Quelques biais à surmonter pour avoir un vrai débat sur l'entreprise Cahier méthodologique - Institut économique Molinari
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Quelques biais à surmonter pour avoir un vrai débat sur l’entreprise Cahier méthodologique Nicolas Marques et Cécile Philippe Institut Économique Molinari | Paris-Bruxelles | Août 2018
Sommaire 1. L’analyse partiale du partage de la valeur ...................................................................................... 2 2. L’analyse partiale du partage du résultat ........................................................................................ 3 3. La présentation du dividende comme ennemi de l’investissement ............................................... 3 4. La présentation des entreprises du CAC 40 comme accroissant les inégalités............................... 4 5. Laisser croire que la rémunération des actionnaires du CAC 40 est disproportionnée .................. 4 6. Faire des préconisations politiques allant à l’encontre des démarches responsables ................... 5 7. Décomposition des écarts entre les chiffrages d’Oxfam et de l’IEM .............................................. 6 8. Bibliographie.................................................................................................................................... 7 9. Contact pour toute question ........................................................................................................... 7 Quelques biais à surmonter pour avoir un vrai débat sur l’entreprise Page 1 sur 10 Nicolas Marques et Cécile Philippe, août 2018
Face à la montée des interrogations sur le rôle et la contribution des entreprises, l’IEM considère qu’il est légitime de contribuer au débat en apportant des éléments permettant à chacun d’affiner ou de faire évoluer ses convictions. Sa démarche vise à nourrir le débat en prenant en compte la complexité des questions. Un risque existe que le débat soit occulté par des approches polarisantes ne décrivant pas la réalité. Le rapport publié par Oxfam France et le Basic en mai 2018 fournit, selon nous, un exemple représentatif d’approches clivantes et partiales conçues pour édifier le grand public. Titré « CAC 40, des profits sans partage », il prétend montrer « Comment les grandes entreprises françaises alimentent la spirale des inégalités ». Au-delà des titres accrocheurs, la démarche relève plus du pamphlet que de l’analyse économique. Les auteurs utilisent un nombre significatif de données, mais les choix méthodologiques ne permettent pas d’éclairer le partage de la valeur ou du résultat. Ils affirment que leur rapport met en exergue des dérives de fond dans le capitalisme français (traitement préférentiel des actionnaires au détriment de l’investissement, augmentation des inégalités…) sans disposer des éléments permettant d’étayer leurs conclusions. Enfin, ils émettent des propositions d’évolution radicale du cadre réglementaire qui, si elles étaient retenues, seraient contreproductives. Ce document propose un décryptage des principaux biais (parties 1 à 6) et présente les différences de méthode entre les chiffrages d’Oxfam et de l’IEM (partie 7). 1. L’ANALYSE PARTIALE DU PARTAGE DE LA VALEUR Le rapport d’Oxfam affirme analyser le partage de la « valeur ajoutée »1, mais sans utiliser, selon nous, les données et la méthodologie qui s’y prête. Pour analyser le partage de la valeur ajoutée, il faut identifier les rémunérations des facteurs de production - salariés (rémunérations…) et apporteurs de capitaux (dividendes…) – et ce qui revient aux Etats et aux administrations (sans oublier les Autres impôts sur la production). Or, ce rapport se focalise sur les revenus des actionnaires et occulte ou sous-évalue les gains des autres bénéficiaires du partage. Les gains des Etats sont tout simplement ignorés. Un choix d’autant plus réducteur et inexplicable que le rapport consacre des développements aux crédits d’impôts (crédit d’impôt recherche, crédit d’impôt compétitivité et emploi) mis en place pour contrebalancer l’importance de la fiscalité française. L’approche des gains des salariés est tout aussi problématique. Le rapport d’Oxfam se focalise sur l’intéressement et la participation et occulte la rémunération classique. Or, cette dernière est près de 60 fois plus importante, si l’on raisonne en coût entreprise en intégrant les charges patronales, et 40 fois plus importante, si l’on se limite aux salaires bruts. Là encore, ce choix méthodologique est d’autant plus inexplicable que les données sur les rémunérations versées par le CAC 40 figurent dans tous les Documents de référence. Quelques ordres de grandeur utiles (données 2016) Les entreprises du CAC 40 emploient directement 4,7 millions de salariés en France et dans le monde. Les dépenses de personnel des entreprises du CAC 40 représentent 239 milliard d’euros. Quelques biais à surmonter pour avoir un vrai débat sur l’entreprise Page 2 sur 10 Nicolas Marques et Cécile Philippe, août 2018
2. L’ANALYSE PARTIALE DU PARTAGE DU RESULTAT Lorsque le rapport d’Oxfam s’attache à décrire le bout de la chaîne, à savoir le partage du profit, la démarche souffre, selon nous, de biais méthodologiques. Les gains des parties prenantes ne sont, en effet, pas traités de façon homogène : les gains des actionnaires sont surévalués (ajout des rachats d’actions aux dividendes, absence de déduction de la fiscalité sur les dividendes…) les gains des Etats ne sont pas quantifiés, le rapport occultant complètement la dimension fiscale comme l’a souligné Xavier Fontanet2. L’Impôt sur les résultats (IS), la fiscalité sur les dividendes et les gains des Etats actionnaires sont oubliés. La non-prise en compte de l’Impôt sur les résultats (IS) est particulièrement discutable, s’agissant d’une donnée présente dans toutes les Documents de référence publiés par les entreprises. les gains des salariés sont eux aussi sous-évalués. Le rapport intègre de façon lacunaire les salariés dans son partage du profit, en se focalisant sur les versements de participation, d’intéressement et sur les distributions d’actions gratuites. Or, les salariés sont directement associés à la bonne marche de l’entreprise par les augmentations de rémunération fixe, la rémunération variable ou l’actionnariat salarié. S’il est excessivement complexe d’isoler au sein de la rémunération classique (fixe ou variable) ce qui est rendu possible par l’existence de profits et/ou leur augmentation, l’actionnariat salarié est en revanche facilement identifiable. Cette forme d’actionnariat salarié n’est pas prise en compte dans le partage du profit calculé par l’ONG. Cet oubli est d’autant plus gênant que les salariés détiennent 3,5 % du CAC 40. Ce sont des actionnaires de premier plan derrière les Etats et fonds souverains (5,7 %). En surévaluant certaines composantes du partage du profit et en en sous-évalu ant d’autres, le rapport d’Oxfam propose un partage tronqué, laissant croire que les profits du CAC 40 enrichissent avant tout les actionnaires, ce qui n’est factuellement pas le cas. 3. LA PRESENTATION DU DIVIDENDE COMME ENNEMI DE L’INVESTISSEMENT Le rapport Oxfam prétend que l’augmentation des dividendes génère une baisse de l’investissement. L’argumentation est construite sur la seule capacité à réinvestir, notion comptable obtenue en retranchant des bénéfices, le montant des dividendes distribué aux actionnaires et les sommes distribuées aux salariés. Il occulte toutes les autres formes de financement des investissements passant en amont du bénéfice : dotation aux amortissements, emprunts, augmentations de capital… Conséquence : il sous évalue la capacité d’investissement des entreprises et présente – à tort – la distribution de dividendes comme étant l’ennemi de l’investissement. Pourtant, il existe une abondante littérature mettant en évidence le contraire. Pascal Quiry et Yann Le Fur montrent que si l’on regarde le CAC 40 de 2005 à 2016 sans les entreprises du secteur financier, les dividendes et les investissements augmentent en parallèle, ce qui ne serait pas possible si les uns étaient antinomiques des autres3. De même, ils attestent qu’on n’observe pas de corrélation négative entre taux de croissance des investissements et des dividendes, société par société, ce qui là encore ne serait pas possible si le dividende était l’ennemi de l’investissement. Les auteurs considèrent que la prétendue opposition dividende/investissement relève doublement du sophisme4. D’une part, ce ne sont pas systématiquement les mêmes groupes qui versent des dividendes et ceux qui font des investissements. D’autre part, elle oublie le temps et la dynamique Quelques biais à surmonter pour avoir un vrai débat sur l’entreprise Page 3 sur 10 Nicolas Marques et Cécile Philippe, août 2018
des flux. Une limitation temporaire des distributions de dividendes peut faciliter une augmentation de l’investissement qui permettra ensuite de générer un accroissement significatif des dividendes5. Selon eux, les cas où le versement des dividendes conduit à réduire les investissements sont « rares ». Plusieurs analyses récentes confirment cette approche. C’est le cas de Michel Albouy et Christophe Bonnet. Selon ces auteurs, l’équation « plus de dividendes = moins d’investissements » est extrêmement simplificatrice et ne correspond pas à la réalité6. Les deux économistes soulignent notamment que de nombreuses entreprises offrent la possibilité de percevoir le dividende en actions nouvelles au lieu de cash et qu’il est probable qu’une partie des dividendes distribués en cash soit directement réinvestie dans d’autres entreprises et alimente l’investissement. Même son de cloche pour les économistes de Natixis. En s’appuyant sur les dividendes et les investissements des sociétés non financières des pays de l’OCDE sur la période 1998-2018, ils montrent que les dividendes ne réduisent pas les ressources dont les entreprises pourraient disposer pour investir7. 4. LA PRESENTATION DES ENTREPRISES DU CAC 40 COMME ACCROISSANT LES INEGALITES La question des inégalités et de leur appréhension économique fait couler beaucoup d’encre et génère des clivages. Pour autant, une partie significative des données disponibles atteste que les inégalités n’ont pas augmenté en France sur la période récente. Les derniers travaux de l’INSEE montrent, par exemple, que les inégalités sont stables en France, à un niveau proche de celui de 2008, et inférieur à la moyenne de l’UE si l’on se réfère à l’indicateur de Gini8. Le rapport d’Oxfam consacre une partie significative de son étude (13 pages) aux inégalités. Selon son sous-titre, « les grandes entreprises françaises alimentent la spirale des inégalités ». Cette assertion pose 3 problèmes. D’une part, le rapport ne contient pas le matériau classique qui permettrait de mesurer les inégalités et leur évolution au sein des entreprises du CAC 40. D’autre part, il n’intègre aucun élément permettant d’attester que les rémunérations versées par les entreprises du CAC 40 renforcent les inégalités dans la collectivité. Enfin, le rapport s’appuie sur un chiffrage de l’écart de rémunération entre le dirigeant et le salarié moyen, censé montrer que la France est « parmi les pays les plus inégaux au niveau international », alors que le chiffrage en question atteste du contraire9. 5. LAISSER CROIRE QUE LA REMUNERATION DES ACTIONNAIRES DU CAC 40 EST DISPROPORTIONNEE L’analyse ne permet pas non plus d’attester que les entreprises françaises auraient des politiques de distribution du dividende plus importantes en France qu’ailleurs. Dans le rapport, on peut lire que « la générosité envers les actionnaires » est « une exception française ». A l’en croire, « ce sont les entreprises du CAC 40 qui ont reversé la plus grande part de leurs bénéfices aux actionnaires ». Cette affirmation est problématique car elle s’appuie sur la comparaison d’un calcul par l’ONG avec ceux cités par un tiers, sans élément attestant de l’homogénéité des résultats10. Quelques biais à surmonter pour avoir un vrai débat sur l’entreprise Page 4 sur 10 Nicolas Marques et Cécile Philippe, août 2018
La réalité est différente. Des comparaisons internationales, faites avec une méthode et des séries homogènes, montrent que la France n’est pas la championne des distributions de dividendes. Rapport dividendes / bénéfices par actions pour 9 marchés de référence Royaume Etats- Pays Pays France Allemagne Europe Australie Japon Monde Uni Unis émergents Indice MSCI IBES S&P S&P/ASX MSCI THE référence CAC 40 DAX FTSE-100 TOPIX FJ MSCI EMG EUROPE 500 200 WORLD de la zone 2005 36 % 37 % 44 % 42 % 34 % 66 % 21 % 35 % 37 % 2006 40 % 38 % 43 % 43 % 30 % 63 % 22 % 33 % 35 % 2007 42 % 39 % 45 % 44 % 32 % 64 % 25 % 35 % 38 % 2008 42 % 48 % 41 % 46 % 40 % 69 % 39 % 39 % 42 % 2009 57 % 58 % 57 % 54 % 38 % 64 % 111 % 36 % 45 % 2010 46 % 41 % 37 % 43 % 27 % 61 % 33 % 32 % 35 % 2011 44 % 41 % 39 % 44 % 27 % 60 % 37 % 33 % 35 % 2012 45 % 38 % 45 % 46 % 30 % 65 % 40 % 33 % 38 % 2013 50 % 40 % 50 % 51 % 32 % 70 % 30 % 32 % 40 % 2014 50 % 41 % 52 % 53 % 34 % 71 % 28 % 35 % 41 % 2015 55 % 39 % 61 % 56 % 38 % 78 % 30 % 35 % 44 % 2016 54 % 42 % 67 % 59 % 39 % 75 % 32 % 34 % 46 % 2017 49 % 42 % 60 % 55 % 38 % 72 % 30 % 34 % 44 % Moyenne 2005- 47 % 42 % 49 % 49 % 34 % 68 % 37 % 34 % 40 % 2017 Calculs IEM à partir de données Reuters. Dividende par action (12MTH TRAILING DPS)/Bénéfice par actions (12MTH TRAILING BPS). A noter que ces résultats ne sont pas directement comparables avec le chiffrage proposé en note, le mode de calcul étant différent. 6. FAIRE DES PRECONISATIONS POLITIQUES ALLANT A L’ENCONTRE DES DEMARCHES RESPONSABLES L’exemple type de la proposition potentiellement dangereuse est la recommandation visant à encadrer la rémunération des actionnaires. Il s’agit de la première recommandation que formule le rapport, en invitant les entreprises à adopter cette pratique « sans attendre la législation contraignante »11. Ce sujet relève clairement de la gouvernance des entreprises, qui encadre déjà les distributions des dividendes. Le montant du dividende est proposé par le Conseil d'administration en Assemblée générale ordinaire. Il est voté par les actionnaires de l'entreprise qui prennent la décision de se verser ou non une partie des bénéfices annuels de l'entreprise12. Pour pouvoir distribuer des dividendes aux actionnaires, l'Assemblée générale de la société doit constater l'existence d'un bénéfice annuel distribuable, ou puiser dans ses réserves. Le Conseil d'administration et les autres actionnaires sont face à une décision stratégique. S'ils décident de distribuer le dividende, ils touchent une rémunération. Mais il s'agit de liquidités qui sortent de l'entreprise et la valorisation de l'entreprise va donc baisser. Si, par contre, les actionnaires décident de ne pas distribuer un dividende, ils ne touchent aucune rémunération, mais la valeur de leurs actions ne va pas diminuer. Retirer ce pouvoir de décision aux actionnaires et limiter la distribution de dividendes serait, selon nous, un non-sens économique pour plusieurs raisons : Quelques biais à surmonter pour avoir un vrai débat sur l’entreprise Page 5 sur 10 Nicolas Marques et Cécile Philippe, août 2018
Les salariés bénéficient déjà du partage de la valeur grâce à leurs rémunérations. Les distributions de dividendes significatives sont, en règle générale, le fait d’entreprises à maturité dégageant des capitaux propres importants que « leur faible croissance rend inutiles en leur sein, et qu’il est plus sain de reverser à leurs actionnaires, plutôt que de les gaspiller en surinvestissements ou en placements oisifs de trésorerie »13. Pascal Quiry et Yann Le Fur rappellent, par ailleurs, qu’il est impossible de démontrer que ces distributions de dividendes enrichissent indûment l’actionnaire. La distribution du dividende réduit en effet la valeur du titre14. Enfin, ce serait enfin empêcher les actionnaires et les Assemblées générales de jouer leur rôle. Les augmentations de dividendes, proposées par les directions lors de la présentation des résultats, peuvent être refusées en Assemblée générale. Les actionnaires s’organisent d’ailleurs de façon de plus en plus professionnelle pour exercer de façon éclairée leur vote, ce qui donne lieu à l’émergence d’un écosystème les aidant dans cette tâche. Cette tendance de fond est bien plus prometteuse que les appels à la réglementation. 7. DECOMPOSITION DES ECARTS ENTRE LES CHIFFRAGES D’OXFAM ET DE L’IEM Méthode de calcul du partage de la valeur Oxfam IEM Résultat après IS Valeur sociale et fiscale Assiette de calcul = 81 milliards d'€ = 338 milliards d'€ pris en compte, augmente l'assiette Salaires et protection sociale pas pris en compte (235 milliards d'€) pris en compte, augmente l'assiette Impôts de production pas pris en compte (estimé 25 milliards d'€) pris en compte, augmente l'assiette Impôt sur les résultats (IS) prélevé sur les bénéfices pas pris en compte (28 milliards d'€) pris en compte, modifie le partage Fiscalité sur les dividendes pas pris en compte (estimé 10 milliards d'€) Détention Etats & fonds souverains pris en compte, modifie le partage pas pris en compte d'une partie du CAC 40 (estimé 3 milliards d'€) pris en compte, modifie le partage Détention par les salariés d'une partie du CAC 40 pas pris en compte (estimé 1 milliard d'€) Calculs IEM sur l'année 2016 Méthode de calcul du partage des résultats Oxfam IEM Résultat servant d'assiette de calcul Après IS = 81 milliards d'€ Avant IS = 109 milliards d'€ pris en compte, augmente l'assiette Impôt sur les résultats (IS) prélevé sur les bénéfices pas pris en compte (28 milliards d'€) pris en compte, modifie le partage Fiscalité sur les dividendes pas pris en compte (estimé 10 milliards d'€) Détention Etats & fonds souverains pris en compte, modifie le partage pas pris en compte d'une partie du CAC 40 (estimé 3 milliards d'€) pris en compte, modifie le partage Détention par les salariés d'une partie du CAC 40 pas pris en compte (estimé 1 milliard d'€) Calculs IEM sur l'année 2016 Quelques biais à surmonter pour avoir un vrai débat sur l’entreprise Page 6 sur 10 Nicolas Marques et Cécile Philippe, août 2018
8. BIBLIOGRAPHIE BASIC et OXFAM FRANCE (2018), CAC 40 : Des profits sans partage, 83 pages. Institut économique Molinari (2018), Le partage de la contribution sociale et fiscale des entreprises du CAC 40 français en 2016 … 240 milliards pour les salariés, 66 milliards pour les Etats et 32 milliards nets d’impôts pour les actionnaires, 30 pages. 9. CONTACT POUR TOUTE QUESTION Cécile Philippe, Présidente, cecile@institutmolinari.org, Docteur en sciences économiques Nicolas Marques, Directeur, nicolas@institutmolinari.org, Docteur en sciences économique 1 BASIC et OXFAM FRANCE (2018), CAC 40 : Des profits sans partage, page 5. 2 FONTANET Xavier (2018), Dividendes : cessons de hurler avec les loups, Les Echos, 24 mai 2018, page 10. 3 QUIRY Pascal et LE FUR Yann (2017), Investissements et dividendes sont-ils mutuellement exclusifs ?, Lettre Vernimmen, n°152, octobre 2017, page 5. 4 « Comme tout sophisme, l’affirmation "verser plus de dividendes, c’est réduire d’autant les investissements" semble vraie à prime abord. En effet dans une entreprise, à l’instant t, l’argent existe en quantité finie et en allouer plus à un poste revient à en allouer moins à un autre, en tout cas à endettement et périmètre d’activité constants et sans augmentation de capital bien sûr. » selon QUIRY Pascal et LE FUR Yann (2017), Investissements et dividendes sont-ils mutuellement exclusifs ?, n°152, octobre 2017, page 2. 5 QUIRY Pascal et LE FUR Yann (2017), Investissements et dividendes sont-ils mutuellement exclusifs ?, Lettre Vernimmen, n°152, octobre 2017, page 4. 6 ALBOUY Michel et BONNET Christophe (2018), Oxfam : les sept biais méthodologiques du rapport qui stigmatise les dividendes des actionnaires, The Conversation, 21 mai 2018, disponible sur le site https://theconversation.com/oxfam-les-sept-biais-methodologiques-du-rapport-qui-stigmatise-les-dividendes- des-actionnaires-96902. 7 NATIXIS (2018), Les dividendes versés par les entreprises sont-ils un problème?, Flash économie, 4 juin 2018, n°635, page 3. 8 Selon l’INSEE l’indice de Gini de la France était (0,292 en 2015) est inférieur à la moyenne de l’UE (0,308 en 2015), moyenne en légère hausse sur 7 ans (0,306 en 2008). Les revenus et le patrimoine des ménages, édition 2018 - Insee Références, pages 12 et 13, consultable à l’adresse suivante : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3549440?sommaire=3549502 9 L’ONG affirme que la France est « parmi les pays les plus inégaux au niveau international ». Selon elle « l’écart entre les rémunérations des PDG du CAC 40 et les revenus moyens des Français » serait « légèrement supérieur à celui de l’Allemagne, près de 2,5 fois supérieur au niveau observé au Japon, et plus de sept fois plus élevé que celui estimé en Norvège d’après les données publiées en 2017 par Bloomberg » (CAC 40 : Des profits sans partage, page 32). Ceci est en totale contradiction avec les données publiées par l’agence d’informations financière qui attestent ème que la France ne figure pas parmi les pays les plus égalitaires au niveau international (15 position sur 22) ; que l’écart entre rémunérations des PDG et les revenus moyens était quasiment 2 fois moindre en France ème ème qu’en Allemagne (9 position sur 22) et que les écarts de rémunérations avec le Japon (19 sur 22) et la ème Norvège (22 sur 22) sont deux fois moindre que ce que prétend OXFAM. Quelques biais à surmonter pour avoir un vrai débat sur l’entreprise Page 7 sur 10 Nicolas Marques et Cécile Philippe, août 2018
En 15ème position sur 22, la rémunération des patrons du CAC 40 est comparable à celle des pays du Nord tels que la Finlande ou le Danemark, contrairement aux allégations de l’ONG qui considère que la France est « parmi les pays les plus inégaux au niveau international ». L’analyse montre que ONG a écarté le calcul de Bloomberg pour la France (écart de 70) au profit d’un autre calcul (écart de 143), réalisé sans respecter la méthodologie employée par l’agence de l’agence de notation. OXFAM a pris en compte la seule rémunération 2016 sur un échantillon de 30 entreprises du CAC 40, là ou Bloomberg prend en compte la rémunération moyenne des dirigeants sur les deux derniers exercices connus, en intégrant la totalité de l’indice de référence du pays concerné (CAC 40 pour la France, FTSE 100 pour le Royaume-Uni, S&P 500 pour les États-Unis …). La comparaison entre les chiffres de Bloomberg, homogènes et cohérents, et le chiffre français d’OXFAM, calculé de façon non homogène à partir d’un échantillon n’a aucune valeur. 10 BASIC et OXFAM FRANCE (2018), CAC 40 : Des profits sans partage, page 20, renvoie à un article australien faisant état de moyennes de Payout ratio entre 2005 et 2015. Les Payout moyens seraient de 67 % en Australie, 60 % en Grande Bretagne, 57 % au Japon, 55 % en Europe, 52 % au Canada, 48 % aux Etats Unis. La source australienne ne précise pas si les données (issues Bloomberg, Morningstar et RBA) intègrent les seuls dividendes (comme c’est l’usage) ou les dividendes et les rachats d’actions. Ces résultats sont comparés avec Quelques biais à surmonter pour avoir un vrai débat sur l’entreprise Page 8 sur 10 Nicolas Marques et Cécile Philippe, août 2018
des calculs OXFAM intégrant les rachats d’actions, ce qui permet à l’ONG de prétendre que la France serait particulièrement inégalitaire (bénéfices reversés en dividendes et rachats d’action de 68 %). Le même calcul, fait sans les dividendes, conformément aux usages, conduit à un Payout ratio de 59 % en France sur la période au global si l’on prend la moyenne des 11 années. La France ne serait pas la championne des dividendes. Si l’on considère que ce calcul est homogène avec les sources citées par OXFAM les champions des distributions de dividendes seraient l’Australie (67 %) et le Royaume-Uni (60 %). La France serait quasiment au même niveau que le Japon (57 %) et légèrement au-dessus de l’Europe (55 %). Elle serait significativement devant les Etats-Unis (48 %) qui ont l’habitude de distribuer moins de dividendes et de racheter plus d’actions. Si les données reprises par l’étude australienne citée par Oxfam sont une moyenne des cumuls sur la période, l’écart serait encore moindre (ligne moyenne des cumuls, 54 %). Année Dividendes Résultats nets Calcul IEM Chiffres en milliard d’€ (hors rachats) ensemble du CAC (dividendes seuls) 2005 24 81 30 % 2006 31 91 43 % 2007 38 96 43 % 2008 43 57 61 % 2009 35 47 77 % 2010 37 82 49 % 2011 39 74 49 % 2012 36 53 70 % 2013 36 48 81 % 2014 46 62 63 % 2015 37 55 82 % Moyenne des années 59 % Moyenne des cumuls 403 746 54 % Dividendes sans rachats 2006-2015 extraits des lettres de Vernimmen n°45, 55, 63, 73, 84, 95, 104, 112, 121, 129 et 137. Résultats nets ensemble CAC d’après EY. Calculs IEM. 11 BASIC et OXFAM FRANCE (2018), CAC 40 : Des profits sans partage, page 57. 12 Voir https://www.monfinancier.com/tout-comprendre-sur-les-dividendes-definition-interet-fiscalite- 7366.html 13 QUIRY Pascal et LE FUR Yann (2017), Investissements et dividendes sont-ils mutuellement exclusifs ?, Lettre Vernimmen, n°152, octobre 2017. 14 Voir par exemple ALBOUY Michel et BONNET Christophe (2018), Oxfam : les sept biais méthodologiques du rapport qui stigmatise les dividendes des actionnaires, The Conversation, 21 mai 2018. Quelques biais à surmonter pour avoir un vrai débat sur l’entreprise Page 9 sur 10 Nicolas Marques et Cécile Philippe, août 2018
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