Quelques constats sur le cancer en Estrie - LE CANCER : TOUJOURS LA PRINCIPALE CAUSE DE DÉCÈS
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BULLETIN VISION SANTÉ PUBLIQUE Numéro 15, juillet 2014 Quelques constats sur le cancer en Estrie LE CANCER : TOUJOURS LA PRINCIPALE CAUSE DE DÉCÈS Inégalités sociales de santé Le cancer est la principale cause de décès en Estrie, tant chez La lutte aux inégalités sociales de santé constitue l’une les hommes (34,6 %) que chez les femmes (30 %). des priorités de la Direction de santé publique de l’Estrie dans les années à venir. Les différentes données sur le De 1986 à 2010, on assiste à une augmentation du nombre de cancer présentées sont donc abordées sous cet angle nouveaux cas, tant chez les Estriens que chez les Estriennes. lorsque cette information est disponible. Pour ce faire, Le nombre annuel moyen de nouveaux cas et de décès par l’indice de défavorisation sociale et matérielle qui a été cancer ne cesse d’augmenter, entre autres parce que la développé à l’Institut national de santé publique du population vieillit et augmente. Cette croissance du nombre Québec (INSPQ) est souvent employé. L’indice a été de cas devrait entraîner, au sein de la population, une calculé principalement à l’échelle des aires de diffusion augmentation des besoins en services diagnostiques et en de Statistique Canada (unités géographiques de 400 à soins thérapeutiques et palliatifs. 700 personnes). En contrôlant l’effet du vieillissement de la population en Cet indice est obtenu à partir de six indicateurs Estrie, on constate une baisse du taux de nouveaux cas de socioéconomiques issus du recensement. Les résultats cancer parmi la population masculine, mais une augmentation ont été divisés en quintile (un quintile = 20 % de la récente de ce taux chez la population féminine (1996 à 2010) population). Le quintile 1 représente la population la attribuable, entre autres, à une progression du cancer du plus favorisée, et inversement, le quintile 5, la plus poumon chez ces dernières. Également, en raison d’un défavorisée. nombre accru de nouveaux cas détectés, l’arrivée du Programme québécois de dépistage du cancer du sein Les composantes matérielles de cet indice sont : (PQDCS) il y a quelques années explique une partie de cette le ratio emploi/population chez les 15 ans ou plus; hausse. Depuis ce temps, on assiste en effet à une la proportion de personnes de 15 ans ou plus sans augmentation du taux d’incidence de cancer du sein qui est le certificat ou diplôme d’études secondaires; cancer le plus fréquent chez la femme. Mais, en même temps, le revenu moyen des personnes de 15 ans ou plus. ce programme a contribué à réduire le taux de mortalité par Les composantes sociales de cet indice sont : un dépistage et une prise en charge précoce de cette maladie. la proportion de personnes de 15 ans ou plus vivant Le taux de nouveaux cas de cancer de la population régionale seules dans leur domicile; est comparable à celui de la province. Par ailleurs, on la proportion de personnes de 15 ans ou plus remarque un facteur positif : le taux de mortalité attribuable séparées, divorcées ou veuves; au cancer de la population estrienne est inférieur à celui de la la proportion de familles monoparentales. population du Québec. De plus, on note une baisse du taux de mortalité dans l’ensemble de la population estrienne au cours Lorsque les données sur les revenus et la scolarité des des dernières années. individus ne sont pas disponibles, les inégalités sociales de santé sont examinées sous l’angle des écarts obtenus entre les zones les plus défavorisées et celles étant les plus avantagées sur les plans matériel et social, selon l’indice de défavorisation de l’INSPQ. 1
BULLETIN VISION SANTÉ PUBLIQUE De manière générale, les groupes demeurant dans les aires À l’échelle des communautés estriennes, deux des quatre les plus défavorisées sur le plan social présentent des taux territoires présentant un taux d’incidence du cancer du d’incidence et de mortalité par cancer plus importants que poumon plus élevé que la moyenne provinciale comptent ceux habitant les zones les plus avantagées sur ce plan. parmi les communautés les plus défavorisées socialement et matériellement dans la région. DES TYPES DE CANCER À En fin de compte, toutes ces statistiques sur les inégalités sociales de santé illustrent que certains groupes de la SURVEILLER population estrienne sont davantage touchés que d’autres par ce type de cancer. Après avoir analysé plusieurs données se rapportant au cancer, deux sièges attirent plus particulièrement notre Par ailleurs, le cancer de la trachée, des bronches et du attention en Estrie, soit celui de la trachée, des bronches et poumon représente l’une des priorités de divers comités du du poumon, et celui du cancer de la peau (mélanome). réseau estrien de la santé pour les années venir, à savoir : le comité « aviseur » en cancérologie, le comité directeur en Le cancer de la trachée, des bronches santé physique et le comité directeur en santé publique. et du poumon La fumée de tabac : un facteur de risque important Le cancer de la trachée, des bronches et du poumon détient le Le tabagisme et la fumée de tabac dans l'environnement sont triste record du plus grand nombre de nouveaux cas sur une responsables de la très grande majorité des cas de cancer de base annuelle (300 nouveaux cas en moyenne par an). Il s’agit la trachée, des bronches et du poumon. De plus, ils d’un des cancers générant le plus grand nombre de jours augmentent le risque de développer plusieurs autres cancers, d’hospitalisation en région. De plus, ce siège de cancer génère notamment le cancer de la bouche, de l’œsophage, de la le plus grand nombre de décès par tumeurs malignes. En vessie et du rein. contrôlant les effets du vieillissement de la population, on constate ces dernières années une baisse du taux d’incidence Bien que le tabagisme soit en baisse depuis le début des parmi la population masculine, mais une augmentation de années 1980 dans la région et au Québec, près du quart celui-ci parmi la population féminine. En Estrie, les (22,1 %) de la population estrienne âgée de 18 ans ou plus populations vivant dans les aires les plus défavorisées à la fois déclare fumer la cigarette en 2011-2012, ce qui représente sur les plans social et matériel affichent des taux d’incidence environ 55 000 personnes. Au même moment, près d’une de 62 % supérieurs et des taux de mortalité de 70 % plus personne sur six âgée de 18 ans ou plus (15,3 %) rapporte être élevés que celles demeurant dans les zones les plus favorisées. exposée à de la fumée secondaire dans son domicile en Estrie, ce qui est comparable à la donnée provinciale (14,6 %). Ce Les communautés estriennes type d’exposition à la fumée de tabac atteint 6,3 % parmi les À l’automne 2007, l’Observatoire estrien du non-fumeurs de la région. développement des communautés (OEDC), en étroite D’autres données régionales démontrent que les personnes collaboration avec la Direction de santé publique de disposant des niveaux de revenus et d’éducation les plus l’Estrie, amorce les travaux du Tableau de bord des faibles sont proportionnellement plus nombreuses à fumer communautés de l’Estrie à l’intention des acteurs (deux fois plus de fumeurs chez les gens faiblement scolarisés œuvrant sur le territoire estrien. Dans le cadre du projet et quatre fois plus chez les gens les plus pauvres). Également, Tableau de bord, la délimitation des communautés s’est ces mêmes personnes sont davantage exposées à la fumée de réalisée en collaboration avec des partenaires dans tabac secondaire à domicile (quatre fois plus d’exposition à la chacun des territoires de MRC, en tenant compte d’un fumée secondaire chez les gens faiblement scolarisés et trois certain nombre de considérations, telles que la fois plus chez les gens les plus pauvres). dynamique de la vie communautaire, le sentiment d’appartenance des gens du milieu, le réseau social et Par ailleurs, les données de l’Enquête québécoise sur la santé d’entraide naturelle, l’occupation de l’espace, la mobilité des jeunes du secondaire (EQSJS) montrent que 6,9 % des des gens dans leur vie quotidienne et la vie économique élèves sont considérés comme étant des fumeurs quotidiens des milieux. L’objectif était de former des unités ou occasionnels. Si l’on ajoute les fumeurs débutants, la géographiques les plus homogènes possibles, tout en proportion s’élève à 10,2 %. Les jeunes vivant dans des milieux ayant une taille suffisamment grande pour assurer une défavorisés sur les plans matériel et social sont 1,5 fois plus robustesse statistique aux données diffusées à cette nombreux à fumer des cigarettes que ceux demeurant dans échelle (autour de 5 000 personnes). Au terme de cette des territoires les plus avantagés sur ces deux plans. étape de délimitation des territoires, 66 communautés locales ont été créées. 2
BULLETIN VISION SANTÉ PUBLIQUE Des actions préventives posées en Estrie Le cancer de la peau Le cancer de la trachée, des bronches et du poumon en est un Entre 2006 et 2010, on a recensé en Estrie une quarantaine de sur lequel nous pouvons agir en santé publique sur le plan de nouveaux cas de cancer de la peau (mélanome) en moyenne la prévention avec des actions reconnues efficaces, et ce, annuellement. Il ne s’agit donc pas d’un des sièges de cancers autant en milieu clinique qu’en communauté. les plus fréquents sur le territoire. Par contre, dans l’ensemble Diverses stratégies impliquent une mobilisation des acteurs de la population, le cancer de la peau est en progression dans locaux, régionaux, voire parfois provinciaux, et ce, dans une la région. En contrôlant les effets du vieillissement de la collaboration sectorielle (partenaires du réseau de la santé et population, on a observé, depuis le milieu des années 1980, des services sociaux) et intersectorielle (autres partenaires). une stabilité du taux d’incidence parmi la population Voici, en bref, certains programmes mis de l’avant en Estrie masculine, mais une augmentation de celui-ci chez la permettant d’illustrer les interventions réalisées ces dernières population féminine. années sur le territoire, en regard des saines habitudes de vie De 1986 à 2010, le taux ajusté de nouveaux cas de cancer de et des comportements sains et sécuritaires. la peau est toutefois comparable entre les Estriens et les Afin de mieux soutenir les fumeurs dans leur processus de Estriennes (12,3 nouveaux cas pour 100 000 personnes cessation tabagique, les centres d’abandon du tabagisme comparativement à 13,1 nouveaux cas). (CAT) offrent des services de counseling individuel En se basant sur la tendance québécoise, on aurait dû (intervention brève et intensive) ou de groupe selon les s’attendre à 148 nouveaux cas entre 2006 et 2010. Dans les besoins de la clientèle qui les consulte. Voici quelques-uns des faits, ce nombre de cas a été plus élevé, soit 202 (excès de 54 services offerts par les CAT : cas, soit environ 11 par an). Cet excès de nouveaux cas a été Information et soutien à la cessation tabagique. observé dans la plupart des groupes d’âges, l’excès le plus prononcé étant chez les 40 à 79 ans. Suivi de plusieurs rencontres individuelles (counseling bref et intensif) ou de groupe. En Estrie, les populations demeurant dans les aires les plus Utilisation, par les conseillers des CAT et par les favorisées sur le plan social présentent des taux d’incidence pharmaciens communautaires, de l’ordonnance collective de 47 % supérieurs à ceux enregistrés parmi les personnes régionale de thérapie de remplacement de la nicotine demeurant dans les secteurs les plus défavorisés sur ce plan. (TRN), afin de faciliter le remboursement de ces aides Les rayons ultraviolets, un facteur de risque important pharmacologiques par les régimes d’assurances et pour doubler les taux de succès de l’arrêt tabagique. L’exposition aux rayons ultraviolets (UV) provenant du soleil Participation à la promotion des campagnes sociétales, tels ou du bronzage artificiel, en particulier en bas âge, augmente le Défi j’arrête, j’y gagne! et la Semaine québécoise pour un les risques de mélanome. Une personne qui a eu au moins un avenir sans tabac. coup de soleil avec ampoules dans l’enfance ou à l'adolescence risque davantage d'être atteinte d'un mélanome De son côté, le Programme intégré 0530 COMBINAISON au cours de sa vie. Plus on attrape de coups de soleil dans son PRÉVENTION combine diverses stratégies cliniques, éducatives enfance, plus on risque de développer un mélanome à l'âge et environnementales sous l’axe de l’adoption et du maintien adulte. Par ailleurs, une exposition prolongée aux rayons UV de saines habitudes de vie, en faisant la promotion du non- augmente le risque de carcinome basocellulaire, un autre type tabagisme, d’une saine alimentation et d’un mode de vie de cancer de la peau. physiquement actif. Les actions ciblent tant les individus et les groupes vulnérables que la population. Outre les pratiques La plupart des Estriens et des Estriennes âgés de 12 ans ou cliniques préventives (notamment sous la forme de plus s’exposent au soleil à raison de plus de 30 minutes durant counseling), les interventions se déroulent principalement une fin de semaine ou une journée de congé du travail durant dans les milieux suivants : santé, scolaire, municipal et les mois d’été, entre 11 h et 16 h (77 %). Parmi ceux-ci, le tiers associatif, centres de la petite enfance (CPE), travail. Le plan ne s’applique pas un écran solaire sur le visage ou sur le corps, d’action se déploie avec la participation active d’instances de ce qui totalise environ 70 000 personnes. En Estrie, les concertation sectorielles et intersectorielles. hommes ont plus tendance que les femmes à ne pas se mettre de crème solaire (45,6 % contre 18,4 %). Toujours durant une journée typique d’été, entre 11 h et 16 h, les Estriens sont proportionnellement plus nombreux que les Estriennes à déclarer des temps moyens d’exposition au soleil de trois heures ou plus (41,4 % contre 23,4 %). 3
BULLETIN VISION SANTÉ PUBLIQUE Toujours en période estivale, 36,8 % de la population de Sensibilisation (lettre) des responsables de garderies et de l’Estrie n’utilise pas fréquemment au moins un moyen de CPE. Lettre à remettre également aux parents des enfants protection contre les rayons solaires, soit : une exposition fréquentant ces milieux. inférieure à 30 minutes, le port de vêtements longs et d’un Loi visant à prévenir les cancers de la peau causés par le chapeau, l’application d’un écran solaire (facteur de bronzage artificiel. protection > 25) ou la recherche de zones ombragées. Cette proportion est statistiquement comparable à celle obtenue L’examen des données estriennes récentes sur le cancer de la pour l’ensemble de la province (32,6 %). Dans la région, la peau démontre la nécessité de poursuivre, voire d’intensifier population masculine est plus nombreuse que la population ces efforts. féminine à ne pas faire usage régulièrement d’au moins un moyen de protection contre les rayons UV (44,6 % contre 29,2 %). D’AUTRES FACTEURS DE RISQUE Des actions préventives posées en Estrie RELIÉS AU CANCER : QUELQUES À l’instar du cancer du poumon, il existe plusieurs actions de santé publique reconnues efficaces pour lutter contre les STATISTIQUES RÉCENTES cancers de la peau. Outre la fumée de tabac et les rayons UV, plusieurs habitudes En ce qui a trait à la prévention des cancers de la peau, la de vie ou comportements de santé augmentent le risque de Direction de santé publique de l’Estrie, en collaboration cancer : étroite avec la Société canadienne du cancer, a organisé Inactivité physique (ex. : cancer colorectal) durant plusieurs années des activités visant tout particu- Faible consommation de fruits et de légumes (ex. : cancer lièrement les jeunes. Parmi les actions réalisées, soulignons : de l’estomac) Information aux parents concernant les moyens efficaces Surplus de poids (ex. : cancer colorectal) de protéger leurs enfants de 0 à 5 ans contre les rayons Consommation élevée d’alcool (ex. : cancer du foie) UV, lors des visites postnatales et des vaccinations. Non-participation au PQDCS (ex. : cancer du sein) Pour les enfants de 5 à 12 ans, interventions en milieu de Femmes n’ayant pas passé un test Pap (ex. : cancer du col loisir, notamment dans les camps de jour au début de la utérin) période estivale, dans les garderies et dans les CPE. Vaccination inadéquate contre le virus du papillome humain (VPH) (ex. : cancer du col utérin) Sensibilisation (rencontres, dépliants) des responsables de chacune des MRC et de la Ville de Sherbrooke en regard des interventions possibles auprès des œuvres de terrains Inactivité physique de jeu. En 2011-2012, près des deux tiers de la population estrienne Sollicitation de partenaires (clubs sociaux, pharmacies, âgée de 18 ans ou plus (64,4 %) est insuffisamment active etc.). À titre d’exemple, obtention de crème solaire durant ses loisirs, ce qui se compare à la moyenne provinciale gratuite ou à rabais pour rendre celle-ci accessible aux (61,4 %). Le niveau d’activité physique de loisirs insuffisant est terrains de jeu. comparable entre les Estriens et les Estriennes (62,9 % contre 65,9 %). Préparation d'une pochette d'information et d'une présentation comme outil de formation. Depuis le début des années 2000, le pourcentage de personnes dont le niveau d’activité physique de loisirs est Sensibilisation (rencontres, dépliants) des directeurs des insuffisant a eu tendance à diminuer dans la région, tant chez terrains de jeu. les hommes que chez les femmes. Entre 2007-2008 et 2011- Formation des coordonnateurs et des moniteurs des 2012, on observe toutefois une tendance à la hausse du terrains de jeu. phénomène d’inactivité chez les hommes, bien que cet écart ne soit pas statistiquement significatif. Sensibilisation des jeunes (ex. : circulation en milieu scolaire de l'information sur la Loi visant à prévenir les Les données de l’EQSJS illustrent une tendance différente de cancers de la peau causés par le bronzage artificiel). celle observée chez les adultes en 2011-2012 : les filles sont Sensibilisation de la population : article dans les journaux proportionnellement plus nombreuses à avoir un niveau locaux et autres hebdomadaires. d’activité physique de loisirs et de transport insuffisant. En effet, 60 % des garçons ont un niveau insuffisant, contre 77 % chez les filles. 4
BULLETIN VISION SANTÉ PUBLIQUE Faible consommation de fruits et de Consommation élevée d’alcool légumes La proportion de la population estrienne de 18 ans ou plus ayant déclaré quatorze consommations ou plus au cours de la Un peu plus de la moitié (52,6 %) de la population estrienne semaine ayant précédé l’enquête atteint 6,3 %, ce qui se de 18 ans ou plus consomment moins de 5 fois par jour des compare à la donnée provinciale (7,7 %). Les hommes sont fruits et des légumes et n’atteignent pas le nombre minimal proportionnellement plus nombreux que les femmes à avoir de portions recommandé sur une base quotidienne. Cette une consommation élevée d’alcool (10,4 % contre 2,6 %). proportion est comparable au niveau provincial (54 %). Les hommes sont plus nombreux à déclarer une faible De plus, environ une personne de 18 ans ou plus sur six consommation de fruits et de légumes que les femmes (17,3 %) en Estrie a pris cinq consommations ou plus d’alcool (59,2 % contre 46,2 %). dans une même occasion au moins douze fois au cours de la dernière année. Ce résultat se compare au reste de la province De 2000-2001 à 2007-2008, le pourcentage de femmes (19,7 %). Les hommes sont plus nombreux à avoir une consommant moins de cinq fois par jour des fruits et des consommation excessive d’alcool que les femmes (26,2 % légumes a eu tendance à diminuer. Malheureusement, entre contre 9 %). 2007-2008 et 2011-2012, on note une tendance à la hausse de la consommation insuffisante de fruits et de légumes, tant Les données de l’EQSJS montrent quant à elles que près de la chez les hommes que chez les femmes. moitié des élèves ont pris cinq consommations ou plus d’alcool dans une même occasion au cours des douze derniers D’après les données de l’EQSJS, un peu plus des deux tiers des mois (45,9 %). Cette proportion est supérieure à celle jeunes Estriens (66,3 %) ne consomment pas le nombre observée dans le reste du Québec parmi la population minimal de portions de fruits et de légumes sur une base étudiante (40,9 %). Ce sont davantage ceux du deuxième cycle quotidienne, ce qui se compare à la moyenne du Québec. Les qui ont eu ce comportement. élèves du deuxième cycle du secondaire sont significativement moins nombreux à atteindre la recommandation. Non-participation des femmes de 50 à Surplus de poids 69 ans au Programme québécois de Environ la moitié (51,5 %) de la population estrienne de 18 ans dépistage du cancer du sein (PQDCS) ou plus présente un surplus de poids. Cette donnée est comparable à celle observée dans le reste de la province Un peu plus du tiers des Estriennes âgées entre 50 et 69 ans (50,4 %). La population régionale âgée de 25 à 44 ans est (36 %) n’ont pas passé une mammographie dans le cadre du proportionnellement plus nombreuse à être en surplus de PQDCS entre le mois de janvier 2011 et le mois de décembre poids que celle du même groupe d’âge à l’échelle québécoise 2012. Cette proportion de femmes non dépistées est moins (56,1 % contre 45,8 %). Le pourcentage de personnes importante que celle enregistrée dans le reste de la province présentant un surplus de poids est plus élevé chez les hommes (42 %). L’objectif du PQDCS de rejoindre 70 % de cette que chez les femmes (61,9 % contre 41,1 %). population n’est cependant pas atteint. Depuis la fin des années 1980, la proportion de gens avec un Non-participation au dépistage du surplus de poids tend généralement à augmenter. cancer du col utérin (test Pap) Pour leur part, les élèves du secondaire sont moins nombreux que les adultes à présenter un surplus de poids. En ce sens, En 2008, un peu plus du quart des Estriennes âgées entre 18 d’après les données de l’EQSJS, 20,2 % d’entre eux présentent et 69 ans ont déclaré ne pas avoir passé un test de dépistage un surplus de poids. Parmi ceux-ci, les deux tiers sont en du cancer du col utérin au cours des trois dernières années situation d’embonpoint et l’autre tiers souffre d’obésité. Tout (27,7 %). Cette donnée est comparable à la moyenne comme chez les adultes, le surplus de poids est plus répandu québécoise (26,7 %). chez les garçons que chez les filles (24,3 % contre 16 %). En 1997, le Comité consultatif sur le cancer reprenait, dans le plan du Programme québécois de lutte contre le cancer, une recommandation pour un programme systématique de dépistage du cancer du col utérin basé sur un examen cytologique aux trois ans pour les femmes de 18 à 69 ans (Comité consultatif sur le cancer, 1998). 5
BULLETIN VISION SANTÉ PUBLIQUE Plus récemment, l’INSPQ (2011) recommande plutôt un dépistage par frottis de Papanicolaou (test Pap) tous les deux LE CANCER EN BREF à trois ans entre 21 et 65 ans chez les femmes non hystérectomisées, en raison de la rareté des cas avant cet âge. Chaque semaine, en 2010, on a recensé en Estrie Après 65 ans, la cytologie n’est plus requise si les deux environ : derniers tests étaient négatifs. 35 nouveaux cas de cancer, dont 18 chez les hommes et 17 chez les femmes. Les données d’enquêtes actuellement disponibles en ce qui a 5 nouveaux cas de cancer du poumon, dont 3 chez les trait au dépistage du cancer du col utérin ne peuvent être fournies selon cette plus récente recommandation. hommes et 2 chez les femmes. 4 nouveaux cas de cancer du sein chez la femme. 4 nouveaux cas de cancer colorectal répartis à peu près Vaccination inadéquate contre le virus également entre hommes et femmes. du papillome humain (VPH) 4 nouveaux cas de cancer de la prostate. En se basant sur des prédictions fournies par la Société En 2012-2013, le Bureau de surveillance et de vigie du canadienne du cancer en 2013, on s'attend à ce que ministère de la Santé et des Services sociaux estime que 20 % 2 Canadiens sur 5 (127 000 personnes en Estrie) soient des Estriennes de la quatrième année du primaire n’ont pas atteints du cancer au cours de leur vie et à ce que reçu deux doses de vaccin contre le VPH. Au Québec, cette 1 Canadien sur 4 (80 000 personnes en Estrie) en proportion est comparable (22 %). meure. Facteurs de risque et inégalités Population estrienne concernée par le sociales cancer et certains facteurs de risque Parmi l’ensemble des facteurs de risque du cancer considérés, (Figure 1) voici ceux pour lesquels des inégalités sociales de santé ont En 2010, sur une population d’environ 310 000 personnes en été notées (Tableau 1) : Estrie : Consommation de tabac chez les jeunes du secondaire Facteurs de risque Population insuffisamment active durant les loisirs 55 000 adultes consomment le tabac. Exposition à la fumée secondaire à domicile 131 500 adultes ont une faible consommation de fruits et Consommation quotidienne insuffisante de fruits et de de légumes. légumes 129 000 adultes ont un surplus de poids. Consommation élevée d’alcool (quatorze consommations 161 000 adultes ont un niveau d’activité physique de loisir ou plus par semaine) insuffisant. Consommation excessive d’alcool 70 000 personnes âgées de 12 ans et plus s’exposent au Non-participation des femmes de 50 à 69 ans au soleil 30 minutes ou plus sans se mettre une crème solaire Programme québécois de dépistage du cancer du sein sur le visage ou sur le corps durant une fin de semaine ou (PQDCS) une journée de congé pendant les mois d’été entre 11 h et Non-participation au dépistage du cancer du col utérin 16 h. Dans la plupart des cas, lorsqu’il est question d’inégalités État de santé sociales de santé, les gens plus défavorisés sont davantage 4 000 adultes déclarent être atteints du cancer. touchés par les facteurs de risque que les personnes 2 000 nouveaux cas de cancer sont enregistrés chaque favorisées. Cette relation est toutefois inversée en ce qui a année, excluant les cancers de la peau sans mélanome. trait à la consommation élevée d’alcool. 2 200 admissions hospitalières pour causes de cancer sont recensées par an. 800 décès impliquent un cancer sur une base annuelle. Un document à consulter Les personnes désirant en savoir davantage sur le sujet pourront consulter le document intitulé Portrait de santé de l’Estrie et de ses territoires : Statistiques sur le cancer en Estrie, disponible prochainement sur le site Web de l’Agence de la santé et des services sociaux de l’Estrie, à l’adresse suivante : www.santeestrie.qc.ca 6
BULLETIN VISION SANTÉ PUBLIQUE Tableau 1 1 Certains facteurs de risque du cancer sous l’angle des inégalités sociales de santé , Estrie Indice de défavorisation Indice de défavorisation 2 3 Revenu matérielle sociale Population Population Population Population Population Population défavorisée4 favorisée4 défavorisée4 favorisée4 défavorisée5 favorisée5 Élèves du secondaire ayant fumé plus de 100 cigarettes au cours de leur vie 9,6 % 5,5 % 10,2 % 7,7 % - - (2010-2011) Élèves du secondaire fumant actuellement 8,0 % 4,1 % NS NS - - des cigarettes (2010-2011) Exposition à la fumée secondaire à domicile - - - - 30,8 % 10,7 % (2011) Exposition à la fumée secondaire à domicile - - - - 48,2 % 10,8 % avec de jeunes enfants (2011) Population insuffisamment active pendant - - - - 69,7 % 47,9 % les loisirs (18 ans ou plus, 2011-2012) Proportion de la population prenant 14 consommations d’alcool ou plus par - - - - 3,0 % 9,7 % semaine (18 ans ou plus, 2005) Population présentant une consommation excessive d’alcool 12 fois ou plus au cours - - - - 10,8 % 19,8 % d’une année (18 ans ou plus, 2011-2012) Non-participation des femmes de 50 à 69 ans au Programme québécois de dépistage 39,6 % 32,1 % 37,8 % 34,6 % - - du cancer du sein (2011-2012) Non-participation au dépistage du cancer du NS NS 32,2 % 21,2 % - - col utérin (test Pap) (2008) NS : Écart non statistiquement significatif entre les groupes les plus défavorisés et les plus favorisés (au seuil de 0,05 %). 1. Pour l’analyse des inégalités sociales, la mesure individuelle du revenu a été préconisée lorsqu’elle était disponible (ex. : revenu demandé aux répondants lors d’une enquête). Comme alternative, les mesures écologiques des indices de défavorisation matérielle et sociale ont été utilisées lorsque le code postal de résidence de l’individu était connu (indice de défavorisation de Robert Pampalon, basé sur les aires de diffusion en 2006). 2. L'indice de défavorisation matérielle, développé par l'Institut national de santé publique du Québec, est obtenu à partir des trois indicateurs socioéconomiques suivants : le ratio emploi/population chez les 15 ans ou plus, la proportion de personnes de 15 ans ou plus sans certificat ou diplôme d’études secondaires, et le revenu moyen des personnes de 15 ans ou plus. Indice calculé sur la base du recensement de 2006. 3. L'indice de défavorisation sociale, développé par l'Institut national de santé publique du Québec, est calculé à partir des trois indicateurs socioéconomiques suivants : la proportion de personnes de 15 ans ou plus vivant seules dans leur domicile, la proportion de personnes de 15 ans ou plus séparées, divorcées ou veuves, et la proportion de familles monoparentales. Indice calculé sur la base du recensement de 2006. 4. Quartile 4 = population défavorisée. Quartile 1 = population favorisée. 5. Quintile 1 = population défavorisée. Quintile 5 = population favorisée. 7
BULLETIN VISION SANTÉ PUBLIQUE Figure 1 La population estrienne concernée par le cancer et certains facteurs de risque Rédaction : Michel Des Roches et Gino Perreault Direction de santé publique de l’Estrie Collaboration : Claire Giguère Direction de santé publique de l’Estrie ISBN 978-2-924287-27-9 8
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