LES FRACTURES DE FATIGUE EN 2011 - Mathieu Royer, Erick Legrand

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LES FRACTURES DE FATIGUE EN 2011 - Mathieu Royer, Erick Legrand
LES FRACTURES DE
 FATIGUE EN 2011

     Mathieu Royer, Erick Legrand
LES FRACTURES DE FATIGUE EN 2011 - Mathieu Royer, Erick Legrand
Définitions

   Fracture de fatigue = fracture de contrainte :
    •   Conséquence de l’application de contraintes
        « anormales » sur un os dont la résistance élastique
        est normale

   Fracture par insuffisance osseuse = fracture
    ostéoporotique :
    •   Conséquence de l’application de contraintes
        « normales » sur un os dont la compétence
        mécanique est insuffisante
LES FRACTURES DE FATIGUE EN 2011 - Mathieu Royer, Erick Legrand
Physiopathologie

Point final d’un spectre de réponses de l’os à son
environnement

                                              FRACTURE
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Une pathologie fréquente?

   Cause fréquente de consultation chez le sportif

   Large étude incluant 2002 lésions liées à la
    course à pied :
     fracture de contrainte : 7,6% des cas

   Étude prospective incluant 125 femmes jeunes
    pratiquant la course à pied en compétition :
     Fracture de contrainte : 13,6% des cas

                                                   Taunton et al, Br J Sports Med 2002;36:95-101
                                                             Nieves et al, PMR 2010;2(8):740-50
LES FRACTURES DE FATIGUE EN 2011 - Mathieu Royer, Erick Legrand
Trois sites préférentiels

Tibia :
•   Coureurs

Métatarsiens : 2ème et 3ème rayons
•   Marcheurs
•   Militaires
•   Danse

Bassin : Branches ischio et ilio pubiennes ++
•   Militaires
•   Gymnastique, cross (fémur), football, baseball
•   Danse

Mais aussi : calcanéum ++, sacrum, fibula et très rares humérus, ulna

                                                     Daffner et al, AJR 1992;159:245252
FACTEURS DE RISQUE
Facteurs hormonaux et nutritionnels

   L’aménorrhée de la jeune femme sportive :
    •   Apports caloriques bas + activités intenses et répétées
         prévalence élevée des troubles menstruels
    •   Aménorrhée  RR de fracture de stress : 2 à 4

   Vitamine D : 800 militaires finlandais : 22 fractures de contraintes
    (3% des cas)
      < 75,8 nmol/l : RR fracture de stress : 3,6

                                               Bennel et al, Clin J Sport Med 1995;5(4):229-35
                                               Warden et al, J Sports Med 2007;41(suppl1):38-43
                                               Ruohola et al, JBMR 2006;21(9):1483-8
Il existe un lien entre les apports alimentaires et le risque de fracture

      Régime :
         Riche en calcium, lait écrémé, produits laitiers
         Pauvre en graisse
                   - 68% de risque de fracture de stress

      + 1 tasse de lait écrémé/jour
                    - 62% de risque de fracture de stress !

                                                      Nieves et al, PMR 2010;2(8):740-50
Paramètres anthropométriques

   Les données de la littérature sont concordantes pour :
    •   Petit poids, petite taille et IMC bas (< 21kg/m2)
    •   Longueur tibiale basse
    •   Inégalité de longueur des membres inférieurs

         qui sont associés au risque de fracture

                                                Bennell et al, Am J Sport Med 1996;24(6):810-8
                                                Beck et al, Bone 2000;27(3):437-44
                                                Dixon et al, Clin Biomech 2006;21: 412-19
Paramètres anthropométriques

   En revanche, certaines données scientifiques sont
    moins claires :

    •   Arche plantaire importante
    •   Varus de cheville important
    •   Dorsi flexion de cheville limitée

     qui seraient associés au risque de fracture

                                            Beck et al, Bone 2000;27(3):437-44
                                            Dixon et al, Clin Biomech 2006; 21: 412-19
Paramètres osseux

   DMO : étude incluant 663 militaires femmes :

      37 fractures de contrainte (6% des cas)

     Diminution de 5,2 % de la DMO tibiale chez les femmes
     fracturées en comparaison aux femmes non fracturées

     Diminution de 4,4 % de la DMO fémorale chez les
     femmes fracturées en comparaison aux femmes non
     fracturées

                                            Beck et al, Bone 2000;27(3):437-444
Paramètres bio-mécaniques

                                               Pied « pronateur »

                                               Pied « supinateur »

   Temps passé en éversion maxi de cheville c’est-à-dire le
    fait de courir avec une pronation excessive

                                         Pohl et al, Journ Biomech 2008;41:1160-65
                                          Dixon et al, Clin Biomech 2006; 21: 412-19
Paramètres sportifs

   Augmentation brutale de la quantité d’entraînement
    (kilométrage hebdomadaire pour la course à pied)
   Augmentation du nombre des compétitions
   Changement de terrain d’entraînement
   Chaussures usées
         Gardner et al, Am J Public Health 1988
En pratique

   Entraînement excessif ou inadapté
   Aménorrhée
   Régime pauvre en Calcium, en protéines
   Carence en vitamine D
   IMC bas
   Masse musculaire faible
   Inégalité de longueur des membres
   DMO basse chez les femmes
   Diamètre osseux bas
Diagnostic clinique

   Douleurs mécaniques
   Soit brutale, intense très évocatrice
   Soit plus modérée, reproduite seulement par l’activité
    sportive… retard diagnostique possible

    L’imagerie est toujours indispensable
Quelle imagerie choisir ?
Radio standard

   Les radiographies sont souvent normales au début
    •   Aspect flou de la corticale

   Puis apparaissent des anomalies inconstantes
    •   Chez environ 50% des patients
    •   Apposition périostée fusiforme
    •   Trait de fracture parfois visible dans l’apposition
        (« cheveu sur la porcelaine »)
    •   Condensation traduisant l’apparition du cal

                                              Dixon et al., Curr Probl Diagn Radiol 2011 40(1):29-44
                                              Daffner et al., Radiology 1982;142:174-8
Scinti au 99mTc

   Hyperfixation :
    •   Précoce (dans les 48 à 72h suivant la fracture)
    •   Prolongée
    •   Intense

   Si la scintigraphie montre des fixations multiples ou
    bilatérales, il faudra rechercher une pathologie osseuse
    sous jacente

                                        Dixon et al., Curr Probl Diagn Radiol 2011 40(1):29-44
IRM

   Œdème osseux + œdème structures musculaires
    adjacentes +/- trait de fracture visible

   Fredericson : 5 stades IRM
    •   0 : normale
    •   1 : œdème périosté
    •   2 : œdème périosté + médullaire en T2
    •   3 : œdème périosté + médullaire en T1 et T2
    •   4 : idem + trait de fracture visible

                                       Fredericson et al., Am J Sports Med 1995;23:472-81
Dixon et al, Curr probl diagn radiol, 2011;40(1):29-44
Hebert et al, AJR 2008;190(6):1487-91
Kiuru et al, Eur Radiol 2003;13:605-611
Quelle imagerie?
   Radiographie
       Disponibilité, facile à interpréter
       Mais la sensibilité est faible au départ : 15% à 56% selon les études
                           Greaney et al, Radiology 1983;146:339-46, Anderson et al, Radiology 1996;199:1-12,
                           Kiuru et al, Acta Radiol 2002;43:207-12

   Scintigraphie
       Sensible mais peu spécifique
       Irradiation
       Utile pour des localisations multiples

   IRM
       Examen gold standard
       Utile pour le diagnostic différentiel
       Mais problème de disponibilité donc retard diagnostic
           Dixon et al, Curr probl diagn radiol 2011;40:29-44, Bergman et al, AJR 2004;183:635-8
Fracture cliniquement typique              Fracture cliniquement
(sportif, douleur très localisée,           atypique (nocturne,
         site évocateur)               inflammatoire, site articulaire

                1ère intention
                                    1ère intention

                    RADIO
                                       RADIO
                   Si -
                                      Si -

                Scintigraphie
                                        IRM

                   Si -                                          Diagnostic
                                      Si -                       différentiel

                      IRM
                                    Scintigraphie
Quelle enquête clinique?
     L’objectif de l’enquête clinique est de comprendre les causes
    possibles

•   Age, Sexe
•   Poids, IMC et leur évolution depuis 12 mois
•   Cycles menstruels, période d’aménorrhée
•   Contexte nutritionnel : protéines, glucides, calcium
•   Modalités de l’entraînement : volume , intensité, évolution au
    cours des 6 derniers mois
•   Modifications du rythme de compétitions
•   Morphotype, longueur des membres inférieurs, trouble statique
    des pieds
•   Examen des chaussures
Faut-il faire un bilan biologique?
   Devant une fracture de contrainte typique, dans un contexte
    sportif évident : non hormis la Vitamine D

   Devant une fracture de contrainte atypique
-   Absence d’activité déclenchante
-   Site inhabituel (col fémoral)
-   Répétitions des fractures
-   Maigreur, anorexie
                  les examens biologiques sont utiles
Quel bilan biologique?
   Calcémie, phosphorémie, créat, Vitamine D
   Albumine, préalbumine, paramètres ferriques, folates
   Electrophorèse des protéines, Hémogramme

   En fonction des signes cliniques :
         Hyperthyroïdie possible : TSH
         Aménorrhée persistante : FSH/LH, estradiolémie
Faut-il faire une DPX au décours d'une
fracture de fatigue chez un sportif?

   Chez l’adulte jeune, avant 50 ans : non

   Chez la femme ménopausée : oui
   Chez l’homme de plus de 65 ans : oui

   Dans un contexte particulier pouvant évoquer
    une ostéoporose secondaire (anorexie,
    aménorrhée prolongée, corticothérapie..) : oui
Quelle durée pour l’arrêt du sport?

En fonction de la localisation
- Métatarsiens : 6 semaines

- Tibia, fémur, bassin : 12 semaines

Critères de reprise du sport
  - Indolence dans la vie courante
  - Cal sur la radio
  - Compréhension par le médecin et le patient des
  causes de la fracture
Quelles précautions lors de la reprise du
sport?

    Amélioration quantitative du régime alimentaire pour
     atteindre au minimum
       Environ 2000 à 2500 calories chez les femmes sportives
       Environ 2600 à 3500 calories chez les hommes sportifs
    Amélioration qualitative du régime alimentaire : 3
     produits laitiers par jour, 0.8 à 1 g/kg/jour de
     protéines
    Doser, supplémenter et normaliser la vitamine D
     sérique (> 75 nmol/l)
Quelles précautions lors de la reprise du
sport?
    Chaussures récentes adaptées au sport pratiqué
    Corriger une inégalité de longueur de membre inférieur
     (si elle est > 1 cm)
    Modifications des contraintes sportives
     - réduction des volumes (-25%)
     - réduction du travail à haute intensité
     - allègement du programme de compétitions
     - programmation annuelle comportant des semaines de
     récupération
     - travail de musculation spécifique (?)
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