PROGRAMMATION PRINTEMPS 2019 DOMAINE DE KERGUÉHENNEC - Domaine de Kerguéhennec

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PROGRAMMATION PRINTEMPS 2019 DOMAINE DE KERGUÉHENNEC - Domaine de Kerguéhennec
PROGRAMMATION
                    PRINTEMPS 2019
                    DOMAINE DE KERGUÉHENNEC
DOSSIER DE PRESSE
PROGRAMMATION PRINTEMPS 2019 DOMAINE DE KERGUÉHENNEC - Domaine de Kerguéhennec
PROGRAMMATION PRINTEMPS 2019 DOMAINE DE KERGUÉHENNEC - Domaine de Kerguéhennec
SOMMAIRE

           3
           Le Domaine de Kerguéhennec

           4
           Les expositions

           6
           Michel Mousseau
               7    Biographie
               9    Entretien
               11   Visuels

           12
           Daniel Pontoreau

               13   Biographie
               15   Présentation
               17   Visuels
           18
           Les rendez-vous du printemps

           19
           Un nouvel espace dédié aux actions artistiques

           21
           Les Micro-folies du parc / La programmation 2019 à venir

           22
           Informations pratiques

                                                   DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 3 / 4
PROGRAMMATION PRINTEMPS 2019 DOMAINE DE KERGUÉHENNEC - Domaine de Kerguéhennec
PROGRAMMATION PRINTEMPS 2019 DOMAINE DE KERGUÉHENNEC - Domaine de Kerguéhennec
Le Domaine de Kerguéhennec, acquis en 1972 par le Département du Morbihan, est un
espace naturel, un parc historique, un lieu de dialogue du patrimoine et de la création
contemporaine. Sa programmation artistique, construite autour du triptyque arts, architec-
ture et paysage, multiplie les rendez-vous pluridisciplinaires faisant du domaine un lieu de
découvertes et de rencontres.

CENTRE D'ART                                                    UN PARC PAYSAGER
L’articulation entre patrimoine et création est au cœur du      Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que le parc, d’une
Domaine de Kerguéhennec. La programmation artistique            superficie de 45 hectares, fut considérablement remodelé
et culturelle prend en compte la variété des lieux d’expo-      par Denis Bühler. Ce célèbre paysagiste a dessiné avec
sition et invite à la circulation dans les différents espaces   son frère Eugène, le parc de la Tête d’or à Lyon et les
du domaine : espace ouvert des anciennes écuries;               jardins du Thabor à Rennes. Au nord, les lignes amples
espace cloisonné et intimiste de l'orangerie ; qualité des      et sinueuses vont alors succéder aux allées rectilignes à
volumes et de lumière des salles du château favorisant          la française, créant ainsi un nouveau cheminement plus
la déambulation et la découverte. Le domaine propose,           romantique. Le château n'est plus découvert de front ;
simultanément, deux ou trois expositions, et présente des       une lente approche permet de mieux s’immerger dans
expositions monographiques et thématiques. La plupart           l’esprit du parc. Cette partie du parc abrite un arboretum
des expositions font l’objet de publications. Deux ate-         composé d’essences provenant des différents continents.
liers-logements, et prochainement un studio de danse,           Au Sud, une allée cavalière a été creusée dans l’axe du
permettent de recevoir des artistes en résidence tout au        château afin d’accentuer la perspective.
long de l'année.
                                                                FONDS TAL COAT
PARC DE SCULPTURES                                              Le Département du Morbihan possède désormais la plus
Le parc du Domaine de Kerguéhennec est un lieu de réfé-         importante collection publique (un millier d’oeuvres) de
rence en matière de présentation de la sculpture contem-        Pierre Tal Coat.
poraine. Créé à partir de 1986, il réunit aujourd'hui plus      A l’été 2019, le château, lieu patrimonial, emblématique
d’une trentaine d’œuvres d’artistes majeurs.                    du domaine accueillera la collection permanente dans
                                                                un parcours pédagogique présentant la vie de l’artiste,
PATRIMOINE HISTORIQUE ET                                        l’évolution de son oeuvre et son contexte artistique et
ARCHITECTURAL                                                   culturel. Ces espaces seront ouverts au public toute
Construit au XVIIIe siècle, le château est au cœur d’un         l'année.
espace domanial aménagé dès le Moyen Âge. En 1703,
la seigneurie de Bignan est rachetée par les frères Daniel      PROGRAMMATION
et Laurent Hogguer, de riches banquiers suisses résidant        PLURIDISCIPLINAIRE
à Paris. En 1710, ils font appel à l’architecte Olivier De-     Les artistes du spectacle vivant, aux côtés des artistes
lourme pour la construction du château. Après différents        plasticiens, trouvent au Domaine de Kerguéhennec des
changements de propriétaire, le Domaine est racheté             lieux singuliers pour la création, des espaces et des
en 1872 par le comte Paul-Henri Lanjuinais, maire de            moments propices à la rencontre avec le public. Lors
Bignan, député puis président du Conseil général du             des Rendez-vous Danse au Jardin, des Journées Euro-
Morbihan. Celui-ci fait du château sa résidence principale      péennes du Patrimoine ou des Rencontres Musicales,
et entreprend des travaux considérables sous la direction       chacun pourra y éprouver le plaisir du mouvement à côté
de l’architecte Ernest-Felix Trilhe.                            des danseurs, y vivre des moments mudicaux avec les
                                                                compositeurs d’aujourd’hui, créer un parcours intime et
                                                                unique de découverte artistique.

                                                                         DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 3 / 22
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EXPOSITIONS

                                   ARPENTER, HORS DES SENTIERS BATTUS
                                   DU 31 MARS AU 2 JUIN 2019
                                   PAR OLIVIER DELAVALLADE,
                                   DIRECTEUR ARTISTIQUE
                                   DU DOMAINE DE KERGUÉHENNEC

                                                                                souvient), le vent, le soleil. C’est qu’il fallait avancer,
              Ce printemps, le domaine départemental                            progresser, être au plus près de la perception, au plus
              de Kerguéhennec, invite à découvrir deux                          juste de la sensation. Aussi, nul recours aux artefacts de
                                                                                la composition classique, nul mimétisme, nul illusion-
              artistes d’une très grande singularité.
                                                                                nisme. Au total 103 dessins ont été produits, 101 furent
              Michel Mousseau, peintre abstrait, a réa-
                                                                                conservés par l’artiste.
              lisé une centaine de dessins sur le motif
              lors d’une résidence au domaine.                                  Découvrant cet ensemble exceptionnel d’unité et de
              Daniel Pontoreau, sculpteur, investit les                         densité, il m’a paru important de le faire exister en deux
              vastes volumes des écuries avec un                                temps et deux lieux : une publication (qui ne serait pas
              ensemble d’œuvres choisies.                                       un catalogue d’exposition, et qui pourrait exister de
                                                                                manière tout à fait autonome comme un objet à part
                                                                                entière) et une exposition.
              « Il ne s’agit pas de décrire le paysage mais de trans-           Deux espaces, deux temporalités et deux modalités
              mettre la nature particulière du Domaine, à la fois               bien distinctes d’apparition et de présentation.
              solennelle et agricole. Le sujet, c'est l'incarnation for-        Dans le livre, tous les dessins sont reproduits, à taille
              melle de mon sentiment de la nature face à cet univers.           identique, de manière assez systématique, dans le
              Arpenter le lieu, s'immerger. Aux aguets, l'œil voit et, sur      respect de leur développement chronologique, simple-
              le papier, la main transcrit des extraits du territoire. Ainsi    ment rythmés de quelques pages blanches, telle une
              s'impose le dessin », nous dit Michel Mousseau.                   respiration, ou au contraire de doubles pleines pages
                                                                                reproduisant des détails, afin de pénétrer la touffeur du
              Je connaissais seulement, si j’ose dire, Michel Mous-             motif, au plus près de la qualité du trait : montrer une
              seau comme peintre d’atelier, et peintre abstrait de              suite de dessins, c’est-à-dire un long développement,
              surcroît. C’est dire ma surprise lorsque je découvris             avec un début et une fin.
              l’existence d’une pratique de dessin sur le motif. Avant
              de séjourner à Kerguéhennec, il avait travaillé régulière-        L’exposition prend l’exact contrepied du livre : chaque
              ment dans le Cotentin où il s’était posé devant des bou-          cellule de l’ancienne bergerie est investie de manière
              quets d’arbres, des buissons, des lisières. J’ai découvert        différente, sans tenir compte de la chronologie. Dans
              un jour ces dessins dont j’ignorais l’existence.                  une salle, les murs sont recouverts quasiment en
                                                                                totalité des dessins ; dans la suivante, une ligne ; dans
              Invité en résidence au Domaine de Kerguéhennec, du                une troisième, deux dessins, en vis-à-vis, sur les murs
              jeudi 7 septembre au dimanche 5 novembre 2017,                    latéraux ; dans une autre, un seul dessin, sur le mur du
              Michel Mousseau a travaillé, chaque jour, sur le motif,           fond, face au spectateur. Des modalités d’accrochage
              parfois plusieurs dessins par jour. Il fallait le voir travail-   qui me semblent correspondre à nos manières de voir :
              ler, hyper concentré, oubliant la pluie (le dessin lui s’en       en bloc, en ligne, isolément, en vis-à-vis…
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L’exposition reproduit en quelque sorte cette expé-          d’une présence et plus encore d’une relation avec ces
rience, celle du peintre autant que celle du promeneur-      œuvres, une proximité, une forme de familiarité ; il n’y
regardeur.                                                   a là rien d’hautain, de démonstratif, d’impressionnant;
                                                             se dégage le sentiment d’une présence calme, sûre,
Les deux expositions présentées ce printemps à Ker-          rassurante.
guéhennec auront en commun de porter une attention
toute particulière à l’accrochage. Cela me semble être       Daniel Pontoreau porte une très grande attention à ses
aujourd’hui un enjeu majeur : créer, pour les artistes       accrochages. Ainsi, profitant de l’espace vacant entre
et pour nos contemporains qui feront l’effort de venir       deux expositions, il était venu essayer quelques pièces
jusqu’à nous, des conditions optimales de réception et       in situ pour voir la manière dont les choses existaient
d’appréhension des œuvres d’art, en présence réelle          dans les grandes nefs des anciennes écuries. Au-delà
; une expérience de l’espace et de la lumière, du vide       des sculptures elles-mêmes, c’est tout l’espace qu’il
et du silence. Tout notre travail doit consister à donner    considérait, l’air entre les choses, le blanc sur les
aux œuvres – et aux artistes – les conditions de leur        murs entre les objets, les vides. A partir d’un vocabu-
pleine expression. Manifester ainsi la qualité d’une         laire minimal, essentiel, souvent rudimentaire, l’artiste
présence. Jouer avec les lieux, prendre en compte leurs      façonne une cosmogonie complexe, d’une grande
contraintes, magnifier leurs qualités. Seules des œuvres     charge poïétique et d’une profonde singularité :
dotées de grandes qualités plastiques et visuelles sont      « Comme Henri Michaux, je voudrais pouvoir dessiner
capables de cela ; les autres s’effondrent, disparaissent.   les effluves qui circulent entre les personnes. Je m’inté-
Le supposé écrin se referme sur elles pour les étouffer.     resse aux concepts, aux signes, qui peuvent être perçus
                                                             par les hommes de toutes les cultures. Il y a un langage
Nous faisons des métiers artisanaux. Cette dimension         des formes qui parle à tous », nous confie l’artiste. Il
se manifeste particulièrement dans le choix des œuvres       y parvient très bien et c’est à cette expérience par-
à l’atelier, durant le temps de l’accrochage, lors de la     ticulière que le regardeur est convié ce printemps à
conception et de la fabrication du livre. Cette dimension    Kerguéhennec, hors des sentiers battus...
ouvrière de notre travail est essentielle.
Nous retrouvons cette qualité artisanale et ouvrière
dans les œuvres de Daniel Pontoreau : l’attention            Olivier Delavallade, directeur artistique du Domaine de
accordée au choix des matériaux (la terre, souvent),         Kerguéhennec, commissaire des expositions
l’importance de la forme, façonnée par la main de
l’homme, dans le souvenir de gestes ancestraux qui
appartiennent autant au registre de l’artisanat qu’à
celui de l’art, de l’architecture, du mobilier ou de
l’objet que de la sculpture. D’aucuns pourraient y voir
une faiblesse ou une forme amoindrie de l’expression
artistique. J’y vois au contraire toute la qualité de
cette œuvre et plus encore, sa profonde modernité et
actualité, au moment où les pratiques artistiques se
mêlent, en assumant totalement ce métissage, avec
les pratiques artisanales. Cela confère une qualité
particulière aux œuvres (ou aux objets) d’art ; une
qualité essentielle, qui s’inscrit dans un long continuum
de gestes et de procédés, et qui garantit la qualité

                                                                        DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 5 / 22
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MICHEL MOUSSEAU
             BERGERIE
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BIOGRAPHIE   Michel Mousseau naît en 1934 en Anjou (France).               Il a présenté son travail à travers de nombreuses expo-
             Adolescent, il découvre Cézanne au lycée Lakanal à            sitions personnelles et collectives à Paris, en Bretagne
             Sceaux. Il s’échappe souvent et peint seul dans la            (L’Art dans les chapelles, 1999) et hors de France,
             campagne. Un camarade l’introduit dans un atelier de          notamment à Tokyo, à Londres, Genève, Tel Aviv, Prague,
             peintre où sont accrochés d’authentiques Soutine et           ainsi qu’aux États-Unis (New York, Messilla, Colorado
             Modigliani.                                                   Springs), en Italie (2018) et par deux fois à Cuba
                                                                           (Musée national des Beaux-Arts, La Havane en 2005,
             Il parcourt l’Angleterre puis l’Espagne avec une bourse       Bibliothèque nationale en 2015).
             Zellidja, prétexte à poser son chevalet dans les rues         Une trentaine de livres d’artiste sont à son crédit, une
             de Malaga ou Séville. Il admire Rembrandt et Gainsbo-         activité portée par les liens d’affinités avec Zéno Bianu,
             rough à la National Gallery, les Ménines et les portraits     Pierre Albert-Birot, Marie Étienne, Eugène Guillevic, Luis
             du Gréco au Prado, s’intéresse aux grandes expositions        Mizon, Bernard Noël, Éric Sarner, …
             comme celle de Picasso en 1952 à la Maison de la
             Pensée française.                                             A partir des années 1990, dans le Cotentin, il entre-
             Il commence des études à la Sorbonne, fasciné par les         prend un projet d’épuisement du paysage par le dessin,
             cours de Vladimir Jankélévitch, mais très vite décide de      à l’instar de Pérec. Chaque été, même papier, même
             se consacrer uniquement à la peinture et poursuit sa          crayon, il investit le même lieu circonscrit devenu un vé-
             formation en solitaire aux cours du soir à Montparnasse       ritable atelier-dehors. Avec pour enjeu de faire évoluer
             et à l’Académie Jullian. Installé rue de Seine à Paris,       le dessin en travaillant sur la forme sans changer de
             il devient régisseur au cabaret « La Galerie 55 », se lie     motif. Depuis, sont nés là plusieurs milliers de dessins,
             d’amitié avec Roland Topor, Olivier O. Olivier, entreprend    baptisés Lisières.
             des travaux alimentaires d’illustration de livres. Georges    En septembre-octobre 2017, cette méthode transposée
             Wilson lui donne le goût du théâtre. Il réalisera plus tard   au Domaine de Kerguéhennec lors de la résidence de
             des décors pour Thomas Bernhard, Roland Dubillard,            Michel Mousseau a trouvé son plein épanouissement
             Marina Tsvetaieva, Robert Pinget. Il est aussi l’auteur       et produit 103 dessins baptisés Territoires des origines.
             d’affiches de spectacle et du Marché de la Poésie.
                                                                           Michel Mousseau est représenté par la Galerie Virgile
             En 1957, deux expositions personnelles marquent le            Legrand à Paris.
             début de sa carrière de peintre, à la Galerie Malaval à
             Lyon et à la Galerie Tooth de Londres. Suivront pendant
             plus de dix ans des expositions régulières rue Bona-
             parte à la Galerie Motte, qui le prend sous contrat. Il
             s’installe définitivement en 1975 dans le 20e arron-
             dissement de Paris où il aménage un ancien atelier de
             menuisier.

             Il fait rapidement évoluer sa peinture, d’abord descrip-
             tive, vers une certaine abstraction, où la couleur prend
             toute la place. La source de son inspiration demeure ce
             regard à l’affût qu’il porte sur le monde. Aujourd’hui, il
             développe sur la toile de grandes plages de franches
             couleurs, rouges, bleues, jaunes, qu’il met en rapport
             avec des tons sombres, voire très sombres d’une ma-
             tière dense qui retient la lumière. Quel qu’en soit le for-
             mat, grand comme la main ou à la taille d’un homme
             debout, la composition se veut à la fois monumentale
             et intime. Par tempérament, il fait le choix d’exprimer le
             versant lumineux et dynamique de la vie.

                                                                                DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 7 / 22
PROGRAMMATION PRINTEMPS 2019 DOMAINE DE KERGUÉHENNEC - Domaine de Kerguéhennec
ENTRETIEN
                                                                        MR - Aviez-vous aussi le sentiment d’aller à la décou-
            TERRITOIRES DES ORIGINES                                    verte de ce qui ne s’était pas encore manifesté dans
                                                                        votre travail ?
            MICHEL MOUSSEAU
            MADELEINE RENOUARD                                          MM - Oui, absolument, en raison même du ‘génie des
            Entretien                                                   lieux’. Pour moi Kerguéhennec est une sorte d’île au
            Bieuzy-Les-Eaux /Paris                                      milieu des terres. J’avais envie d’y faire escale.
            Septembre 2018
                                                                        MR - Quelle a été votre méthode ?

                                                                        MM - Tout d’abord une grande discipline. Chaque jour,
            "C’est le pas de l’homme qui sait marcher pendant des       dès le matin, je suis parti en expédition. Mon matériel
            jours et des jours."                                        d’explorateur se limitait à cinq ou six feuilles de grand
            Raymond Queneau, Battre la campagne                         papier que je portais sous le bras dans un double
                                                                        contreplaqué, mes dix crayons taillés au cutter dans la
                                                                        poche. J’avais le sentiment d’aller vers l’inconnu et ça
            Madeleine Renouard - Vingt ans après, toujours en Bre-      me remplissait de joie. Chaque jour j’ai marché une
            tagne, nous reprenons notre dialogue sur votre travail.     dizaine de kilomètres. Mon travail est indissociable de
            Vous me disiez alors : " il m’arrive de travailler dehors   la marche qui fait intégralement partie de mon projet :
            sur papier " . C’est exactement ce que vous avez fait à     je couvre un territoire et je me pose devant l’inconnu le
            Kerguéhennec à l’automne 2017. Le Domaine est en            moment venu.
            quelque sorte devenu votre atelier.
                                                                        MR – Preniez-vous un itinéraire différent chaque jour ?
                                                                        N’aviez-vous pas des lieux de prédilection ?
            Michel Mousseau - C’est exactement ça, mais le
            " dehors " que j’évoquais alors était très différent,       MM – Je marchais et créais ainsi des réseaux, des
            c’était la campagne. Kerguéhennec est à la fois un lieu     circuits personnels. Puis je m’arrêtais, comme à l’affût.
            solennel, patrimonial et habité. La proximité du Parc
            avec des terres agricoles, la présence des sculptures et    MR – Qu’est-ce qui provoquait cet arrêt ?
            des grands chênes donne à ce lieu un caractère Nicolas
            Poussin, celui des Saisons . Il y a dans ce Domaine une     MM – Tout un ensemble, composé d’air, de lumière, de
            énergie à laquelle je suis sensible.                        rythmes, de vibrations, de sensations.

            MR - Vous souvenez-vous de la manière dont vous avez        MR – Et une certaine présence du monde végétal sans
            conçu votre projet, lors de votre résidence d’artiste.      doute ?
            Comment avez-vous commencé ?
                                                                        MM - Bien sûr. C’est dans un monde végétal que je
            MM - Je n’avais pas l’intention de simplement décrire       me suis immergé et d’ailleurs, quand je m’arrête, c’est
            ou de représenter un ou des aspects du Domaine qui          comme si je jetais un filet de pêche. Filet que mes
            est en soi un territoire fantastique et que j’ai aimé       pérégrinations tendent jour après jour. Cette image me
            explorer, qu’il s’agisse du moulin, de la grande prairie,   semble rendre compte de ma quête et des moments où
            du bassin, de la haie d’honneur, des parties sauvages,      je m’arrête. Ce qui ne m’empêche pas de me sentir au
            de l’arboretum. Mon désir était d’aller à la rencontre de   contact des terres agricoles et des parties sauvages du
            ce que je ne connaissais pas encore. Marcher, arpenter      Domaine. Je sais que je suis entouré ici de charmes, là
            le Domaine, parcourir les chemins qui le traversent. Je     de chênes ou de châtaigniers.
            souhaitais être réceptif, ouvert.
MR - On pourrait établir une cartographie de vos dépla-         MR - Cette source vous fascine-t-elle ?
cements et arrêts ?
                                                                MM - Disons que cette expérience provoque en moi une
MM - Sûrement mais l’intérêt pour autrui n’en serait            intense jubilation. Depuis toujours et depuis 1996 plus
sans doute que documentaire. Je l’ai fait pour moi. J’ai        précisément, je pratique un échange avec la nature
donc effectivement parcouru un territoire que l’on pour-        dont mes dessins sont l’expression.
rait baliser, on pourrait ainsi savoir que tel jour j’étais à
tel endroit.                                                    MR - Il s’agit d’une expérience résolument non-urbaine.

MR - Qu’est-ce qui vous fait " jeter le filet " comme vous      MM - C’est vrai. Je suis " dehors " c’est-à-dire " hors les
dites ?                                                         murs ", à l’extérieur, mais je suis en même temps inti-
                                                                mement lié à ce qui m’entoure. Je fais partie intégrante
MM - Je saisis - et suis saisi par - un ensemble, un            de l’univers dans lequel je suis avec la coupole du ciel
monde plutôt, qui me séduit, me trouble et m’inquiète           au-dessus de la tête.
à la fois. Mon regard capte de l’inconnu, du fugitif. Se
détache alors du paysage comme un double, un dessin             MR – Vous êtes assis dans l’herbe mais votre regard
à faire et que ma main élabore.                                 ne s’arrête pas à ce qui vous entoure de près, vous
                                                                regardez plus loin.
MR - Est-ce un instantané ?
                                                                MM – En effet, mon regard met à distance mon envi-
MM - Oui et non. Il est vrai que le défi est d’exprimer         ronnement immédiat pour aller vers quelque chose de
par le dessin cet instantané, cette fulgurance, mais il y       natif, une source originelle que je pressens mais dont
a aussi quelque chose qui me semble permanent dans              je ne connais pas encore la forme. Ma main est animée
cette apparition que je veux saisir.                            d’une force qui peut aller jusqu’à une espèce de vio-
                                                                lence, d’autorité même.
MR - Saisir dites-vous ?
                                                                MR - D’où vient cette violence ?
MM - Saisie qui va faire advenir quelque chose de
résolument différent de ce qui s’offre au regard. Il s’agit     MM - De ce sentiment d’urgence que je ressens. Je
d’une transmutation de ce que j’ai vu. Vont donc appa-          veux absolument saisir cette apparition à laquelle je
raître sur des grandes feuilles de papier des formes            risque à tout moment de ne plus avoir accès. C’est
imprévues, de nouveaux territoires en quelque sorte.            véritablement un continent qui se révèle. Il advient. Je
                                                                n’en connais pas les secrets. Je suis un passeur.
MR - Comme si votre main faisait naître, avec le
concours du crayon que vous choisissez avec soin, un             MR - Vous disiez : " Ma manière de toucher le réel
monde né sous votre regard mais radicalement diffé-             s’impose à moi…Je me sens requis…Tout se passe
rent du motif ou de la scène que vous voyez au sens             dans l’urgence " - notons au passage le salut à Guil-
prosaïque du terme.                                             levic - diriez-vous la même chose aujourd’hui ? Est-ce
                                                                dans cet état d’esprit que vous avez travaillé à Kergué-
MM - Oui le sentiment de quelque chose que je suis              hennec ?
seul à voir et que je dois révéler. C’est effectivement
mon regard qui capte et ma main qui " fait ". Mon ap-           MM - Oui. Il me semble important de préciser qu’il n’y
proche est très personnelle, je me sens complètement            a rien de mystique dans ma démarche. Ce n’est pas
impliqué, mobilisé dans ce processus de découverte              un quelconque " au-delà " qui m’intéresse. C’est dans
de ce qui va se manifester sur la feuille. J’ai en même         le réel que je suis et je procède, par mon travail, à une
temps le sentiment d’accéder à une source sauvage.              sorte d’épuisement du lieu dans lequel je me trouve. Il y
                                                                a un acharnement dans ma démarche. Je suis focalisé,

                                                                           DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 9 / 22
attentif, totalement mobilisé par la tâche que je me suis      son plein ", continuer serait en perdre le sens. C’est un
assignée.                                                      ressenti difficile à définir.

MR - Vous êtes assis dans l’herbe. Votre grand carton          MR – Comment avez-vous évacué la couleur dans ce
à dessin est à plat sur vos jambes allongées, la main          travail à Kerguéhennec ? Votre œil a sûrement été sen-
droite dessine et on dirait que la main gauche guide et        sible au vert des arbres, au bleu ou au gris du ciel, mais
protège la droite comme s’il y avait un risque d’inter-        votre vision ne semble pas en porter la trace.
ruption ou d’interférence. Un trait, un seul trait, pas de
lever de la main, pas de rature, pas de repentir. C’est        MM – Ce n’était pas mon projet. Je voulais n’avoir
la fin de l’été, il pleut quelquefois et vous êtes impertur-   qu’un papier, un crayon, rien d’autre. Mes arrêts dans
bable, vous continuez. Vous semblez passer entre les           le Domaine étaient des moments de contemplation, de
gouttes.                                                       saisissement. Et pour moi, la couleur est présente dans
                                                               mes dessins au même titre que le vent et la pluie. Par
MM - Mon travail est effectivement rapide et en continu.       l’usage du crayon, la pression forte ou modérée que
C’est exactement comme cela que je procède. Il y a la          j’exerce, de haut en bas, de droite à gauche, et l’usure
fulgurance de la vision et sa mise en forme est elle-          de la mine j’obtiens des transparences jusqu’à des
même rapide et en continu.                                     noirs intenses, c’est-à-dire de la couleur. Mes dessins
                                                               sont des dessins de peintre.
MR- Vous ne faites pas de croquis, il n’y a pas
d’ébauches. Vous n’avez pas de carnets. Vous êtes              MR - Cet univers - que l’on perçoit en noir et blanc -
immédiatement, frontalement dans le sujet et ce jour           apparaît sur vos grandes feuilles en traits gras ou fins,
après jour. Votre série de dessins de Kerguéhennec est         sous des formes très diverses souvent énigmatiques.
une sorte de ‘livre d’heures’ ou encore de ‘journal’.          On peut toutefois y voir des réapparitions de haies,
                                                               de futaies, de buissons, voire de nids ou de pelotes.
MM - À ceci près que la régularité qui caractérise le          Ce monde que vous révélez est en constante méta-
journal risque de faire oublier ce qui m’habite au             morphose, il est indéchiffrable, les embranchements
moment où je dessine : il s’agit d’émerveillement et           sont multiples, les labyrinthes sont impénétrables. Ce
d’un certain érotisme. Ce qui n’enlève pas la dimension        serait en diminuer la force de n’y voir que ce que nous
tragique de ce territoire des origines que tentent de          connaissons déjà, même si - et vous le redites avec fer-
révéler mes dessins.                                           meté - vous partez de choses vues. Sombres ou aérés,
                                                               denses ou légers, ces territoires sont-ils à la fois un
MR - Vous prenez néanmoins plaisir à aller à sa ren-           merveilleux onirique ou une promesse apocalyptique ?
contre.
                                                               MM - Je ne sais pas et c’est tant mieux. Qu’est-ce qui
MM - La jubilation ne me quitte pas en effet. Je me            se trame dans mes dessins ? Ceux qui les regardent
sens en symbiose avec la nature. J’éprouve un grand            le savent sans doute – ou peut-être – mieux que moi ;
bien-être physique en dépit de l’inquiétude qui m’ha-          je ne veux pas me lancer dans des interprétations qui
bite. Ma propre rigueur me tranquillise.                       feraient appel à la pratique d’autres artistes. Nous en
                                                               avons évoqué quelques-uns et quelques-unes vous et
MR - Il vous est arrivé de produire trois, quatre, cinq        moi. Mon désir est de " faire " et de tenter de dire com-
dessins dans la journée . Votre travail a non seulement        ment je " fais " en restant aussi vrai que possible.
été rigoureux mais constant et discipliné.
                                                               MR - Je pense que vous y avez réussi. Permettez-moi
MM – C’est ma manière d’être. Je ne travaille pas              de convoquer John Berger dont vous éclairez le propos
dans le désordre. La main transcrit quelque chose de           : " The language of pictorial art, because it is static, is
vu jusqu’à épuisement de l’énergie qui la meut. Il faut        the language of timelessness. Yet what it speaks about -
savoir s’arrêter, continuer serait détruire et trahir ce qui   unlike geometry - is the sensuous, the particular, and
a été vu. Pour moi, il y a un moment où la forme est " à       the ephemeral. "
VISUELS

                                                         1                                                2

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                                                          5                                              6

1 | Michel Mousseau, 03 © Adagp, Paris, 2018

2 | Michel Mousseau, 16 © Adagp, Paris, 2018

3 | Michel Mousseau, 47 © Adagp, Paris, 2018
                                                          7                                               8
4 | Michel Mousseau, 51 © Adagp, Paris, 2018

5 | Michel Mousseau, 58 © Adagp, Paris, 2018

6 | Michel Mousseau, 60 © Adagp, Paris, 2018

7 | Michel Mousseau, 66 © Adagp, Paris, 2018

8 | Michel Mousseau, 73 © Adagp, Paris, 2018

9 | Michel Mousseau, 83 © Adagp, Paris, 2018

10 | Michel Mousseau, 97 © Adagp, Paris, 2018

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DANIEL PONTOREAU
              ÉCURIES
Expositions personnelles                                  Expositions collectives (sélection à partir
BIOGRAPHIE
                                                                       de 2000)
             1978   Paris - Galerie G. Laubie
             1979   Luxembourg, Galerie La Cité                        2001     Ichon- Corée “World Contemporary Ceramics”
                    Bruxelles, galerie Christine Debras, autour du              Maison Konishi, Osaka -Japon
                    texte de Guy Benoît :“N’importe qui mon 		                 Galerie Hosokawa , Osaka , Japon
                    corps”.                                            2002    Galerie Nishinomiya , Japon
             1981   Paris, Centre Culturel du Marais,“Lieux            2003     “ The legacy of Modern Ceramic Art”, Gifu ,
                    intérieurs”                                                 Japon
                    S’Hertogenbosh (Pays-Bas). Dienst Beeldende        2004     Fiskars - Finlande
                    Kunst Moriaan.                                     2005     Musée de Fuping - Chine
             1983   Paris, Galerie Raymond Cordier,“Bâti”.             2006     Clayarch Gimhae Muséeum
             1985   Grenoble, Musée de Peinture, Daniel Pontoreau      2006     « A Clean,Well Lighted Place »,chez Anne
                    “Lieux intérieurs”.                                         Rochette et Wade Saunders , Saint Maur .
             1987   “Un artiste, un musée” Ecomusée de Savigny-        2007     Galerie Tamura – Nishinomiya , « 1 artiste
                    le-Temple.                                                  Français et le groupe Gutaï » Japon
             1989   Théâtre d’Hérouville Saint Clair (Calvados).       2009     Musée de Shigaraki Japon
             1990   Galerie Ado. Anvers. Belgique.                     2009     Arsenal Musée de Soissons
                    C.R.E.D.A.C. Galerie Fernand Léger - Ivry-sur-     2011     « Imbriquer » Maladrerie , Beauvais
                    Seine.                                             2012     « DOKI DOKI » Shigaraki Muséum , Japon
             1991   Galerie de l’Ancienne Poste. Calais.                        « DOKI DOKI » Muséum Gifu , Japon
                    Musée de Meaux.                                             « 8 artistes et la terre » Musée Ariana Genève ,
             1992   Galerie Patricia Dorfmann, Paris.                           Suisse
             1995   “Les lieux du voyage” - Photographies - Ecole      2016     « CERAMIX » Musée de Masstricht Pays Bas
                    des beaux Arts de Caen                                       « CERAMIX » Cité de la Céramique Sèvres
             1996   “Profil d’une Collection” - Artothèque de Caen,              « L’art dans les chapelles » Saints Dédreno
                    FRAC, Basse Normandie                                       Pontivy
                    Galerie Christine Debras - Bruxelles.              2017     Librairie « Folies d’Encre » 33190 La Réole
             2001   «L’organisation du terrain», Centre d’Art de                (chez Chantal Limérat)
                    Saint-Fons.
                    Ecole des Beaux-Arts de Rouen,
             2002   Artothèque de Caen.                                Commandes publiques (sélection)
                    Ecole d’Art de Belfort (organisée par le 19,
                    CRAC)                                              1987   1% Ministère des Finances. Paris, Bercy. P.
                    Musée de Soissons -arsenal-                               Chemetov - B. Huidobro, architectes.
                    C.E.A.A.C. – Strasbourg                            1991 Chateauroux , bibliothèque , Gil Barré , Françoise
             2003   Centre d’art Georges Pompidou , Cajarc, Lot               Risterucci, Loïz Caradec architectes
             2006   Galerie Tamura , Nishinomya , Japon                1992 “Le champ du feu”, Alsace - C.E.A.A.C - Stras
             2010   Galerie Momogusa Tajimi , Japon                           bourg.
             2012    Atelier 7 Paris                                   1995 Ministère des Affaires Etrangères, Nantes, J.
                    Galerie Daiichi Takahachi Hakone Odawara                  Pajot, architecte.
                    Japon                                              1996 Entrée de ville de Lodève, M. Barani, architectes
             2014   Galerie Fatiha Selam Paris                                Louis et Myriam Maunoury, paysagistes.
             2017   Galerie Fatiha Selam                               1996 Lycée Dorian , Paris , Gil Barré , Françoise Riste
                    « L’origine du monde » La Borne                           rucci, Loïz Caradec, architectes
                     Esox Lucius – La Clayette – Bourgogne             1998 Siège Social E.D.F. - La plaine Saint Denis.
             2018   « Corps flottants », L’ H du Siège, Valenciennes   2003 Ville de Strasbourg , place du marché Gayot.
             2019   Domaine de Kerguéhennec Morbihan Bretagne          2003-2013 Place “ Longue des Capucins” Marseille, I.
             2020   musée Keramis La Louvière Belgique                        Serres, S. Fernandez , architectes

                                                                              DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 13 / 22
Divers
Scénographies pour la Compagnie de danse
Kilina Cremona, New-York, 1979 ; Montréal
1979 ; Paris 1980; Bagnolet, 1981; Lyon,1984.

Collections publiques

 - Fonds National d’Art Contemporain, Paris.
 - Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
 - Musée des Arts Décoratifs, Paris.
 - Musée Municipal de Céramique et d’Art
   Moderne, Vallauris.
 - FRAC Limousin, Basse Normandie, Haute
 Normandie
- Musée d’art moderne de la Ville de Strasbourg
- Musée de Gifu, Mino, Japon
- Musée de Shigaraki, Japon
- Clayarch Gimhae Muséeum, Corée du sud
- Musée de Fuping, Chine
- Musée de Soissons Abbaye St Jean des Vignes
- Museum of Ceramic Art Hyogo, Japon
à l’âge classique, depuis la renaissance jusqu’au XIXe
PRÉSENTATION
                                                                           siècle – visant à élever les représentations littérale-
               TEXTE DE KARIM GHADDAB                                      ment au-dessus du sol foulé par les mortels. Ce n’est
               (CRITIQUE D'ART)                                            pas non plus seulement la prise en compte du socle
                                                                           comme élément à part entière de la sculpture, comme
                                                                           le firent les modernes, Rodin d’abord, puis Giacometti
               Publié à l’occasion de l’exposition
                                                                           ou Brancusi. C’est aussi et sans doute en premier lieu
               Corps flottants, présentée à l’H du Siège                   la recherche de ce qui permet de faire lien au-delà des
               (Valenciennes), du 15 septembre au 24                       différences. Dans les œuvres citées, les techniques,
               novembre 2018.                                              les matériaux, les couleurs, les textures des différents
                                                                           éléments sont divers, si bien que chacun d’entre eux
                                                                           se donne comme une proposition singulière, sinon
                                                                           comme une individualité (et l’on repensera aux figures
                                                                           humaines de Giacometti). Mais elles sont toutes
               La première étude pour Quatre femmes sur socle, que         réunies et mises en relation par ce qui les soutient et
               réalise Giacometti en 1948 est un parallélépipède de        les relie, le sol-socle qu’elles partagent. Élaborant ses
               plâtre posé verticalement et au sommet duquel sont          compositions de sculptures comme des associations,
               fichées quatre tiges métalliques. Les figures ne seront     l’attitude de Pontoreau ne repose pas sur des recettes
               jamais modelées sur cette version qui témoigne du           ou des formules mais s’apparente davantage à celle
               souci premier du sculpteur, à ce moment : le rapport        des anciens monteurs de murs de pierres sèches qui
               des lignes verticales avec le socle massif où elles s’en-   affirmaient écouter les pierres et les placer là où elles
               racinent. Les tiges ou les longues silhouettes étiques      le demandaient.
               qui s’affirmeront de plus en plus comme la signature
               de l’artiste jouent donc comme des lignes opposées          Dès lors, le paradigme du commun et du partage
               à la densité massive du socle. La question du bloc          peut être décelé dans la quasi totalité des œuvres de
               trouve sa formule la plus radicale dans Le Cube (1934),     Pontoreau. Sans titre II (1990) est ainsi composé de
               déjà présent sur La Table surréaliste (1933). Quelques      trois blocs qui s’opposent presque terme à terme :
               années plus tard, le bloc devient socle, d’où s’élèvent     ils sont de tailles différentes, constitués de matériaux
               des groupes de silhouettes comme des germinations           différents (terre cuite, terre réfractaire, fonte de fer) et
               sur un sol (La Clairière, 1950).                            présentent des surfaces différentes (brute et chaotique,
                                                                           lissée comme tournée au tour, géométrique). Ils sont
               On trouve la poursuite d’une telle dialectique dans         posés à même le sol – donc sans socle – mais un
               l’œuvre de Daniel Pontoreau. Beaucoup de ses sculp-         semis de briquettes en porcelaine est disposé sur ce
               tures sont des agencements d’éléments distincts mis         sol et unifie l’espace occupé par les trois sculptures.
               en relation par leur disposition sur un unique socle-       Le Champ du feu (1992) élargit la même formule à
               plaque. Citons pêle-mêle : la maquette de Le Champ          l’échelle du paysage : des bornes en marbre blanc du
               du feu, projet pour l’Alsace (1990), Cinq pièces faciles    Rajasthan parsèment régulièrement l’espace naturel,
               (2014) ou encore les deux grandes stèles noires de          rendant poreuses les frontières entre les sculptures, le
               Sans titre (1990) qui se font face d’un bout à l’autre      paysage naturel, l’espace réel arpenté par le visiteur,
               d’un même chemin de terre de huit mètres de long. Les       le marquage délimitant une portion de territoire… Le
               options sont différentes pour chacun de ces exemples,       procédé tient à la fois de Carl Andre, pour la possibilité
               mais elles explorent toutes les modalités de mise en        d’évoluer dans et sur l’œuvre, et de Richard Long ou
               relation des sculptures au moyen d’un socle commun.         Robert Smithson pour l’élargissement du geste à une
               Cette question de ce qui est commun à l’hétérogène          portion de paysage.
               et qui permet de faire lien est un approfondissement
               et un élargissement d’une recherche formelle sur le         Quant aux « tableaux » de Pontoreau, ils reprennent
               rôle du socle en sculpture. Ce n’est plus l’ostension       bien souvent un tel marquage en semis de la surface et
               majestueuse – qui fut la fonction principale du socle       présentent des textures et des couleurs qui les rap-

                                                                              DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 15 / 22
prochent de la peinture d’un Tàpies ou d’un Tal Coat. Le       Depuis un demi-siècle, la terre s’impose progressive-
titre de la série Terres levées en ciels (1960-1984) de        ment comme le matériau désormais quasi exclusif
Pierre Tal Coat dit d’ailleurs la porosité entre peinture et   de Pontoreau. L’acier, le verre, le caoutchouc et les
sculpture, cette dialectique de l’érigé et de l’étendu par     divers autres matériaux qu’il a pu utiliser par le passé
laquelle nous avons commencé à partir de Giacometti.           ont presque totalement disparu, l’artiste semblant se
                                                               concentrer sur la substance originelle et originaire qui
Les nombreux liens que tisse le travail de Pontoreau           lui autorise à la fois une forme de pureté et des expéri-
permettent donc aussi de faire dialoguer des héritages         mentations infinies. Il est inutile d’insister sur la charge
a priori peu compatibles. Au-delà de l’histoire de l’art,      culturelle de l’argile comme matériau premier dans
moderne ou plus ancien, cette recherche élargit encore         la plupart des traditions (depuis la création d’Adam à
son champ d’investigation à d’autres problématiques,           celle du Golem) ; sans doute serait-ce même limiter
hors du strict champ artistique et de la seule culture         l’appréhension et la préhension de cette matière, tant il
occidentale puisque, à l’occasion de ses nombreux              est vrai qu’elle concerne d’abord et toujours l’œil et la
voyages, Pontoreau porte son regard sur les proportions        main, bien plus qu’une quelconque érudition cultu-
simples d’un abreuvoir dans la campagne d’Evora, au            relle. La terre, c’est d’abord un contact, un toucher, une
Portugal, un agencement de poteries sphériques de              plasticité qui s’éprouvent et s’affinent par la maîtrise
Jodhpur, en Inde, les tumulus de Kyöng Ju, en Corée,           technique et l’expérience, reliant mystérieusement le
les créneaux et les petites lucarnes pyramidales sur           geste du petit enfant qui réalise son premier colombin
le toit d’un palais de Persepolis, en Iran, un jardin de       et celui du céramiste le plus accompli qui maîtrise les
pierres à Kyoto, au Japon, un simple petit piédestal de        subtilités infinies du raku et de l’engobe de Shigaraki.
Marbre blanc à Louxor, en Égypte… Là encore, toutes            En dépit de sa grande technicité, l’œuvre de Pontoreau
ces formes, des plus modestes aux plus spectaculaires,         se donne comme une chose simple et directe, confiant
des plus sophistiquées aux plus rudimentaires, sont            les ressentis et les associations aux silences de la
reliées entre elles par le regard de l’artiste et dessinent    silice.
un maillage qui couvre la surface du globe terrestre
pour en faire le champ élargi de la sculpture, au-
delà de toutes limitations de styles, d’époques ou de
cultures.

Comme nous l’avons aperçu avec la maquette de Le
Champ du feu, projet pour l’Alsace (1990) et la réalisa-
tion du projet à l’échelle du paysage, on peut déceler
dans l’ensemble de l’œuvre de Pontoreau une corres-
pondance en acte entre le microcosme et le macro-
cosme. Une particule subatomique, un grain de sable,
une simple pierre, l’énorme rocher de Mahabalipuram
ou la Terre elle-même sont des répliques, au double
sens de ce qui est à l’image d’autre chose, comme
un jeu de renvois infinis, et des secousses telluriques.
Certaines pièces de Pontoreau reprennent la structure
d’une géode, une gangue de terre réfractaire enser-
rant un noyau de porcelaine, comme l’écorce terrestre
recouvre le magma. Ses dialogues avec des astrophysi-
ciens (Jean-Marc Bonnet-Bidaud) ou ses photographies
de ciels nocturnes attestent de l’intérêt marqué du
sculpteur pour l’astronomie. Entre ondes et particules,
les formes se répètent et se répercutent, jamais exacte-
ment à l’identique.
VISUELS

                                                              1                                                  2

                                                             3                                               4

1 | Daniel Pontoreau, Plaque paysage
© Adagp, Paris, 2018

2 | Daniel Pontoreau, Maison et pierre
© Adagp, Paris, 2018

3 | Daniel Pontoreau, Origine du monde
 © Adagp, Paris, 2018

4 | Daniel Pontoreau, Pierres qui s'aiment
© Adagp, Paris, 2018                                          5                                             6
5 | Daniel Pontoreau, Échevelée © Adagp, Paris, 2018

6 | Daniel Pontoreau, Arrachée blanche
© Adagp, Paris, 2018

7 | Daniel Pontoreau, Paysage noire
 © Adagp, Paris, 2018

7 | Photographie de Daniel Pontoreau dans son
 atelier © Michel Lunardelli © Adagp, Paris, 2018

                                                             7                                                  8

                                                       DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 17 / 22
LES RENDEZ-VOUS DU PRINTEMPS
                               En parallèle des expositions temporaires, le               Ateliers de pratique artistique, rencontres privilégiées
                               domaine départemental de Kerguéhennec,                     autour des oeuvres et des artistes, initiation à la balade
                               multiplie les rendez-vous, les rencontres et les           chorégraphique ou encore performances dansées,
                                                                                          le printemps 2019 verra éclore de nombreuses
                               invitations.
                                                                                          propositions !

                               > 31 mars 2019 : Vernissage des expositions de printemps. Table ronde en présence des artistes : Michel
                               Mousseau, Daniel Pontoreau, Jean-Marie Flageul et Jean-Baptiste Cautain, 15h (gratuit sur réservation).

                               > 28 avril 2019 : Rencontre autour de l’exposition de Daniel Pontoreau avec l’intervention de Luc Lang (auteur)
                               et Karim Ghaddab (critique d’art), en présence de l’artiste, 15h

                               > 10 et 11 avril 2019 : Ateliers de pratiques artistiques en famille avec Julien Perrier (artiste) autour du thème
                               de la sculpture. 14h30-16h30 (payant sur réservation).

                               > 17 et 18 avril 2019 : Ateliers de pratique artistique en famille avec le collectif La Maison, composé des artistes
                               Jean-Marie Flageul et Jean-Baptiste Cautain, autour du thème de la gravure. 14h30-16h30 (payant sur réser-
                               vation).

                               > 12 mai 2019 : Rencontre autour de l’exposition de Michel Mousseau avec l’intervention de Madeleine
                               Renouard (auteure) et de Célia Houdart (auteure), en présence de l’artiste, dès 15h (gratuit sur réservation).

                               > 8 et 9 juin 2019 : Les Rendez-vous Danse aux jardins. Nous lançons une invitation à découvrir le domaine
                               avec des chorégraphes et danseurs, sous la forme d'ateliers, de balade chorégraphique, de jeu de piste choré-
                               graphique et plastiques, et d'invitation collective à la danse (gratuit sur réservation).
UN NOUVEL ESPACE DÉDIÉ AUX ACTIONS ARTISTIQUES
                                                 L’éducation artistique et culturelle est au cœur              C’est dans ce contexte que Jean-Marie Flageul et Jean-
                                                 du projet du Domaine de Kerguéhennec, sur                     Baptiste Cautain ont poursuivi leur travail de gravure. Ils
                                                 site et hors-les-murs.                                        proposent une représentation du paysage transformé.
                                                                                                               Transformé par la nature (les couleurs, les matières) par
                                                 Il s'agit d'articuler étroitement création, édu-
                                                                                                               l'homme et transformé par leur propre pratique. L’expo-
                                                 cation et transmission. Cet espace est dédié à                sition A travers champs présente les œuvres réalisées
                                                 la présentation des productions réalisées par                 durant cette résidence.
                                                 les artistes lors de leurs interventions avec le
                                                 public.                                                       "Ma démarche se rapproche de celle d'un documenta-
                                                                                                               riste allant à la rencontre de ses sujets sur leurs lieux
                                                 > EXPOSITION                                                  de vie ou de travail, les questionne et les écoute ; ces
                                                 A travers champs de Jean-Marie Flageul                        témoignages, recueillis sous forme de notes et d’aqua-
                                                                                                               relles, me permettent d’affiner mon regard sur le réel et
                                                 et Jean-Baptiste Cautain
                                                                                                               d'en livrer une lecture sensible et subjective, qui dépasse
                                                 Membres du collectif La Maison, Jean-Marie Flageul et         la simple représentation esthétique. Je pratique en cela
                                                 Jean-Baptiste Cautain pratiquent la gravure à partir du       une forme de gravure ancrée exclusivement dans le réel."
                                                 réel, d’expériences sensibles donnant lieu à des créa-        Jean-Baptiste Cautain
                                                 tions originales.
                                                                                                               "Mes productions, fruit d’une confrontation directe d’un
                                                 Les artistes, en résidence artistique au collège Saint-       regard et d’un existant, sont basées sur des expériences
                                                 Louis de Saint-Jean-Brévelay y ont installé leur atelier      sensibles d’observation du quotidien. Il convient donc
                                                 de gravure. Durant six semaines, ils ont alterné des          pour moi de garder à l’esprit ces observations afin de
                                                 moments de création avec des temps d’ateliers de              faire autre ce que je vois, ce que je perçois, lors de
                                                 gravure auprès des collégiens et des résidents d’une          déambulations qui constituent la base préalable de
                                                 maison de retraite. Ce projet intitulé Poétiser son paysage   mon travail de dessin et de gravure. Ces déambulations,
                                                 a invité les élèves et les résidents à observer le paysage    errances, marches, participant de fait à mon expérience
                                                 et à échanger sur leur manière d’y vivre. Par la gravure      artistique." Jean-Marie Flageul
                                                 et par l’écriture, chacun propose son histoire, son regard
                                                 poétique sur ce paysage.

                                                                                                                       DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 19 / 22
LES MICRO FOLIES DU PARC
                           Depuis 2018, le parc du Domaine de              C’est dans ce contexte que deux artistes accueillis
                           Kerguéhennec est en cours de restauration.      en résidence, Guillaume Babin et Edouard Sautai
                           Cette nouvelle gestion paysagère, soucieuse     on été invités à produire des dispositifs de lecture et
                                                                           d’appréhension du dessin paysager et à s’interroger sur
                           des enjeux écologiques, sanitaires et de
                                                                           les usages du parc par ses visiteurs.
                           sécurité des visiteurs, a également pour
                           objectif la restauration du parc paysager       Guillaume Babin a conçu des repaires pour et dans le
                           historique.                                     parc comme autant de points d’ancrage où se tenir, seul
                                                                           ou avec, dans une conversation intime ou partagée avec
                                                                           les lieux, soi et les autres, proches ou étrangers, dans une
                                                                           attention renouvelée aux êtres et aux choses.
                                                                           Ce travail sera poursuivi en 2019 avec la construction de
                                                                           nouveaux modules.

                                                                           Édouard Sautai a conçu en 2018 une Capsule mobile
                                                                           d'observation,. Cette installation qui permet au visiteur qui
                                                                           déambule dans le paysage de faire station, lui offrant un
                                                                           lieu de rencontre avec le paysage mais aussi la possibilité
                                                                           de se reposer, de s’abriter d’une averse et pourquoi pas de
                                                                           rencontrer d’autres visiteurs et d’échanger. L'artiste propo-
                                                                           sera en 2019 une nouvelle série de stations de lecture du
                                                                           paysage.
PROGRAMMATION A VENIR

                             ÉTÉ                                             LES JOURNÉES EUROPÉENNES DU
                             DU 30 JUIN AU 3 NOVEMBRE 2019                   PATRIMOINE
                             > FLORA MAXIMA                                  LES 20 ET 21 SEPTEMBRE 2019
                             AVEC JANOS BER, MARIE-CLAUDE BUGEAUD,           > DANSE HORS-LES-MURS
                             DAMIEN CABANES, CHRISTINE CROZAT, MARINE        AVEC JEAN-BAPTISTE ANDRÉ, LOÏC TOUZÉ ET JULIE
                             JOATTON, BERNARD JOUBERT, SYLVAIN LE CORRE,     PERRIN.

                             CHARLES MAUSSION, BERNARD MONINOT, JOSEF        [CHÂTEAU]
                             NADJ, ANNE TASTEMAIN, MANUELA MARQUES.
                                                                             LES RENCONTRES MUSICALES DE
                             [COMMUNS]                                       KERGUEHENNEC
                                                                             DU 19 AU 21 OCTOBRE 2019
                             > PIERRE TAL COAT / INAUGURATION DU             > SECONDE ÉDITION
                             PARCOURS PERMANENT                              ATELIERS ET CONCERTS DE POCHE AUTOUR DE LA
                             EN REGARD                                       CRÉATION MUSICALE D'AUJOURD'HUI.

                             [CHÂTEAU]
                                                                             HIVER 2019/2020
                                                                             > EXPOSITION COLLECTIVE AUTOUR DES
                                                                             ARTISTES ACCUEILLIS EN RÉSIDENCE
INFORMATIONS PRATIQUES
                         DOMAINE DÉPARTEMENTAL DE KERGUÉHENNEC (MORBIHAN)

                         56500 Bignan

                         02 97 60 31 84

                         www.kerguehennec.fr

                         DATES ET HORAIRES D'OUVERTURE DES EXPOSITIONS

                         Du 31 mars au 2 juin 2019

                         Du mercredi au dimanche, de 14h à 18h

                         Entrée libre et gratuite

                         CONTACTS PRESSE

                         Agence Observatoire / www.observatoire.fr / 68 rue Pernety, 75014 Paris

                         Vanessa Leroy : vanessaleroy@observatoire.fr - 01 43 54 87 71

                         Domaine de Kerguéhennec / Adrien Courtecuisse - adrien.courtecuisse@morbihan.fr - 02 97 69 54 95

                                                                                    DÉPARTEMENT DU MORBIHAN // DOMAINE DE KERGUÉHENNEC // 21 / 22
Domaine de Kerguéhennec
Une propriété du Département du Morbihan
56500 Bignan
Tél. 02 97 60 31 84

www.kerguehennec.fr

                                           Département du Morbihan - Domaine de Kerguéhennec - janvier 2018
                                           Création et impression
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