Principes de prise en charge des dyslipidémies de l'adulte en 2016

 
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Mise au point Prise en charge des dyslipidémies : Consensus SFE

Principes de prise en charge
des dyslipidémies de l’adulte en 2016
Philippe Moulin, Bruno Vergès
Pour le groupe de travail (GT) commissionné par la Société Française d’Endocrinologie,
la Société Francophone du Diabète
et la Nouvelle Société Française d’Athérosclérose (Fabrice Bonnet, Eric Bruckert,
Bertrand Cariou, Sybil Charriere, Béatrice Duly-Bouhanick, Vincent Durlach,                            Mots clés : lipides, cholestérol,
Philippe Moulin, Bruno Verges, René Valero).                                                           triglycérides, consensus

L    a plupart des dyslipidémies
     accroissent le risque de complications
cardiovasculaires ischémiques. Leur trai-
                                                mesures de prévention. En effet leur rap-
                                                port bénéfice/risque dépend de l’amplitude
                                                du bénéfice escompté. Celui-ci découle
                                                                                                les patients à propos des règles hygiéno-
                                                                                                diététiques et guider l’intensification éven-
                                                                                                tuelle du traitement. Même si aucun essai
tement est susceptible de réduire la morbi-     du niveau de risque absolu de la per-           clinique n’a été conçu à grande échelle
mortalité cardiovasculaire. En dépit de         sonne concernée. Les modèles de calcul          avec une stratégie de titration du traite-
controverses françaises, un vaste consen-       de risque s’appliquent au risque multifac-      ment hypolipidémiant pour atteindre un
sus international conduit à promouvoir          toriel en population générale mais pas aux      seuil, il est souhaitable de disposer de
leur traitement. Les recommandations            dyslipidémies primitives monogéniques           repères permettant de se situer par rap-
françaises antérieures relatives au traite-     comme l’hypercholestérolémie fami-              port aux niveaux observés lors des essais
ment des dyslipidémies ont 10 ans et ne         liale lors de laquelle le niveau de risque      de prévention CV à l’inclusion et sous
sont plus accessibles. Les nuances com-         est sous-estimé par les modèles généraux.       traitement.
plexes entre les recommandations des            Des modèles spécifiques aux malades dia-             Bien que le cholestérol HDLc soit
sociétés européennes (EAS-ESC) [1, 2] de        bétiques sont disponibles. En pratique cli-     remis en cause comme facteur causal de
la société internationale d’athérosclérose      nique, les modèles basés sur des équations      protection cardiovasculaire, son dosage
(IAS) [3], de structures nationales issues      multivariées s’avèrent peu employés et les      plasmatique fournit un puissant marqueur
des USA (AHA-ACC) [4] ou de Grande              courbes ROC sur des séries prospectives         de risque cardiovasculaire et doit donc
Bretagne (NICE) [5], font qu’une syn-           montrent une performance diagnostique           être conservé dans l’estimation du risque
thèse actualisée à la lumière des derniers      modeste.                                        CV.
résultats des essais cliniques était devenue        Concrètement le groupe de travail                Le dosage de la concentration plasma-
nécessaire à l’usage des praticiens. Dans       promeut l’estimation du risque basée sur        tique de l’Apo B n’apporte pas d’avantage
un souci de simplicité, un document syn-        des abaques telles que celles de SCORE          décisif dans l’estimation du risque CV, son
thétique est présenté, le lecteur pourra se     (Europe du Sud prenant en compte le             principal intérêt se limitant au diagnostic
reporter via les références aux documents       HDLc). De façon pragmatique le groupe           étiologique des hyperlipidémies mixtes
sources. Ce texte correspond à un état          de travail recommande le comptage des           pour différencier les hyperlipidémies com-
des lieux de la réflexion, il ne s’agit pas     facteurs de risque (FR) conventionnels          binées familiales des dysbétalipoprotéiné-
de recommandations définitives celles-          comme méthode de substitution (3 FRCV           mies lors desquelles l’apo B n’est pas éle-
ci n’ayant pas été encore évaluées par les      majeurs correspondent à un risque CV            vée.
relecteurs et approuvées par le CA des dif-     élevé après 60 ans).                                 Le dosage de la Lp(a) ne doit pas être
férentes sociétés.                                                                              réalisé de façon systématique, il s’agit
                                                Biomarqueurs                                    d’un cofacteur de risque lors des hyper-
évaluation initiale                                                                             cholestérolémies familiales et des états
                                                    La réalisation d’un bilan lipidique         athérothrombotiques. Les indications de
Estimation du risque cardiovasculaire           est nécessaire lors de l’évaluation ini-        dosage sont restreintes [6].
                                                tiale, pour disposer d’une appréciation              Il est conseillé d’effectuer un dépis-
    La prise en compte de l’intensité du        du niveau de risque individuel et lors du       tage de dyslipidémie chez des apparentés
risque cardiovasculaire (CV) d’un sujet à       suivi pour estimer l’efficacité du traite-      lorsque le LDLc est > à 1,9 g/l chez un cas
risque est utile pour ajuster l’intensité des   ment, s’assurer de l’observance, motiver        index en l’absence d’hypertriglycéridémie

                                                 Janvier-Février 2016 VOL 80 MCED www.mced.fr                                               13
mise au point

 associée pour étayer le diagnostic d’hyper-    débattues, de la surveillance de malades à       risque individuel immédiat (> 300 UA)
 cholestérolémie familiale. Il est nécessaire   très haut risque ayant, soit une séméiolo-       et en valeur relative par rapport au score
 de référer à un centre spécialisé les hyper-   gie suspecte d’insuffisance coronaire, soit      d’une population similaire pour appré-
 cholestérolémies familiales hétérozygotes      amenés à reprendre un programme d’ac-            cier le surcroît de risque relatif (> 75éme
 sévères (LDLc > 3 g/l) mais aussi les per-     tivité physique soutenue, soit enfin ayant       percentile pour l’âge et le sexe). Le taux
 sonnes ayant une histoire d’hypertriglycé-     une probabilité particulièrement élevée          de reclassement est élevé. Son utilisation
 ridémie majeure (> 10 g/l).                    d’ischémie myocardique silencieuse.              pourrait être efficiente pour moduler les
                                                                                                 mesures de prévention CV en situation de
 Autres facteurs de risque                      Scintigraphie myocardique                        risque intermédiaire. Le groupe de travail
     En dehors des FRCV « classiques »              Son caractère irradiant et onéreux, et       propose son utilisation dans cette situa-
 (antécédents familiaux, tabagisme, gly-        sa reproductibilité aléatoire en dépistage       tion.
 cémie/diabète, PA, LDLc, HDLc), l’in-          font que la scintigraphie myocardique
 térêt d’autres marqueurs de risque reste       n’est pas un examen de première ligne            Approche diététique
 débattu. Ainsi la mesure du tour de taille     destiné à stratifier le risque CV via le
 est étroitement corrélée avec l’IMC et en      repérage d’une insuffisance coronarienne             Les résultats des essais randomisés
 analyse multivariée son apport indépen-        infraclinique.                                   contrôlés sur la prévention des événe-
 dant en prédiction cardiovasculaire reste                                                       ments CV sont très variables.
 limité.                                        Explorations fonctionnelles vasculaires              Globalement les mesures diététiques
     Le dosage des concentrations plas-             La vélocité de l’onde de pouls dont          sont à mettre en place systématiquement
 matiques du fibrinogène, de la CRP us,         l’accélération témoigne d’une rigidité           en prévention secondaire, et dès lors que le
 de l’insuline, de l’homocystéine, de la        artérielle a une valeur ajoutée insuffisante     LDLc dépasse 1,3 g/l ou la triglycéridé-
 Lp-PLA2, des LpA1, l’identification de         en termes de reclassement du risque car-         mie 1,5 g/l en prévention primaire.
 LDL petites et denses et de la microalbu-      diovasculaire.                                       Une modification du style de vie indi-
 minurie us n’apportent pas de valeur pré-                                                       vidualisée combinant activité physique,
 dictive additionnelle suffisante.              Mesure de l’épaisseur intima média               apports alimentaires encadrés et pas forcé-
                                                carotidienne (EIMc) et détection de              ment centrés sur la perte de poids pourrait
 Génotypage                                     plaques athéromateuses carotidiennes             avoir un impact sur le risque cardiovas-
     Lors des hyperlipidémies primi-                La mesure de l’EIMc, intéressante            culaire à long terme. Ce sont les recom-
 tives, le génotypage des malades dans          en recherche clinique comme marqueur             mandations consistant à mettre en place
 des centres experts permet de caractériser     intermédiaire, est trop faiblement opé-          une diététique de type diète méditerra-
 la pathologie en cause (LDL –R, apoB,          rante en pratique clinique pour ajuster          néenne avec consommation abondante
 apo E , LPL,…) et prochainement pourra         la prédiction des évènements. De sur-            d’huile d’olive et de fruits à coque qui ont
 conditionner l’accès à des traitements spé-    croît la variabilité de sa mesure, selon         le niveau de preuve le plus élevé actuelle-
 cifiques. En revanche l’étude des nom-         l’acquisition et le logiciel employé,            ment.
 breux polymorphismes génétiques asso-          handicape la comparaison de deux exa-
 ciés au risque cardiovasculaire ne permet      mens effectués à distance. En revanche,          Recommandations générales
 pas d’améliorer notablement la prédiction      la recherche de plaques carotidiennes            de prévention CV
 du risque CV.                                  peut constituer un outil intégrateur pré-
                                                dictif et l’occasion de dépister des sté-        Apports lipidiques:
 Marqueurs de risque : explorations             noses serrées ; néanmoins, ces dernières             L’apport lipidique total recommandé
 fonctionnelles et imagerie                     sont rares et surviennent souvent dans           est compris entre 25 - 35 % des apports
                                                un contexte polyvasculaire avéré.                caloriques totaux chez l’adulte.
     En situation de risque intermédiaire,                                                           - Acides gras saturés (AGS): ils
 la prise en compte de marqueurs de risque      Le score calcique coronarien                     majorent le LDLc et l’apport journalier ne
 complémentaires intégrateurs témoignant            La quantification des calcifications         devrait pas dépasser 8 à 10 % de la ration
 d’un athérome infraclinique prématuré          coronaires lors d’un scanner sans injection      énergétique, ils peuvent être substitués par
 peut permettre de reclasser les sujets à       est une méthode peu irradiante. Une valeur       l’acide oléique.
 risque dans la catégorie à risque élevé ou     très élevée témoigne d’une charge impor-             - Acides gras insaturés «s» : ils favo-
 faible.                                        tante en plaques athéromateuses calcifiées       risent l’augmentation du LDLc et la dimi-
                                                et sous-entend la présence de plaques non        nution du HDLc. Leur apport doit être
 Epreuve d’effort                               calcifiées multiples (sténosantes ou non)        aussi faible que possible (< 1%).
     Elle n’a pas sa place dans l’estima-       correspondant à un niveau de risque qui              - Les acides gras mono-insaturés ont
 tion du risque cardiovasculaire en popula-     peut être équivalent à celui observé en pré-     un effet favorable sur le LDLc en substi-
 tion générale asymptomatique. Ses indica-      vention secondaire. Les résultats doivent        tution des AGS, plusieurs études relatives
 tions relèvent, dans le cadre de modalités     être interprètés à la fois en valeur absolue :   aux diètes méditerranéennes suggèrent

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mise au point

un effet bénéfique de la consommation          de l’association établie avec un abaissement      Recommandations
d’huile d’olive sur la prévention des évè-     modéré du risque CV. L’association n’a            thérapeutiques générales
nement CV : des apports de l’ordre de          pas fait la preuve d’une causalité mais est
15% de l’apport énergétique total (AET)        indépendante du type d’alcool ingéré.                 Il faut éliminer une hypercholestérolé-
sont préconisés                                                                                  mie secondaire. Il faut traiter les patients
    - Les acides gras poly-insaturés           Influence du mode de vie                          adultes qui ont un LDL-cholestérol supé-
abaissent le LDLc et, dans une moindre         sur la triglycéridémie                            rieur à 1,90 g/L malgré des mesures
mesure, le HDLc quand ils remplacent                                                             hygiéno-diététiques bien conduites. Le
les acides gras saturés. Apportés en excès          Il est recommandé de privilégier un          traitement médicamenteux de première
sous forme d’huile végétale (AGn-6),           amaigrissement par le biais de l’activité         intention est alors une statine : une faible
ils déséquilibrent la balance des apports      physique et d’un régime hypocalorique             dose est habituellement suffisante. En cas
AGn-3/AGn-6, il est souhaitable que la         équilibré en cas de surpoids ou d’obésité.        d’intolérance ou de contre-indication aux
ration ne dépasse pas 10% de l’apport          L’effet d’une interruption de la consom-          statines, les alternatives thérapeutiques
énérgétique total.                             mation d’alcool sera testé.                       sont l’ezetimibe et la cholestyramine.
    Le niveau de preuve pour les AG à               La proportion des glucides par rapport           L’efficacité du traitement et l’obser-
longue chaîne n-3, suite à plusieurs essais    à l’apport énergétique total sera modérée à       vance sont surveillées avec un bilan lipi-
randomisés récents négatifs, s’avère très      moins de 50%. Les apports de sucres simples       dique à 1-3 mois et à 6 mois, puis annuel
limité : le groupe de travail ne préconise     de mono- ou disaccharides et en particulier       lorsque le LDL-C est à l’objectif et la
pas le recours à des suppléments alimen-       de fructose seront diminués à moins de 10%        tolérance clinique satisfaisante. Lors de
taires dès lors que les besoins quotidiens     de la ration énergétique. La consommation         la phase initiale du traitement les transa-
(AJR) sont couverts par une alimentation       de boissons sucrées est à limiter de manière      minases et la glycémie seront dosées, les
diversifiée riche en produits marins.          drastique. Lors d’hypertriglycéridémies           CPK ne le seront qu’en cas de point d’ap-
    - Une réduction des apports d’ali-         modérées à intenses (> 4 g/l), ce sont seule-     pel clinique.
ments riches en cholestérol : l’impact est     ment des apports importants d’AG LC n-3 (>            Objectifs de LDL-C et risque CV en
inconstant sur le LDLc, moindre que celui      4 g/j) qui ont montré un effet hypertriglycéri-   prévention primaire:
obtenu par la modulation de la compo-          démiant.                                              Globalement un traitement par statine
sition des acides gras, une modération à            En cas d’hypertriglycéridémie majeure        est rarement justifié en cas de bas risque
moins de 300 mg/j est une mesure de bon        avec menace pancréatique potentielle (risque      (inefficience), est possible en cas de risque
sens en particulier lors d’apport mixtes       modéré si TG >10 g/l, risque élevé si TG >30      intermédiaire et se trouve le plus sou-
riches en AG saturés et cholestérol et NaCl    g/l), la mise en place d’une diète hydrique est   vent nécessaire en cas de haut risque. Les
(charcuterie).                                 une urgence, avec avis spécialisé pour explo-     mesures diététiques ont été mises en place
    - L’utilisation des phytostérols reste     ration complémentaire et choix de la moda-        au préalable.
discutée du fait de l’absence d’étude d’in-    lité diététique ultérieure : discussion d’un          Les seuils de déclenchements sont
tervention portant sur les évènements car-     régime drastiquement hypolipidique vs un          confondus avec la cible à atteindre
diovasculaires. A dose efficace : 2 g/j, ils   régime hypocalorique équilibré.                   (Figure 1).
abaissent de 10% le LDLc. Il n’y a pas                                                               Risque cardiovasculaire faible selon
de consensus au sein du groupe de travail      Prise en charge                                   le calcul SCORE ou Framingham (risque
sur leur utilisation systématique chez les                                                       de décès CV à 10 ans inférieur à 1% ou
                                               des hypercholéstérolémies
malades hypercholestérolémiques ou à                                                             risque d’évènement CV à 10 ans inférieur
risque CV.                                     et des hyperlipidémies                            à 10%).
                                               mixtes en prévention primaire                         Le seuil de déclenchement se situe à
L’apport en fibres                                                                               1,9 g/l et une faible dose de statine est en
    Un apport quotidien de 30 à                    En présence d’une hypercholestéro-            général suffisante pour l’atteindre.
45 grammes de fibres dont 5 à 15 g de          lémie familiale de l’enfant ou de l’adulte,           Risque cardiovasculaire intermé-
fibres solubles par jour, est recommandé.      les abaques de calcul de risque sont ino-         diaire (risque d’évènement CV à 10 ans
Il est préconisé de privilégier la consom-     pérantes et les indications thérapeutiques        entre 10% et 20% ou risque de décès CV à
mation de fruits (2U) et de légumes (3U)       relèvent de recommandations spécifiques.          10 ans compris entre 1 et 5%).
chaque jour. Des apports élevés en fruits/         En prévention primaire, en popula-                Le seuil de déclenchement se situe
jus de fruits peuvent majorer les hypertri-    tion générale, la décision thérapeutique          à 1,3 g/l (voire 1.15 g/l en fonction des
glycéridémies.                                 dépend de l’évaluation du risque cardio-          circonstances selon les recommandations
                                               vasculaire à 10 ans, estimée d’après le           ESC/EAS).
La consommation d’alcool, dés lors qu’elle     cumul de facteurs de risque et la prise en            En pratique après 40 ans, si le LDL est
se situe à des niveaux de consommation         compte éventuelle d’un athérome infracli-         supérieur à 1,6 g/L, on atteint un niveau du
faible à modéré (0,5 à 2 U/j) n’est pas        nique dans les situations de risque inter-        risque intermédiaire avec au moins trois
déconseillée en prévention CV, compte tenu     médiaire.                                         facteurs de risque majeur (exemple de fac-

                                                Janvier-Février 2016 VOL 80 MCED www.mced.fr                                                 15
mise au point

                       Prévention primaire : seuils de déclenchement                                         fixes, au vu de l’essai clinique « Improve
                                                                                                             it » (intensification via l’adjonction d’eze-
                               Risque intermédiaire                                    Risque faible         timibe), en prenant en compte l’extrapola-
                                                                                                             tion de méta-analyses et l’analyse de sous-
                   Risque élevé                                                                              groupes extrêmes (Figure 1).

                                                                                                             Prévention cardio-vasculaire
          < 0,7              < 1,0                  < 1,3                                     < 1,9 g/l      secondaire
                                                                                                   LDLc          Recommandation basée sur les études
         < 1,8               < 2,6                  < 3,4                                     < 4,9 mmol/l   RCT :
                                                                                                                 Le groupe de travail recommande
                                                                                                             l’utilisation d’emblée d’une forte dose de
                                                                                                             statine en prévention secondaire (atorvas-
           Prévention secondaire/ prévention primaire risque équivalent                                      tatine 40-80 mg) sauf en cas de LDLc ini-
                                                                                                             tialement peu élevé. Une cible de LDLc
                         Prévention secondaire : cible thérapeutique                                         < 0.70 g/l est préconisée. Si elle n’est pas
                                                                                                             atteinte sous monothérapie avec une dose
 Figure 1. Repères thérapeutiques conduisant à introduire/intensifier un traitement.                         maximale tolérée de statine, l’adjonction
                                                                                                             d’ezetimibe sera envisagée (Figure 1).
                                                                                                                 En cas d’effets secondaires avec une
 teur de risque majeur : décennie d’âge en                  de facteurs de risque majeurs. En cas d’hé-      forte dose de statine ou une association
 plus, sexe masculin, tabac, HTA, diabète,                  modialyse ou de greffe rénale, il n’y a pas      statine-ezetimibe, l’utilisation d’une dose
 HDLc < 0,40 g/L).                                          d’indication à introduire une statine ou à       modérée de statine avec une cible de
     Il ne s’agit pas d’indication priori-                  arrêter une statine. En cas d’insuffisance       LDLc < 1 g/l est préconisée (IA). En cas
 taire et la décision finale doit prendre en                cardiaque hors cardiomyopathie isché-            d'intolérance aux statines, une monothéra-
 compte les éléments suivants :                             mique, il n’y a pas d’indication à intro-        pie par ezetimibe sera employée.
     Le choix du patient.                                   duire une statine ou à arrêter une statine.
     1) Un athérome infra clinique plus                                                                      Prise en charge
 important que celui attendu pour l’âge.                    Prise en charge
                                                                                                             des hypertriglycéridémies
     2) Les antécédents familiaux précoces                  des hypercholestérolémies
 de maladie CV au premier degré (55 ans                     et des hyperlipidémies mixtes                    isolées
 chez l’homme et 65 ans chez la femme),                     en prévention secondaire                             Les mesures diététiques et l’activité
     3) L’existence d’une maladie associée                                                                   physique jouent un rôle particulièrement
 à un sur-risque : maladie inflammatoire                        Aucune étude randomisée contrô-              important pour contrôler les hypertriglycé-
 chronique, apnée du sommeil, radiothéra-                   lée (RCT) avec les statines n’a été réali-       ridémies.
 pie incluant le territoire cardiaque                       sée avec une stratégie de titration de dose          Les données épidémiologiques les
     4) L’existence d’autres facteurs de                    pour atteindre une cible LDLc spécifique         plus récentes suggèrent que l’hypertri-
 risque non conventionnels (élévation de                    en prévention secondaire, que ce soit pour       glycéridémie a une action pro-athérogène
 la Lp(a), obésité abdominale), facteurs                    un seuil de LDLc < 1g/l ou pour un seuil <       indépendante, même en l’absence d’un
 psychosociaux (dépression, stress majeur                   0,70 g/l. Cependant, la concentration plas-      diabète ou d’un syndrome métabolique.
 chronique).                                                matique du LDLc initial et celle obtenue         Globalement l’athérogènicité des hypertri-
                                                            sous traitement lors des essais cliniques        glycéridémies est moins intense que celle
         Risque cardiovasculaire élevé (risque              fournissent des repères objectifs permet-        des hypercholestérolémies
     d’évènement CV > 20%, risque de décès                  tant de guider les traitements. En métaré-
     CV > 5%.                                               gression d’études d’intervention, la rela-       Devant une hypertriglycéridémie
         Chez ces patients l’objectif du traite-            tion entre l’amplitude de la baisse du LDLc      modérée entre 2 et 5 g/l :
     ment en prévention primaire est de main-               et la réduction du risque relatif d’évène-           • Si LDL-C non à l’objectif :
     tenir un LDL-c inférieur à 1 g/L.                      ments ischémiques majeurs est linéaire.              - La priorité est d’atteindre l’objectif
         Des catégories particulières de patient                Le seuil de 0,70 g/l a été considéré sur     de LDLc en employant une statine :
     à très haut risque peuvent justifier d’un              la base des résultats de RCT qui ont testé           - Si malgré statine à dose optimale et
     objectif plus ambitieux (LDL
mise au point

    - avec TG 2 g/l et HDL-C 0,4 g/l et           • La mise en évidence d’une hypercho-             Le diabète et la prise en charge de la
patient à haut risque cardiovasculaire : du   lestérolémie chez un sujet âgé sans antécé-       dyslipidémie diabétique font également
fénofibrate sera adjoint à la statine après   dent cardiovasculaire doit faire rechercher une   l’objet de recommandations spécifiques de
avis spécialisé.                              éventuelle hyperlipidémie secondaire (IIa C).     la SFD et de l’EASD.
    		                                            • La poursuite d’un traitement par sta-           Après une phase de décroissance des
Devant une hypertriglycéridémie 5 g/l :       tine ou son introduction doit s’intégrer en       coûts du traitement des dyslipidémies,
    • Si persistance hyperTG 5 g/l mal-       fonction des comorbidités de la personne          consécutive à l’apparition des statines géné-
gré MHD :                                     âgée et du gain potentiel que peut consti-        riques, l’apparition de nouvelles molécules
    - Fibrate en monothérapie de première     tuer le traitement.                               onéreuses telles que les anticorps monoclo-
intention.                                        • Il est conseillé de poursuivre un traite-   naux anti PCSK9 va conduire à rediscuter
    • Si persistance hyperTG 5 g/l mal-       ment par statines après 75 ans chez les sujets    certaines indications dans la perspective
gré MHD et fibrate à dose optimale :          déjà traités et supportant le traitement.         d’une efficience suffisante.
    - Ajout d’acides gras -3 à forte dose         • En prévention secondaire, il est
(4g/j) au fibrate après avis spécialisé       recommandé de traiter les sujets âgés
    • Si TG < 5 g/l sous MHD et fibrate à     par statines, avec un objectif de LDL-
dose optimale et LDL-C non à l’objectif :     cholestérol < 1 g/l (I B)                         Correspondance
                                                                                                Philippe Moulin
    - Ajout d’une statine au fénofibrate          • En prévention primaire, un traitement       Fédération d’Endocrinologie, Maladies Métaboliques,
après avis spécialisé.                        par statine à faible dose peut être introduit     Diabète, et Nutrition, Hôpital Louis Pradel, Hospices
                                              en cas de facteurs de risque cardiovascu-         Civils de Lyon, 69677 Bron Cedex, France
                                                                                                e-mail : philippe.moulin@chu-lyon.fr
Devant un HDL-C 0,4 g/l survenant             laire associés et d’athérome non compli-          Bruno Vergès
sans facteur secondaire :                     qué évolué, en évitant les fortes doses et en     Service Endocrinologie-Diabétologie, CHU Dijon, 14 rue
                                                                                                Gaffarel 21000 Dijon,
    • Avis spécialisé                         l’absence de comorbidités sévères.                Tel : 03 80 29 34 53, Fax 03 80 29 35 19,
    • Statine si haut risque cardiovascu-                                                       Email : bruno.verges@chu-dijon.fr
laire, avec un niveau de preuve limité.       Conclusions                                       Références
                                                                                                1. Catapano AL, et al. Atherosclerosis 2011;
Cas des personnes âgées                            Ce consensus s’appuie sur des élé-              217:3e46.
                                              ments dont le niveau de preuve est hétéro-        2. Perk J, et al. Atherosclerosis 2012;223:1e68.
                                                                                                3. Expert Panel on Dyslipidemia. Atherosclerosis
    Lorsque les études épidémiologiques       gène, il repose sur l’analyse d’une littéra-         2014;232: 410e413.
sont réalisées en ajustant sur les indica-    ture en évolution continue.                       4. Stones NJ et al. Circulation. 2014;129(25 Suppl
teurs de l’état de santé (albumine, fer..),        Les dyslipidémies génétiques rares,             2):S49-73.
                                                                                                5. G u i d e l i n e D e v e l o p m e n t G r o u p B M J
l’association positive entre cholestérol      relèvent de recommandations spécifiques et           2014;349:g4356.
et risque cardiovasculaire est retrouvée      de centres référents car l’estimation du risque   6. Nordestgaard BG et al. Eur Heart J 2010;
même dans les populations âgées.              et les enjeux thérapeutiques sont différents.        31:2844–2853.

                                               Janvier-Février 2016 VOL 80 MCED www.mced.fr                                                              17
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