Partenaires : LEIPS - Montréal

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Partenaires : LEIPS - Montréal
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Table des matières

Présentation du LEIPS..........................................................3
Informations générales..........................................................4
Mot du comité organisateur..................................................6
Horaire du colloque...............................................................8
Résumés des communications.............................................12
Partenaires : LEIPS - Montréal
Présentation du LEIPS
Historique
Le Laboratoire étudiant interuniversitaire en philosophie des sciences (LEIPS) a été créé à l’été 2015
par les membres du groupe de recherche en philosophie des sciences de l’Université de Montréal
(UdeM).
L’objectif était alors d’ouvrir le groupe à des étudiantes chercheuses et étudiants chercheurs
d’universités québécoises et francophones en vue de créer une communauté de recherche étudiante
interuniversitaire en philosophie des sciences, histoire des sciences et épistémologie. Aujourd’hui, le
LEIPS intègre également des jeunes diplômé-e-s dont les intérêts de recherche s’inscrivent dans l’un de
ces trois champs disciplinaire.
Le LEIPS a tenu son colloque inaugural le 9 octobre 2015 à l’Université du Québec à Montréal
(UQÀM).

Objectifs
Le LEIPS vise à favoriser la recherche en commun, la mise en relation et la publications des recherches
des étudiant-e-s et jeunes diplômé-e-s en philosophie des sciences, histoire des sciences ou
épistémologie.
Les membres du LEIPS se retrouvent ainsi deux fois par mois pour discuter de leur travaux en cours
de manière tournante : discussion d’un chapitre ou article en rédaction, pratique d’une présentation
pour une conférence, une soutenance, un examen, etc. Périodiquement, des « autoformations » peuvent
être organisées en vue d’approfondir la connaissance des débats autour d’une problématique ou d’un
thème philosophique en particulier.
Le LEIPS organise ou participe également régulièrement à des événements publics permettant la
diffusion des recherches de ses membres : organisation de deux colloques depuis 2015 et de tables-
rondes dans le cadre des Congrès annuels 2015 et 2016 de la Société de philosophie du Québec (SPQ).

Affiliation institutionnelle
Le LEIPS (2015 - en cours) est affilié au Centre de recherche interuniversitaire de recherche sur la
science et la technologie (CIRST).

                                Site internet : leips-montreal.org
                                 Contact : leips@umontreal.ca

                                                                                                     3
Partenaires : LEIPS - Montréal
Informations générales
1ère journée | Vendredi 23 septembre 2016 | Université de
Montréal
Emplacement :

Carrefour des arts et des sciences, salle C-1017-2
Pavillon Lionel-Groulx, Université de Montréal
3150, rue Jean-Brillant
Montréal (Québec) H3T 1N8

À noter : Les pauses café du colloque auront lieu dans la salle C-2081/2083.

Se rendre au colloque :

Métro : Ligne Bleue, stations « Côte-des-Neiges » ou « Université de Montréal » (moins de 10 minutes
à pieds du pavillon).
Autobus : Lignes 51 et 119.
Supports à vélos : Plusieurs supports sont disponibles au niveau des pavillons Lionel-Groulx et Jean-
Brillant.
Stations BIXI proches : Stations Louis-Colin / McKenna et Parc Jean-Brillant (Swail / Decelles).

Accessibilité : Une rampe d’accès permet d’accéder au pavillon Lionel-Groulx via le parvis
extérieur du pavillon Jean-Brillant. L’accès aux salles du Carrefour des arts et des sciences peut ensuite
se faire par ascenseur.

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                                                                                      sciences, Université de
                                                                                            Montréal

                                                                                                         4
2ème journée | Samedi 24 septembre 2016 | Université du Québec
à Montréal
Emplacement :

Pavillon Thérèse-Casgrain (W), salle W-5215 (5e étage)
455, Boulevard René-Lévesque Est
Montréal, Québec, Canada H2L 4Y2

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                                                                                         Casgrain (W), UQÀM

Se rendre au colloque :

Métro : Ligne Orange, Verte ou Jaune; station « Berri-UQÀM ».
Autobus : Lignes 24, 15, 125.
Stationnements pour vélos : Plusieurs supports à vélos sont disponibles autour du Campus central et
pavillon Thérèse-Casgrain.
Stations BIXI proches : Stations Sainte-Catherine / Saint-Denis, Berri / Sainte-Catherine, Sanguinet /
de Maisonneuve, Sanguinet /Ste-Catherine, St-Denis / de Maisonneuve.

Accessibilité : Accès possible à la salle W-5215 par ascenseur. Pour plus d’information sur les zones
d’accès facilitées à l’UQÀM, voir la carte interactive sur le site de l’université.

Informations supplémentaires et contact :
sophia.rousseau-mermans @umontreal.ca
francois.papale@umontreal.ca

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Mot du comité organisateur
Le colloque 2016 du Laboratoire étudiant interuniversitaire en philosophie des sciences (LEIPS) se
tiendra le vendredi 23 septembre à l’Université de Montréal (UdeM) et le samedi 24 septembre à
l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) sur le thème « Philosophie et sciences : une invitation
au dialogue ».
Ce deuxième colloque se veut une occasion de dialogue entre jeunes chercheuses et jeunes chercheurs
philosophes et/ou scientifiques et s’organisera ainsi autour de trois types de conférences : conférences
plénières, conférences LEIPS et conférences individuelles.
Les conférences plénières, d’une part, seront l’occasion de recevoir trois invité-e-s d’honneur : Molly
Kao, professeure au Département de philosophie de l’UdeM, dont la présentation sera commentée par
Chandre Dharma-wardana, professeur au Département de physique et d'astronomie de l'UdeM,
vendredi 23 septembre (UdeM), et Marcelo Otero, professeur au Département de sociologie de
l’UQÀM dont la conférence se tiendra le samedi 24 septembre (UQÀM).
Les conférences LEIPS, quant à elles, mettront en dialogue des membres du LEIPS avec une ou un
scientifique associé-e autour d’une problématique originale ou d’un projet de recherche en cours. Ces
conférences pourront prendre la forme d’une conférence en binôme ou avec commentaire.
Les conférences individuelles permettront, enfin, à des étudiant-e-s en philosophie et/ou en sciences,
non membres du LEIPS, de présenter leurs réflexions sur la pertinence, la nécessité ou le caractère
souhaitable d’un dialogue entre philosophie et sciences dans le cadre d’une problématique particulière.
Tout comme les conférences LEIPS, ces présentations s’inscriront dans l’un des quatre blocs
disciplinaires suivants (cf. légende du programme) :
    •   Philosophie générale des sciences et philosophie de la physique

    •   Philosophie de la microbiologie, de la biologie et de l’écologie

    •   Philosophie de la psychiatrie et de la médecine

    •   Histoire des sciences et de la philosophie des sciences

Par ailleurs, nous sommes heureuse et heureux d’inviter l’ensemble des participantes et participants du
collooque 2016 du LEIPS à un « 5 à 7 » de rencontres et d’échanges plus festifs, le vendredi 23
septembre (UdeM), autour de collations vegans et végétariennes, accompagnées de boissons locales
et/ou issues de l’agriculture biologique.
Finalement, nous tenons à remercier chaleureusement l’ensemble des partenaires de ce colloque
sans lesquels celui-ci n’aurait pas eu lieu : le Centre interuniversitaire de recherche sur la science et

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la technologie (CIRST), et tout particulièrement Martine Foisy, sa précieuse coordinatrice, pour son
aide organisationnelle et matérielle; la Chaire de Recherche du Canada en philosophie des sciences de
la vie et son titulaire Christophe Malaterre (UQÀM), ainsi que Frédéric Bouchard, la Chaire Ésope de
philosophie (UdeM) et le Département de philosophie de l’UdeM pour leur soutien financier; le
Carrefour des arts et des sciences à l’UdeM et le personnel administratif du Département de
philosophie de l’UQÀM pour la mise à disposition de leurs locaux.
Nous tenons également à adresser nos sincères remerciements à Andrea Vela-Jule et David Montminy
qui ont réalisé un travail formidable pour l’affiche de ce 2 ème colloque, ainsi qu’à Francois-Joseph
Lapointe qui nous a permis d’utiliser son œuvre Microbiome selfie pour cette dernière.
En espérant que ce colloque génère de riches discussions et facilite de futures collaborations entre
jeunes chercheuses et chercheurs en philosophie et en sciences, nous vous souhaitons un agréable
événement en vous encourageant à venir y assister avec votre tasse réutilisable !

Le comité organisateur,
Sophia Rousseau-Mermans et François Papale

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Horaire du colloque

              Légende
  Philosophie générale des sciences
    et philosophie de la physique

  Philosophie de la microbiologie, de
       la biologie et de l’écologie

  Philosophie de la psychiatrie et de la
               médecine

     Histoire des sciences et de la
      philosophie des sciences
Vendredi 23 septembre 2016
                        Université de Montréal | Carrefour des Arts et des Sciences
                                             Salle C-1017-2

08h50-09h00
                                                       Mots de bienvenue
                            Comité organisateur du colloque 2016 du LEIPS, Christophe Malaterre (UQÀM)

                Paul Boulanger (UdeM) commenté par Céline Riverin (Collège Jean-de-Brébeuf) | Conférence LEIPS
09h00-09h40                     « Problèmes actuels dans l'organisation de la recherche en physique :
                                                      enjeux philosophiques »

                                       Phillip Drouin-Léger (UdeM) | Conférence individuelle
09h40-10h15        « Science et philosophie - Aux origines de la problématique : Le dialogue entre la Physique et la
                                  Métaphysique d’Aristote selon le cas de la dunamis (puissance) »
                                    Hugo Tremblay (Université Laval) | Conférence individuelle
10h15-10h50                   « Si les particules élémentaires existent indépendamment de notre esprit,
                                                  qu’en est-il des entités matérielles? »
                                             10h50 – 11h10 : PAUSE
                                                  Salle C-2081/2083

                                          Molly Kao (UdeM) | Conférence plénière
11h10 – 12h10                 « Expérience et preuves : une comparaison du rôle d'unification dans
                                                l'histoire de Perrin et de Planck »
                                          commentée par Chandre Dharma-Wardana (UdeM)

                                             12h10 –13h30 : DÎNER

                                 Emmanuel Chaput (Université d’Ottawa) | Conférence individuelle
13h30 – 14h05
                                                     « Hegel, lecteur de Bichat »

                                 Simon Goyer (UQÀM) et Mona Gupta (UdeM) | Conférence LEIPS
14h05 – 14h45
                 « Critique des Research Domain Criteria (RDoC) et réflexion éthique sur la recherche psychiatrique »

                                             14h45 – 15h05 : PAUSE
                                                Salle C-2081/2083

                            Francois Papale (UdeM) et Marc-André Legault (UdeM) | Conférence LEIPS
15h05 – 15h45   « Une analyse conceptuelle pour diminuer les biais épistémologiques en recherche clinique : le passage
                                       d’études statistiques aux prescriptions individuelles »

                                          Julie Augustin (UdeM) | Conférence individuelle
15h45 – 16h20
                                                « Les insectes sont-ils des robots ? »

                                       Jade Néron (Université Laval) | Conférence individuelle
16h20 – 16h55
                       « Attribuer une cognition aux animaux non-humains : Sober et la parcimonie cladistique »

                                    5 à 7 du colloque 2016 du LEIPS
                                    Salle 422 | Département de philosophie
                                             Université de Montréal
Samedi 24 septembre 2016
                     Université du Québec à Montréal | Département de philosophie
                                            Salle W-5215

                             08h45 – 09h : ACCUEIL DES PARTICIPANT-E-S

                           Sophia Rousseau-Mermans (UdeM, Université Paris 1) et Eva Delmas (UdeM)
                                                    Conférence LEIPS
09h00-09h40
                « Résoudre les problèmes du concept d’espèce clé de voûte : une proposition d’analyse conceptuelle et
                                                        computationnelle »
                                    Nicolas Quenouille (ENS, EHESS) | Conférence individuelle
09h40-10h15
                         « Définir l’espèce biologique, un défi aux confins de la science et de la philosophie »

                                           Kevin Kaiser (UdeM) | Conférence individuelle
10h15-10h50
                                   « Une 'niche' commune à la philosophie et à la microbiologie ? »

                                            10h50 – 11h10 : PAUSE

                                       Marcelo Otero (UQÀM) | Conférence plénière
11h10 – 12h10
                                  « Psychiatrie et sociologie : le dialogue est-il possible ? »

                                            12h10 –13h30 : DÎNER

                                         Thomas Chamard-Bergeron (UQÀM, CHUM)
13h30 – 14h10                  Commenté par Anne-Marie Gagné-Julien (UQÀM) | Conférence LEIPS
                              « La psychiatrie a-t-elle toujours besoin du concept de 'maladie mentale' ? »

                                 Kéba Coloma Camara (Université Laval) | Conférence individuelle
14h10 – 14h45   « Le normal et le pathologique aux frontières de la philosophie et de la médecine : étude comparative de
                     l’approche de Boorse et de Canguilhem à propos de la définition de la maladie et de la santé »

                                            14h45 – 15h05 : PAUSE

                     David Montminy (UdeM) et Gabriel Meunier (Pratt & Whitney Canada) | Conférence LEIPS
15h05 – 15h45
                                        « Posture fonctionnaliste en sciences et en ingénierie »

                                          Frédéric Venne (UdeM) | Conférence individuelle
15h45 – 16h20
                                 « Physique, ingénierie et philosophie : une invitation à un trialogue »

16h20-16h25                                              Mot de clôture
Résumés des
communications
1. Conférences plénières

Expérience et preuves : une comparaison du rôle d'unification dans
l'histoire de Perrin et de Planck
Molly Kao (Université de Montréal) commentée par Chandre Dharma-Wardana (Université de
Montréal)

Il existe un nombre considérable de publications sur la nature du raisonnement employé par Jean Perrin
pour sa détermination de la constante d'Avogadro au début du vingtième siècle. Selon celles-ci, les
descriptions utilisées par Perrin incluent le "raisonnement de robustesse" et une inférence à une cause
commune. J'ai soutenu dans des travaux antérieurs que la détermination de la constante de Planck dans
des contextes différents devait être considérée comme un argument d'unification pour une hypothèse
concernant le comportement d'énergie. Ces deux épisodes ont une similarité importante : les deux
concernent des mesures d'un paramètre théorique en utilisant des méthodes variées.

Malgré cette similarité, je propose qu'il y a une différence importante entre les deux cas. Je propose que
nous pouvons tirer une conclusion concernant la constitution physique des systèmes de Perrin, mais
que la détermination de la constante de Planck donne des conclusions qui sont plus profondes mais en
même temps moins définies. C'est parce que l'argument d'unification dans le cas de Planck a donné une
raison de penser qu'on aurait dû effectuer un changement aux descriptions cinématiques élémentaires
des systèmes physiques, mais ne spécifiait aucun mécanisme physique pour le faire.

L'objectif de cette comparaison est d'améliorer notre compréhension des caractéristiques subtiles aux
inférences admissibles dans les cas qui semblent prima facie analogues.

Psychiatrie et sociologie : le dialogue est-il possible ?
Marcelo Otero (Université du Québec à Montréal)
Tout comme un cerveau dans un bocal n’est pas un être humain, nul déprimé, psychotique ou
psychopathe n’existent «en soi», et ce, peu importe les avancées des neurosciences, car une dimension
de ce qui est problématisé par la psychiatrie, la psychologie et la médecine leur échappe et leur
échappera toujours. En effet, la nature « problématique » d’un comportement social codé comme
problème de santé mentale est une dimension « opaque » pour la psychiatrie, en ce sens qu’aucun
psychiatre ne peut (pas plus qu’il n’en a d’ailleurs besoin) expliquer pourquoi le fait d’avoir des
pensées suicidaires, de désirer s’engager dans des rapports sexuels avec les morts ou de ne pas
éprouver de la culpabilité après avoir commis un meurtre est socialement problématique. C’est la
société qui le fait à sa place et lui impose, normativement parlant, cette dimension.

                                                                                                        12
En revanche, la nature proprement « pathologique » d’un comportement social codé comme problème
de santé mentale constitue la dimension « spécifique » que la psychiatrie discute, définit, explique et
mesure. Les techniques scientifiques qui se consacrent à cerner le « mental pathologique » (nosologie,
nosographie, étiologie, pathogénie, génétique, etc.) permettent d’une certaine façon de trouver un
terrain à la fois ontologique (cerveau, neurotransmetteurs, gènes, etc.) et symbolique (humeurs,
stresseurs, déclencheurs, personnalités, etc.) où l’on peut maîtriser le phénomène étudié, défini comme
problème de santé mentale, en se concentrant sur certaines dimensions plutôt que d’autres. Ainsi,
l’incongru social, l’incompréhensible, l’inexplicable (délires, pensées suicidaires, certaines formes de
violence, désirs sexuels inhabituels, peurs sans motifs apparents, comportements alimentaires étranges,
etc.) deviennent significatifs, mesurables, intelligibles mais sans que le flou entre « déviance »
(normativité) et « pathologie » (affection médicale) ne soit dissipé.
Si on accepte qu’il n’y a pas de « folie » sans société, la psychiatrie et la sociologie sont condamnées à
dialoguer ne serait-ce que par la consistance empirique de leurs objets biopsychosociaux. Le
psychologisme et le sociologisme sous leurs diverses formes ont largement montré être, on nous
permettra cette boutade, des pathologies épistémologiques équivalentes. Comment sortir de ces
impasses disciplinaires ?

2. Conférences LEIPS

Problèmes actuels dans l'organisation de la recherche en physique :
enjeux philosophiques
Paul Boulanger (Université de Montréal) commenté par Céline Riverin (Collège Jean-de-Brébeuf |
LEIPS)
L'accroissement sans précédent du nombre de chercheur-se-s, particulièrement en physique, ne fut pas
accompagné d'un accroissement similaire du budget associé à la recherche scientifique ou du nombre
de postes disponibles (Ahmed 2016). Ce déséquilibre a entraîné une importante pression sur le système
classique d'organisation de la recherche. Pour mieux allouer les ressources, il est devenu crucial de
pouvoir quantifier les contributions scientifiques de chaque candidat pour un poste ou pour du
financement. À cette fin, plusieurs métriques furent inventées (Hirsh 2005) et prirent rapidement de
l'importance. L'obsession de la performance s'est alors accrue et l'établissement d'un nouvel équilibre se
fait toujours attendre.

Rapidement, cette situation mena, chez les jeunes chercheur-se-s, à une course à la publication, qu'on
peut résumer par l'adage suivant : « publish or perish ». En conséquence, certain-e-s ont choisi de
sacrifier la rigueur (OSC 2015), l'intégrité scientifique (Cyranoski 2014) et la pédagogie. L'obsession
de la performance a aussi accentué la fragmentation du savoir scientifique et a mené au cloisonnement
des jeunes chercheur-se-s dans leurs spécialisations respectives. Par ailleurs, les grandes maisons

                                                                                                       13
d'édition en ont profité pour asseoir leur dominance en créant leur propre métrique, le facteur d'impact
(Garfield 2006), entraînant son propre lot de problèmes : le détournement de la méthode d'évaluation
par les pairs (Biagoli 2016; Van Noorden 2013; Ferguson et al 2014), la diminution de papier
scientifique visant à reproduire des résultats clés (Baker 2016), l'accès à la connaissance (Tickell 2016),
etc.

Dans cette présentation, nous prenons position pour une approche plus globale de l'évaluation des
contributions scientifiques des chercheurs et pour une méthode plus ouverte de la communication
scientifique.

La psychiatrie a-t-elle toujours besoin du concept de « maladie
mentale »?
Thomas Chamard-Bergeron (Centre hospitalier de l’Université de Montréal et Université du Québec
à Montréal) commenté par Anne-Marie Gagné-Julien (Université du Québec à Montréal | LEIPS)

S’il est déjà difficile de définir ce que l’on doit entendre exactement par « maladie » lorsque l’on
pratique une médecine « physique » ou « organique », le problème est encore plus grand dans le cas de
la pratique psychiatrique. Par exemple, les tableaux cliniques observés en psychiatrie sont sujets à
d’importantes variations interculturelles : doit-on alors parler de différentes expressions d’une même
maladie ou plutôt de maladies différentes? Certains philosophes de la médecine ont proposé une
réponse toute pragmatique à ce type de question. Ainsi, pour G. Hesslow (1993), la « maladie » est un
terme théorique qui, sans être dépourvu de sens, n’est pas essentiel pour la pratique quotidienne du
médecin ou du psychiatre. Selon Hesslow, le psychiatre ne se demande pas d’abord si le patient qui est
en face de lui souffre d’une maladie mais bien s’il peut faire quelque chose pour soulager ses
insatisfactions.

Dans la présente communication, nous entendons montrer qu’une telle vision de la pratique de la
psychiatrie peut certes être séduisante puisqu’elle relègue un concept difficile à définir, celui de
« maladie mentale », aux oubliettes, mais qu’elle repose sur une méconnaissance des limitations
empiriques propres à la thérapeutique en psychiatrie. Nous aborderons donc certains aspects de la
pratique de la psychiatrie pour lesquels l’analyse de Hesslow nous semble échouer à rendre compte des
enjeux cliniques : la question de la thérapeutique, la question de l’invalidité pour raison médicale puis
celle de la non-responsabilité criminelle pour cause de trouble mental. Nous comparerons la thèse de
Hesslow à celle de la maladie comme « dysfonction préjudiciable » proposée par J. C. Wakefield
(1992, 2007). Cette dernière conception a, selon nous, le mérite de préciser le sens que le psychiatre
attribue spontanément, sans l’expliciter, au concept de « maladie mentale ».

                                                                                                        14
Critique des Research Domain Criteria (RDoC) et réflexion éthique sur la
recherche psychiatrique
Simon Goyer (Université du Québec à Montréal | LEIPS) commenté par Mona Gupta (Université de
Montréal, Hôpital Saint-Luc)

La National Institute of Mental Health (NIMH) souhaite forger un monde dans lequel les maladies
mentales sont prévenues et guéries (c’est sa vision) (NIMH, 2015, p. 18). Pour atteindre cet objectif, la
NIMH s’affaire activement, lors d’activités de recherche fondamentale et clinique qu’elle finance, à
transformer notre manière de comprendre et de traiter les troubles de santé mentale et à ouvrir la voie
vers la prévention, la récupération et la guérison de ceux-ci (c’est sa mission) (ibid., p. 18). Afin de
transformer notre manière de comprendre et de traiter les troubles mentaux, la NIMH développe, à
l’heure actuelle, un cadre conceptuel — les Research Domain Criteria (RDoC) — dans lequel la
recherche sur les troubles mentaux doit être menée.
Dans cette présentation, un étudiant en philosophie des sciences (Simon Goyer) et une psychiatre et
chercheure en bioéthique (Mona Gupta) joignent leurs voix pour faire entendre une critique des RDoC
et une réflexion éthique sur la recherche psychiatrique. Goyer fait connaître les RDoC et les raisons
épistémiques et idéologiques de leur mise sur pied. Si les raisons épistémiques sont, selon lui,
justifiables, les raisons idéologiques sont problématiques. En effet, pense-t-il, les valeurs sur lesquelles
les RDoC se basent nuisent à la mission de la NIMH. Gupta, quant à elle, soutient qu’il existe un
besoin urgent d’opérer une analyse éthique des ressources sociales investies en recherche psychiatrique.
En effet, en ce moment, les cadres de recherche en éthique, tel que le Tri Council Policy Statement on
Research Ethics (TCPS), s’intéressent seulement aux enjeux éthiques émergeant « en aval » dans les
études individuelles plutôt que d’examiner « en amont » la valeur éthique des politiques de financement
en science. Donc, si on prend l’argument de Goyer au sérieux, il nous faut développer de nouveaux
cadres d’analyse éthique pour évaluer ces politiques.

Posture fonctionnaliste en sciences et en ingénierie
David Montminy (Université de Montréal | LEIPS) et Gabriel Meunier (Analyste senior au
département de logiciel de contrôle, Pratt & Whitney Canada)
De récentes discussions en philosophie des sciences se sont penchées sur l’ingénierie, soit quant à sa
relation avec les sciences empiriques (de Vries 2010), soit quant à son utilisation de modèles (Pirtle
2010). Dans le cadre de notre communication, nous argumenterons qu’adopter une posture
fonctionnaliste par rapport à la science permet de concevoir l’ingénierie comme étant constitutive de la
démarche scientifique au sens large. Pour y parvenir, nous indiquerons comment une variété
d’approches d’inspiration fonctionnaliste peut être appliquée avec succès à l’ingénierie. Plus
précisément, nous montrerons que les approches de Bailer-Jones (2009) concernant l’utilisation des
modèles en sciences et de Woodward (2014) sur le concept de causalité peuvent être interprétées en
termes fonctionnalistes et ainsi fournir une compréhension des sciences dans laquelle l’ingénierie est
une partie intégrante. De plus, nous montrerons qu’une approche fonctionnaliste de l’explication

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scientifique (Bouchard 2013; Huneman 2013), couplée à une approche fonctionnaliste des artefacts
(Vermaas & Houkes 2013), permet de faire ressortir les spécificités de l’ingénierie au sein des sciences.

Une analyse conceptuelle pour diminuer les biais épistémologiques en
recherche clinique : le passage d’études statistiques aux prescriptions
individuelles
Francois Papale (Université de Montréal | LEIPS) et Marc-André Legault (Institut de cardiologie de
Montréal, Université de Montréal)

Dans cette présentation, nous chercherons à démontrer qu’une analyse conceptuelle de la médecine
permet de guider la démarche scientifique vers des considérations essentielles à la pratique de la
médecine de précision. Pour illustrer notre argument, nous présenterons d’abord une situation où de
telles analyses ont été fructueuses, soit le cas de l'épistémologie féministe. Nous argumenterons ensuite
que le passage d'études statistiques en sciences médicales à la prescription individuelle peut aussi faire
l'objet de tels échanges constructifs entre philosophie et pratique scientifique.

Nous synthétiserons tout d’abord l’influence de la pensée féministe sur les recommandations des
organismes subventionnaires en recherche médicale et sur la pratique qui découle des recherches ainsi
financées. Il sera alors possible de démontrer que les institutions scientifiques ont su s’ajuster à la mise
en lumière de biais de recherche reliés au genre (Énoncé de politique des trois conseils, Chapitre 4 ;
Public Health Service Act sec. 492B, 42 U.S.C. sec. 289a-2).

Or, une telle démarche souligne des problèmes méthodologiques concernant certaines recherches
statistiques sur des populations hétérogènes. C’est donc dire que ces analyses ne s’attardent pas aux
considérations individuelles. En deuxième partie de cette présentation, nous démontrerons pourquoi la
distinction entre le niveau populationnel et celui de l’individu soulève des considérations épistémiques
dont la médecine et l’industrie pharmaceutique ne peuvent pas faire l’économie. Deux de ces
considérations seront présentées. D’une part, une approche qualitative permet d’identifier certaines
dynamiques dont les approches populationnelles et statistiques ne peuvent rendre compte
(Heyes 2007). D’autre part, le passage de résultats d’études statistiques à des prescriptions
individuelles se révèle difficile dans la plupart des cas (Evidence-Based Medicine Working Group
1992). Dans les deux cas, nous avancerons qu’il est primordial pour les disciplines concernées
d’introduire de telles considérations à leur démarche.

Résoudre les problèmes du concept d’espèce clé de voûte : une
proposition d’analyse conceptuelle et computationnelle
Sophia Rousseau-Mermans (Université de Montréal, Université Paris 1 | LEIPS) et Eva Delmas
(Université de Montréal)

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Le concept d’espèce clé de voûte (Paine 1966; 1969) représente un concept majeur en écologie et en
biologie de la conservation (Simberloff 1998; Mills, Soulé, et Doak 1993; Power et al. 1996; Ripple et
al. 2016; Lafferty et Suchanek 2016). Ce concept pose cependant plusieurs problèmes liés à la fois à la
multiplication de ses définitions (Mills, Soulé, et Doak 1993; Menge et al. 1994; Power et al. 1996) et
au caractère « contexte-dépendant » du rôle clé de voûte des « espèces » (Mills, Soulé, et Doak 1993;
Menge et al. 1994). Ces problèmes dépassent les seuls cadres théoriques et pratiques de l’écologie et de
la conservation et nécessitent d’y associer une analyse philosophique d’ordre épistémique, ontologique
et éthique, jusqu’à présent absente des débats.

Cette présentation aura pour objectif d’exposer les bases d’un projet de collaboration visant à répondre
au problème de définition et de dépendance au contexte du concept d’espèce clé de voûte à partir,
d’une part, de la remise en question de la notion d’espèce utilisée en écologie et, d’autre part, de
l’analyse computationnelle des conséquences d’une nouvelle définition écologique de l’espèce basée
sur la structure de leur imbriquement dans le réseau d’interactions formé par l’ensemble de la
communauté écologique (Milo et al. 2002; Stouffer et al. 2012). En prenant appui sur les débats
historiques et contemporains autour de la notion d’espèce en philosophie de la biologie, Sophia
Rousseau-Mermans défendra ainsi la nécessité d’une redéfinition de l’espèce inspirée du concept
écologique d’espèce de Leigh Van Valen (1976) et d’une approche à la fois fonctionnelle et évolutive
de la notion de niche écologique (cf. par exemple, Chase et Leibold 2003) ou « zone adaptative » (Van
Valen 1971; 1976). Eva Delmas, quant à elle, présentera les apports potentiels d’une analyse intégrant
les espèces dans leur réseau d’interactions pour la compréhension des enjeux de cette redéfinition du
concept d’espèce avant de conclure sur les apports potentiels d’une telle définition pour le pouvoir
explicatif et prédictif du concept d’espèce clé de voûte, ainsi que son utilisation en conservation.

3. Conférences individuelles
Les insectes sont-ils des robots ?
Julie Augustin (Université de Montréal)
En écologie comportementale, des théories dites d'optimalité sont utilisées pour prédire le
comportement des organismes en fonction de leur environnement. D'après ces théories, l'évolution
aurait favorisé les individus dont le comportement maximise la valeur adaptative, soit leur survie et
celle de leurs descendants. La notion de comportement sous-entend cependant l'existence d'un
“initiateur” de l'action. Cet initiateur est-il uniquement fonction des indices environnementaux (tels que
la température ou la luminosité) ou dépend-il de quelque chose de plus, par exemple, une “intention” ?
Des travaux de psychologie et dans d’autres domaines de la biologie ont tenté de résoudre ce problème
qui se rapproche de la question du libre arbitre et du déterminisme en philosophie. Ceux-ci ont permis
d’apporter des éléments de réponse à cette question, mais ne permettent pas de trancher entre les
différentes positions en jeu dans ce débat. Dans cette communication, je défendrai qu’une approche
empirique de ce problème avec des organismes moins complexes en association avec une réflexion
philosophique sur celui-ci peut faire avancer le débat.

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Si les mammifères et les oiseaux semblent a priori démontrer des comportements plus complexes que
ceux qui résulteraient d’un simple système “input/output”, d’autres groupes d’animaux sont plus
facilement considérés comme des “automates” à l’image des insectes. Or, si ces derniers ont un
système nerveux plus simple que les vertébrés, ils sont également capables d'apprentissage et d'ajuster
leurs comportements en fonction de l'environnement. Ils seraient donc un sujet d'étude idéal pour
débuter l'étude de ces questions chez des organismes moins complexes. En outre, le débat
philosophique sur la question du libre arbitre pourrait aider à l'élaboration d'hypothèses concernant le
mécanisme décisionnel chez les insectes et autres animaux, et ainsi préciser les modèles d'optimalité et
les conclusions relatives aux études comportementales de manière générale.

Le normal et le pathologique aux frontières de la philosophie et de la
médecine : étude comparative de l’approche de Boorse et de Canguilhem
à propos de la définition de la maladie et de la santé
Kéba Coloma Camara (Université Laval)

Peut-on délimiter le normal et le pathologique? Les concepts de santé et de maladie sont-ils équivalents
ou opposés aux concepts de normal et de pathologique ? En comparant la théorie de la normativité
biologique de Georges Canguilhem et la théorie biostatistique de Christopher Boorse, j’examine les
réponses de ces auteurs à ces questions. Ce travail permet notamment de situer les deux approches dans
l’entreprise définitionnelle des concepts de maladie et de santé en philosophie de la médecine.

Là où Boorse adopte une démarche quantitative pour définir objectivement ces concepts, Canguilhem
privilégie une démarche qualitative. Tout en insistant sur la complexité de la relation entre le normal et
le pathologique, comprise notamment au travers des définitions de la maladie et de la santé,
Canguilhem discute des enjeux reliés à ces concepts tout autant en philosophie que dans la pratique
médicale et chez les personnes malades ou saines.

Même si ces approches sont différentes, elles illustrent toutes deux la relation complémentaire entre la
philosophie et la médecine. En engageant un dialogue entre ces deux auteurs incontournables en
philosophie de la médecine, mon objectif est, d'une part, de montrer que le problème du normal et du
pathologique, dans le programme de définition de la maladie et de la santé, est à la fois un problème
philosophique et médical; d’autre part, j'entends démontrer que l’analyse conceptuelle pourrait guider
l’art médical vers une meilleure distinction et prise en charge des états de maladie et de santé.

Hegel, lecteur de Bichat
Emmanuel Chaput (Université d’Ottawa)

L’objet de ma présentation sera d’offrir une réflexion d’ordre historique sur le dialogue qu’entretient la
philosophie hégélienne avec la science de son temps. Plus particulièrement, je m’intéresserai à la

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manière dont G.W.F. Hegel (1770-1831) tente une retraduction en termes spéculatifs des recherches
physiologiques de Xavier Bichat (1771-1802) sur la nature du vivant. Comment la science
physiologique, d’ordre essentiellement empirique, peut-elle être repensée dans le cadre du système
philosophique de Hegel comme un moment dans le déploiement du « Concept » ? En quoi les
découvertes expérimentales, en physiologie notamment, guident-elles l’orientation du système hégélien
sur la question du vivant ? Malgré l’extrapolation parfois violente qu’opère Hegel, son traitement des
découvertes physiologiques de Bichat montre à quel point il demeure soucieux de penser la
compatibilité entre sciences empiriques et sciences spéculatives ou philosophiques : « Non seulement la
philosophie doit nécessairement être en accord avec l’expérience de la nature, mais la naissance et
formation de la science philosophique a la physique empirique pour présupposition et condition 1 ».
Loin de déduire un concept de la nature a priori indépendamment de toute considération pour les
travaux de son temps, Hegel est au contraire un lecteur attentif des sciences en plein essor. Son système
doit ainsi se comprendre à l’aune d’un dialogue constant avec les sciences dans lequel la philosophie se
nourrit des nouvelles découvertes scientifiques tout en les abordant d’une manière novatrice et propre à
la philosophie. C’est un tel phénomène, résultat du dialogue qu’entretient Hegel avec Bichat, que
j’aimerais exposer en m’intéressant à la distinction bichatienne entre vie organique et vie animale et la
manière dont Hegel reprend cette distinction en lui conférant une dimension résolument spéculative.

Science et philosophie - Aux origines de la problématique : Le dialogue
entre la Physique et la Métaphysique d’Aristote selon le cas de la dunamis
(puissance)
Phillip Drouin-Léger (Université de Montréal)

Aristote se situe à l’origine d’une distinction rigoureuse entre la philosophie première, à savoir la
métaphysique ou l’ontologie, et la philosophie seconde, à savoir la physique et les sciences de la
nature. La science est toujours science d’un genre déterminé ; or, l’être (objet de la métaphysique) n’est
pas un genre. Il s’avère que la philosophie première, selon Aristote, est une sorte de science des
principes (archè) qui donne le point de départ aux sciences secondaires. En effet, la physique ne peut
« physiquement », c’est-à-dire par la méthode physique, prouver la légitimité de cette même méthode ;
il advient donc à la pensée philosophique de le faire. De même, pour avoir une science de la nature il
faut savoir d’emblée ce qu’on entend par « nature » ; ce travail revient aussi à la philosophie.

Outre ces considérations théoriques, nous proposons, dans cette présentation, d’étudier un concept
particulier qui traverse entièrement les deux disciplines : le concept de puissance ou de potentialité, soit
dunamis en grec. Le déploiement de ce concept nous montre Aristote à l’œuvre, façonnant un concept
métaphysique pour ensuite l'utiliser dans la résolution de problèmes d’ordre physique, biologique,
éthique, etc. De plus, les notions de potentiel et d’énergie représentent deux concepts métaphysiques
toujours utilisés, à bon escient ou non, dans le discours scientifique du XX e siècle. En analysant les

1
     G.W.F. Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques, II. Philosophie de la nature, trad. B. Bourgeois, Paris, Vrin,
    2004, §246 Rem., p.186.

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concepts mentionnés, cette présentation cherche à expliciter les raisons qui ont pu mener certains des
plus grands scientifiques du XXe siècle, dont Heisenberg et Thom, à avancer que l’ontologie d’Aristote
est nécessaire à la compréhension de la physique et des mathématiques d’aujourd’hui.

Une "niche" commune à la philosophie et la microbiologie ?
Kevin Kaiser (Université de Montréal)
De par sa filiation avec la philosophe de la biologie, la philosophie de la microbiologie partage,
globalement, les mêmes questionnements. Cette perspective permet autant d’aborder les thèmes
importants en philosophie des sciences que les problématiques conceptuelles particulières à la
microbiologie ou bien encore les questionnements philosophiques plus traditionnels. La thèse qui sera
défendue dans cette communication est que les conditions les plus propices au dialogue entre
philosophie et microbiologie se situent dans cette deuxième catégorie de questionnements. Sans réduire
l’importance de leurs échanges dans d’autres circonstances, il s’agit plutôt ici de démontrer que les
questions conceptuelles sont particulièrement propices à réunir les conditions permettant une forte
proximité entre philosophie et microbiologie.

Dans un premier temps, et pour illustrer mon propos, je présenterai trois cas de problématiques
conceptuelles, induites ou ravivées par les développements en microbiologie, à savoir le problème de
l’individualité biologique; le problème de conceptualisation de l’espèce; et enfin, les difficultés à
rendre compte des processus évolutifs propres aux procaryotes dans le cadre plus général de la théorie
de l’évolution. À travers l’exposition de ces trois problèmes, je démontrerai ainsi comment les concepts
développés en biologie sont inadéquats pour rendre compte des phénomènes étudiés en microbiologie
et comment cette inadéquation, en entraînant une nécessaire révision conceptuelle, a rétroactivement
des implications profondes sur le cadre théorique de la biologie.

Dans un second temps, je démontrerai comment ces problèmes « taxonomiques » engendrent un espace
où, et les microbiologistes et les philosophes trouvent un intérêt mutuel à accentuer leurs interactions
en vue de résoudre les « anomalies » rencontrées. En effet, les premier-e-s se trouvent à devoir user
d’outils philosophiques pour régler des problématiques principalement conceptuelles, alors que les
second-e-s nécessitent les intrants de l’expérimentation pour s’assurer que les outils conceptuels
développés offrent une corrélation satisfaisante avec les faits observés/à expliquer. L’établissement
d’un dialogue, d’une relation mutualiste, s’impose ainsi comme une approche souhaitable sinon
nécessaire.

Définir l’espèce biologique, un défi aux confins de la science et de la philosophie
Nicolas Quenouille (École normale supérieure et École des hautes études en sciences sociales)
Le concept d’espèce (species) occupe une place cruciale dans bon nombre de théories biologiques, au
premier rang desquelles la théorie darwinienne de l’évolution. Pourtant, ce concept lui-même n’a rien

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de clair, comme en témoigne la profusion de définitions contradictoires qui tentent de le cerner. Si ce
flou conceptuel n’a semble-t-il pas été historiquement préjudiciable à l’émergence de théories sur les
espèces ou à un classement des espèces, il peut aujourd’hui être perçu comme un frein à une
compréhension plus fine de ces théories ou de ces systématisations. Faute d’affiner cet outil conceptuel
qu’est l’espèce, il devient complexe d’approfondir les connaissances biologiques sur l’espèce.

Clarifier ce qu’est l’espèce n’a cependant rien d’aisé, et il faut se départir d’emblée de l’idée que le/la
philosophe aurait pour tâche de forger des concepts et des méthodes que le/la biologiste emploierait
ensuite pour décrire le monde. Le concept d’espèce se situe à la jointure de la pensée critique et
analytique propre à la philosophie et de la biologie la plus expérimentale. Impossible, semble-t-il, d’en
forger une définition au mépris des connaissances de la biologie, enfermés dans nos cabinets ; pour
autant, la tâche de clarification conceptuelle n’est pas proprement le rôle du ou de la biologiste.
L’espèce est donc le lieu d’un dialogue nécessaire entre science et philosophie.
Le concept d’espèce composite (Kornet et McAllister 2005), parce qu’il se situe au lieu de ce dialogue, relève le
défi d’une définition rigoureuse de la façon la plus prometteuse. En prenant appui sur lui, il semble possible
d'esquisser une conception de l’espèce qui satisfasse autant nos attentes analytiques (notamment, en prenant en
compte le flou) que le réquisit d’une utilité pratique pour le ou la taxinomiste, tout en rendant compte des cas
limites décrits par la littérature scientifique.

Attribuer une cognition aux animaux non-humains : Sober et la parcimonie
cladistique
Jade Néron (Université Laval)
Attribuer une cognition aux animaux non-humains est un phénomène courant tant dans les sciences du
comportement animal que dans la vie de tous les jours. Il nous arrive ainsi fréquemment de considérer
les actions d'autres espèces animales comme résultant de procédés mentaux semblables aux nôtres. Or,
de telles attributions (en apparence anthropomorphiques) sont-elles légitimes? Devrions-nous attribuer
des mécanismes psychologiques humains si rapidement aux autres espèces?

Au XIXe siècle, le biologiste et psychologue anglais C. Lloyd Morgan (1852-1936) soutenait que de
procéder ainsi serait une erreur. Son « canon », qui soutient qu'aucune propriété mentale « supérieure »
ne devrait servir à expliquer un comportement pouvant être généré par une propriété mentale
« inférieure » dans l'échelle des mécanismes psychologiques, avait en effet pour but de nous empêcher
de commettre des erreurs anthropomorphiques naïves liées à l'interprétation du comportement animal.

Bien que la méthode de Morgan puisse sembler efficace et contribua au développement des méthodes
modernes de l'éthologie, Elliot Sober (1948-) y repère un certain nombre de problèmes. En faisant
valoir l'argument de la parcimonie cladistique, et contrairement à ce qu'affirmait Morgan, Sober
soutient notamment que la théorie de l'évolution autorise à affirmer que certaines espèces auraient des
capacités cognitives semblables aux nôtres.

                                                                                                              21
Cette présentation aura pour but d'évaluer la portée des arguments de Sober (2005). Après avoir défini
sommairement la parcimonie cladistique et dressé un portrait fidèle de sa position, nous nous
demanderons si ses arguments justifient l'attribution d'une cognition aux animaux non-humains et,
ultimement, si la théorie de l'évolution permet de soutenir que ces derniers possèdent des états mentaux
s'apparentant à ceux des humains.

Si les particules élémentaires existent indépendamment de notre esprit,
qu’en est-il des entités matérielles ?
Hugo Tremblay (Université Laval)

Selon plusieurs théories physiques actuelles, notre univers est ultimement composé de particules
élémentaires. Qu’on se limite aux protons, électrons et neutrons constituant les différents atomes, ou
qu’on s’intéresse aux quarks, leptons et bosons, ces théories nous inclinent à croire qu’il existe des
particules indivisibles dont le reste de la matière est constituée. Lorsqu’on conçoit l’existence de telles
particules, il est plausible de juger qu’elles ne sont pas de simples postulats théoriques ; elles existent et
leur existence est indépendante de notre esprit. Nous adoptons donc une position réaliste à leur égard
(Miller, 2014). Puisque les entités matérielles sont ultimement constituées de ces particules
élémentaires, il semble raisonnable de considérer que les entités matérielles existent elles aussi
indépendamment de notre esprit.

Ainsi, une position antiréaliste comme celle de Nelson Goodman semble aller à l'encontre de nos
intuitions. Celui-ci affirme qu’absolument toutes les entités que nous connaissons – y compris des
entités matérielles comme les montagnes et les étoiles – n’existent pas tant que l’être humain ne les a
pas créées par ses différents systèmes de représentations (1960, 1978, 1980, 1983, 1984). Pour les
réalistes, une telle posture antiréaliste implique une confusion entre des enjeux ontologiques et
épistémiques ; par ailleurs, croire que les implications épistémiques de l’antiréalisme infirment le
réalisme est tout simplement faux (Searle, 1995, chap. 7).

Dans cette communication, je soutiendrai qu’une théorie antiréaliste telle que celle soutenue par
Goodman a des implications ontologiques. En nuançant sa théorie, je soutiendrai qu’une théorie réaliste
relativement à l’existence de particules élémentaires peut être compatible avec une théorie antiréaliste
relativement à l’existence de la quasi-totalité des entités. En m’inspirant de ce que Curtis Brown
appelle l’« argument de l’organisation » (1988, p. 146-147) et en utilisant, entre autres, l’exemple de
l’eau et de sa composition chimique (H2O), j’expliquerai pourquoi la quasi-totalité des entités ne
peuvent pas être individuées sans l’intervention de l'esprit ; sans système de représentations, rien ne
distingue une entité qui existe d’une autre qui n’existe pas.

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Physique, ingénierie et philosophie : une invitation à un trialogue
Frédéric Venne (Université de Montréal)
Le point de départ de cette présentation est l’idée que le savoir technologique vise l’utilité plutôt que la
vérité. Afin d’illustrer que cette idée largement répandue chez les philosophes et les scientifiques, mais
aussi chez les ingénieur-e-s, est à tout le moins problématique et probablement fausse, j’examinerai les
développements récents de la physique théorique et appliquée à l’aide de deux études de cas.
L’essentiel de cette présentation portera sur la mise en relation de différents types de discours portant
sur les mécanismes de production et d’organisation des connaissances dans le domaine de la physique.
Concrètement, je souhaite soutenir que la mise en place d’un espace de réflexion entre les philosophes,
les scientifiques et les ingénieur-e-s pourrait enrichir les différents débats épistémologiques portant sur
les développements et les modes d’appropriation des connaissances dans les domaines des sciences et
de la technologie.
Je conclurai cette présentation en discutant des conditions souhaitables et nécessaires à la création d’un
tel espace de réflexion. Plus particulièrement, j’avancerai que les réflexions des philosophes
s’enrichiraient à se tourner davantage vers l’analyse de la pratique des sciences et de l’ingénierie, alors
que les scientifiques et ingénieur-e-s gagneraient à développer leur capacité à réfléchir
philosophiquement sur leurs propres pratiques. Cette analyse permettra de cerner les quelques règles
que les philosophes, scientifiques et ingénieur-e-s devraient normalement suivre afin de nous assurer
que mon invitation à un trialogue ne se transforme pas en un trialogue de sourds.

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