Pathologie locomotrice chez les galopeurs de courses d'obstacles
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Pathologie locomotrice chez les galopeurs de courses d’obstacles J.-M. Denoix*, H. Pasquet#, F. Audigié* *CIRALE-NEV-ENVA, Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort, 1180 Route de l’Eglise, 14430 Goustranville (France) ; # Vethippodome, 4 rue Jean Ferrat 63720 Ennezat (France) Résumé : L’objectif de cette brochure est de présenter succinctement à l’attention des professionnels (entraineurs, propriétaires) les principales affections communément rencontrées chez les chevaux de courses d’obstacles. Les entités pathologiques retenues sont : les lésions tendineuses, les fractures de fatigue, les contusions osseuses, les dorsalgies, et les affections du bassin. Introduction : Les lésions induites par l’entrainement et la compétition, véritables affections professionnelles, sont intimement dépendantes de la spécialité sportive du cheval. Ainsi, les chevaux de courses d’obstacles sont exposés à des lésions spécifiques. Cette brochure a une vocation didactique ; son objectif n’est pas d’envisager une présentation complète et exhaustive de toutes les affections auxquels les chevaux de courses d’obstacles sont exposés, mais seulement de présenter quelques exemples parmi les affections les plus fréquemment rencontrées chez ces athlètes. Fig. 1: Anatomie générale du squelette du cheval et sites lésionnels envisagés dans cette brochure 1- Affections tendineuses Les lésions du tendon fléchisseur superficiel du doigt représentent un sujet de préoccupation majeur chez les chevaux de courses, en particulier chez les galopeurs d’obstacles.
Fig. 2: Anatomie des tendons du cheval : 1- Tendon perforé (fléchisseur superficiel du doigt) ; 2- Tendon perforant (fléchisseur profond du doigt) ; 3- Bride carpienne ; 4- Ligament suspenseur du boulet. Causes: Ce sont le plus souvent des lésions de fatigue s’installant progressivement au cours de l’entrainement, ce qui souligne l’importance d’un contrôle quotidien des jambes du cheval. Parfois, spécialement chez les chevaux d’obstacles, des lésions traumatiques (atteintes par les postérieurs) peuvent survenir. Diagnostic et documentation : Les signes locaux des lésions récentes (épaississement, sensibilité, chaleur) sont souvent présents et évidents. Cependant des lésions significatives peuvent être trouvées à l’échographie, sans signes physiques clairs. L’échographie, facile à réaliser est l’examen de choix (Fig. 3 et 4). L’examen initial doit être parfaitement documenté pour pouvoir assurer un suivi précis de l’évolution de la lésion (Fig. 3). Conduite à Tenir : De nombreux traitements locaux (feux, vésicatoires, injections intra-trendineuses de divers produits chimiques ou biologiques) ont été mis en œuvre au cours de nombreuses décennies pour tenter de traiter les lésions du fléchisseur superficiel sans qu’une technique ne se soit radicalement démontrée être supérieure aux autres. Ceci démontre qu’une période de repos et une reprise progressive d’activité encadrée par un contrôle clinique et un suivi échographique sont les éléments les plus déterminants du succès de retour en courses dans un délai variant entre 12 à 14 mois. Les lésions du suspenseur sont parfois asymptomatiques (Fig. 4) et le pronostic des lésions péri-tendineuses est généralement bon en quelques semaines (Fig. 5). 2
Fig. 3: Images échographiques d’une tendinite récente du fléchisseur superficiel du doigt. Coupe longitudinale du tendon à gauche ; coupes transversales de haut en bas à droite. Le cheval présente une lésion étendue au centre du tendon (pointes de flèche). Images réalisées dans le cadre du projet Tendinact*. Fig. 4: Images échographiques d’une lésion chronique du ligament suspenseur du boulet sous le genou. Coupe longitudinale du ligament à gauche et coupe transversale à droite. Le cheval présente une lésion (pointe de flèche) avec un fragment osseux arraché (pointes de flèche ouvertes). Images réalisées dans le cadre du projet Tendinact*. 3
Fig. 5: Jarde du jarret gauche (pointe de flèche) et images échographiques correspondantes à droite. La déformation physique est due à un épaississement péri- tendineux (pointes de flèche ouvertes). 2- Les fractures de fatigue et contusions osseuses Les lésions osseuses représentent la cause la plus fréquente de boiterie chez les chevaux de courses. Parmi celles-ci, les fractures de fatigue sont les plus dangereuses en raison de leur complication potentielle en fracture complète. Les contusions osseuses sont des lésions induites par les traumatismes sportifs répétés. Les sites les plus fréquemment affectés sont les articulations du boulet (antérieurs et postérieurs) et le carpe. Causes: Par définition, les fractures de fatigue et les contusions osseuses sont le résultat de contraintes osseuses répétées sur le squelette, au cours de l’entrainement et de la compétition. Diagnostic et documentation : Le plus souvent, le cheval est examiné en raison d’une boiterie ; le site douloureux est localisé à l’issue de l’examen clinique et radiographique. Des lésions difficiles à diagnostiquer (boulets, humérus, tibia, …) peuvent nécessiter la mise en œuvre d’un examen scintigraphique qui est la technique la plus sensible pour identifier ces lésions. Conduite à Tenir : Elle est essentiellement basée sur la gestion de l’activité. Pour les fractures de fatigue, un forte réduction d’activité pendant 2-3 mois et recommandée puis, après contrôle radiographique et clinique, une reprise progressive d’activité sur la même durée sera envisagée avant de reprendre l’entrainement. Dans le cas des contusions osseuses, l’activité sera modulée dès le départ en fonction de la sévérité de la boiterie. L’articulation concernée pourra être traitée par voie intra-articulaire. 4
Fig. 6: A- Fracture de fatigue de la première phalange chez un cheval de steeple de groupe I ; B- Fracture de fatigue de la partie basse du tibia. Fig. 7: Fracture de fatigue de l’humérus, diagnostiquée à l’examen scintigraphique (A, pointe de flèche) et confirmée par la présence d’un cal de fracture en radiographie(B, pointe de flèche). Fig. 8: Contusion osseuse chronique du condyle métacarpien (boulet) diagnostiquée à l’examen scintigraphique (A ; pointe de flèche). L’examen radiographique est peut informatif (B). L’examen par IRM (C) confirme le site lésionnel (pointe de flèche). 5
4- Les affections du dos Les dorsalgies sont fréquentes chez les galopeurs et peuvent entrainer des défenses au travail et une réduction de performance. Causes: La cause la plus fréquente est le conflit de processus (apophyses) épineux en région thoracique (sous la selle) (Fig. 9). Les lésions des articulations plus profondes sont surtout rencontrées en région lombaire (en arrière de la selle) (Fig. 10). Plus rarement, des fractures de fatigue ou des lésions traumatiques à la suite de chute peuvent être rencontrées (Fig. 11). Fig. 9: Conflit de processus (apophyses) épineux en région thoracique chez une jument pur-sang dorsalgique (pointes de flèche). Images réalisées dans le cadre du projet Tendinact*. Fig. 10: Lésions des articulations intervertébrales profondes en région lombaire et thoraco- lombaire (pointes de flèche). 6
Fig. 11: Fracture des apophyses articulaires (pointe de flèche) et de la fosse vertébrale (pointe de flèche ouverte) de la 17ème vertèbre thoracique avec subluxation intervertébrale (*). Ce steeple-chaser a recouru et gagné à plusieurs reprises après plusieurs mois de repos. Diagnostic et documentation : La radiographie est la technique la plus appropriée pour diagnostiquer les lésions osseuses du dos. Cependant un examen complet du dos du cheval nécessite un générateur puissant pour investiguer la région lombaire. Conduite à Tenir : La gestion de l’attitude du cheval au travail (en s’aidant, le cas échéant d’enrênements ou d’élastiques) et une monte légère, en suspension, sont essentielles. Un traitement médical par infiltrations écho-guidées peut parfois être nécessaire pour diminuer le niveau de douleur et permettre au cheval de travailler confortablement. La mise au repos complet est à éviter. 5- Les affections du bassin Elles sont relativement fréquentes chez le cheval de course d’obstacle. Causes: Deux causes principales sont rencontrées : l’arthropathie sacro-iliaque, responsable essentiellement de perte d’action et de propulsion, et les fractures de fatigue, principalement de l’ilium, responsable de boiterie. Diagnostic et documentation : L’échographie, facile à réaliser, est indispensable pour diagnostiquer et documenter l’évolution de ces lésions. Elle est réalisée par par voie interne (trans-rectale) et/ou externe, pour examiner les surfaces osseuses du bassin à travers la peau et les muscles fessiers. 7
Fig. 12: Image échographique normale(A) et anormale de l’articulation sacro-iliaque (B). Noter la régularité des surfaces osseuses sur l’image A et l’irrégularité de celles-ci en B. Fig. 13: Fracture de fatigue de l’ilium documentée par scintigraphie (A- voir l’augmentation d’activité captée - pointe de flèche) et démontrée par l’image échographique faite par abord externe (B- pointe de flèche). Conduite à Tenir : Elle est radicalement différente ce qui nécessite d’établir clairement le diagnostic différentiel entre ces 2 affections. L’arthropathie sacro-iliaque peut être traitée par injection écho-guidée pour maintenir le cheval en activité ce qui permet de renforcer ou de maintenir sa musculature fessière. Les fractures de fatigue du bassin nécessitent une période de repos de plusieurs mois (en cas de déplacement) ou une phase de réduction d’activité (en absence de déplacement) avant la reprise progressive de l’entrainement. * Tendinact : projet de recherche dirigé par le Pr N. Crevier-Denoix portant sur la réhabilitation des tendinopathies des chevaux de courses d'obstacles, co-financé par la Région Normandie, le FEDER, le Fonds Eperon et l'IFCE. 8
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