Star PROGRAMME DES CINÉMAS STAR
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ÉTAT DE Cinéma Le Star 27 rue du Jeu des Enfants 67 000 Strasbourg GRASS Cinéma Star St-Exupéry 18 rue du 22 Novembre 67 000 Strasbourg Renseignements téléphoniques BOBOLAND (du lundi au vendredi de 09h à 18h) 03 88 32 67 77 VIDOCQ DE NOËL www.cinema-star.com facebook.com /cinemas.star.strasbourg NO BORDER JAMAIS TROP TARD POUR LETO DIRE Star Direction et Programmation : Stéphane Libs Direction d’exploitation : Flore Tournois assistée de J. Picard et de C. Tabaraud Rédaction : R. Sublon, S. Libs, F. Tournois, L'INVISIBLE C. Tabaraud, J. Picard Conception graphique TROLL et mise en page : Caroll Maréchal Éditorial : Stéphane Libs Publicité : VS TROLLS Flore Tournois flore@cinema-star.com
ÉDITO 27.11.2018 Régulièrement, pour ne pas dire systématiquement, avant de m’endormir, je décline une filmo d’acteur ou de metteur en scène, histoire de ne pas perdre le fil. Un peu comme un pianiste de jazz répétant ses gammes sur les exercices d’Oscar Peterson, ou un Thierry Henry essayant de composer une équipe moné- gasque de 11 joueurs, en tant que cinéphile qui se respecte, je décline des filmos. Depuis toujours et avec le plaisir du travail parfois bien fait. Ainsi, l’autre jour, j’ai ressassé 22 films de Robert Aldrich, j’ai même pu me remémorer quelque chose comme 35 films avec Paul Newman. Ce qui est très excitant, complètement vain et peut, au bout du compte, m’empêcher de dormir. Malgré tout, depuis quelques années, je confonds voire oublie les choses de la cinéphilie actuelle, comme si mon disque dur perso était saturé. Ma pratique quotidienne, avec 15 films qui se rajoutent chaque semaine, m’oblige à éliminer pour ne surtout pas que la connaissance devienne plus forte que le ressenti de l’œuvre. Me voilà, par exemple, incapable de citer cinq films de Gaspard Ulliel (quand je ne confonds pas ce dernier avec Pierre Niney). Je vois bien, autour de moi, que l’usage du cinéma est devenu plus versatile et l’attachement au réalisateur et à l’acteur – donc à l’incarnation – n’est plus la raison nécessaire pour voir un film. Une seule question, forcément existentielle, m’obsède : par quelle(s) porte(s) peut- on entrer en cinéphilie si les héros n’en sont pas la raison principale ? Et s’il vous plaît, surtout ne répondez pas à cette question, gardez le mystère entier, il me reste encore quelques années de cinéphilie à tirer. Alors bien sûr il existe des tribus : on a récemment croisé les dingues d’Harry Potter, ceux qui connaissent toutes les scènes des films de Xavier Dolan ou les répliques de Marion Cotillard (non j’déconne, officiellement ça n’existe pas) ; bien sûr les entrées de notre cinéma se maintiennent une fois de plus à un joli niveau cette année et les rétros Tarkovski, Ozu ou Miyazaki trouvent preneur (aussi sur un public jeune), mais m’accrocher à l’idée d’ordonner ces titres de films qui peuplent mon cerveau est une résistance au temps qui passe et à la phrase entendue, il y a déjà bien longtemps sur le dernier album non posthume d’Alain Bashung, phrase qui me hante : « Tout à l’horizontal. Nos envies, nos amours, nos héros ». Fucking Bashung !
6 12.12 FILM DU MOIS COURTS MÉTRAGES 05.12 DE L’IMPORTANCE DES PRÉLIMINAIRES Une affaire de famille 15.01 HIROKAZU KORE-EDA Pour ce numéro, ce sont les élèves de l’option cinéma du lycée Le Gymnase Jean Sturm ( JP ) - 2018 - VOST - 2h01 qui programment les courts-métrages des premières parties. Voyez ce qu’ils vous ont choisi. avec Lily Franky, Sakura Andô... Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu‘elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, survivant de petites rapines qui complètent leurs maigres salaires, les membres de cette famille semblent vivre heureux … Semaine du 05.01 Semaine du 26.12 En première partie du film MARCHE OU CRÈVE en première partie du film LA VIE COMME ELLE VIENT THE GAS STATION EVASION DJINDA KANE - ( FR ) - 2016 - 7'35 PIERRE LE GALL - (FR) - 2015 - 3'40 Est-il possible d'avoir de l'essence et un briquet dans Une femme se balade dans la rue avec un dictaphone ce p... de pays sans montrer ses seins ?!? à la main pour capter l'énergie sonore de différents lieux de vie. Une Palme d’or en film du mois, c’est pas la prise de risque du siècle. Mais comment situer autrement ce film monstre d’un réalisateur qui a une telle bouteille ? Parfois les Palmes Semaine du 12.12 d’or arrivent avec un train de retard. Celle-ci semble tomber pile, tant Une affaire de famille En première partie du film NOUS LES COYOTES Semaine du 02.01 est à la fois une œuvre totale en soi qu’une œuvre maîtresse dans la filmographie dense et En première partie du film STYX singulière de Kore-eda. Bref, cette palme est un chef-d’œuvre – au sens propre. LE COIN C’est étonnant, mais il paraît qu’au Japon le premier ministre n’a pas fait mention de CHARLIE BELIN - (FR) - 2016 - 3' FAUSSE ROUTE cette haute distinction, dans aucun de ses discours. C’est que le film de Kore-eda gêne. Ils attendent dans la rue qu'on leur donne du travail, FRANCOIS VOGEL - (FR) - 2017 - 5' Toujours sans en avoir l'air, le cinéaste continue avec ce treizième film à dénoncer la du pain, un regard. Mais ils ne nous attendent pas Un homme au bord d’une route déclare vouloir faire fracture sociale d'un pays qui véhicule par ailleurs une image idéale de bien-vivre et de pour chercher à être heureux. un break et quitter la civilisation. Il se laisse alors réussite. Plus que jamais, il pose son regard à la marge de la pauvreté et de la précarité, glisser au milieu des voitures pour finalement se s'arrangeant le plus sereinement du monde avec l'amoralité. Ici on est voleur à l'étalage de père en fils et on arnaque de mère en fille. Quoiqu'il se passe, l'important chez Kore- Semaine du 19.12 perdre en pleine mer. En première partie du film MON PERE eda, c’est de rester en famille. Et cette nouvelle chronique du réalisateur, qui décompose les foyers pour en comprendre les liens, est paradoxalement d’une infinie tendresse. En Semaine du 09.01 JE SUIS ORIENTÉE en première partie du film BORDER pénétrant le quotidien de cette famille, on se sent vite accueilli, intime et touché. Car leurs OLIVIER RICHE - (FR) - 2015 - 2'30 affaires, même une fois détricotées, n’ont jamais autant parlé d’amour. Une adolescente passe un entretien pour faire le OKTAPODI choix de son futur métier. J.BOCABEILLE, F.X.CHANIOUX, O.DELABARRE - ( FR ) - 2007 - 2'27 Pour échapper aux griffes d’un commis cuisinier, deux poulpes se lancent dans une burlesque course poursuite.
8 9 05.12 05.12 Pig Assassination Nation Marche ou crève Les confins du monde MANI HAGHIGHI SAM LEVINSON MARGAUX BONHOMME GUILLAUME NICLOUX ( IR ) - 2018 - VOST - 1h48 ( US ) - 2018 - VOST - 1h50 - Int– 12 ans ( FR ) - 2018 - 1h25 ( FR ) - 2018 - 1h43 avec Hasan Ma’juni, Leila Hatami, Leili Rashidi... avec Odessa Young, Suki Waterhouse, Hari Nef… avec Diane Rouxel, Jeanne Cohendy, Cédric Kahn… avec Gaspard Ulliel, Guillaume Gouix, Gérard Depardieu… Un mystérieux serial killer s’attaque aux Comme partout ailleurs, Lily, élève de terminale, Elisa, une adolescente fougueuse et passionnée, cinéastes les plus adulés de Téhéran. Hasan et son cercle d’amis évoluent constamment dans veut profiter de l’été de ses 17 ans sur les pentes Indochine, 1945. Robert Tassen, jeune militaire Kasmai, un réalisateur iranien, est étrangement un univers de textos, selfies, tchats et autres posts escarpées du Vercors où elle a grandi. Mais sa français, est le seul survivant d’un massacre dans épargné. Censuré depuis des mois, lâché par son sur les réseaux sociaux. Quand un hacker se met mère quitte la maison et la laisse seule avec son lequel son frère a péri sous ses yeux. Aveuglé actrice fétiche, il est aussi la cible des réseaux à publier des détails personnels compromettants père pour s’occuper de sa sœur handicapée. Une par sa vengeance, Robert s’engage dans une sociaux. Vexé, au bord de la crise de nerfs, il veut sur les habitants de leur petite ville, celle-ci responsabilité de plus en plus lourde qui la fait quête solitaire et secrète à la recherche des comprendre à tout prix pourquoi le tueur ne s’en sombre rapidement dans la folie pure. Lily et ses basculer de l’amour à la haine, jusqu’à perdre pied. assassins. Mais sa rencontre avec Maï, une jeune prend pas à lui et cherche, par tous les moyens, à camarades survivront-elles à cette nuit infernale ? Indochinoise, va bouleverser ses croyances. attirer son attention. La force de Marche ou crève, qui est aussi l’expli- On ne va pas vous le cacher, Assassination Nation est cation à son âpreté, est de faire corps avec son Même si, ici, et c’est une prouesse, Guillaume Nicloux Lorsqu’on parle de cinéma iranien, cela se concentre un film qui dépote. Pour autant, le film n’est pas une sujet. Engoncé et sec, peinant à s’ouvrir, le film tout tient tout cela en 1h43, un des grands plaisirs du toujours autour de quelques thèmes récurrents : la extravagance qui entremêle dans un délire de réalisa- entier est le juste prolongement du regard d’Elisa, cinéma réside dans ces films au long cours, nécessi- dictature en place, la place des femmes, Téhéran ou teur, le sexe, la drogue et les réseaux sociaux chez les grande sœur en mal d’insouciance, porté par l’élan tant une longue infusion ; ces films qui nous laissent encore la jeunesse iranienne. Cette fois-ci, autant vous plus jeunes. Assassination Nation est terriblement bien de ses 17 ans mais retenue chez elle par une vie de un peu coi à la sortie puis qui, chaque jour passant, l’annoncer tout de suite, Pig est la proposition décalée foutu et avance sur la base d’un scénario construit. Il famille que l’on ne choisit pas. Elisa est la sœur de s’étoffent. Il se passe alors cette chose étrange ; le et loufoque du cinéma iranien. est important quand on parle de la montée de la vio- Manon, handicapée physique et mentale (incarnée film est-il exact à notre souvenir ou l’a-t-on déjà, en Pig retrace le parcours d’un tueur en série qui ne lence de ne pas faire n’importe quoi. Dans l’énergie du par Jeanne Cohendy, qui elle ne l’est pas et on ne quelques jours à peine, fabriqué pour qu’il soit celui s’en prend qu’à des réalisateurs iraniens, et manque film, dans son côté imparable, nous ne sommes pas l’aurait jamais cru), la fille de François (père dévoué fantasmé ? Arrangeons-nous du vrai pour prêcher une de chance il ne s’intéresse pas à Hasan Kasmai, réa- très loin du chef-d’œuvre d’Arthur Penn, La poursuite et inconséquent, joué par l’admirable monolithe certitude ; Les confins du monde est l’adaptation fran- lisateur sans permis d’exercer, qui tombe peu à peu Impitoyable. Même banlieue étouffante, même popula- Cédric Kahn) et d’une mère partie s’aérer, elle. çaise d’Apocalypse Now, parfaitement décomplexée, dans l’oubli et ne souhaite qu’une chose : revenir tion lâche qui stigmatise sa haine sur les plus affaiblis, C’est traité sèchement, un peu à la Dardenne pour totalement premier degré, brillante de nonchalance, sur le devant de la scène, même si ça doit passer par même puritanisme affligeant et aveugle. Ce qui change le dire vulgairement, la musique en bonus. Marche où le colonel Kurtz est écrivain et l’opium le fruit de un assassinat. Le film est gorgé d’humour noir et de (et c’est pourquoi le film fait peur) c’est que ce qui se ou crève rappelle aussi, dans sa source autobiogra- nos entrailles. Oui, c’est du Guillaume Nicloux ! Celui scènes caustiques. D’un point de vue plus informatif, passe dans cette petite ville existe également à l’échelle phique, le récent documentaire de Sandrine Bon- du Poulpe, de L’enlèvement de Michel Houellebecq il montre les dessous inconnus du milieu cinémato- mondiale. L’intime, exposé sur les réseaux parole de naire (Elle s’appelle Sabine), la fiction en bonus. et du Concile de Pierre réunis. Avec Les confins du graphique de Téhéran, avec notamment les relations vérité (puisque désormais le politique, le social, la monde, Guillaume Nicloux réalise un film essentiel entre comédiennes et metteur en scène, la place de famille, l’amitié… sont fragiles quand il existent encore), et rouvre plaie béante de notre société cinéphile : la télévision, des clips et évidemment de la censure. est dangereusement atteignable. C’est de cette priva- comment expliquer que les guerres d’Indochine et Pig est une hilarante comédie, bien barrée. tion-là, de ce viol en communication, que tout fout le d’Algérie soient si peu présentes sur la toile ? Guil- camp, progressivement, sur des chemins déjà tracés. laume Nicloux, lui, fonce dans l’tas. Avec toujours un Cerise sur le gâteau, le film impressionne par son mon- pas d’côté. tage et sa mise en scène et il possède, en son cœur, une des plus belles scènes vue cette année.
10 05.12 FILM COUP DE CŒUR Leto KIRILL SEREBRENNIKOV ( RU + FR ) - 2018 - VOST - 2h06 avec Teo Yoo, Roman Bilik, Irana Starshenbaum… Leningrad. Un été du début des années 80. En amont de la Perestroïka, les disques de Lou Reed et de David Bowie s’échangent en contrebande, et une scène rock émerge. Mike et sa femme la belle Natacha rencontrent le jeune Viktor Tsoï. Entourés d’une nouvelle génération de musiciens, ils vont changer le cours du rock’n’roll en Union Soviétique. Commençons par les superlatifs : Leto c’est sans conteste « l’autre Palme d’or » et ceci même si la vraie Palme d’or est aussi top. Ici souffle le vent de la liberté. Celle de quelques jeunes qui, dans les années 80, font du rock dans un pays qui n’a que faire de ce truc contestataire. Ils sont donc forts, font se lever les foules mais surtout ils sont jeunes et beaux dans un pays où les icônes ont, par contre, leur place. Ainsi pendant une bonne heure, le film enchaîne des séquences magnifiques et vivantes. Celle sur la plage qui fait se rencontrer le futur triangle amoureux est à voir et à revoir tant la beauté fragile qu’on devine éphémère (être éphémère est la base même d’un groupe de rock), filmé par une caméra qui tourne, frôle, chope un regard… en fait un grand moment de cinéma. En une scène, Kirill Serebrennikov – démerdez-vous pour bien retenir ce nom – nous fait chavirer. Pour autant, le film ne va jamais vers le contemplatif, mais garde son punch et son inven- tivité. Puis Leto se concentre sur les trois personnages principaux. Il ralentit sa cadence, se fait un peu plus bavard, moins punk. C’est dans cette deuxième partie qu’il devient un chouia plus politique puisque, malgré tout, pour exister, le groupe a besoin de respecter des principes qui lui permettent de mieux transgresser la répression. Le film perd un peu de son insouciance tout en gardant sa beauté et son émotion. Car désormais les choses sérieuses commencent : l’amour s’invite.
12 13 05.12 FILM 06.12 12.12 COUP DE CŒUR PROJECTION Nous les coyotes HANNA LADOUL & MARCO LA VIA Pupille DÉBAT ( US ) - 2018 - VOST - 1h27 avec Morgan Saylor, McCaul Lombardi, JEANNE HERRY Betsy Brandt… ( FR ) - 2018 - 1h47 avec Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche, Elodie Bouchez… jeu. 06.12 ~ 18h ~ Star Amanda et Jake ont la vingtaine et veulent commencer une nouvelle vie ensemble à Los À l'occasion du CNGOF (organisme qui fédère la pro- Angeles. Rien ne se passe comme prévu pour le Théo est remis à l’adoption par sa mère biologique le jour de sa naissance. C’est fession de gynécologue en France) qui aura lieu à jeune couple. Leur première journée dans la Cité un accouchement sous X. La mère a deux mois pour revenir sur sa décision...ou Strasbourg du 4 au 7 déc. associations et collectifs des Anges va les emmener de déconvenues en pas. Les services de l’aide sociale à l’enfance et le service adoption se mettent en s'organisent pour dire stop aux violences gynécolo- surprises d'un bout à l'autre de la ville. mouvement. Les uns doivent s’occuper du bébé, le porter (au sens plein du terme) giques et obstétricales. dans ce temps suspendu, cette phase d’incertitude. Les autres doivent trouver Séance en mixité choisie* organisée par Le planning celle qui deviendra sa mère adoptante. familial, La Nouvelle Lune, ACAP, SOS Homophobie et le Collectif Premier Jet, et suivie d'un débat avec la réalisatrice Nina Faure et la chercheuse Cécilia Giles. PAYE (PAS) TON GYNÉCO NINA FAURE - ( FR ) - 2018 - 0h20 Dans une immersion entre enquête sociale et tou- Cela fait déjà un moment que le doute n’est plus per- cher vaginal, Nina Faure réalise un documentaire mis, Nous les coyotes rend la chose encore un peu sur les violences faites aux femmes dans le cadre plus certaine ; le feel good movie aurait sa place dans des examens gynéco et/ou obstétriques. les rayonnages de la Fnac, si le principe de rayonnage à la Fnac faisait encore sens au moment où tout n’est plus que coffret et algorithme. C’est un autre débat, n’est ce pas, et surtout c’est un moyen de ne pas parler du film qui nous concerne ; Nous les coyotes. Pupille est un film admirable de précision, de méticulosité et, vertu rare de nos jours, de calme. Ce n’est pas tant que l’on a rien à en dire, même si là Jeanne Henry y déploie, avec finesse et attention, le long processus d’un accouchement sous nous ne poursuivons que très subtilement ce stra- X et l’adoption qui s’en suit. À la manière des cercles concentriques, chaque scène succède à tagème consistant à éviter le sujet, et hop quelques une autre en élargissant le champ d’action des personnages. Et, presque irrémédiablement, lignes de plus de grattées, tranquilou, ni vu ni connu s’installe l’évidence de ces instants où les émotions sont tirées à l’extrême, où les enjeux admi- (ben non le texte n’est pas signé), mais Nous les nistratifs et moraux cohabitent, parfois dangereusement, avec l’empathie et l’amour naissant, Entrée libre dans la limite des places coyotes est la juste promesse de son pitch, de son l’amour fuyant. Dans sa construction très documentée, presque clinique, on pourrait être disponibles affiche et de sa bande-annonce. Un package qui ne tenté de se souvenir de Polisse (de Maïwenn) ; il faudrait en extraire l’obscénité et alors oui, déçoit pas, un step-movie comme un récit initiatique il y aurait une filiation possible. La filiation justement, au cœur même de ce film précieux et, *la mixité choisie est une pratique consistant à organiser des à l’âge de tous les possibles où plus rien ne l’est vrai- surtout, droit. rassemblements réservés aux personnes appartenant à un ment. Sinon se rencontrer soi-même, mais à deux ou plusieurs groupes sociaux considérés comme opprimés c’est mieux. ou discriminés. Ici, ce rassemblement est ouvert aux femmes ( trans ou cis ), aux hommes trans, aux personnes non binaires et inter sexes.
15 12.12 La Strada Derniers jours à Shibati FREDERICO FELLINI HENDRICK DUSSOLIER ( IT ) - 2018 - VOST - 1h48 ( FR ) - VOST - 2017 - 0h59 avec Anthony Quinn, Guilietta Masina, Richard Basehart… Dans l’immense ville de Chongqing, le dernier des vieux quartiers est sur le point d’être démoli et ses Gelsomina a été vendue par sa mère à Zampano, habitants relogés. Le cinéaste se lie d’amitié avec MARCHÉ qui la brutalise et ne cesse de la tromper. le petit Zhou Hong et Madame Xue Lian, derniers Ils partent ensemble sur les routes, vivant témoins d’un monde bientôt disparu. misérablement du numéro de saltimbanque de DE NOËL Zampano. Surgit Il Matto (le fou), violoniste et poète, qui seul sait parler à Gelsomina. ** sam. 15.12 ~ 13h à 19h Star St-Ex CINÉ-BROC’ C’est un film témoignage sur Shibati, quartier ancien d’une mégalopole chinoise aussi grosse que l’Au- * triche, qui va être rasé. Le réalisateur se promène, Vente ** Quand les mots touchent juste, il faut parfois savoir les emprunter. Alors citons André Bazin exactement comme un touriste pourrait le faire, avec une caméra et tente de créer des liens sans d'affiches de l'année sam. 22.12 ~ 10h30 à 13h (critique et cofondateur des Cahiers du Cinéma) qui écrivait à propos de La Strada : « C’est l’his- pour autant parler chinois. Il vient et revient et, à force, noue un lien avec trois habitants. Il les suit, les Offrir des cours de natation synchronisée sans Star toire d’un homme qui apprend à pleurer. » On regarde, les interroge un peu. Shibati est une tâche trop se mouiller avec Le Grand Bain, serait tenté de ne rien ajouter. Par ego, on glissera noire au pied des tours et de centres commerciaux Ou tenter le cadeau canin sans poil et sans reproche avec L’île aux chiens, * quand même quelques mots supplémentaires Si l’on s’accordait un reproche à l’endroit de La immenses. Ici vit le peuple d’en bas, avec ses codes, ses habitudes, son histoire. Mais tout va être rasé pour vos cadeaux et cartes de Vente Strada, ce serait d’avoir un peu trop popularisé les pour recaser ces trois-là dans l’uniformité. voeux pensez aux affiches de ciné ! d'affiches de arts de rue. Passée cette pique fielleuse en guise de transition, évidemment réjouissons-nous de la Le film est incroyable car il tombe à pic : la toute fin de la vie de Shibati est le tout début d’une autre his- Rendez-vous au stand de vente d’affiches pour collection ressortie de ce film majeur, la rencontre entre la toire. Dans une période qui, de manière radicale et trouver LE cadeau à faire ou à vous faire. brutalité d’un homme à qui manquent les senti- violente, concentre l’urbanisation galopante sur trois Si vous ne trouvez rien dans les affiches d’ac- ments et la fragilité d’une femme à qui manquent corps fragiles (une vieille dame géniale, un p’tit gars tualité, un autre temps vous est proposé avec les mots. Deux être qui souffrent et s’en amusent, qui court tout le temps, un coiffeur qui n’en démord quelques pépites conservées avec application * pour satisfaire les amateurs. l’essence même de la violence du burlesque, deux conditions aussi, surtout, masculine et féminine, pas). Pas de blabla pourtant, juste des corps, des regards, des attitudes qui subissent, dans un temps plus que jamais inégaux en droits. Un film qui se donné, un condensé physique de mondialisation. * regarde de tous les points de vue n’est-il pas l’au- Dernière chose, que c’est bien de voir des moyens- gure d’un chef d’œuvre ? métrages en salle !
17 16.12 18.12 LA SÉANCE QUI CINÉ-CLUB FAIT DU BIEN LYCÉEN Un dimanche par mois. Accueil à 9h30, début de séance à 9h40, film à 11h. Les mains sages vous proposent de venir au cinéma mar. 18.12 ~ 18h15 ~ et de préparer au mieux votre séance. Dans une salle Star calme et lumineuse, découvrez le Do-in, un cours d’auto-massage en première partie d’un film sélec- Ciné-club programmé par le Gymnase Jean tionné. Cette technique d’auto-massage qui associe Sturm ouvert à tou.te.s pressions, frictions et tapotements des doigts sur Séance précédée d'une présentation menée par l’ensemble du corps, apaise, relaxe et revitalise et vous les élèves de la spécialité Cinéma mettra de vous mettre dans les meilleures dispositions Tarifs habituels des cinémas possibles pour découvrir le film que vous aurez choisi. PERSÉPOLIS M. SATRAPI & V. PARONNAUD - ( FR ) - 2007 - 1h35 avec les voix de Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Danielle Darrieux… La jeune Marjane vit à Téhéran en Iran sous la Révolution islamique. Pour fuir la guerre contre l'Irak et s'éloigner des répressions, Marjane se retrouve seule à Vienne : elle y découvre la liberté, l'amour et les affres de l'adolescence... Le tarif (do-in + film) Tarif unique = 10 euros la séance de cours d’auto-mas- LES 5 RAISONS DE VOIR PERSÉPOLIS : sage + le film Une histoire adaptée de la BD Persépolis de Tarif porteurs cartes cinéma illimité et cartes d’abonne- Marjane Satrapi, inspirée par sa vie ment = 5 euros + 1 passage carte Une grande leçon d'intégrité par une grand Le film mère inoubliable avec la voix de Danielle Le film est au choix en fonction des séances à l’affiche Darrieux les jours de session. Une pluie de récompenses : Prix du jury à Cannes en 2007, nomination aux Oscars du Les prochaines dates meilleur film d'animation en 2008 - Dim 16.12.2018 - Dim 27.01.2019 Beaucoup d'humour et d'émotion sous les bombes irakiennes et dans l'hiver autrichien Inscription souhaitée sur caisse@cinema-star.com ou directement au cinéma afin de vous recevoir dans Un film sur l'adolescence et sur les les meilleures conditions. premières amours qu'on préférerait oublier...
18 19.12 ÉVÉNEMENT 19 . 1 2 Mon père L’empereur de Paris 08.01 ALVARO DELGADO-APARICIO ( PE + NO + DE ) - 2017 - VOST - 1h41 JEAN-FRANCOIS RICHET ( FR ) - 2018 - 1h50 RÉTRO COMÉDIES avec Junior Béjar Roca, Magaly Solier… avec Vincent Cassel, James Thiérrée, Fabrice Luchini… Dans une région reculée du Pérou, Segundo, MUSICALES un jeune garçon de 14 ans, se prépare à suivre Sous le règne de Napoléon, François Vidocq, le les traces de son père dans l’art traditionnel seul homme à s’être échappé des plus grands du retable. En se rendant à une fête de village, bagnes du pays, est une légende des bas-fonds Segundo observe accidentellement son père dans parisiens. Laissé pour mort après sa dernière une situation qui le bouleverse profondément. La évasion spectaculaire, l’ex-bagnard essaye découverte de ce secret inavouable lui révèle la de se faire oublier sous les traits d’un simple Pour ceux et celles qui auront vu le nouveau Mary Poppins ou qui veulent répéter leurs grands réalité brute du monde dans lequel il grandit. commerçant. Son passé le rattrape pourtant, classiques avant ce même film, voilà de quoi bouger vos gambettes dans des périodes qui et, après avoir été accusé d’un meurtre qu’il n’a demandent respiration et digestion. Pour ceux et celles qui trouvent ça d’un autre temps ou pas commis, il propose un marché au chef de la poussiéreux, faites le test avec vos enfants, vous verrez, ça les rend dingue ! Plus sérieuse- sûreté : il rejoint la police pour combattre la pègre, ment, on ose tout dans ces comédies (c’est même à ça qu’on les reconnait) et parfois, au en échange de sa liberté. détour d’une scène – au hasard Cyd Charisse et Fred Astaire marchant de nuit dans Central Park – l’intrusion de la musique, un pas chassé d’une rare élégance et deux êtres qui sont à l’unisson…l’amour surgit et vous transperce le cœur. C’est un film d’une grande délicatesse, une histoire vue des yeux d’un enfant en admiration devant son père, lien indéfectible entre le monde des humains et celui des cieux. Car l’art du retable est au Pérou ce que le géranium est à notre région, une fondation qui Un film qu’on aurait adoré voir adolescent, pour pou- enracine et s’élève. C’est ainsi que Segundo est pro- voir se prendre pour un héros (surtout mal-aimé) mais tégé d’une certaine pauvreté car il est logiquement le aussi pour son côté physique dépourvu d’effets spé- successeur avéré de l’artisan admiré de tous, jusqu’au ciaux à la con qui ont dévastés les Vidocq, Belphégore jour où… et autres Arsène Lupin dans des temps pas si loin- De la beauté de la première partie, Mon Père s’en va tains. Jean- François Richet mène un pur film de diver- dénoncer une société péruvienne érigeant des valeurs tissement, tambour battant, avec tout ce qu’il faut de morales et religieuses qui anéantissent l’être humain seconds rôles bien trempés, de catacombes célestes, sans aucun souci de compréhension ou de pardon. de policiers bâtards qui ourdissent dans l’ombre, de Le bonheur sera donc bafoué par le glaive de ceux et faux amis qui cachent bien leur jeu et de filles faciles celles qui admiraient. Film de dénonciation qui pour- au grand cœur. Oui, un divertissement qui a l’ambition tant garde sa pudeur et sa beauté, Mon Père est une du romanesque avec très peu de souci de vérité si ce perle un peu cachée dans une programmation qui file n’est celui de faire exister chaque scène. On pourra vite, une perle qui mérité qu’on s’y arrête. toujours y voir d’étranges ressemblances avec notre époque, où le peuple se trouve abandonné par les autorités et vit dans la pauvreté – ce qui par l’auteur de Ma 6-Té va crak-er n’est pas innocent – l’essentiel est ici de retrouver un plaisir de cinéma quelque peu oublié, le goût de l’aventure, de l’artifice et du lâché prise, ouais !
LE MAGICIEN D’OZ V. FLEMING & K. VIDOR - ( US ) - 1946 - VF + VOST - 1h41 TOUS EN SCÈNE VINCENTE MINELLI - ( US ) - 1954 - VOST - 1h52 HORAIRES avec Judy Garland, Franck Morgan, Ray Bolger… avec Cyd Charisse, Fred Astaire, Jack Buchanan… Tony Hunter, artiste déchu, revient à New York où Dorothy, jeune orpheline, vit chez son oncle et sa il est accueilli par ses deux vieux amis, Lily et Ted. 11h 15h30 tante. Tout irait pour le mieux si l'institutrice ne Ils se lancent dans la création d'une comédie musi- détestait pas son chien. C'est alors que Dorothy fait un rêve où elle se trouve transportée au royaume cale qui, à sa première représentation, est un échec mer. 19.12 Chantons sous la pluie retentissant. magique des Munchkins à la recherche de son chien. jeu. 20.12 ven. 21.12 sam. 22.12 Le magicien d’Oz ( VF ) dim. 23.12 Les aristochats lun. 24.12 Tous en scène UN AMÉRICAIN À PARIS mar. 25.12 Un américain à Paris VINCENTE MINNELLI - ( US ) - 1952 - VOST - 1h53 avec Gene Kelly, Leslie Caron, Oscar Levant… mer. 26.12 Chantons sous la pluie Tous en scène Un jeune peintre américain vivant à Paris séduit une femme riche qui, amoureuse de lui, prend en main jeu. 27.12 Les aristochats Un américain à Paris sa carrière. Mais lui n’a d’yeux que pour une jeune danseuse qui doit épouser son meilleur ami. Il par- LES ARISTOCHATS ven. 28.12 Le magicien d’Oz ( VF ) Chantons sous la pluie court les quartiers de Paris à sa recherche, retrou- WOLFGANG REITHERMAN - ( US ) - 1971 - VF - 1h18 vant dans des tableaux inspirés de maîtres impres- Paris, 1910. Madame de Bonnefamille, million- sionnistes la trace de sa bien-aimée… naire excentrique, vit seule entourée de ses chats : sam. 29.12 Les aristochats Le magicien d’Oz ( VOST ) Duchesse et ses trois petits, Marie, Toulouse et Ber- lioz. Un jour, elle convie son notaire pour léguer toute dim. 30.12 Le magicien d’Oz ( VF ) Tous en scène sa fortune à ses compagnons à quatre pattes. Cepen- dant, une clause du testament stipule qu'à la mort lun. 31.12 Chantons sous la pluie Un américain à Paris des chats, ses biens iront à son maître d'hôtel, Edgar. mar. 01.01 Le magicien d’Oz ( VOST ) Chantons sous la pluie mer. 02.01 Les aristochats Le magicien d’Oz ( VOST ) CHANTONS SOUS LA PLUIE jeu. 03.01 Tous en scène Les aristochats STANLEY DONEN & GENE KELLY - ( US ) - 1953 - VOST - 1h42 avec Gene Kelly, Debbie Reynolds, Jean Hagen… ven. 04.01 Un américain à Paris Tous en scène Don Lockwood et Lina Lemont forment le couple star du cinéma muet à Hollywood. Quand le premier film sam. 05.01 Chantons sous la pluie Un américain à Paris parlant sort, tous deux doivent s’accommoder et tournent leur premier film du genre. Si Don maîtrise dim. 06.01 Les aristochats Chantons sous la pluie l'exercice, la voix désagréable de Lina menace le duo. Kathy, une chanteuse, est engagée pour dou- lun. 07.01 Le magicien d’Oz ( VOST ) bler la jeune femme mais celle-ci devient un obstacle entre Don et Lina ce qui n'est pas du goût de cette mar. 08.01 Tous en scène dernière.
22 AVANT-PREMIÈRE 19.12 + RENCONTRE Maya MIA HANSEN-LØVE ( FR ) - 2018 - 1h47 avec Roman Kolinka, Aarshi Banerjee... Décembre 2012, après quatre mois de captivité en Syrie, deux journalistes français sont libérés, dont Gabriel, trentenaire. Après une journée passée entre interrogatoires et examens, Gabriel peut revoir ses proches : son père, son ex-petite amie, Naomi. Sa mère, elle, vit en Inde, où Gabriel a grandi. Quelques semaines plus tard, voulant rompre avec sa vie d’avant, Gabriel décide de partir à Goa. Il s’installe dans la maison de son enfance et fait la connaissance de Maya, une jeune indienne. D’un retour de Syrie à peine effleuré, mais dont on ne peut que deviner les dommages, Maya nous emmène en Inde, pour une renaissance ou peut-être juste pour une histoire d’amour, où naissent quelques sentiments indécis et tortueux, rien de plus commun. Ce voyage, qui nous invite à l’errance, déplace le traumatisme que d’autres auraient traité de front. C’est une croisée des temps, un propre du présent où se rencontrent ce que nous avons vécu et ce qu’il adviendra de nous. Un temps suspendu, sans attentes, sans déterminations, au cours duquel Mia Hansen-Løve laisse à ses personnages, comme à son public, tout l’espace nécessaire à ce trajet. Maya est un film complexe, juste et à chialer. À y regarder de plus près, il n’est pas si intellectuel, mais davantage physique, incarné, charnel. Maya est un film exigeant, c’est vrai – mais que ça fait du bien toute cette intelligence avec autant de sensibilité. AVANT-PREMIÈRE + RENCONTRE lun. 10.12 ~ 20h15 ~ Star St-Ex en présence de la réalisatrice Mia Hansen-Løve
24 25 19.12 26.12 Wildlife The Happy Prince Un violent désir de bonheur L’homme fidèle Une saison ardente RUPERT EVERETT CLEMENT SCHNEIDER LOUIS GARREL PAUL DANO ( GB + BE + IT + DE ) - 2018 - VOST - 1h46 ( FR ) - 2018 - 1h15 ( FR ) - 2018 - 1h15 (US) - 2018 - VOST - 1h45 avec Rupert Everett, Colin Firth... avec Quentin Dolmaire, Grace Seri... avec Laetitia Casta, Louis Garrel, Lily-Rose Depp… avec Carey Mulligan, Jake Gyllenhaal, Ed Oxenbould... À la fin du XIXe siècle, le dandy et écrivain de génie 1792. Loin de l’épicentre de la Révolution Abel et Marianne sont séparés depuis 10 ans. Alors Oscar Wilde, intelligent et scandaleux brille au sein Française, le couvent du jeune moine Gabriel est qu’ils se retrouvent, Abel décide de reconquérir Dans les années 60, Joe, un adolescent de 14 de la société londonienne. Son homosexualité réquisitionné comme caserne par les troupes Marianne. Mais les choses ont changé : Marianne ans, assiste impuissant à la lente dégradation est toutefois trop affichée pour son époque et il révolutionnaires. Une cohabitation forcée entre a un fils, Joseph, et sa tante, la jeune Ève, a grandi. des rapports entre son père et sa mère. est envoyé en prison. Ruiné et malade lorsqu’il en moines et soldats s’ensuit, qui ne laisse pas Et ils ont des secrets à révéler…. sort, il part s’exiler à Paris. Est-ce bien lui celui qui, Gabriel indifférent aux idées nouvelles. un jour, a été l›homme le plus célèbre de Londres ? De Dieppe à Naples, en passant par Paris, Oscar n›est plus qu›un vagabond désargenté, passant son temps à fuir. Il est néanmoins vénéré par une bande étrange de marginaux et de gamins des rues qu’il fascine avec ses récits poétiques... On connaissait Paul Dano pour ses qualités de comé- Et si l’on jouait à Pyramide ? En trois briques : Paris / dien, il faudra dorénavant le compter dans les jeunes L’actualité des gilets jaunes fait ressurgir les reven- polyamour / bobo. Louis Garrel ? Banco ! Pépita like réalisateurs montants du cinéma d’auteur américain. dications et les actions du peuple depuis que 1789 this. On ne va pas voir L’homme fidèle pour se faire Wildlife, son premier film en tant que réalisateur, a a façonné notre Société. Du groupe à l’individu, les surprendre. Le cahier des charges garrelien est ici par- fait l’ouverture de la Semaine de la Critique lors du révolutions nous dépassent comme elles peuvent faitement respecté ; faut-il en rire, en pleurer, souffrir dernier Festival de Cannes et a conquis à la fois les nous marquer à l’intime. Un violent désir de bonheur son indifférence ou se réjouir d’1h15 passée un peu journalistes et les cinéphiles. Le scénario est l’adap- s’inscrit dans ce tumulte. Ce ne sont pas les costumes comme sous sa couette avec un thé citron-gingembre ? tation du roman de Richard Fort, Une saison ardente, d’époque du film de Clément Schneider qui figeront Loin du faste et des paillettes auxquels on s’attendrait Ce coup-ci la charge est encore plus forte puisqu’il et a été coécrit par Paul Dano et Zoé Kazan (petite fille un passé ; l’histoire résonne étonnamment aux bou- pour un biopic sur l’un des plus grands écrivains du s’agit des aventures d’Abel (vous voyez la référence ?), d’Elia Kazan). Wildlife est le tableau mélancolique leversements contemporains. Aussi éloigné que XIXème siècle, servi par un casting de folie – #Colin- de Marianne (incarnée par Laetitia Casta, vous voyez d’une Amérique qui endure, avec calme et résilience, l’on puisse être des fronts, quelles incidences, quels Firthforever, et premier film d’un acteur à la filmogra- la référence ?) et de Eve (hé ben non Louis Garrel n’est sa peine. Un film qui évoque avec tact et précision échos, les révolutions peuvent-elles laisser sur nous ? phie longue comme le bras, The Happy Prince est au pas Adam, c’est pour ça que c’est subtil). Donc oui, il y la lente destruction de la famille modèle des années Un violent désir de bonheur est une sorte d’essai contraire un film sombre, dont la noirceur n’a d’égal a tout pour se dire que ce film est une énième resucée 60, telle qu’on l’imagine depuis des décennies. C’est cinématographique original, mis en scène avec ascé- que les méandres de sa narration. Plus qu’une mono- cul-cul la praline des préoccupations sentimantalo- à travers les yeux de Joe, jeune adolescent qui voit tisme et poésie, qui marque un temps et un espace graphie sur la vie d’Oscar Wilde, le film aborde sans sexuelles de simili-quadra en velours et coeurs croi- s’effondrer les structures de son foyer, que le film de réflexion autour des aspirations spirituelles, poli- sobriété la déchéance d’un succès. sés. Et c’est le cas. L’avantage quand on sait ce que évoque la fin d’un couple, mais aussi la place des tiques et charnelles d’un jeune homme. Les révolu- Davantage, filmer ce tragique, cette fin reléguée aux l’on vient chercher, c’est que l’on n’est pas déçu. Un femmes dans le milieu professionnel ainsi que leur tions tournent en rond mais pas que. Les saisons de bancs d’une société qui l’adulait, est aussi l’occa- peu comme le cadeau de Noël que l’on avait écrit sur émancipation. Joe assiste impuissant aux déboires Gabriel s’enchaînent sur des airs de Marianne Faith- sion pour le nouveau cinéaste de rendre hommage sa liste. parentaux, lui si fragile mais qui va se révéler le pilier full et Patti Smith, ouvrant de nouveaux paradigmes à un des personnages qui aura marqué son siècle et de leur équilibre. Les parents sont incarnés à la perfec- accompagnés par la grâce, non pas du seigneur, mais devancé le suivant en amorçant les débats pour les tion par Carey Mulligan et Jake Gyllenhaal, mais c’est de l’humanisme. Gabriel pense, Gabriel est, Gabriel droits des homosexuels. sans aucun doute Ed Oxenbould qui est la révélation s’ouvre et libère une sensualité nouvelle et vivante.
26 26.12 Troppa Grazia La vie comme elle vient GIANNI ZANASI GUSTAVO PIZZI ( IT ) - 2018 - VOST - 1h50 ( BR ) - 2018 - VOST - 1h38 avec Alba Rohrwacher, Elio Germano… avec Karine Teles, Adriana Esteves, César Troncoso... Lucia, mère célibataire, bataille pour trouver un juste équilibre entre sa fille adolescente, Irène, mère de famille brésilienne, a des journées une histoire d’amour compliquée et sa carrière bien remplies. Entre quatre garçons, un mari de géomètre. Son avenir professionnel se voit rêveur, une sœur au bord de la crise de nerfs et compromis lorsqu’elle réalise que la future une maison qui prend l’eau, elle tente de tout construction d’un bâtiment ambitieux s’avère être orchestrer. Quand son aîné de 17 ans, recruté par dangereux pour l’environnement. Surgit alors une une équipe de handball, annonce son départ pour étrange apparition… l'Europe, Irène est prise de court : saura-t-elle, avec son optimisme bienveillant, inventer un nouveau quotidien pour sa tribu ? Sans oser dire que le cinéma européen se spécialise dans la comédie féministe subtile et militante, admet- tons que la formule lui réussit. Alors que Woman at La vie comme elle vient est un film qui déborde d’éner- war a remporté le Prix Lux – prix cinématographique gie, une sacrée énergie positive même. Si rien n’est décerné par le Parlement européen – Troppa Gra- jamais facile chez les Santi, famille bordélique, mais zia a lui séduit le jury européen de la Quinzaine des si attachante, l’espoir est omniprésent. Comme on dit réalisateurs à Cannes en décrochant le label Europa dans la vie, on ne contrôle pas tout, mais grâce à Irène, Cinéma. Pendant que la nordique sort les armes, sa la mère, pilier de la famille, on accepte les tracas et les cousine d’Italie peine à savoir par quel bout prendre peurs avec optimisme et en gardant le sourire. Alors oui, pour satisfaire les exigences de la Madone, mais ne les Santi ne roulent pas sur l’or, leur quotidien est sou- baisse pas les bras. Deux approches de l’engagement vent chaotique entre une maison qui prend l’eau et le et de la morale, le cœur énergique des femmes pour caractère de chacun, mais ils restent unis. Alors évidem- changer le monde. Avec Troppa Grazia, c’est toute ment, lorsque Irène apprend que son fils aîné va partir l’Italie qui s’exprime. Le réalisateur Gianni Zanasi cui- jouer au handball en Europe, c’est la goutte d’eau qui sine avec légèreté et fraîcheur. Il ose le mélange des pourrait faire déborder le vase. Irène vacille pour la pre- genres, des tonalités, comme celui des grands sujets mière fois, mais elle ne va pas se laisser abattre, loin de là. sociaux ou intimes. Corruption, immigration, foi reli- Gustavo Pizzi signe une véritable déclaration d’amour à gieuse, couple, adolescence, tout y passe et pourtant la famille et à la figure maternelle. le repas ne pèse pas sur l’estomac. Avec Alba Rohrwa- cher, délicieuse au service, Troppa Grazia est un menu original, plein de tendresse et d’optimisme.
AG EN DA ÉVÉNEMENTS SORTIES HEBDOMADAIRES jeu.06.12 18h ~ PROJECTION DÉBAT : PAYE (PAS) TON GYNÉCO ( p. 13 ) mer.05.12 Pig ( p. 08 ) Assassination Nation ( p. 08 ) dim.09.12 11h ~ AVANT-PREMIÈRE : MINUSCULES 2 ( p. 50 ) Marche ou crève ( p. 09 ) lun.10.12 20h15 ~ AVANT-PREMIÈRE : MAYA ( p. 22 ) Pupille ( p. 12 ) Leto ( p. 10 ) sam.15.12 De 13h à 19h ~ MARCHÉ DE NOËL : AFFICHES DE L'ANNÉE ( p. 14 ) Les confins du monde ( p. 09) dim.16.12 9h30 ~ LA SÉANCE QUI FAIT DU BIEN ( p. 16 ) Paddy la petite souris ( p. 48 ) 11h ~ AVANT-PREMIÈRE : CHÂTEAU DE CAGLIOSTRO ( p. 50 ) mer.12.12 La Strada ( p. 15 ) Derniers jours à Shibati ( p. 15 ) mar.18.12 18h15 ~ CINÉ CLUB STURM : PERSÉPOLIS ( p. 16 ) Nous, les coyottes ( p. 13 ) mer.19.12 Du 19.12 au 08.01 ~RÉTRO COMÉDIES MUSICALES ( p. 19-21 ) Une affaire de famille ( p. 06 ) Utoya 22 juillet ( p. 52 ) sam.22.12 10h30 ~ VENTE AFFICHES DE COLLECTION ( p. 14 ) Pachamama ( p. 48 ) mer.02.01 Du 02.01 au 22.01 ~RÉTRO JOHN CARPENTER ( p. 33-36 ) mer.19.12 The Happy Prince ( p. 24 ) dim.06.01 10h ~ DOUDOU CLUB : LE CRIQUET ( p. 38 ) Wildlife, une saison ardente ( p. 24 ) Mon père ( p. 18 ) mar.15.01 20h15 ~ CE QU'IL RESTE DE LA RÉVOLUTION ( p. 43 ) L'empereur de Paris ( p. 18 ) mer.16.01 Du 16.01 au 22.01 ~FESTIVAL TÉLÉRAMA ( p. 46 ) Maya ( p. 22 ) Le petit monde de Bahador ( p. 49 ) Le retour de Marry Poppins ( p. 48 et 52 ) mer.26.12 Grass ( p. 30 ) Monsieur ( p. 31 ) Un violent désir de bonheur ( p. 25 ) L'homme fidèle ( p. 25 ) Troppa Grazia ( p. 26 ) La vie comme elle vient ( p. 26 ) Miraï, ma petite sœur ( p. 30 et 49 ) Les contes merveilleux par Ray Harryhausen ( p. 49 ) mer.02.01 Asako I & II ( p. 31 ) Un beau voyou ( p. 36 ) Styx ( p. 32 ) Bienvenue à Marwen ( p. 52 ) Qui a tué Lady Winsley ? ( p. 32 ) mer.09.01 In my room ( p. 39 ) L'ange ( p. 39 ) Jeune public Film du mois Venue Les invisibles ( p. 40 ) Border ( p. 40 ) Film coup de cœur Patrimoine Avant-première/ séance spéciale Edmond ( p. 38 )
30 31 26.12 26.12 02.01 Miraï, ma petite sœur Grass Monsieur Asako I et II MAMORU HOSODA HONG SANG-SOO ROHENA GERA RYUSUKE HAMAGUCHI ( JP ) - 2018 - VOST + VF - 1h38 ( KR ) - 2018 - VOST - 1h06 (FR+ IN) - 2018 - VOST - 1h39 ( JP ) - 2018 - VOST - 1h59 avec Min-Hee Kim, Jin-yeong Jeong, Saebyuk Kim… avec Tillotama Shome, Vivek Gomber, avec Masahiro Higashide, Erika Karata, Kojib Seto… Kun est un petit garçon à l’enfance heureuse Geetanjali Kulkami... jusqu’à l’arrivée de Miraï, sa petite sœur. Jaloux de Au bout d’une allée, un café que personne ne Lorsque son premier grand amour disparaît du ce bébé qui monopolise l’attention de ses parents, s’attendrait à trouver. Les gens s’assoient et parlent Ratna est domestique chez Ashwin, le fils d’une jour au lendemain, Asako est abasourdie et quitte il se replie peu à peu sur lui-même. Au fond de son de leur vie. Au fil du temps, les clients se côtoient et riche famille de Mumbai. En apparence la vie du Osaka pour changer de vie. Deux ans plus tard jardin, où il se réfugie souvent, se trouve un arbre apprennent à se connaître. Une femme les observe jeune homme semble parfaite, pourtant il est à Tokyo, elle tombe de nouveau amoureuse et généalo-ma-gique. Soudain, Kun est propulsé et semble mettre par écrit leurs pensées. La nuit perdu. Ratna sent qu’il a renoncé à ses rêves. Elle, s’apprête à se marier... à un homme qui ressemble dans un monde fantastique où vont se mêler passé commence à tomber mais tous restent dans le café. elle n’a rien, mais ses espoirs et sa détermination trait pour trait à son premier amant évanoui. et futur. Il rencontrera tour à tour ses proches à la guident obstinément. Deux mondes que tout divers âges de leur vie : sa mère petite fille, son oppose vont cohabiter, se découvrir, s’effleurer... arrière grand-père dans sa trépidante jeunesse et sa petite sœur adolescente ! A travers ces aventures, Kun va découvrir sa propre histoire. Hong Sang-soo est un doudou pour adultes ciné- Pour ceux (et surtout celles) qui ont vu les trois parties philes. Et au rythme auquel il tourne, on pourra de « la première série au cinéma », la bien nommée bientôt se coucher tous les soirs près de lui. Grass, Ce film était en compétition lors de la Semaine de Senses, vous rentrerez dans Asako I et II (qui ne fait comme chacun de ses vingt-deux films est un prolon- la Critique au Festival de Cannes et a reçu le Prix du qu’un film) dans un territoire des sentiments et des gement, de nos vies, de nos lendemains de fêtes qui public aux Festival du film romantique de Cabourg émotions, connu. Ici on tombe amoureux et c’est Digne du Garçon et la bête, de Ame & Yuki – Les sonnent parfois comme des défaites, pourvu qu’on ait ainsi que le Prix du public et le Prix du jury au Festival merveilleux ; ici on est beau, on se sourit, on respecte enfants loups ou de La traversée du temps, ses pré- la douceur, l’ivresse n’est plus une option, pas plus de Saint-Jean-de-Luz. C’est ce qui s’appelle acquérir les détails de la vie ; ici aussi des fantômes rôdent. Le cédents films, le dernier film de Mamoru Hosoda qu’une récompense, sûrement pas un sacerdoce, la une notoriété avant même sa sortie au cinéma. La réa- Kobe de Senses est remplacé par le Osaka de Asako étoffe une filmographie aussi sensible qu’exigeante. boisson alcoolisée est sur la table, tout juste substi- lisatrice Rohena Gera raconte l’histoire d’une attirance (vous suivez ?) car bien sûr, la physionomie de la ville On le compare à Miyazaki, comme s’il fallait à tout tuée par le café, court, serré, à l’encontre du flot des inavouable entre deux personnages que tout oppose. mais aussi les saisons sont, chez Hamaguchi, des per- prix trouver qui prendra la relève, et c’est vrai que les confidences, des émotions non feintes, lâchées ou Ratna vient de la campagne, là où les traditions font sonnages à part entière. thématiques chères à la Japanime des grands noms retenues, dans des cris que l’on écrirait sourds et lois, elle est la domestique de Ashwin, fils d’une Asako et les personnages du film ont 20 ans ce qui (la famille, l’enfance, l’initiation) le préoccupent aussi, qui sonnent au fond de nos bois. Mise à nue, épu- famille riche de Bombay. L’appartement d’Ashwin, où pousse le film vers la bluette adolescente. Pourtant autant qu’il les croise avec le genre fantastique. Les rée, stylisée jusqu’à l’ombre de cette homme filmé travaille et vit Ratna, sera le lieu de leur rencontre et de Hamaguchi, fidèle à son cinéma, continue à ne parler obsessions de l’animation japonaise sont inépui- de dos, a-t-on déjà vu un fantôme s’adressait à nous sa limite, un appartement dans lequel l’intimité existe que des relations humaines avec délicatesse et préci- sables à explorer, mais Hosoda répète ses gammes sous nos yeux vus, en chair, en os, en ombre, donc ? mais est constamment empêchée par des barrières sion, comme si elles étaient la chose la plus précieuse avec nuances. Son cinéma est plus âpre et bien plus Grass rend ivre, rendons lui grâce. invisibles et terriblement tenaces. Chacun a sa place. au monde. Car nous sommes ici au cœur de l’intime et complexe, un peu plus adulte peut-être, quoique ce Rohena Gera signe un huis clos sensible et touchant, de la question existentielle. sont des présupposés de grandes personnes car tous dans lequel elle dénonce les inégalités sociales, la les enfants ayant vu le film l’ont adoré. prééminence des hommes sur les femmes et la force des traditions.
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