Programme pour la protection du climat - Vers une Suisse respectueuse du climat
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Pourquoi un Programme pour la protection du climat? L’Alliance demande une action rapide Les changements climatiques prennent des L’attente n’est pas une solution proportions effrayantes. Par conséquent, Les mesures prévues jusqu’en 2020 sont les mesures contraignant à une stabilisa- quasiment sans incidence sur les coûts, tion, voire à une baisse de la concentration car elles visent avant tout à améliorer l’effi- en gaz à effet de serre, et par là-même de cacité des systèmes. À l’inverse, les projets la température dans l’atmosphère s’im- ultérieurs de réduction des émissions obli- posaient depuis longtemps. Tandis que la gent à instaurer un cycle de remplacement nécessité de prendre de telles mesures est accéléré pour les bâtiments et les biens tout à fait incontestable, certaines incer- d’équipement durables, ce qui implique titudes et certains désaccords persistent des coûts d’adaptation considérables pour quant à leur portée, au moment de leur le secteur privé et les consommateurs. Il mise en application ainsi qu’au choix des est dans tous les cas plus sensé pour une instruments. Le Programme pour la pro- économie nationale d’investir dans une tection du climat apporte une proposition conception active de l’avenir, plutôt que systématique sous la forme d’un catalogue consacrer ses dépenses à des mesures d’instruments. Il donne ainsi en premier lieu réactives liées au réchauffement climatique. des signaux à long terme pour une Suisse Les initiatives individuelles permettent à un respectueuse du climat. Le Programme pays d’opter pour une démarche ciblant les accroît en parallèle la sécurité de planifica- conditions-cadres locales et par là-même tion pour les entreprises du secteur privé, de trouver les solutions les mieux adaptées ainsi que pour les autorités et les investis- sur le plan social, écologique et économi- seurs. La Suisse y trouve un intérêt direct, que. puisqu’elle est particulièrement concernée La Suisse – particulièrement touchée par par les changements climatiques. Mais une le réchauffement climatique! – a grand telle responsabilité lui incombe également, intérêt à ce que la Communauté inter- car conjointement avec d’autres pays nationale convienne le plus tôt possible, industrialisés, elle contribue de manière dans le cadre de l’ONU, de nouvelles prépondérante à l’apparition du problème. mesures contraignantes visant à atténuer Le problème revêt un caractère mondial, les changements climatiques. Selon le mais les méthodes de résolution s’orientent principe du pollueur-payeur et le principe selon des données nationales, et notam- de précaution, à la base de la Convention ment en fonction des caractéristiques sur les changements climatiques, les pays géographiques des différents pays. En industrialisés devront prendre de nouveaux Islande par exemple, la géothermie offre engagements de réduction pour la période de nouveaux potentiels énergétiques; en allant jusqu’à 2020. Suède, on constate un intérêt renouvelé pour la biomasse; en Suisse, les gains d’efficacité dans les transports et le bâti- ment sont au cœur des préoccupations, associés à une utilisation économique des ressources ainsi qu’à un recours accru à Contenu la biomasse, au rayonnement solaire et à L’Alliance demande une action rapide 2 la géothermie. Une efficacité énergétique 90 % de CO2 en moins – au minimum 3 accrue et la contribution plus importante Impact financier 7 des énergies renouvelables réduisent éga- 2000 watts pour vivre 8 lement la dépendance des États vis-à-vis La politique climatique dans un monde unifié 8 de l’exploitation gazière et pétrolière. Et cet Les instruments en présence 10 argument est un argument de poids, car Catalogue des instruments 12 nombre de ces régions exportatrices sont Bibliographie 19 menacées par des conflits. 2
Vers une stabilisation du climat 90 % de CO2 – au minimum En 2005, la température moyenne mon- ques». Grâce au Protocole de Kyoto, ces diale avait augmenté de 0,72 degré Celsius objectifs prioritaires ont été concrétisés par par rapport à l’époque préindustrielle. Le des étapes et des mesures de réduction changement de température est deux fois obligatoires. Sur la base des connaissan- plus élevé en Suisse: selon des analyses ces du Groupe d’experts intergouverne- réalisées par l’École polytechnique fédérale mental sur l’évolution du climat (GIEC), il de Zurich, la seule augmentation pour le 20e siècle est comprise entre 1,3 et 1,6 L’Alliance pour le climat l’exige: la degré. Les conséquences de l’augmen- Suisse doit tation mondiale de la température sont concevoir sa politique climatique de aujourd’hui déjà visibles et sensibles, et manière à ce que la rapidité du ré- sont également largement prévisibles. Des chauffement de l’atmosphère au niveau périodes de sécheresse et des inondations mondial reste inférieure à 0,1 degré catastrophiques, la propagation accrue de Celsius par an, et à ce que le réchauffe- maladies telles que le paludisme, la hausse ment mondial maximal reste inférieur à 2 du niveau de la mer, la dégradation des degrés Celsius par rapport à la période conditions de pêche, la disparition d’espè- préindustrielle (valeurs moyennes). ces animales et végétales, la déstabilisa- réduire les émissions de gaz à effet de tion des Alpes due au dégel du permafrost, serre de 30 % d’ici à 2020 et de 90 % d’ici à 2050, par rapport à l’année 1990. sont autant de scénarios envisageables. se fixer un objectif de taux d’émission La Communauté internationale a pris d’une tonne d’équivalents CO2 par per- conscience du problème et a ratifié la sonne et par an. Pour une population de Convention sur les changements climati- 8 millions de personnes, cela correspond ques en 1992 lors du Sommet de la Terre à à des émissions de 8 millions de tonnes Rio. La Convention a pour objectif d’em- de gaz à effet de serre (tableau 1). pêcher les «perturbations anthropogènes faire de la société à 2000 watts un dangereuses» et de permettre une «adap- objectif législatif. tation naturelle aux changements climati- «Les terres sous l’eau», un phénomène qui pourrait se produire plus fréquemment en Suisse: inondations à Locarno en octobre 2000. 3
convient d’établir d’autres périodes dites des changements. Un taux de réchauffe- d’obligation ainsi que de nouvelles réduc- ment de 0,05 degré par décennie laisse tions en matière d’émissions: la hausse suffisamment de temps aux écosystèmes mondiale de la température doit rester pour s’adapter – mais pour de nombreux inférieure à 2 degrés Celsius. systèmes, une augmentation de 0,1 degré en 10 ans est déjà trop élevée. 2 degrés au maximum En raison de l’influence de la formation Objectifs pour la Suisse des nuages, de la pollution de l’air et Jusqu’à présent, la Suisse s’est essen- d’autres facteurs, le rapport causal entre tiellement concentrée sur la réduction des les changements de température et la émissions de CO2 liées à l’énergie – mais concentration en gaz à effet de serre avec peu de succès. Pour atteindre les dans l’atmosphère est très complexe. On objectifs du Programme pour la protection peut tout de même cerner les risques de du climat, fixés à huit millions de tonnes manière relativement précise. Dans le cas d’équivalents CO2 par an, ce qui cor- d’une concentration de 550 ppm d’équiva- respond à une tonne par personne, les lents CO2, l’augmentation de la tempéra- émissions liées à l’exploitation de l’énergie ture dépasse 2 degrés avec une probabilité (hors trafic aérien) devraient être réduites de 75 % (encadré «La notion d’équivalents de 90 % et celles issues de processus CO2»). Dans le cas d’une concentration non-énergétiques ainsi que de l’agricul- de 400 ppm, ce risque n’existe qu’à 20 %. ture devraient être réduites de deux tiers Cependant, on enregistre aujourd’hui déjà (tableau 2). Ces réductions sont condition- plus de 400 ppm, dont 380 ppm pour la nées par une amélioration significative de seule concentration de CO2. Une brève l’efficacité énergétique, un recours accru hausse à 475 ppm suivie d’une diminution aux énergies renouvelables, des technolo- sous les 400 ppm limite également l’aug- gies à faibles émissions ainsi qu’une modi- mentation à 2 degrés. fication du comportement de la population Une augmentation moyenne de la tempé- sur la base de nouvelles conditions-ca- rature mondiale de 2 degrés par rapport dres. Pour ce qui est du trafic aérien, il est aux conditions préindustrielles engendre urgent d’établir des conventions internatio- déjà des risques considérables en matière nales visant à la réduction des émissions. de dommages climatiques et devrait, de En raison des taux de croissance élevés ce fait, servir de limite internationalement et de la longue durée de vie des avions, le reconnue. Cette valeur mondiale signifie potentiel de réduction est estimé à seule- pour l’espace alpin une augmentation de ment 30 %, en dépit de mesures techni- près de 4 degrés Celsius ainsi que la fonte ques très efficaces. Cette modeste baisse quasi-totale des glaciers. Pour la plupart demande une compensation dans d’autres des écosystèmes, il convient de prendre secteurs. Pour cette raison, l’importance en compte non seulement les valeurs des puits de carbone par reboisement de absolues, mais également la dynamique surfaces de terrain appropriées doit être La notion d’équivalents CO2 des niveaux différents. Les émissions de Le dioxyde de carbone (CO2), mais éga- gaz à effet de serre peuvent être conver- lement le méthane, le protoxyde d’azote, ties en équivalents CO2 en fonction de les hydrofluorocarbures, les perfluoro- leur efficacité relative. L’abréviation ppm carbones ainsi que l’hexafluorure de signifie parties par million et est utilisée soufre sont les premiers responsables de comme unité de mesure de la concen- l’effet de serre causé par l’homme. Ces tration (nombre de molécules de CO2 par différents gaz à effet de serre agissent à million de molécules d’air). 4
Modifications en pour cent Graphique 1: Modifica- 120 tions nécessaires des 100 émissions d’équivalents 2020 CO2 d’ici à 2020 et d’ici 80 à 2050 par rapport à 60 l’année de référence 40 2050 1990, afin de stabiliser 20 la concentration en gaz 0 à effet de serre dans - 20 l’atmosphère à 400 - 40 ppm. Les différentes - 60 émissions actuelles ainsi que les diverses - 80 possibilités de réduction - 100 des émissions selon les global OCDE 90 EX-URSS et Asie Afrique et Europe de l’Est Amérique latine groupes de pays ont été prises en compte [1]. Émissions en tonnes d’équivalents CO2 par habitant et par année 15 14 13 12 Graphique 2: Émis- 11 sions par personne Importation nette d’émissions grises de gaz 10 en Suisse en 1990 à effet de serre 9 (année de référence) Effet de serre trafic aérien 8 selon l’Office fédéral de 7 l’environnement, ainsi Émissions non dues à l’exploitation d’énergie que compensation du 6 Émissions dues à l’exploitation d’énergie trafic aérien et objectifs 5 (hors trafic aérien) pour l’année 2050 selon 4 l’Alliance. La différence 3 entre les émissions 2 d’une part et l’impor- 1 tance des puits de 0 carbone, ainsi que les Puits de carbone forêt -1 réductions à l’étranger Réductions à l’étranger d’autre part donne une -2 non prises en compte tonne d’équivalents CO2 -3 1990 2050 par personne et par an -4 pour l’année 2050. Tableau 1: Émissions de gaz à effet de serre, années de référence 1990, 2004 et objectifs pour 2050 Valeurs en millions de tonnes d’équivalents CO2 1990 2004 2050 Emissions dues à l’exploitation de l’énergie, hors trafic aérien 41,6 43,5 4,5 Emissions non liées à l’énergie 10,7 9,2 3,5 Effet de serre causé par le trafic aérien (y c. vapeur d’eau et NOx) 9,8 10,7 7,1 Importance des puits de carbone forêt (incl. reboisement) – 1,3 – 2,1 – 7,1 Importation nette d’émissions grises de gaz à effet de serre 36 39,5 17,0 Réduction issue de mesures mises en œuvre à l’étranger – 17,0 Total 96,8 100,8 8,0 5
Le trafic de personnes motorisé produit d’énor- mes quantités de gaz à effet de serre – des alternatives sont néces- saires. Voici la Hy-Fly hautemente efficiente. intégralement portée au compte CO2 du million de tonnes contre huit millions – et trafic aérien. La compensation faite à la syl- les échanges d’électricité (un million de viculture est réalisée par l’intermédiaire des tonnes contre cinq millions) contribuent lar- passagers aériens suivant le principe du gement à cette réduction. Les autres sec- pollueur-payeur. Cependant, la contribution teurs – par exemple le secteur alimentaire des nouvelles forêts agit pour le moment – prennent part à la réduction à hauteur de manière limitée. Pour cette raison déjà, d’environ dix millions de tonnes (contre 20 on annonce des réductions supplémentai- millions de tonnes aujourd’hui). La Suisse res d’émissions dans le trafic aérien. Dans se doit également d’assumer la responsa- le même temps, l’exploitation des forêts bilité de ces émissions résiduelles, comme garantit un bois de construction et un bois- le propose l’Alliance, et de les compenser énergie sans incidence sur le climat. au travers de projets de protection du Près de 40 % des émissions dont nous climat adaptés à l’étranger – sans tenir sommes aujourd’hui responsables revien- compte des objectifs nationaux. Ces pro- nent à l’étranger – dans la production de jets de compensation doivent satisfaire aux biens importés en Suisse. Et ce, déduction critères de «Gold Standard». Cette norme faite des émissions causées en Suisse par de qualité initiée par des organisations non la production de biens destinés à l’expor- gouvernementales fixe pour les projets tation. Les raisons de cette part élevée de protection du climat des exigences en d’émissions grises de gaz à effet de serre matière de durabilité, de type de projet et s’expliquent, dans le cas d’un commerce de mode de calcul des réductions nettes. extérieur supérieur à la moyenne, par des exportations parallèlement faibles en produits gourmands en énergie. Concer- nant cette «importation nette d’émissions grises de gaz à effet de serre», l’Alliance fixe l’objectif pour 2050 à 17 millions de tonnes d’équivalents CO2, ce qui exige une réduction de 57 % par rapport à la valeur actuelle. La baisse de la production et du traitement des énergies à l’étranger – un 6
Emploi, frais externes, bénéfice secondaire Impact financier Les calculs du Groupe d’experts inter- gouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), de l'OCDE, de l’EPF Zurich et d'un grand nombre d'autres institutions démon- trent que les coûts directs des mesures de protection du climat sont totalement ou partiellement compensés par les avantages qui en résultent, tels que l'amélioration de la santé, les économies d'énergie et la stimu- lation de certains marchés. Sans compter que cette comparaison n'intègre même pas le bénéfice primaire résultant de la réduc- tion des émissions de gaz à effet de serre! L’EPF Zurich chiffre le coût annuel des mesures impliquées par une taxe d'inci- tation conformément à la loi sur le CO2 à 140 millions de francs. Ces coûts sont à comparer avec les milliers de nouveaux emplois qui pourraient être créés ainsi que De nombreuses mesu- les économies réalisées en matière de serre évalue le coût de la tonne de CO2 en- res visant à stabiliser le frais externes, évaluées entre 220 et 400 tre 15 et 280 euros, en précisant que l'éva- climat produisent une utilité économique nette. millions de francs. Le bénéfice net peut luation raisonnable peut être chiffrée à 70 ainsi être estimé à 80 millions de francs au euros [3]. En extrapolant ce chiffre pour la minimum. Des économies considérables Suisse, on obtient un coût de quelque 10 pourraient être réalisées dans le secteur de milliards de francs par an. Le fait que ces la santé: une réduction des émissions de coûts externes ne soient pas ou peu pris CO2 de l'ordre de 10 % épargne 500 décès en charge par les pollueurs eux-mêmes est prématurés, 7000 cas de bronchite infan- particulièrement révoltant. En effet, dans tile et 430 000 jours de congés maladie. le domaine de la protection de l'air et du On peut dès lors se poser la question de climat, les pollueurs ne prennent en charge savoir pourquoi ces mesures économiques qu'une partie des coûts; les frais non cou- ne sont pas mises en œuvre de manière verts sont considérables et peuvent être conséquente. estimés à 7 milliards de francs [4]. Il existe au moins trois raisons à cela: En Suisse, les marchés de l'environnement En général, les coûts externes ne sont génèrent actuellement 95 000 emplois pas pris en compte dans les décisions et produisent un chiffre d'affaires de 20 économiques et par les consommateurs. milliards de francs (2002). Suivant un pro- Ce qui se justifie sur le plan macro-éco- nostic du WWF, ce chiffre d'affaires croîtra nomique n'est pas toujours vrai pour une de 46 % d'ici à 2015 pour atteindre 32 entreprise ou un consommateur. milliards de francs; parallèlement, l'emploi L’information sur les solutions et produits augmentera de 37 % pour atteindre les les plus rentables ne circule pas toujours 131 000 places de travail. Une étude de bien; nombre d'obstacles bloquent des l’EPF [5] confirme les chiffres du WWF. décisions rationnelles. Selon cette étude, l'instauration d'une Un grand nombre d'acteurs du marché taxe d'incitation sur le CO2 permettrait à basent leurs décisions sur d'autres critères elle seule la création de 20 000 emplois que les seuls critères monétaires et la supplémentaires. Les études réalisées en maximalisation du bénéfice. Allemagne sur l'incidence de la réforme de Une étude largement étayée portant sur la fiscalité environnementale donnent des les coûts des émissions de gaz à effet de chiffres comparables. 7
Des modes de vie respectueux du climat 2000 watts pour vivre La consommation énergétique des habi- tants de notre pays, qui s’élève actuelle- ment à 6000 watts par personne, est bien trop élevée. C’est pourquoi une politique et des modes de vie orientés vers la notion de durabilité doivent avoir pour objectif de réduire la consommation énergéti- que d’un facteur 3, c’est-à-dire à 2000 watts par personne. Et cela est loin d’être impossible, comme le prouvent, à l’aide d’études détaillées, de nombreux instituts scientifiques, parmi lesquels on compte la Direction des travaux publics du canton de Zurich, l’Office fédéral de l’énergie, quatre instituts appartenant aux EPF, l’Aca- démie Suisse des sciences techniques (ASST) ainsi que plusieurs organisations de défense de l’environnement [5]. Les études présentées possèdent trois points communs. Premièrement: les technolo- gies aujourd’hui prêtes à faire leur entrée sur le marché permettraient de réaliser l’objectif d’une consommation énergétique annuelle de 17 500 kilowatts-heure, ce qui correspond, par personne, à 2000 watts ainsi qu’à des émissions respectives d’une tonne d’équivalents CO2. Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain, et c’est là Les énergies renouvela- l’objet du deuxième point, car la mise en en répondant au besoin résiduel par un bles (ci-dessus) et des modes de construction application nécessite du temps; les délais recours aux énergies renouvelables. Tou- efficients (lotissement se mesurent en décennies. Troisièmement: tefois, cela nécessite en premier lieu une Minergie-P «Konstanz» à malgré les divergences dans l’évaluation adaptation rigoureuse des constructions et Rothenburg) sont la clé des potentiels, toutes les études recom- installations, des véhicules et des disposi- d’un approvisionnement mandent d’améliorer l’efficacité de l’exploi- tifs, ainsi qu’une utilisation plus économi- énergétique durable. tation de l’énergie d’un facteur 2 à 20, tout que des ressources. La politique climatique dans un plan du commerce extérieur. Toutefois, prendraient des décennies – sans garan- monde unifié l'expérience donne une image totale- tie de réussite. Toutefois, cette perspec- Le Programme pour la protection du ment différente de la situation. Même tive demeure la solution idéale. climat et ses instruments concernent au sein de l'UE, la fiscalité reste une Une proposition futuriste a été formulée exclusivement les émissions causées compétence nationale et les tentatives en Angleterre (www.feasta.org): par la Suisse, ce qui suscite la réappa- d'instauration de taxes valables dans Tous les habitants de la terre ont les mê- rition d'un vieil argument, d'une perti- toute l'UE ont donné lieu à des appro- mes droits en matière d'émission de CO2. nence pourtant limitée: les problèmes ches minimalistes. En outre, pour tenir Ces droits seraient fractionnés et répar- mondiaux requièrent un instrument compte du pouvoir d'achat national, il tis de manière égale conformément aux mondial. De fait, une taxe d'incitation faudrait pouvoir fortement différencier objectifs de réduction visant à empêcher de portée internationale présenterait les taxes globales. Rien que sur ce les changements climatiques dangereux, certains avantages, notamment sur le point, les négociations multinationales et seraient négociables sans restriction. 8
Chacun pourrait donc vendre ses droits Ce système présente de nombreux longue. La participation des grands au tarif du marché à des intermédiaires avantages. Les principaux bénéficiaires pays tels que les USA serait indispen- locaux, qui les revendraient aux person- seraient les personnes et les pays les sable. Ces pays seraient au départ nes intéressées. plus pauvres. L'augmentation du pou- obligés d'acheter des droits d'émission Une nouvelle devise, mondialement voir d'achat permettrait aux pays indus- pendant des décennies. La Suisse reconnue, garantirait que le négoce inter- trialisés d'obtenir de nouveaux marchés devrait suivre avec intérêt ce type national de certificats ne provoque pas sans qu'il n'y ait d'obligation de crois- d'approches, sans toutefois se borner de raréfaction de l'énergie dans certains sance. Conclusion: l'économie mondiale à attendre leur mise en place. Les ins- pays. À plus long terme, cette devise, deviendrait plus équitable, plus stable, truments nationaux déjà mis en œuvre appelée «Ebcu» (Emissions-backed cur- et plus durable, sur le long terme. permettent d'améliorer l'acceptation rency unit) compléterait voire remplacerait Toutefois, la voie permettant la réalisa- et de faciliter l'adoption d'un futur le système monétaire traditionnel. tion de cette proposition est encore fort système global. 9
Aperçu Les instruments en présence Critères d'évaluation des instruments infrastructure, et particulièrement de l’ap- Conformément à la méthode d'évaluation provisionnement en énergie ainsi que des du Groupe d’experts intergouvernemental bâtiments, des véhicules et des appareils. sur l’évolution du climat (GIEC), le choix Il est également essentiel de voir s’instaurer des instruments pour le Programme pour une compréhension nouvelle des services la protection du climat repose sur trois énergétiques et, consécutivement, de voir groupes de critères principaux (tableau 2): la population adopter un comportement L’efficacité environnementale: la mesure orienté selon les objectifs de protection du est-elle efficace? climat. Mais de telles évolutions n’arrivent L’efficience économique: la mesure pas toutes seules. Elles nécessitent pour permet-elle d'atteindre l’objectif avec un ce faire un Programme de protection, la minimum de frais? mise en application des instruments de La compatibilité sociale et la faisabilité l’économie de marché, des instruments politique: l'instrument est-il légitime, réali- réglementaires et volontaires. L’assortiment sable, juste et proportionné? d’instruments proposé obéit à un objectif L'évaluation des 80 instruments dépend unique: faire les comptes conformément fortement de la manière dont ils sont pré- au principe du pollueur-payeur, réduire les sentés. Le présent document se borne à émissions, éviter les dommages environ- citer les instruments et à relever leurs effets. nementaux et promouvoir la protection so- Pour atteindre les objectifs fixés en termes ciale. Ce n’est qu’au travers de ces nouvel- de protection du climat, la Suisse doit ré- les incitations et conditions-cadres que l’on duire ses émissions nationales de gaz à ef- pourra créer un environnement dans lequel fet de serre d’un million de tonnes d’équi- il vaudra la peine de prendre des décisions valents CO2 par an pour les 45 prochaines Tableau 3: Catalogue des instruments années. Par ailleurs, seule une réduction si- Émissions sectorielles de gaz à effet de serre aujourd’hui (2004) gnificative de la consommation énergétique et lors de l’introduction de tous les instruments (2025) permet un approvisionnement durable en énergie. Cela exige une modification – d’un Instruments principaux – Instruments complémentaires application immédiate Ces instruments améliorent point de vue actuel, étendue – de notre Ces instruments conduisent l’efficacité des instruments Tableau 2: Critères d'évaluation des différents instruments respectivement, dans les 15 principaux et empêchent ou Efficacité environ- Efficience écono- Compatibilité ans suivant leur introduction, réduisent les effets de transfert nementale mique sociale et faisabilité à une réduction annuelle d’au indésirables. politique moins 1 million de tonnes Réduction des Rapport coût- Effets sur l'emploi d’équivalents CO2. émissions après 3 efficacité pour les Equité de la répar- Sont privilégiés les instru- ments présentant une effi- ans consommateurs et tition cience économique positive et Réduction des les entreprises Compatibilité avec compatibles sur le plan social émissions après 15 Rapport coût- le droit international et politique. ans efficacité sur le plan Principe du pol- Instruments principaux – à Instruments de soutien Réduction de la macro-économique lueur-payeur partir de 2013 Ces instruments complètent consommation Coût administratif Libre choix Certains des instruments prin- les instruments principaux énergétique après Sécurité des inves- Sécurité de l'ap- cipaux sont appropriés à une permettant d’atteindre les 15 ans tissements provisionnement application immédiate, d’autres objectifs. Effets secondaires Compatibilité doivent entrer en vigueur au Feedback et avec le commerce plus tard en 2013. transfert extérieur (Les chiffres entre parenthèses indiquent l’effet des instruments après 15 Incidence sur l'in- ans – comme mesure unique –, en millions de tonnes d’équivalents CO2 novation par année. Les effets individuels ne peuvent être additionnés de manière quelconque.) 10
en faveur du climat et où les libertés ne Graphique 3: Émissions de gaz à effet de serre en seront pas inutilement restreintes. Les 2004 selon l’Office fédéral de l’environnement, ainsi instruments déjà valables aujourd’hui font qu’en 2025 et 2050 selon le Programme pour la partie intégrante de l’assortiment proposé, protection du climat réalisé par l’Alliance; émissions sans que ces mesures ne soient également classées par secteurs. répertoriées. Ceci s’applique par exemple ³MISSIONS DE GAZ Ì EFFET DE SERRE EN MILLIONS DE TONNES DÏQUIVALENTS #/ aux programmes de SuisseEnergie, aux PAR ANNÏE dispositions en matière de construction, aux taxes routières ainsi qu’aux entreprises consommant beaucoup d’énergie. Structure des instruments Pour atteindre ces objectifs ambitieux, il est indispensable de combiner plusieurs instruments, ce qui permettra de créer des incitations pour la prise de décisions en )MPORTATION NETTE DÏMISSIONS GRISES DE GAZ Ì EFFET DE SERRE faveur du climat et de réduire les émis- sions, sans porter préjudice à la qualité "ÊTIMENT 4RAFIC DE de vie ni engendrer de coûts nets pour PERSONNES 4RAFIC AÏRIEN l’économie nationale. L’effet individuel des )NDUSTRIE ARTISANAT instruments est quantifié dans les tableaux 4RAFIC DE ³LECTRICITÏ MARCHANDISES $ÏCHETS !UTRES 6 à 13. Combiné à d’autres instruments, 3YLVICULTURE SECTEURS !GRICULTURE l’effet global ne correspond pas à la somme des effets individuels puisqu’ils se recoupent partiellement. Des descrip- 0ROJETS DE PROTECTION DU CLIMAT tions et évaluations détaillées de tous les Ì LÏTRANGER instruments étudiés sont présentées à l’adresse www.wwf.ch/klimafakten. Le catalogue établit du reste une distinction entre instruments principaux, instruments Tableau 4: Effets des instruments par secteurs complémentaires et instruments de soutien Valeurs en millions de tonnes d’équiva- 2004 2025 2050 (tableau 3). lents CO2 par an Importation nette d’émissions grises 34,5 30 16 Effets des instruments de gaz à effet de serre (sans échange Les instruments répertoriés dans le ca- d’électricité) talogue réduisent de 37 % les émissions Bâtiment 19 6,4 d’équivalents CO2 causées en 20 ans par Trafic de personnes (hors trafic aérien) 13,2 3,5 la Suisse, pour atteindre 63,9 millions de Industrie et artisanat 9,4 4,8 tonnes par an. Si l’on considère unique- Trafic de marchandises (transport routier 3,4 2,1 8 ment les gaz à effet de serre émis dans le uniquement) pays et mentionnés dans le Protocole de Kyoto (hors trafic aérien), les émissions Déchets 1,8 1,1 de 1990 – 51 millions d’équivalents CO2 Agriculture 5,4 4 – diminuent même de 64 % jusqu’en 2025. Sylviculture – 2,1 –4 –7 On peut ainsi certainement atteindre, voire Trafic aérien 10,7 12 7 dépasser la valeur cible de 30 % d’émis- Consommation et production d’électricité 5,4 4 1 sions en moins d’ici à 2020. Ces progrès 100,8 63,9 25 présupposent la mise en application de Projets de protection du climat à l’étranger 0 – 38 – 17 l’ensemble de l’assortiment d’instruments Total 100,8 25,9 8 à partir de 2011 (tableau 4 et graphique 3). 11
Par secteurs Catalogue des instruments Importance de la taxe d’incitation 50 % au moins. Étant donné que, parallè- La taxe d’incitation intersectorielle repré- lement à cette évolution, la consommation sente la principale exigence établie par énergétique baissera naturellement, les l’Alliance. Les importantes fluctuations du taxes devraient augmenter de 20 milliards prix du pétrole liées au marché, ainsi que de francs à plus long terme afin de conti- le niveau maximum atteint aujourd’hui, nuer à suivre les objectifs fixés. s’avèrent être une base de départ insuffi- Redistribution: nombreuses sont les sante pour les investissements permettant variantes de redistribution des recettes de réaliser des économies d’énergie. À issues des taxes sur l’environnement et l’inverse, les taxes constituent une partie l’énergie à la population ou au secteur fiable et prévisible des modes de calcul privé. La redistribution prévue de la taxe des coûts; leur effet est par conséquent sur le CO2 par personne et par l’intermé- bien meilleur. diaire de réductions des cotisations AVS Il convient de ce fait d’une part d’introduire des employeurs rencontre un accueil très la taxe d’incitation applicable aux combus- favorable et constitue par là-même au tibles déjà prévue dans la loi sur le CO2 et moins une option pour la compensation d’augmenter progressivement les taux de financière des futures taxes d’incitation et la taxe en fonction de l’objectif, et d’autre taxes sur l’énergie. Une partie des taxes part d’étendre également cette taxe d’inci- doit dans tous les cas servir à couvrir les tation aux carburants et aux émissions de coûts de mise en application de l’assorti- gaz à effet de serre industriels. ment d’instruments proposé. En complément de la taxe d’incitation Répercussions: les taxes d’incitation concernant les gaz à effet de serre, une influent en premier lieu sur le comporte- taxe énergétique dynamique doit égale- ment de la population et de l’économie. ment accroître l’efficacité de l’exploitation Les décisions en matière d’investissement de l’énergie et contribuer à ménager les sont par ailleurs davantage prises en faveur ressources. d’une substitution des énergies fossiles par Les dépenses annuelles de la Suisse des énergies renouvelables. Les mécanis- dans le domaine de l’énergie s’élèvent mes se recoupent dans leurs répercus- aujourd’hui à 25 milliards de francs. Pour sions et entraînent les plus gros effets de garantir à plus long terme également l’effet réduction après une dizaine d’années. La incitatif souhaité et éviter les mécanismes question de leurs répercussions entraîne de compensation indésirables, la part de une réponse plutôt flexible, qui illustre la l’énergie – y compris les taxes – dans le sensibilité des coûts de la consommation produit national brut doit augmenter de énergétique: une majoration des énergies fossiles de 10 % réduit les émissions de Tableau 5: Instruments fondamentaux gaz à effet de serre de près de 3 %. Réduction de 8,2 millions de tonnes d’équivalents CO2 par En tant qu’instrument fondamental, la année, répartie sur tous les secteurs (inclus) taxe d’incitation est efficace dans tous les Instruments principaux – Instruments de soutien secteurs (et y est également quantifiée de application immédiate Suppression des subventions manière détaillée). Elle représente l’instru- Taxe d’incitation sur le CO2 à l’énergie ment le plus efficace avec un potentiel de applicable aux combustibles et Étude de l’impact sur le réduction de 8,2 millions de tonnes d’équi- carburants climat valents CO2 par an. Instruments principaux – à partir de 2013 Taxe d’incitation dynamique applicable à tous les gaz à effet de serre ainsi qu’aux agents énergétiques 12
Le bâtiment Les pouvoirs publics en exemple Par comparaison avec les constructions La Confédération, les cantons et les que l’on rencontre aujourd’hui commu- communes ainsi que d’autres collectivités nément, les maisons Minergie-P et les chauffent leurs bâtiments, utilisent des maisons passives consomment 5 à 20 fois véhicules et utilisent une grande quantité moins d’énergie pour le chauffage et la d’électricité pour différentes tâches. Les production d’eau chaude sanitaire. Le po- décisions prises par ces institutions tentiel de réduction des émissions est tout devraient en premier lieu se fonder aussi élevé. En raison des faibles pourcen- sur des aspects d’économie natio- tages de nouvelles constructions ainsi que nale. Les pouvoirs publics peuvent des nombreux obstacles à la rénovation, et doivent ainsi montrer l’exemple la réalisation de bâtiments plus respec- et s’affirmer en tant que pionniers, afin tueux du climat exigera de très longs délais de permettre de donner naissance à des d’application. Le besoin moyen élevé constructions, des produits et des services ainsi que le dilemme locataire-propriétaire respectueux du climat, d’en assurer la pré- notamment constituent une entrave à la sentation et d’en réduire le coût. Dans leur couverture des coûts énergétiques. Cette Tableau 6: Bâtiment retenue dans les mesures de construction MILLIONS DÏQUIVALENTS #/ PAR AN importantes sur le plan énergétique s’op- MILLIONS DÏQUIVALENTS #/ PAR AN pose très nettement à la conclusion plau- sible selon laquelle, compte tenu des prix Instruments principaux – Instruments complémentaires application immédiate Incitations pour les maisons actuels de l’énergie, le besoin en chaleur Taxe d’incitation sur le CO2 passives et maisons Minergie-P des anciens bâtiments peut être renta- applicable aux combustibles (0,3) et les maisons Minergie- blement diminué de moitié. Une nouvelle (3,4) P par l’intermédiaire d’un plan réduction est intéressante sur le plan de Bourse de consommation d’affectation (0,4), tant que le l’économie d’entreprise en cas de double- de chaleur ou part minimale standard n’est pas introduit (3) ment des prix de l’énergie, rendu possible, d’énergies renouvelables (2 Passeport pour bâtiments (0,2) sans perturber le marché, au travers d’une à 6) Outil de gestion du bâtiment taxe dynamique sur l’énergie et les gaz à Déduction fiscale des réno- (1) ou obligation de plan de effet de serre. Ces instruments principaux vations énergétiques sur cinq rénovation (1) améliorent durablement la rentabilité des ans (1,7) Cours aux maîtres d’ouvrage mesures de construction. Au regard des Fonds de rénovation lié au (0,07) obstacles connus, ils sont toutefois insuffi- bâtiment (1) Diplôme additionnel pour archi- sants. En outre, le dégrèvement fiscal des tectes (–) projets de rénovation importants sur le plan Décompte individuel des coûts énergétique doit permettre une déduction énergétiques (0,9) sur cinq ans et il convient de mettre en Instruments principaux – à Instruments de soutien place une obligation d’alimenter un fonds partir de 2013 Part minimale des énergies re- de rénovation à cette fin. La part maximum Standard «maison passive» nouvelables dans la production d’énergies non renouvelables dans les ou Minergie-P (3) d’eau chaude sanitaire (0,8) nouvelles constructions, qui est aujourd’hui Taxe d’incitation dynamique Prime pour les projets de dé- de 80 %, sera réduite à 20 %. Les bourses applicable à tous les gaz à construction (0,7) de consommation de chaleur, lors desquel- effet de serre ainsi qu’aux Le concierge devient gardien les sont échangés des certificats d’ap- agents énergétiques (3,4) de l’énergie (0,2) provisionnement en chaleur de bâtiments, Ciment pauvre en clinker (0,8) sont très prometteuses mais ne s’inscri- Bois substitué au béton (0,3) vent que rarement au cœur des débats. Si (Les chiffres entre parenthèses indiquent l’effet de réduction induit par tous ces instruments sont introduits d’ici à chaque instrument, 15 ans après son introduction, en millions de tonnes 2011, les émissions diminueront de deux d’équivalents CO2. Les effets individuels ne peuvent être additionnés de manière quelconque.) tiers d’ici à 2025. 13
propre domaine d’influence, les pouvoirs Trafic de personnes (hors trafic aérien) publics peuvent ainsi réduire en l’espace Au cours de ces dernières années, la de 15 années les émissions de gaz à effet consommation spécifique moyenne des de serre de trois millions de tonnes par véhicules de nouvelle génération a connu an (cette réduction est considérée dans une baisse insignifiante. Son effet positif chaque secteur). a cependant été plus que compensé par le nombre croissant de véhicules et leur puissance plus élevée. La politique actuelle ne dispose que de peu d’instruments capables d’influen- cer le trafic de personnes; la pro- motion du trafic public et du trafic lent ainsi que les cours Eco-Drive en font partie. Les instruments requis dans le Programme de protection sont tout aussi nombreux. On retrouve également au premier plan la taxe d’incitation applicable aux carburants. Tableau 7: Trafic de personnes (hors trafic aérien) Dès lors que la menace du «tourisme du MILLIONS DÏQUIVALENTS #/ PAR AN carburant» délimite étroitement ces taxes, l’efficacité des véhicules est encouragée MILLIONS DÏQUIVALENTS #/ PAR AN par une limitation des automobiles à forte Instruments principaux – Instruments complémentaires consommation – avec licences échangea- application immédiate Adaptation de la mesure de bles (système d’échange). Une augmen- Taxe d’incitation sur le CO2 consommation normalisée (–) tation marquante des taxes à l’importation applicable aux carburants Taxe sur les véhicules à mo- (1,5) teur selon leur consommation présente un effet similaire. Les structures Système d’échange pour de carburant (0,4) d’implantation qui produisent un faible l’achat de véhicules person- Prime à la casse (0,4) trafic et favorisent le trafic lent doivent nels (5) ou augmentation de Ravitaillements en carburant être privilégiées au moyen d’instruments la taxe à l’importation sur les aux stations d’essence d’entre- d’aménagement du territoire. En consé- voitures (4,2) prise (0,075) quence, les réserves de terrains à bâtir Stabilisation des zones de Imposition des véhicules mal desservies par les transports publics trafic (2) d’entreprise selon leur consom- doivent être déclassées. La stabilisation Structures d’habitation à mation de carburant (0,1) des zones de trafic ainsi que les limitations faible trafic (0,8) Trafic lent et amélioration du de vitesse généralement plus importantes Réduction fiscale pour les trafic public (0,2) réduisent les kilomètres parcourus par les carburants respectueux du véhicules. Le projet Mobility-Pricing, qui climat (1,5) couvre l’ensemble du territoire et encou- Instruments principaux – à Instruments de soutien rage par ailleurs le passage à d’autres partir de 2013 Solutions de substitution re- modes de transport, tend à la même Mobility-Pricing sur tout le spectueuses du climat pour les finalité. Il dépasse largement la notion de territoire (3) climatisations des véhicules (0,3) péage routier ou «road pricing», puisqu'il Limitations générales de Gestion des aires de station- englobe tous les types de trafics et permet vitesse (2) nement (0,1) par là-même, outre le fait d’éviter les Voies de dépassement pour embouteillages, de poursuivre des objectifs les véhicules occupés à plus de de politique climatique. Enfin, l’allègement 50 % (0,2) fiscal sur les carburants respectueux du Promotion du covoiturage (0,1) climat possède un effet positif. Le recours Réduction des entraves aux aux instruments proposés permet de ré- transports publics (0,1) duire de trois quarts les émissions. 14
Trafic aérien ment dans les entreprises consommant De nombreuses conventions internatio- une grande quantité d’énergie. Dans les nales réglementent le trafic aérien. Elles entreprises industrielles et artisanales plus rendent plus complexe la taxation du petites, on manque souvent du savoir-faire carburant. En outre, le Protocole de Kyoto nécessaire pour optimiser les processus n’attribue pas les émissions de gaz à effet et les services énergétiques individuels. de serre – et par là-même la responsa- Cette situation initiale laisse prévoir des bilité de leur réduction – aux États répercussions considérables des taxes individuellement. Des mesures dé- Tableau 8: Trafic aérien terminées au niveau international MILLIONS DÏQUIVALENTS #/ PAR AN devraient de ce fait se faire atten- MILLIONS DÏQUIVALENTS #/ PAR AN dre. Soutenues par les réglementa- Instruments principaux – Instruments de soutien tions internationales, elles sont toutefois application immédiate TVA sur les billets d’avion impératives. À cet encontre, le projet de Échange de quotas d’émis- (0,7) l’UE visant à intégrer le trafic aérien dans sions pour le trafic aérien (3,3) Pas de subventions pour les un système d’échange de quotas d’émis- Obligation de compensation compagnies aériennes (0,05) sions – avec la participation souhaitée de la (12; effet incitatif uniquement Suisse – s’avère avoir un impact positif. Ce 0,5) projet constitue un instrument prioritaire de Vente aux enchères de licen- réduction des émissions. Dans ce contex- ces de décollage et d’atterris- te, il convient de considérer la position sage (5) particulière du trafic aérien dans la pro- * Effet plus que proportionnel des émissions pris en compte blématique climatique: les répercussions des émissions sont de deux à quatre fois Tableau 9: Industrie et artisanat supérieures à celles des émissions de CO2 MILLIONS DÏQUIVALENTS #/ PAR AN (NOx, vapeur d’eau et autres facteurs). Les MILLIONS DÏQUIVALENTS #/ PAR AN avions décollant en Suisse devraient être contraints de compenser intégralement Instruments principaux – Instruments complémentaires leurs émissions, par exemple en incluant application immédiate Compensation de l’impôt la contrepartie dans la taxe de décollage. Taxe d’incitation sur le CO 2 marginal (–) Dans le cas où ces instruments ne produi- applicable aux combustibles et Échange de quotas d’émis- carburants (1,5) sions explicite (1,2) sent pas un effet suffisant, il faudra prévoir Échange de quotas d’émis- une concession de licences pour les sions implicite (AenEC) (1,2) décollages et les atterrissages, combinée HFCs: taxe d’incitation, le cas à un système d’échange. En raison de la échéant interdiction (0,5) hausse prévisible du trafic, l’effet des gaz à SF6: convention de subs- effet de serre émis augmentera de 10 % en titution, taxe d’incitation ou dépit des gains considérables d’efficacité. interdiction (0,1) Instruments principaux – à Instruments de soutien Industrie et artisanat partir de 2013 Registre des émissions (0,5) Dans de nombreuses entreprises, les Taxe sur les émissions de contraintes imposant de brefs délais de CO2 industrielles (0,5) remboursement sur les investissements Taxe d’incitation sur les gaz à empêchent la mise en œuvre de mesu- effet de serre hors CO2 (0,7) ou res économiques visant à réduire la sur l’ensemble des gaz à effet consommation d’énergie, ainsi que les de serre et les agents énergé- émissions des processus industriels et tiques (2,7) artisanaux. Elles contredisent de ce fait AenEC: Agence de l’énergie pour l’économie; HFCs: hydrofluorocarbures; dans une large mesure les objectifs de SF6: hexafluorure de soufre gestion visant au gain d’efficacité, notam- 15
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