PRÉSENTATION éric billion

PRÉSENTATION                                 éric billion

Parmi les premiers gestes du matin.

C'est d' être dehors et écouter les sons, bien souvent avant le lever du jour.
S'assoir ou marcher un peu. Parfois quelques instants suffisent.
C'est écouter les Chouettes, regarder passer des oiseaux migrateurs.

Il y a aussi des moments précieux de la journée, sentir l'odeur de la pluie, des Tilleuls en fleurs,
de la campagne ou de la ville.
Admirer un bâtiment, les volumes et couleurs d'un massif d' arbres, d' arbustes et de vivaces,
entendre le labeur des hommes.

S'inspirer et se nourrir de ces repères du vivant.

Vous souhaitez un café ? Il y a des spéculoos et du miel de ronce.

Ces repères du vivant

La sculpture et la peinture, ainsi que mes passions, sont à la recherche de ces
repères du vivant telle l' observation des animaux et des végétaux.

Observations de la nature :
c'est aussi une façon de se faire plaisir à l' observer, de réviser sans cesse les
chants d' oiseaux, les noms scientifiques d' arbres, de champignons et de
lichens, de papillons, d 'entretenir mes connaissances naturalistes acquises
depuis plus de 30 ans.

La nature offre un renouvellement régulier. A écouter. Comme les notes
décidées, douces et discrètes du Rougegorge, comme les voyages attirants des
Vanneaux ou les cascades aériennes des Alouettes.

Ces repères permettent aussi de rester à l'écoute de mes essentiels, de mes
émotions artistiques.
Ces connaissances et émotions font qu'une sculpture trouve ses matériaux,
ses volumes, qu'un oiseau observé chez lui donne corps et vie à la sculpture.

J'apprécie beaucoup l' art du paysagisme et du jardin.
J'aime aussi l' architecture, l' illustration, la musique et la photographie,
pour les émotions et les regards qu' elles offrent.
J'imagine les doigts du musicien sur le piano, la dextérité,
comme le jardinier repique ses fleurs, le maçon monte son enduit ou l'architecte
dessine ses plans.

Ces repères, enfin, m'invitent aussi à marcher à pied, à modeler l' argile
ou à découper l' acier.

Une démarche à la fois intellectuelle, émotionnelle, physique.
L'art figuratif,
une complémentarité entre connaissances rationnelles et émotionnelles.

Quels oiseaux entendons-nous à l'instant ?

Il y a devant nous, sur le Lilas, le Rougegorge et les notes liquides,
et au bout, à gauche, le Merle noir et les notes sifflées. Je l'ai vu à loisir hier soir sur son muret.
Ils emplissent tous deux la fin de nuit de notes douces et amples.
Le Merle est actif de la mi février à la fin juillet.
Et parfois en décembre, des débuts de phrases mélodiques s'entendent au coin d' un jardin.

C'est dans cette obscurité, en juin que les Hirondelles lanceront leur gazouillis joyeux.
Il arrivera à la Huppe de passer par ici...
La journée de travail peut commencer, et ne se conçoit pas sans ces musiques.

Lire ces tomes de Paul Géroudet vous donne envie d'aller observer les oiseaux ?

Les écrits de Paul Géroudet m'accompagnent fidèlement depuis toujours.
Des textes précis, vivants, précieux qui m'ont encouragé à observer, à comprendre.
Des mots, des chants, des comportements, des dimensions, des couleurs.
Avant de partir sur le terrain, ou en concluant mes observations et affûts.

Bien... il est 7h 30... avant de continuer notre travail,
nous pourrions nous rendre à pied jusqu'à la rivière, et découvrir quelques oiseaux ?

J'ai un cadeau pour vous. Hier, ici, j'ai surpris le retour du distingué des toits, le Rougequeue noir.
Nous entendrons tout à l' heure ses notes roulées singulières.
C'est ici le repère de la Bergeronnette grise, là haut dans cette niche.
Elle possède une palette de noir, de blanc et de gris.
Ils sont déjà là ces joyeux grégaires vifs à l' œil bleuté : les Choucas des tours !

Descendons vers la rivière par cet escalier aux fougères : les Capillaires, les Polypodes et les Asplénies.
La silhouette du Faucon crécerelle se découpe dans le ciel, là, à droite !
Une bonne idée de sculpture en vol...
Trois Hérons cendrés presque figés, et des Mouettes rieuses au capuchon déjà estival nous attendent
sur les bords de l' eau. Il y avait hier des Goélands argentés de passage...
Nous allons rester ici dans ce jardin, assez loin avec nos jumelles, pour ne pas les déranger.

Pour peu qu'on mette des ailes à nos réflexions, on arriverait vite à la mer.

Cet oiseau s'arrête et s'affaire, que cela vous inspire-t-il ?

Je dessine dans ma tête ses mouvements, sa silhouette .
Naissent des idées pour des travaux à faire, des matériaux à choisir, des proportions à calculer.

Observer me fait penser aux couleurs aussi.
Jaune citron, garance rose, rouge de quinacridone, violet outremer, vert anglais, vert émeraude, bleu
outremer, terre de Sienne, brun Sennelier, noir de Mars ou blanc de Titane. Il y a des oiseaux vermillons,
des poissons ocre de ru, des insectes cobalt, des pelages oxyde de fer.
Le Fuchsia ou l' Hellébore, le Lilas ou la Viorne.

Le travail, c'est de préparer la sculpture en lien avec la nature.
Les formes données sont représentatives de l’espèce, de ses critères précis d’identification,
de ses comportements, de mes envies et goûts.

Les socles choisis cherchent un équilibre entre la silhouette et les couleurs de l 'animal, son habitat.
Pour des raisons éthiques, les bois creux parfois utilisés pour accompagner une sculpture proviennent
d’un arbuste tombé naturellement

.7 Qu'allez-vous travailler aujourd'hui ?

L' Aigle royal !
Un mâle adulte de 83 cm, sa tête doit être légèrement tournée vers le bas et de côté.
Posté sur une souche d'arbre. Voilà la commande.
Je propose à la livraison un atelier d'initiation à la sculpture pour une classe de collégiens.

Des souvenirs d' observations sont rassemblés, des croquis d'atelier sont préparés, ils serviront aussi
pour les carnets pédagogiques des élèves.

Une souche de Pin sylvestre sèche. Elle sera le socle.
La taille et la silhouette me font choisir une ossature de tasseaux de sapin, du grillage et du plâtre.
Puis j' apprête de l' acier inox et de la résine pour le corps.
Je découpe dans une tôle d'acier de 3 mm les 12 rectrices de la queue, les 11 rémiges primaires,
tertiaires et les couvertures.
Le bec puissant de 45 mm et les serres sont sculptés en acier pur, meulés et polis. Une merveille de
matériau. Des bonnes odeurs d' acier ayant rougi.

Une dizaine de couches d' acryliques fines et un vernis assurent la peinture.
Bruns roux et foncés, roussâtres et blanchâtres, reflets violacés et blancs cassés, jaunes et noirs.

Ah les outils ! Mètre ruban, réglet, scie égoïne et scie sauteuse, perceuse percu, viseuses, meuleuse,
étau, pince étau, tenailles, râpe à bois, plane, limes, brosse de fer, marteau, clé à molettes, tournevis
cruciforme, enclume, canif d' Aurillac, café.
Les écrits de Paul Géroudet sont à côté.

Comment vous accompagnent les outils que vous utilisez?

J'aime le mélange d'outils électriques très performants, avec des outils manuels récents ou anciens.
Je taille parfois des manches d' outils dans le frêne sec. C'est une essence solide, souple, accusant les
coups, avec un beau polissage. Ce cher cousin du Lilas sent bon sous la râpe.
C'est ainsi que mon marteau me suit depuis 15 ans.

J'ai sculpté aussi en forme de poire un manche en poirier pour ma lime à acier.
Ma pince étau infatigable vient de chez Emmaüs.
Je les connais tous par cœur, les moindres gestes précieux avec eux, leur force, leur délicatesse.
Soignés et rangés, ils peuvent vivre longtemps.
Des outils viennent de la ferme où j' ai grandi, dans le Pas-de-Calais.
C 'est aussi à la ferme et dans les bois et champs alentours que j'ai découvert dès l' âge de 11 ans les
oiseaux, l' observation des plantes à fleurs et des fougères.
La persévérance me vient aussi du monde paysan.

J'aime savoir que je découpe de l' acier épais rougissant, puis finis au pinceau 2/0 martre kolinski la
pointe blanche de l' œil donnant vie à la sculpture ! Un parcours personnel, une recherche de la qualité.

Dans votre bibliothèque, divers ouvrages : un livre sur l'architecture, un autre sur la flore...

Oh oui, des précieux compères tous ces livres...Il m'arrive de leur parler....

L'architecture du XX e siècle, un patrimoine. Gérard Monnier. Ce livre de synthèse et d' exemples permet
de comprendre les édifices contemporains, je l'aime beaucoup.

La Flore d' Europe occidentale de Marjorie Blamey et Christopher Grey-Wilson.
Mon livre compagnon pour aller botaniser !
La flore de Gaston Bonnier et une loupe sont aussi dans le sac.

Ah, voilà la Tourterelle turque. Vous entendez ? Elle va rythmer en douceur notre après midi de travail.
Elle est perchée dans les fourches de ce grand Frêne.
Un repère naturaliste et musical.

Quel est votre livre du moment ?

Edith Holden "The Country Diary of an Edwardian Lady" 1906.
Un livre agenda naturaliste, empli de fraicheur, de beauté et de sensibilité. Durant l'année 1906, Edith
Holden nota ses pensées, des poèmes, ses observations de la vie sauvage autour de sa maison dans le
Warwickshire. Il y a 120 ans bientôt...Ses mots sont écrits précieusement à la main, ses peintures sont
celles d'une passion pour la vie sauvage, autour de sa maison et à travers ses voyages en Angleterre et
en Écosse.Avec le regard de la naturaliste et sa sensibilité artistique.
Ce livre est devenu pour moi une référence...

Quelle est la place de la musique dans l'élaboration de votre travail ?

Pendant la sculpture et la peinture, j' écoute beaucoup de musique, chaque jour.
Se laisser transporter par un instrument, par une rythmique, par la sensibilité.
La musique est un beau langage universel.

Quel est le lieu d'observation de la nature que vous préférez ?

Le bord de la mer, les estuaires, les plages, les dunes, ces habitats d'une richesse incroyable.
J'aime aller sur les plages de la côte d' Opale, observer les Limicoles migrateurs, les passages de
septembre novembre du Bécasseau sanderling, retrouver avec joie simple et discrétion les Fulmars
boréaux nicheurs des falaises de craies du Cap Blanc-Nez.

J'ai un faible aussi pour le bocage, les arbres têtards et les Chevêches,
les haies d' Aubépine, de charme ou de houx et les discrètes Grisettes ou les colorés Bruants jaunes.