Promouvoir l'investissement et l'innovation privés - pour répondre aux besoins en information et en communication des populations pauvres ...

 
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Promouvoir l’investissement
et l’innovation privés
     pour répondre aux besoins en information
     et en communication des populations pauvres
     d’Afrique subsaharienne
Avertissement

Le présent rapport, financé conjointement par infoDev et Alcatel, a été rédigé par les consultants Peter Baldwin et Laurent Thomas. Ce rapport a été super-
visé par Kerry McNamara et Seth Ayers d’InfoDev et Souheil Marine du Département « Digital Bridge Initiative » d’Alcatel. Les auteurs et les superviseurs
internes et externes qui ont lu les épreuves initiales du présent rapport et suggéré des améliorations conséquentes. Nous remercions spécialement Cathe-
rine Camus, éditrice de la Revue des Télécommunications, pour son aide lors des phase de relecture, traduction, mise en formes ainsi que la production
matérielle du présent rapport.

Les constatations, interprétations et conclusions qu’il contient n'engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement les points de vue d’Alcatel,
d’infoDev, des donateurs d’infoDev, de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement/Banque mondiale ou de ses institutions affiliées,
ni des membres du Conseil des Administrateurs de la Banque mondiale ou des pays qu'ils représentent. La Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude
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1818 H Street, N.W.
Washington, D.C. 20433, U.S.A.
Tous droits réservés

Illustrations et mise en page : Atelier Antoine Maiffret (www.maiffret.net)
Imprimé en France par : MACON Imprimerie
22, rue du 134e Régiment d’Infanterie - 71000 Macon. France
Crédits photos couverture : © Alcatel et © Afrique Initiatives
SOMMAIRE

            Résumé                                                                     1

            Introduction                                                               4

Chapitre 1 : Études de cas                                                             8

Chapitre 2 : Comprendre les structures de la demande en TIC
             dans les pays en développement                                           21

Chapitre 3 : La desserte des zones rurales : de nombreux défis à relever              28

Chapitre 4 : Miser sur les nouvelles technologies et les infrastructures existantes
             pour couvrir les besoins en TIC des populations rurales pauvres          35

Chapitre 5 : Comprendre la chaîne de valeur                                           47

Chapitre 6 : Développer des modèles économiques viables pour les opérateurs
             de réseaux en zone rurale                                                53

Chapitre 7 : Création de cadres favorables aux TIC en Afrique subsaharienne           64

Chapitre 8 : Pistes pour l’avenir                                                     71

 Annexe A : Glossaire                                                                 73

 Annexe B : Entraves possibles à l’efficacité réglementaire                           75

            Bibliographie                                                             76
Avant-propos

Aujourd’hui, plus de deux milliards de personnes, soit près du tiers de la population mondiale,
sont abonnés à des services de télécommunications. Pourtant, malgré l’explosion des services
mobiles ces dernières années, plusieurs milliards de personnes, vivant en majorité dans les pays
en développement, n’ont toujours pas accès à des services susceptibles de couvrir leurs besoins
essentiels en matière d’information et de communication. De surcroît, si la fracture numérique
entre pays développés et pays en développement tend à se réduire, elle ne cesse de s’aggraver
en revanche au sein même des pays en développement. Il s’agit là d’un enjeu particulièrement
important pour de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, dont la population est rurale à plus
de 60 % en moyenne, et qui réclament dès lors des solutions innovantes pour la fourniture d’ap-
plications et de services localisés, l’extension de la couverture en infrastructures et l’optimisa-
tion des opportunités de marché.

infoDev et Alcatel œuvrent depuis de nombreuses années pour répondre à ce défi en assistant
les acteurs clés du secteur dans la mise en place d’un cadre propice à l’utilisation des TIC comme
instrument de lutte contre la pauvreté et de développement durable et diversifié. Notre travail
a porté sur la demande aussi bien que sur l’offre de services TIC. Du côté de la demande, nous
avons, indépendamment ou de concert, soutenu des projets pilotes innovants pour faire la démons-
tration du potentiel de développement que recèlent les services d’information et de communi-
cation localisés ; projets qui ont aussi permis de mettre en évidence les entraves politiques et
réglementaires à la fourniture de ces services. Du côté de l’offre, Alcatel a développé des modè-
les économiques et commerciaux innovants, mobilisant les infrastructures de télécommunica-
tions existantes et à venir pour fournir des services à valeur ajoutée, tout particulièrement dans
les zones rurales ou mal desservies.

Pour être plus efficaces, il est clair que nous devons mieux comprendre l’écart entre l’offre et la
demande, et permettre aux acteurs locaux de combler cet écart. Notre collaboration dans le cadre
de cette étude tente d’apporter un peu de lumière sur ces questions. Nous croyons que les moyens
et les possibilités pour combler cet écart sont à portée de main, mais qu’il faut pour cela ima-
giner des approches innovantes en matière de technologies, d’applications et de services, déve-
lopper des modèles d’entreprise viables, et mettre en place des cadres politiques et réglemen-
taires propices à la fourniture de services TIC dans les zones mal desservies. Le secteur privé
est appelé à jouer un rôle majeur, mais il faudra aussi explorer des pistes de partenariat public-
privé innovantes.

En tant que contribution conjointe à la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de
l’information, cette étude vise à mettre en lumière les possibilités qui s’offrent à nous d’attein-
dre des objectifs de développement essentiels en comblant l’écart entre l’offre et la demande en
TIC, afin de répondre aux besoins en information et en communication des communautés rura-
les et/ou mal desservies d’Afrique subsaharienne.

              Mostafa Terrab                                       Thierry Albrand
          InfoDev Program Manager                         Alcatel, Vice President Digital Bridge
Résumé

  L’
               idée, derrière cette collaboration entre      bien les spécificités de la structure de la
               infoDev et Alcatel, était que le premier      demande en ASS : les pays subsahariens ont
               procède à une analyse de la demande           des taux de mortalité infantile parmi les plus
               pour les services d’information et de         élevés du monde, et il n’existe pas de service
   communication, tandis que l’équipementier télé-           TIC comparable dans le monde développé ;
   coms se pencherait sur les contraintes du côté          • l’information étant un bien normal, la demande
   de l’offre, afin de dresser un tableau complet du         augmenterait avec la diminution du coût de la
   marché des services liés aux technologies de l’in-        bande passante, qui est plus élevé en Afrique que
   formation et de la communication (TIC) en Afri-           partout ailleurs dans le monde. Les solutions pour
   que subsaharienne (ASS). infoDev a puisé dans             faire baisser ce coût passent nécessairement par
   son imposante bibliothèque de projets TIC en              une concurrence accrue entre opérateurs, l’intro-
   ASS. Nombreux étaient ceux qui donnaient un               duction d’obligations d’accès universel et la mise
   aperçu intéressant du marché africain des ser-            en place d’échangeurs IXP nationaux ou régionaux.
   vices TIC, mais la liste des projets demandant à          Une infrastructure dorsale suffisante est également
   être examinés de plus près s’est sensiblement             une condition indispensable au développement de
   réduite au regard des critères suivants :                 services TIC sur une base élargie ;
                                                           • s’il faut s’attendre à ce que la téléphonie vocale soit
   1. les services proposés représentent le fruit            la technologie dominante, surtout dans les pays à
      d’une étude de marché réalisée par le secteur          faible taux d’alphabétisation, la demande pour des
      privé des pays concernés ;                             services de données n’est pas négligeable pour
   2. les services répondent à des besoins non sat-          autant. La clé réside dans le développement de con-
      isfaits identifiés par les objectifs du Millénaire     tenus applicatifs locaux et de services à valeur
      pour le développement ;                                ajoutée à des tarifs abordables. Chacun des cinq
   3. dans la mesure du possible, les projets sont           prestataires de services à valeur ajoutée étudiés au
      financièrement autonomes.                              chapitre 1 témoigne de l’existence d’une demande
                                                             effective pour des services de données ;
   Nous avons ainsi sélectionné cinq projets               • la diffusion des TIC en Afrique subsaharienne
   répondant à ces critères. Ils portent sur des             se heurte à des obstacles majeurs – réglemen-
   domaines aussi différents que la santé, la ban-           tation inadéquate, entraves au marché, manque
   que mobile ou les systèmes d’information sur              d’infrastructures. Plus précisément, l’absence
   les prix et les marchés.                                  de cadre politique constructif en matière de con-
   D’importantes recherches documentaires et                 currence et d’accès universel, les difficultés
   de terrain ainsi que de nombreuses consulta-              d’accès aux capitaux d’investissement ainsi que
   tions auprès d’opérateurs télécoms implantés              le manque de culture informatique générale et
   en Afrique subsaharienne ont permis de déga-              de ressources humaines qualifiées dans le
   ger plusieurs constatations :                             secteur des TIC constituent trois grands
                                                             chantiers à ouvrir pour les gouvernements sub-
   • la demande pour des services d’information et           sahariens. En termes absolus, le projet malien
     de communication est forte en ASS. Les                  IKON dépense, par kilobit, près de huit fois ce
     prestataires locaux ont identifié des besoins           qu’il dépenserait dans un pays développé. La
     dans le secteur de la santé, de la banque, de la        société sénégalaise Manobi rencontre
     géolocalisation, de la gestion foncière, des            d’énormes difficultés pour obtenir un crédit
     places de marché virtuelles, etc. Les services          bancaire, car elle ne possède pas d’actifs
     proposés répondent à d’autres réalités que dans         physiques qu’elle puisse offrir en garantie. Les
     les pays développés, et empruntent d’autres             deux entreprises supportent en outre des
     canaux. Des services comme le programme de              taxes de l’ordre de 50 à 100 % sur le matériel
     «cyberpédiatrie» Pésinet, au Sénégal, illustrent        informatique et de télécommunications ;

                                                                                                Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 1
Résumé

                                                                                • les opérateurs et les prestataires de services                            la Mauritanie et de l’Éthiopie. Entre 1995 et 2003,
                                                                                  peuvent réaliser des profits dans les zones                               la Mauritanie a mis aux enchères deux licences de
                                                                                  rurales et les marchés à faible ARPU (revenu                              téléphonie mobile, privatisé l’opérateur historique
                                                                                  moyen par abonné) s’ils parviennent à réduire                             et institué une autorité de régulation transparente
                                                                                  leur coût total de possession en optimisant                               et efficace. L’Éthiopie n’a rien fait de semblable. Au
                                                                                  leurs dépenses d’investissement (CAPEX) et                                cours de cette période, le taux de pénétration des
                                                                                  leurs dépenses d’exploitation (OPEX). Il leur                             télécommunications a grimpé en flèche en Mau-
                                                                                  faut pour cela mettre au point des solutions                              ritanie, passant de 0,41 % à 11,07 %, tandis que
                                                                                  rentables adaptées aux configurations rurales/                            celui de l’Éthiopie plafonnait à un très bas niveau
                                                                                  périphériques. Les opérateurs doivent aussi                               (de 0,25 % à 0,61 %), alors même que le taux de
                                                                                  faire usage de modèles économiques et com-                                pénétration des communications mobiles pour l’en-
                                                                                  merciaux innovants, exploitant de nouveaux                                semble de l’Afrique subsaharienne (hors Afrique
                                                                                  dispositifs financiers, qui leur permettent de                            du Sud) progressait de 0,26 % à 3,34 %.
                                                                                  mieux répondre à la demande en s’appuyant
                                                                                  sur des stratégies de commercialisation et des                            Meilleur accès aux capitaux
                                                                                  canaux de distribution adaptés ;                                          Le projet IKON, au Mali, de même que la
                                                                                • les utilisateurs à faibles revenus ont besoin de                          société Manobi, au Sénégal, ont fait état de leurs
                                                                                  solutions personnalisées, adaptées à leurs con-                           difficultés à obtenir des prêts des établissements
                                                                                  traintes et à leurs besoins en termes de                                  de crédit de leurs pays respectifs. Le manque
                                                                                  microcrédit, de plans tarifaires, de solutions                            d’actifs physiques, les fortes exigences en
                                                                                  de paiement/prépaiement/rechargement élec-                                matière de constitution de garanties (jusqu’à 80
                                                                                  tronique, de fonctionnalités du terminal, etc.                            % du montant du prêt), le niveau des commis-
                                                                                                                                                            sions prélevées, les retards importants dans le
                                                                                Facteurs déterminants de succès                                             versement des fonds, sans compter les droits
                                                                                Au-delà de ces constatations communes, l’étude                              d’importation relatifs au matériel TIC (qui peu-
                                                                                a permis de faire ressortir plusieurs facteurs                              vent atteindre 50 %), empêchent les start-ups de
                                                                                déterminants pour la réussite du déploiement de                             capitaliser sur leur projet.
                                                                                services d’information et de communication :
                                                                                                                                                            Gisement de main-d’œuvre qualifiée
                                                                                Concurrence effective dans le secteur des TIC1                              Les dirigeants d’IKON et de Manobi ont égale-
                                                                                Un récent rapport de la Banque mondiale met en                              ment insisté sur le problème du manque de cul-
                                                                                lumière l’importance de la concurrence pour sti-                            ture informatique et de compétences en appli-
                                                                                muler l’investissement dans les infrastructures TIC.                        cations TIC. Il n’est pas rare que les candidats
                                                                                Il compare à cet effet les politiques respectives de                        à un poste manquent des connaissances infor-
                                                                                                                                                            matiques les plus élémentaires et ne sachent pas
         Appels internationaux : tarifs élevés en Afrique subsaharienne                                                                                     même se servir d’un ordinateur. Si les pays sub-
         par manque de concurrence                                                                                                                          sahariens veulent rejoindre l’économie mon-
                                                                                                                                                            diale, il faut que leurs universités dotent les étu-
                                                              6                                                                                       50%   diants des compétences nécessaires.
          Coût d’un appel de 3 mn vers les Etats-Unis (USD)

                                                                                                                            45%                       45%   La réforme du système éducatif, à tous les
                                                              5
                                                                                                                                                      40%   niveaux, est une condition préalable à la réus-
                                                                                                              38%
                                                                                                                                                      35%
                                                                                                                                                            site du déploiement des infrastructures et des
                                                              4
                                                                                                                                                      30%
                                                                                                                                                            services d’information et de communication.
                                                                                                                                          29%
                                                                                                                                                            Quatre des cinq projets étudiés dans le cadre
                                                              3                                                                                       25%
                                                                                                                                                            du présent rapport sont le résultat d’une thèse
                                                                                                                                                      20%
                                                              2                  17%                                                                        de doctorat soutenue par le fondateur de la
                                                                                                                                                      15%
                                                                                               13%                                                          société. À côté de cela, on peut se demander
                                                                                                                                                      10%
                                                              1                                                                                             combien de services à valeur ajoutée demeu-
                                                                                                                                                      5%
                                                                                                                                                            rent en friche en Afrique subsaharienne, faute
                                                              0                                                                                       0%
                                                                      Afrique    Asie orientale Asie Amérique latine               Europe et                d’un enseignement adapté.
                                                                   subsaharienne et Pacifique du Sud  et Caraïbes*                Asie centrale             rojets étudiés dans le cadre du présent rapport
                                                                        Coût d’un appel de 3 mn vers les Etats-Unis (USD) (2000)                            sont le résultat d’une thèse de doctorat soute-
                                                                        % de pays de pleine concurrence
                                                                                                                                                            nue par le fondateur de la société. À côté de cela,
                                                                  * Les données ALC remontent à 1999.
                                                                  La région MENA ne compte aucun pays de pleine concurrence.                                on peut se demander combien de services à
                                                                  Source: : Competition in International Voice Communications, Banque mondiale,
                                                                  2004, sur la base des Indicateurs du développement dans le monde 2003, citant des         valeur ajoutée demeurent en friche en Afrique
                                                                  données de l’UIT.
                                                                                                                                                            subsaharienne, faute d’un enseignement adapté.

2 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés
Résumé

         Contenus locaux
         Le faible taux d’alphabétisation reste un obsta-         finals. Les cinq projets décrits dans ce rapport ont
         cle majeur à la diffusion des TIC. À cela s’ajoute       identifié chacun une demande spécifique et, mal-
         le manque de contenus locaux proposés dans les           gré toutes les difficultés – manque d’infrastructu-
         langues locales. Le projet IKON est une parfaite         res, déficit de ressources humaines, contraintes
         illustration des avantages d’un logiciel adapté,         financières -, presque tous dégagent aujourd’hui des
         utilisant Linux en langue bambara.                       profits. Un meilleur accès au financement ainsi
                                                                  qu’aux ressources réseaux permettraient à ces
         Cadre politique, législatif et réglementaire favorable   entreprises de se développer et de monter en
         au développement de services TIC en zone rurale          charge, ce qui se traduirait aussi par une croissance
         Les pays subsahariens doivent s’atteler à des            du trafic pour les opérateurs de réseaux.
         questions comme l’accès universel, la confiden-          À la lumière des résultats des ateliers organisés
         tialité des données, le règlement des différends         avec différents opérateurs de télécommunications
         ou les frais d’interconnexion pour faciliter le          dans le cadre de cette étude, les auteurs sont
         déploiement des services d’information et de             convaincus que la solution au défi du « seuil de
         communication. Il leur faudra également régler           croissance» pour les prestataires de services (exis-
         la question de la téléphonie VoIP (Voice over            tants ou futurs) passe par l’analyse du terrain, qui
         Internet Protocol – Voix sur IP).                        doit permettre d’identifier au plus près les besoins
                                                                  en information et en communication des popula-
         Partenariats public-privé                                tions rurales pauvres. C’est la réponse à ces
         Les partenariats public-privé sont une solution          besoins qui doit dicter les choix technologiques et
         à envisager pour le déploiement d’infrastructu-          les considérations commerciales, et non l’inverse.
         res TIC2, mais ils peuvent aussi produire des            Étant entendu qu’une bonne régulation du secteur
         externalités négatives. La conception du dispo-          des TIC est indispensable à la stabilité d’un mar-
         sitif financier est déterminante à cet égard. La         ché ouvert, la capacité des individus ou des entre-
         mise aux enchères inversées de licences d’ex-            prises à fournir des services à valeur ajoutée ne
         ploitation du spectre ainsi que d’autres systèmes        doit pas être entravée. Les études de cas présen-
         de « subventions intelligentes » ont déjà donné          tées ici montrent des prestataires de services
         des résultats dans certains pays (le Chili par           exploitant les infrastructures TIC selon des moda-
         exemple). Les partenariats public-privé peuvent          lités et pour des usages que les opérateurs
         se révéler particulièrement utiles dans le cadre         n’avaient pas anticipés, preuve s’il en est que la
         du renforcement des capacités (programmes                demande en infrastructures TIC est aujourd’hui
         éducatifs, incubateurs, etc.).                           plus forte que ne le pensent les opérateurs télé-
                                                                  coms, suffisante en fait pour justifier leur déploie-
         Délimitation du champ de l’étude                         ment dans les zones rurales du continent africain3.
         Le présent rapport formule une série de
         recommandations stratégiques, sans chercher                 1
                                                                         Connecting Sub-Saharan Africa: A World Bank Group
         pour autant à se livrer à un examen précis du                   Strategy for Information and Communication Technology
         cadre politique et réglementaire des 48 pays                    Sector Development, WB Working Paper n° 51, Banque
         que compte l’Afrique subsaharienne. Ce soin                     mondiale, 2005.
         est laissé à d’autres publications de la Ban-
                                                                     2
                                                                         L’utilisation des technologies de l’information et de la
                                                                         communication dans les pays les moins avancés pour une
         que mondiale ou d’autres organismes. Les
                                                                         croissance économique durable, Union internationale des
         lecteurs qui seraient intéressés par une dis-                   télécommunications, édition 2004. Voir aussi Anders
         cussion plus approfondie des recommanda-                        Engvall et Olof Hesselmark, Profitable Universal Access
         tions en matière de politique et de réglemen-                   Providers (rapport pour la Swedish International Develop-
         tation sont invités à lire, parmi d’autres ouvra-               ment Agency), Stockholm, 2004
                                                                         (http://www.eldis.org/static/DOC14699.htm) et Establi-
         ges, l’étude de la Banque mondiale Connecting
                                                                         shing Community Learning and Information Centers (CLICs)
         Sub-Saharan Africa: A World Bank Group                          in Underserved Malian Communities: Report of Assess-
         Strategy for Information and Communication                      ment Mission, mars 2005, Microsoft Unlimited Potential
         Technology Sector Development (2005).                           Grant (http://www.dot-com-
                                                                         alliance.org/resourceptrdb/uploads/partnerfile/upload/2
                                                                         76/mali_MnE.pdf).
         Enseignements tirés de la présente étude                    3
                                                                         Pour plus d’informations sur les meilleures pratiques,
         Les prestataires de services à valeur ajoutée                   les études de cas et les technologies d’accès pour
         exploitent aujourd’hui les infrastructures TIC pour             zones rurales et/ou périphériques, consulter la page
         proposer des services innovants aux utilisateurs                http://www.itu.int/ITU-D/fg7/.

                                                                                                            Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 3
Introduction

                                                                   F
                                                                             ace aux ambitions proclamées par les               c’est aussi ce que la présente étude s’attache à
                                                                             objectifs du Millénaire pour le                    montrer, les zones non encore desservies con-
                                                                             développement (OMD)1, certains s’in-               stituent un potentiel de profits et de croissance
                                                                             terrogent sur l’opportunité d’investir             important pour les opérateurs télécoms.
                                                                    dans les technologies de l’information et de la             La mondialisation des technologies de l’infor-
                                                                    communication (TIC). Les critiques estiment en              mation et de la communication apparaît, d’une
                                                                    effet que les moyens limités disponibles seraient           certaine façon, comme un phénomène irré-
                                                                    mieux employés à combattre les causes pro-                  sistible. Malgré tout ce qui a été dit sur la « frac-
                                                                    fondes de l’extrême pauvreté et de la faim, de              ture numérique », les faits montrent que l’écart
                                                                    la mortalité infantile, ainsi que de la propaga-            entre pays développés et pays en développe-
                                                                    tion du VIH/sida et d’autres maladies, pour ne              ment tend à diminuer dans ce domaine3. Sans
                                                                    citer que ces trois objectifs du Millénaire *. Il faut      surprise, la littérature spécialisée classe les TIC
                                                                    comprendre néanmoins que les TIC ne viennent                parmi les biens économiques positifs, en ce sens
                                                                    pas en substitution, mais en complément de l’in-            que la demande pour ces technologies croît avec
* La déclaration du Millé-
naire, adoptée par la commu-                                        vestissement consenti dans le cadre des efforts             le revenu4 (voir tableau ci-après).
nauté internationale et les                                         de développement « classiques »2. Les TIC ser-
États membres des Nations
Unies, énumère huit objectifs                                       vent des objectifs de développement aussi fon-              Plus préoccupantes sont les fractures
pour le développement :                                             damentaux que la santé et l’éducation en per-               numériques intranationales, qui risquent de
1. Réduire l’extrême pauvreté
   et la faim                                                       mettant aux « citoyens de seconde classe », et              s’aggraver à mesure que les « adopteurs préco-
2. Assurer l’éducation pri-                                         notamment aux populations pauvres des zones                 ces », les riches et la diaspora adoptent les TIC.
   maire pour tous
3. Promouvoir l’égalité et l’au-                                    rurales, de s’autonomiser, de participer directe-           La perspective de faciliter l’accès des ruraux
   tonomisation des femmes                                          ment à l’identification des problèmes qui les               pauvres aux TIC et de réduire les fractures
4. Réduire la mortalité infan-
   tile                                                             concernent et de s’informer sur les sujets les              numériques internes devrait sans doute suffire,
5. Améliorer la santé mater-                                        plus divers, qu’il s’agisse de renseignements               à elle seule, à justifier la nécessité de promou-
   nelle
6. Combattre le VIH/sida, le                                        vitaux sur la prévention du VIH/sida, ou d’in-              voir la diffusion des TIC dans les pays en
   paludisme et d’autres                                            formations commerciales, sur les marchés,                   développement. Or c’est dans les zones urbaines
   maladies
7. Assurer un environnement                                         etc. Ainsi mises en perspective, les TIC appa-              que les opérateurs télécoms peuvent toucher le
   durable                                                          raissent comme des outils particulièrement                  plus de clients potentiels avec des coûts d’infra-
8. Mettre en place un parte-
   nariat mondial pour le                                           adaptés pour compenser les handicaps dont                   structure réduits, ce qui explique qu’ils se
   développement.                                                   souffrent les ruraux pauvres. D’autre part, et              concentrent d’abord sur le tissu urbain. En

              PIB par habitant et pénétration des communications mobiles

                                                   14
              PIB par habitant (USD) (est. 2004)

                                                   12
                                                                                                                                                                           Maurice
                                                                                                                                                    Afrique du Sud
                                                   10
                                                                                                                                     Botswana
                                                    8
                                                                                                                                                                      Seychelles
                                                                                      Namibie                              Tunisie
                                                    6
                                                                                                                                        Gabon
                                                    4                            Égypte                        Maroc
                                                                                                                                                    Maldives
                                                            Guinée équatoriale
                                                    2
                                                                                 Sénégal        Mauritanie
                                                                                    Congo-Brazzaville
                                                    0           RDC Mali
                                                        0,00%              10,00%               20,00%            30,00%                  40,00%             50,00%                  60,00%
              Sources: : CIA World Fact Book pour le PIB par habitant en Parité de pouvoir d'achat, Alcatel pour les taux de pénétration des communications mobiles

    4 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés
Introduction

                                                                        Afrique subsaharienne - Faits et chiffres (hors Afrique du Sud)
               même temps, les populations rurales sont con-
                                                                       INDICATEURS                                                                   ANNÉE RÉSULTATS
               frontées à des coûts d’opportunité plus impor-
                                                                       Population                                                                     2003      647 M
               tants, car les canaux de communication dont
                                                                       PIB par habitant (USD)                                                         2002       342
               elles disposent sont à la fois plus rares et plus
               dispersés. Autrement dit, dans les pays en              Population urbaine (%)                                                         2003        36

               développement, la carence d’infrastructures             Taux d’analphabétisme (% de la population de plus de 15 ans)                   2003        35

               physiques (routes, etc.) fait que l’inaction en         Taux brut de scolarisation primaire (% de la population en âge d’être scolarisée) 2003     87

               matière d’infrastructures TIC a un coût encore          Lignes téléphoniques principales (%)                                           2003       0,96
               plus élevé en milieu rural que dans les zones           Lignes principales résidentielles (% des ménages)                              2002        3,5
               urbaines.                                               Abonnés mobiles (%)                                                            2003       2,78
                                                                       - % carte prépayée                                                             2003       91,2
               Parce qu’il est généralement plus réactif à une         - % couverture mobile                                                          2003       47,6
               demande et à un environnement en évolution              Télédensité effective (fixe + mobile) (%)                                      2003       2,68
               rapide, l’investissement privé constitue un             Ordinateurs personnels                                                         2003       0,75
               levier essentiel pour la généralisation des TIC         Utilisateurs Internet                                                          2003        0,7
               dans les pays en développement (PED). Non que           Téléviseurs (‰)                                                                2001        60
               l’investissement public n’ait pas un rôle impor-        Postes de radio (‰)                                                            2001       198
               tant à jouer, mais, vu l’ampleur des investisse-        Source : UIT African Telecommunication indicators 2004
               ments nécessaires et les fortes tensions budgé-         Banque mondiale – Indicateurs du développement

               taires que doivent affronter les gouvernements
               des PED, c’est essentiellement par l’effet démul-      se penche sur cette économie de la demande en
               tiplicateur qu’il peut induire sur l’investissement    analysant les besoins spécifiques des usagers
               privé ainsi que par sa concentration dans les          des pays en développement. Elle est l’aboutisse-
               domaines où l’intervention privée achoppe              ment d’un projet conjoint d’infoDev (Informa-
               sur des coûts élevés à l’entrée ou sur les             tion for Development Program), organisme
               risques commerciaux liés à la prestation de            multilatéral hébergé par la Banque mondiale,
               services en zone rurale que l’investissement           et d’Alcatel, équipementier français en télécom-
               public s’avère le plus efficace. Nombre de             munications.
               petites entreprises privées des pays en
               développement constituent de véritables                Pourquoi l’Afrique subsaharienne ?
               moteurs d’innovation dans les TIC ; certains           L’explosion des technologies de l’information et
               PED sont déjà très avancés dans la constitution        de la communication, et notamment de la télé-
               d’un secteur TIC, ou capitalisent fortement sur        phonie mobile, montre clairement qu’il s’agit là
               les TIC pour améliorer la compétitivité de leur        de technologies transformationnelles dont nous
               secteur privé ou l’efficacité de leurs administra-     n’appréhendons pas encore toutes les consé-
               tions publiques. Malgré cela, la montée en puis-       quences. Les mêmes forces du marché qui ont
               sance de l’investissement et de l’innovation           transformé l’activité humaine de bout en bout
               privés dans les TIC reste un défi majeur pour          avec les nouvelles technologies font déjà sentir
               la majorité des PED.                                   leurs effets dans les «BRIC» (Brésil, Russie, Inde
                                                                      et Chine). C’est pourquoi tout le monde s’ac-
               L’une des principales difficultés réside dans le       corde à dire que le « prochain milliard » d’abon-
               développement de nouveaux modèles                      nés mobiles, à l’horizon 2015, viendra de ces
               économiques et de nouvelles structures de              pays. Pendant ce temps, l’Afrique subsaha-
               services qui répondent directement aux besoins         rienne (hors Afrique du Sud) ne fournira pour
               des usagers des PED. L’essentiel du débat sur          sa part que 20 millions de nouveaux consom-
               la facilitation de l’accès aux technologies de l’in-   mateurs de TIC. Ce qui amène tout naturelle-
               formation et de la communication et sur le             ment à s’interroger sur la raison pour laquelle
               développement des services TIC dans les PED            ce projet s’est focalisé sur le continent noir. La
               gravitait ces dernières années autour de l’offre,      réponse est simple : les BRIC s’appuient déjà,
               c'est-à-dire du déploiement d’infrastructures          pour la plupart, sur une certaine dynamique «
               réseaux sur les marchés non desservis. Or, s’il        offre/demande/cadre incitatif », si bien que
               y a un consensus qui se dégage, c’est pour             ces pays sont (relativement) avancés dans le
               souligner que la clé du succès pour l’innovation       déploiement des infrastructures. D’autre part,
               privée dans les TIC, dans les pays en développe-       bien que l’Afrique subsaharienne parte d’un
               ment, réside d’abord dans une bonne com-               taux de pénétration plus faible que les autres
               préhension de la demande. La présente étude            régions, la téléphonie mobile y connaît une

                                                                                                                         Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 5
Introduction

                                  croissance plus rapide que partout ailleurs.          brièvement d’autres facteurs, comme la régu-
                                  Enfin et surtout, si les TIC constituent un ins-      lation, qui ne sont pas sans effets sur la
                                  trument au service des objectifs du Millénaire,       capacité des producteurs à créer de la valeur
                                  et notamment de la lutte contre l’extrême pau-        le long de la chaîne. Lorsque les cadres régle-
                                  vreté, c’est incontestablement en Afrique qu’il       mentaire et financier n’apparaissent pas suf-
                                  faut commencer.                                       fisamment propices à la création de marchés,
                                                                                        nous recommandons des réformes, mais aussi
                                  Le premier chapitre de ce rapport présente cinq       le recours à des formes de partenariat public-
                                  exemples d’utilisations innovantes des TIC en         privé. Le chapitre 6 propose une analyse des
                                  Afrique subsaharienne *, à partir desquels            modèles économiques durables qui pour-
                                  nous essayons d’extrapoler le niveau de la            raient permettre aux opérateurs télécoms, avec
                                  demande en TIC sur le continent. Partant de           de meilleures stratégies de distribution et de
                                  cette évidence que les fournisseurs de services       commercialisation, de créer de la valeur pour
                                  locaux sont les mieux placés pour comprendre          eux-mêmes et pour leurs clients des zones
                                  les besoins de leurs marchés locaux5, nous            rurales. Le chapitre 7 esquisse les grandes
                                  avons voulu savoir comment ces cinq sociétés          orientations politiques et financières à suivre
                                  avaient évalué les besoins de leur clientèle          pour faciliter et accélérer le déploiement des
                                  potentielle, et quels obstacles elles avaient         infrastructures. Enfin, le dernier chapitre
                                  rencontré — et continuaient éventuellement de         récapitule les enseignements tirés des projets
                                  rencontrer — dans la commercialisation de             étudiés dans ce rapport et donne des orienta-
                                  leurs services. Sur la base de cette analyse de       tions pour l’avenir.
                                  la situation sur le terrain telle que la perçoivent
                                  les prestataires locaux, le chapitre 2 tente de
                                  dégager les facteurs clés de succès qui pour-            1   Voir p. ex. le rapport de l’ONG Social Watch
                                  raient permettre à ces entreprises ou à d’autres             Advance Social Watch Report 2005: Unkept
                                  comme elles d’atteindre une taille critique.                 Promises,
                                                                                               http://www.mdgender.net/upload/
                                  Après cette analyse de la demande, l’étude se                monographs/SW-ENG-Advance-2005.pdf.
* L’Afrique subsaharienne
regroupe 48 pays : Afrique du
                                  penche brièvement, au chapitre 3, sur les défis          2   Kerry McNamara, Information And Commu-
Sud, Angola, Bénin, Bots-         que devront relever les opérateurs pour four-                nication Technologies, Poverty And Deve-
wana, Burkina Faso, Burundi,
Cameroun, Cap-Vert, Como-
                                  nir les infrastructures nécessaires aux presta-              lopment - Learning From Experience, info-
res, Congo, Côte d'Ivoire, Éry-   taires de services dans leur marche vers la                  Dev, 2003.
thrée, Éthiopie, Gabon, Gam-
bie, Ghana, Guinée, Guinée-
                                  taille critique, avant de passer à l’examen du           3
                                                                                               Voir p. ex. Africa: The Impact of Mobile
Bissau, Guinée équatoriale,       côté « offre » du marché des services d’infor-               Phones,
Kenya, Lesotho, Liberia,
Madagascar, Malawi, Mali,
                                  mation et de communication. Le chapitre 4                    http://www.vodafone.com/assets/files/
Mauritanie, Maurice, Mayotte,     passe en revue les technologies d’accès exis-                en/GPP%20SIM%20paper.pdf.
Mozambique, Namibie, Niger,
Nigeria, Ouganda, Républi-
                                  tantes permettant de desservir les zones rura-           4
                                                                                               Ibid.
que centrafricaine, République    les et/ou périphériques avec des services et des         5
                                                                                               À titre d’exemple : à son lancement, la
démocratique du Congo,
Rwanda, São Tomé e Príncipe,
                                  applications à valeur ajoutée rentables. Le cha-             téléphonie mobile à carte prépayée était
Sénégal, Seychelles, Sierra       pitre 5 décrit les différents acteurs présents               censée toucher une clientèle riche, alors
Leone, Somalie, Soudan, Swa-
ziland, Tanzanie, Tchad, Togo,
                                  tout au long de la chaîne de valeur des servi-               qu’elle s’est en fait répandue dans tous
Zambie et Zimbabwe.               ces TIC en Afrique subsaharienne, en évoquant                les pays en développement.

   6 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés
Introduction

  Connectivité en Afrique

                                                                                                                                                                                  Bits/habitant                                                           Connexions
                                                                                                                                                                                                                                                          sortantes
                                                                     EUROPE
                                                                                                                               ME-WE 2/3(2x
                                                                                                                           SEA-             20
                                                                                                                                                    Gb
                                                                                                                                                       p   s)                                                                                                        Amerique du Nord
                                                                                                                                                                                  0.25            1                          5
                                                                                                                                 LFON                                                                                                                                Europe
                                                                                                                                        (5x 2 . 5 G bps)
                                                                 MAROC                                     TUNISIE
                                                                                                                                                                                                                                                                     Intra-Afrique

                                                                               ALGÉRIE                                                                                                                                                                               Asie
                                                                                                                                          LIBYE
                                                                                                                                                                      ÉGYPTE
                                                                                                                                                                                                                                                                                          1036
   CAP                                                                                                                                                                                                                                                                 373
   VERT                                                                                                                                                                                                                                                   13
                                                                                                                                                                                                                                                          2                        Mbit/s totaux
                                              MAURITANIE             MALI                                                  NIGER                                                                                                                      0        200    400    600   800 1000 1200

                                                                                                                                                                                    ERITHRÉE
                                    SÉNÉGAL                                                                                                 TCHAD
                                      GAMBIE
                                      GUINÉE BISSAU                  BURKINA
                                                                      FASO                                                                                                                      DJIBOUTI
                                              GUINÉE                                                                                                                     SOUDAN
                                                                               BENIN
                                                                    TOGO                                                                                                                                                                SOMALIE
                                                          CÔTE                           NIGERIA
     A tl

                                   SIERRA LEONE
                                                        D'IVOIRE GHANA
         ant

                                                                                                                                                                                                      ÉTHIOPIE
                                                    LIBÉRIA                                                                                   CENTRAFRIQUE
             is-2

                                                                                                                 CAMEROUN
                  (2x
                  200

                                                                                                                                                                                                                                                          Ocean Indien
                                                                                                                                                                               OUGANDA
                      2 .5
                       0

                                                                     GUINÉE EQUATORIALE
                                                                                                                                                                                              KENYA
                           Gbp

                                                                                                                                                                                                                                                                                                   ASIE
                              s)

                                                                                SAO TOME                                   GABON                          RWANDA
                                                                              ET PRINCIPE                                                    RÉPUBLIQUE
                                                                                                                                CONGO
                                                                                                                                            DEMOCRATIQUE BURUNDI
                                                                                            SAT-3 West Africa Ca

                                                                                                                    Cabinda                   DU CONGO                             TANZANIE
                                                                                                                  (ANGOLA)                                                                                                                                      SEYCHELLES
AMERIQUE
                                                               SA

 DU SUD
                                                                 T-2
                                                                     (
                                                                 2x 993

                                                                                                                                                                                                                   COMORES.
                                                                   50
                                                                    1

                                                                      0

                                                                                                                                                                           MALAWI
                                                                                                                ble (WAS
                                                                        M
                                                                          bp

                                                                                                                                         ANGOLA
                                                                            s)

                                                                                                                                                                ZAMBIA
                                                                                                         C)( 2 x

                                                                                                                                                                                  MOZAMBIQUE
                                                                                                                2.5 G

                                                                                                                                                                    ZIMBABWE                                                                                   MAURICE
                                                                                                                                                                                                                                                                              RÉUNION
                                                                                                                                    NAMIBIE
                                                                                                                                                                                       2 0 G b p s)
                                                                                                                       b p s)

                                                                                                                                                           BOTSWANA                                                         MADAGASCAR
                                              1000 km
                                                                                                                                                                                         x 2.5
                                                                                                                                                                                           01

                                              1000 mi.
                                                                                                                                                                                      (4
                                                                                                                                                                                    M1

                                                  PIB/Habitant                                                                                                   SWAZILAND
                                                                                                                                                                                  TD

                                                         USD 0-300                                                                                                                                                                                )
                                                                                                                                                          LESOTHO                                                                            ps
                                                         USD 300-1000                                                                                 AFRIQUE                                              2                            Gb
                                                                                                                                                                                                      200                      2   .5
                                                         USD 1000-2000                                                                                DU SUD                                                           )   (2x
                                                                                                                                                                                                            S   A FE
                                                         USD 2000-4000                                                                                                                                 st (
                                                                                                                                                                                                r Ea
                                                         USD 4000-10000
                                                                                                                                                                                      ca   & Fa                                                                Licences du réseau public VSAT
                                                                                                                                                                             n Afri
                                                                                                                                                                      Souther
                                   Source: CRDI (Centre de Recherches pour le Développement International)                                                 SAT-3/WASC/

                                                                                                                                                                                                                Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 7
Chapitre 1:               Études de cas

                            L
                                      es données ne manquent pas pour illus-          criptions médicamenteuses dans les traitements
                                      trer et documenter le boom des TIC en           chroniques ou de longue durée ; Pésinet au Séné-
                                      général et de la téléphonie mobile en par-      gal, première ligne de défense contre les causes
                                      ticulier, qui devrait normalement se tra-       principales de morbidité et de mortalité chez les
                             duire par une forte demande d’infrastructures de         enfants de moins de cinq ans en Afrique subsa-
                             réseaux TIC. Il se trouve pourtant des sceptiques        harienne ; Manobi, également au Sénégal, plate-
                             qui remettent en cause la valeur des données rela-       forme de services mobiles dédiés au secteur rural
                             tives à la pénétration des communications mobi-          (information sur les marchés et les prix agrico-
                             les en Afrique subsaharienne. Très concrètement,         les, services de géolocalisation, etc.) ; et enfin
                             s’interrogent ces critiques, doit-on considérer          MoPay, service de banque mobile basé en Afri-
                             quelqu’un qui possède une carte SIM, mais qui n’a        que du Sud.
                             pas de téléphone, comme un utilisateur du
                             réseau ? Faut-il comptabiliser comme client              I. Projet IKON
                             quelqu’un qui possède un téléphone, mais qui ne          Vaste pays enclavé d’une superficie de
                             dispose pas de crédit prépayé, de sorte qu’il peut       1 240 000 km2 pour une population de 11,6 mil-
                             seulement recevoir des appels ? La «télédensité»,        lions d’habitants, le Mali ne compte que trois
                             ou pénétration, ne répond pas à ces questions :          hôpitaux nationaux et six hôpitaux régionaux.
                             elle se contente de mesurer le nombre de télépho-        C’est dans ce contexte que trois étudiants en
                             nes par habitant, et non pas le niveau d’accès à         médecine de l’université de Bamako, passion-
                             la téléphonie.                                           nés d’Internet et férus de logiciels libres, se sont
                             Au vu de la difficulté à obtenir des données quan-       penchés sur la nécessité d’améliorer l’accès des
                             titatives fiables, certains experts préconisent de       ruraux pauvres aux soins de santé, créant à cet
                             privilégier les analyses qualitatives, explorant la      effet le réseau IKON. Celui-ci assure des servi-
                             manière dont les gens utilisent leurs téléphones         ces de télédiagnostic radiologique dans les vil-
                             (ou les téléphones auxquels ils ont accès)1. C’est       les de Tombouctou, Mopti et Sikasso, qui ne dis-
                             précisément l’objet des cinq études de cas qui sui-      posent d’aucun médecin radiologue sur place.
                             vent. Ces analyses n’ont aucune prétention à             Les radiographies effectuées par un manipula-
                             l’exhaustivité du point de vue économique. Elle          teur radio sont transmises via Internet à un
                             se limitent à illustrer le fait que i) la demande pour   hôpital de Bamako, à des fins d’interprétation
                             des services d’information et de communication           et de diagnostic.
                             de base existe et qu’elle est en progression ;2) les     Le projet IKON est né à l’issue d’un atelier orga-
                             infrastructures et les technologies TIC existantes       nisé en mai 2003 par REOnet et l’ONG néerlan-
                             sont utilisées pour fournir des services de base         daise IICD (International Institute for Communi-
                             (p. ex. soins de santé, services financiers) selon       cation and Development). L’amélioration de la
                             des formules tout à fait novatrices, inédites            couverture des services radiologiques s’est impo-
                             jusqu’alors dans les pays en développement ;3) ces       sée comme l’un des besoins les plus urgents. Le
                             modèles innovants de prestation de services et les       Mali ne compte en effet que 11 médecins radio-
                             modes d’utilisation correspondants pourraient            logues, dont dix pour la seule capitale, Bamako.
                             rendre nécessaire l’adoption de nouveaux indi-           REOnet a élaboré en conséquence un projet pilote
                             cateurs pour mesurer la demande.                         articulé autour de quatre objectifs :

                             Les entreprises étudiées                                 • améliorer la prise en charge des patients ;
                             Dans le cadre de ce rapport, infoDev et Alcatel ont      • réduire le nombre d’erreurs diagnostiques ;
                             retenu cinq sociétés pour une étude en profon-           • éviter les transferts inutiles de patients à
                             deur : REOnet au Mali, avec son projet IKON de             Bamako ;
                             téléradiologie ; SIMpill en Afrique du Sud, système      • réduire les dépenses de santé supportées par
                             de gestion en temps réel de l’observance des pres-         les populations rurales pauvres.

8 Promouvoir l’investissement et l’innovation privés
Études de cas

           Conception du projet
                                                                        Flux nets de trésorerie - Phase pilote
           L’équipe d’IKON a choisi les hôpitaux régionaux
           de Tombouctou, Mopti et Sikasso (qui n’ont pas
                                                                                      300
           de médecin radiologue) pour les relier à l’hôpi-

                                                                    FCFA (x 1000)
           tal du Point G à Bamako. Les trois hôpitaux                                250
           régionaux ont été équipés en matériel pour la
           télétransmission des images : scanner à films                              200
           radiographiques, PC, alimentation électrique de
           secours, ligne téléphonique fixe le cas échéant,                           150

           etc. Au Point G, IKON a installé un serveur pour
                                                                                      100
           la réception des images, une imprimante (repro-
           graphe) ainsi que d’autres périphériques. IICD
                                                                                       50
           a fourni le capital initial nécessaire (69 000 000
           FCFA, soit environ 140 000 USD) pour équiper                                 0
           les trois établissements régionaux et l’hôpital du                                1       2      3   4   5   6          7   8    9     10     11     12
                                                                                                                            Mois
           Point G en matériel de téléradiologie ainsi que               Source: Projet IKON
           pour former le personnel médical à l’utilisation
           de ces technologies.                                    téléradiologie, IKON envisage, à terme, d’utiliser
                                                                   son infrastructure pour assurer toute une palette
           Méthodologie                                            de services de télémédecine : diagnostic derma-
           Lorsqu’un médecin généraliste de l’hôpital régio-       tologique, diagnostic traumatique et d’autres
           nal décide de faire passer une radio à un patient,      diagnostics pathologiques. C’est dans cette inten-
           il procède lui-même à l’examen radiologique.            tion qu’IKON a fait l’acquisition de caméras numé-
           L’image est ensuite numérisée à l’aide d’un scan-       riques. Parallèlement, IKON projette d’organiser
           ner à films radios, enregistrée au format DICOM         des modules mensuels de téléformation à l’inten-
           (Digital Imaging and Communications in Medicine)        tion du personnel médical.
           et envoyée par liaison RTC au serveur de Bamako.
           La faible taille des fichiers (de 150 à 350 Ko) per-    Perspectives de croissance
           met une transmission rapide, même par le réseau         Alors que le réseau entre aujourd’hui dans sa
                                                                                                                                                  * Les parts revenant à l’hôpi-
           commuté. Le spécialiste en radiologie de l’hôpi-        phase pleinement opérationnelle, les perspecti-                                tal régional et au projet IKON
           tal de Bamako reçoit le fichier, l’imprime et éta-      ves de croissance sont prometteuses. Avec un                                   sont approximatives, car le
                                                                                                                                                  montant réparti entre les
           blit son diagnostic, qu’il transmet ensuite par cour-   investissement supplémentaire de quelque 64000                                 deux entités dépend du statut
           rier électronique au généraliste de l’hôpital régio-    USD, IKON peut étendre ses services à quatre                                   public ou privé de l’établisse-
                                                                                                                                                  ment de soins. Un hôpital
           nal. Sauf dans les situations où le diagnostic est      autres hôpitaux et couvrir ainsi l’ensemble des                                public perçoit 625 FCFA par
           urgent, les images radios ne sont transmises            établissements hospitaliers du pays.                                           image au titre de la couver-
                                                                                                                                                  ture des coûts fixes liés au
           qu’une fois par jour à Bamako, d’où un délai de                                                                                        service, ce qui laisse 375
           24 heures pour les réponses (ce qui est du reste        Obstacles à la croissance                                                      FCFA au projet IKON. En
                                                                                                                                                  revanche, si la radio est effec-
           normal au Mali, même en radiologie in situ). En         Bien que le modèle de fonctionnement commer-                                   tuée dans un hôpital privé,
           cas d’urgence, le réseau IKON peut produire un          cial d’IKON dégage des flux de trésorerie large-                               IKON encaisse 1 000 FCFA.

           diagnostic dans l’heure.
           Le service est facturé 2 500 FCFA (environ cinq
           dollars) par image. Ce montant est réparti entre             Flux nets de trésorerie - Phase opérationnelle
           l’hôpital régional (600 FCFA), l’hôpital du Point
                                                                                      300
           G (375 FCFA), le médecin diagnostiqueur
                                                                      FCFA (x 1000)

           (1125 FCFA) et IKON (400 FCFA)*.
                                                                                      250
           L’ensemble du processus est géré par des systè-
           mes ouverts que l’équipe d’IKON a spécialement                             200
           adaptés à son application de téléradiologie. Le
           logiciel de transmission d’images assure le chif-                          150
           frement de la radio et des données confidentiel-
           les du patient, et gère également la facturation.                          100

           Au terme d’un an de fonctionnement en phase
                                                                                       50
           pilote, il s’est avéré que la demande de services
           radiologiques était suffisante pour générer des
                                                                                         0
           bénéfices. De fait, comme le montre le tableau ci-                                 1      2      3   4   5   6          7   8    9     10     11     12
           après, IKON a commencé à devenir rentable dès                                                                    Mois
                                                                                      Source: Projet IKON
           le troisième mois de la phase pilote.Au-delà de la

                                                                                                                        Promouvoir l’investissement et l’innovation privés 9
Études de cas

                                                                                                                   Défis à relever pour une création d'entreprise au Mali
                                   ment positifs, qu’il s’appuie sur des technologies
                                                                                                                  Les entrepreneurs doivent franchir 13 étapes pour la création d'entreprise qui requiert
                                   robustes et bien adaptées, et qu’il réponde à un
                                                                                                                  en moyenne 42 jours. Le coût de création s'élève à 190,7% du PNB/habitant.
                                   besoin social, le docteur Romain-Roland Tohouri                                Les entrepreneurs doivent déposer au moins 490,8% du PNB/capita dans une banque
                                   souligne que le projet a eu les plus grandes dif-                              pour obtenir le numéro d'enregistrement de leur entreprise.

                                   ficultés à obtenir le financement nécessaire. Au
                                   Mali, les conditions de prêt aux entreprises pré-
                                   voient généralement une garantie d’emprunt qui                                 INDICATEURS                                                     MALI        REGION      OCDE

                                   peut atteindre 80 %, et les droits à l’importation                             Nombre de formalités                                              13            11         6

                                   sur le matériel informatique avoisinent les 50 %.                              Durée (jours)                                                     42            63        19

                                   Le tableau ci-après dresse une comparaison entre                               Coût (% de revenu/capita)                                       190,7        215,3        6,5

                                   le Mali et le Royaume-Uni : Rappelons que ces                                  Capital minimum (% de revenu/capita)                            490,8        297,2      28,9
                                   taxes sont calculées sur la valeur caf (coût, assu-                            Source : Doing Business in 2005: Removing Obstacles to Growth

                                   rance, fret), qui reste à peu près constante d’un
                                   pays à l’autre, alors que le PIB par habitant du                              200 000 FCFA par mois, soit environ 400 USD,
* Voir notamment les enquê-
tes réalisées dans le cadre du     Royaume-Uni est de 26 507 USD, soit plus de 100                               pour une liaison commutée 128 Kbps. C’est au
document de synthèse Ajuste-       fois celui du Mali, estimé en 2004 à 260 USD2.                                moins dix fois plus cher que les tarifs pratiqués
ment des petites entreprises à
la libéralisation de l’économie    D’autres études de la Banque mondiale confir-                                 dans les pays développés pour un service com-
dans cinq pays d’Afrique           ment ce problème récurrent de l’accès au crédit*.                             parable ; il est certain que l’entreprise ne pourra
(http://www-wds.world-
bank.org/servlet/WDSCon-           Il est particulièrement important, pour les                                   guère songer à augmenter le volume d’images
tentServer/WDSP/IB/2005/09         petites et moyennes entreprises dont le poten-                                transmises ou à se doter de capacités de visiocon-
/14/000011823_2005091417
1114/Rendered/PDF/WDP27            tiel de croissance excède les capacités de finan-                             férence, que ce soit pour la formation ou pour le
1010FRENCH.pdf), où il             cement interne ou informel, d’avoir un meilleur                               diagnostic en temps réel, si ses coûts de connexion
apparaît que la majorité des
répondants (62 à 90 %) consi-      accès au crédit. Les mesures destinées à amé-                                 ne baissent pas.
dèrent les difficultés d’accès     liorer les pratiques comptables des entreprises                               Autre obstacle, le temps d’attente ou « latence
au crédit (essentiellement
pour le fonds de roulement)        ainsi que leur aptitude à produire des états                                  », c’est-à-dire le délai nécessaire pour la trans-
comme l’une des principales        financiers certifiés sont de nature à renforcer                               mission du trafic sur le réseau. Le Mali ne dis-
contraintes pesant sur leurs
opérations. D’autre part, dans     leur capacité de recours à l’emprunt dans la                                  posant pas à l’heure actuelle d’échangeur IXP
son rapport Doing Business in      mesure où elles diminuent d’autant, pour les                                  (Internet Exchange Point), tout le trafic entre
2006, la Banque mondiale
relègue le Mali dans les pro-      banques, le coût d’obtention d’informations fia-                              opérateurs Internet doit transiter par des dor-
fondeurs du classement             bles. De meilleurs systèmes juridiques documen-                               sales internationales, ce qui augmente la
(parmi les dix derniers sur
155 pays), en raison notam-        tant les biens offerts en garantie et réglemen-                               latence et fait grimper les coûts. Comme le mon-
ment des contraintes régle-        tant, en cas de défaillance de l’emprunteur, leur                             tre l’impression écran ci-dessous, le trafic
mentaires que l’État malien
fait peser sur les entreprises.    saisie et leur vente permettraient aux banques                                Internet au Mali est grevé d’une forte latence.
Parmi ces dix derniers pays        de mieux gérer leur risque de crédit. Le déve-                                L’auteur a chargé la page d’accueil de REOnet
du classement, neuf sont sub-
sahariens : Burkina Faso,          loppement de la concurrence bancaire est                                      depuis une maison de Bamako, en utilisant une
Congo-Brazzaville,         Mali,   essentiel pour inciter les banques à rechercher                               connexion via un fournisseur d’accès concur-
Niger, République centrafri-
caine, République démocrati-       de nouveaux clients, notamment sur le marché                                  rent. Bien que la distance physique ne fût que
que du Congo, Soudan,              des petits comptes3.                                                          de cinq km, le trafic a été acheminé via le Séné-
Tchad, Togo.
                                   Les directeurs d’IKON font aussi état du manque                               gal, le Portugal, l’Espagne, la France (en deux
# Le Royaume-Uni est signa-
                                   de candidats qualifiés en TIC. Ils ont le sentiment                           points distincts) et l’Italie, pour revenir enfin sur
taire de l’Accord sur les tech-
nologies de l’information          que les programmes universitaires actuels ne pré-                             le continent africain. Une telle latence est
(ATI). L’ATI est un accord         parent pas correctement les étudiants à l’ère de                              rédhibitoire pour le déploiement de services de
commercial multilatéral par
lequel les signataires s’enga-     l’information. REOnet s’efforce de remédier à cette                           visioconférence
gent à éliminer tous leurs         carence en organisant des ateliers sur l’utilisation                          On estime que l’utilisation de bande passante
droits de douane sur les pro-
duits informatiques et de télé-    de différentes applications multimédias.                                      internationale pour du trafic Internet local ou
communications qui y sont          Le coût de l’accès Internet constitue également un                            régional coûte à l’Afrique quelque 400 millions
visés. L’accord couvre environ
95 % du commerce mondial           frein à la croissance. À l’heure actuelle, IKON paye                          USD par an4.
en la matière, estimé
aujourd’hui à plus de mille
milliards de dollars. Les pro-
duits visés par l’ATI com-           Taxes d’importation au Mali comparées à celles du Royaume-Uni
prennent les ordinateurs, les
                                                                     Taxe sur les         Taxe sur les              Taxe sur les          Taxe sur les              Autres
périphériques, les matériels
                                                                     ordinateurs      composants d’ordinateurs        logiciels             manuels                  Taxes
de télécommunications, les
logiciels, les équipements de       Mali                                 5%                  Inconnue                   20%                    0%            5% droits de douane
fabrication de semi-conduc-                                                                                                                                    sur la valeur caf ;
teurs, les instruments analy-                                                                                                                            7.5-55% taxes additionnelles
tiques ainsi que les semi-
                                    Royaume-Uni#                         0%                     0%                       0%                    0%                 17.5% TVA
conducteurs et d’autres com-
posants électroniques.              Source : US Department of Commerce [ministère américain du commerce], Office of Technology and Electronic Commerce

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