___________________________________ 20
 Vie culturelle et publique ________________________________________________________________ 22
 Espace public _________________________________________________________________________ 24

MEDIATION _____________________________________________________________ 28
LANGUE _______________________________________________________________ 32
MEDIA ET COMMUNICATION ______________________________________________ 34
PERSPECTIVE INTERNATIONALE __________________________________________ 37
COMPETENCE INTERCULTURELLE ________________________________________ 39
POLITIQUES D'ACCUEIL __________________________________________________ 41
LEADERSHIP ET CITOYENNETE ___________________________________________ 44
LUTTE CONTRE LES DISCRIMINATIONS ____________________________________ 47
PARTICIPATION _________________________________________________________ 40
INTERACTION___________________________________________________________ 42
CONCLUSIONS__________________________________________________________ 44
RECOMMANDATIONS ____________________________________________________ 54
4

INTRODUCTION

Cités interculturelles est un programme phare du Conseil de l'Europe. Il cherche à explorer le potentiel d'une
approche interculturelle de l'intégration dans les communautés aux populations culturellement diverses. Les villes
participant au programme revoient leur gouvernance, leurs politiques, leur discours et leurs pratiques d'un point
de vue interculturel.

Dans le passé, l’analyse des politiques des villes avait la forme de rapports narratifs et de profils de villes - une
forme qui était riche en contenu et en détails. Cependant, les rapports narratifs à eux seuls étaient relativement
faibles en tant qu'outils de suivi et de communication des progrès. Ainsi, un "Indice des villes interculturelles" a été
conçu comme un outil de benchmarking pour les villes participant au programme ainsi que pour les futurs
membres.

Au moment de la rédaction du présent rapport (décembre 2019), 136 villes ont adhéré au programme et à
l'approche des Cités interculturelles, et 103 (y compris Montréal) ont analysé leurs politiques interculturelles en
utilisant l'indice des cités interculturelles. Les rapports pertinents peuvent être consultés à l'adresse suivante :
https://www.coe.int/fr/web/interculturalcities/index-results-per-city .

Parmi ces villes, vingt-trois (y compris Montréal) comptent plus de 500 000 habitants et vingt-trois (y compris
Montréal) comptent plus de 20 % de résident-e-s né-e-s à l'étranger.

Ce document présente les résultats de l'analyse de l'Indice de la Cité Interculturelle pour Montréal, Canada, en
2019, et présente les conclusions et recommandations d’un point de vue des politiques interculturelles.

DEFINITION DE LA CITE INTERCULTURELLES
Une cité interculturelle est une ville qui a une population plurielle, composée de personnes qui diffèrent par leur(s)
nationalité(s), leurs origines, leur(s) langue(s), leur religion/leurs croyances, leur orientation sexuelle ou leur âge,
et dans laquelle les responsables politiques et la majorité des citoyen-ne-s portent un regard positif sur la diversité,
qu’elles-ils considèrent comme une ressource. La cité interculturelle lutte activement contre la discrimination et
adapte sa gouvernance, ses institutions et ses services aux besoins d’une population diverse. La ville dispose de
stratégies et d’outils lui permettant de gérer cette diversité de manière positive, et de faire face aux conflits culturels
qui peuvent en découler, tout en favorisant la participation citoyenne. Enfin, elle favorise les rencontres et
encourage un plus grand brassage entre les différents groupes de population dans les espaces publics.

METHODOLOGIE
L’analyse effectuée dans le cadre de l’Index ICC est menée à partir des réponses à 86 questions (dont 73
« obligatoires »), regroupées sous 12 indicateurs, portant sur trois types distincts de données. Les indicateurs ont
un poids différent selon leur importance relative. Pour chaque indicateur, les villes participantes peuvent atteindre
jusqu’à 100 points (qui sont ensuite consolidés pour l’Index des cités interculturelles général).

Les indicateurs comprennent (y compris les deux nouveaux indicateurs en jaune ci-dessous) :

    1.   Engagement
    2.   Prisme Interculturel                               Éducation
    3.   Médiation et règlement des conflits                Quartiers
    4.   Langue                                             Services publics
    5.   Médias et communication                            Monde de l’entreprise et le marché
                                                            du travail
    6.   Optique internationale                             Vie culturelle et sociale
    7.   Veille et compétences interculturelles             Espace public
    8.   Accueil des nouveaux arrivants
5

    9.    Leadership et citoyenneté
    10.   Lutte contre la discrimination
    11.   Participation
    12.   Interaction

La comparaison établie entre les villes est strictement indicative, étant donné leurs grandes différences en termes
d’évolution historique, de type et d’échelle de diversité, de modèles de gouvernance et de niveau de
développement économique. La comparaison, basée sur un ensemble de critères formels liés à l’approche
interculturelle des politiques urbaines, a pour unique objet de servir d’instrument d’évaluation comparative
des performances, l’objectif étant d’inciter les villes à s’inspirer de bonnes pratiques.
Compte tenu des différences susmentionnées entre les villes, ainsi que du nombre croissant de nouvelles villes
désireuses d’utiliser l'indice des villes interculturelles, il a été décidé de comparer les villes non seulement à
l'intérieur de l'échantillon entier, mais aussi selon des critères spécifiques. Deux d'entre eux ont été retenus à ce
jour : la taille (moins de 100 000 habitants, entre 100 000 et 200 000, entre 200 000 et 500 000 et plus de 500 000
habitants) et le pourcentage de résident-e-s né-e-s à l'étranger (moins de 10 pour cent, entre 10 et 15 pour cent,
entre 15 et 20 pour cent et plus de 20 pour cent). Cette approche devrait permettre une comparaison plus réaliste,
une meilleure présentation visuelle et un filtrage des résultats plus solide et plus utile.
Jusqu'à présent, huit villes ont utilisé l'indice contenant les nouveaux indicateurs dans leurs évaluations, dont
Montréal. Ainsi, la ville sera comparée à l'ensemble de l'échantillon pour tous les indicateurs, et au nouvel
échantillon pour les nouveaux indicateurs relatifs à la participation et à l'interaction.
Selon les résultats globaux de l'indice, Montréal a un indice global des cités interculturelles de 78% (sur 100 points
possibles). Les détails de ce résultat seront expliqués ci-dessous.

                                      Intercultural City Index (ICC)
                                   City sample (inhabitants > 500'000)
    100
     90
     80
     70
     60
     50
     40
     30
     20
     10
      0
6

                                   Intercultural City Index (ICC)
                          City sample (non-nationals/foreign borns > 20%)
     100
      90
      80
      70
      60
      50
      40
      30
      20
      10
       0

                                                  Commitment
                                                  125
                          Governance              100                      Intercultural lens
                                                    75
                                                    50
                   Welcoming                        25                                Mediation
                                                     0

       Intelligence/Competen
                                                                                 Language
                  ce

                        International outlook                       Media

                                                    2011                       2019

MONTREAL : PRESENTATION GENERALE
Montréal est située dans la province de Québec, dans le sud-est du Canada. En 2019, l'agglomération de Montréal
compte 1,9 million d'habitants et la région métropolitaine de Montréal 4 098 927 habitants (au 1er janvier 2016). Il
s’agit de la deuxième ville la plus peuplée du pays. Avec 365 km2, la ville de Montréal occupe environ les trois
quarts de l'île de Montréal, la plus grande des 234 îles de l'archipel d'Hochelaga, l'un des trois archipels situés au
confluent des rivières des Outaouais et du Saint-Laurent.
7

La ville a été fondée en 1642 par des colons européens en vue d'établir une communauté missionnaire catholique
sur l'île de Montréal. Il devait s'appeler Ville-Marie, d'après la Vierge Marie. Son nom actuel vient du mont Royal,
la colline à trois sommets au cœur de la ville. De l'époque de la Confédération du Canada (1867), Montréal a été
le plus grand centre métropolitain du pays jusqu'à être dépassé par Toronto dans les années 70.
La municipalité est composée de 19 arrondissements subdivisés en quartiers. Les arrondissements présentent
chacun leurs particularités, que ce soit en matière de composition démographique, de taille, etc. Chaque
arrondissement possède un budget propre et offre des services directs à la population dans divers domaines, dont
la propreté des lieux publics, l’entretien et la réfection de la voirie municipale, la distribution d’eau potable, les
activités sportives et culturelles, les parcs locaux, le développement social et l’aménagement urbain. La gestion
de chacun des arrondissements est sous la responsabilité d’un directeur qui relève du conseil d’arrondissement.
Plusieurs (10) de ces arrondissements étaient des villes indépendantes ; la province de Québec a fusionné les 28
municipalités de l'île de Montréal en une seule ville de Montréal, à la suite d'une fusion forcée des municipalités.
Par la suite, et après un référendum sur le retrait de la fusion (2004), quinze des municipalités auparavant
indépendantes de l'île ont voté pour se retirer de la mégapole et devenir des municipalités reconstituées.
La majorité des migrants vivant au Québec se concentrent à Montréal (85,8 %), ce qui représente 23,4 %, suivie
de Sherbrooke (7,1 %) et de Saint-Hyacinthe (6,1 %). A Montréal, environ 150 langues sont parlées et plus de 200
religions sont pratiquées. Bien que le Québec soit majoritairement francophone, certaines municipalités de la
région de Montréal sont majoritairement anglophones. Une caractéristique unique de Montréal est la connaissance
pratique du français et de l'anglais.
En ce qui concerne l’économie, Montréal se classe au deuxième rang des villes canadiennes classées par PIB et
au premier rang au Québec. Avec une croissance réelle de 3,6 % de son PIB (2019), la ville a enregistré la plus
forte croissance économique des grandes villes canadiennes, devant Toronto, Vancouver, Calgary et Ottawa-
Gatineau.
La ville est aujourd'hui un important centre de commerce, de finance, d'industrie, de technologie, de culture et
d'affaires mondiales. L'industrie aérospatiale est un employeur important au Québec et Montréal abrite le siège
social de l'Association du transport aérien international, du Conseil de l'aviation d'affaires internationale et de
l'Organisation de l'aviation civile internationale. La recherche et le développement en matière de transport en
général sont d’autres composantes importantes de l'économie - le port de Montréal étant l'un des plus grands ports
intérieurs au monde. Les autres industries comprennent la recherche en intelligence artificielle, la finance, la
transformation des aliments, la fabrication de boissons, l'ingénierie, le développement de logiciels, la fabrication
d'équipement de télécommunications et de produits pharmaceutiques, ainsi que l'impression et la publication.
Le taux d'activité atteint 67,5 % et le taux de chômage diminue d'année en année. En 2018, Montréal a connu le
taux de chômage le plus bas de son histoire - 6,1 %.
Les données sur la citoyenneté et le statut des Montréalais-es proviennent des recensements de la population
réalisés, sur une base quinquennale, par Statistique Canada.
Ces données permettent d’analyser différents groupes de population soit :
-   La population ayant la citoyenneté canadienne ou non ;
- Les non immigrant-e-s, les immigrant-e-s (incluant des sous-groupes de population formés par les immigrant-
e-s selon la période d’immigration et selon la catégorie d’admission) et les résident-e-s non permanent-e-s;
- La population appartenant ou non à un groupe de minorités visibles, tel que défini dans la Loi sur l'équité en
matière d'emploi. Il s'agit principalement des groupes suivants : Sud-Asiatique, Chinois, Noir, Philippin, Latino-
Américain, Arabe, Asiatique du Sud-Est, Asiatique occidental, Coréen et Japonais.
8

Il convient de noter que, selon les données 2016 du recensement de Statistiques Canada, 78 760 personnes ont
déclaré avoir été admises à titre de réfugié-e entre 1980 et 2016 et résider à Montréal.
En 2017 et 2018, le Québec - et donc majoritairement Montréal - ont accueilli 52 675 demandeurs et demandeuses
d'asile dont les dossiers n'ont pas tous été traités à ce jour par la Commission de l’immigration et du statut de
réfugié du Canada.
9

ENGAGEMENT

Pour que l’intégration interculturelle ait lieu, les autorités municipales doivent annoncer clairement et publiquement
leur engagement envers les principes interculturels, à savoir la diversité, l’égalité et l’interaction. Dans l’idéal, la
majorité des élu-e-s et des hauts fonctionnaires devraient avoir une connaissance approfondie de ces principes
fondamentaux et de leurs implications pour l’élaboration de politiques. Dans les cités interculturelles, les autorités
municipales doivent également engager un processus institutionnel visant à traduire les principes de
l’interculturalité en des politiques et actions concrètes. Mais, surtout, elles doivent s’efforcer activement d’intégrer
tous leurs résidents, indépendamment de leur(s) nationalité(s), origines, langue(s), religion/croyances, orientation
sexuelle ou âge, dans le processus d’élaboration des politiques, tout en valorisant et en développant les
éventuelles pratiques interculturelles déjà existantes dans la ville.

S’agissant des objectifs de la politique d’engagement, le taux de réalisation de Montréal est sensiblement supérieur
à celui de la ville type : 93 % de ces objectifs ont été réalisés (contre 78% en 2011) alors que le taux de réalisation
de la politique d’engagement de la ville type atteint 70 %.

Ce succès s’explique sans doute par la combinaison de déclarations d’intentions et de principes fortes, et de
mesures concrètes visant la mise en œuvre des engagements politiques affichés. L’inclusion et la diversité font
parties des priorités organisationnelles de la ville, ce qui est reflété aussi dans la manière dont les services
municipaux de Montréal sont organisés, et dans une méthode de travail transversale.

                              Intercultural City Index (ICC) - Commitment
                                  City sample (inhabitants > 500'000)

     120
     100
       80
       60
       40
       20
        0
10

                              Intercultural City Index (ICC) - Commitment
                           City sample (non-nationals/foreign borns > 20%)

     120

     100

      80

      60

      40

      20

       0

La Ville de Montréal est - depuis longtemps - engagée dans la conception et mise en œuvre de politiques
interculturelles, et a adopté une série de déclarations qui comportent des orientations et des engagements basés
sur ces principes, notamment :
          Le 15 mars 1989, Montréal adopte la Déclaration de Montréal contre la discrimination raciale, où la Ville
           reconnaît l’importance de la diversité et de la composante multiraciale et multiethnique. La ville s’engage
           notamment à combattre toute forme de discrimination et à encourager des relations interculturelles
           harmonieuses.
          Le 22 mars 2004, la ville adopte la Déclaration de Montréal pour la diversité culturelle et l’inclusion par le
           biais de laquelle elle s’engage à prendre toutes les mesures en son pouvoir pour promouvoir le
           rapprochement interculturel, le dialogue entre les cultures et à favoriser une meilleure gestion de la
           diversité culturelle.
          En vigueur depuis le 1er janvier 2006, la Charte montréalaise des droits et des responsabilités touche
           toutes les grandes sphères de la vie municipale. Il s’agit d’un outil de référence de la vie démocratique
           qui permet d’aborder les questions de justice, d’équité et d’inclusion. Elle est disponible dans une dizaine
           de langues (y compris les langues autochtones). L'article 30 précise que: « Dans la présente Charte,
           citoyen s'entend de toute personne résidant sur le territoire de la Ville de Montréal ». La porté de cet
           article est hautement symbolique : cela signifie que toutes les personnes, y compris les personnes issues
           de l’immigration, quel que soit leur statut, sont considérées comme faisant partie intégrante de la ville.
           Par ailleurs, l'un des objectifs de la Charte est de favoriser la participation des citoyens aux affaires
           municipales.
          En 2013, la Déclaration de Montréal sur le Vivre ensemble est adoptée par la ville et par 22 autres
           métropoles à travers le monde, reconnaissent leur rôle en tant qu’acteurs de première ligne en matière
           de gestion de la diversité, de l’égalité et de l’inclusion économique et sociale des concitoyens.
Cette volonté d’afficher publiquement un engagement fort en faveur de l’égalité dans la diversité est accompagnée
par des mesures concrètes qui visent à mettre en pratique les principes prônés.
C’est ainsi qu’en 2003, la Ville a créé le Conseil interculturel de Montréal, un organisme de consultation et
d’échange chargé de conseiller le conseil municipal en matière de relations interculturelles, et qui est à la fois un
formidable instrument pour encourager la participation politique et sociale de tou-te-s les citoyen-ne-s, y compris
des personnes d’origine migrante. Il convient de noter que la ville dispose également de deux autres conseils
consultatifs spécifiques : Le Conseil des jeunes de Montréal, le Conseil des femmes de Montréal.
11

En juin 2017, le conseil municipal a adopté la Politique de développement social de la Ville de Montréal « Montréal
de tous les possibles! ». Cette politique est de nature transversale et a pour objet principal de mobiliser les services
municipaux, les arrondissements et les villes liées de l’agglomération autour du bien-être et de la qualité de vie
des citoyen-ne-s à l’échelle des quartiers et de l’ensemble du territoire montréalais. Un plan d’action en
développement social, est aujourd’hui en cours d’élaboration par le Service de la diversité et de l’inclusion sociale
(SDIS), afin de proposer l’élaboration d’une stratégie et de mener à bien d’actions concrètes en matière de relations
interculturelles de valorisation de la diversité ethnoculturelle.
Plus récemment, en 2018, Montréal a lancé le Plan d’action « Montréal inclusive 2018-2021 » ayant pour but de
créer les conditions permettant à tou-te-s ses citoyen-ne-s de participer pleinement à la vie sociale et économique
de la ville. Ce plan implique non seulement les propres employé-e-s de la Ville et ses élu-e-s, mais aussi les
Montréalaises et les Montréalais en les engageant dans l’élimination des principaux obstacles qui nuisent à
l’intégration socio-économique des nouveaux arrivants. Ce projet s’adresse à la société d’accueil dans toute sa
diversité, se veut ludique et positif et est développé en cocréation avec les acteurs du milieu. Il vise également à
développer des actions qui permettent d’accélérer le processus d’intégration des immigrants.
Enfin, le 24 avril 2019, le Conseil interculturel de Montréal a présenté l’avis Montréal: cité interculturelle,
recommandant notamment l’élaboration d’une politique interculturelle.
Ces différents politiques et mesures sont aussi proprement financées et font l’objet d’évaluations tout au long de
leur vie. Ainsi, à travers différentes stratégies d'interventions et ententes gouvernementales, un certain nombre de
budgets sont alloués afin de développer le volet interculturel et rejoindre les personnes issues de l’immigration et
des communautés ethnoculturelles. Quelques exemples :
             L'entente triennale entre le ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion (MIDI) et la Ville
              de Montréal (2018-2021) : dotée d’un montant de 12 M$ cette entente vise au rapprochement
              interculturel et à une meilleure intégration sociale des citoyennes et citoyens d'origines diverses. Par
              cette entente, la Ville de Montréal s'engage notamment à poursuivre et renforcer des actions en
              matière de lutte contre la discrimination et l'exclusion sociale et à collaborer à la réalisation de
              mesures visant l'intégration des personnes immigrantes et leur pleine participation à la vie
              montréalaise.
             La Politique de l’enfant : avec un budget de 5M $ annuel, plusieurs projets permettent de rejoindre
              les personnes des communautés ethnoculturelles notamment à travers le Programme d’intervention
              de milieu pour les jeunes 12-30 ans (PIMJ) ;
             L’Entente administrative sur la gestion du Fonds québécois d’initiatives sociale au titre des Alliances
              pour la solidarité (Ville – MTESS), dotée d’un budget de 10 M$ par année pour une période de cinq
              ans (50 M$): au-delà de divers projets soutenus dans le cadre de cette entente et qui visent les
              personnes des communautés ethnoculturelles un Fonds pour l’insertion sociale des jeunes issus de
              la diversité - doté d’un budget annuel de 545 000 $ - a été mis sur pied. Il vise à soutenir des projets
              de portée régionale visant l’intégration sociale et économique des jeunes nouveaux arrivants et des
              jeunes des minorités visibles (6 -30 ans) ;
             Le Programme Montréal interculturel (PMI) : avec un budget de 474 185 $ le programme a pour
              objectif de favoriser le sentiment d'appartenance à la collectivité diversifiée de Montréal en
              encourageant les relations interculturelles au sein de la population montréalaise. En 2019, 48 projets
              et autant d’organismes ont été soutenus dans le cadre de ce programme. On peut estimer les
              participants aux différents projets à quelques centaines. Le PMI permet de soutenir des actions de
              rapprochement interculturel et suscite l’intérêt de différents organismes autour d’enjeux
              interculturels.
La ville prend le soin d’informer la population des déclarations, adhésions et autres engagements pris, et ce à
travers divers moyens de communication, y compris par des méthodes novatrices telles que des expositions, des
affichages dans les lieux et bâtiments lors d'événements spécifiques, ou de manière permanente dans des
bâtiments municipaux, sur le site internet de la mairie et via ses réseaux sociaux. Un calendrier avec les principales
activités portant sur l’interculturel est tenu par le Service de la diversité et de l’inclusion sociale.
En outre, l’engagement interculturel de la ville de Montréal est réitéré par les responsables politiques à travers les
diverses allocutions et communications publiques traitant de ce sujet, et des actions publiques à la portée
symbolique sont aussi mise en place. Par exemple, le Prix interculturel de Montréal récompense tous les deux ans
12

les aboutissements remarquables dans l’avancement des relations interculturelles et de la promotion de la diversité
de la part de personnes, d’organismes à but non lucratif et d’entreprises du secteur privé.
La Ville est également partenaire d’autres manifestations (par exemple, le Mois de l’histoire des noirs ou le Mois
de l’héritage hispanique) qui servent à donner un cadre et un programme à une série d’activités (concerts,
expositions, spectacles, etc.) visant à encourager la promotion de l’interculturalisme.
Par ailleurs, en tant que “Maison des citoyen-ne-s”, l’Hôtel de ville accueille tout au long de l’année une série
d’événements initiés par la collectivité et différentes communautés portant sur l’interculturel (ex. :
commémorations, anniversaires, activités culturelles) et les élu-e-s célèbrent – avec les responsables du milieu
associatif - les différentes fêtes nationales et autres manifestations culturelles.
Recommandation
Comme souligné lors de la visite d’experts ICC à Montréal en mai 2019, ces initiatives sont louables et témoignent
- sans nul doute - d'un engagement fort de la Ville en faveur d’une gestion positive de la diversité. Néanmoins, la
ville n'a pas encore conçu une stratégie interculturelle globale et transversale, ce qui lui offrirait un cadre commun
et une vision à plus long terme.
La stratégie Montréal inclusive 2018-2021 comprends des éléments interculturels, et le prochain plan en
développement social proposera des actions en matière d'inclusion et d'intégration des différents groupes de
populations qui cohabitent sur son territoire. Néanmoins, même s’il est bien possible de progresser sans se doter
d’une stratégie cadre, dans le cas de Montréal, et compte tenu de son énorme potentiel, de sa compréhension
profonde de l’interculturalisme, de son expérience, de la variété de ses plans d’actions et déclarations, mais aussi
de sa taille et de son profil administratif regroupant beaucoup de départements, de personnel municipale et
d’acteurs sociaux qui œuvrent autour, il serait vraiment opportun d’entamer une réflexion qui permette de définir
un cadre politique globale afin de renforcer et « institutionnaliser » un discours commun.
Une telle stratégie pourrait aussi servir à canaliser, ordonner et donner une vision à long terme à l'ensemble des
politiques municipales, tout en facilitant une gestion encore plus efficace des ressources humaines et
économiques. Les villes de Barcelone, de Berlin Neukölln, d’Erlangen, de Limassol, et de Botkyrka pourraient être
des exemples inspirants.
13

LA VILLE A TRAVERS LE PRISME INTERCULTUREL

Bien que les compétences officiellement dévolues aux villes et aux autres autorités locales varient
considérablement selon les pays, toutes les villes ont la responsabilité fondamentale de maintenir la cohésion
sociale et de préserver la qualité de vie de leurs habitants. Les politiques conçues à ces fins doivent par
conséquent être repensées et reformulées pour garantir qu’elles prévoient des services adéquats pour tous les
résident-e-s, indépendamment de leurs nationalité(s), origines, langue(s), religion/croyances, orientation sexuelle
ou âge. Il s’agit essentiellement des politiques relatives à l’éducation, aux quartiers, aux services publics, au monde
des affaires et au marché du travail, à la vie sociale et culturelle et à l’espace public.

Les politiques urbaines de la ville de Montréal évaluées dans leur ensemble à travers le « prisme interculturel »
indiquent que le taux commun de réalisation est largement supérieur à celui de la ville type (94% contre 60% pour
la ville type) et en nette amélioration par rapport aux résultats obtenus par Montréal en 2011 (83%).

                          Intercultural City Index (ICC) - Intercultural lens
                                City sample (inhabitants > 500'000)

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                          Intercultural City Index (ICC) - Intercultural lens
                          City sample (non-nationals/foreign borns > 20%)

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EDUCATION
L’éducation formelle et les activités extracurriculaires influencent fortement la façon dont les enfants perçoivent la
diversité à mesure qu’ils grandissent. Aussi les écoles ont-elles beaucoup de pouvoir pour renforcer ou, au
contraire, déconstruire les préjugés et les stéréotypes négatifs. Bien que les programmes scolaires soient
essentiellement définis au niveau national ou régional, au niveau local, les écoles peuvent rechercher des moyens
alternatifs et novateurs de permettre à des enfants de cultures différentes d’apprendre à se faire confiance et à se
respecter mutuellement, et de créer ainsi des conditions d’apprentissage favorables pour tous les élèves, quelles
que soient leurs nationalité(s), origines, langues, orientation sexuelle/identité de genre, religion ou croyances. Du
point de vue interculturel, les diversités culturelles et autres, y compris le multilinguisme, sont considérées comme
de réelles chances et sont cultivées comme telles. Les écoles interculturelles placent aussi les parents d’élèves
issus de la migration/de minorités et les autres parents sur un pied d’égalité. Elles prennent des mesures pour
faire en sorte que tous les parents puissent surmonter leurs éventuelles réticences à participer à la vie scolaire,
leur donnant ainsi la possibilité de jouer le rôle éducatif généralement attendu des parents.

S’agissant des objectifs de la politique d’éducation, le taux de réalisation de Montréal est décidemment
extraordinaire et atteint 100 % des objectifs réalisés alors que le taux de réalisation de la ville type est de 67 %.

Une approche innovante et créative aux questions liées à l’éducation et des interventions dans tous les niveaux
de l’éducation semblent être la clé de ce succès.

                          Intercultural City Index (ICC) - Education system
                                 City sample (inhabitants > 500'000)

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                             Intercultural City Index (ICC) - Education system
                             City sample (non-nationals/foreign borns > 20%)

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Bien que la Ville de Montréal – comme la plupart des villes dans le monde - n’ait pas de compétence en matière
d’éducation, elle met en place ou encourage une très grande variété d’activités qui visent les élèves allant de
l’école primaire jusqu’au lycée.
La diversité culturelle est un fait dans les écoles montréalaises, si bien que certaines études des commissions
scolaires démontrent qu’environ 60% des élèves des écoles primaires et secondaires ont 1 ou 2 parents nés à
l’étranger (2016). Cette mixité est reflétée aussi au niveau du personnel enseignant, puisque la Commission
scolaire de Montréal (CSDM) – l’un des principaux employeurs de la région métropolitaine avec près de 16 350
employés réguliers et non réguliers - compte un personnel qui se distingue par sa diversité culturelle, linguistique
et religieuse1. La CSDM affiche clairement – y compris sur son site internet – sa volonté que les écoles soient un
lieu où l’ensemble des élèves prennent conscience de la diversité, et se préparent pour vivre dans une société
pluraliste, en acquérant les instruments leur permettant d’en apprécier la richesse tout en connaissant les défis
pour mieux les surmonter
Montréal compte 113 700 élèves, répartis dans 196 établissements scolaires, dont certains sont spécialisés dans
l’accueil et l’éducation d’élèves en situation de handicap et d’élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage.
En œuvrant en coopération avec les écoles ou en soutenant financièrement des organismes et acteurs du social
dans leurs propres interventions en milieu scolaire que la Ville réalise des activités visant à encourager la
participation des parents, mener des activités de médiation interculturelle, prôner le respect et la valorisation de la
diversité, éduquer au dialogue interculturel.
À titre d’exemple, le Centre d’histoire de Montréal, organisme de la Ville, mène d’importants projets sur
l’interculturel en collaboration avec les écoles, à savoir :
            “Vous faites partie de l’histoire” est un programme éducatif réalisé dans le cadre de l'Entente entre la Ville
             de Montréal et le ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion et des Communautés
             culturelles du Québec qui s'adresse aux classes d'accueil du secondaire. Il vise à créer des passerelles
             entre le passé des élèves récemment arrivé-e-s des quatre coins du monde et leur nouvelle vie dans les
             pays d’accueil par le biais de narration de récits et de sauvegarde de « trésors » personnels que les
             élèves partagent avec les montréalais à travers le musée. Ce programme favorise l’apprentissage des
             langues du pays d’accueil, l’estime de soi, et l’interaction entre les nouveaux élèves et les autres citoyen-
             ne-s.

1Source : “Rapport mémoire CSDM sur Projet de loi 21”: http://csdm.ca/wp-content/blogs.dir/6/files/Memoire-la%C3%AFcit%C3%A9-DG-
06-224.pdf
16

          L’exposition “J’arrive à Montréal” est un projet qui s’adresse aux adolescent-e-s nouvellement arrivé-e-s
           à Montréal, en les invitant à poser un regard sur la ville tout en traduisant leur bagage culturel et leur
           histoire personnelle.
          L’exposition itinérante “Fenêtre sur l’immigration” met à l’honneur les récits et témoignages des
           montréalais et montréalaises issu-e-s de l’immigration qui se confient aux visiteurs en partageant leurs
           impressions, leurs doutes, leurs difficultés mais aussi les succès de leur parcours d’intégration. Leurs
           histoires rassemblées révèlent une ville plurielle et changeante, rythmée par les communautés et les
           générations qui s’y succèdent.
Aussi, le Centre d’histoire organise périodiquement des visites dynamiques conçues spécifiquement pour les
classes d’accueil de niveau débutant.
D’autres organismes ou partenaires de la Ville mènent des actions en milieu scolaire, notamment ciblant les écoles
primaires et secondaires. Ainsi, des projets interculturels portant sur la valorisation de la diversité, sur l'immigration
ainsi que sur les questions d'actualité sont mis en œuvre avec des organismes artistiques et avec les maisons de
la culture dans le cadre d’initiatives en médiation culturelle. Certains quartiers à forte concentration multiethnique
sont tout particulièrement ciblés par ce type de projets, comme par exemple les quartiers Côte-des-Neiges, Parc-
Extension, Ahuntsic-Cartierville, et Montréal-Nord.
En loisir également, certains projets interculturels sont mis en place en matière d'intervention parascolaire. Parmi
les plus remarquables, on peut citer le projet podcast « Parce qu'on vient de loin ». Il s’agit d’un projet de podcast
par et pour les adolescents et jeunes de 18-30 ans du quartier Saint-Michel afin d'outiller ces futurs créateurs de
contenus culturels. Les ateliers sont menés par des professionnels et mentors provenant du milieu communautaire,
des affaires et de diverses disciplines artistiques. Ce projet par et pour les jeunes vise à donner une voix aux
jeunes éloignés des médias traditionnels afin qu’ils puissent maximiser leur potentiel de créativité.
D’autres projets sont aussi dignes de mention, notamment :
          Le projet Lumière sur nos talents locaux, financé par le Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à
           Montréal, accompagne 10 à 12 jeunes ambassadeurs de la diversité pour mener une campagne de
           sensibilisation auprès des employeurs du quartier Saint-Michel. Les jeunes - formés par des experts en
           employabilité et en gestion de la diversité - sont responsables de sensibiliser les employeurs sur l’apport
           positif des jeunes, des personnes issues de l’immigration récente et des minorités ethnoculturelles. Cette
           campagne de sensibilisation est aussi alimentée d’activités médiatiques, où les jeunes créatifs et habiles
           avec les multimédias, créent, avec des professionnels en vidéographie, des capsules vidéo thématiques
           à diffuser sur les réseaux sociaux et auprès des employeurs.
          Le projet « Les jeunes ambassadeurs contre les préjugés » vise à mobiliser les jeunes des écoles
           primaires et secondaires de l’arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension sur l’importance de
           combattre la discrimination et valoriser la diversité, au sein des milieux scolaires et les quartiers de
           proximité.
Finalement, en ce qui concerne la participation des parents d’élèves à la vie des écoles, le projet « Des racines
pour grandir » du Centre d’histoire en collaboration avec l’organisme Une École montréalaise pour tou-te-s2
favorise à la fois le dialogue intergénérationnel et le dialogue interculturel, puisqu’il s’intéresse aux récits de vie de
familles qui peuvent être montréalaises depuis deux générations ou plus, mais qui peuvent aussi venir d’endroits
bien différents, ailleurs au Québec ou au Canada, ou ailleurs dans le monde. Il s’intéresse à l’élève, à ses parents,
à ses grands-parents et à ses arrière-grands-parents. Il permet aux élèves d’en apprendre davantage sur leurs
propres racines, mais aussi sur celles des autres élèves de leur classe, ainsi que sur l’histoire de la ville dans
laquelle ils grandissent.
Par ailleurs, l’organisme à but non lucratif Vision Diversité accompagne, depuis 5 ans, tout le réseau des 95 écoles
de la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys dans la réalisation d’un grand enjeu de sa planification
stratégique qui consiste en l’outillage des enfants et des jeunes afin qu’elles-ils puissent vivre et grandir ensemble
par les arts et la culture, selon une approche interculturelle

2Le programme de soutien mis en place par le Ministère de l'Éducation, Une école montréalaise pour tous (UEMPT), vise la réussite et la
persévérance scolaires de tous les élèves montréalais qui font face aux enjeux liés à la défavorisation, notamment en contexte pluriethnique.
Le programme cible les déterminants de la réussite que sont la littératie, la numératie et l’engagement scolaire. Plusieurs de ses projets
sont de nature culturelle et sont réalisés en collaboration avec les services de la Ville.
17

Suggestions
L’engagement de Montréal dans la promotion de l’interculturel à l’école ne peut qu’être salué et célébré. Fort de
son expérience visant à promouvoir l’interaction entre les étudiant-e-s nouveaux arrivants et les étudiant-e-s
montréalais et montréalaise, Montréal pourrait peut-être considérer de mener à bien des projets de jumelage
d’établissements scolaires visant à mettre en contact les élèves de quartiers aisés et ceux de quartiers plus
défavorisés. L’école Forskolan Ornen à Botkyrka (Suède), par exemple, a participé à un programme de jumelage
avec une école du centre-ville prospère de Södermalm. Les élèves ont exploré de concert leur environnement
local respectif, en décrivant leurs impressions mutuelles. Très vite, les élèves ont constaté leurs différences mais
aussi leurs points communs. Elles-Ils ont partagé leurs propres expériences et ont terminé par créer ensemble
des objets en glace.

POLITIQUES DE QUARTIER
Au sein d’une ville, les arrondissements, quartiers ou autres sous-unités territoriales peuvent être plus ou moins
marqués par la diversité culturelle/ethnique. De fait, les gens sont libres de se déplacer et de s’installer dans le
quartier de leur choix. Il n’est pas nécessaire d’atteindre une mixité « parfaite » sur le plan statistique pour
constituer une véritable Cité interculturelle. Les Cités interculturelles doivent néanmoins s’assurer que la
concentration ethnique dans un quartier donné n’aboutisse pas à une ségrégation socioculturelle, et qu’elle ne
constitue pas un obstacle à la circulation des gens et des idées, ni au flux des opportunités. Elles veillent
notamment à ce que les services publics soient de qualité égale dans tous les quartiers et prévoient des espaces
publics, des infrastructures et des activités sociales, culturelles et sportives pour encourager le brassage et
l’interaction interculturels et socioéconomiques.

L’analyse montre que le taux de réalisation des objectifs de Montréal en matière de politiques de quartier est
encore une fois extraordinaire, et supérieur à celui de la ville type : 100 % de ces objectifs ont été réalisés – avec
une hausse de 20 points par rapport à 2011, alors que le taux de réalisation de la ville type atteint 64 %.

Ce résultat s’explique par la mise en place d’un ensemble d’outils qui visent à améliorer les conditions et le cadre
de vie des habitants, entretenir la mixités sociale, économique et culturelle dans les quartiers et arrondissements
de la ville, et promouvoir des actions concertées et interdépartementales qui engagent la participation de tou-te-s
les citoyen-ne-s. L’engagement dans la durée semble être aussi un ingrédient clé contre la gentrification du centre-
ville.

                           Intercultural City Index (ICC) - Neighbourhood
                                 City sample (inhabitants > 500'000)

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                           Intercultural City Index (ICC) - Neighbourhood
                          City sample (non-nationals/foreign borns > 20%)

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La ville ne connaît pas de gros problèmes de ségrégation et la mixité sociale caractérise de nombreux quartiers
et arrondissements grâce, entre autres, à la mise en place de projets et l’adoption de politiques spécialement
dédiés au renforcement de la diversité des habitant-e-s dans les quartiers.
Ainsi, par le biais de sa Politique d’inclusion de logements abordables, la Ville a mis sur pied une stratégie qui vise
à “Le maintien de la mixité sociale en encourageant le développement, dans les grands sites, d'une gamme
diversifiée de logements pour répondre aux besoins des citoyens ayant des revenus variés, favorisant ainsi la
création de communautés mixtes et inclusives.3
Une attention particulière sera bientôt prêtée à l’amélioration de l’offre de logements sociaux par le biais de
l’adoption – prévue en 2020 - d’un Règlement qui fixera un seuil minimal de logements sociaux, abordables et
familiaux qui devront être inclus dans les projets immobiliers à partir de 2021.
L'objectif de cette mesure est de préserver le caractère mixte et abordable de l’offre de logement dans la vie, en
favorisant l’accès à un logement convenable pour tou-te-s et en luttant contre la gentrification.
La Ville compte aussi avec un office municipal d’habitation (OMHM) qui fait de la cohabitation intergénérationnelle
et interculturelle une priorité. L’OMHM a contribué à la mixité sociale de la ville en construisant plusieurs habitations
au sein d’ensembles immobiliers où les logements sociaux côtoient, notamment, les coopératives de logement et
des appartements en copropriété. Etonnement, les logements sociaux eux-mêmes hébergent une population
diverse.
Afin d’éviter les tensions que la diversité pourrait éventuellement générer, la ville mise sur l’échange, la réciprocité
et la connaissance mutuelle. Ainsi, elle encourage l’organisation d’événements et d’activités interculturelles au
sein des quartiers et des immeubles.
Par exemple, me projet « Habiter la mixité », financé dans le cadre d'une entente entre la Ville de Montréal et le
ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, contribue au rapprochement interculturel pour faciliter
la cohabitation et l’inclusion des résident-e-s de nombreux logements sociaux de Montréal. En place depuis 2011,
ce projet vise à soutenir le développement communautaire et social qui se fait en milieu HLM à Montréal et permet
de rejoindre des locataires immigrant-e-s isolé-e-s en les mettant en contact avec des citoyen-e-s de leurs
communautés. La présence des intervenant-e-s et la tenue des activités au sein même des habitations permettent
non seulement d’offrir un service de proximité, mais offrent également l’occasion de traiter de manière plus
personnalisée les problématiques de rapprochements et d’intégrations.

3Voir http://ville.montreal.qc.ca/portal/page?_pageid=9337,119343573&_dad=portal&_schema=PORTAL)
http://ville.montreal.qc.ca/pls/portal/docs/PAGE/HABITATION_FR/MEDIA/DOCUMENTS/STRATEGIE_INCLUSION.PDF
https://www.ccmm.ca/fr/evenements-ccmm/tribunes-et-conferences/conference-de-valerie-plante-4705/
19

De plus, le Service de la diversité et de l’inclusion sociale de la Ville de Montréal mène des démarches de
revitalisation urbaine intégrée ayant pour objectif l’amélioration durable des conditions de vie des résident-e-s des
territoires défavorisés. Ces démarches comprennent :
-        le renforcement de la capacité collective d’agir ;
-        l’amélioration du cadre physique et bâti ;
-        l’amélioration de l’offre de services publics et privés ;
-        et le développement des compétences des individus.
L'approche mise de l'avant combine l’apport des citoyen-ne-s, des représentant-e-s des secteurs privés et publics,
des élu-e-s et des organismes communautaires qui travaillent conjointement à améliorer la qualité de vie des
résident-e-s des quartiers ciblés.
Engin, le Bureau d'intégration des nouveaux arrivants (BINAM) finance le projet « Le logement, clef pour une
intégration réussie », menés par la Fédération des coopératives d'habitation intermunicipale du Montréal
métropolitain (FECHIMM). Ce projet vise plusieurs catégories de personnes ou entités et notamment :
1. Les nouveaux arrivants, par le biais de sessions d’information/formation et un accompagnement dédié pour un
meilleur accès à un logement abordable. Ces formations comprennent des ateliers portant sur : comment se
présenter lors d’entrevue de sélection, comment fonctionne un conseil d’administration, etc.
2. Les organisations financées par le ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion et/ou membres
de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TRCI) qui
accueillent les nouveaux arrivants, par le biais d’actions de sensibilisation, information et formations sur le secteur
du logement social, ses diverses tenures, ses conditions d’accès, etc.
3. Les organisations financées par la Société d’habitation du Québec, par le biais d’actions de sensibilisation,
information et formation à la réalité des nouveaux arrivants et des obstacles qu’ils rencontrent lors de la recherche
d’un logement.
Aussi, la Ville tient à cœur l’image de ces quartiers et le développement d’espaces et lieu de rencontre entre les
citoyen-ne-s d’origine différente. Le Service de la culture de la Ville est notamment un acteur clé pour la
dynamisation de la vie des quartiers. Il mène une panoplie d’actions qui favorisent la rencontre et le dialogue.
Parmi les plus remarquables :
        Le programme « Médiations culturelles MTL » pour les organismes, et le « Programme de médiation
         culturelle des arrondissements montréalais » pour les maisons de la culture, favorisent la participation
         citoyenne et l'accès de la population à la vie culturelle montréalaise. Ils permettent de réaliser des
         centaines de projets d'échanges culturels chaque année, en créant des passerelles entre les artistes, les
         partenaires locaux et les publics constitués de jeunes, de familles, d'aînés, de personnes issues de
         l'immigration et de l'autochtonie. Cette approche permet de relever les défis d'inclusion sociale, de partage
         des cultures, de citoyenneté culturelle et d'ancrage dans les communautés et les divers quartiers de
         Montréal.
        Le programme de « Patrimoines montréalais » vise à soutenir des organismes mettant en valeur les
         richesses patrimoniales montréalaises à travers des projets novateurs. Ces projets cherchent à
         positionner le patrimoine comme vecteur de liens sociaux et contribuent ainsi au développement des
         communautés locales, notamment à la construction identitaire, à la cohésion sociale, à l’amélioration de
         la qualité de vie et de l’environnement.
        Le programme « Diversité des expressions culturelles » soutient l’organisation des festivals et des
         événements ayant pour but de favoriser la rencontre et le partage des expressions de la diversité
         culturelle montréalaise pour promouvoir les relations interculturelles. Il favorise la participation culturelle
         citoyenne, la cohésion sociale et le développement culturel des quartiers, ainsi que l’inclusion, l’équité et
         la diversité des publics, par le biais de propositions artistiques innovantes.
        Le programme « La pratique artistique amateur » offre une aide financière pour le développement et la
         réalisation de projets novateurs et structurants en pratique artistique amateur. Il vise à améliorer
         l’infiltration de la culture à l’échelle montréalaise grâce à des projets qui valorisent l’autonomisation des
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