POUR CHAQUE METTRE FIN AU SIDA - Septième bilan de situation sur les enfants et le sida, 2016 - Unicef
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Au sens du présent rapport, un « enfant » s’entend comme toute personne âgée de moins de 18 ans, y compris les adolescents, conformément à la Convention internationale relative aux droits de l’enfant. Selon les Nations Unies, les adolescents se définissent comme des personnes âgées de 10 à 19 ans et les jeunes, comme des personnes âgées de 15 à 24 ans. En raison de la persistance de la stigmatisation liée au VIH, l’UNICEF prend des mesures pour protéger l’identité des enfants et de leurs mères, conformément à leurs souhaits et aux principes mondiaux des droits de l’enfant et de la protection de l’enfance. L’UNICEF a obtenu le consentement écrit des personnes vivant avec le virus avant de les présenter comme telles sur les photographies et sur d’autres supports. Sauf indication contraire, on ne doit pas supposer que les personnes décrites dans cette publication et dans la documentation en ligne qui lui est associée vivent avec le VIH. Remarque : les données figurant dans ce rapport sont tirées des statistiques disponibles les plus récentes de l’UNICEF et d’autres organismes des Nations Unies. © Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) Février 2017 ISBN : 978-92-806-4870-6 La reproduction de toute partie de cette publication est sujette à autorisation. Celle-ci est gratuite pour les organisations éducatives et à but non lucratif. Veuillez contacter : Division des programmes de l’UNICEF Section VIH/sida 3 United Nations Plaza, New York, NY 10017, États-Unis Adresse électronique : childrenandaids@unicef.org Mention de la source : Fonds des Nations Unies pour l’enfance, Pour chaque enfant, mettre fin au sida, septième bilan de situation sur les enfants et le sida, UNICEF, New York, décembre 2016 Des documents et données complémentaires sont disponibles sur . Pour tout rectificatif ultérieur à la mise sous presse, consulter notre site Internet à l’adresse . Photo de couverture : © UNICEF/Malawi/Schermbrucker/2015 Conception : Era Porth
TABLE DES MATIÈRES 02 AVANT-PROPOS 04 INTRODUCTION • Défi n° 1 : les enfants meurent encore de causes liées au sida • Défi n° 2 : selon les prévisions, les taux d’infection à VIH chez les adolescents devraient augmenter • Défi n° 3 : les systèmes et les ressources sont sollicités à l’extrême et la demande en matière de prévention et de traitement du VIH augmente 08 CHAPITRE 1. UNE ASSISTANCE TOUT AU LONG DE LA VIE • Des services intégrés répondant aux besoins des femmes et des enfants 12 CHAPITRE 2. MÈRES ET ENFANTS • Progrès accomplis • Défis • Différences régionales en matière de PTME et de traitement antirétroviral pédiatrique • Stratégies visant à accélérer les progrès pour les femmes et les enfants 30 CHAPITRE 3. ADOLESCENTS • Progrès et défis • Le nombre de jeunes en Afrique va presque doubler d’ici à 2050 • Les adolescentes et les jeunes femmes continuent d’être touchées de façon disproportionnée • Les populations adolescentes clés sont vulnérables dans presque tous les contextes • Stratégies visant à accélérer les progrès pour les adolescents 44 CONCLUSION 55 47 ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES 48 NOTES DE FIN 53 ANNEXE : TABLEAUX STATISTIQUES Pour chaque enfant, mettre fin au sida | 01
AVANT-PROPOS Pendant près de trente ans, la lutte contre le VIH/sida a figuré en tête du programme mondial de santé, considérée comme une priorité urgente nécessitant un engagement solide et des mesures fermes. Un mouvement mondial de lutte contre le sida, suivi tant par les organisations locales et mondiales que par les autorités publiques et les partenariats internationaux, a ainsi vu le jour. L’impact des investissements ciblés en matière d’innovation, qui visaient à atteindre et à traiter les personnes les plus exposées, a été significatif : des millions de nouvelles infections ont été évitées, et les familles du monde entier vivant avec le VIH ont pu retrouver l’espoir. Nous pouvons être fiers de ces résultats, mais nous ne devons pas nous arrêter là. La lutte continue – en particulier pour les enfants. Malgré ces immenses progrès, l’an dernier, plus de la moitié des nouvelles infections touchaient des femmes, des enfants et des adolescents. Près de 400 enfants – soit l’équivalent de six autobus scolaires – sont infectés chaque jour par le virus. Le nombre de femmes enceintes vivant avec le VIH et ne bénéficiant d’aucun traitement est encore trop élevé. Leur vie, ainsi que celle de leurs enfants à naître mais aussi leur avenir, s’en trouvent compromis. Une part bien trop importante d’enfants ont abandonné leur traitement, si tant est qu’ils en avaient reçu un. La situation des adolescents – et plus spécifiquement des adolescentes – est particulièrement alarmante. Toutes les deux minutes, un nouvel adolescent âgé de 15 à 19 ans, dans les deux tiers des cas une fille, est infecté par le VIH. Et si le taux de mortalité lié au sida baisse depuis 2010 pour toutes les autres tranches d’âge, ce n’est pas le cas pour les adolescents. La maladie demeure l’une des principales causes de mortalité des adolescents à l’échelle mondiale, mais aussi, et surtout, en Afrique subsaharienne. Nous ne pouvons pas baisser les bras maintenant. Nous devons œuvrer ensemble pour redonner à ce problème toute l’attention qu’il mérite. Pour éradiquer une bonne fois pour toutes le sida pédiatrique, nos actions doivent porter à la fois sur le traitement et sur la prévention, en mettant davantage l’accent sur le cycle de vie de l’enfant, de la grossesse à l’adolescence en passant par la petite enfance et l’enfance. 02 | Septième bilan de situation sur les enfants et le sida, 2016
Nous devons mener à terme notre travail de prévention de la transmission mère-enfant en fournissant, d’ici à 2018, des traitements et un soutien à vie à 95 % des femmes enceintes vivant avec le VIH. Nous devons aussi rapidement intensifier les services de dépistage du VIH – notamment à la naissance, six à huit semaines après la naissance et tout au long de la période d’allaitement – et concentrer nos efforts sur les adolescents, par le biais de programmes ciblant les personnes les plus à risque : adolescentes, garçons homosexuels ou bisexuels, consommateurs de drogues et jeunes victimes d’exploitation sexuelle. Il est tout aussi urgent de développer la couverture en fournissant un traitement à 95 % des enfants et adolescents vivant avec le VIH d’ici à 2018. Cela suppose d’atteindre les enfants laissés pour compte qui sont passés à travers les mailles du filet et n’ont pas été dépistés, ou qui ont abandonné leur traitement et ne bénéficient plus de soins en général. Cela suppose également de conjuguer nos efforts pour fournir des services intégrés de santé, de nutrition et de protection aux enfants vivant avec le VIH. Fort heureusement, nous savons quoi faire pour améliorer la situation. Nous savons comment prévenir et traiter la maladie, et les innovations permettent d’atteindre de plus en plus facilement les enfants et les communautés vivant loin des cliniques et des soins médicaux. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est un regain d’intérêt pour la question – nous devons à tout prix éviter de nous reposer sur nos lauriers. En effet, cette génération d’enfants ne risque-t-elle pas un jour de regarder en arrière et de se demander comment nous avons pu échouer si près du but, malgré toutes les connaissances dont nous disposions ? Ne se demandera-t-elle pas pourquoi nous avons gaspillé nos chances d’éradiquer le sida, pourquoi nous avons renoncé à tous les progrès réalisés ? Nous pouvons changer le cours de l’histoire, et mener la lutte finale contre la maladie. ©UNICEF/NYHQ2010-0696 Anthony Lake Directeur général, UNICEF Pour chaque enfant, mettre fin au sida | 03
INTRODUCTION Comment est-il possible qu’en 2016, les enfants continuent de mourir de causes liées au sida ? De fait, le risque de mourir d’une La forte multiplication récente du nombre de cause liée au sida est plus important pour le personnes ayant accès à des médicaments groupe des 0 à 4 ans vivant avec le VIH que d’importance vitale a donné à la communauté pour n’importe quel autre groupe d’âge3. engagée dans la lutte contre le sida un sentiment d’euphorie. Les organismes œuvrant pour mettre fin au calvaire des enfants et des adolescents, eux, Depuis 2000, 1,6 million de nouvelles in- sont restés plus mesurés. Certes, 18,2 millions de fections pédiatriques ont pu être évitées. personnes ont aujourd’hui accès à un traitement1, et, depuis 2000, 1,6 million de nouvelles infections pédiatriques ont pu être évitées grâce aux mesures Si l’on veut faire du sida un problème du passé, de prévention de la transmission mère-enfant la solidarité mondiale caractérisant la lutte contre (PTME)2. Mais il suffit de creuser un peu pour voir le sida, façonnée et marquée par ses réussites que les progrès sont variables entre les pays et que et échecs passés comme le montre le rapport du certains enfants n’en ont pas profité. L’épidémie Secrétaire général des Nations Unies à la réunion de sida demeure l’un des principaux défis de de haut niveau sur l’élimination du sida (avril 2016)4, notre temps en matière de droits de l’homme. doit également profiter aux enfants et aux femmes. De même, les discours sur les victoires obtenues ne doivent pas ralentir l’élan ou affaiblir la volonté L’UNICEF est chargé par l’Assemblée générale des politique dont nous avons besoin aujourd’hui Nations Unies de défendre les droits des enfants, pour mettre fin au sida pour chaque enfant. d’aider à répondre à leurs besoins essentiels et de favoriser leur plein épanouissement. L’UNICEF Le nombre de nouvelles infections à VIH dans s’appuie pour cela sur la Convention relative le monde – 2,1 millions par an – stagne depuis aux droits de l’enfant et œuvre pour que les quelques années de façon inquiétante. Derrière droits de l’enfant s’inscrivent dans une éthique chaque infection se cache une personne ayant sociale et dans un code de conduite international besoin d’un accès à vie à un traitement d’importance en faveur des enfants. L’UNICEF lutte depuis vitale. Le nombre de femmes enceintes vivant avec de nombreuses années contre le VIH dans le le VIH, estimé à 1,4 million, n’a que très peu évolué cadre de ses actions de promotion de la santé et des droits des enfants et des adolescents. ENFANTS Les décès liés au sida ont diminué de Sur d’enfants de moins de 15 ans vivant avec le VIH, la des nourrissons exposés au VIH chez les enfants (0-4 subissent un test de dépistage du virus ans) depuis 2000 dans avant l’âge recommandé de deux mois. reçoit un traitement. le monde. 04 | Septième bilan de situation sur les enfants et le sida, 2016
au cours des six dernières années5. Les adolescentes au sida doit impérativement trouver des solutions sont touchées de façon disproportionnée par le VIH pour cette population extrêmement vulnérable. et le sida, et la part d’enfants de 0 à 14 ans recevant La prévention des nouvelles infections grâce à un un traitement demeure désespérément faible6. La meilleur accès et à une meilleure poursuite des croissance démographique, le rajeunissement de soins, de même que le dépistage et le démarrage la population, la résistance aux médicaments, le précoce du traitement, constituent les meilleures manque de connaissances sur la façon de prévenir solutions pour éradiquer le sida chez les plus les nouvelles infections, la persistance de la jeunes. Alors qu’il existe des outils et connaissances violence sexiste et la baisse des financements des pour prévenir et traiter les infections à VIH chez donateurs viennent se greffer à une situation déjà les enfants, les nouvelles infections et les décès risquée pour les plus jeunes et les plus vulnérables, au sein de ce groupe d’âge témoignent d’une qui favorise le délitement de la communauté incapacité collective à prioriser les plus jeunes internationale et met un frein aux grandes avancées et à mettre en œuvre et adapter les nouvelles obtenues au cours des décennies passées. évolutions scientifiques et solutions à leurs besoins uniques pour qu’ils survivent et s’épanouissent. Pour éradiquer le sida, il nous faudra relever les défis – connus et émergents – suivants : DÉFI N° 2 : SELON LES PRÉVISIONS, LES TAUX D’INFECTION À DÉFI N° 1 : LES ENFANTS MEURENT VIH CHEZ LES ADOLESCENTS ENCORE DE CAUSES LIÉES AU SIDA DEVRAIENT AUGMENTER Les enfants de 0 à 4 ans vivant avec le VIH risquent Le nombre d’adolescents vivant avec le VIH a davantage de mourir de causes liées au sida que augmenté de 28 % depuis 2005. Les tendances les autres groupes d’âge7 – le VIH se développe démographiques mettant en évidence une croissance rapidement chez les nourrissons. Seule la moitié des rapide du nombre de jeunes, les problèmes liés 1,8 million d’enfants de 0 à 14 ans vivant avec le VIH au VIH devraient également se multiplier s’il n’est bénéficie d’un traitement. En Afrique subsaharienne, pas mis fin aux nouvelles infections chez les 15- le traitement n’est administré pour la première fois 19 ans. En Afrique, la population totale des 10-24 qu’à l’âge de quatre ans en moyenne8. La riposte ans doublera d’ici à 2060, pour atteindre plus de ADOLESCENTS Le VIH est un enjeu mondial majeur en matière de prévention Toutes les chez les adolescents. Près de 32 % des nouvelles infections à VIH deux minutes, chez les adolescents (15-19 ans) sont enregistrés en dehors de un adolescent (15-19 l’Afrique subsaharienne. ans) contracte le VIH. d’enfants (0-17 ans) ont perdu un de leurs parents ou les deux à cause du sida. Pour chaque enfant, mettre fin au sida | 05
750 millions9. Le nombre estimé d’adolescents DÉFI N° 3 : LES SYSTÈMES ET LES contractant le VIH devrait donc lui aussi augmenter, RESSOURCES SONT SOLLICITÉS même si les progrès actuels en matière de réduction du taux d’incidence du VIH sont maintenus. À L’EXTRÊME ET LA DEMANDE EN Si ces mêmes progrès stagnent, les résultats MATIÈRE DE PRÉVENTION ET DE pourraient être catastrophiques. En effet, si le TRAITEMENT DU VIH AUGMENTE taux d’incidence se maintient à son niveau de En 2015, près de 55 % des nouvelles infections 2015 plutôt que de continuer à décliner, le nombre à VIH (1,1 million sur 2,1 millions) touchaient estimé de nouvelles infections à VIH chez les des femmes, des enfants et des adolescents. 15-19 ans passerait de 280 000 par an en 2020 à 330 000 par an en 2025 et à 390 000 par an en Le nombre croissant de personnes vivant avec 2030, soit près de 740 000 nouvelles infections à le VIH et de jeunes nécessitant des services de VIH chez les adolescents entre 2016 et 203010. prévention du VIH exerce une pression importante sur les systèmes de santé, d’éducation et de Ces tendances démographiques sont variables protection, essentiels pour lutter contre le VIH. Ces systèmes sont déjà submergés et rarement d’une région à l’autre. Les régions dont la croissance en mesure de gérer les besoins des personnes estimée de la population adolescente est la plus affectées par des catastrophes naturelles et crises élevée – à savoir l’Afrique de l’Est, l’Afrique australe, anthropiques ou humanitaires et des victimes l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest – de violence sexiste – en particulier les femmes, sont également les régions dont la population les filles et les jeunes s’identifiant comme adolescente est la plus atteinte par le VIH. lesbiennes, gays, bisexuels ou transgenres11. ENCADRÉ 1 Accélération accrue de l’action en vue de mettre fin au sida chez les enfants, les adolescents, les jeunes femmes et les femmes enceinte START FREE Prévenir les nouvelles infections chez les enfants pendant la grossesse, l’accouchement et tout au long de l’allaitement. Réduire le nombre d’enfants Fournir à 95 % des femmes nouvellement infectés à moins de 40 000 enceintes vivant avec le VIH un d’ici à 2018 et à 20 000 d’ici à 2020 traitement à vie d’ici 2018 STAY FREE AIDS FREE Prévenir les nouvelles infections Fournir un traitement contre à VIH chez les adolescents et le VIH, une prise en charge et les jeunes femmes lorsqu’elles un soutien aux enfants et aux arrivent à l’âge adulte. adolescents vivant avec le VIH. Réduire le nombre de nouvelles Fournir un traitement contre le VIH infections à VIH chez les adolescents à 1,6 million d’enfants de moins et les jeunes femmes à moins de de 15 ans vivant avec le VIH d’ici à 100 000 d’ici à 2020 2018 et à 1,4 million d’ici à 2020 Source : Fondation Elizabeth Glaser pour la lutte contre le sida pédiatrique, Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR), ONUSIDA, UNICEF et Organisation mondiale de la Santé (OMS), . 06 | Septième bilan de situation sur les enfants et le sida, 2016
PRINCIPAUX ENGAGEMENTS ET STRATÉGIES CONCERNANT LES ENFANTS, Il est plus important que jamais d’adopter des LES ADOLESCENTS ET LE SIDA stratégies visant à renforcer la résilience et la pérennité des systèmes. Les investissements nécessaires pour éradiquer le sida à l’horizon 2030 seront colossaux. En cette période 2000 Déclaration du millénaire d’austérité, il sera fondamental de collaborer avec les autres secteurs du développement 2001 Objectifs du Millénaire pour le développement afin de combler les déficits de financement Déclaration d’engagement sur le VIH/sida et de pérenniser la lutte contre le VIH. 2006 Déclaration politique sur le VIH et le sida Le cadre « Start Free, Stay Free, AIDS Free » propose une « accélération accrue » des services de prévention, de traitement, de soins et de 2010 Objectif Zéro : stratégie 2011-2015 soutien destinés aux enfants, aux adolescents Stratégie mondiale du Secrétaire général des Nations et aux jeunes femmes. Il a le potentiel de Unies pour la santé des femmes et des enfants et mettre un terme à l’épidémie de sida chez les mouvement Toutes les femmes, tous les enfants femmes (y compris les mères), les nourrissons, Commission mondiale sur le VIH et le droit les adolescents et les jeunes filles d’ici à 2030. Mais il a besoin, pour porter ses fruits, d’un 2011 Déclaration politique sur le VIH et le sida : intensifier engagement et d’une collaboration immédiats nos efforts pour éliminer le VIH et le sida entre les secteurs du développement, car les Plan mondial pour éliminer les nouvelles infections prévisions actuelles donnent à penser que à VIH chez les enfants à l’horizon 2015 et maintenir les objectifs mondiaux relatifs aux enfants ne leurs mères en vie pourront être atteints. Le chaînon manquant Vers une méthode d’investissement permettant de qui déterminera si oui ou non les objectifs lutter efficacement contre le VIH/sida à accélération accrue seront réalisés est l’engagement politique en faveur de la poursuite des investissements dans des interventions 2012 L’engagement en faveur de la survie de l’enfant, une promesse renouvelée ayant fait leurs preuves pour les femmes, les enfants et les adolescents, qu’il faudra dans un Projet Planification familiale 2020 deuxième temps mettre à l’échelle rapidement. 2013 Cadre relatif au double dividende 2014 Accélérer la riposte : mettre fin à l’épidémie de sida d’ici à 2030 Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida 3.0 (PEPFAR 3.0) Accelerating Children’s HIV/AIDS Treatment Initiative (ACT) (Initiative pour accélérer le traitement du VIH chez les enfants) Initiative DREAMS (Determined, Resilient, Empowered, AIDS-free, Mentored and Safe) 2015 Échéance du Plan mondial Initiative « All In, mettre fin à l’épidémie de sida chez les adolescents » Objectifs de développement durable Stratégie mondiale pour la santé de la femme, de l’enfant et de l’adolescent (2016-2030) 2016 Start Free, Stay Free, AIDS Free – Cadre pour une accélération accrue de l’action 2020 Échéance de Start Free, Stay Free, AIDS Free – Cadre pour une accélération accrue de l’action 2030 Échéance des Objectifs de développement durable Pour chaque enfant, mettre fin au sida | 07
CHAPITRE 1 UNE ASSISTANCE TOUT AU LONG DE LA VIE 08 | Septième bilan de situation sur les enfants et le sida, 2016
Friday prend sa fille Emily, 15 mois, dans ses bras, à côté de la mère d’Emily, Mary. « Ma fille m’apporte de la joie », affirme Friday. « Elle est en bonne santé et veut jouer. Elle me rend très heureux ». ©UNICEF/Malawi/Schermbrucker/2014 Pour chaque enfant, mettre fin au sida | 09
Les besoins et préoccupations exprimés par DES SERVICES INTÉGRÉS RÉPONDANT les personnes et leur famille, qui changent tous AUX BESOINS DES FEMMES ET DES les jours, tous les ans, toutes les décennies, s’inscrivent dans des vies complexes : « Où ENFANTS vais-je vivre ? » « Comment vais-je nourrir ma 1. Interventions ciblées. Il est important de famille ? » « Comment puis-je garder mes mettre en place des interventions à fort impact enfants en bonne santé ? » « Comment vais-je ciblant spécifiquement le VIH, mais qui ne pouvoir me rendre à la clinique pour mon rendez- suffiront toutefois pas à lutter durablement vous ? » « Comment trouver un emploi ? » contre l’épidémie. Citons, parmi les interventions efficaces, la prévention de la transmission mère- enfant (PTME) ; les traitements antirétroviraux Une constante demeure, c’est la nécessité de (ART) ; les programmes de distribution de mettre en place des systèmes qui répondent aux préservatifs ; la réduction des risques pour besoins changeants de ces personnes : politiques les consommateurs de drogues injectables de santé publique fondées sur des preuves ; ; la circoncision masculine médicalisée systèmes de santé solides caractérisés par des volontaire ; les interventions visant à modifier communautés solidaires et des prestataires de les comportements12; et enfin la prophylaxie soins de santé bienveillants ; systèmes éducatifs antirétrovirale pré-exposition (PrEP)13. Les assurant un apprentissage de qualité ; systèmes de systèmes nationaux doivent résister à l’évolution protection équitables qui protègent les membres de l’épidémiologie du VIH, et notamment les plus vulnérables des communautés contre être en mesure de combler les inégalités la violence, l’exploitation et la maltraitance. géographiques et sociales de la lutte contre le SOINS DE SANTÉ ACCÈS AUX RESSOURCES MODE GROSSESSE TÂCHES VIOLENCE SEXUELLE MÉNAGÈRES FAMILLE RENCONTRES EMPLOI ÉCOLE SPORTS SPIRITUALITÉ PUÉRICULTURE AMIS ENSEIGNANTS Les nombreux ingrédients nécessaires à une vie en bonne TRANSPORTS santé et à l’autonomisation de la communauté se recoupent MARIAGE LOISIRS pour former un tissu social serré, entretenu et adapté au fil du temps. TÉLÉPHONES PORTABLES « La lutte contre l’épidémie de sida doit être axée sur l’être humain et éliminer tous les obstacles s’opposant à l’accès aux services de prévention et de traitement du VIH. » Michel Sidibé, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) et Sous-Secrétaire général des Nations Unies 10 | Septième bilan de situation sur les enfants et le sida, 2016
VIH. Ils doivent être capables de s’adapter aux RETENIR RELIER IDENTIFIER urgences sanitaires, et l’appui dispensé par les SOUTIEN secteurs éducatifs, sociaux et de protection doit être envisagé quel que soit le contexte. TOUT AU LONG DE 2. Services de santé, d’éducation et de protection. Les services intégrés liés au VIH LA VIE rendus par les secteurs de la santé, de l’éducation et de la protection sont indispensables à la INTERVENTIONS mise en œuvre efficace et performante des LIÉES AU VIH interventions de lutte contre le VIH et contribuent SANTÉ, ÉDUCATION, à la production d’autres résultats en matière de PROTECTION développement. Par exemple, l’organisation de journées consacrées à la santé maternelle et SERVICES SOCIAUX de l’enfant ou la mise en place de programmes de lutte contre la malnutrition infantile peuvent permettre de dépister de nouveaux cas de VIH pédiatrique et maternel tout en améliorant la santé des enfants14. Le dépistage du VIH dans les écoles peut entraîner une augmentation des réduisant leur vulnérabilité et la prise de risques18. demandes de dépistage chez les adolescents L’adoption de régimes d’assurance santé dans certaines régions15. Par ailleurs, l’intégration adaptés peut assurer une protection financière des services de lutte contre le VIH, de santé et favoriser l’utilisation des services par la maternelle et liés à la dépendance aux drogues population couverte, y compris les mères et leurs a eu des résultats positifs pour les personnes nourrissons19. Ces régimes peuvent également séropositives et les consommateurs d’opiacés16. favoriser l’intégration sociale tout en réduisant les dépenses de santé à la charge du patient20. Le dépistage du VIH dans les écoles Une approche axée sur l’enfant et l’adolescent peut entraîner une augmentation favorise l’intégration des programmes et services des demandes de dépistage chez les de lutte contre le VIH dans le but de : adolescents. • Localiser les personnes séropositives et les personnes à risque. Ceci suppose d’identifier les femmes, les enfants et les adolescents 3. Renforcement des services sociaux. La à risque, de diagnostiquer la maladie le mise en place de mesures de protection et cas échéant et d’orienter les personnes d’éducation est essentielle pour lutter contre les concernées vers les services compétents. obstacles sociaux, économiques et politiques sous-jacents qui entravent la production de • Fournir un traitement aux personnes vivant résultats en matière de lutte contre le VIH avec le VIH et les maintenir dans le système de et, plus généralement, dans le domaine du soins et de soutien tout en leur proposant des développement. Le risque de vivre dans l’extrême services complets. Ceci suppose de fournir des pauvreté est plus de deux fois plus élevé chez les services de prise en charge exhaustifs et un enfants que chez les adultes. Près de 385 millions traitement antirétroviral adaptés, et d’inciter les d’enfants vivent aujourd’hui dans cette situation17. patients à les suivre tout au long de leur vie. Les transferts de fonds en faveur des adolescents semblent améliorer l’accès de cette population • Aider les personnes à se protéger à la santé, à l’éducation et à la nutrition. Ils contre le VIH. Ceci suppose d’aider les renforcent également les réseaux sociaux et adolescents, les femmes et les enfants permettent de mieux lutter contre le VIH et le à risque, notamment les populations clés sida, en améliorant l’accès des adolescents au présentant des taux importants de nouvelles traitement et aux services de prévention et en infections, à se protéger contre le virus. Pour chaque enfant, mettre fin au sida | 11
CHAPITRE 2 MÈRES ET ENFANTS 12 | Septième bilan de situation sur les enfants et le sida, 2016
Grâce à la prévention de la transmission de la mère à l’enfant, Queen, 34 ans, a donné naissance à Neo, qui n’est pas atteint du VIH. ©UNICEF/South Africa/Schermbrucker/2014 Pour chaque enfant, mettre fin au sida | 13
L’intensification de la prévention de la transmission simplifiée à doses fixes (prise quotidienne unique) mère-enfant (PTME), particulièrement au cours fournie à vie (connue sous le nom d’option B+). des cinq dernières années, représente l’une des En 2016, l’ensemble des 22 pays couverts par le victoires les plus importantes obtenues récemment Plan mondial avaient adopté cette approche22. dans le domaine de la santé publique. L’intégration des services est de plus en plus systématique, de nouvelles stratégies concernant la prestation FIGURE 2.1 des services ont été adoptées, et les traitements Épidémie de VIH chez les femmes et les antirétroviraux visant à améliorer la santé maternelle et à éviter aux enfants de contracter le VIH sont de enfants dans le monde, 2015 plus en plus efficaces (figure 2.1). Le nombre de Afrique % du taux femmes, d’enfants et d’adolescents encore laissés Monde subsaharienne mondial pour compte reste toutefois trop élevé (figure 2.2). Nombre estimé 17 800 000 14 200 000 80 de femmes (15 ans et plus) vivant avec le VIH PROGRÈS ACCOMPLIS Nombre estimé de 1 400 000 1 300 000 90 Le Plan mondial pour éliminer les nouvelles femmes enceintes vivant avec le VIH infections à VIH chez les enfants à l’horizon 2015 et maintenir leur mère en vie (Plan mondial) a prouvé Nombre estimé 1 800 000 1 600 000 87 que l’engagement politique et des ressources d’enfants (moins de 15 ans) vivant suffisantes permettaient à la lutte contre le VIH avec le VIH chez les femmes et les enfants du monde entier Nombre estimé 150 000 120 000 84 d’accomplir des progrès remarquables. En 2015, d’enfants (moins environ 1,4 million de femmes enceintes vivaient de 15 ans) ayant avec le VIH ; parmi elles, plus de 1 million, dont 79 % contracté le VIH en Afrique subsaharienne, recevaient le meilleur Nombre estimé 110 000 91 000 86 traitement antirétroviral en matière de PTME (figure d’enfants (moins de 2.3)21. Ceci s’explique en partie par le fait que les 15 ans) mourant de pays ont rapidement adopté l’approche « test and causes liées au sida start » (« dépistage et mise sous traitement »), dans le cadre de laquelle est utilisée l’association Source : estimations 2016 de l’ONUSIDA ©UNICEF/Mozambique/Schermbrucker/2014 Clayton, 8 mois, n’est pas atteint du VIH grâce au traitement et au soutien que sa mère a reçus au cours de sa grossesse, lors de l’accouchement et pendant l’allaitement. 14 | Septième bilan de situation sur les enfants et le sida, 2016
FIGURE 2.2 D’après les dernières tendances, les objectifs aux horizons 2018 et 2020 en matière de prévention des nouvelles infections chez les enfants (0-14 ans) ne seront pas atteints Prévisions 2016-2020, fondées sur les tendances actuelles et les prévisions liées aux objectifs 2016-2020, monde Prévisions liées aux objectifs Prévisions (fondées sur les tendances) Estimations actuelles Monde Afrique subsaharienne 300 000 300 000 Nombre estimé de nouvelles infections à VIH 250 000 250 000 200 000 200 000 150 000 150 000 100 000 100 000 50 000 50 000 0 0 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Afrique de l’Est et Afrique Australe Afrique de l’Ouest et Afrique centrale Moyen-Orient et Afrique du Nord 180 000 100 000 1 500 Nombre estimé de nouvelles infections à VIH 150 000 80 000 1 200 120 000 60 000 90 000 800 40 000 60 000 400 20 000 30 000 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Asie du Sud Asie de l’Est et Pacifique Amérique latine et Caraïbes 20 000 8 000 5 000 Nombre estimé de nouvelles infections à VIH 16 000 4 000 6 000 12 000 3 000 4 000 8 000 2 000 2 000 1 000 4 000 0 0 0 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 Remarque : données non disponibles pour l’Europe centrale et orientale et la Communauté d’États indépendants (ECO/CEI). Les prévisions ont été calculées à partir du taux annuel de régression (TAR, soit le pourcentage de baisse par an) pour la période 2010-2015, appliqué à 2016-2020. Les objectifs régionaux ont été fixés en partant de l’hypothèse selon laquelle le TAR prévu pour 2010-2018 et 2010-2020 dans chaque région devait correspondre à celui escompté à l’échelle mondiale. Source : analyse réalisée par l’UNICEF à partir des estimations 2016 de l’ONUSIDA, juillet 2016. Pour chaque enfant, mettre fin au sida | 15
L’accès renforcé des mères aux antirétroviraux viennent ainsi rejoindre Cuba25. La Thaïlande est depuis 2000 a donné lieu à d’importants progrès le premier pays gravement touché par l’épidémie en matière de prévention des nouvelles infections de VIH (440 000 personnes vivaient avec le chez les enfants. À l’échelle mondiale, environ 1,6 VIH en 2015) à avoir reçu cette validation26. million de nouvelles infections pédiatriques ont été évitées entre 2000 et 201523. En ce qui concerne les La réduction des inégalités en matière de prise en 21 pays d’Afrique subsaharienne couverts par le Plan charge des enfants est tout aussi impressionnante. mondial, le nombre de nouvelles infections à VIH En 2009, dans les 21 pays africains couverts par le chez les enfants a baissé de 60 %, passant d’environ Plan mondial, environ un enfant vivant avec le VIH 270 000 en 2009 à 110 000 en 2015 (figure 2.4)24. sur sept avait accès à un traitement antirétroviral. Ce chiffre s’élevait à un enfant sur deux en 2015. En 2016, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Ces six dernières années, le nombre d’enfants et ses partenaires ont annoncé avoir officiellement bénéficiant d’un traitement dans ces 21 pays a été validé l’élimination de la transmission mère-enfant multiplié par trois, passant de 15 % (soit 280 000 du VIH en Arménie, au Bélarus et en Thaïlande, qui enfants) à 51 % (soit 730 000 enfants). Le nombre de décès liés au sida d’enfants âgés de 0 à 14 ans L’élimination de la transmission mère- a quant à lui baissé de 53 % entre 2009 et 2015, enfant du VIH a été officiellement passant de 170 000 à 82 000 enfants27 – validée en Arménie, au Bélarus, à Cuba soit environ 10 % de moins que le déclin observé et en Thaïlande. des nouvelles infections pédiatriques dû au développement des services de PTME28. ©Unicef/Tajikistan/Noorani/2014 Un enfant n’étant pas atteint du VIH au Tadjikistan découvre les médicaments qui, s’ils sont pris régulièrement, permettent de vivre une vie longue et saine. 16 | Septième bilan de situation sur les enfants et le sida, 2016
FIGURE 2.3 La couverture antirétrovirale de PTME s’est largement développée dans la plupart des régions Pourcentage de femmes enceintes vivant avec le VIH et bénéficiant du meilleur traitement antirétroviral en matière de PTME, par région de l’UNICEF, 2005-2015 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 100 % 89 % 88 % CIBLE DU PLAN MONDIAL (réduction de 90 %) 79 % 80 % 80 % 77 % 60 % 48 % 41 % 40 % 36 % 20 % 15 % 0% Afrique de l’Est Afrique de Moyen-Orient Asie de l’Est Asie du Sud Amérique 22 pays 21 pays ciblés Tous les pays et australe l’Ouest et et Afrique et Pacifique latine et couverts par la PTME à revenu centrale du Nord Caraïbes par le Plan faible et mondial intermédiaire Remarque : à l’exception de la dose unique de névirapine ; données non disponibles pour l’Europe centrale et orientale et la Communauté d’États indépendants (ECO/CEI). Source : ONUSIDA/UNICEF/OMS, Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida, et estimations 2016 de l’ONUSIDA. FIGURE 2.4 Depuis 2000, les nouvelles infections pédiatriques à VIH ont baissé de près de 75 % dans les pays couverts par le Plan mondial, grâce au nombre accru de femmes enceintes séropositives bénéficiant d’un traitement antirétroviral Pourcentage de femmes enceintes vivant avec le VIH et bénéficiant du meilleur traitement antirétroviral en matière de PTME, et nouvelles infections à VIH chez les enfants (0-14 ans) dans les 21 pays d’Afrique subsaharienne couverts par le Plan mondial, 2000-2015 Couverture de la PTME (traitements les plus efficaces) Nouvelles infections à VIH chez les enfants 500 000 100 % 400 000 80 % 80 % 77 % 73 % 69 % 61 % 300 000 60 % 52 % 200 000 36 % 40 % 21 % 100 000 20 % 13 % 3% 0 0% 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Source : analyse réalisée par l’UNICEF à partir des estimations 2016 de l’ONUSIDA. Pour chaque enfant, mettre fin au sida | 17
DÉFIS ENCADRÉ 2 En 2015, environ 150 000 enfants (0-14 ans) ont Résistance aux médicaments contracté le VIH dans le monde. Près de 85 % d’entre eux vivent en Afrique subsaharienne L’acquisition d’une résistance aux (figure 2.5)29. La majorité de ces infections antirétroviraux peut se révéler ont eu lieu pendant l’allaitement (figure 2.6). catastrophique pour toute personne sous Le changement dans le moment où a lieu la traitement, surtout pour les enfants et les transmission mère-enfant du VIH a mis en évidence adolescents, qui dépendent de l’efficacité des traitements thérapeutiques pendant la nécessité urgente de concentrer les efforts bien plus longtemps que les adultes. sur l’observance du traitement et la poursuite des soins chez les mères et les nourrissons La résistance aux médicaments peut être jusqu’à la fin de la période d’allaitement30. due à de nombreux facteurs, l’absence d’observance du traitement antirétroviral étant le plus courant. Des millions de personnes séropositives sont sous La majorité des nouvelles infections traitement antirétroviral, et leur santé et leur chez les enfants (0-14 ans) a désormais bien-être dépendent de la prise quotidienne lieu au cours de l’allaitement. de médicaments pour le restant de leurs jours. Pourtant, bon nombre d’entre elles, et principalement les enfants, ont du mal à suivre un traitement aussi rigide, et ce La moitié des 1,8 million d’enfants (0-14 ans) pour diverses raisons : goût trop amer des vivant avec le VIH dans le monde n’ont reçu aucun médicaments pour les enfants, absence de traitement antirétroviral en 2015 (figure 2.7). Ceux médicaments (ruptures de stock) dans les cliniques et autres centres de traitement, qui pouvaient en bénéficier l’ont reçu trop tard, mauvaise nutrition, manque de ressources avec un âge moyen de démarrage du traitement de financières, absence de sensibilisation ou 3,8 ans en Afrique subsaharienne31. En l’absence de soutien, stigmatisation et discrimination de traitement opportun, un tiers des enfants liées au VIH. Le manque d’observance séropositifs mourront à l’âge d’un an, et la moitié à du traitement antirétroviral permet au l’âge de 2 ans32. On constate des pics de mortalité virus de se multiplier, ce qui augmente liée au VIH dès l’âge de deux à trois mois. C’est le risque de mutation et d’acquisition la raison pour laquelle il est absolument essentiel d’une résistance aux médicaments. de les diagnostiquer le plus rapidement possible Certains signes font état d’une propagation après l’accouchement33. Pourtant, en 2015, moins de la résistance aux médicaments. Une de la moitié des enfants de femmes séropositives étude pluriannuelle a récemment démontré avaient subi un dépistage du VIH avant l’âge de deux qu’une grande proportion de personnes mois34 (figure 2.8). Dans de nombreux cas, le temps dont le traitement avait échoué avaient écoulé entre le moment du dépistage et la remise développé une résistance au ténofovir (TDF), des résultats a été particulièrement long. À cette une composante essentielle de nombreux situation s’ajoutent les quelque 330 000 femmes traitements antirétroviraux destinés aux enceintes vivant avec le VIH qui n’avaient pas enfants plus âgés, aux adolescents et aux adultes. Le taux de résistance le plus élevé reçu le traitement le plus efficace pour prévenir a été enregistré en Afrique subsaharienne la transmission mère-enfant en 201535. Les (57 %), où le choix du traitement est restreint nouvelles infections à VIH chez les enfants n’ont par rapport aux autres régions du monde37. ainsi pas toujours été détectées ou suivies. Ces lacunes en matière de diagnostic, de traitement et de poursuite du traitement ont eu pour conséquence la mort d’environ 110 000 enfants dans le monde (soit près de 300 par jour) à cause du sida en 201536. Il importe tout particulièrement de s’assurer que les enfants ont rapidement accès au traitement antirétroviral et que la prise en charge se poursuit pendant leur adolescence et après le passage à l’âge adulte. Environ 300 enfants meurent chaque L’OMS et l’UNICEF recommandent l’allaitement jour de causes liées au sida. exclusif pendant les six premiers mois de vie des nourrissons nés de femmes vivant avec le VIH et 18 | Septième bilan de situation sur les enfants et le sida, 2016
© UNICEF/Malawi/Schermbrucker/2015 Longezo, 3 ans, vit avec le VIH au Malawi. Un agent de santé lui a sauvé la vie en lui rendant visite et en découvrant qu’il était très malade et avait besoin de soins. suivant un traitement antirétroviral, puis l’introduction DIFFÉRENCES RÉGIONALES EN progressive d’aliments complémentaires dans le MATIÈRE DE PTME ET DE TRAITEMENT régime pendant 24 mois ou plus afin d’optimiser les chances de survie de l’enfant et de réduire ANTIRÉTROVIRAL PÉDIATRIQUE le risque de transmission du virus de la mère à Des inégalités entre les régions et au sein même l’enfant. L’allaitement ne doit cesser que lorsqu’un des pays persistent en matière de PTME et de régime sûr et adapté sur le plan nutritionnel, exempt prise en charge du sida pédiatrique. En 2015, de lait maternel, peut être fourni à l’enfant. Les la couverture antirétrovirale de PTME chez les nourrissons de mères allaitantes sous traitement femmes vivant avec le VIH était bien plus faible antirétroviral doivent recevoir pendant six semaines en Afrique centrale et de l’Ouest (48 %), en Asie un traitement prophylactique quotidien par la de l’Est et Pacifique (41 %), en Asie du Sud (36 névirapine. Les enfants nés de mères séropositives %) et au Moyen-Orient et Afrique du Nord (15 %) et présentant un risque élevé de contracter le VIH38, qu’en Amérique latine et Caraïbes (88 %) et qu’en qu’ils soient allaités ou non, doivent recevoir un Afrique de l’Est et australe (89 %)40. La couverture du diagnostic précoce du nourrisson était quant à traitement composé d’AZT (deux prises par jour) et elle faible dans presque toutes les régions, seuls de névirapine (prise unique quotidienne) pendant les pays d’Afrique de l’Est et australe fournissant 6 à 12 semaines. Il est essentiel de s’assurer un dépistage du VIH à plus de la moitié (60 %) des que les nourrissons reçoivent effectivement un nourrissons exposés au virus au cours des huit traitement. Des alternatives existent pour les premières semaines de vie en 2015 (figure 2.8)41. femmes non allaitantes vivant avec le VIH39. Près de la moitié des 1,8 million d’enfants vivant Par ailleurs, la prévention des nouvelles avec le VIH se trouvent dans seulement cinq pays : infections à VIH chez les femmes et les filles le Nigéria, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Mozambique en âge de procréer, ainsi que la satisfaction des et le Kenya (figure 2.9)42. Selon les estimations, besoins des femmes séropositives en matière environ 63 % des enfants (0-14 ans) d’Afrique de de planification familiale, constituent des l’Est et australe vivant avec le VIH bénéficiaient d’un éléments essentiels des programmes de PTME traitement antirétroviral en 2015, contre seulement visant à éradiquer le sida chez les enfants. 20 % des enfants d’Afrique de l’Ouest et centrale43. Pour chaque enfant, mettre fin au sida | 19
FIGURE 2.5 En 2015, près de 85 % des nouvelles infections pédiatriques à VIH ont eu lieu en Afrique subsaharienne Nombre et pourcentage estimés de nouvelles infections à VIH chez les enfants de 0 à 14 ans, par région de l’UNICEF, 2015 Moyen-Orient et Afrique du Nord 1 500, 1 % Amérique latine et Caraïbes ECO/CEI, 1 % 2 100, 1 % Reste du monde ,
FIGURE 2.7 La moitié des enfants vivant avec le VIH ne reçoivent pas de traitements d’importance vitale Pourcentage d’enfants (0-14 ans) vivant avec le VIH et suivant un traitement antirétroviral, par région de l’UNICEF, 2005-2015 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 100 % 80 % 63 % 64 % 60 % 54 % 50 % 51 % 49 % 40 % 36 % 26 % 20 % 20 % 0% Afrique de l’Est Afrique de Moyen-Orient Asie de l’Est Asie du Sud Amérique latine 22 pays 21 pays ciblés Tous les pays à et australe l’Ouest et et Afrique et Pacifique et Caraïbes couverts par le par la PTME revenu faible et centrale du Nord Plan mondial intermédiaire Remarque : données non disponibles pour la région ECO/CEI. Source : ONUSIDA/UNICEF/OMS, Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida, et estimations 2016 de l’ONUSIDA. FIGURE 2.8 Il faut augmenter le nombre de diagnostics précoces du nourrisson afin de sauver la vie des tout-petits Pourcentage de nourrissons nés de femmes vivant avec le VIH et bénéficiant d’un test virologique dans les deux mois suivant la naissance (diagnostic précoce du nourrisson), par région de l’UNICEF, 2009-2015 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 100 % 80 % 60 % 60 % 50 % 51 % 48 % 47 % 40 % 28 % 20 % 15 % 15 % 9% 0% Afrique de l’Est Afrique de Moyen-Orient Asie de l’Est Asie du Sud Amérique latine 22 pays 21 pays ciblés Tous les pays à et australe l’Ouest et et Afrique et Pacifique et Caraïbes couverts par le par la PTME revenu faible et centrale du Nord Plan mondial intermédiaire Remarque : données non disponibles pour la région ECO/CEI. Source : ONUSIDA/UNICEF/OMS, Rapport mondial d’avancement sur la lutte contre le sida, et estimations 2016 de l’ONUSIDA. Pour chaque enfant, mettre fin au sida | 21
FIGURE 2.9 Près de la moitié des 1,8 million d’enfants vivant avec le VIH se trouvent dans seulement cinq pays : le Nigéria, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Mozambique et le Kenya Nombre et pourcentage estimés d’enfants (0-14 ans) vivant avec le VIH, cinq pays les plus touchés, 2015 Nigéria ... 15 % Afrique du Sud Total: 240 000 13 % 1 800 000 Inde ... 8% Mozambique 110 000 Kenya 6 % 98 000 5% Source : estimations 2016 de l’ONUSIDA. STRATÉGIES VISANT À ACCÉLÉRER ou l’accouchement. Les données issues d’une étude relative aux établissements du Malawi ont LES PROGRÈS POUR LES montré que 17 % des femmes ayant entamé un FEMMES ET LES ENFANTS traitement antirétroviral grâce à l’approche « test and start » avaient été perdues de vue six mois 1. Innover, tirer des enseignements et œuvrer à après le début du traitement, la majorité d’entre grande échelle pour réduire la perte de suivi elles ayant arrêté le traitement au cours des trois des femmes et garantir la poursuite des soins premiers mois44. Les données d’un programme Il est encore difficile aujourd’hui de retenir les mis en place en Ouganda indiquent que 25 % femmes enceintes et les mères séropositives tout au long du continuum de soins des programmes de PTME (soins anténatals, dépistage du VIH, Parmi les obstacles à la poursuite du démarrage du traitement, poursuite des soins et traitement par les femmes, citons : aide à l’observance). La prise en charge se poursuit l’absence de bienveillance dans les après l’accouchement avec le dépistage (précoce centres de santé ; les frais imputables et jusqu’à la fin de la période d’allaitement) du aux usagers des services ; les difficultés VIH chez le nourrisson, les pratiques alimentaires optimales de l’enfant, la prophylaxie antirétrovirale et dépenses liées aux transports ; pour les nourrissons exposés, la mise sous l’insuffisance des services de conseil et de traitement antirétroviral et la poursuite des soins soutien courants ; et les autres priorités pour les nourrissons diagnostiqués séropositifs, des mères, telles qu’un travail ou des et la poursuite du traitement chez les mères. responsabilités familiales. En l’absence de soutien, les femmes suivies par les programmes de PTME sont susceptibles des femmes enceintes et allaitantes mises sous d’abandonner les soins à des moments distincts traitement antirétroviral ne se sont pas rendues du continuum de soins, par exemple au cours à leur second rendez-vous, prévu généralement des semaines suivant la mise sous traitement dans les 30 jours suivant le début du traitement45. 22 | Septième bilan de situation sur les enfants et le sida, 2016
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