PhotoBrussels, voyage au bout du confinement - Hangar
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MUSÉES L'Allemagne rouvre, la France à 130 jours de fermeture p.2 DISPARITION Henri Gaudin, artiste de la courbe p.6 Lundi 8 mars 2021 - N° 2121 BELGIQUE PhotoBrussels, voyage au bout du confinement p.7 RECONVERSION Laboratoires Eclair, une nouvelle vie après le cinéma p.5 PATRIMOINE Les 8 premiers chênes pour Notre-Dame p.6 www.lequotidiendelart.com 2€
Lundi 8 mars 2021 - N°2121 Pierre Jarlan, Papou. BELGIQUE PhotoBrussels, voyage au bout du confinement Après un report et de nombreuses inquiétudes sur sa tenue, le jeune festival a finalement pu ouvrir à la fin janvier. Il a choisi d’explorer la thématique de l’enfermement... mais les expositions en galeries et musées sont librement Pierre Jarlan. visitables. Par Rafael Pic Pour PhotoBrussels, les affres actuelles – confinements, Kuroda, explique la directrice, Delphine Dumont. Mais reports de programmation, etc. – sont particulièrement en 5 ans, dans le cadre du festival et en dehors, nous délicates. Il s’agit en effet d’un jeune festival – à peine avons présenté quelque 100 photographes. En janvier 5 ans – qui a réussi à s’ancrer dans une des rares 2020, nous avons décidé de sauter le pas et de nous capitales européennes à ne pas avoir de manifestation consacrer entièrement à la photographie. » de ce type. Une année blanche après de bons débuts aurait pu oblitérer l’avenir. Heureusement, la Belgique 450 candidatures a eu l’intelligence de maintenir ouverts jusqu’à présent Une année évidemment hors normes… Le festival ses lieux culturels et PhotoBrussels bénéficie aurait dû ouvrir le 19 novembre (il suit logiquement d’une base de qualité : le Hangar. Situé sur la place dans le calendrier Paris Photo, qui a été annulé) et a dû du Châtelain à Ixelles, nouvel épicentre des galeries être décalé de deux mois. « Pour cette édition si d’art contemporain – Templon, Obadia, La Patinoire particulière, notre première idée était de reprendre la Royale, Michel Rein ou Huberty & Breyne sont à un jet thématique des débuts, c’est-à-dire le paysage, poursuit de pierre – cet ancien concessionnaire des automobiles Delphine Dumont. Puis la situation unique nous a Pipe, marque mythique des années vingt, a été poussés à coller à l’actualité : comment les photographes superbement restauré par son propriétaire, Rodolphe adaptent-ils leur travail au confinement ? Nous avons de Spoelberch, et a pris définitivement le virage lancé un appel d’offres en mars et avons reçu plus de de la photo. « Depuis l’ouverture, nous avons montré 450 candidatures. » Ces quelque 6000 photos ont été des artistes contemporains comme Mircea Cantor ou Aki étudiées par un comité réduit qui a retenu 27 lauréats /… « La situation sanitaire unique nous a poussés à coller à l’actualité : comment les photographes adaptent- ils leur travail au confinement ? Nous avons lancé un appel d’offres en mars 2020 et reçu plus de Photo Benjamin Baltus. 450 candidatures. » Delphine Dumont, Hangar. Marguerite Bornhauser, PhotoBrussels 2021. directrice du Hangar. 7/
Lundi 8 mars 2021 - N°2121 « Nous avons eu au moins trente propositions sur les voisins, alors que les photographes ne les avaient probablement jamais rencontrés ou ne leur avaient jamais parlé. C’est rassurant de voir qu’il y a encore des gens capables de nous émerveiller avec cette catastrophe ! » Christian Caujolle, membre du jury. Julia Fullerton Batten. techniques anciennes comme le cyanotype. On remarque l’omniprésence de l’écran, qui apparaît aussi sous forme de cadre ou de fenêtre. » Bloqués dans leurs élans voyageurs, les photographes se sont rabattus sur des Julia Fullerton-Batten, Looking out from Within 2020, Penelope, Lockdown Day 51. thèmes plus intimes, mettant en scène leurs proches, enfants ou colocataires, à l’image de Julia Fullerton- en juin. Tout a été évidemment rendu plus compliqué Batten, dont les personnages derrières des vitres ont par la distance, les langues des lauréats (de 12 pays une dimension cinématographique. Souvent avec différents et ne vivant pas toujours dans leur pays humour comme Gérôme Barry et ses pastilles vidéo d’origine), les obstacles au voyage (lors du vernissage d’une minute sur son expérience burlesque du jeudi 21 janvier, moins de la moitié des du confinement (par exemple : courir un marathon photographes ont pu se rendre à Bruxelles). Les à la maison…). « Nous avons eu au moins trente tirages, le catalogue, une présentation vidéo et le propositions sur les voisins, alors que les photographes dossier de presse ont été réalisés dans l’urgence, par ne les avaient probablement jamais rencontrés ou ne leur un usage intensif de Zoom et autres applications à avaient jamais parlé, relève Christian Caujolle. C’est distance. rassurant de voir qu’il y a encore des gens capables de nous émerveiller avec cette catastrophe ! » La poésie de l’ordinaire Quel a été l’effet de la pandémie sur le travail des Nouveaux regards sur la ville photographes ? « Elle a ouvert la porte à la résilience D’autres ont exploré de manière nouvelle leur ville, créative, à l’introspection, à une poésie de l’ordinaire », à l’image de Giovanni Hänninen qui montre un Milan résume Rodolphe de Spoelberch, le fondateur où les panneaux d’affichage sont vierges comme du Hangar. « La production balaye tout le champ de grandes toiles blanches, ou comme Frédéric Stucin, de la photographie contemporaine, note l’un des à qui a été attribué le coup de cœur Leica, qui a membres du jury, Christian Caujolle, du noir et blanc redécouvert Paris. « Je me suis rapatrié en catastrophe au documentaire, en passant par la tradition classique d’une résidence à Lille. Paris vide me faisait peur, comme du 6x6, par le collage ou par la redécouverte de un décor de cinéma. J’ai travaillé tous les jours de 16 h /… Gérôme Barry. Frédéric Stucin Gérôme Barry. Frédéric Stucin, Rue Rambuteau - Rue Saint Denis, 1er arrondissement. Paris, 26 mars 2020. 8/
Lundi 8 mars 2021 - N°2121 D'un portrait en creux de la société israélienne au Musée juif à la reconstitution numérique d'Alep à la Fondation Boghossian, le monde s'affiche dans le parcours bruxellois. à 20 h 30, en rééclairant. Je suis passé de la photo de portrait à tout autre chose. » Quoiqu’on puisse légitimement considérer qu’il s’agit toujours de portrait : portrait d’une ville aimée mais méconnaissable… Pierre Jarlan, photographe et pédopsychiatre, a reconstitué en 3D les intérieurs des personnes qu’il a interrogées sur leur confinement. Il a passé leurs témoignages au crible de l’analyse Assaf Shoshan. sociologique et psychiatrique et restitué le tout sur une grande table lumineuse qui fait office de cartographie de l’enfermement… mais aussi de l’évasion par l’imaginaire. Assaf Shoshan, Moti, 2018. Musée Juif de Belgique, exposition « Assaf Shoshan - Home », jusqu’au 25 avril 2021. Un parcours à travers Bruxelles contemporaine qui s’exprime notamment sous En dehors des 1000 m2 du Hangar, PhotoBrussels la forme de collectifs (comme 1010 et son travail sur a essaimé dans près de 40 lieux de la capitale. On y les Ardennes). Le Covid complique évidemment les trouve des adresses bien établies comme la Fondation déplacements, et le masque étouffe les conversations Boghossian, dans la Villa Empain, chef-d’œuvre Art avec des galeristes pourtant avides de défendre leurs déco (qui présente la reconstitution 3D d’Alep par Yves artistes, comme Alain D’Hooghe, qui présente Frank Ubelmann et ses équipes d’Iconem, un projet développé Christen à la Box. Ou encore Alain Jottard, qui à partir de la première version vue à l’Institut accueille à Contretype les délicats tirages noir et blanc du monde arabe) ou le Musée juif, qui est appelé à être de Christine Levebvre et la fable historique complètement restructuré dans les prochaines années de Federico Clavarino. Fruit d’une résidence, elle nous et qui expose les grands formats d’Assaf Shoshan, emmène vers les îles du Frioul et le rhinocéros portrait de la société israélienne dans ses marges de Dürer. Comme quoi l’épidémie a bouleversé notre (du statut des falashas au destin d’un écrivain raté). quotidien mais n’a pas tari la créativité. Mais aussi de toutes jeunes galeries comme L’Enfant sauvage de Pauline Capelet, qui, après son école PhotoBrussels, du 21 janvier au 25 avril, au Hangar et dans d’autres lieux d’exposition à Cambrai, a eu l’audace d’ouvrir en juillet dernier à Bruxelles. ce petit espace : elle y laisse la part belle à une création hangar.art Courtesy L’Enfant Sauvage. Photo Laurent de Broca. Vue de l’exposition « Alep, un voyage au cœur de 5 000 ans d’histoire » à la Fondation Vue de l’exposition « 1010 HRDN + Young Talent : Pauline Vanden Neste & Tom Lyon » Boghossian jusqu’au 18 avril 2021. jusqu’au 13 mars 2021 à la galerie L’Enfant Sauvage. 9/
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